Bonne lecture et merci d'être toujours là :)


Retrouvailles

Debout devant le corps de Dumbledore, Mary ne savait pas quoi ressentir. Il avait été son directeur d'école. Il était un héro du combat contre Voldemort. Il était supposément la personne qui avait posé le Fidelitas autours de la maison de ses parents. Il était supposément au courant que ce n'était pas Sirius mais Peter qui était coupable et avait pourtant laissé son parrain croupir en prison. Il l'avait kidnappée quand elle était bébé. Il n'avait pas protégé Poudlard correctement et avait tenté de la reprendre à sa mère d'adoption.

Oui, Mary ne savait pas trop quoi penser. Elle l'avait respecté pour sa puissance, ses actions, sa personnalité et l'avait détesté pour les mêmes raisons… Et le voilà mort sans qu'elle n'ait eu le temps de le confronter à ses actions, sans qu'elle n'ait pu cracher son venin et obtenir des réponses à ses accusations.

Il lui avait toujours semblé imposant, mais dans la mort il avait l'air ratatiné. Ses rides étaient plus prononcées que jamais et elle ne lui trouvait pas un air si paisible que ça. Elle jeta un coup d'œil à sa main atrophiée. Il avait dû souffrir. Avait-il pris le temps de repenser à sa vie et à ses actes ? S'était-il repenti ?

Si elle avait été Tom, elle n'aurait jamais pardonné au vieillard ce qu'il avait fait. Mort ou pas, il aurait continué à lui en vouloir. Mais qu'est ce qu'elle, Mary, ressentait ? Depuis que Tom était parti et que Rogue l'avait aidée à reconstituer son esprit, elle se sentait assez confuse. Elle mesurait à chaque instant à quel point son esprit, ses sentiments, sa vie avaient été influencés par le Journal. Elle avait l'impression d'avoir été violée mais en même temps, sa présence lui manquait. Tout était plus simple avant : il l'aidait à être plus claire, comme s'il n'était pas capable de ressentir autant de choses qu'elle et qu'il avait un panel d'émotions beaucoup plus limité mais non moins profond. Ce qui était possible : après tout, il n'était pas humain mais seulement un objet.

Mary, que ressens-tu devant le corps de ce sorcier ? Tom aurait continué à ressentir de la colère. Mais Dumbledore était mort. Il avait souffert, peut-être s'était-il remis en question. Il ne pourrait plus jamais répondre à ses questions et il ne resterait que des suppositions. Tom aurait été en colère. Elle n'était pas –plus– Tom. Alors elle ferma les yeux. Elle ne lui en voulait plus. A quoi bon tenir rancune aux morts ? Ca ne l'aiderait pas à avancer. Et puis, ces évènements étaient passés, rien ne changerait ce qu'il était advenu. Quoi que Dumbledore aurait pu lui révéler, ça n'aurait pas ramené ses parents biologiques à la vie. Et elle ne s'en était pas trop mal sortie au final en étant élevée par sa marraine.

Alors elle laissa la mort de l'ex-directeur de Poudlard emmener avec elle sa rancune et ses interrogations. Elle ne se laisserait plus troubler par ça. D'autant plus qu'elle avait plus important à faire, non ? Car malgré tous les événements des dernières semaines, Voldemort n'allait pas renoncer à la tuer. Et on attendait d'elle qu'elle le tue car elle l'avait fait disparaître une fois. Qu'une prophétie mentionne que c'était possible n'était qu'un détail. Ces deux faits l'effrayaient. Elle ne voulait pas mourir mais elle ne voulait pas tuer non plus. Elle ne s'était jamais sentie l'âme d'une combattante, même si Tom avait tenté de lui insuffler ce genre d'élan avec plus ou moins de succès. Comme des sorciers adultes pouvaient –ils croire qu'une adolescente de presque 16 ans serait capable de défaire un mage noir avec 70 ans d'expérience ?

- Mary ?

La rousse se détourna du corps pour regarder son frère. Il avait les yeux encore rougis d'avoir pleuré la mort de Dumbledore. Elle ne se sentait pas capable de le pleurer malgré l'abandon de ses griefs. Elle pouvait cependant comprendre qu'il l'ai fait.

