Bonjour à tous !

Nouveau chapitre, comme toujours. J'espère que vous allez bien? Personnellement mon ordinateur vient de me lâcher après trois ans de mauvais et déloyaux services (En même temps, avoir un 32Go en 2021... Voilà quoi), donc il a fallu faire de nouvelles dépenses pour pallier à ce manque.

Merci pour les reviews, je vous répond aussitôt que j'ai publié ce chapitre (je suis assez en retard sur ce coup là). Mine de rien, on atteint des chiffres assez importants pour ce qui est des favoris/Suivis, j'en suis franchement ravi (même si je pense qu'une partie des lecteurs ont déserté le site depuis le démarrage de cette fic' ^^).

Plmn : Merci pour ton commentaire ! C'est le but, le rendre antipathique au maximum, mais j'ai parfois l'impression de basculer dans les clichés alors que c'était quelque chose que je voulais éviter un minimum ^^.

Donc au programme : Une cabane, une discussion et... Je n'en dirai pas plus.

Bonne lecture !

PS : Comme d'habitude, j'ai l'impression d'avoir oublié de vous parler de quelque chose, c'est rageant.


La cabane hurlante, de triste réputation, se situait à l'orée de la forêt interdite dans sa partie la plus proche du village magique de Pré-Au-Lard. Pendant des décennies, la rumeur voulait que l'endroit fut hanté, et de nombreux badauds, attirés par ce qui s'apparentait à des phénomènes paranormaux, s'amusaient à s'y rendre tard le soir, tenter d'en percer les mystères, avant la plupart du temps de revenir bredouille sans avoir aperçu la plus petite ombre ou la moindre scène inquiétante.

Personne ne semblait s'étonner alors de l'apparition soudaine de cette maison, au demeurant atypique avec son toit biscornu et ses trois étages, isolée sur un terrain dépourvu de végétation et surplombant toute la vallée qui s'étendait à ses pieds en direction du Nord. Qui plus est, personne ne s'arrêtait davantage sur son aspect déjà délabré, sortie de terre comme un champignon et déjà en ruines avant même que quiconque n'ait pu y séjourner.

Mais la zone, balayée par les vents de la côte située à quelques kilomètres de là, donnait l'impression d'être continuellement prise dans une tempête ; On disait que le soleil ne parvenait jamais à percer les nuages qui s'amoncelait au dessus d'elle, et que les cris que l'on pouvait autrefois entendre à l'intérieur de la bâtisse n'étaient rien d'autre que le son provoqué par le vent lorsqu'il passait à travers les planches de bois pourries qui condamnaient ses fenêtres.

L'intérieur n'était pas davantage agréable que ce que les curieux pouvaient observer de l'extérieur, mais rares étaient ceux qui avaient eu le courage de s'y aventurer et d'en rapporter les moindres détails. En d'autres occasions, avec quelques réparations et un ameublement décent, l'endroit aurait très bien pu accueillir une grande famille par sa multitude de pièces et la grandeur de chacune d'elles, ou alors une famille ayant suffisamment d'argent pour pouvoir s'aménager divers salles de détente, de plaisir et se prémunir des arrivées importunes. Mais aujourd'hui, presque aucun meuble n'était debout, la plupart effondrés sur le sol poussiéreux et marqués par des traces de coups portés avec une puissance étonnante. Le plancher des étages supérieurs menaçait également de s'effondrer, la peinture s'écaillait en de nombreux endroits tandis que l'humidité avait fait son travail de pourrissement sur les murs et poutres qui maintenaient encore la maison debout.

Pourtant, c'était dans cet endroit qu'un jeune homme avait élu domicile depuis près d'une semaine, inconscient des risques qui le menaçaient ni même du danger qui pourrait survenir au moindre pas effectué dans les escaliers qui menaient au grenier ou sur le plancher craquelant sur lequel il s'aventurait. L'endroit ne permettait pas à qui que ce soit de pouvoir y vivre longtemps, n'offrait aucun confort particulier ni la plus petite source de chaleur auprès de laquelle se lover pour surmonter le froid qui s'insinuait de partout. Son seul intérêt était les légendes tenaces qui continuaient à avoir la vie dure et qui procuraient à celui qui choisissait d'y résider même provisoirement une sécurité et une tranquillité de chaque instant.

