Bonjour !
Voici un petit bonus, que j'avais dans l'idée d'écrire pour garder un peu plus longtemps l'univers de cette fiction que j'ai aimé écrire... j'espère qu'il vous plaira !
Bonus : dans la tête de Sirius
En entendant les paroles des enfants et de Severus, dévoilant enfin la réelle identité de Charles - de celui qui se faisait appeler Charles - Sirius se figea. Il lui fallut de longues secondes pour que son cerveau accepte de traiter l'information et la colère le submergea.
Il se sentit… trahi.
Lorsqu'il avait rencontré Charles et revu Harry, il avait su tout de suite que le gamin accroché à son filleul n'avait rien à voir avec les Potter. Il ne ressemblait ni à James, ni à Lily et personne dans leur entourage n'avait d'enfant de cet âge.
Peut être que s'il avait été moins traumatisé de son séjour à Azkaban il se serait posé plus de questions. Après tout, avant tout ça, il avait été Auror. Et un sacrément bon auror qui plus est.
Mais il avait juste vu l'amour que Harry portait à ce gosse inconnu, leur attachement l'un à l'autre. Il avait entendu Narcissa lui dire à quel point les deux enfants avaient été malheureux, qu'ils n'avaient connu que l'amour de l'autre dans leur courte vie.
Alors, il avait accepté Charles, inconditionnellement. Pour Harry.
Au fil des jours, puis des semaines, il s'était attaché au garçon mystérieux. Il en était venu à oublier qu'il n'était pas vraiment un Potter, qu'il n'avait rien à voir avec ses amis décédés.
Il s'était inquiété autant pour Charles que pour Harry quand les garçons avaient fait leur rentrée à Poudlard.
Il avait enlacé autant l'un que l'autre. Il les avait gâtés, avait ri avec eux. Il avait passé du temps à leur parler de James et Lily, prétextant que Charles était le vrai jumeau de son filleul adoré.
À l'instant, tout son monde venait de s'effondrer. Cette nouvelle vie qu'il était en train de rebâtir était basée sur un mensonge. Un terrible mensonge dans lequel il prenait soin de celui qui avait tué ses amis. Ses meilleurs amis.
Lorsque Sirius intervint, tremblant de rage, Harry se mit entre lui et Charles, défendant une fois de plus ce gamin auquel il était si attaché. Il ignora le regard sombre de Charles, plein de culpabilité, pour concentrer toute sa rage, toute sa colère sur son filleul ingrat, celui qui préférait défendre l'assassin plutôt que la mémoire de ses parents.
Harry n'avait peut être aucun souvenir de James et Lily, mais lui se rappelait parfaitement de ses amis. James avait été son meilleur ami. Plus encore même, un frère.
Dès l'instant où ils s'étaient rencontrés, ils avaient été inséparables.
Ils savaient tout l'un de l'autre. Lorsque Sirius avait fui sa famille, James avait été là. Il l'avait accueilli et soutenu.
Sirius avait été le témoin de James à son mariage, et il avait été le premier à apprendre la grossesse de Lily.
Lorsque Harry était né, il avait été nommé parrain, et personne n'avait été surpris. C'était évident que ce serait lui.
La mort de son ami l'avait dévasté, l'avait rendu fou de douleur. Sans Harry - ce petit bout de James - il n'aurait pas survécu à Azkaban. C'était la promesse de protéger son filleul qui lui avait permis de survivre, qui lui avait donné la force de se battre.
En cet instant, Sirius était prêt à tuer Charles, sans la moindre hésitation. Mais Harry s'interposa.
Le visage de James, et les yeux de Lily.
Il hurla, sans faire attention aux mots, traitant Charles de monstre, retirant une satisfaction cruelle en voyant que l'assassin semblait déstabilisé. Mais la magie de Harry l'étouffa, et son filleul eut le culot de déclarer qu'il refusait d'abandonner cette parodie d'enfant qu'il prenait pour son frère.
A bout de nerfs, Sirius lança un ultimatum. Il était persuadé que Harry se rendrait finalement compte de ses erreurs, et qu'il reviendrait à la raison. Mais au lieu de quoi, le foutu gosse attrapa la main du monstre et refusa d'abandonner son soi-disant frère.
Ce constat rendit Sirius fou de rage, et il tourna les talons, voulant fuir le plus loin possible.
Il était hors de question qu'il ne reste une seconde plus sous le même toit que l'assassin de son meilleur ami.
