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Pour l'instant je tiens le rythme des chapitres ! Croisons les doigts pour que ça continue !

Sentiments ambivalents

Mary regardait avec anxiété Rogue. Elle avait cessé de parler il y a plusieurs minutes déjà mais il continuait à la regarder sans bouger ni parler. Se trémoussant, elle se demanda si il était possible qu'elle l'ai cassé même si elle ne voyait pas comment. Peut-être qu'une nouvelle salve d'attaque de son esprit contre les barrières d'occlumancie qu'il maintenait l'avait blessé ?

Puis, soudainement, le visage du sorcier s'anima et Mary se sentit pâlir en voyant une colère noire s'épanouir sur ses traits. Oh, oh…

- Vous avez fait QUOI ? cria t-il.

Mary essuya les postillons sur son visage, se demandant comment il était possible qu'un esprit puisse postillonner sur un autre, avant de lever les bras au dessus de sa tête. Ca ne la protégea pas des masses quand le livre que le professeur de potion avait attrapé s'abattit sur elle.

- Bougre d'imbécile de Potter !

Nom d'un dragon, il était en train de la frapper ! Avec ses propres souvenirs en plus ! Curieusement, ça ne faisait pas mal. Mais elle n'en sentait pas moins les coups et il continuait à lui lancer des sobriquets de plus en plus répugnants. Il avait l'air vraiment, vraiment, vraiment énervé. Enfin, ça n'étonnait pas la rousse plus que ça. Elle s'était plus ou moins imaginé ce genre de réaction si on découvrait un jour toute l'histoire du journal. Mais elle avait espéré que cela n'arriverait pas. Et elle pensait que ce serait sa mère qui le découvrirait. Rien que de l'imaginer, elle en avait des palpitations. Peut-être était-ce au final mieux que ce soit Rogue qui ait tout découvert le premier.

Le sorcier sembla arriver à court d'idée et les coups cessèrent. Mary risqua un regard entre ses bras toujours levés pour la protéger et les baissa lentement en voyant qu'il n'esquissait pas de nouveaux gestes. Il la regardait comme si elle était la dernière des imbéciles, ce qu'elle méritait sans nul doute.

Il se racla la gorge pour se donner une contenance, visiblement gêné d'avoir perdu son calme, puis il remit tranquillement le souvenir sous forme de livre, qu'il avait attrapé pour la frapper, sur l'étagère.

- Potter, nous ne nous étalerons pas plus pour l'instant concernant votre stupidité sans nom, mais croyez-moi quand nous serons sortis nous allons avoir une petite discussion avec votre mère.

- Oh non…

- Oh si, répondit le Maître des Potions avec une sombre lueur de satisfaction dans le regard.

Mary grimaça. Bien sûr qu'il allait tout dire à sa mère, au-delà du fait que c'était toujours ce que faisaient les profs, elle savait que les deux Maîtres des Potions se connaissaient. Il devait deviner que sa mère allait l'écarteler vivante pour avoir gardé un tel secret et avoir menti éhontément pendant des années.

Pourtant, l'idée lui avait semblé bonne au départ. Cependant, maintenant que Tom n'était plus là, malgré le manque et la douleur que ça générait en elle, elle voyait à quel point il s'était ancré dans son esprit, dans son âme, et à quel point il l'avait manipulée. Il n'empêchait qu'il avait parfois été un bon compagnon –il était profondément intelligent et l'avait aidé à plusieurs reprises ne serait-ce que quand elle faisait des devoirs où ne comprenait par certaines notions qu'elle lisait et qui étaient au dessus de son niveau d'étude. Elle était bizarrement partagée à son sujet. Elle n'arrivait pas à le classer du côté des mauvaises personnes même s'il était Voldemort jeune et qu'il était un objet de magie noire. Elle avait vu comment il avait réagi aux actions de son lui actuel. Elle l'avait vu changer.

Il l'avait manipulée. Mais elle l'avait influencée aussi. Elle en avait la certitude.

Cependant, elle se garda bien de le dire à Rogue et elle ne le dirait pas plus à sa mère ni à qui que ce soit. Personne ne pourrait comprendre.

Mary baissa le regard sur le Journal toujours posé au sol entre elle et Rogue. Déballer toute son histoire avait réussi elle ne savait comment à l'apaiser.

Se penchant, elle le ramassa et le tînt à deux mains devant elle ne sachant pas exactement ce qu'elle ressentait. Elle s'était parfois sentie plus proche de Tom que de n'importe qui, mais ça tenait en partie au fait qu'il avait réussi à l'isoler de ses amis sans qu'elle s'en aperçoive. Elle avait envie de lui coller un bon coup dans l'entrejambe. Mais en même temps, elle ne voulait pas le voir disparaître. Qu'il ne soit plus là lui causait un soulagement inextricablement mêlé à une profonde douleur.