- Oui ?

- Tu vas bien ?

Il semblait vraiment inquiet. Ils avaient souvent été en conflit ces derniers temps mais elle sentait qu'il était sincère. Elle lui sourit.

- Maintenant oui. Tu as eu le temps de visiter le Manoir ? Tu peux me faire faire le tour du propriétaire ?

Son frère sembla soulagé et s'empressa de l'emmener à sa suite hors de la pièce. Elle se demanda si l'homme imposant qui se trouvait également là allait l'en empêcher, mais il se contenta de se tourner vers le corps et de sortir sa baguette. Sans doute pour le mettre sous stase.

Le Manoir était vaste et Mary devina que même après des années à y vivre, il y aurait toujours la possibilité d'y découvrir un nouveau recoin caché. Cela ne faisait que renforcer la sensation de vide. De toute la masse grouillant dans le hall et les salles annexes il y a quelques jours ne restaient qu'une poignée d'élève de 7ème année et Alastor Maugrey qui s'était visiblement fixé comme objectif de les transformer en soldat pour combattre contre les Mangemorts. La plupart des membres du petit groupe avaient l'air de s'être pris un troll en pleine face mais ils mettaient tant d'effort dans l'entraînement, tant de détermination ! En comparaison, sa motivation à elle semblait ridicule…

Mal à l'aise de constater une fois de plus que tout le monde était plus indiqué qu'elle pour arrêter Voldemort elle pressa son frère vers le jardin. Celui-ci était admirablement bien entretenu et les roses rouges qui poussaient partout étaient magnifiques. Elles dégageaient une agréable fragrance, mais les épines impressionnantes qui hérissaient les tiges n'incitaient pas à s'en approcher de trop près ou à les cueillir. Les oiseaux chantaient, le soleil réchauffait doucement l'atmosphère et sa peau. En fermant les yeux, elle aurait pu se croire transportée dans un monde sans conflit. Un ruisseau coulait au bout du terrain. Le Manoir était de style victorien, ce qui signifiait qu'il n'était pas bien vieux contrairement à certaines demeures sorcières qui avaient plusieurs siècles.

- Où est-on au fait ? demanda Mary.

- C'est la demeure familiale de maman, mais je ne sais rien de plus, répondit le garçon avec une moue contrariée.

- Où est-elle ?

- Partie mais elle n'a pas dit où. Je ne l'ai vue que deux fois : une fois après qu'elle nous ait sauvé de Poudlard et la fois où elle t'a emmenée voir Dumbledore quand tu n'allais pas bien. Tout le monde semble lui obéir ici.

- C'est elle la chef de la résistance à présent que Dumbledore est mort.

Mary n'en doutait pas une seconde. Elle n'avait aucune preuve concrète, mais les discussions qu'elle avait eu à de nombreuses reprises avec sa mère à propos de la guerre que ce soit celle passée ou en cours, ainsi que son intuition lui disaient qu'elle ne se trompait pas.

- Est-ce que… Est-ce que toi aussi tu as l'impression de ne pas la connaître ? lui demanda son frère d'un air hésitant.

Elle hocha la tête. Elle n'avait vu sa mère que comme une mère pendant tant d'année qu'elle avait du mal à réaliser qu'elle était plus que ça et avait eu une vie de combattante avant d'avoir ses deux enfants. Pourtant, elle en avait eu de nombreuses preuves.

- On en saura sans doute plus quand elle reviendra et on pourra lui poser des questions.