Il fit demi-tour, s'éloignant aussi rapidement qu'il le pouvait des adolescents, refusant de les voir une seule seconde de plus.
Avant qu'il ne puisse quitter le Manoir Malefoy, il fut arrêté dans son élan par la poigne de Rogue et il montra les dents, prêt à se battre. Cependant, il fut stupéfixé.
Le regard de Rogue était plein de colère et de dégoût, et l'homme exigea de lui un serment pour qu'il ne puisse pas dévoiler où se cachait Harry.
S'il avait été libre de ses mouvements, Sirius l'aurait frappé avant de lui rappeler qu'il ne comptait pas trahir le fils de James - aussi stupide et ingrat soit il.
Il jura sur sa magie, sèchement, sans ajouter un mot supplémentaire. Rogue le libéra enfin, et il endura ses mots plein de colère.
Il vacilla cependant légèrement en entendant son vieil ennemi parler de son filleul comme l'un de ses garçons mais il se reprit rapidement et il disparut.
Puisqu'il ne savait pas où aller, Sirius se rendit au seul endroit qu'il connaissait en dehors du Manoir Malefoy. Square Grimmaud.
L'intérieur de la maison n'avait pas changé. Toujours aussi lugubre, bien loin du luxe du Manoir Malefoy. Le Manoir était un véritable foyer, lumineux et plein de rires. Grimmaud n'était qu'une coquille creuse suintant la Magie noire et les souvenirs amers.
Pendant deux jours entiers, il tourna en rond, ruminant de sombres pensées, détruisant sans vergogne les meubles miteux qui se trouvaient sur son chemin. Détruire son héritage le remplissait d'une joie malsaine, bien que Krettur le vieil elfe de sa mère s'acharnait à tout réparer, encore et encore.
Jusqu'à ce qu'enfin sa colère diminue.
La première chose que Sirius se rendit compte était que Harry lui manquait. Charles aussi, même s'il refusait de l'avouer.
La seconde chose dont il prit conscience était que même s'il l'avait un instant envisagé, il se refusait à livrer son filleul à Dumbledore. Il n'oubliait pas les sévices que les deux garçons avaient subi, et même s'il prétendait que Charles le méritait, il ne le pensait pas réellement.
Ainsi, au lieu de prendre contact avec l'Ordre du Phénix, au lieu de réapparaître publiquement face à Dumbledore, il resta terré dans la maison familiale des Black, en plein coeur de Londres. Il hésita à renouer avec Remus, mais il savait que le loup-garou resterait toujours fidèle à Dumbledore, perdu dans sa reconnaissance d'avoir été admis à Poudlard alors même qu'il se voyait comme un monstre sanguinaire. Leur amitié n'avait pas survécu à la mort de James et Lily, et les Maraudeurs n'étaient plus.
Les semaines passèrent, lentement.
Sirius passa du temps à faire des recherche dans la bibliothèque, ouvrant pour la première fois les livres de Magie Noire hérités de ses parents. Il chercha ce qui avait pu se produire pour que Voldemort laisse place à Charles.
Un matin, il se réveilla, et il se rendit compte qu'il devait se forcer à éprouver ce sentiment de trahison envers la mémoire de ses amis. Libéré de la rage, du choc de la découverte, il se souvint de la peur de Charles, alors que l'adolescent redoutait de redevenir le Mage noir sanguinaire que tous craignaient.
Il se rappela également la période où Charles s'était renfermé, mangeant mal, visiblement torturé sous les regards inquiets de Harry et de Severus. Lui même s'était inquiété pour l'adolescent, et il s'était juré qu'il serait sans pitié envers la personne qui faisait du mal au petit brun.
La nuit suivante, il rêva de Lily. Lily qui lui hurlait dessus, pour avoir abandonné "ses" garçons. Lily qui aurait accueilli sans hésitations Charles, quelles que puissent être ses origines. Lily lui aurait offert une seconde chance, Voldemort ou non.
A son réveil, la colère s'était muée en tristesse, et en honte. Son caractère emporté lui avait fait prononcer des paroles terribles, et il avait abandonné son filleul. La seule personne qui lui restait au monde.
Il connaissait le caractère entier de Harry, et il avait peur d'être repoussé. C'était en tous cas l'excuse qu'il se donnait pour ne pas retourner au Manoir Malefoy. Un jour, il devrait mettre les choses à plat avec Harry et avec Charles. Mais il n'était pas prêt.