Cette raison était en tout cas suffisante pour Matthew Potter pour terminer sa fuite ici. Contrairement aux autres à l'esprit crédule et facilement influençable, lui n'avait aucune raison d'avoir peur de la cabane hurlante ; Lui savait la véritable histoire de cet endroit, et lui seul connaissait la véritable nature des hurlements que l'on entendait autrefois dans cette demeure. Pour la comprendre, il fallait simplement se replonger dans l'enfance et la scolarité de son père à Poudlard, lorsque son petit groupe de camarades plongeait alors l'école dans de continuels troubles dont ils étaient les principaux fautifs. Du fait de son problème de lycanthropie, son oncle Remus n'aurait normalement jamais pu assister aux cours dispensés au beau milieu d'élèves qui auraient pu être en danger à son contact, mais le directeur étant indulgent, il avait ainsi aménagé cette cabane pour que son élève puisse, les nuits de pleine lune, s'y rendre et ainsi ne blesser personne ; Les hurlements et gémissements que l'on pensait être ceux de fantômes n'étaient simplement que ceux de son oncle, transformé en loup-garou, et passant ainsi la nuit à vadrouiller à l'intérieur d'une demeure dont il ne pouvait s'échapper.

Matthew s'était amusé au premier jour de son inspection des lieux à repérer les traces du passage de Remus dans la cabane hurlante, découvrant ça et là des traces de griffures suffisamment grandes pour être persuadé qu'elles appartenaient bien à un loup-garou, et d'autres plus petites qu'il supposait être les marques laissées par son regretté parrain lorsque celui-ci avait appris à devenir un gros chien. Par moment, il caressait ces marques, témoignages de l'existence passée de l'homme qu'il considérait comme un second père, et il en venait à regretter son absence, sa présence si réconfortante et le manque qu'il ressentait dans son cœur en songeant que jamais plus il ne le reverrait.

Mais surtout, il grelottait. Ses connaissances en magie étaient suffisantes pour le maintenir en vie et lui offrir le minimum de chaleur dont il avait besoin pour tenir la nuit lorsque les températures chutaient brutalement. Mais cela ne l'empêchait pas d'avoir froid, d'avoir faim, d'avoir l'impression d'être seul et isolé de tous, de n'avoir aucune perspective positive dans un avenir proche. Il tournait sans cesse en rond comme devait autrefois le faire Remus, ressassant encore et encore cette fatidique journée où il avait osé s'en prendre à Ombrage ; Il ne regrettait pas son geste, loin de là, seulement les conséquences de son acte.

Vêtu de la cape d'invisibilité de son père, il s'aventurait en journée à Pré-Au-Lard, invisible aux regards des autres et curieusement emplit d'un sentiment de liberté qu'il n'avait plus connu depuis longtemps. Il se permettait alors d'aller dans certaines boutiques, attiré par l'odeur qui s'en dégageait et, la voie étant libre, de se servir dans les étals, dans les plats à disposition des visiteurs et des boissons chaudes que l'on servait chez Madame Rosmerta sans avoir la crainte d'être surpris à le faire, arrêté et conduit à Poudlard où la directrice se ferait un plaisir de lui faire payer son petit coup de sang.

Mais les soirées étaient fort différentes, loin de l'atmosphère chaleureuse et conviviale de la salle commune de Gryffondor, de son dortoir dans lequel un lit bien chaud et confortable l'accueillait autrefois, du moelleux de son coussin. Son brusque départ l'avait empêché de pouvoir emporter avec lui la moindre affaire propre, le moindre petit effet personnel hormis ceux qu'il cachait depuis un moment dans l'un des couloirs secrets qui reliaient Poudlard à l'extérieur ; La carte des maraudeurs, sa cape d'invisibilité et le diadème qui lui causait tant de problèmes étaient ainsi les seules choses qu'il avait pu récupérer dans son périple, mais en comparaison des besoins primordiaux qu'il ressentait continuellement, cela représentait une bien mince consolation.

Parfois, il s'amusait à observer les allées et venues du personnel du château avec la carte, à déterminer les circuits empruntés par la sécurité de la directrice et les trajets qu'effectuaient celle-ci dans le dédale de couloirs de l'école. Il suivait longuement les pas qui représentaient Neville lorsqu'il se rendait en cours, une pointe de regret le traversant en songeant qu'il aurait pu être à ses côtés à ce moment là. Il enviait aussi les heures des repas, lorsque tous les élèves étaient réunis dans le réfectoire, et l'odeur des mets préparés par les elfes de maison de Poudlard semblait parvenir jusqu'à lui.

