Surpriiiiise !

Je sais, le chapitre n'était pas prévu avant mardi, mais Keichi vient de finir sa relecture et donc, ça m'a donné envie de partager tout ça avec vous, d'autant plus que le chapitre est assez long, donc je me dis que 2 jours de plus pour le lire ne sera peut-être pas superflu.

Sans parler du fait que le précédent ne se termine pas spécialement de façon très joyeuse ^^'

Bref, voici donc le dernier chapitre de cette histoire avant l'épilogue.

14398 mots pour boucler ce qu'il reste à boucler.

J'espère que vous aimerez.

Bonne lecture !


RARA :

Advitam1 : Albus et Scorpius ne pouvaient clairement pas continuer ainsi... mais j'aurais pu laisser Jake et Rose tranquilles, j'avoue, mais bon, comme tu dis, encore un peu d'animation pour vraiment bien finir, ah ah. La Maladie de Bowman-Waits est bien celle dont souffrait Astoria. J'espère que le chapitre te plaira, en tout cas, et merci pour ta review

Pour rappel : j'ai répondu aux autres reviews en MP, comme d'habitude (à ouvrir sur navigateur, pas de synchronisation des mp avec l'application).


Merci à Damelith, Kar Ine, Keichi et Mery-Alice Gilbert pour leur relecture, leurs conseils, leurs corrections et leur soutien.

Merci à J.K. Rowling pour toute son œuvre. Sans elle, rien de tout cela n'existerait.


L'Autre

2026 - 2028 Scorpius/Rose/Albus/Jake

2026

Septembre - Rose

Rose apparut au Portoport de Hô Chi Minh-Ville et regarda autour d'elle, quelque peu perdue. Elle savait qu'elle devait retrouver une certaine Thiên Do à l'office du tourisme, mais elle n'avait aucune idée d'où pouvait bien se trouver cet endroit.

Elle attrapa sa malle malgré tout et sortit de la salle où elle se trouvait pour rejoindre un couloir où déambulaient de nombreux sorciers. Plusieurs panneaux agrémentés d'idéogrammes asiatiques étaient accrochés aux murs et Rose soupira de soulagement en constatant qu'une traduction en anglais se trouvait juste en-dessous.

Elle avait essayé d'apprendre quelques termes en vietnamien avant de partir, afin de ne pas se retrouver totalement démunie, mais Drago lui avait conseillé d'utiliser un sort de multilinguisme le temps de s'acclimater. Certes, les traductions étaient parfois un peu aléatoires, mais ça lui éviterait d'être totalement perdue en attendant d'apprendre la langue locale.

Rose repéra ensuite la signalétique indiquant l'office du tourisme et s'y rendit rapidement, faisant léviter sa malle devant elle. Quelques minutes plus tard, elle trouva une femme d'une trentaine d'années qui tenait une affiche avec son nom et la jeune femme en déduisit qu'il devait s'agir de sa future collègue, Thiên.

- Xin chào, bredouilla Rose, tant bien que mal, consciente d'avoir un accent à couper au couteau.

- Bonjour, répondit son interlocutrice en souriant, dans un anglais impeccable. Vous avez fait bon voyage ?

- Très bon, oui, précisa Rose, soulagée de pouvoir s'exprimer dans sa langue première. Il y a eu du retard en Turquie, mais rien de bien gênant.

- Parfait ! commenta Thiên. Vous êtes prête à transplaner jusqu'à Tây Ninh ?

- Impatiente, oui, confirma-t-elle, nerveuse malgré elle.

Si Rose était très enthousiaste à l'idée de rejoindre l'équipe du médicomage Nguyen, elle était également assez inquiète. Non seulement, elle était loin de chez elle, mais elle se retrouvait également seule pour la toute première fois de sa vie.

Ses pensées se tournèrent vers Scorpius, Albus et Jake, espérant qu'ils allaient bien, puis elle suivit Thiên jusqu'à la zone de transplanage, d'où elles disparurent quelques secondes plus tard.

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Rose s'assit sur le canapé du studio meublé, qui lui avait été attribué le temps que durerait son séjour, et inspira profondément pour tenter de se recentrer. Thiên l'avait présentée à ses futurs collègues, qui semblaient tous assez accueillants. L'équipe du médicomage Nguyen était composée de cinq personnes, Rose étant la sixième. Il y avait donc le médicomage Nguyen, un sorcier d'une soixantaine d'années à l'air assez strict, Thiên Do, son assistante directe, Martin Dubois, un sorcier français qui avait rejoint l'équipe quatre ans plus tôt, Sun Tanaka, une sorcière japonaise qui, apparemment, vivait au Vietnam depuis une vingtaine d'années et Luis Esteves qui lui, était venu du Brésil il y dix ans pour travailler sur la Maladie de Bowman-Waits.

Rose était plutôt rassurée par le fait que ses futurs collègues étaient issus des quatre coins du monde. Thiên lui avait expliqué qu'ils parlaient anglais entre eux pour faciliter les échanges, même s'ils maniaient tous le vietnamien à différents niveaux : elle pourrait donc leur demander de l'aide si elle souhaitait apprendre la langue, comme ça semblait être le cas.

Rose avait ensuite eu un entretien particulier avec le médicomage Nguyen, qui lui avait avoué avoir été assez impressionné par son dossier - ce qui l'avait fait rougir de fierté - puis Thiên l'avait accompagnée jusqu'à son studio pour qu'elle puisse s'installer et se reposer afin d'être en forme pour sa première journée qui aurait lieu dès le lendemain.

Elle ouvrit la malle qui se trouvait devant elle et rangea ses affaires à l'aide de quelques coups de baguette. Elle sortit ensuite les cadres qui se trouvaient au fond du coffre de voyage, précédemment protégés par ses vêtements, et sentit une larme couler sur sa joue en regardant amis et famille lui faire signe ou grimacer, selon ce qu'ils faisaient au moment où ces photos avaient été prises.

Pour finir, Rose s'empara d'un rouleau de parchemin et commença à écrire à ses parents ainsi qu'à Scorpius et Albus pour les prévenir qu'elle était bien arrivée.

Elle envisagea également d'écrire à Jake, mais comme tous deux avaient convenu de ne pas tenter une relation à distance, craignant de voir leur relation se détériorer comme celle de ses deux meilleurs amis, elle se contenta de sceller ses messages précédents en attendant d'aller les poster.

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Octobre - Albus

Albus sortit de sa chambre, située dans l'appartement de sa mère à Durham, et se dirigea en titubant jusqu'à la cuisine.

Cela ne faisait que quelques heures qu'il était rentré de Grèce, mais la soif l'avait réveillé. Il but donc un grand verre d'eau bien fraîche avant de retourner dans sa chambre où il se laissa lourdement retomber sur le lit, histoire de finir sa nuit.

Lorsqu'il se réveilla définitivement, quelques heures plus tard, Albus fut surpris de voir que sa mère était déjà là. Normalement, à cette heure-ci, elle se trouvait encore au stade de Fichucastel, en train d'entraîner ses Chauves-Souris.

- Salut, M'man ! marmonna-t-il en s'asseyant sur le canapé, juste à côté d'elle. Déjà rentrée ?

- Visiblement, confirma-t-elle en souriant. On a un match demain, donc j'évite toujours de trop faire traîner les choses la veille... Personne ne voudrait que les joueurs arrivent déjà épuisés sur le terrain, n'est-ce pas ?

Albus opina distraitement avant de laisser retomber son épaule sur la tête de sa mère.

- Comment vas-tu, sinon, mon chéri ? s'enquit-elle en caressant doucement ses cheveux.

- À partir de quand commencera-t-il à moins me manquer ? demanda- t-il en soupirant. J'ai toujours cette impression de vide, juste là, ajouta-t-il en montrant l'emplacement de son cœur, c'est insupportable, Maman...

- Je ne sais pas, Al'... Il n'y a pas de règles pour se remettre d'un chagrin d'amour. Je peux juste te garantir que ça finira par s'arranger. Enfin, tu pourrais aussi...

Albus grogna aussitôt pour la faire taire, conscient qu'elle allait encore l'encourager à aller lui parler et c'était la dernière chose dont il avait envie.

- Je repars avec Rolf dans quelques jours, expliqua-t-il. Le père de Luna fait une nouvelle crise et elle préfère ne pas nous accompagner, cette fois. Donc ça ne servirait strictement à rien...

- Oh, ok..., commenta-t-elle simplement. Et où irez-vous, cette fois ? Tu seras parti longtemps ?

- Russie et aucune idée. Un troupeau de licheurs errerait dans la banlieue de Moscou et Rolf a promis à un ami magizoologiste d'aller lui donner un coup de main.

- Fais attention à toi, lui dit simplement sa mère avant de l'embrasser sur le sommet de la tête.

Albus se blottit alors tout contre elle, essayant de chasser Scorpius de son esprit.

En vain.

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Novembre - Jake

Jake était en train de faire une partie de cartes avec James, Daisy et Juliet qui, contre toute attente, sortait encore avec son cousin. Les scores étaient serrés et il devait rester concentré s'il voulait avoir une chance de battre Daisy, qui était vraiment redoutable à la bataille explosive.

D'ailleurs, son amie remporta la victoire, une fois de plus.

- Et voilà, bande de nazes ! s'exclama-t-elle en levant les bras pour célébrer sa réussite. Vous y avez cru, hein ? Eh bah non ! Je suis imbattable !

- En tout cas, ce n'est pas la modestie qui t'étouffe, répliqua Jake, agacé par sa réaction.

Perdre ne le gênait pas, mais Daisy en faisait toujours des tonnes lorsque c'était le cas.

Ce qui arrivait souvent, il devait bien le reconnaître.

- Nianiania, répondit-elle, assez puérilement, avant de quitter la table pour se rendre dans la cuisine.

- J'vais pisser et je veux ma revanche ! déclara James en se levant pour aller aux toilettes, non sans caresser distraitement le dos de Juliet en passant.

- Ils sont graves, quand même, avec ce jeu, commenta celle-ci en soupirant.

- Et encore, tu ne les as jamais vus jouer aux échecs. Sinon, euh..., bredouilla Jake à voix basse, pour éviter de se faire entendre de ses amis. Tu... Tu as eu de ses nouvelles ?

Juliet lui fit un sourire compatissant avant de se pencher vers lui pour répondre sur le même ton :

- Elle va bien. J'ai reçu une lettre il y a deux jours, elle commence à apprendre le vietnamien tout en travaillant douze heures par jour. Tu sais comment elle est et comme ni Scorp', ni Al', ni toi n'êtes là pour la forcer à lever le pied...

Jake soupira, agacé mais pas surpris pour une noise.

- En tout cas, tu lui manques, ajouta Juliet. Je sais pas trop si je fais bien de te le dire, je suis pas sûre que Rose serait contente que je dévoile ainsi le contenu de ses lettres, mais à ta place, j'aimerais le savoir.

Jake la remercia chaleureusement, heureux de savoir que Rose allait bien.

Même si effectivement, la morsure de son absence se faisait encore douloureusement ressentir.

Il n'eut cependant pas plus l'occasion de s'attarder sur son manque d'elle, car James et Daisy les rejoignirent, prêts à disputer une nouvelle partie de bataille explosive.

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Décembre - Scorpius

Scorpius était alité, comme bien souvent depuis ces derniers mois, la couette par-dessus sa tête. Il arrivait toujours à se motiver à se lever pour aller travailler, mais guère plus. Il savait que son état d'esprit inquiétait beaucoup son père, mais c'était plus fort que lui.

De toute façon, ce n'était pas comme si quelqu'un l'attendait quelque part. Albus n'avait jamais cherché à le revoir depuis qu'il était parti et Roussette vivait son rêve au Vietnam.