Ils continuèrent à errer dans le jardin jusqu'à ce qu'on les appelle pour le dîner. C'était la tablée la plus étrange que Mary ait jamais vu. Il y avait d'un côté Alastor Maugrey, le terrible auror. Elle avait eu son imposteur comme professeur, mais même si celui-ci avait été très bon, il n'avait pas rendu justice à l'original. Quelque chose chez lui faisait dresser les cheveux de la nuque de Mary. Elle sentait qu'il était capable de la tuer sans même qu'elle ne se rende compte de quoi que ce soit. Il était entouré de part et d'autre de la table de son petit bataillon. Ils étaient 13 en tout. Etait-ce un mauvais présage ? Peut-être. Les chiffres avaient une grande importance chez les sorciers. Mais en comptant l'auror à la retraite ils étaient 14 soit deux fois 7, le chiffre magique par excellence. Les anciens élèves parlaient peu et se lançaient parfois des regards, comme s'ils s'étonnaient constamment d'être là les uns avec les autres. La plupart des coups d'œil étaient dirigés vers Karigan Vaisey, ex-Serpentard de son état qu'elle n'avait pas reconnu quand elle avait vu le groupe de loin et avec raison. Ses cheveux longs avaient disparus, remplacés par une masse de tissu cicatriciel qui recouvrait presque tout son crâne. Son visage avait plutôt été épargné mais quelqu'un avait très clairement essayé de l'immoler. La Serdaigle tâcha de ne pas trop fixer son crâne mais vu son air crispé durant le repas, elle n'avait pas dû très bien réussir.

En face de Maugrey et de son petit groupe d'élève, en bout de table, s'étaient installés le géant qu'elle avait rencontré dans la chambre de Dumbledore et son fils. Cameron lui avait appris que l'homme s'appelait Andrea Negresco et qu'il était Russe. Il avait été en cours avec leur mère à Poudlard et ils avaient combattus ensemble durant la première guerre. Il était revenu en Angleterre pour leur prêter main forte. Le garçon qui l'accompagnait était à la fois son fils et son disciple, Lavrenti. Le garçon Russe allait enseigner à Cameron le duel à la demande de leur mère et Mary se demanda ce qu'il en serait de son cas. Elle n'avait pas vraiment de goût pour le duel. Et même si elle suivait un enseignement intensif pendant des mois elle n'arriverait jamais à faire face à un combattant chevronné comme Voldemort. Si il fallait qu'elle le batte, il faudrait trouver une autre solution que la confrontation…

Le silence qui régnait pendant le repas était tendu : les deux sorciers en bout de table se lançaient des regards noirs comme s'ils disputaient un combat dont les autres personnes présentes ne comprenaient pas très bien l'enjeu.

Mary et Cameron s'éclipsèrent rapidement et après avoir un moment erré dans le Manoir, ils s'installèrent dans un petit salon pourvut de canapés tellement confortables qu'ils semblaient pouvoir les avaler et ils firent plusieurs batailles explosives avant d'aller se coucher dans leurs chambres respectives de bonne heure.

Allongée les yeux grands ouverts dans le lit qui lui avait été attribué, elle se sentait encore épuisée mais pourtant incapable de dormir. Les pensées tourbillonnaient sous son crâne mais heureusement les souvenirs les plus traumatisant étaient bien rangés et sous clé dans son esprit. Elle avait une très grande dette envers son ancien professeur de Potion. Pourtant, il l'avait toujours détestée. Caressant distraitement les écailles de Ladon lové contre son ventre elle essaya d'échafauder des plans qui pourraient mener à la défaite de Voldemort mais il n'y avait vraiment rien en sa faveur… Elle espérait que sa mère aurait une solution à portée de main…

Le lendemain, Mary passa un bout de sa matinée à faire le tour des pièces du rez-de-chaussée après avoir mangé son petit-déjeuner dans une véranda extraordinaire qui donnait l'impression qu'ils se trouvaient dans la jungle. Elle dénicha dans un placard un vieux souaffle qu'elle nettoya et regonfla de quelques coups de baguette avant d'entraîner son frère dans le jardin pour lancer quelques balles en début d'après-midi. Elle avait envie de jouer au Quidditch mais il n'y avait, à priori, pas de balais dans le coin.

Ce fut à ce moment là que leur mère revînt. Elle marchait d'un pas vif et décidé droit vers eux en fixant Mary. La concernée sentit une sueur froide glisser le long de sa colonne vertébrale en se rappelant que Rogue avait promis de dire à sa mère ce qu'il s'était passé pour que son esprit soit détruit… Et elle doutait que la sorcière ait très bien pris toute l'histoire. Aïe, aïe, aïe ça allait sacrément barder pour elle. Cependant, à sa grande surprise, sa mère se jeta sur elle pour la serrer dans une étreinte à lui briser les os.