Ce soir encore, toujours caché sous la cape d'invisibilité et éclairé par sa baguette magique, il s'intéressait à ce que pouvaient bien faire ses congénères de Serpentard pour un détail bien précis : L'absence de Drago Malefoy. Matthew n'avait absolument aucune nouvelle de l'école, ne savait pas ce qui s'y tramait ni si des recherches étaient encore organisées pour le retrouver. Mais tout à sa colère d'avoir été contraint de fuir par la duperie et le mensonge d'un seul élève, il s'étonnait de ne pas l'avoir revu depuis des jours sur la carte du maraudeur. Malefoy était-il parti lui aussi? Ses craintes étaient-elles fondées? Lui était-il arrivé quelque chose, ou se cachait-il simplement dans cette mystérieuse salle du septième étage qui n'était pas visible sur la carte?

Le plancher sembla soudainement craquer à l'étage en dessous, et anxieux, Matthew releva sa baguette vers son visage, prêt à l'utiliser si un intrus avait eu l'audace de venir à sa rencontre dans un pareil endroit. Mais les minutes défilèrent, longues et pesantes, sans que quoi que ce soit ne prit la peine de monter l'escalier qui menait à la chambre dans laquelle il se réfugiait. Par précaution cependant, il se dirigea dans l'un des coins les plus sombres de la pièce, entre le mur et un lourd meuble en chêne qui avait résisté aux assauts brutaux des anciens occupants. Il se laissa glisser lentement contre le mur grisâtre, rapprocha ses jambes contre son torse, et attendit.

Son ventre se rappela à son bon souvenir à ce moment là, et le gargouillis qui en résulta aurait aisément pu suffire à indiquer la présence de quelqu'un dans cette pièce à toute personne se trouvant à proximité.

«C'est vrai que j'ai faim» pensa t-il amèrement en songeant qu'il n'avait rien mangé depuis midi.

Un instant, il pensa à aller faire un nouveau tour à Pré-au-Lard, mais il ne savait pas si les auberges étaient encore ouvertes à cette heure avancée de la nuit, ni même quelle heure il pouvait bien être. Peut-être devrait-il songer à dormir? La couche du lit face à lui était certes rongée par les mites, mais au moins avait-il l'impression d'un semblant de confort lorsqu'il s'allongeait dessus...

- On dirait que nous sommes dans le même bateau, déclara tout à coup une voix près de lui.

Sursautant, Matthew pointa aussitôt sa baguette magique dans la direction où il supposait qu'elle provenait, mais rien d'autre qu'une commode brisée en deux s'y trouvait.

- Tu peux enlever ta cape d'invisibilité maintenant, reprit cette même voix qu'il commençait à reconnaître, il n'y a aucun danger.

- Pr-professeur Dumbledore? Bredouilla t-il en pointant au hasard plusieurs directions dans la chambre.

- Lui-même, approuva t-il calmement. Cependant… Oh, pardonne moi, j'avais oublié…

Puis soudainement, la silhouette de son ancien directeur apparut près du lit à baldaquin qui trônait au centre de la pièce. L'homme n'avait absolument pas changé depuis la dernière fois qu'il l'avait vu, et tranquillement, il souriait dans la direction où il pensait probablement qu'il se trouvait.

Pouvait-il le voir malgré sa cape?

- Voilà qui est mieux, dit-il avant de s'asseoir sur le lit tout en contemplant la chambre dans ses moindres détails. Je n'ai plus remis les pieds dans cette salle depuis si longtemps, mais je me rappelle encore de la difficulté que cela fut de l'aménager, d'acheminer jusqu'ici le décor que tu peux voir et de persuader les habitants à la ronde que cette cabane a toujours existé mais que jamais personne n'y avait fait attention jusqu'alors. Certains affirmaient qu'elle ferait fuir la clientèle et menacerait l'économie de Pré-au-lard, mais de toute évidence ils se trompaient. Drôle d'endroit en tout cas pour se cacher, j'ai eu quelques difficultés à te retrouver tu sais ?

- Pardonnez-moi mais… Que faites-vous là? Demanda Matthew alors qu'il enlevait finalement sa cape d'invisibilité.