Donc oui, de temps en temps il se forçait à se lever pour aller voir son père ou sa tante Daphné, mais c'était à peu près tout. Hugo et Rose avaient beau lui écrire régulièrement pour prendre de ses nouvelles, ça ne remplaçait pas le contact humain.

Stephan avait bien essayé de l'inviter à sortir plusieurs fois, lorsqu'il avait appris qu'Albus l'avait quitté, mais Scorpius n'arrivait même plus à le regarder dans les yeux sans avoir envie de vomir.

Il savait pourtant qu'il était le seul responsable de la situation dans laquelle il se trouvait, mais c'était plus fort que lui : en vouloir au monde entier lui donnait un peu l'impression d'être moins misérable.

Un grognement frustré sortit de sa gorge lorsqu'il entendit la porte de sa chambre s'ouvrir et se refermer bruyamment.

Son père devait encore vouloir le traîner il ne savait où.

Mais lorsqu'il entendit la voix de son grand-père prononcer la formule qui ouvrit ses tentures, laissant pénétrer le soleil hivernal dans la pièce, il se redressa d'un mouvement brusque pour le dévisager.

- Grand... Grand-père Lucius ?! bredouilla-t-il, choqué de le trouver dans sa chambre.

Son grand-père le toisa en silence durant de longues secondes avant de déclarer :

- Petit salon. Cinq minutes.

Il fit ensuite demi-tour, le laissant à nouveau seul.

Scorpius émergea aussitôt de son lit et s'habilla en vitesse avant d'aller rejoindre son aïeul.

C'était la première fois qu'il le revoyait depuis plusieurs mois et il se demandait ce qu'il pouvait bien lui vouloir.

Lorsque Scorpius pénétra dans le petit salon, il vit que Lucius était déjà installé dans l'un des fauteuils, une tasse de thé entre les mains. Il lui fit signe de prendre place face à lui et Scorpius se contenta d'obtempérer, trop surpris pour lui faire remarquer qu'il n'était plus chez lui depuis longtemps.

- Lorsque j'ai été emprisonné à Azkaban, commença son grand-père, sans même lui demander comment il allait, j'allais au plus mal. Mon monde venait de s'écrouler, j'étais loin de ma femme et de mon fils - qui ne voulait plus me parler, d'ailleurs - je n'avais plus le moindre repère.

Scorpius l'écoutait en silence, se demandant où il voulait en venir.

- Une partie de ma peine consistait à me faire suivre par un psychomage, pour aider ma réhabilitation dans un monde sorcier où l'Ordre du phénix était sorti victorieux. Je n'ai pas été très coopératif, au début, mais force est de constater que ces entretiens avec Luke, le psychomage en question, m'ont été salutaires. Grâce à lui, j'ai réussi à renouer avec ma famille et à dépasser la colère qui m'habitait depuis bien trop longtemps. Ton père a voulu laisser le temps faire son œuvre, persuadé que si tu avais surmonté seul le décès de ta mère, alors tu y arriverais ici aussi. Mais visiblement, il s'est lourdement trompé.

Scorpius le dévisagea, les yeux grand ouverts, surpris d'apprendre que son père avait parlé de son état avec ses grands-parents.

- Ton père s'est fourvoyé car tu n'étais pas seul, lorsqu'Astoria nous a quittés. Malheureusement, tu t'es totalement reposé sur ces amis qui, aujourd'hui, t'ont abandonné.

- Non ! tenta vaguement de protester Scorpius, même si dans les faits, son grand-père n'avait pas tout à fait tort.

- J'ai pris rendez-vous pour toi chez un spécialiste, Scorpius, reprit Lucius, ignorant royalement son intervention précédente. Tu ne peux pas continuer à te morfondre comme tu le fais, et...

- Mais..., le coupa Scorpius, les sourcils froncés d'incompréhension. Je croyais que tu détestais mes amis. Le fait que Rose soit partie et qu'Albus m'ait quitté devrait te réjouir.

- Le fait que je n'ai jamais approuvé ces... amitiés ne veut pas dire que je souhaite te voir souffrir, Scorpius, précisa-t-il en souriant avec plus de chaleur qu'il ne lui en avait jamais vu. Je sais que tu ne me crois pas lorsque je te dis que le bien-être de ma famille est capital pour moi et toi, pour l'heure, tu ne vas pas bien.

Scorpius le dévisagea en silence, tentant d'assimiler ce que son grand-père venait de lui dire. Il allait mal, effectivement, prétendre le contraire aurait été hypocrite de sa part, et il était peut-être effectivement temps d'y remédier.


2027

Janvier - Albus

Albus réapparut à Godric's Hollow, devant la maison où il avait grandi, et s'avança jusqu'à la porte pour signaler sa présence. À sa plus grande surprise, ce fut Lily, sa petite sœur, qui lui ouvrit.

- Oh Al' ! s'exclama-t-elle en le voyant. C'est génial, il manquait plus que toi !

Albus se retint de soupirer en comprenant que son frère et sa sœur avaient dû avoir la même idée que lui en venant présenter leurs vœux à leur père.

Ce qu'il trouvait un peu frustrant, vu qu'il savait pertinemment qu'eux étaient bien allés à la soirée organisée au Manoir Malefoy, comme ils le faisaient chaque année depuis sept ans maintenant. Ils avaient donc déjà eu l'occasion de se souhaiter une bonne année...

- Regardez qui voilà ! s'écria Lily en le précédant dans le salon. Manque plus que Maman et la famille serait au grand complet.

Albus soupira, blasé par l'immaturité dont sa sœur pouvait faire preuve, avant de se tourner vers sa belle-mère.

- T'occupes pas de ce qu'elle dit, Mery, la famille est même parfois un peu trop complète, si tu veux mon avis.

Meredith pouffa légèrement avant de l'enlacer tandis que Lily lui tirait puérilement la langue.

- Bonjour mon grand ! le salua ensuite son père en le prenant à son tour dans ses bras. Tu es rentré quand ?

En vérité, cela faisait quelques jours qu'il était revenu de Russie, mais il avait fait promettre à sa mère de ne rien dire, ne voulant pas qu'on le traîne de force au Manoir Malefoy pour la Saint-Sylvestre.

- Ce matin, mentit-il sans le moindre état d'âme. Je suis passé chez Maman pour déposer mon sac et me voilà. Tout le monde va bien ?

- Pas vraiment, non, déclara sèchement son frère, qui ne lui avait pas encore adressé la parole depuis qu'il était arrivé.

- Un problème ? s'enquit Albus en se tournant vers lui.

Il savait pertinemment que James lui reprochait d'avoir surréagi lorsqu'il avait appris que Scorpius l'avait trompé, mais il se fichait royalement de ce qu'il pouvait en penser. Cette histoire ne le regardait en rien.

- Mis à part que mon petit frère est une tête de lard doublé d'un crétin ? demanda James.

- Ne commencez pas, intervint Harry. Si vous êtes venus pour vous disputer, vous pouvez tout aussi bien repartir.

- Ça, c'est clair qu'Al' est devenu expert en la matière, se moqua James, l'irritant au plus haut point.

- Arrête de faire ta langue de vipère, s'interposa Lily en foudroyant l'aîné du regard.

- Tu as pourtant vu de quoi il avait l'air, au Nouvel An ! Scorpius ressemble à un Inferius, tout ça parce que...

- Ça suffit, j'ai dit ! le coupa Harry. On n'est pas là pour débattre de la pertinence des choix de votre frère concernant sa vie amoureuse. Tout ça ne regarde que Scorpius et lui, donc arrête de t'en mêler, James.

- Mouais, de toute façon, j'allais partir, répondit le concerné en se relevant de la chaise sur laquelle il était assis. Je dois aller retrouver Juliet, elle veut me présenter à sa grand-mère.

- Oh, sacrée étape dis-donc, commenta Meredith en souriant légèrement. Pas trop inquiet ?

- Moi ? Absolument pas ! Mais elle, elle fera moins la maligne quand je l'emmènerai au Terrier, rit-il en embrassant tout le monde - sauf Albus - avant de quitter la maison.

Albus se frotta les yeux d'un geste las en s'asseyant sur la chaise que son frère venait de quitter. Apprendre que Scorpius n'allait pas mieux, depuis tout ce temps, lui fichait un coup au moral, mais qu'aurait-il pu faire d'autre ? Il se doutait bien qu'il ne devait pas être au meilleur de sa forme, surtout que Rose avait quitté le Manoir pour le Vietnam peu de temps après lui, mais la situation n'avait pas vraiment évolué depuis. Il se sentait toujours profondément trahi lorsqu'il repensait au fait que Scorpius avait embrassé un autre homme que lui et lui ne pouvait toujours pas lui garantir la stabilité qu'il espérait.

- Alors mon grand, reprit Harry, le rappelant au présent. C'était comment la Russie ?

Albus refoula ses pensées moroses pour raconter plusieurs anecdotes à sa famille, déjà impatient de pouvoir repartir.

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Mars - Scorpius

Scorpius était assis dans une salle d'attente assez cosy, sa jambe tressautant légèrement d'impatience. Ce n'était pas la première fois qu'il avait rendez-vous avec sa psychomage, mais aujourd'hui était le jour de son anniversaire et il se doutait qu'elle voudrait savoir pourquoi il refusait totalement de le célébrer alors que ça ne l'avait jamais dérangé auparavant.

À son humble avis, la raison n'était pas très difficile à comprendre, vu que ses deux meilleurs amis n'étaient plus à ses côtés pour le fêter, mais bon, il devait reconnaître que se confier à une personne neutre comme la mage Cyrul lui faisait beaucoup de bien.

Pour une fois, son grand-père s'était montré assez inspiré.

Les premières séances avaient tourné autour de sa rupture d'avec Albus, le forçant à analyser plus en profondeur ce qu'il s'était passé entre eux, et Scorpius avait fini par comprendre comment il en était venu à faire un tel écart contraire à ses valeurs et même, à ses envies.

Sa psychomage ne lui avait pas donné de réponse toute faite, elle l'avait juste accompagné dans ses réflexions et il en avait déduit qu'en agissant ainsi, il avait tenté de reprendre le contrôle de sa vie privée, contrôle qui lui échappait totalement depuis qu'Albus le laissait régulièrement pour aller découvrir de plus près toutes ces créatures magiques.

Certes, la suite des événements n'avait pas du tout évolué comme il l'aurait voulu, mais l'espace d'un instant, il était redevenu maître de sa vie.

Maintenant que ce point avait été éclairci, il se doutait que la mage Cyrul n'allait pas tarder à vouloir le faire parler de sa mère, mais pour l'heure, Scorpius était juste soulagé d'être moins amorphe qu'il ne l'était encore, quelques semaines auparavant.

Le regard rivé sur une peinture abstraite qui lui faisait face, il comprit que son tour était venu lorsque sa psychomage l'appela doucement, le sortant ainsi de sa rêverie.

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Avril - Rose

Rose trépignait dans le hall du Portoport d'Hô Chi Minh-Ville, cherchant des yeux une chevelure blonde parmi les nombreuses brunes qui déambulaient devant elle, quand son cœur s'accéléra en reconnaissant celle, si caractéristique, de son frère de cœur.

- Scorp' ! s'écria-t-elle en se ruant dans ses bras.

Scorpius l'enlaça aussitôt et ils restèrent ainsi, indifférents aux passants qui les bousculaient, pendant de longues minutes.

- Je suis tellement, tellement contente que tu sois là ! souffla Rose, les larmes aux yeux, Tu as fait bon voyage ?

- Nickel, oui, même si j'ai eu deux heures d'attente en Turquie.

