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Au cas où vous vous poseriez effectivement des questions : oui, le titre du chapitre est un tacle délibéré à Disney!Lucasfilm, ces incapables littéraires et cinématographiques ;)
Chapitre n°36 :
Le réveil de la Force
Githany savait pertinemment que Bane la regardait s'en aller. Les hommes l'observaient toujours ainsi, elle en avait l'habitude.
La rencontre s'était, selon elle, bien passée. L'espace d'une seconde, lorsqu'il l'avait retenue par le bras, elle avait cru l'avoir peut-être sous-estimé. Son geste de défi l'avait surprise, car elle s'était attendue à un individu faible et soumis. Dès qu'elle l'avait regardé dans les yeux, elle avait compris qu'il s'accrochait à elle par peur et par désespoir. Une seule rencontre, et il ne supportait déjà plus de la laisser partir.
Même si elle n'évoluait aux côtés des Sith que depuis peu, les voies du Côté Obscur étaient une seconde nature chez elle. Elle ne ressentait aucune pitié ou chagrin à son égard, et sa vulnérabilité facilitait d'autant plus sa manipulation. Et contrairement aux Jedi, la Confrérie des Ténèbres récompensait l'ambition. Chaque rival dont elle parviendrait à se débarrasser lui permettrait de démontrer sa valeur et d'élever son statut parmi les Sith.
Bane serait l'instrument idéal pour vaincre ses rivaux. La Force était incroyablement puissante chez lui, plus qu'elle ne l'avait soupçonné au début. Elle était stupéfaite du pouvoir qu'elle avait décelé chez lui. Il était maintenant complètement sous sa coupe, et elle n'avait qu'à s'assurer que cela ne change pas.
Elle lui prodiguerait ses conseils avec parcimonie, en s'arrangeant pour qu'il ne la surpasse jamais. C'était un jeu dangereux, mais elle savait qu'elle gagnerait. La connaissance était synonyme de pouvoir, et elle seule contrôlerait les connaissances qu'il engrangerait. Elle allait être son instructrice. Elle le manipulerait à sa guise et l'utiliserait pour écraser Sirak. Puis, elle le détruirait s'il venait à se révéler trop puissant.
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La nuit était tombée sur Korriban, les torches murales projetaient des ombres sinistres dans les couloirs de l'Académie. Bane avançait dans les couloirs, le corps enveloppé d'une cape noire. Il ressemblait lui aussi à une ombre.
Les apprentis n'avaient pas le droit de quitter leurs chambres après le couvre-feu, une règle établie par Qordis pour réduire le nombre de morts « inexpliquées » bien trop fréquentes dans les académies Sith. Bane savait que s'il se faisait prendre, sa punition serait sévère, mais c'était le seul moment de la journée où il pouvait agir sans craindre de croiser d'autres apprentis.
Il traversa l'étage qui abritait les chambres des élèves, puis atteignit l'escalier menant aux étages supérieurs et aux appartements des Maîtres. Il regarda rapidement sur les côtés, et scruta les ombres vacillantes sur les murs de pierre. Il s'arrêta pour s'assurer qu'il n'y avait pas le moindre bruit. Il connaissait les itinéraires des sentinelles qui patrouillaient dans les couloirs la nuit venue, et il savait qu'elles ne reviendraient à cet étage que dans une heure environ. De nombreuses autres qui servaient les intérêts de l'Académie – le personnel de cuisine, les domestiques et les gardiens extérieurs – pouvaient cependant se promener dans les couloirs.
N'entendant rien, Bane se faufila dans l'escalier. Il se hâta de dépasser les appartements de Qordis, soulagé que même le Maître Sith verrouille sa porte la nuit. Il s'arrêta finalement devant celle du Maître bretteur.
Il frappa doucement à la porte afin de ne pas réveiller les autres. Avant qu'il ne réitère son geste, le Twi'lek avait ouvert la porte. L'espace d'une seconde, Bane crut que ce dernier l'attendait. Évidemment, c'était impossible. Il était plus probable que ses sens extrêmement développés lui aient permis d'entendre le premier coup, et que ses réflexes exceptionnels lui aient permis d'atteindre la porte aussi rapidement.