Le professeur Dumbledore lui adressa un sourire qui se voulait on ne peut plus chaleureux et amical, mais Matthew demeura imperturbable et indifférent. La méfiance succédait déjà à la surprise, et la venue de l'ancien directeur lui paraissait tout à fait suspecte.

- J'ai entendu parler de tes derniers exploits, et je suis simplement venu essayer de comprendre ce qui avait pu te pousser à commettre quelque chose d'aussi insensé que d'agresser Dolorès Ombrage.

- Vraiment? Dit-il d'un ton où une pointe de scepticisme était évidente. C'est drôle, parce que depuis plus d'un an, j'ai eu l'impression que vous vous fichiez éperdument de ce que je pouvais bien faire, ce que je pouvais bien ressentir et ce qui pouvait bien me préoccuper… Vous m'excuserez d'être perplexe quant à ce que vous dites…

- Matthew, le coupa calmement le directeur, je sais que notre relation n'est pas au beau fixe actuellement et que j'ai pu commettre des erreurs qui ont fait que tu puisses ressentir ce sentiment d'abandon que tu me reproches. Je ne suis pas aveugle quant aux ressentiments que tu peux avoir vis-à-vis de la manière dont je me suis si peu soucié de toi depuis le retour de Voldemort, de la façon dont tu as pu être mis de côté depuis tandis que nous fomentions des projets pour annihiler toutes ses tentatives pour retrouver son pouvoir, des malheurs et des difficultés que tu as subis sous la férule de Dolorès Ombrage, mais crois bien que je gardais constamment un œil sur toi…

- Vous saviez pour ce que me faisait subir Ombrage? Fulmina alors Matthew en fronçant ses sourcils. Pour ses plumes de sang? Les lignes qu'elle me faisait écrire? Et vous n'avez rien fait? J'ai passé des semaines à hurler qu'il était de retour ! Des mois même à me faire punir parce que je disais la vérité ! Vous n'imaginez même pas ce que ça fait d'être accusé de mentir constamment, quand on vous juge, qu'on vous pointe du doigt à longueur de journée, lorsque l'on vous dit à longueur de temps qu'on a perdu la boule et qu'on devrait s'interroger sur notre santé mentale !

- Crois-tu que cela n'a pas été la même chose pour moi? L'interrogea patiemment le directeur. À certains égards, les adultes se comportent de la même façon que les enfants, et ce que tu as vécu à Poudlard, je l'ai vécu au Magenmagot. Devais-je pour autant me complaire dans ma douleur? Laisser ces critiques pénétrer mon âme et mon être et montrer aux autres que cela pouvait m'atteindre? Non. J'ai laissé ces mesquineries couler, j'ai avancé, j'ai passé outre ces méchancetés sur mon compte pour continuer la lutte contre Voldemort. Et toi, qu'as tu fait?

Matthew ouvrait déjà la bouche pour lui répondre, mais à vrai dire les mots semblaient rester au fond de sa gorge sans qu'il n'ait le courage de les prononcer. Qu'avait-il fait effectivement depuis un an? Il avait tenté de lutter oui, il avait essayé de raisonner le plus grand nombre, leur faire prendre conscience du danger qui les menaçait, mais ses mots restaient lettre morte, et depuis, il avait simplement baissé les bras, s'était renfermé sur lui-même et ne s'était plus préoccupé d'autre chose que de ses devoirs, de ses amitiés avec Neville et Luna en imaginant déjà ce que serait l'après Poudlard pour lui.

- C'est bien ce que je pensais, confirma Dumbledore en hochant légèrement sa tête. Je ne prétends pas être omniscient, avoir une réponse pour chaque problème et me sortir sans encombre de toutes les situations qui s'offrent à moi, mais je me bats pour y parvenir, atteindre mes objectifs et me dire le soir que j'ai fait de mon mieux pour accomplir ce qui devait l'être. Autrefois ton objectif était de vaincre Voldemort, mais aujourd'hui, au fond de toi, quelles sont tes aspirations?

- Je… J'ai… Je veux que…, bredouillait t-il à nouveau sans savoir quoi répondre.

- Avoir un vie paisible sans doute, compléta alors le vieil homme. Tu voudrais être aussi éloigné que possible de cette guerre, sortir diplômé de Poudlard, avoir un travail convenable, sans risque… Ce que souhaite le commun des mortels en somme.

- Qu'est-ce que cela peut vous faire de toute manière? Répliqua durement Matthew. Je ne suis pas l'élu, c'est Harry qui l'est, alors c'est après lui que vous devriez vous lancer plutôt que de venir me tourmenter.

