Coucou tout le monde!
Yup, je devais poster mercredi. Yup, il était tout prêt, tout beau, tout terminé.
Sauf que ben j'étais dans le train et qu'hier c'était mon premier jour de taf et…
– Et t'as oublié.
… ouais. J'ai complètement oublié, c'est un truc de fou. J'm'en suis souvenu tout à l'heure en rentrant du taf en mode « ROH PUTAIN MAIS LA CON! »
– J'ai toujours dit que t'étais finie à la pisse de rat…
… c'est pas un scoop ça, Lulu.
Enfin bref! Donc OUI ÇA Y EST J'AI UN JOOOOOB AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH! Bon, ça fait que deux jours donc je veux pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué mais franchement, ça se passe super bien, je le sens vraiment bien ce truc!
– Pis ça va te changer les idées et t'arrêteras de chialer toutes les 6h…
Roooh non, ça va t'exagères…. Déjà, je chiale pas toutes les 6h.
– Ouais, t'as raison… toutes les 5h57 histoire d'être vraiiiiment précis.
… MAIS OH ÇA VA JE FAIS C'QUE J'PEUX
– Nan, tu chiales ta mère, tu m'saoules, tu te remets en question, tu doutes de tout et surtout TU ME PÈTES LES COUILLES LÀ OKAY
… mé.
– RIEN À BRANLER DE TES « MÉ » DE CHÈVRE PATHÉTIQUE À DEUX BALLES, JE VEUX QUE TU FERMES TA GUEULE ET ARRÊTE D'INONDER MES ENFERS AAAAAAAH
… woopsie?
Enfin assez de divagations comme ça! J'apprends bon gré mal gré à gérer la rupture et tous les sales trucs qui vont avec genre me triturer la cervelle H24 en me demandant si j'suis pas une pourriture et si j'serais un jour heureuse (mon cerveau aime bien me faire du mal, que voulez-vous) mais booooooon… J'suis increvable, héhé.
– Et à mon grand regret… j'confirme.
Mon pauvre Luluuu… tu peux pô m'buter, c'est moche.
– Souffre.
Bah, j'fais de mon mieux et bon… on va être honnête, j'avais réalisé plusieurs trucs à propos de ce couple et il fallait que j'ouvre les yeux, c'était pas comme ça que j'allais être heureuse. Aaah, j'dis pas que c'est pas un crève cœur de s'en rendre compte… mais j'me dis que c'était la meilleure des décisions à prendre.
MAIS VOUS EN AVEZ RIEN À BRANLER DES MES HISTOIRES DE COUPLE À DEUX BALLES (… c'est juste que j'ai pas grand-monde à qui en parler haha chuis seule okay), VOUS ÊTES LÀ POUR UN CHAPIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIITRE
Donc…
Ben chapitre.
Chapitre qui retourne du côté du passé de Kaede, un peu. Héhé.
BONNE LECTURE BANDE GENS GÉNIAUX QUE J'AIME
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UN IMMENSE MERCI À TOUS CEUX QUI ME LAISSENT DES REVIEWS, VOUS ENVOYEZ DU PÂTÉ OUZBÈKE DANS LES GENCIVES, JE VÉNÈRE VOTRE PUTAIN D'EXISTENCE
Merci à Rizalone, évidemment, IMMENSE MERCI À TOI, mon p'tit Jésus perso de la relecture que j'aimeuuuuuuuuh, et t'as eu quelques réponses finalement héhé… quelques. (promis, ça arrive aaaaah) et oui, la vie de Shyoga, c'est un peu un ramassis de pétés du slip, le pauvre tiens
Merci aussi à Taraimpératrice, présente depuis les débuts! (je t'aime bordel) héhéhé, l'est zarb hein, la voix qui cause à Kensei! vous finirez par tout savoir de ce côté-là aussi… (et oui, y'a des coups fourrés en approche)
Et merci à Triuss, toujours dans sa lecture de toute la fic depuis le début DAMN J'OSE TOUJOURS PAS RELIRE CES CHAPITRES j'espère que c'est pas trop naze quand même! en tout cas, merci à toi de d'être lancé dans la lecture de cette fic de demeurés beaucoup trop longue pour son propre bien
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Discalibur :c'te fic est un bordel complètement anarchique avec mes persos pas super-super futés au milieu et ceux de Bleach, de Tite Kubo, et le tout… ben le tout, c'est du gros n'importe quoi.