- Retard ? J'en ai eu aussi en arrivant...

- Non, non, juste une différence de timing entre les Portoloins. Tu habites loin d'ici ?

- Une petite centaine de kilomètres, précisa-t-elle en lui prenant la main. Viens, on va jusqu'à la zone de transplanage et je vais te faire visiter l'endroit où je vis !

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Scorpius et Rose rentrèrent de leur virée dans le quartier sorcier de Tây Ninh et s'affalèrent sur le canapé une fois la porte du studio de la jeune femme refermée derrière eux.

- Pas trop crevé ? s'enquit Rose en posant sa tête sur l'épaule de son ami.

- Oh que si ! répondit-il en riant. J'ai perdu l'habitude de voir autant de monde, tu sais...

- Tu m'as pourtant écrit que tu allais mieux ! rouspéta Rose en se redressant pour le regarder dans les yeux. Ne me dis pas que tu m'as menti !

- Non, non, je vais mieux, promis, mais ce n'est pas pour autant que je vais me promener sur le Chemin de Traverse ou à Pré-au-Lard. Je vais voir mon père et ta mère, Lincoln, Daphné et Millie... Parfois Luan arrive à me traîner boire un verre, mais rien de plus, quoi... Je n'ai jamais été très sociable, Roussette, c'est pas un scoop !

- Je suis heureuse de l'apprendre, constata-t-elle en lui souriant chaleureusement.

Rose s'était beaucoup inquiétée pour ses amis, lorsqu'elle était partie pour le Vietnam, mais elle était heureuse de voir de ses propres yeux que Scorpius semblait se remettre de sa rupture. Pour Albus, il faudrait sans doute attendre qu'elle retourne en Grande-Bretagne cet été pour s'en assurer - vu qu'il s'éternisait rarement sur le sujet dans les lettres qu'il lui envoyait - et se contentait de lui parler des différentes créatures qu'il apprenait à découvrir en arpentant le monde en compagnie des Dragonneau. Rose comprenait d'autant plus la frustration que Scorpius avait dû ressentir s'il lui avait envoyé le même genre de courrier, à l'époque...

- Et toi, alors ? s'enquit Scorpius. Es-tu vraiment aussi épanouie que tu le prétends dans tes lettres ou tu ne veux juste pas que je m'inquiète ?

- Honnêtement ? Les premières semaines n'ont pas été aussi faciles à vivre que je l'ai prétendu, avoua Rose. Je m'inquiétais beaucoup pour... et toi...

- Tu peux prononcer son nom, tu sais ? la coupa Scorpius. Même celui de Voldemort n'est plus tabou, donc bon...

- Désolée, s'excusa-t-elle avant de poursuivre en grimaçant légèrement. Donc je disais que je m'inquiétais beaucoup pour Al' et toi, d'une part et d'autre part, me retrouver dans un pays totalement inconnu où la culture est si différente de la notre n'a pas été des plus évidents non plus. Heureusement, j'ai des collègues vraiment géniaux qui ont tout fait pour m'intégrer à leurs cercles, donc je commence à m'acclimater.

- Et Jake...? hasarda Scorpius en la regardant, un sourcil relevé.

- Jake me manque bien plus que ce que j'aurais cru, admit-elle, mais je ne regrette pas mon choix. Je sais que j'aurais fini par le lui reprocher, si j'avais refusé cette occasion pour rester avec lui, et il le sait aussi donc voilà...

- Tu n'as pas encore consommé local, alors ? la taquina Scorpius.

Rose ne put s'empêcher de rire face à ce sous-entendu tout sauf discret.

- Eh bien si, figure-toi ! reconnut-elle. Mais rien de bien sérieux, juste de quoi m'amuser un peu. Je tiens vraiment à rester concentrée sur mes recherches. Je suis la collaboratrice la plus jeune que le Centre ait jamais acceptée, je ne peux donc pas prendre le risque de ne pas être à la hauteur de la confiance qu'ils ont placée en moi. Et toi, alors ? Tu as revu... Stephan, ou peut-être quelqu'un d'autre ?

- Oh non, contesta Scorpius en secouant la tête de droite à gauche. Tu sais très bien qu'il n'y aura jamais que lui.

Rose sentit son cœur se serrer légèrement à ces mots, mais s'abstint de tout commentaire, consciente que ce serait inutile.

Cette histoire avec ce collègue était vraiment un pur gâchis.

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Mai - Jake

Jake attendait devant la maison des McCarter, ne sachant pas trop comment il avait fini par se retrouver dans une telle situation. Cette Julie était peut-être aussi gentille que ses grands-parents le prétendaient, mais sortir avec une Moldue n'était toujours pas dans ses intentions. Enfin bon, peut-être qu'après ça, on le laisserait un peu tranquille...

Depuis que Rose était partie au Vietnam, ses proches agissaient avec lui comme s'il leur avait annoncé qu'il envisageait d'entrer dans les ordres, cherchant inlassablement à le caser avec une autre pour qu'il "se change les idées". James avait même proposé de le mettre en contact avec quelques-unes de ses ex-conquêtes, mais Jake s'était contenté de le regarder d'un œil torve sans rien dire.

Comme s'il avait la moindre envie de repasser derrière son cousin !

Mais bon, Môssieur filait le parfait amour depuis plus d'un an avec sa Juliet, et depuis, il avait tendance à agir comme s'il était devenu un expert en relations conjugales.

Enfin, Julie McCarter n'avait rien à voir avec ses états d'âme, il était donc inutile de la faire attendre plus longtemps.

Il sonna à la porte pour signaler sa présence et la jeune femme vint lui ouvrir quelques secondes plus tard. Sa grand-mère lui avait vendu une vraie beauté, du genre à faire chavirer les cœurs, mais Jake fut soulagé de constater qu'elle était plutôt du genre... banale.

Ses traits trahissaient une vraie douceur et ses yeux bleus étaient légèrement étirés par le sourire qui ourlait ses lèvres, mais rien d'intimidant comme il l'avait un peu appréhendé. Non, Julie avait le genre d'apparence qui mettait tout de suite ses interlocuteurs en confiance, sans qu'on ne puisse vraiment s'expliquer comment.

- Nous ne sommes pas obligés d'aller boire un verre, lui dit-elle avant même de le saluer. Je sais très bien que ta grand-mère a dû...

- Non, non, ne t'inquiète pas, la coupa Jake pour la rassurer. Enfin si, c'est effectivement ma grand-mère qui m'a... motivé, dirons-nous, à te contacter, mais ça me fait plaisir.

Une fois de plus, Julie lui sourit et il se fit la réflexion que ça illuminait totalement son visage.

Ils se dirigèrent ensuite vers l'abri de bus qui se trouvait à deux pâtés de maisons de là et Jake espéra qu'elle ne le prendrait pas pour un tocard, puisqu'il n'avait pas son permis de conduire - même s'il avait celui de transplaner, ce qu'il ne pouvait, bien évidemment, pas lui dire.

Une fois en route, ils s'installèrent sur des sièges côte à côte et Jake fut soulagé de constater que les sujets de discussion leur venaient assez naturellement. Julie avait apparemment un job dans l'administration, mais lui changea de sujet lorsqu'elle lui demanda ce qu'il faisait dans la vie. Néanmoins, à part ce petit moment de flottement, tout se déroulait à merveille, à sa plus grande surprise.

Ils descendirent à un arrêt situé sur Charing Cross Road et Jake ne put s'empêcher de regarder l'entrée du Chaudron Baveur lorsqu'ils passèrent devant. Il eut l'impression que Julie avait fait de même, mais il la chassa bien vite : les Moldus ne faisaient jamais attention à cet établissement, coincé entre une librairie et une boutique rétro qui vendait des disques.

Ils s'installèrent ensuite à la terrasse d'un pub, où ils commandèrent deux pintes de Guinness, discutant à présent du dernier film qu'ils avaient vu au cinéma.

Le courant semblait vraiment bien passer entre eux et au final, cette constatation agaça Jake plus qu'autre chose : comment pourrait-il envisager quoi que ce soit avec elle s'il devait lui cacher une partie de sa vie ?

Jake sortit son portefeuille pour payer leurs consommations et maudit sa distraction lorsqu'une pièce en tomba. Il était déjà en train d'imaginer un mensonge pour justifier son apparence particulière quand Julie s'exclama :

- Une Mornille ?!

- Une quoi ? tenta d'éluder Jake, légèrement paniqué à l'idée de trahir le Code international du secret magique.

- Allons, Jake ! insista-t-elle en frappant dans ses mains. J'ai eu un doute quand nous sommes passés devant le Chaudron Baveur, mais là ! Tu es... n'est-ce pas ? ajouta-t-elle en regardant autour d'eux pour vérifier que personne ne les écoutait.

- Mais..., bredouilla-t-il abasourdi. Comment ?! Tu as mon âge, je t'aurais croisée à l'école, si...

- Beauxbâtons, précisa-t-elle simplement, un sourire, encore plus grand que tous ceux qu'elle lui avait accordés jusqu'à présent, aux lèvres.

Ça alors ! pensa Jake. Quelle était la probabilité pour que la jeune femme avec laquelle ses grands-parents voulaient absolument le caser, afin de tenter de lui faire acquérir un peu de "normalité", soit également sorcière ? Il n'en avait aucune idée, mais il se ferait un malin plaisir de le leur raconter. Ainsi, il était sûr qu'ils arrêteraient d'essayer de lui faire rencontrer n'importe qui.

Jake regarda les verres pleins qui se trouvaient devant eux, mais il avait bien trop de questions à lui poser pour avoir envie de rester côté moldu. Raison pour laquelle il lui proposa :

- Ça te dirait qu'on aille plutôt de l'autre côté ?

Julie accepta de bon cœur et, après avoir laissé un billet sur la table, les deux jeunes gens se relevèrent pour retourner vers le Chaudron Baveur.

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Juillet - Rose

- Je n'aurais jamais dû lui offrir ce chat, grommela Drago en se laissant tomber sur un fauteuil en rotin, situé dans le jardin de son cottage de Durham.

Il se frottait le poignet d'un mouvement qui trahissait son agacement et Rose soupçonna qu'il venait tout juste de prendre un coup de griffe.

- Ah, ah, se moqua-t-elle face à son air dépité. Je t'aurais bien prévenu que Maman était infernale avec ses animaux, si tu m'avais posé la question avant, mais je pensais quand même que la petite tornade se serait un peu assagie, depuis le temps.

- Elle l'aurait peut-être fait si ta mère ne lui passait pas tout...

- Qui passe tout à qui ? s'enquit Hermione en les rejoignant, une boule de poils blanche entre les bras.

- Toi, avec cette fichue chatte !

- Cesse de râler ! le sermonna doucement Hermione en le menaçant de son index. Si tu étais plus gentil avec elle, elle ne te grifferait pas comme ça !

- J'essayais juste de remettre de l'eau dans sa gamelle ! se défendit Drago, visiblement outré par l'accusation de sa compagne.

- Elle n'a juste pas l'habitude, alors ! insista Hermione avant de s'accroupir pour déposer Edelweiss sur le sol, puis de l'encourager à aller jouer dans l'herbe.

La chatte se frotta un peu contre ses jambes et partit en courant, Rose ne savait où.

Sa mère avait un sourire ravi aux lèvres et Rose ne put s'empêcher de penser à Salem, son propre chat, qu'elle avait laissé aux bons soins de Scorpius et Bonaryen. Elle savait, avant de partir, qu'elle vivrait dans un studio et n'avait pas voulu enfermer l'animal qui avait eu l'habitude de gambader dans le parc de Poudlard avant d'accéder à celui du Manoir Principal.