Rogue était furieux. Comment pouvait-on être aussi profondément stupide que d'accorder sa confiance à quoi que ce soit qui ait appartenu à Voldemort ! Le pire étant qu'elle savait que ce journal était à lui : elle connaissait le lien entre Tom Jedusort et Voldemort ! Quand il l'avait entendue, il l'avait vu réaliser au fur et à mesure qu'elle parlait ce qu'il s'était réellement passé. C'était une bonne chose. Insuffisant, certes. Mais néanmoins il s'agissait d'un progrès réel.

Alors pourquoi… pourquoi quand elle regardait ce journal si innocent il pouvait voir sur son visage quelque chose de… de tendre à défaut d'un autre mot plus approprié.

Il vit avec horreur une forme s'esquisser dans le dos de la rousse. Une forme fantomatique sans corps ni profondeur, rien de plus qu'un vague souvenir de que qu'avait été vraiment le Tom Jedusort du journal, se former. Il vit le beau jeune homme que Voldemort avait été. Il avait posé ses bras inconsistants sur les épaules de Potter qui ne semblait se rendre compte de rien. Elle continuait à fixer le souvenir.

La silhouette sembla gagner en consistance et tourna son regard sombre vers lui, esquissant un sourire vainqueur. Par Merlin tout puissant ! Est-ce que cette petite idiote était en train, malgré elle, d'essayer de faire réapparaitre Voldemort dans son esprit ?

Il amorça un geste vers Mary, mais fut devancé. Le puma bondit sans un bruit et arracha brutalement le souvenir des mains de la rousse, qui sursauta.

Sans comprendre, la sorcière regarda son alter-ego animal s'éloigner avec le journal entre les dents. Qu'est ce qu'il venait de se passer ?

- Il est triste de constater, Potter, que la seule partie de vous qui est visiblement capable d'avoir deux sous de jugeote est votre part animale.

Elle faillit demander ce qu'il voulait dire par là, mais s'abstint au dernier moment et emboita le pas au puma qui se dirigeait droit vers la section interdite. Elle ouvrit la porte et regarda l'animal déposer le souvenir. Elle n'essaya pas de le récupérer une nouvelle fois. Quelque chose lui soufflait que c'était une mauvaise idée.

- Potter, ne vous approchez plus jamais de cette chose, lui ordonna Rogue. Et si vraiment il le faut ne le faite pas seule.

Il la fixait de son air le plus inflexible alors elle hocha la tête, se demandant si lui pourrait l'aider si ce jour arrivait. Elle n'osa pas le dire. Après un dernier regard au Journal trompeusement inoffensif déposé dans la section interdite, elle ferma la porte et à nouveau le claquement indiquant qu'elle était verrouillée résonna.

Il se passa alors plusieurs choses. Une tension qu'elle n'avait pas eu l'impression de subir sembla soudainement disparaître de ses épaules et donc de son esprit puisqu'elle n'en était que la manifestation inconsciente. Simultanément, des bruits lui parvinrent qui ne pouvaient venir de son esprit. Ca ressemblait à une mélodie. La plus magnifique mais aussi la plus triste qu'elle ait jamais entendue.

Puis, son ventre se mit à grogner. Suffisamment fort pour qu'elle en sursaute.

- J'ai faim, constata t-elle ébahie en posa la main sur son estomac.

Jusque là, elle ne sentait pas le froid, la faim, la douleur. C'étaient des impressions physiques qui n'atteignaient pas l'inconscient qu'elle était.

- Voilà une bonne chose, vous commencez à vous raccorder à votre vous physique, dit-il bien qu'elle l'ait déjà compris. Il semblerait que nous venions de régler votre principal souci.

Il leva les yeux au ciel et resta silencieux, comme s'il examinait quelque chose.

- Vos souvenirs restant ont cessé d'essayer de vous tuer, lui apprit –il après quelques instants.

- C'est une bonne chose.

- Je pense que je vais pouvoir vous laisser.

- Pardon ?

L'évocation de son départ fit naître de la peur chez Mary. Et si elle faisait encore une erreur et gâchait tout le travail qu'il avait fait ici ? Et si son esprit s'effondrait de nouveau ? Elle s'approcha ce lui et attrapa sa manche.

- Ne partez pas, supplia t-elle.

Un instant, elle crut qu'il accèderait à sa demande. Il la regardait… comme… Difficile à dire, mais il n'y avait pas ce ressentiment habituel qu'il lui accordait dans ses yeux noirs.

- Il se passe des choses autours de nous Potter, on s'agite : je peux à nouveau avoir conscience de notre environnement moi aussi. Je dois y aller.

Elle serra plus encore sa manche, devinant qu'il ne pourrait partir si elle s'accrochait ainsi à lui. Il ne pouvait pas la laisser !