133. Encore, Kaede... essaie encore de me tuer...
Plus d'un siècle auparavant, au cœur du Seireitei, bâtiments de l'académie des Sciences spirituelles de Shin'Ô par une nuit chaude et claire. Nuit où Kaede Amaikoddoku disparu du Seireitei sans laisser de traces.
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La douleur dans la main gauche de Shyoga explosa comme une boule de feu au milieu de la plus profonde des obscurités. L'acier clair transperça la chair comme si de rien n'était, tranchant à travers les tendons, les muscles et les os. Ça, son corps le perçu, mais son esprit non. Tout ce que son esprit perçu, ce fut la douleur, immense, dévorante, brûlante, qui éclata brusquement dans sa main et se répandit aussitôt dans tout son avant-bras.
Il se faisait tard et à cette heure-ci, il n'aurait pas dû se trouver en dehors des dortoirs – oui, lui il était encore en dortoirs tandis que Kaede, précieuse pupille de Shin'Ô, avait sa chambre personnelle, Shyoga n'avait pas assez d'éclat pour attirer l'attention de leurs professeurs. En tout cas, il ne faisait rien pour.
Ne pas se faire remarquer, c'était presque une seconde nature chez lui. Même que ça lui allait très bien ainsi. Il aimait se tenir dans l'ombre, observer sans qu'on vienne l'emmerder, être au calme et en sécurité. Oh, il se sentait seul, un peu, de temps en temps – surtout depuis que Kaede s'était rapprochée de Shun malgré tous ses avertissements. Mais il avait Asatsuyu maintenant. Son sabre, son zanpakuto, un morceau de son âme qui jamais ne l'abandonnerait.
Il avait Asatsuyu et avec elle à ses côtés, il se sentait bien. Il se disait qu'enfin, à partir du moment où il avait entendu sa voix, étrange murmure tinté des échos de ce qui lui évoquait une myriade de grelots et le bruit de l'eau s'écoulant d'une cascade, le monde s'était mis à tourner rond. Il lui en avait fallu, du temps. Tant qu'elle était là, qu'Asatsuyu vivait en lui, il pourrait être heureux, avoir une belle vie.
Lui qui était né et avait grandi dans une maison peuplée de hurlements et de fantômes de petits garçons martyrisés et massacrés, cette simple idée d'avoir une vie heureuse lui avait toujours paru relever du domaine de l'impossible. De l'improbable, à la limite. Mais depuis qu'il avait ce sabre à ses côtés, il n'avait plus de doutes. Au jour de sa mort, il pourrait partir le sourire aux lèvres.
Et peut-être que celui-ci venait d'arriver, sans crier gare, se jetant sur lui à la lueur de cette demi-lune éclatante dans le ciel étoilé au dessus de Shin'Ô.
Un hurlement de douleur monta dans sa gorge mais y resta bloqué. Aucun son ne sortit de sa bouche grande ouverte sur ce cri muet. Dans son esprit, Asatsuyu elle, hurla.
Shyoga avait appris très jeune à ne jamais hurler, surtout pas quand sa mère, cette mère folle et dangereuse qui ne l'aimait pas, se trouvait dans les parages. D'ailleurs, il avait réussi à ne jamais crier devant elle. Pleurer oui, sangloter aussi. Mais à force, même ça, il avait appris à le faire silencieusement. Moins il rappelait son existence à sa mère, moins celle-ci se rappellerait qu'elle ne l'aimait pas et qu'elle ferait mieux de le tuer – ou de jouer avec lui avant de le tuer. Le seul qui avait jamais réussi à faire sortir un cri de sa gorge, c'était son frère aîné, le si beau et si incroyable Shun que sa mère aimait tant.
La lame transperça sa paume de part en part et sa pointe se ficha avec un bruit sec dans le mur de crépis clair contre lequel le choc l'envoya s'écraser.