Drago, quant à lui, se contenta de soupirer, clairement blasé par l'attitude d'Hermione, et Rose ne put s'empêcher de pouffer à ce tableau.

Mine de rien, leurs chamailleries lui manquaient beaucoup ! Tout comme son père, ses frères, Scorpius, Albus, les autres membres de sa famille...

Elle adorait ce qu'elle faisait, au Vietnam, et la plupart de ses collègues étaient devenus des amis, mais la distance avec ses proches se faisait bien plus sentir que ce qu'elle aurait cru.

- Alors ma chérie, ajouta sa mère en se tournant vers elle, tout en s'asseyant à son tour. Quoi de neuf depuis ta dernière lettre ?

- Rien de bien spécial, répondit Rose en grimaçant légèrement. Martin pensait avoir trouvé un nouvel angle d'approche pour tenter de séquencer le génome de plusieurs patients, mais ça n'a pas abouti. C'est assez frustrant, en fait, car nous manquons cruellement de financement, le Centre ayant d'autres priorités, alors nous n'avançons pas très vite et comme on manque de résultats, eh bien on finit par recevoir moins de subsides. C'est comme si Méduse se pétrifiait elle-même.

Sa mère lui prit la main en un geste de soutien tandis que Drago la regardait en souriant tristement. Rose réalisa alors qu'il devait sans doute penser à sa défunte épouse et préféra changer de sujet.

- Hugo ne devrait pas être déjà revenu ? s'enquit-elle en se tournant vers la porte du cottage qui permettait d'accéder au jardin.

Comme si sa question avait marqué un signal, son frère les rejoignit justement à ce moment-là.

- Roussette ! s'exclama-t-il en se ruant vers elle avant de la soulever de son siège pour la prendre dans ses bras.

Rose rit face à son enthousiasme tout en l'enlaçant avec chaleur. Si sa mère et Drago étaient passés lui rendre visite quelques mois plus tôt, Hugo n'avait pas pu les accompagner, devant terminer sa scolarité à Poudlard et se préparer pour ses ASPIC. Cela faisait donc près de dix mois qu'elle ne l'avait pas revu et force était de constater qu'il lui avait manqué.

- Regardez qui voilà ! déclara-t-elle en l'observant une fois qu'il l'eut relâchée. Ne serait-ce pas notre nouveau diplômé ?

- Eh ouais ! confirma-t-il en esquissant un pas de danse. Et j'ai eu cinq ASPIC dont deux O, t'imagines ? Cinq !

- Ah, je n'ai jamais douté de toi, petit frère ! le félicita Rose.

- Petit, petit..., répliqua-t-il en se mettant à côté d'elle, une main sur sa tête, pour lui prouver qu'il était bien plus grand qu'elle depuis un moment, maintenant.

Rose chassa sa main comme s'il s'agissait d'un lutin facétieux et lui donna un coup d'épaule amical.

- Et donc, toujours les mêmes projets ? lui demanda-t-elle en se rasseyant.

- Ouep, confirma-t-il. Je commence ma formation d'Oubliator en septembre, ça va être top !

La jeune femme lui sourit avec chaleur, heureuse qu'il ait trouvé sa voie.

Ils restèrent ainsi à discuter tous les quatre pendant plusieurs heures, profitant de ce moment tant qu'ils le pouvaient : Rose n'avait que trois semaines de vacances et serait rapidement amenée à repartir poursuivre sa formation loin d'eux.

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Août - Scorpius

Scorpius quitta le Portoport de Londres, le cœur lourd d'avoir dû dire au revoir à Rose, et transplana pour la Roseraie Greengrass, où il avait prévu de déjeuner avec ses tantes.

Voir si peu sa presque-sœur s'était révélé assez frustrant. La jeune femme avait dû partager son temps entre les nombreux membres de sa famille et lui-même avait dû travailler, ayant déjà utilisé une partie de ses congés annuels pour aller lui rendre visite en avril.

Cependant, il devait aussi admettre qu'il souffrait moins de son départ qu'il y avait près d'un an. Ses séances avec la psychomage Cyrul étaient vraiment bénéfiques et Scorpius devait admettre qu'il craignait moins de se retrouver seul qu'auparavant. Il avait encore des périodes plus creuses, bien évidemment, mais il apprenait à vivre pour lui, en fonction de son rythme et de ses besoins, et c'était vraiment salvateur.

Rose lui manquait, c'était une certitude, mais le fait qu'elle vive son rêve l'aidait à mieux appréhender cette absence.

Scorpius regrettait parfois de ne pas avoir commencé à consulter plus tôt : avec le recul que sa psychomage l'aidait à prendre, il aurait certainement mieux géré les moments où Albus était en voyage et aurait ainsi pu éviter de merder comme il l'avait fait…

Mais il apprenait également à vivre avec son passé, à tirer des leçons de ses erreurs, et essayait donc de relativiser les regrets qui le hantaient encore.

Une fois arrivé à l'emplacement où devait se trouver la Roseraie, Scorpius prononça la formule qui la ferait apparaître et en remonta les allées pour se diriger jusqu'à la maison où vivaient ses tantes. Il fit un petit détour par le rosier de sa mère, respirant son parfum réconfortant au passage, puis alla rejoindre Daphné et Millie qui devaient l'attendre pour manger.

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Octobre - Albus

Albus était assis sur le lit de la chambre qu'il occupait chez sa mère, entre deux voyages, une lettre de Rose entre les mains. Sa cousine lui manquait très souvent et il avait l'impression que cela faisait une éternité qu'il ne l'avait pas vue, bien qu'il ait profité de son court séjour en Grande-Bretagne pour passer un maximum de temps avec elle.

Enfin, s'il devait être honnête compte tenu du contenu de sa lettre, là, tout de suite, elle lui manquait un peu moins. Pourquoi s'acharnait-elle à lui parler de Scorpius chaque fois qu'elle le voyait ou lui écrivait ? Espérait-elle vraiment les réconcilier avec des manœuvres si peu subtiles ?

Et en même temps, il devait bien avouer qu'apprendre que son ex-petit ami semblait être toujours amoureux de lui ne le laissait pas indifférent, mais cela faisait plus d'un an, à présent, qu'il avait quitté le Manoir sans même se retourner, il leur faudrait donc bien plus que quelques nouvelles détournées pour arranger les choses entre eux.

Lorsqu'il repensait à la façon dont leur relation s'était terminée, Albus ne pouvait s'empêcher de se dire que tout ça était un vrai gâchis. Ils étaient ensemble depuis plus de cinq ans, tout de même ! Certes, il s'était senti profondément trahi en apprenant que Scorpius avait fauté avec un autre, mais Albus devait bien se rendre à l'évidence qu'il n'arrivait toujours pas à tourner la page et ce, malgré les ex qu'il avait semés au fil de ses voyages.

Scorpius avait toujours eu une place à part dans sa vie, il était vain de tenter de le nier, et qu'il le veuille ou non, il avait également conscience que ce serait probablement le cas jusqu'à ce qu'il pousse son dernier soupir.

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Décembre - Jake

Jake apparut dans le parc du Manoir Malefoy et sourit en constatant que, cette année, les sarcococca qui bordaient l'allée menant à l'entrée étaient agrémentés de petites lumières multicolores, mettant en valeur les fleurs blanches qui étaient perdues entre leurs feuillages. S'il avait voulu une preuve que Scorpius se portait mieux que l'an passé, celle-ci aurait été parfaite, puisque la dernière fois, aucune décoration n'avait égayé les lieux (même si George y avait remédié en arrivant).

Daisy, qui voyait encore Scorpius régulièrement, lui avait bien dit qu'il déprimait moins depuis qu'il consultait une psychomage et Jake était ravi à l'idée de s'en rendre compte par lui-même. Depuis que Rose était partie, il avait nettement moins d'occasions de le croiser qu'auparavant, occupant une bonne partie de son temps libre pour approfondir ses recherches pour ses articles, mais il avait toujours apprécié sa compagnie.

En arrivant au Manoir, il constata qu'il était parmi les derniers arrivés et l'idée de devoir saluer toutes les personnes déjà présentes le fatigua d'avance. Il se contenta donc d'un simple salut général avant de rejoindre James et Juliet qui se trouvaient un peu plus loin sur sa droite.

- Tu es venu seul ? lui demanda-t-elle après qu'ils se soient dit bonjour.

- James ne t'a pas prévenu ? répondit-il en regardant son cousin. Julie et moi avons rompu il y a deux semaines.

- Oh mince ! s'exclama Juliet, visiblement désolée pour lui. Vous formiez un si joli couple !

- Ah, peut-être, grimaça-t-il légèrement. Mais certains... désaccords sont incompatibles, précisa-t-il ensuite. Mieux valait en rester là avant que ça ne prenne des proportions dramatiques.

Il ne s'attarda cependant pas plus sur les raisons de leur rupture, vu que ça ne les regardait en rien.

Soudain, son cœur eut un loupé en voyant Rose passer derrière eux en compagnie d'un Scorpius hilare, une coupe de champagne entre les mains.

James se retourna pour voir ce qu'il regardait ainsi et un rictus moqueur étira ses traits lorsqu'il déclara :

- Ça fait plaisir de voir qu'il va vraiment mieux, hein ? Mon frère a vraiment merdé sur ce coup !

- Tu es trop dur avec Albus, intervint Juliet. Je ne connais peut-être pas leur histoire aussi bien que Rose, mais j'étais quand même tout le temps avec eux, à Poudlard, et Scorpius n'aurait pas mieux réagi si la situation avait été inversée. Ils ont un lien particulier, ces deux-là, et c'est vraiment dommage que ça se soit terminé ainsi, tu ne me l'ôteras pas de l'esprit !

James haussa simplement les épaules avant de se pencher vers sa petite amie pour lui chuchoter un truc au creux de l'oreille. Mais bien évidemment, il fit tout pour ne pas être discret et pour s'assurer que Jake entendrait bien ses messes basses.

Il le connaissait trop bien.

- Je faisais celui qui n'avait pas vu qu'il reluquait Rose, ma chérie, ne sois pas si premier degré !

Juliet rougit légèrement sous la remarque tandis que Jake, lui, levait les yeux au ciel, agacé par le manque de subtilité de son cousin. Il décida de s'éloigner un peu pour éviter un interrogatoire sur le sujet et en profita pour aller saluer Harry et Meredith qui discutaient en compagnie de Ron et Hermione.

Jake se déplaça ainsi de groupe en groupe, ravi de prendre des nouvelles de tout le monde tout en évitant soigneusement celle avec qui il mourrait d'envie de passer du temps.

Finalement, il décida de sortir dans le parc prendre un peu l'air et alla s'asseoir sur les marches du kiosque qui se trouvait un peu plus loin.

Quelques instants plus tard, Jake vit une silhouette sortir par la porte qu'il venait de franchir, s'arrêter quelques instants - comme si la personne cherchait quelque chose - puis se diriger vers lui d'un pas sûr. Même s'il n'en distinguait pas bien les traits vu l'heure avancée et bien qu'il ne l'ait pas revue depuis près d'un an et demi, il reconnut tout de suite celle qui, visiblement, faisait toujours un peu trop battre son cœur.

- Je te cherchais, déclara doucement Rose une fois arrivée près de lui. J'ai l'impression que tu m'as évitée toute la soirée...

- Ce n'était pas qu'une impression, lui avoua-t-il tandis qu'elle s'asseyait à côté de lui.

- Tu m'en veux toujours d'être partie ? s'enquit-elle après quelques secondes de silence.

- Non... Je m'en veux à moi de n'être visiblement pas parvenu à tourner la page.

- Oh..., commenta-t-elle en portant une main à son visage, comme pour masquer son trouble. Comment vas-tu, sinon ?