Il soupira et ferma un instant les yeux. Puis, doucement, il posa sa main libre sur celle par laquelle elle le tenait. Le contact était étrange. Il entreprit d'ouvrir un à un ses doigts. De manière inflexible mais sans lui faire de mal.

- Vous êtes capable de terminer vous-même le travail Potter et vous avez l'aide de votre alter-ego. Prenez le temps qu'il vous faudra et rejoignez nous dans le monde réel. Il y a encore des personnes qui ont besoin de vous.

Il tînt un moment sa main dans sa sienne avant de la lâcher et de s'effacer doucement. Elle ferma les yeux et le sentit s'effacer comme de la fumée dispersée par le vent. Les barrières qu'ils maintenaient autours de la bibliothèque s'étaient déjà dissipées. Mais au lieu de la tornade de souvenir cassant et aiguisés qu'elle attendait, elle vit des nuages colorés apparaître, attendant sagement qu'elle s'occupe d'eux. Il n'y en avait plus de noirs. Ni de blanc ou de rouge d'ailleurs. Un ou deux gris mais ils n'étaient pas aussi terribles que les autres. Elle se souvenait les avoir déjà vu quand elle avait encore l'esprit détruit.

Etonnamment, elle ne rencontra pas plus de difficulté que quand Rogue se trouvait toujours avec elle. Peut-être avait-il eu raison et était elle tout à fait capable de s'occuper seule de son esprit maintenant. Même le puma n'intervenait pas. Il… Elle -car si elle était lui, l'animal était une femelle- était couchée tranquillement semblant attendre que Mary termine le travail.

La notion du temps étant abstraite dans son esprit, elle ne sut pas si cela lui prit longtemps pour terminer de ranger ses souvenirs, mais elle sourit en voyant les livres qui étaient tous à leur place. Colorés, ils s'alignaient, tantôt grands, tantôts petits, fins ou au contraires épais comme des dictionnaires. Elle passa sa main sur une rangée et se sentit juste bien.

Elle osa un regard vers la section interdite mais s'en détourna vite. Un jour, se promit-elle. Un jour elle s'occuperait de ça. Mais pas maintenant.

Finalement, elle s'installa en tailleur et sol et le puma s'approcha. Sa démarche souple était parfaite et les deux paires d'yeux verts similaires se fixèrent.

- Je dois te trouver un nom ? demanda Mary.

- Je suis toi, tu es moi. Mon nom est le même que le tien.

- La plupart des animagus capables de se transformer dont j'ai entendu parler ont nommé leur alter-ego animal, lui apprit Mary.

- Qu'importe le nom, ça ne changera pas ma nature.

La rousse pencha la tête. Elles étaient toutes les deux la même personne. Mais elle ne la comprenait pas. Pour elle, c'était important d'avoir un nom. Ca aurait donc dû l'être pour son alter-ego animal, non ?

Les bruits venant de l'extérieur se firent plus intenses.

- Je reviendrai, promit Mary. Et je trouverai un nom qui nous ira.

- Car nous sommes une seule personne, répondit le félin en fermant les yeux.

La sorcière craignit un moment de ne pas savoir comme quitter son esprit. Après tout elle s'était retrouvée là sans savoir comment. Mais il lui suffit de se laisser guider par ce qu'elle ressentait de l'extérieur. C'était surtout sa faim qui l'attirait vers son corps physique, en réalité.

Elle tomba à la renverse en retrouvant son corps. Heureusement, elle était assise au sol, adossée contre un mur et entourée de coussin. Elle gémit. Elle avait mal partout, comme si on venait de la piétiner consciencieusement.

- Mary !

La première chose qu'elle vit fut le visage de son petit frère qui s'était précipité sur elle. Il avait posé une main sur son épaule. Son visage était marqué d'une joie sincère mais ses yeux étaient cernés et rouge. Avait-il pleuré récemment ?

- Cameron ? appela t-elle.

Il hocha la tête et il paraissait si content qu'elle soit réveillée qu'elle se demanda s'il allait lui faire un câlin. Mais il se contenta de l'aider à se mettre debout. Elle fut reconnaissante de pouvoir s'appuyer sur ses épaules.

Elle ne reconnait pas l'endroit où elle se trouvait. Balayant la pièce du regard, elle ne vit pas Rogue et en fut déçue. Elle aurait voulut lui parler. Elle identifia vaguement l'autre garçon comme la personne ayant aidé Dumbledore à la transformer à nouveau en humaine quand elle était bloquée sous sa forme de puma. Il y avait aussi un inconnu, immense, une montagne de muscle avec des cheveux et une barbe hirsutes qui ne lui accorda pas la moindre.

Sur le lit, elle reconnue Dumbledore. Il était allongé, les yeux fermés, le visage paisible, les mains posées sur son ventre, l'une étant desséchée comme celle d'une momie. Il n'y avait aucune trace de son phénix.

- Il est mort, lui chuchota alors Cameron.

A suivre...