Qui que soit son ennemi, Shyoga n'avait rien vu venir. Tout ce qu'il avait perçu, c'était une vague sensation de flou à sa gauche. À peine avait-il eu le temps de remarquer ce qui devait être le signe d'un shunpo que la douleur avait explosé. Quelqu'un l'attaquait, en pleine nuit, au beau milieu de Shin'Ô et il n'avait aucune idée de qui ou pourquoi.
Le premier choc de la douleur commençant déjà à s'estomper, ses réflexes de futur shinigami reprirent le dessus. Qui que soit son attaquant, celui-ci semblait déterminé. Rien dans son attaque n'évoquait le moindre doute. De sa main droite – Kami-sama soit loué, il maniait son sabre de la main droite plus que de la main gauche – il se saisit de la garde d'Asatsuyu.
Comme tout zanpakuto, Asatsuyu revêtait l'apparence d'un katana, long et effilé. De ce qu'il avait pu en voir en comparant avec le reste de sa promotion, l'acier de sa lame était particulièrement clair mais c'était tout. Asatsuyu était un sabre. Or manier un sabre à une main restait du domaine du difficile. Oh, il en était capable mais il avait toujours été relativement médiocre au maniement du sabre. À deux mains, il était déjà loin d'être excellent mais alors à une seule main, l'autre étant clouée au mur derrière lui… Il pouvait tirer un trait dessus.
Sa seule chance – si tant est qu'il en avait une – tenait à la libération de son sabre. Oh, Asatsuyu n'avait rien d'exceptionnel une fois libérée, ça n'était ni une arme particulièrement impressionnante ou un zanpakuto à sortilèges, non, c'était une libération de zanpakuto des plus classiques elle changeait tout simplement de forme. Au lieu de garder une forme de katana, elle rétrécissait et prenait l'apparence d'un couteau à la lame droite parfaitement aiguisée des deux côtés et à peu près longue comme son avant-bras, rien de plus.
Elle avait une simple spécificité un peu étrange, c'était que la lame en question bien que conservant les propriétés et caractéristiques de l'acier, changeait d'apparence : Asatsuyu libérée semblait avoir une lame en verre. Lorsqu'elle avait vu ça, Kaede en avait hurlé de rire – apparemment, elle avait trouvé ça parfaitement hilarant. Shyoga, lui, avait lâché un de ses rares sourires. Il savait pourquoi son arme était petite et ressemblait à du verre. C'était bien avec des éclats de verre qu'il avait tailladé encore et encore l'avant-bras de Shun, non ?
En tout cas, manipuler un coutelas à une main allait être bien plus simple que manier un katana à une seule main.
– Mutile, Asat-
Mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase que quelque chose le heurta de plein fouet. Enfin, heurta de plein fouet son esprit, comme un genre d'uppercut spirituel. Le choc fut vif et brusque, la douleur perçante et violente et elle frappa tout son être. Sous le coup de la douleur, il manqua de s'étouffer tandis que dans son monde intérieur, Asatsuyu s'écroulait à moitié.
– Sortilège…! parvint-elle tout de même à prononcer.
Quelqu'un l'attaquait, quelqu'un venait de lui transpercer la paume, quelqu'un venait de placer une main sur sa bouche et le plaquait contre le mur derrière eux, quelqu'un venait de le neutraliser en moins de quelques secondes… Il tenta de se débattre mais la prise contre lui se raffermit. L'attaquant était juste sur lui. Et avait de grandes prunelles brunes couleur de chocolat.
– Shyoga la ferme, c'est moi. siffla Kaede dans le calme de la nuit.
Les yeux bleus du jeune homme clignèrent quelques instants et sarcastiquement, malgré la douleur, le choc et la peur, il ne put s'empêcher de songer « C'est moi? non sans blague, j'connais pas suffisamment ta tronche pour la différencier de celle du pape ».
Mais voyant les larmes qui dévalaient les joues de la jeune femme, il se retint. De toutes façons, elle avait toujours une main sur sa bouche. Et son sabre le clouait au mur.
Kaede pleurait. Kaede pleurait. Kaede ne pleurait jamais.