- Assez bien, répondit-il doucement. Marcus vient de m'offrir une promotion - je crois qu'en fait il a peur depuis que j'ai reçu une proposition de la concurrence - et... et voilà. J'ai plusieurs dossiers en cours, dont un sur le rapport particulier qu'entretiennent les supporters des Canons de Chudley avec leur équipe et… Je sais que tu t'en fiches, en fait !

Rose pouffa à sa dernière remarque avant de répondre.

- Pas vraiment, non. Enfin si, mais je suis heureuse d'apprendre que ton job te plait toujours autant.

- C'est clairement plus intéressant que les tests de balais, approuva-t-il. Et toi ? Le Vietnam répond-il à tes attentes ?

- Eh bien... C'est-à-dire que...

Jake se retourna pour mieux la regarder : bredouiller ainsi ne lui ressemblait pas.

- L'année que je viens de passer là-bas était vraiment très enrichissante, poursuivit-elle, plus sûre d'elle. J'ai appris beaucoup de choses sur la Maladie de Bowman-Waits, comme je l'espérais, mais aussi sur... eh bien sur moi.

- Ah oui ? releva-t-il, curieux.

- Je ne suis peut-être pas aussi ambitieuse que ce que j'ai toujours cru, se confia-t-elle. Enfin si, j'espère toujours faire avancer les choses dans la recherche, mais mes proches me manquent bien plus que ce que j'aurais imaginé. Les gens que j'ai rencontrés là-bas sont supers, vraiment, mais j'ai l'impression de passer à côté de tellement de choses ! Hugo vient de quitter le cottage pour emménager en coloc avec Corentin, Stan grandit et entrera à Poudlard dans un an et demi, une de mes meilleures amies sort avec mon cousin, sans parler d'Albus et Scorpius qui prennent des chemins que personne n'aurait envisagés pour eux. Et il y a aussi tous les autres membres de ma famille ! Mes parents, mes grands-parents... J'ai beau revenir chaque fois que je le peux, mais alors j'essaie tellement de voir tout le monde que je ne peux jamais me reposer...

- Je comprends, commenta Jake en lui prenant la main en signe de soutien. Combien de temps vas-tu rester, cette fois ?

Rose le dévisagea avec un sourire en coin, les yeux pétillants de malice

- Je ne repars pas, lui répondit-elle.

- Par... pardon ?! bafouilla-t-il, en écarquillant les yeux.

- J'ai contacté Stevenson en septembre pour demander si je ne pouvais pas effectuer ma dernière année de formation dans le coin. Je lui ai expliqué que j'étais reconnaissante de l'opportunité qu'il m'avait offerte en m'obtenant une place à Tây Ninh, mais que la distance avec mes proches était trop dure à supporter et figure-toi que l'hôpital sorcier de Lille a justement besoin de quelqu'un. Bon, ils ne sont pas aussi avancés dans leurs recherches que l'équipe du médicomage Nguyen mais apparemment, mon profil les intéresse beaucoup. Le fait, justement, que je vienne de passer un an au Vietnam aurait lourdement pesé dans la balance. Alors bien sûr, Stevenson a un peu râlé, vu qu'il m'avait eu une dérogation pour que je puisse partir plus tôt que les autres, et il m'a plus ou moins accusée d'abuser de sa gentillesse mais voilà, je commence dès lundi.

Jake avait du mal à assimiler ce que Rose venait de lui dire. Était-elle réellement de retour pour de bon ? Il avait tout simplement l'impression de rêver. Cette nouvelle, il l'avait espérée sans jamais oser y croire, persuadé que la carrière de la jeune femme était ce qui lui importait le plus.

- Tu es sûre de ne pas le regretter ? lui demanda-t-il avant de passer sa langue sur ses lèvres pour les humidifier. Je sais à quel point travailler sur la Maladie de Bowman-Waits est important pour toi.

- Ça l'est, oui, et l'hôpital de Lille est celui qui est le plus avancé sur la question en Europe, mais partir vivre aussi loin m'a fait réaliser que ma famille était au moins aussi importante que ma carrière.

Jake ne pouvait quitter Rose des yeux, le cœur battant à toute allure sous l'émotion. Cela voulait-il également dire qu'elle était prête à reprendre leur relation ?

Des cris se firent alors entendre depuis l'intérieur du Manoir, signe que minuit venait de sonner, détournant ainsi leur attention. Rose déposa délicatement une main sur sa joue, captant à nouveau son regard, puis, un tendre sourire illumina ses traits.

- Bonne année, Jake..., déclara-t-elle doucement avant de déposer ses lèvres sur les siennes, répondant ainsi à sa question muette.


2028

Janvier - Rose

Rose était attablée chez son père, en compagnie de celui-ci, de Marsali et de Stan, pour déguster le rôti qu'il leur avait cuisiné. Enfin, pour être tout à fait honnête, Rose le soupçonnait de l'avoir fait préparer au Boursouflet et en avoir rapporté les restes, mais c'était tout aussi bon que s'il l'avait fait lui-même.

Et surtout, elle était heureuse de pouvoir passer un moment en leur compagnie avant de rentrer simplement chez elle et non d'être pressée par le temps car attendue par d'autres personnes qui voulaient profiter de son passage pour la voir.

- Alors, cette première semaine ? lui demanda son père, tout en portant une portion de flageolets à sa bouche.

- Franchement ? Incroyable ! répondit Rose, enthousiaste. J'avais un peu peur de devoir m'intégrer à une nouvelle équipe, mais ça se passe très bien, ils ont l'air assez sympas et très curieux d'en savoir plus sur ce que j'ai appris à Tây Ninh. Par contre, je ne peux pas tout leur dire, certaines recherches étaient soumises au secret professionnel, mais la cheffe d'équipe avait l'air agréablement surprise face à l'étendue de mes connaissances sur le sujet. Emma, l'une de mes nouvelles collègues, m'a confié hier que mon jeune âge leur avait fait un peu peur avant que je n'arrive, mais qu'ils étaient globalement tous soulagés de voir que j'avais l'air assez mature et compétente.

- Globalement ? releva Marsali.

- Je pense que certaines personnes attendent encore que je fasse mes preuves et je peux tout à fait comprendre leur réserve, je ne suis là que depuis une semaine.

Sans parler du fait qu'elle avait renoncé à travailler au sein de l'équipe du médicomage Nguyen pour rejoindre la leur. Elle avait clairement entendu Sam, un autre de ses nouveaux collaborateurs, marmonner qu'elle devait être complètement folle pour avoir laissé son ancienne place, mais Rose avait préféré ne pas relever.

- En tout cas, moi je ne m'en plains pas ! commenta son père, après qu'elle ait partagé cette information. Bien sûr, j'étais heureux pour toi que tu aies eu une telle opportunité - et tu vas me dire qu'après tes années à Poudlard, j'avais l'habitude de ne pas trop te voir - mais je suis quand même bien content que mon bébé soit revenu dans le coin.

- Papa..., protesta Rose en levant les yeux au ciel.

Mais force était de constater qu'elle-même avait l'impression de totalement se retrouver depuis qu'elle était de retour.

- T'es de nouveau l'amoureuse de Jake, alors ? demanda Stan, la bouche pleine de purée de pommes de terre.

Ce qui lui fit immédiatement monter le rouge aux joues, d'autant plus lorsqu'elle remarqua le regard à la fois amusé et intéressé que son père et sa belle-mère posaient sur elle.

- Hum, euh..., toussota-t-elle en essayant de reprendre contenance. Je crois qu'on peut dire ça, oui...

En prononçant ses mots, Rose ne put empêcher un sourire niais d'étirer ses lèvres. Bien que la perspective de renouer avec Jake n'ait en rien influencé sa décision, elle était ravie d'avoir pu le retrouver si rapidement.

Elle avait craint, bien évidemment, qu'il ait rencontré quelqu'un d'autre entre-temps et son cœur avait fait un bond dans sa poitrine lorsqu'au nouvel an, il lui avait confié qu'il n'était pas parvenu à tourner la page.

Certes, elle ne l'avait pas beaucoup revu depuis cette nuit-là, elle occupée par sa prise de fonction à l'hôpital sorcier de Lille et son réeménagement en Grande-Bretagne et lui par son travail, mais ils avaient malgré tout réussi à se caser une sortie en amoureux qui lui avait fait le plus grand bien.

Enfin, c'était surtout lui qui lui avait fait le plus grand bien lorsqu'ils avaient fini la soirée dans sa chambre...

Rose chassa cependant bien vite ces souvenirs de son esprit, puisque ce n'était ni le lieu, ni le moment d'y repenser.

Une fois le repas terminé, Rose resta encore une petite heure, le temps de jouer à une partie de Créatures avec Stan, puis rentra au Manoir où elle s'était, tout naturellement, réinstallée.

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Février - Albus

Albus décacheta le courrier qui était arrivé chez sa mère en son absence et ses sourcils se froncèrent en reconnaissant le sceau du Ministère.

Que pouvaient-ils bien lui vouloir ? Il constata que la date d'envoi remontait au 8 janvier et espéra que le respect dont sa mère faisait preuve en refusant d'ouvrir ses lettres lorsqu'il était en voyage n'allait pas lui porter préjudice.

M. Potter Albus,
Appartement de Mme Weasley Ginevra,
8 impasse du vigneron
Fichucastel
Irlande

M. Delgado Miguel
Département de contrôle et de régulation des créatures magiques
Ministère de la Magie
Londres
Angleterre

Londres, le 8 janvier 2028

Cher M. Potter,

Je me permets de vous contacter aujourd'hui pour vous faire part d'un projet qui nous tient fortement à cœur. Comme vous le savez certainement, vu vos connaissances en la matière, l'Europe de l'Ouest manque cruellement d'infrastructures pour accompagner les créatures magiques de niveau XXX et supérieur qui se retrouveraient livrées à elles-mêmes au sein de notre pays. Le Département de contrôle et de régulation des créatures magiques, dont je suis le directeur, a donc décidé de mettre en place une réserve pour les accueillir en attendant de pouvoir renvoyer ces créatures dans leur habitat naturel.

Le magizoologiste Benson a d'ores et déjà accepté de chapeauter ce projet, mais nous sommes à la recherche de différentes personnes pour l'épauler dans cette entreprise. Votre oncle, Percy Weasley, m'a parlé de votre expérience avec les Dragonneau, qui m'ont bel et bien confirmé que vous étiez très compétent en la matière, malgré votre jeune âge.

Si participer à ce projet vous intéresse, comme je l'espère, je vous prierais de bien vouloir prendre contact avec mon service rapidement afin que nous planifions un entretien en compagnie du mage Benson pour en parler plus en profondeur.

Cordialement,

Miguel Delgado

Albus relut la lettre plusieurs fois pour être sûr d'avoir bien saisi ce dont il retournait. Le Ministère allait-il réellement créer une réserve en Grande-Bretagne ?! Il était grandement temps, si tel était bien le cas ! Mais où ? Et pour faire quoi, exactement ? Et si ce Miguel Delgado avait bien contacté les Dragonneau pour en savoir plus à son sujet, pourquoi ne lui en avaient-ils pas parlé alors qu'il venait de passer trois mois en leur compagnie en Argentine ?

Albus n'eut cependant pas plus l'occasion de se pencher sur la question car il entendit distinctement quelqu'un frapper à la porte d'entrée.

- Salut ! s'exclama-t-il en reconnaissant sa cousine, une fois qu'il lui eût ouvert.

Rose l'enlaça aussitôt, l'obligeant à reculer de quelques pas pour refermer la porte sur eux.

- Je suis venue dès que j'ai eu fini ma journée à Lille ! précisa-t-elle après l'avoir embrassé sur une joue. Tu m'as tellement manqué ! Alors, c'était comment la Patagonie ?

