Et voilà, nouveau lundi, nouveau chapitre... ou plutôt, nouvelle introduction, puisqu'on change de partie ! Je sais déjà que la publication du jour va vous frustrer, entre autres parce qu'elle est courte. Voyez ça comme un temps supplémentaire pour digérer les derniers événements. :P Je sais que ça pas mal secoué certaines d'entre vous, les reviews en sont une belle preuve. D'ailleurs, je vous remercie du fond du cœur pour vos commentaires qui me motivent et m'aident à savoir comment vous avez vécu la lecture des derniers chapitres, quels sont vos espoirs, vos questions, etc... Je garde tout ça en tête quand j'écris ! ;)
En parlant d'écriture... je n'ai pas bouclé le Nanowrimo comme je l'avais espéré, et je n'ai fait que 29 k sur les 40 ou 50 000 que j'espérais sortir courant avril. Assez décevant, donc, mais j'ai quand même avancé (notamment en structurant mieux un arc de l'histoire qui était très flou et en faisant des tas de recherches) mais il reste encore pas mal de travail côté écriture. Heureusement, je compte bien m'y repencher en juillet et novembre : terminer l'écriture de la partie 6 cette année n'est pas un objectif irréaliste. Par contre, il restera encore toute une partie à écrire après ça, et plus le temps passe, plus je vois que j'ai besoin de laisser décanter ce projet régulièrement pour qu'il mûrisse, et que certaines choses se mettent en place naturellement pour peu qu'on leur laisse le temps.
En sachant ça, et comme je consacre aussi du temps à d'autres projets, le ralentissement de la publication est de plus en plus probable. Pour la sixième partie, je suis revenue à des changements de points de vue à chaque chapitre et j'essaie de les faire un peu plus courts. Cela permet de naviguer plus vite d'un personnage à l'autre, mais j'espère aussi pouvoir garder le rythme un peu plus longtemps grâce à ça. Bon, me connaissant, j'attends de voir à quelle vitesse je vais recommencer à exploser le compteur de mots... mais on verra le moment venu ! ^^°
Bref, je me tais et je vous laisse lire avant que le blabla soit plus long que mon introduction !
Sixième partie : Les Disparus
Les rayons du soleil perçaient la voûte des arbres et éclataient en halos éblouissants quand je levais les yeux. La verdure, les troncs épais, la douceur du printemps et l'odeur de l'humus, tout cela m'enveloppait d'une atmosphère organique et rassurante. Loin de la ville et du bitume détrempé de ses trottoirs, loin du noir charbonneux, de la puanteur des voitures et des poubelles agglutinées dans les rues.
Enfin un monde civilisé, pensai-je paisiblement en glissant mes mains dans la fourrure couleur sable de la chienne qui marchait à mes côtés.
Respirant profondément pour me gaver de l'odeur douce et entêtante des plantes, je me sentais m'apaiser de seconde en seconde. Je retrouvais ma place, au milieu de la forêt, baignant dans ce monde vivant, sauvage et piquant. Nous devions être au petit matin, car le soleil était bas et une brume baignait le sous-bois d'une atmosphère féérique. Un oiseau se posa près de moi et chanta comme s'il voulait me dire quelque chose. Je l'écoutai sans comprendre, prise d'un sentiment indéfinissable. Je sentais les poils courts et drus de Junon, et à travers, la chaleur de sa peau, son corps, ses muscles, sa vie.
L'oiseau reparti comme il était venu, et la chienne partit à sa suite, son dos filant sous mes doigts. Je voulais la suivre, mais je ne parvins pas à bouger, comme si mes pieds étaient vissés au sol. Voyant sa silhouette s'enfoncer à travers les fourrés, je compris que j'allais la perdre de vue et parvins finalement à avancer dans sa direction. Je sentais la chaleur du soleil quand je passais de l'ombre à la lumière, les herbes me chatouillant les chevilles, les troncs d'arbres sous mes doigts tandis que je m'appuyais sur eux pour mieux avancer.
Je ne voyais plus Junon. Elle était partie trop vite, trop loin, et à l'idée de pas parvenir à la retrouver, une bouffée de panique remonta tout à coup. Je ne savais pas où j'étais. Si elle n'était pas là pour me guider, est-ce que j'arriverais à retrouver l'orée de la forêt ? Je réalisai alors que je m'étais complètement perdue. Les arbres étendaient toujours leurs branchages au-dessus de moi, gardiens silencieux de mes errances, mais ils ne me protégeraient pas de la pluie, ils ne me nourriraient pas. À un moment ou un autre, je devrai repartir d'ici.
Je le savais, ce n'était pas là que je devais être… mais cette forêt était si belle, si pure, qu'elle semblait me délivrer de tout. Renonçant à poursuivre la chienne au hasard, je m'adossai à un arbre, écoutant le vent dans les feuilles, les petits craquements, observant les taches de lumière qui dansaient sur le sol comme des reflets dans l'eau. Je savais que je devais quitter ce lieu, mais je n'en avais pas envie. Je ne sentais ni la faim, ni le froid, ni la fatigue, rien qui ne m'obligeait à m'inquiéter vraiment. J'aurais juste pu rester assise là, baignée de nature et de silence, pendant une éternité.
Malgré tout, Junon me manquait. J'espérais qu'elle reviendrait. Mais j'en étais convaincue… elle avait toujours pris soin de moi.
Je pensais à tout cela, mes cheveux détachés voletant doucement sur mes joues pendant que les arbres ondulaient en vagues sous le vent. Je n'avais plus envie d'être seule. Même si c'était reposant, rassurant et plus simple, la compagnie des autres me manquait… mais je ne savais plus tout à fait comment retrouver ce contact perdu il y a si longtemps.
Au loin, j'entendis une voix humaine. Je tendis l'oreille, curieuse.
Quelqu'un pleurait, criait. Cette pensée me serra le cœur. Quelqu'un, quelque part, était désespéré. Que pouvais-je y faire ? Sans doute rien. Pourtant, je me mis en route, suivant ce son, cet appel. Au fil de mes pas, la voix me fut plus familière. J'y reconnus celle d'un enfant que je connaissais, et pressai le pas.
— Le garçon du vase…
Je me souvenais de cette silhouette entrevue mille fois sans l'avoir jamais approchée. J'avais toujours été curieuse de connaître cet enfant lointain. S'il pleurait, peut-être que je pouvais l'aider, peut-être que je pouvais lui parler.
Peut-être que je partagerai quelque chose ?
Les pleurs cessèrent, et, au bout de quelques minutes, j'arrêtai d'avancer.
Je ne le trouvais pas.
Je ne savais pas où il était, je ne savais pas par où continuer.
Je piétinai en regardant tout autour de moi, et où que je pose le regard, je voyais des arbres, des buissons et des clairières, à perte de vue, sans que rien ne m'indique où aller, sans que rien ne soit particulièrement remarquable.
J'étais perdue.
Cette idée aurait dû me terrifier.
Pourtant, je n'avais pas vraiment peur.
Je savais que Junon reviendrait.