Enfin si, probablement, elle avait beau être un monstre de kido et incroyablement douée en un paquet de trucs, au fond elle n'était qu'humaine. Ça lui arrivait probablement de pleurer, comme tout un chacun. D'ailleurs, Shyoga la soupçonnait de se cacher pour pleurer. Avec sa fierté plus grosse que la Soul Society, il la voyait mal accepter de laisser qui que ce soit voir ses larmes. Peut-être sa Sûuko… Et encore, pas sûr.
Voir Kaede ainsi, une douleur sans fin brûlant au fond des yeux et ses larmes dévalant ses joues comme s'il était impossible de les tarir un jour, c'était quelque chose d'impensable. Quelque chose qui n'aurait jamais dû pouvoir exister.
Plaqué contre le mur, toujours bâillonné par sa paume, Shyoga pouvait sentir son reiatsu qu'elle semblait pourtant contenir de toutes ses forces s'affoler en tous sens autour d'elle. Elle parvenait à le comprimer incroyablement bien mais aussi proche d'elle qu'il se trouvait, il ne pouvait y avoir aucun doute sur ce qu'elle ressentait : son reiatsu se tordait, s'agitait, grondait comme une bête blessée à l'agonie.
– Shyoga… souffla-t-elle à mi-voix à travers ses sanglots, refusant de le lâcher du regard.
Sa voix était rauque, grondante, teintée d'une haine et d'une douleur de mauvais augure. Et là… Il comprit.
C'était sa faute. Sa faute à lui.
Elle le haïssait.
Elle allait le tuer.
On était au beau milieu de la nuit et aujourd'hui, il n'avait pas vraiment fait attention à la date. Il aurait dû. C'était cette nuit que la réunion – si on pouvait appeler ça une réunion – dont il avait appris l'existence d'une manière pas du tout officielle, en laissant traîner ses oreilles et en glanant des informations de-ci de-là comme il en avait si bien l'habitude, devait se dérouler. Il aurait dû s'en souvenir. Il aurait dû s'en souvenir, se rappeler de la date puisque lorsqu'il avait compris ce qui allait être discuté à cette fameuse réunion, il avait eu un très mauvais pressentiment. Et il avait eu le sentiment que Kaede, plus que quiconque, devait parvenir à entendre ce qui allait s'y dire.
C'était lui qui lui avait dit ce qui allait se passer cette nuit. C'était lui qui l'avait poussé à y aller alors qu'elle l'avait envoyé bouler quand il était venu toquer à sa porte puis qu'il était venu l'accoster à un des rares cours auxquels elle allait encore après « l'accident Shôrengu »… Il avait insisté, n'avait pas lâché malgré les regards mauvais et les portes claquées au nez.
Si à cet instant elle le regardait comme ça, c'était parce qu'il avait insisté encore et encore, c'était parce qu'elle y était allée… Et qu'elle en revenait tout juste. Kaede était blessée. En colère. Furieuse. Et tout ça, c'était sa faute, sa faute à lui, songea Shyoga.
Tout ce qu'il voyait dans ses yeux, ça ne pouvait être que dirigé contre lui. Il ne savait pas ce qu'elle avait entendu lorsqu'elle était allée là où il l'avait enjointe d'aller ce soir, il ignorait ce qui s'était dit à cette réunion qu'il l'avait poussée à aller espionner mais ce qu'il savait, ce dont il était certain, c'était que l'élément déclencheur de tout ça, c'était lui. Kaede était blessée, à cause de lui, et elle allait le lui faire payer. C'était lui, la cause de sa douleur.
– Elle est venue pour me… souffla-t-il mentalement juste avant que la peur ne s'empare de lui.
Peur de mourir, peur de souffrir, aucune idée. Peur de la proie face au prédateur, peur du faible face au fort, sans aucun doute.
Shyoga avait… un rapport étrange à la peur. Enfin, un rapport tordu plutôt.
Il avait un rapport étrange avec la totalité des émotions qu'un être humain pouvait ressentir puisque lui-même n'en ressentait que très peu et relativement rarement. La seule chose qu'il pouvait lui arriver de ressentir pleinement, de tout son être et presque avec la même intensité que l'immense majorité des individus, c'était la peur.