Après un instant de stupeur, Mary sentit des larmes lui piquer les yeux et elle rendit son étreinte à sa mère. Merlin, elle n'aurait jamais imaginé que ça lui ferait autant de bien. C'était comme si, l'espace d'une seconde, elle ne craignait plus rien. Les deux sorcières attirèrent Cameron dans leur câlin groupé et la rousse regretta que son père adoptif ne soit plus là. Il ne manquait que lui…

Quand la Maître des Potions les relâcha, elle les fixa longuement. Peu pressée de briser le silence pour une conversation qui serait, elle le savait d'avance, désagréable, la rousse fit de même. Sa mère n'était pas bien âgée, 36 ans, pourtant elle semblait faire plus. Son visage émacié était marqué par des rides prématurées qui étaient toutes apparues au cours des derniers mois. Des cernes soulignaient ses yeux et ses cheveux n'avaient jamais été aussi peu soignés. Elle aurait pu avoir un petit côté pathétique si ses yeux verts n'avaient pas été aussi effrayants. Mal à l'aise, Mary évita de se plonger trop profondément dedans. Elle ne voulait pas savoir pourquoi elle avait ce regard. L'histoire derrière était sans doute trop terrible.

- Mary.

La voix de sa mère était plus rauque que dans son souvenir mais ça ne faisait que renforcer l'impression de menace qui émanait d'elle.

- Nous devons parler de ce qui t'est arrivé. Cameron, pourquoi n'irais-tu pas voir si Lavrenti est disponible pour commencer ton entraînement ?

- Je veux rester, tu n'as pas le droit de m'écarter ! protesta le concerné.

- Nous allons parler de secret de guerre et tu ne maîtrises pas l'occlumancie, répondit franchement l'adulte.

Vexé le garçon allait répliquer mais l'adulte poursuivit :

- Je t'apprendrais les bases si tu veux. Cela te demandera beaucoup de travail mais si tu travailles sérieusement je suis sûre que tu y arriveras. Après, tu sauras plus de chose.

Mary observa avec intérêt l'expression de son frère passer de l'indignation à la détermination et il hocha la tête : la promesse n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Et puis, c'était tellement rare que leur mère prenne le temps de leur apprendre une discipline magique non académique que l'offre ne se refusait pas. Bien que l'apprentissage de l'occlumancie n'ait pas très bien marché pour la Serdaigle jusqu'à ce que Rogue prenne la relève... Peut-être Cameron aurait-il plus de succès qu'elle.

Une fois le plus jeune partit en quête de son professeur de duel, ce fut au tout de Mary d'être interrogée sur ses capacités à garder son esprit à l'abri des intrusions et elle se sentit assez fière en annonçant que désormais elle était capable de se protéger efficacement.

- Mary, parlons franchement, commença la maître des Potions en croisant les bras. Ce que tu as fait était une erreur monumentale qui a failli te coûter la vie. Nous avons cependant plus urgent à régler maintenant que tu es toi-même. J'ai plusieurs informations à te partager et aucune n'est agréable.

La rousse ne put empêcher ses sourcils de se lever bien haut en voyant qu'elle s'en sortait à si bon compte… Mais elle apprécia de ne pas se faire réprimander comme si elle avait encore 3 ans. Après tout, son 16ème anniversaire approchait et l'âge de la majorité n'était plus très loin –si elle vivait jusque là s'entendait. Cependant, la suite de la discussion lui fit regretter d'avoir échappé à une bonne engueulade qui aurait reculé l'échéance.

Sirius était mort. Elle adorait son parrain, même si elle n'avait jamais pu être aussi proche de lui qu'elle aurait pu l'être à cause de sa mère qui jugeait qu'il avait une mauvaise influence sur elle. Ce fut comme un coup de massue. Les larmes jaillirent de ses yeux et elle eut le plus grand mal à articuler

- Pourquoi ? Quand ? Comment ?

Le visage de sa mère se contracta et elle détourna le regard avant de lâcher :

- Il a été tué par Bartemius Croupton Junior, d'un Avada : il n'a pas souffert en mourant. Ca fait 3 jours.