- Génial, répondit-il en souriant, heureux de la voir. Et toi, alors ? Tu te réhabitues au climat anglais ?

- Tu parles, c'est comme si je n'étais jamais partie !

Amusé, Albus lui fit un clin d'œil complice. Il avait eu du mal à la croire lorsqu'elle lui avait écrit pour lui expliquer qu'elle quittait le Vietnam pour finir sa formation en France, près d'eux, mais force était de constater qu'elle ne semblait pas regretter son choix.

- Et donc, tu reste combien de temps, cette fois ? s'enquit-elle après s'être installée sur le canapé.

- Figure-toi que je n'en ai aucune idée ! Regarde ce que j'ai reçu durant mon absence, dit-il en lui tendant la lettre du Ministère.

Il l'observa pendant qu'elle la lisait, curieux de savoir ce qu'elle aurait à en dire.

- Par Merlin, Al' ! s'exclama-t-elle. Mais c'est juste parfait pour toi !

- Tu crois ? demanda-t-il en se mordillant la lèvre inférieure. Ça a l'air trop beau pour être vrai... Et regarde, il m'a écrit il y a plus d'un mois, c'est peut-être trop tard...

- Ça, il n'y a qu'une seule façon de le savoir ! Tu dois absolument écrire à ce Miguel pour demander un entretien.

- Tu crois ? répéta-t-il, incertain.

- Bien sûr que oui ! Et comme ça, si ça marche, tu pourras enfin arrêter ta comédie envers Scorp'.

Albus soupira, agacé, en levant les yeux au ciel.

- C'est plus fort que toi, hein ? Il faut toujours que tu me reparles de lui ?

- Bien sûr ! répliqua Rose en fronçant les sourcils. Cela fait quoi ? Un an et demi que vous agissez comme les plus grands abrutis que cette terre ait porté. Il serait temps d'y remédier, tu ne crois pas ?

- C'est lui qui m'a trompé ! se défendit Albus. Combien de fois vais-je devoir te le répéter ? Il a trahi ma confiance !

- Il a juste embrassé un type alors qu'il était bourré, Al'. Tu connais Scorpius aussi bien que moi et tu sais pertinemment qu'il ne t'aurait jamais trompé. Jamais. Les autres hommes ne l'intéressent pas, il est cent pourcent Albusophile.

- Albusophile ? releva-t-il, perplexe.

- Eh bien oui ! Il n'y a que toi qui l'intéresse, personne d'autre. Scorpius n'est pas comme toi, il n'a pas profité de votre séparation pour essayer... d'autres trucs. Ce qu'il a fait est nettement plus bénéfique, en fait ! Si tu ne le fuyais pas comme tu le fais, tu te serais rendu compte d'à quel point il est mieux dans sa peau, plus épanoui, plus confiant... Bon, ok, pas forcément plus sociable qu'avant, mais à présent, il ne considère plus sa solitude comme une maladie honteuse.

Albus se contenta de rester assis en silence à côté de sa cousine, tentant d'assimiler ce qu'elle venait de lui dire. Ainsi, Scorpius n'avait fréquenté personne d'autre depuis qu'ils avaient rompu ? En vérité, cela ne le surprenait pas vraiment, même si ça le faisait un peu culpabiliser d'avoir essayé, lui, de l'oublier dans les bras d'autres hommes.

- De toute façon, trop de temps est passé, depuis..., commença-t-il avant d'être interrompu par Rose.

- N'importe quoi ! Enfin si, je n'aurais jamais cru que votre séparation durerait aussi longtemps, mais tout le monde sait que vous êtes faits pour finir ensemble. Tu es amoureux de lui depuis que tu as treize ans, Al'...

- Arrête de me prendre la tête avec ça ! s'écria-t-il en se relevant pour s'éloigner d'elle. Tu ne comprends rien, Rose !

- Oh que si ! le contredit-elle en souriant tristement. On n'est bien plus semblables, tous les deux, que tu ne peux l'imaginer. Ne l'as-tu pas encore compris, Al' ? J'ai refusé de sortir avec Jake pendant des mois, craignant que notre relation ne m'éloigne de mes objectifs professionnels et tu as sauté sur la première occasion pour quitter Scorpius, parce que tu avais peur qu'il entrave tes propres aspirations ! Tu crois que j'ignore que tonton Percy t'avait obtenu une place au Ministère, à ce moment-là ? Je suis sûre que tu t'es vu accepter pour que Scorp' ne souffre plus de tes voyages et que cette idée t'a fait flipper à mort !

- Rose..., l'implora Albus, conscient que ces mots résonnaient particulièrement en lui.

- Je ne te juge pas, Al', poursuivit-elle en se levant pour le rejoindre. S'il y a bien quelqu'un, dans notre famille, qui peut te comprendre, c'est moi, et c'est justement pour ça - et parce que je t'aime - que je ne te laisserai pas merder cette fois. Cette offre du Ministère, c'est l'occasion rêvée pour concilier ton envie d'être magizoologiste de terrain et ton amour pour Scorpius, ce n'est pas plus compliqué que ça.

Albus inspira profondément pour tenter de refouler le trop plein d'émotions qui montaient en lui et s'approcha de sa cousine pour déposer sa tête sur son épaule. Rose le prit aussitôt dans ses bras, glissant ses doigts à la base de ses cheveux en une caresse apaisante.

Albus ferma ensuite les yeux et essaya de réguler sa respiration, mais il sentait déjà une lueur d'espoir grandir au fond de son cœur.

Peut-être, finalement, n'était-il pas trop tard.

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Mars - Scorpius

Scorpius se trouvait dans le petit salon de son manoir en compagnie de Rose, Jake, Hugo, James, Juliet, et suffisamment d'alcool pour satisfaire tout le monde - mis à part pour Roussette qui, elle, n'en buvait pas.

Il était vraiment heureux de voir que ses amis s'étaient rassemblés pour fêter avec lui son anniversaire. Il avait déjeuné avec son père et Hermione pour l'occasion, était passé prendre le thé chez ses grands-parents Greengrass avant d'aller rendre visite à ses grands-parents paternels puis était finalement rentré chez lui. Ces moments avaient tous été agréables à leur façon, ses relations avec Lucius et Narcissa s'étant grandement améliorées depuis qu'il consultait sa psychomage - évidemment, leurs soucis relationnels venaient plus de leur intolérance que de lui, mais dorénavant, il parvenait à prendre le recul nécessaire pour se préserver.

Mais à présent, l'heure était venue de faire réellement la fête ! Scorpius regrettait juste que Daisy n'ai pas pu se libérer, mais Jake lui avait conseillé de ne pas insister lorsqu'il avait essayé d'en savoir plus.

Juliet était en train de raconter une anecdote liée à un portrait qu'elle était en train de réaliser pour un vieux sorcier narcissique qui avait des gros problèmes de mémoire, quand des coups frappés à la fenêtre attirèrent son attention.

Un lourd silence tomba entre les convives lorsqu'ils reconnurent la chouette effraie qui voletait à l'extérieur en attendant qu'on vienne lui ouvrir.

- Mais... C'est Onyx ! s'exclama James, récoltant un coup de coude de Juliet au passage.

Aucun doute possible, c'était bien l'oiseau d'Albus qui se trouvait face à eux. Ils se côtoyaient tous suffisamment pour pouvoir facilement identifier les volatiles des uns et des autres.

Scorpius resta assis à fixer le rapace, incapable d'esquisser le moindre mouvement.

Pourquoi, par Merlin, Albus lui écrivait-il après tous ces mois de silence ?

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Avril - Albus

Albus se regarda dans le miroir de la salle de bain, ne sachant pas s'il devait se raser ou pas. Cela faisait quelques mois, à présent, qu'il entretenait une barbe plutôt courte qui, selon lui, lui allait assez bien, mais Scorpius l'avait toujours connu rasé de près. Aimerait-il ce changement, chez lui ? Le trouverait-il toujours à son goût ? Après tout, même si Rose semblait persuadée qu'il ne l'avait pas oublié, il avait mis plusieurs semaines avant de répondre à sa lettre…

Peut-être ne l'intéressait-il plus ? Ce qui serait compréhensible, vu qu'il l'avait évité pendant plus d'un an et demi… Même s'il avait des circonstances atténuantes pour justifier la distance qu'il leur avait imposée, Albus comprendrait parfaitement que Scorpius ne veuille plus de lui dans sa vie.

Pourtant, lui se sentait prêt, aujourd'hui, à donner une nouvelle chance à leur histoire. Il aimait Scorpius de tout son cœur depuis près d'une dizaine d'années et il avait l'impression que, cette fois, ils pourraient être prêts à vivre pleinement ce qu'ils avaient à vivre.

Rose ne s'était pas trompée lorsqu'elle lui avait reproché d'avoir profité de l'infidélité de Scorpius pour fuir une relation qui commençait à l'étouffer. Bien sûr, sur le moment, il n'en avait pas vraiment eu conscience, mais avec le recul, il avait réalisé que c'était tombé fort à propos.

Sauf que maintenant, Albus venait de rejoindre l'équipe du professeur Benson, habitait dans son propre studio à Pré-au-Lard et se sentait enfin prêt à renouer avec celui qui était simplement une partie de lui.

Malgré tout, l'idée d'être à son tour rejeté lui retournait le cœur.

Albus fit couler un peu d'eau pour s'humidifier le visage et tenter de chasser ses idées noires de son esprit. Si Scorpius avait proposé qu'ils se retrouvent à la Tête de Sanglier pour boire un verre et discuter, ce n'était probablement pas pour lui demander de ne plus lui écrire.

Du moins, Roussette lui avait certifié qu'il avait juste eu besoin de temps pour analyser ses sentiments, comme d'habitude, afin d'être en accord avec eux avant de le revoir. Si sa cousine était optimiste quant à la suite des événements, alors il se devait de l'être aussi.

Albus prit une serviette pour s'essuyer le visage, se tapota les joues pour se donner du courage - ayant finalement décidé de garder sa barbe - puis alla chercher sa cape avant de sortir de chez lui.

Lorsqu'Albus pénétra dans le pub, il remarqua tout de suite que Scorpius était déjà là et son cœur se mit à battre à tout allure.

Par Merlin, il était toujours aussi beau ! Scorpius avait visiblement laissé pousser ses cheveux et ceux-ci étaient rassemblés en un bun déstructuré à l'arrière de sa tête. Quelques mèches s'en échappaient, encadrant ainsi son visage. Il ne l'avait pas encore vu, les yeux rivés sur la bouteille de bièraubeurre qu'il avait entre les mains et dont il tentait de retirer l'étiquette.

Un sourire étira les lèvres d'Albus lorsqu'il remarqua qu'il portait un pull gris qu'il aimait particulièrement le voir porter. Avait-il fait ce choix sciemment ? Il l'espérait, en tout cas.

Il inspira ensuite profondément avant de s'humecter les lèvres puis se dirigea d'un pas incertain vers son ex-petit ami, sans oublier de commander une bièraubeurre en passant près du comptoir.

- Salut, dit-il simplement une fois auprès de lui.

Scorpius releva la tête en souriant timidement et leurs regards se croisèrent pour ne plus se quitter. Une fois de plus, le rythme cardiaque d'Albus s'emballa.

- Salut, répondit-il sur le même ton.

Albus s'installa à la même table et garda le silence le temps que la serveuse dépose sa consommation. Ils s'observèrent ensuite un long moment, toujours sans prononcer le moindre mot.

- Je suis vraiment désolé, lâchèrent-ils au même moment, les faisant pouffer de concert.