Sans compter que Rogue serait là, veillant au grain pour l'empêcher de blesser une fois de plus les deux adolescents.
Son vieil ennemi, celui qu'il avait harcelé sans pitié lorsqu'ils étaient enfants, avait su gagner la confiance et l'amour des deux garçons.
Au début, Sirius avait été terriblement jaloux. Il ne comprenait pas comment ce Snivellus aigri et désagréable pouvait susciter un tel élan d'affection.
Il avait vu les regards pleins d'admiration de Harry et de Charles, leur façon de toujours se tourner vers lui, de s'accrocher à ses robes noires.
Quoi qu'il fasse, Rogue passait en premier dans le coeur des garçons.
Il lui avait fallu du temps pour admettre que le précieux fils de James considérait Snivellus la chauve-souris des cachots comme une figure paternelle. Que Harry admirait et aimait Rogue, et que c'était vers lui qu'il se tournait en premier lorsqu'il avait un problème.
Rogue avait accepté l'identité cachée de Charles visiblement, sans sourciller, sans changer de comportement, renforçant ainsi leurs liens.
Passer de Snivellus à Severus avait été le second travail qu'il avait dû faire sur lui-même. La solitude alors qu'il était reclus Square Grimmaud lui permit de se souvenir de son adolescence et à plusieurs reprises, il rougit de son comportement passé.
Il ne serait probablement jamais ami proche avec Rogue, leur passé était trop… lourd pour qu'ils puissent tout oublier. Mais il pouvait changer et commencer à respecter un peu l'homme qui avait mis toute sa vie entre parenthèses et qui n'avait jamais cessé de chercher son filleul pour le sauver d'une enfance misérable.
Rogue adolescent avait été aussi craintif que les jumeaux Potter la première fois qu'il les avait rencontré. En comprenant qu'il avait probablement eu lui aussi une enfance misérable, Sirius fut submergé par la honte. Lui qui se vantait d'appartenir à la lumière s'était montré pire que le plus cruel des Mangemorts en s'en prenant à lui avec ses amis.
Un après-midi d'hiver, Sirius tournait en rond, encore une fois. Soudain, quelqu'un frappa à la porte.
L'homme se raidit, et alla ouvrir, prêt à renvoyer tout émissaire de Dumbledore.
Narcissa se tenait sur le seuil. Droite et fière, bien qu'un peu agitée.
Sirius comprit immédiatement et il sortit de sa maison, lui prenant le bras, le coeur battant douloureusement sous la peur.
- Que se passe-t-il ?
- Dumbledore a enlevé Harry. Il faut… Lucius va intervenir, mais il ne pourra pas l'emmener sans que les employés du Ministère ne commencent à se poser des questions. Il ne pourra pas le récupérer…
Sirius eut l'impression que son coeur se gelait dans sa poitrine. Il prit une brusque inspiration, et se crispa.
- Et Charles ? Il va bien ?
Sa cousine eut un bref sourire et hocha la tête.
- Il est avec Drago. Harry était le seul visé par les plans de ce vieux fou.
- Que dois-je faire ?
Narcissa hésita brièvement, puis soupira.
- J'ignore ce qui s'est passé Sirius. Aussi bien Severus que les enfants ont refusé de parler de ton départ précipité. Je sais que Harry était furieux après toi, et… peu importe. J'espère juste que tu ne le blessera pas de nouveau.
- Il est mon filleul et le fils de James. Bien sûr que je ne compte pas le blesser.
- Rejoignons Lucius. Tu vas aller avec lui au Ministère pour récupérer Harry au plus vite. Tu es son parrain, ils ne pourront pas t'empêcher de le reprendre avec toi.
Ils transplanèrent, et la seule chose qui occupait l'esprit de Sirius était la sécurité de Harry. Qu'importait le reste, son filleul était en danger.
- Allons chercher Harry. Et j'aurais besoin de lui parler seul à seul ensuite, Lucius. Certaines choses doivent être… arrangées entre nous.
Lucius l'observa un long moment, visiblement hésitant à le laisser revenir dans la vie des Potter. Mais Sirius garda la tête haute, fixant l'aristocrate avec une assurance qu'il était loin de ressentir. Le blond finit par abdiquer, avec un reniflement agacé.
Sirius frissonna lorsqu'ils arrivèrent au Ministère : la dernière fois qu'il était venu, il avait été jeté à Azkaban sans cérémonie. Il n'eut cependant pas le temps de faire face à ses souvenirs, puisque Lucius partait déjà à grands pas en direction du département de la justice magique.