Oh, pas la peur de l'échec, ou la peur du noir, ou la peur du jugement des autres, non, non, la peur la plus pure, la plus puissante et bestiale qui soit, la peur instinctive, terrifiante et dévorante, qui tient plus de la sensation que de l'émotion, qui engloutit tout l'être d'un coup de crocs acérés prêts à déchiqueter l'âme, à détruire l'esprit et à rendre fou.
Shyoga avait grandi dans la peur de sa mère et la peur de son frère parce qu'il avait toujours très bien su de quoi ils étaient capable l'un comme l'autre. Ils avaient été les seuls individus qu'il avait pu vraiment côtoyer. Les jouets de sa mère, c'était autre chose. Ils ne parlaient pas, ils hurlaient. Ils ne vivaient pas, ils agonisaient. Et puis ils ne s'habituaient jamais à la douleur et à la peur alors que lui… Être terrifié par sa mère avait fini par ne plus vraiment lui faire ni chaud ni froid. C'était juste comme ça que le monde allait, il haïssait sa mère qui le terrifiait.
Il la haïssait parce qu'il savait qu'elle le tuerait si elle en avait l'occasion – autrement dit, si Shun n'était pas là pour le voir. Pour sa mère, c'était de la crainte alors que ce qu'il ressentait vis-à-vis de son si cher frère… Eh bien là, c'était de la peur. Rien à voir avec le fait de savoir de quoi il était capable, non, juste une peur primale, une peur instinctive. Pas une peur mais la peur. Sans aucune réflexion, sans aucune pensée, sans aucune anticipation. Juste une sensation et rien d'autre.
C'était à cette peur là qu'il avait un rapport tordu. C'était une émotion pure, sans barrière, sans limite, qui envahissait son être tout entier et qui lui faisait ressentir quelque chose, comme une décharge de foudre mêlée d'adrénaline se déversant violemment d'un seul coup dans toutes ses veines, l'y noyant sans merci, sans pitié, lui qui ressentait si peu de choses.
C'était puissant, plus puissant que tout ce que sa vie pourrait jamais lui offrir. Alors cette sensation là, forcément…
Oh, il ne cherchait pas le danger pour se sentir en vie et ressentir cette fameuse peur si primale. Non, il n'était pas ce genre de personne. Et il avait décidé qu'il vivrait vieux. De plus, il n'aimait pas le danger. Craindre pour sa vie lui rappelait de mauvais souvenirs et c'était quelque chose qu'il détestait. Craindre pour sa vie, avoir peur d'être blessé, craindre la douleur… Tout ça, il avait donné. Jamais plus. Et il était hors de question qu'il se mette sciemment à rechercher ce genre de situations.
En fait, il ne cherchait pas particulièrement non plus cette peur primale qui lui faisait un tel effet. Mais lorsqu'il lui arrivait de la ressentir… Lorsqu'il tombait sur quelqu'un capable de provoquer en lui quelque chose d'aussi fort et puissant, d'aussi pur et dévorant, il ne pouvait s'empêcher d'aimer cette personne. Quelque chose en lui hurlait de bonheur, ce bonheur si simple et pourtant si enivrant de ressentir une émotion et il lui devenait alors presque impossible de se détacher de cette personne.
Il y avait une raison pour laquelle il n'avait jamais tué Shun, outre la peur de ce que sa mère lui ferait s'il tuait son fils chéri. Oh, il aurait pu, avec cet éclat de verre. Il aurait pu ôter la vie de ce frère qui s'obstinait à dormir en le serrant dans ses bras. Il aurait fallu qu'il enfonce l'éclat de verre plus profondément dans les chairs tendres du poignet de son aîné mais il aurait pu le tuer, s'il l'avait voulu. Au plus profond de son être, il ne l'avait jamais voulu… pas vraiment, en tout cas. Parce qu'il ne voulait pas perdre cette unique possibilité qu'il avait de ressentir une émotion, une vraie émotion comme toutes ces personnes autour de lui semblaient être capable d'en ressentir.