Ainsi, il ne comptait pas, lui non plus, tourner autour du pot avant d'aborder les sujets pour lesquels ils se voyaient enfin. Ça avait un côté plutôt rassurant de voir qu'ils étaient toujours sur la même longueur d'ondes après tout ce temps.

Albus lui fit donc un signe de la main pour l'inviter à commencer et Scorpius chassa les mèches rebelles de son visage avant de reprendre.

- Je suis désolé, s'excusa-t-il. Je ne crois pas te l'avoir dit, à l'époque, mais j'espère que tu sais que c'est le cas. Je n'ai jamais voulu te faire souffrir…

- Bien sûr que je le sais, répondit Albus, et je te connais suffisamment bien pour savoir que tu as dû souffrir au moins autant que moi de la situation. D'ailleurs, je suis également désolé…

- Ce n'est pas toi qui as fauté, Al'..., le coupa Scorpius en portant une main à sa bouche pour en ronger un ongle.

Il n'avait visiblement pas perdu cette mauvaise habitude.

- Je n'ai peut-être pas fauté, comme tu dis, mais je n'ai pas été réglo avec toi non plus, continua Albus. Je savais que tu avais besoin d'être rassuré quant à ce que je ressentais pour toi, mais je n'en ai pas tenu compte, je n'ai pensé qu'à mes envies de devenir magizoologiste.

- Tu n'avais pas à renoncer à tes rêves pour moi, Al', tu aurais fini par m'en vouloir. C'était à moi d'apprendre à faire avec…

- Absolument pas, Scorpius, le contredit-il. Il y avait un équilibre à trouver des deux côtés et t'imputer la seule responsabilité de nos problèmes serait totalement injuste. Oui, tu as merdé avec ce type, mais fuir comme je l'ai fait, refusant de te donner des nouvelles pendant tout ce temps, ce n'est pas non plus acceptable. J'étais totalement perdu, Scorp'. Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie et honnêtement, je pense que j'ai simplement eu peur de me retrouver dans une petite vie étriquée, avec un boulot chiant comme un veracrasse, juste par amour pour toi. Ton… écart a tout bonnement ouvert une porte pour que je puisse suivre mes envies et, moi, je m'y suis engouffré sans regarder en arrière.

- Peut-être, le contra Scorpius, mais… Tu sais que je vois une psychomage, je suppose ? Roussette a dû t'en parler.

- En effet, affirma Albus.

Scorpius hocha la tête quand il eut confirmé ses soupçons avant de reprendre.

- J'ai beaucoup travaillé sur moi, lors de mes séances avec elle et j'ai réalisé plusieurs choses. J'étais bien trop dépendant de toi, Al', et de Rose aussi, d'ailleurs. Quand elle est partie au Vietnam, à peine un mois après que tu m'aies quitté, je me suis retrouvé totalement seul et j'ai sombré. J'ai alors réalisé à quel point je comptais sur vous pour me construire, depuis le décès de ma mère, et ce n'était pas juste. C'était une trop grande responsabilité à mettre sur vos épaules…

Le cœur lourd, Albus ne put s'empêcher de prendre la main de Scorpius qui était déposée sur la table. A son plus grand plaisir, le jeune homme entrelaça ses doigts aux siens.

- Comme je le disais, reprit Albus en souriant tristement. Je suis désolé d'être parti comme ça. Nous nous étions promis de rester unis et j'ai fui à la première occasion, je…

- Non, le coupa Scorpius. Ton… départ - et celui de Roussette aussi - nous a permis à tous les trois d'apprendre à nous connaître, à mieux cerner quels étaient nos objectifs, nos priorités. Nous étions bien trop fusionnels pour notre propre bien. Les choses seront plus saines, aujourd'hui.

- Seront ? releva Albus, surpris par le temps utilisé.

- Eh bien oui, confirma Scorpius en souriant. Enfin, je crois… Ce… Ce n'est pas pour ça que tu m'as recontacté ?

Albus ne put retenir un sourire amusé en voyant le rouge gagner les joues de son meilleur ami.

- Si, bien sûr que si, confirma-t-il en caressant doucement sa main de son pouce. Je suppose que Roussette t'a dit que j'avais trouvé une place fabuleuse en Grande-Bretagne. Je suis prêt… pour nous, cette fois. Du moins, si tu l'es aussi...

Scorpius plaça aussitôt sa main libre derrière sa nuque pour l'attirer à lui et déposa sa bouche tout contre la sienne. Albus lui rendit aussitôt son baiser, les sens en ébullition.

Par Godric, ce que ces lèvres lui avaient manqué !

- Pfiou, souffla ensuite Scorpius, une fois qu'ils mirent fin au baiser. Je crois qu'il va falloir que je m'habitue à ça, ajouta-t-il en caressant sa barbe en souriant.

- Tu aimes ? J'ai hésité à me raser avant de venir…

- Non, non, ne fais pas ça, ça te va vraiment bien.

- Tu m'as tellement manqué, avoua Albus en déposant son front tout contre le sien.

- Je sais, commenta simplement Scorpius.

Albus trouvait cette nouvelle confiance en lui particulièrement excitante et, à présent qu'ils s'étaient enfin retrouvés, il devait bien avouer que son corps en réclamait plus.

- Tu crois que ce serait précipité si… si on transplanait quelque part ? proposa-t-il, une main sur le haut de sa cuisse.

Scorpius ouvrit sa bourse pour en sortir quelques pièces qu'il déposa sur leur table, se leva tout en gardant sa main dans la sienne, puis répondit :

- Ça fait vingt mois, Al', tu n'imagines même pas tout ce que j'ai prévu de te faire.

Scorpius le traîna ensuite hors du pub et, une fois dehors, les fit transplaner jusqu'à leur ancienne chambre.

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Juin - Rose

Albus, Scorpius, Jake et Rose se trouvaient dans le parc du Manoir Principal, profitant que la journée soit chaude - et qu'ils soient, pour une fois, tous en repos en même temps - pour se prélasser au soleil. Ils étaient simplement installés à même l'herbe, Scorpius allongé, la tête posée sur les genoux d'Albus qui s'amusait à piquer des pâquerettes dans ses mèches blondes, tandis que Rose s'était blottie dans les bras de son petit ami.

Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas été tout simplement aussi heureuse. Ses meilleurs amis filaient de nouveau le parfait amour qui les caractérisait tant et elle se sentait tout aussi épanouie dans sa vie professionnelle que personnelle. Même si pour l'heure, Jake était plutôt de mauvaise humeur.

- Et donc, commenta Albus, faisant suite à la bombe que Jake venait de lâcher, tu dis que Daisy était amoureuse de mon frère depuis tout ce temps ?!

- Visiblement, confirma-t-il. Quand James nous a annoncé que Juliet et lui allaient vivre ensemble, elle s'est mise à pleurer de manière incontrôlable. On n'a rien compris au départ, vous vous doutez bien, mais elle a fini par avouer que ça devenait trop dur pour elle de faire comme si ça lui faisait plaisir et elle a transplané sans rien ajouter.

- Mais enfin, ça fait plus de deux ans qu'ils sont ensemble, remarqua Scorpius, elle devait bien se douter que ça finirait par arriver ?!

- Bah écoute, je ne suis pas dans sa tête, moi, je ne fais que vous raconter ce qu'il s'est passé. Si ça se trouve, ça n'a rien à voir, mais j'en doute fortement, je soupçonnais le truc depuis un moment, déjà…

- C'est juste, renchérit Rose. Quand on était encore à Poudlard, elle était toujours adorable avec Juliet et moi, mais depuis qu'elle sort avec James, c'était à peine si elle lui disait bonjour.

- Et James n'a jamais rien soupçonné ? demanda Albus.

- Je ne pense pas, répondit Jake. Daisy se montrait parfois un peu possessive, mais pas plus que Rose avec vous.

- Je vous promets, intervint la concernée en riant, que je n'aime aucun de vous de cette façon !

- Ce qui serait ultra-glauque vu que je suis ton cousin…, lui fit remarquer Albus.

- Ah ma Roussette, le coupa Scorpius en soupirant, même si tu resteras toujours celle à qui j'ai donné mon premier baiser, il n'y aura jamais rien de ce genre entre nous !

- Attends, quoi ?! releva Jake. Vous vous êtes déjà embrassés, tous les deux ?

- Il y a une éternité, précisa Rose en pouffant. Et ça ne compte même pas, il essayait juste de me faire taire car je l'embêtais un peu trop avec mes questions. On avait quoi ? Treize ans ?

- Pas encore, corrigea Albus en se mettant à tresser les cheveux de Scorpius. Moi je venais de les avoir, mais pas vous. Je m'en souviens parfaitement car c'est là que j'ai réalisé que la jalousie que je ressentais n'était pas normale et donc, que j'aimais Scorp' plus que comme un simple ami.

Rose se tourna alors vers Jake pour l'embrasser tendrement sur la bouche, baiser qui s'intensifia rapidement.

- Hé, prenez une chambre ! rouspéta Scorpius en chassant les mains de son petit ami de ses cheveux d'un geste agacé. C'est pas ce qui manque, ici !

- Mais c'est vrai, ça ! s'exclama alors Rose. Ça pourrait être une solution !

- De quoi tu parles ? l'interrogea son presque-frère, visiblement dérouté par la tournure que prenait la conversation.

- Eh bien comme Jake vient de vous le dire, James va déménager pour vivre avec Juliet, Daisy fait la gueule au Chaudron Baveur et leur appartement est devenu trop grand - et trop cher - pour lui tout seul… Ça te dirait pas, Jake, de venir vivre ici avec nous ? Enfin, si tu es d'accord, Scorp'...

- C'est toi qui est en train de demander à ton copain de venir vivre avec toi, pas moi ! se dédouana-t-il en se redressant pour secouer ses cheveux et, ainsi, en déloger les fleurs qu'Albus y avait mises.

Rose remarqua cependant qu'il avait regardé Albus du coin de l'œil en prononçant ces mots. Bien qu'ils se soient rapidement remis ensemble, Albus n'avait toujours pas réemménagé au Manoir, préférant, pour l'instant, rester dans son studio le temps de leur laisser reprendre leurs marques. Elle savait que Scorpius le comprenait parfaitement, mais sans doute que la perspective que Jake vienne vivre ici avec eux avant Albus lui faisait quelque peu bizarre malgré tout.

- Euh, c'est-à-dire que…, bredouilla Jake, visiblement pris de court.

- Rien ne t'y oblige si tu ne le souhaites pas, hein, le rassura aussitôt Rose. C'était juste une idée comme ça…

- Sinon, je pourrais transformer mon canapé en lit, plaisanta Albus en attirant Scorpius à lui, ce qui les fit tous rire.

- Je vais y réfléchir, ok ? déclara finalement Jake. Je dois déjà voir avec Daisy si elle compte revenir ou pas et après, j'aviserai.

Rose se pencha en arrière pour rapprocher sa bouche de son oreille et lui chuchota :

- Il n'y a vraiment aucune pression, Jake, pas de demande romantico-mielleuse ou je ne sais quoi, juste une proposition purement pratique.

- Je sais, ma Rosie, lui répondit-il sur le même ton après lui avoir embrassé le nez. C'est justement pour ça que je t'aime.

Rose lui sourit, rassurée de voir qu'il avait bien compris son intention, puis bascula vers l'avant afin de cueillir une pâquerette qu'elle lança sur Scorpius histoire de l'embêter un peu.

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Juillet - Jake

Jake serra la main de Rose dans la sienne puis les fit transplaner dans son ancienne chambre, chez ses parents.

- Je crois que j'aurais préféré passer par la porte d'entrée, lui fit remarquer Rose, visiblement nerveuse.