Curieusement, Dumbledore parut subitement mal à l'aise à l'évocation de son frère, et le lit sur lequel il remuait désormais se mit à craquer brièvement.

- Ton frère n'est pas particulièrement disposé à nous venir en aide, expliqua t-il d'une voix tendue. Du moins le fait t-il de mauvaise grâce…

- Donc vous l'avez retrouvé lui aussi, commenta Matthew alors que la curiosité le gagnait malgré lui.

- En effet, tout comme ta mère et ta petite sœur, approuva l'ex-directeur d'un hochement de tête.

- Papa est chez les Malefoy, l'informa alors Matthew d'un ton détaché. C'est Drago qui me l'a avoué.

Par cette annonce, il se rendit compte que pour la première fois depuis plus d'une décennie, sa famille pourrait être véritablement réunie. Mais après? La perspective des retrouvailles ne l'enchantait pas vraiment, et un malaise persistant s'insinuait lentement en lui en imaginant l'ensemble de la famille Potter autour d'une même table ; Trop de rancunes risquaient surtout d'alimenter un conflit qui déboucherait inévitablement par l'implosion définitive de leur famille. Peut-être était-ce ce qu'il valait mieux faire finalement, au moins les choses seraient enfin dites, l'abcès percé et chacun retournerait à ses petites occupations sans un regard en arrière.

- Justement, je voulais te parler de ce qui est arrivé avec Drago Malefoy, dit alors Dumbledore sans même rebondir sur le fait que James était entre les mains de cette famille. Il paraît que tu lui aurais subtilisé un objet… Un diadème semble t-il…

- Qui vous l'a dit? Lui demanda froidement Matthew. Ah non, laissez-moi deviner : C'est cet imbécile de Ron, je présume? Évidemment ! Combien le payez-vous pour m'espionner?

- Je ne…

- Oh non, n'essayez pas de le nier, le coupa t-il brutalement. Il me l'a avoué lui-même ! Il m'a dit qu'il était en contact avec vous et qu'à tout moment je pouvais lui demander de vous écrire pour organiser une rencontre avec ma mère !

- C'est vrai, et si tu le désires, nous pouvons faire cela quand tu le voudras, lui proposa le vieil homme. Quant au fait que Ron puisse m'informer de tes faits et gestes, c'est en partie la vérité ; Seulement, je lui ai demandé de faire cela pour te protéger, pour faire en sorte que tu ne te retrouves pas dans la même situation que celle que tu subis actuellement. Si j'avais su auparavant l'existence de ce diadème, crois bien que les choses auraient été différentes.

Nerveusement, Matthew serra les poings de colère. Son intention première avait effectivement été d'en toucher deux mots avec l'homme qui se trouvait aujourd'hui devant lui. Mais au dernier moment, il s'était désisté. Sa confiance envers lui n'était plus la même qu'autrefois, et il ne se voyait pas à ce moment là lui adresser la moindre lettre concernant un fait s'étant déroulé entre les murs de l'école.

Avait-il eu tort d'agir ainsi?

- Différentes dans quel sens? Demanda t-il.

- Pourrais-je d'abord voir ce diadème par moi-même?

Là encore, il doutait des intentions de Dumbledore. Un duel de regard s'engagea quelques instants entre eux, le temps pour lui de peser le pour et le contre de l'utilité de l'en informer, mais le directeur se leva soudainement avant même qu'il ait pu prendre la moindre décision. Les pans de sa longue robe répandaient autour d'eux des nuages de poussière qui voletaient dans les airs pendant qu'il s'approchait de la lourde cheminée de pierre qui faisait face au lit. Il observa quelques secondes les recoins de celle-ci, s'attardant sur certains détails, avant de se saisir de l'une de ses pierres, de la tirer avec difficulté vers lui pour finalement la dégager de sa position initiale. De son autre main, il fouilla alors l'espace libéré, la mine sombre et les sourcils froncés, avant qu'elle ne ressorte du trou en renfermant contre elle le fameux diadème.

- Comment avec vous su qu'il se trouvait là? S'étonna Matthew tandis qu'il écarquillait les yeux d'un air ébahi.

- Plus tard…, marmonna Dumbledore en se dirigeant de nouveau vers le lit.