Ça avait été complètement inconscient alors, trop petit et trop gamin pour réaliser tout ça mais aujourd'hui, il n'était plus cet enfant solitaire, isolé dans une maison remplie de dents de lait. Depuis cette époque, il avait bien grandi. Il était devenu un jeune homme et à Shin'Ô, il avait enfin pu fréquenter d'autres de ses semblables, des gens que l'on appelait « normaux » et pas de foutus monstres comme ceux qu'il avait toujours connus. Alors oui, il savait pourquoi il n'avait pas tué son frère… Et pourquoi il s'était autant attaché à Kaede.
Il aimait ceux qui lui faisaient peur, tout simplement. La peur engendrait l'émotion et l'émotion engendrait l'amour. Pour sa mère, la haine dominait cette peur et il ne ressentait aucune forme d'amour à son égard. Mais pour les autres… Oui. Oui, faites moi peur, faites moi vivre.
Elle aussi, elle pouvait le faire se sentir en vie. Oh, elle n'avait rien d'un monstre comme Shun pouvait l'être. Shun était une abomination à visage humain. Kaede elle, c'était différent. Elle était… Toute puissante. Une brute, un feu de forêt, une astéroïde éclatante déchirant le ciel étoilé. Elle rayonnait plus fort que quiconque, rugissait sa puissance et dévorait le monde à pleines dents. Si Shun était un monstre, Kaede était un fléau, une catastrophe naturelle. Et elle le faisait se sentir humain, comme si lui aussi, il n'était pas un genre de monstre. Comme si lui aussi, il avait le droit au bonheur.
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Kaede allait le tuer.
En cet instant, en ce lieu désert, au milieu de la nuit, elle allait le tuer. Sa vie allait s'arrêter là.
Alors sa peur, la peur, explosa en lui.
Son être entier s'embrasa, chacune de ses veines prit feu, son cœur hurla plus fort que tout et son esprit bascula complètement. Sa vision se noya d'étoiles éclatant en tous sens, toute idée disparu, toute pensée s'évanouit, son identité s'évapora, balayé par cette peur d'une mort imminente, des mains de la seule personne qui ai jamais eu une vraie valeur dans sa vie.
L'univers autour de lui se fragmenta, s'écroula de toutes part, le plongeant dans un bref néant. Puis il reprit vie en lui-même, au plus profond de son être et la sensation se propagea à travers tout son corps avec la puissance d'un raz-de-marée de vie pure. Ses poumons se vidèrent d'un seul coup, ses jambes le lâchèrent. Il exista.
Puis il s'évanouit, balayé d'une extase existentielle.
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Lorsqu'il reprit conscience, il était allongé par terre, au même endroit où ses jambes l'avaient lâché et Kaede était toujours là. Les yeux bleus du jeune homme papillonnèrent quelques instants et un frisson de plaisir le traversa à nouveau lorsque son esprit reprit ses droits et qu'il se remémora pourquoi il avait ainsi perdu connaissance. Il aurait voulu que cette sensation dure éternellement… Mais il se dit qu'à ressentir une telle peur plus de quelques secondes, son cœur ne tiendrait pas le coup. Et puis, peut-être que la beauté et la force de cette sensation tenait également dans le fait qu'elle ne durait jamais.
Puis il acheva de complètement reprendre conscience et pu localiser Kaede, à ses côtés immédiats. Elle se tenait juste à sa gauche et s'était assise à même le sol. Son reiatsu vibrait toujours de la même douleur agonisante. Elle ne l'avait pas tué.
Il leva lentement une main pataude vers elle et attrapa maladroitement un pan de son hakama. Encore, aurait-il voulu dire, Kaede, essaye encore de me tuer… S'il-te-plaît, je veux… Vivre ça… A nouveau…
– Ah… T-t'es réveillé.
Sa voix était entrecoupée de sanglots et sa douleur, plus que palpable. Elle ne lui jeta pas un regard. Elle avait l'air… concentrée sur autre chose. Shyoga, toujours un peu groggy, ouvrit grand la bouche et inspira une immense bouffée d'air qui vint gonfler ses poumons. Au dessus d'eux, la demi-lune continuait de briller. Il ne comprenait pas.
– K-Kaede… parvint-il à balbutier après quelques secondes. Que… Qu'est-ce que… Tu…
Qu'est-ce que tu me veux ? Qu'est-ce que tu fais ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce qui se passe putain ?