- C'est bien plus pratique comme ça, répondit-il. Et ne t'inquiète pas autant, tu as déjà vu mes parents plein de fois !

- Oui, mais pas en tant que petite amie, le contra-t-elle. Ça change tout !

- Absolument pas, ils savent déjà à quel point tu es géniale, donc pas la peine de t'affoler comme ça.

- Facile à dire pour toi.

- Parce que tu crois que c'est facile de sortir avec la fille-chérie de deux des plus grands héros actuels du monde sorcier, peut-être ? lui fit-il remarquer, un sourcil relevé par scepticisme.

- C'est vrai que j'oublie toujours ce détail…, grommela-t-elle.

- Allez, respire un bon coup car on y va ! conclut-il en lui prenant la main pour descendre au rez-de-chaussée.

- Il me semblait bien que j'avais entendu du bruit ! s'exclama Wendy lorsqu'ils pénétrèrent dans le salon.

Ses parents se levèrent aussitôt du canapé pour les accueillir et Rose les salua poliment à l'aide de quelques monosyllabes.

Jake ne put s'empêcher de sourire en la voyant si mal à l'aise, le contraste étant assez impressionnant avec la femme qu'elle était lorsqu'elle était entourée de personnes avec lesquelles elle se sentait en confiance.

Sa mère les invita ensuite à prendre place dans le canapé pendant qu'elle allait chercher le thé. Son père, quant à lui, s'installa sur un fauteuil tandis que sa sœur allait chercher une chaise dans la salle à manger, laissant le pouf libre pour leur mère.

Penny revint quelques minutes plus tard, un plateau entre les mains, et les servit avant de s'asseoir à son tour.

- Alors, s'enquit Wendy. Il parait que tu as passé plus d'un an au Vietnam ? C'était comment ?

- Très intéressant, répondit Rose en prenant un biscuit que lui proposait sa mère. Entre les différences culturelles et les recherches auxquelles j'ai pu participer, j'ai vécu une expérience fantastique.

- Mais vous avez choisi de revenir, c'est bien ça ? lui demanda Dudley.

- En effet, confirma-t-elle. Bien que j'ai adoré mon séjour là-bas, ma famille et mes amis me manquaient trop pour que j'envisage d'y rester sur le long terme, et comme une opportunité s'est offerte à moi, j'en ai profité pour revenir.

- Vous travaillez en France, c'est ça ? questionna sa mère.

- Ça suffit l'interrogatoire, là ? intervint Jake. La pauvre n'a même pas eu le temps de mordre dans son biscuit, avec toutes vos questions.

- Laisse, s'interposa Rose, ce n'est rien. Tu sais très bien que j'adore parler de tout ça, en plus. Officiellement, je suis encore en formation, précisa-t-elle ensuite. Je ne serai diplômée qu'en août, mais l'hôpital sorcier de Lille m'a proposé d'intégrer l'équipe de recherche comme membre permanent, donc oui, on peut dire que je travaille en France.

Jake surprit un sourire complice entre ses parents et comprit que Rose leur faisait une bonne impression. En même temps, le contraire aurait été étonnant. Ravi, il lui prit tendrement la main, se contentant d'écouter leur conversation en grignotant quelques biscuits.

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Novembre

Jake se trouvait dans la chambre qu'il partageait avec Rose depuis quelques mois, confortablement installé dans le fauteuil à bascule qui se trouvait près de la baie vitrée pour relire le brouillon de son futur article. Scorpius et Albus étaient sortis dîner pour l'anniversaire de ce dernier et Rose s'était enfermée dans la bibliothèque pour finir un ouvrage sur il ne savait plus quelles plantes que sa supérieure lui avait demandé de lire.

Respectant son besoin d'être au calme, Jake s'était tout simplement installé dans leur chambre pour travailler également.

Au bout d'un moment, il entendit la porte s'ouvrir et se retourna pour voir que Rose venait de le rejoindre. L'air morose qu'elle affichait l'alerta aussitôt. Il la savait soucieuse depuis un moment, mais la jeune femme prétendait toujours que tout allait pour le mieux lorsqu'il l'interrogeait à ce sujet.

- Il faut qu'on parle, lâcha-t-elle depuis l'autre côté de la pièce, triturant ses mains pour tenter de masquer sa nervosité.

- Je n'aime pas trop trop cette entrée en matière, commenta-t-il en déposant son rouleau de parchemin pour venir la rejoindre.

Rose lui prit la main en silence avant de le mener vers leur lit où ils s'installèrent.

Elle ne prononçait pas le moindre mot, les yeux rivés vers leurs doigts entremêlés, et ce silence commença sérieusement à l'angoisser.

- Tu sais que tu peux tout me dire ? l'encouragea-t-il au bout d'un moment.

- Je… J'ai eu du retard, Jake, déclara-t-elle finalement en relevant les yeux vers lui.

- Du retard ?

- Oui, au niveau de mes règles…

Comprenant où elle voulait en venir, il libéra sa main, la plaquant machinalement sur son visage pour tenter de masquer son trouble.

- Je ne suis pas enceinte, précisa-t-elle rapidement.

Un soupir de soulagement lui échappa aussitôt.

- Je ne suis pas enceinte, répéta-t-elle, mais je l'ai cru, Jake, et je n'ai jamais eu aussi peur de toute ma vie…

Ce qu'il comprenait parfaitement, ayant ressenti une crainte similaire quelques secondes plus tôt.

- Je sais que nous ne sommes pas ensemble depuis assez longtemps pour aborder ce genre de projet, reprit-elle ensuite, mais en vérité, je pense que nous devrions justement en parler avant qu'il ne soit trop tard.

- Je ne comprends pas où tu veux en venir, ma puce, commenta-t-il, perdu.

- Je ne veux pas d'enfants, Jake… Ni maintenant, ni jamais. La peur que j'ai ressentie ces derniers jours en croyant que j'étais enceinte, je ne veux plus jamais la ressentir.

- Ok, répondit-il, soulagé. Je n'ai pas de souci avec ça, Rosie.

- Ce que je veux dire, Jake, c'est que j'envisage sérieusement une procédure… assez radicale pour ne pas prendre ce risque.

- Comment ça ?

- Ligature des trompes, énonça-t-elle simplement.

- Très bien, dit-il sur le même ton.

- Et euh… C'est tout ? releva-t-elle, apparemment surprise par sa réponse.

- Que veux-tu que je dise d'autre ? C'est ton corps, tu fais bien ce que tu veux.

- Mais Jake… Je ne veux pas te priver de la possibilité de devenir père, donc tu devrais peut-être prendre le temps de réfléchir à… à nous, avant de me sortir un "très bien".

- Je t'ai déjà parlé de Julie, non ?

- Cette née-Moldue que tes grands-parents t'ont présentée sans savoir qui elle était vraiment ?

- Elle-même, confirma-t-il. Mais je ne t'ai pas dit, précisément, pourquoi on avait rompu, n'est-ce pas ?

- Je ne crois pas, en effet… mais où veux-tu en venir ?

- Lorsque nous étions ensemble, sa sœur a accouché et tu l'aurais vue, avec le bébé… Ça se voyait qu'elle rêvait d'avoir des enfants un jour. Le problème était que moi pas, Rosie. Nous avons donc décidé d'en rester là avant de nous trouver dans une impasse. Pour être honnête, je crois que j'ai toujours su que la question ne se poserait pas entre nous…

- Vraiment ?!

- Je n'aurais aucun intérêt à te mentir sur le sujet.

- Alors… il n'y a aucun problème entre nous ?

- Pas concernant une éventuelle parentalité, en tout cas, plaisanta-t-il en l'attirant dans ses bras. C'était donc ça qui te rendait si soucieuse ?

- Il faudra vraiment que je pense à remercier Hugo pour m'avoir poussée dans tes bras, répondit-elle en riant avant de prendre possession de ses lèvres.

Jake lui rendit aussitôt son baiser, tout simplement heureux d'avoir une femme comme elle pour partager sa vie.

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Décembre - Scorpius

Albus et Scorpius déambulaient dans la Roseraie Greengrass, main dans la main. C'était la première fois qu'ils revenaient se promener ici, depuis qu'ils s'étaient remis ensemble, et Scorpius était heureux d'arpenter les allées familières en compagnie de l'amour de sa vie.

Mis à part Roussette, ses proches avaient essayé de le mettre en garde, lorsqu'il s'était remis si rapidement avec Albus - lui rappelant à quel point il avait souffert lorsqu'il l'avait quitté - mais Scorpius savait que ça n'arriverait plus. Ils se disputeraient sans doute encore, ça, il ne le niait pas, mais il savait aussi qu'ils avaient trop besoin l'un de l'autre pour rester séparés comme ils l'avaient fait par le passé.

Certaines choses, dans la vie, ne s'expliquaient pas et leur amour était l'une d'elles.

Une fois devant le banc qui se trouvait près du rosier de sa mère, ils décidèrent sans même se concerter de s'y asseoir. Albus déposa tendrement sa tête sur son épaule et Scorpius passa un bras autour de sa taille pour le serrer tout contre lui.

- Dis, tu crois que ta tante nous laisserait couper quelques Astoria, demanda Albus à voix basse, toujours blotti contre lui.

- Pourquoi voudrais-tu faire une chose pareille ?! l'interrogea Scorpius en se penchant légèrement pour le regarder.

- Je ne sais pas… J'ai toujours pensé que ce serait assez sympa en boutonnière, le jour où on se mariera…

- Sérieusement ?! s'exclama Scorpius en le dévisageant plus franchement, un sourire radieux aux lèvres.

- Eh bien oui, mais c'est ton histoire, donc si tu préf…

Scorpius le fit aussitôt taire d'un baiser fougueux que lui rendit aussitôt son petit ami.

- Avant de parler mariage, Monsieur Potter, déclara Scorpius, le souffle rendu court par leur étreinte, je pense que tu devrais déjà revenir vivre avec moi.

- J'ai cru que tu ne me le demanderais jamais, répliqua Albus tout en prenant son visage en coupe pour l'embrasser à son tour.


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Bon eh bien voilà...

Y a tellement de choses à dire de ce chapitre que je ne sais même plus quoi relever.

De base, Rose devait rester au Vietnam et Jake avait l'opportunité d'aller travailler au Cambodge pour Quidditch'Mag et ils se retrouvaient ainsi. Les deux pays étant limitrophes, c'était facile pour eux de vivre ensemble. Sauf que plus j'écrivais ce chapitre, plus Rose partageait le manque de ses proches, moins je la voyais rester loin des gens qu'elle aime pour le reste de sa vie... J'ai aussi pensé qu'en procédant comme je l'ai fait, je faisais mieux évoluer son personnage : ainsi, Rose nous montre qu'elle est à présent capable de faire des compromis et, ainsi, trouver l'équilibre entre vie professionnelle et privée.

Par contre, je n'en démords pas, pas d'enfants pour Jake et elle.

Albus et Scorpius devaient se retrouver dans la dernière séquence, eux, mais finalement, 20 mois de séparation, c'était déjà pas mal et ça m'a permis de les montrer sereins ensemble. Ils le méritaient après nous avoir fait pleurer comme ça.

Ces séparations n'étaient pas top pour nos petits coeurs, mais indispensables pour eux. Comme Scorpius le dit à Albus, ils étaient devenus trop dépendants les uns des autres et n'avaient pas eu l'occasion d'apprendre à se connaitre eux, indépendamment de leurs relations aux autres.

Enfin voilà... Je garde mes larmes pour l'épilogue qui sera publié dans une dizaine de jours, mais j'ai quand même vachement de mal à me dire que cette histoire sera bientôt définitivement terminée...

Coeurs sur vous et sur eux,

Lyra