Pouvait-il lire dans les pensées? Cette idée ne l'étonnait même pas compte tenu des capacités de l'homme qui fut autrefois son mentor. Pourtant il n'avait absolument rien senti, pas la moindre petite sensation dans sa tête ou le plus petit chatouillement au creux de l'oreille comme il se l'imaginait. Curieusement, il se rappela alors brièvement certains moments de son enfance où l'ancien directeur semblait savoir à l'avance des choses qu'il aurait pu commettre, des décisions qu'il aurait pu prendre et des refus qui auraient pu tomber contre lui, mais il avait mis alors cela sur le compte de la clairvoyance d'un homme habitué aux plaisanteries d'un enfant et sur son manque personnel de discrétion. Les choses finissaient par s'emboîter au moment où on s'y attendait le moins.

- Tu dis que Malefoy possédait cet objet? L'interrogea distraitement Dumbledore en continuant d'analyser le diadème.

- Pas vraiment, je l'ai surpris dans une salle bizarre avec ça en main, expliqua t-il.

- Une salle bizarre? Répéta t-il sans pour autant lever les yeux vers lui. Dans Poudlard?

- Au septième étage, lui confirma son ancien élève. Il y avait des objets partout, beaucoup de contrebande et de choses illégales. Malefoy venait de mettre la main dessus, et quand je lui ai demandé ce qu'il voulait faire de ce diadème, il s'en est pris à moi. Nous avons lutté quelques minutes et j'ai fini par avoir le dessus.

Puis désignant d'un mouvement de tête le diadème, il ajouta :

- Il y a quelque chose d'étrange avec ce bijou, commenta t-il nerveusement. J'ai une drôle de sensation quand je l'ai en main, comme s'il était… mauvais.

- C'est le cas, lui confirma Dumbledore. Ce n'est pas pour sa valeur que Drago Malefoy recherchait ce diadème, bien qu'il vaille une véritable fortune, mais plutôt pour ce qu'il contient.

Le vieil homme se leva encore une fois avant de faire les cent pas devant lui. Sous ses pieds, le parquet continuait de craquer bruyamment sans qu'il ne s'en aperçoive ou ne s'en soucie. La main sur le menton, il gardait les yeux baissés sur le diadème dans son autre main, l'air profondément préoccupé.

- Ainsi donc Tom, tu as également laissé un horcruxe au sein même de mon école…, marmonnait-il tandis que Matthew arquait un sourcil, intrigué. Poudlard, la grotte, Gringotts, Malefoy, les Gaunts… Des lieux qui ont tous pour point commun ton histoire personnel, celle de ta famille ou des endroits qui ont pu te marquer profondément… Intéressant…

- De quoi parlez-vous? Le questionna Matthew mais Dumbledore ne parut pas l'entendre.

- Avec celui-ci, cela fait cinq…, énumérait-il à voix basse. Si les soupçons de Severus s'avèrent justifiés, alors le serpent serait le sixième… Mais ensuite? Peut-être en a t-il fait d'autres encore… Cependant son âme ne pourrait tolérer d'être indéfiniment divisée sans qu'il finisse par perdre la raison. Lui-même doit être conscient de ce risque, à moins que son appétit de pouvoir ne l'aveugle à ce point.

La tournure des événements le rendait anxieux, et Matthew se demandait si la santé du vieil homme continuant à marcher sans se préoccuper de lui était toujours la même qu'autrefois. Ce sentiment redoubla de vigueur lorsque Dumbledore s'arrêta soudainement, se tourna vers lui, et le regardait fixement :

- Drago Malefoy t'aurait-il donné des indications quant à ce qu'il comptait faire de ce diadème?

- N-non, avoua Matthew avec incertitude. Il a simplement dit qu'il fallait que je le lui rende absolument, que c'était une question de vie ou de mort pour lui et sa mère et que je ne pouvais pas comprendre les enjeux qui se cachaient derrière… Mais il ne peut pas être sérieux? Ce n'est qu'un vulgaire bijou…

- C'est bien plus qu'un simple bijou, commenta patiemment Dumbledore. Tu as sous les yeux le diadème que l'on pensait depuis longtemps égaré de Rowena Serdaigle.

Même s'il ne pouvait pas le voir, Matthew était persuadé que ses yeux devaient être tellement écarquillés qu'ils devaient probablement sortir de leurs orbites. Le diadème de Rowena Serdaigle? Rien que ça? Quelle ironie ! Il avait un véritable trésor entre les mains et il ne le savait même pas.