– C-cinq minutes. J-juste… cinq minutes.
Il haussa un sourcil, pas certain de l'avoir bien entendue. Elle tira sur quelques chose au niveau de son avant-bras à lui qu'il ne parvint pas à identifier et qui lui arracha une grimace douloureuse – toute la zone restait un amas de douleur – puis reprit la parole, toujours hachée de sanglots et traversée de souffrance.
– Juste laisse moi… cinq m-minutes. Il faut que j'm'occupe… de t-ta main.
– La main qu'elle vient de te transpercer, non?! siffla Asatsuyu avec colère.
– Du calme, du calme… C'est Kaede.
Et c'était aussi simple que ça. C'était Kaede. Il n'y avait rien d'autre à dire. C'était Kaede. Kaede, Kaede, Kaede. Et ce simple constat suffisait à tout le reste. Kaede suffisait à tout, Kaede suffisait à sa vie. Il ne demandait rien de plus. Même si elle s'éloignait de lui, au fond, tant qu'elle était là, qu'il pourrait la côtoyer, ça lui allait. C'était bien assez.
– Cinq minutes. Après…
Elle hoqueta.
– Après, j'ai… j'ai des choses à te dire.
Il aurait voulu relever sa tête pour pouvoir la regarder dans les yeux mais il se dit que c'était un coup à ce qu'elle l'assomme. Elle pleurait. Alors que quelqu'un la dévisage alors que des larmes dévalaient ses joues et ravageaient son visage fatigué non, elle ne le tolérerait pas. Néanmoins, il voulait quand même pouvoir la voir. Pas vraiment parce que la voir lui importait mais parce qu'elle allait mal et qu'il ne comprenait pas pourquoi. En fait, la situation lui échappait complètement et il avait besoin de comprendre. Il ne pourrait pas l'aider s'il ne comprenait rien à ce qui se passait.
Alors au lieu de redresser sa tête, il se contenta de la faire basculer sur le côté. Et il l'observa, il observa ses mains. Elle avait les mains tâchées de sang. Mais c'était du sang chaud, collant, pas encore coagulant alors il comprit qu'il ne s'agissait pas de celui de Kaede mais bien du sien, s'échappant en filets épais du trou au creux de sa main. Ce n'était pas qu'elle lui tenait sa main blessée, non.
– On dirait qu'elle… te soigne, non ?
Il fronça presque imperceptiblement un sourcil. Kaede était bel et bien en train de le soigner. Mais pas d'un sortilège de kido qui, la connaissant, aurait réglé tout le problème en moins d'une minute. Non, elle avait entre les mains un fil et une aiguille. Elle était en train de recoudre sa plaie béante.
– Kaede…
La mâchoire de la jeune femme se crispa.
– Pourquoi… pas le kido ?
Elle renifla bruyamment puis essuya quelques larmes d'un geste rageur du dos de la main, étalant une trace de sang frais sur sa joue.
– Parce que !
Shyoga inspira lentement, sans la quitter du regard. Cette femme, cette personne sous ses yeux, il l'aimait. Non, il n'était pas amoureux d'elle. Il n'avait ni envie de l'embrasser ni envie de la tenir dans ses bras – de toutes façons, le contact humain, c'était pas son truc. Il l'aimait parce qu'elle existait. Il n'attendait strictement rien d'elle, sinon qu'elle continue à exister, qu'il puisse lui, continuer à se sentir en vie.
Les cinq minutes passèrent et elle acheva de recoudre sa main comme elle le pouvait – et c'était peu dire qu'elle était bien plus douée en kido médical qu'en médecine traditionnelle, elle faisait ça avec la délicatesse d'un rhinocéros et il était assez évident qu'il s'agissait pour elle d'une grande première. Pâteusement, ramenant cette main douloureuse et rafistolée contre son torse, Shyoga se redressa difficilement en position assise. Elle pointa un doigt vers lui, presque menaçante.
– Je t'interdis d'aller à la quatrième pour ça. fit-elle.
Ses larmes semblaient commencer à se calmer et elle parlait désormais avec moins de sanglots dans la voix. Son reiatsu par contre continuait à trembler violemment.