Il était vêtu d'un pantalon, mais était torse nu, la poitrine couverte de cicatrices et de tatouages. Son expression déconcertée confirma les soupçons de Bane : le Maître bretteur ne savait pas qu'il viendrait. Quant à la rapidité avec laquelle il l'agrippa et le tira dans ses appartements, elle valida la thèse de ses réflexes extraordinaires.
Avant même que Bane comprenne ce qui se passait, Kas'im avait verrouillé derrière eux la porte de ses petits appartements plongés dans la pénombre. Le Maître Sith alluma un bâtonnet lumineux posé sur un guéridon à côté du lit, puis il se tourna vers son visiteur nocturne et le foudroya du regard.
- Que fais-tu ici ? siffla-t-il à voix basse.
Bane hésita, ne sachant que répondre. Il avait réfléchi à la proposition de Githany. Elle avait raison : il devait se débrouiller seul s'il désirait survivre. Ce qui signifiait que c'était lui qui devait abattre Sirak, et non elle.
- Je veux que vous m'entraîniez de nouveau, murmura Bane. Je veux que vous m'appreniez tout ce que vous savez sur l'art du combat au sabre-laser.
Kas'im secoua la tête, mais Bane repéra toutefois une légère hésitation.
- Qordis ne le permettra jamais. Il a clairement donné l'ordre aux Maîtres de ne plus perdre de temps avec toi.
- Je ne savais pas que vous obéissiez aux ordres de Qordis, répliqua Bane. Tous les Maîtres ne sont-ils pas égaux dans la Confrérie des Ténèbres ?
Sa question était supposée piquer sa fierté, et Kas'im le comprit bien. Le Twi'lek sourit, amusé par l'audace de Bane.
- C'est vrai, admit-il. Mais ici, sur Korriban, les autres Seigneurs s'inclinent devant Qordis. Cela évite... certaines complications.
- Qordis n'est pas obligé de le savoir, fit remarquer Bane car Kas'im n'avait pas encore refusé catégoriquement. Entraînez-moi en secret. Nous pouvons nous retrouver la nuit sur le toit du temple.
- Et pourquoi ferais-je cela ? demanda le Twi'lek en croisant ses bras musclés sur sa poitrine. Tu veux recevoir les enseignements d'un Seigneur Sith, mais que m'offres-tu en retour ?
- Vous connaissez mon potentiel, le pressa Bane. Qordis m'a rejeté. Si je venais finalement à réussir, il ne pourrait pas s'en attribuer le mérite. Si je deviens un guerrier d'élite dans la Confrérie, le Seigneur Kaan apprendra que c'est vous qui m'avez entraîné. Si j'échoue, personne ne soupçonnera jamais votre intervention. Vous n'avez rien à perdre.
- Sauf du temps, rétorqua Kas'im en se grattant le menton. Tu as perdu toute volonté de te battre. Tu l'as prouvé contre Sirak.
Les lekkus du Twi'lek s'agitèrent, et Bane considéra cela comme un signe. Malgré ce qu'il venait de lui dire, Kas'im réfléchissait sérieusement à sa proposition.
Bane hésita à nouveau. Pouvait-il tout révéler au Maître bretteur ? Il espérait toujours que Githany lui enseignerait les voies de la Force et du Côté Obscur, mais il avait réalisé que si elle était son seul professeur, il ne serait jamais aussi fort qu'elle. S'il voulait vaincre Sirak, il avait besoin de l'aide de Kas'im, et il devrait s'arranger pour qu'elle ne le découvre pas.
- J'ai recouvré ma volonté de me battre, finit-il par répondre en choisissant de ne pas révéler l'implication de Githany dans sa soudaine résurrection. Je suis prêt à étreindre le pouvoir du Côté Obscur.
Kas'im acquiesça.
- Pourquoi fais-tu ça ?
Bane comprit que le Twi'lek le soumettait à son épreuve ultime. Kas'im était un Seigneur Noir des Sith. Son talent et ses compétences étaient réservés à ceux qui parviendraient à s'élever dans la hiérarchie Sith et à rejoindre un jour les Maîtres de la Confrérie des Ténèbres. Il ne voulait pas seulement savoir que Bane était prêt, il voulait s'assurer qu'il en était digne.
- Je veux me venger, répliqua Bane après mûre réflexion. Je veux détruire Sirak. Je veux l'écraser comme un insecte sous le talon de ma botte.
Le Maître bretteur sourit, satisfait de la noire réponse de son apprenti.
- Nous commencerons demain.