Accablée, Mary se laissa tomber assise sur l'herbe et accepta le mouchoir que sa mère lui tendit. Il lui fallut un long moment avant de réussir à reprendre sa respiration. Elle avait beaucoup de mal à imaginer qu'elle ne reverrait plus jamais Sirius. Ils avaient encore tellement de choses à partager !

- J'espère que son assassin va payer, finit-elle par souffler, plus pour elle-même que pour sa mère.

- C'est déjà fait : Barty Junior est mort.

La Serdaigle jeta un regard à l'adulte toujours debout à côté d'elle. Elle avait dit ça d'une voix tellement glaciale et son regard s'était fait si acéré que Mary jugea qu'elle n'avait absolument aucune envie de savoir comment Barty était mort. Ni qui l'avait tué. Au fond d'elle-même elle avait deviné mais ce que ça impliquait était beaucoup trop dérangeant pour qu'elle ne se penche dessus.

- Mary, il faut qu'on parle de la raison pour laquelle Voldemort est encore vivant.

- Tu sais comment il a fait pour revenir à la vie ?

- Oui, il a utilisé un concept de magie noire appelé Horcruxes. Ne me demande pas les détails car je ne te les fournirais pas, et je te demande de ne pas les chercher, mais il s'agit d'un procédé qui te permet de découper l'âme et de préserver ces morceaux dans des objets ou des êtes vivants bien que cette deuxième solution soit assez hasardeuse. Tant qu'il existe un Horcruxe, la personne qui les a fait ne peut théoriquement pas mourir.

- N'importe quel objet ?

- Oui, n'importe lequel.

- Alors comment faire pour les repérer ? Comment savoir où chercher ? On sait combien il a d'Horcruxe ? Car il n'y en a pas qu'un, n'est ce pas ?

- Il sont difficiles à repérer malheureusement... Mis à part leur aura, je dirais que leur seule caractéristique est qu'ils sont incroyablement difficiles à détruire car il faut l'endommager à un point que l'objet ne puisse plus se réparer de lui-même. Ca ne sert à rien de les frapper, les déchirer ou les briser. Par exemple, un Feudeymon est efficace. J'en ai déjà détruit 3 : un médaillon, une bague et Nagini son serpent. Il en reste quatre.

Mais elle ne m'écoutait plus. Mary fixait sans la voir l'herbe devant elle. Un objet de magie noire, indestructible et renfermant Lord Voldemort ? Même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pu donner une meilleure description du Journal. Ne l'avait-elle pas gardé avec elle parce que cette chose était indestructible ? Et pour contenir Voldemort ce machin le contenait. Pas de doute. Une version jeune du mage noire, mais il s'agissait de lui.

- Mary ? appela la voix inquiète de sa mère.

- Maman, répondit-elle sans la regarder. Je crois que j'avais un Horcruxe. La description correspond au Journal qui m'a possédée. Mais il est parti.

Oh doux Merlin. Tom pouvait se trouver n'importe où. Pire, il pouvait avoir rejoint son lui actuel, même si elle n'y croyait pas trop. S'il l'avait fait, Voldemort avait à présent en sa possession une arme redoutable : l'Horcruxe la connaissait mieux que personne…

- Qu'est ce que j'ai fait ? demanda Mary.

Son cœur palpitait et elle avait du mal à respirer. L'angoisse lui serrait la gorge. Parce qu'elle s'était fait possédée, point qu'elle essayait désespérément de repousser à un endroit où elle n'aurait pas besoin de penser à tout ce que ça impliquait. Parce que l'un des horcruxes s'était fait la malle elle ne savait où. Si on ne pouvait pas le détruire on ne pouvait pas tuer Voldemort. Les mains fraîches de sa mère se posèrent sur ses joues et elle reporta son attention sur la sorcière.

- Respire ma chérie et occlude comme tu l'as appris.

Essayant de calquer le rythme de sa respiration sur celui de l'adulte, elle leva une main pour caresser les écailles chaudes de Ladon qui était enroulé tel un collier autours de son cou. Ca l'aida à occluder plus efficacement et elle constata avec soulagement et étonnement mêlés qu'elle réussissait à repousser la crise d'angoisse.