L'animagus le rattrapa aisément, et marcha un pas derrière lui, en silence, tête haute. Il avait l'air d'un parfait sang-pur, à l'image de Lucius, même si intérieurement il paniquait.
Puisqu'il avait appris à faire confiance à la famille Malefoy, Sirius resta silencieux, laissant Lucius gérer la situation à sa manière. Ce dernier entra dans le bureau d'Amélia Bones, sans même frapper, et lorsque la sorcière se leva, blême de rage, il leva la main.
- En ce moment même, un de vos Auror en compagnie de Dumbledore en personne sont en train d'interroger illégalement un jeune garçon innocent.
L'affirmation déstabilisa Amélia et elle fronça les sourcils.
- De quoi parlez vous ?
Avec un sourire carnassier, Lucius la fixa.
- Du fait que l'Auror Maugrey a arrêté et emmené le filleul de Sirius Black ici présent sans aucune raison valable, hormis le soumettre au véritasérum sous l'ordre de Dumbledore. Il s'agit de Harry Potter en personne.
Amélia laissa échapper une exclamation indignée, puis elle partit à toute vitesse, les deux hommes la suivant.
Devant la seule salle d'interrogatoire fermée, elle marqua un temps d'arrêt, puis elle croisa le regard inquiet de Sirius. Elle pinça les lèvres et ouvrit brutalement la porte.
En voyant Harry tendu, l'air perdu malgré son regard vague - signe incontestable qu'il avait été drogué au veritaserum - Sirius se tendit, horrifié. Il pensa brièvement à Charles, priant pour qu'il soit en sécurité.
Puis, son filleul se mit à pleurer, les larmes mouillant ses joues alors qu'il fixait ses yeux verts sur son parrain. Le coeur de Sirius se tordit alors qu'il prenait conscience que c'était la première fois qu'il voyait Harry pleurer.
Malgré toutes les épreuves qu'il avait traversé, l'adolescent n'avait jamais craqué de cette façon.
- Sirius ! Ils m'ont enlevé à l'école, j'ai pas eu le choix ! Et ils m'ont donné du veritaserum.
Cependant, le regard de Harry se fixa sur Lucius, comme si c'était le patriarche Malefoy son véritable sauveur.
L'animagus resta de marbre, bien que blessé. Il avait conscience qu'il avait mérité ce manque de confiance du fils de James.
Il ignora l'intervention d'Amélia pour rester concentré sur Harry, brûlant de se jeter sur lui pour l'enlacer.
Bones se pencha sur l'adolescent.
- Monsieur Potter ? Tout va bien ?
Sirius serra les poings, prêt à intervenir. Son filleul était toujours sous véritasérum et il comptait bien lui montrer qu'il était digne de confiance en l'empêchant de dévoiler ses secrets.
- Voldemort a été détruit la nuit où il a tué mes parents.
Sirius hoqueta à l'affirmation. Cependant, c'était probablement ce qui lui manquait pour être totalement en paix.
Il prit conscience qu'en aimant Charles autant que Harry, il ne trahissait pas ses amis. Bien au contraire.
Charles n'avait jamais été l'assassin de ses amis. Il était… autre chose.
Sirius entendit la directrice du département de la Justice magique rassurer Harry, mais ce dernier paniqua légèrement.
- Est-ce que mon frère va bien ? Est-ce que Charles est en danger lui aussi ?
Amélia le rassura, et Sirius ne bougea pas. Il nota le regard de Harry sur Lucius, comme s'il cherchait à se rassurer.
Enfin, il put enlacer l'adolescent, le serrant contre lui. Le gamin se crispa un instant, mais Sirius lui frotta le dos en lui murmurant que tout irait bien.
Déterminé à s'expliquer, à renouer les liens brisés, Sirius entraîna Harry à sa suite, avec douceur. Il échangea un signe de tête poli avec Lucius, et l'aristocrate ne fit pas le moindre commentaire, le laissant gérer la situation à sa guise.
Il était temps qu'il ait une longue conversation avec son filleul, qu'il s'excuse de son comportement, et qu'il redevienne le parrain protecteur. Aussi bien pour Harry que pour Charles.
Quoi qu'il arrive désormais, il voulait faire partie de l'avenir de ces deux garçons exceptionnels, qu'il aimait déjà plus que tout.