- Oui, le seul et l'unique, ajouta l'ancien directeur. Cependant tu as noté la malveillance qui s'en dégage… Ce n'est pas comme tu le sais quelque chose de normal, même pour le monde de la magie. Quelque chose de vil, de néfaste vit en cet objet, quelque chose que Voldemort de toute évidence convoite non pas pour s'en servir, mais pour le protéger.

- Le protéger de qui? Lui demanda t-il nerveusement.

- De nous évidemment, répondit Dumbledore. Voldemort ne tient pas à ce que cet objet tombe entre nos mains, et malheureusement pour lui, c'est le cas. Il voulait au contraire le récupérer puisque c'est probablement lui qui l'avait déposé dans cette pièce où tu l'as subtilisé à Drago Malefoy. Reste maintenant à savoir ce que nous allons en faire…

Et dans un mouvement fluide de sa robe de sorcier, il recommença encore une fois sa longue marche ininterrompue devant le lit à baldaquin.

- Le détruire l'affaiblirait encore davantage, et il serait amené à commettre des impairs qui pourraient nous servir… Cependant le plus important aujourd'hui serait de le faire sortir de sa cachette, l'attirer à nous d'une certaine manière par le biais de cet objet. S'il apprenait qu'il était entre nos mains, nous pourrions envisager la possibilité qu'il vienne au devant de nous et exige de le récupérer par la force.

- Attendez, l'interrompit Matthew en sentant monter en lui un sentiment qu'il ne connaissait que trop bien, vous avez vraiment l'intention d'attirer vers nous Voldemort? Mais vous êtes dingue !

- Matthew, si tu as un meilleur plan pour mettre un terme définitif à cette guerre, alors je t'en prie, dévoile le moi et nous pourrions envisager de s'y conformer, argua avec fermeté Dumbledore.

Il eut beau se remuer les méninges, creuser profondément dans les pensées les plus loufoques qui lui traversaient la tête pour anéantir la menace que représentait Voldemort, rien de cohérent, de logique ou de possible à mettre en place rapidement ne ressortait de ses réflexions. Dumbledore avait décidément raison sur un point : à aucun moment il n'avait songé à la fin de cette guerre et au moyen de parvenir à une issue qui lui serait favorable. Il avait simplement laissé faire les choses, en retrait et désintéressé de cette affaire dès l'instant où il avait compris qu'il n'aurait qu'un rôle secondaire.

- Vous pensez sérieusement que ce diadème pourrait l'attirer dans un piège? Lui demanda t-il alors qu'il regardait de manière sceptique ledit objet entre ses mains. Supposons qu'il morde à l'hameçon, et après? Vous allez l'affronter vous-même? Désolé, mais si vous croyez que je vais vous seconder pour affronter son armée de mangemort, alors vous vous trompez lourdement.

- Pour ce qui est de la dernière partie, nous avons à notre disposition un temps indéfini pour établir un plan qui nous permettrait de ressortir vainqueur d'un hypothétique affrontement, affirma Dumbledore. Je n'aurais qu'à contacter certaines personnes pour nous donner un coup de main le moment venu… Quant à ta première question…

Il regarda également quelques secondes le diadème qu'il triturait entre ses doigts, perdu dans ses pensées, avant de relever la tête pour le regarder fixement :

- As-tu déjà entendu parler des horcruxes, Matthew?


A/N : Chapitre terminé. Les choses se précisent enfin ! Va t-on vers une confrontation imminente? Quelles seront les parties prenantes? Quelle sera l'issue de cet hypothétique combat? Voldemort tombera t-il seulement dans un piège aussi simple?

Le chapitre a vraiment été plaisant à écrire, notamment la partie sur la cabane hurlante qui a été faite en une fois et sans note. J'ai beaucoup aimé écrire le dialogue également, j'ai eu l'impression que mon Dumbledore se rapprochait sur certains aspects de celui de Rowling (je veux dire en terme de comportement) contrairement à d'autres chapitres où je ne peux pas m'empêcher de penser qu'on est véritablement dans le cliché du Bad Dumbledore classique.

Le prochain chapitre est en cours d'écriture ; Il va me falloir télécharger à nouveau Libre office pour le poursuivre, m'habituer à ce nouvel ordi et espérer qu'il soit terminé pour dimanche prochain.

Sur ce, à bientôt !