- C'est fait à présent et nous allons réfléchir à un moyen de le trouver. Tu vas nous aider d'accord ? Andreas et Lavrenti sont chargés de les localiser et de les détruire. Il en reste encore quatre d'après ce que l'on sait. Nous suspectons qu'il y en ait un à Gringotts et un à Poudlard. Grâce à toi, nous connaissons la nature du troisième qui nous manque. Reste encore un à trouver.

Voldemort avait donc 7 Horcruxes… 7 était le chiffre le plus hautement magique qui existait, mais avoir 7 Horcruxes impliquait qu'il avait divisé son âme en 8 soit un total bien moins puissant même si le 8, symbole de l'infini était également un bon chiffre. Se rendait-il compte quand ses horcruxes étaient détruits ?

- Tant que tous les Horcruxes ne sont pas détruits, il ne peut pas être tué ? répéta Mary.

- Exacte.

- Je ne pourrais jamais le battre maman. Je suis nulle en duel et… je n'ai pas cette envie d'en découdre qu'ont les bons duellistes.

Si elle n'avait pas voulu être politiquement correcte elle aurait parlé de rage de vaincre ou de soif de sang. C'était ce qu'elle ressentait devant des duels.

- Je sais que tu n'es pas une bonne duelliste, mais rien dans la prophétie ne parle d'un duel. Cela dit juste que tu dois le tuer ou qu'il devra te tuer.

- Je ne veux pas tuer non plus.

En s'entendant parler, elle se senti incroyablement égoïste. D'elle dépendaient tellement de choses ! Pourtant, elle était là à faire des caprices à refuser de se battre ou de tuer. Ce qui était légitime de son point de vu le restait-il en temps de guerre ? Elle essaya d'ignorer le soupir, sans doute exaspéré, de sa mère.

- Une prophétie est immuable et ta destinée est puissante, tu n'auras pas le choix Mary.

- Je…

- Mais je suis d'accord avec le fait que tu ne devrais pas avoir à te battre ou à tuer. Je serais ton bras armé et ton bouclier dans cette guerre Mary. Si je peux tuer moi-même Voldemort, je le ferais, dussé-je en mourir. Tu dois cependant te préparer car si le moment arrive, tu ne pourras pas hésiter sous peine de mourir toi-même.

La rousse mesura la portée des paroles de sa mère et déglutit. C'était sans doute la déclaration la plus forte qu'elle entendrait de toute sa vie. Sa mère venait de dire qu'elle mourrait pour que la prophétie se réalise. Elle l'avait dit sans hésitation, sans ciller. C'était cette conviction, cette abnégation, dont Mary manquait. La capacité de tout sacrifier pour une cause juste. Elle avait toujours respecté sa mère, mais là, elle se mit à l'admirer, qu'importe les actes horribles qu'elle avait sans doute commis.

- Merci maman. Je ferais tout ce que je pourrais aussi.

A côté de ce que la Maître des Potions mettait en jeu, c'était bien peu. Elle n'était encore qu'une enfant –presque adulte certes, mais toujours une enfant –sans grandes capacités en duel ni réels talents à part celui de se mettre dans la panade.

- Et le pouvoir que j'ai et et Voldemort ignore ?

- J'y travaille, mais ça s'avère plus compliqué que je ne le pensais. Nous en parlerons une autre fois quand j'aurais résolu le dilemme.

- Pourquoi est-ce compliqué ? s'intéressa Mary.

Sa mère sembla réfléchir au moyen de le formuler simplement sans devoir se lancer dans de grandes explications. Finalement, elle déclara :

- Le pouvoir se compose de 3 éléments. Tu en as un, j'en ai deux. Je pourrais te donner l'un des deux mais pour le troisième tu vas devoir le conquérir par la force.

Comprenant que ce ça impliquait : à savoir vaincre sa mère qui combattait les Mangemorts depuis 20 ans, Mary ne posa pas plus de question, mais voilà encore un nouvel obstacle. Quoique moins compliqué. Ou pas. Affronter sa mère lui semblait tout aussi effrayant et compliqué que pour Voldemort.


Ce chapitre marque la fin de la 5ème partie : à suivre la 6ème et dernière partie de RAD !