– Tu m'entends ? Pas de kidô, okay ? Aucune énergie spirituelle ne doit se mêler à cette plaie.
Il plissa quelque peu des yeux.
– Shyoga ! Il faut que…
– Je pourrais perdre l'usage de quelques doigts, tu le sais ?
Elle se mordit la lèvre. Puis hocha lentement de la tête, l'air mortifère.
– C'est pour ça que j'ai visé la main gauche.
– Génial… Salope. siffla Asatsuyu, furieuse que quelqu'un ai blessé son shinigami.
Un court silence passa. Puis :
– Shyoga… est-ce que tu me fais confiance ?
Il hocha nonchalamment les épaules.
– Franchement, répondit-il, est-ce que t'as vraiment besoin de me le demander ?
Kaede déglutit, mal à l'aise.
– Évidemment que je te fais confiance. Toujours… Et jusqu'au jour de ma mort.
Un sourire de pur soulagement illumina brièvement son visage puis disparut aussi vite qu'il était apparu.
– Shyo…
– Je t'aime, mon pote.
Le sourire revint sur son visage ravagé de douleur et cette fois, resta un peu plus longtemps.
– J't'aime aussi, mon pote. souffla-t-elle. Il faut juste… Que tu me jure que tu n'iras pas faire soigner ta main par des shinigamis. Aucune énergie spirituelle ne doit interférer avec. Tu dois me le jurer.
Il plongea son regard bleu dans ses prunelles couleur noisette.
– Shyoga… Jure-le moi. Jure-le sur ce que tu as de plus précieux en ce monde.
Elle inspira brièvement.
– Jure-le sur ma tête.
Un doux sourire passa rapidement dans les yeux bleus du jeune homme.
– Je te le jure Kaede. Je te le jure sur ta tête, pas une once d'énergie spirituelle n'interférera avec cette blessure.
Visiblement émue, elle hocha la tête sans un mot. Maladroitement, elle vint poser la main sur l'épaule de son ami et la serra doucement. Après quelques instants où sa gorge fut trop serrée pour qu'elle puisse dire quoi que ce soit, elle parvint finalement à murmurer un doux :
– Merci.
Elle renifla bruyamment.
– Merci pour tout mon pote.
Doucement, il posa son front contre le sien.
– T'inquiètes.
Ils restèrent quelques instants comme ça, les yeux clos, tête contre tête avec seulement les étoiles comme compagnes. Puis, après un moment qui parut durer une éternité, leurs fronts se séparèrent.
– Maintenant Kaede… reprit Shyoga de sa voix toujours aussi calme et imperturbable, dis moi tout.
La jeune femme inspira un grand coup, chassant une dernière fois les larmes de ses joues.
– Okay.
Et elle lui dit tout.
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Seireitei, bien des décennies après cette nuit éclairée d'une demi-lune pâle. Izuru Kira, vice-capitaine de la 3ème division du Gotei.
Alors à la base, moi, j'étais juste en train de passer une des journées de travail les plus normales et lambda qui soient, à base de boulot pépère à la division, de gestion des dossiers en cours à la capitainerie et de préparation de thé à la rose pour le capitaine Ôtoribashi – c'est pas mauvais son truc d'ailleurs, un peu étrange mais pas mauvais.
D'ailleurs là, j'étais juste en chemin pour la neuvième division histoire de leur transmettre une bonne grosse pile de dossiers qu'on aurait dû leur remettre la semaine dernière – … oups ? les joies de l'administration, tout ça, tout ça. Bon ça n'a absolument rien d'urgent même si le gars à qui je vais les remettre risque de faire un peu la tronche à cause du retard mais eh, c'était l'occasion de me dégourdir un peu les jambes.
Je viens de passer cinq heures à un bureau à m'arracher les cheveux sur un paquet de stupidités administratives qui font perdre du temps plus qu'autre chose au lieu de m'occuper des choses vraiment importantes pour la division et le Gotei en général et franchement, j'aurais pu y passer encore quelques heures si le capitaine n'était pas venu me piquer les-dits dossiers des mains.
Il m'a souri tranquillement, m'a dit qu'il s'occupait de la suite, que j'avais fait un excellent travail et que si je pouvais aller déposer ces quelques documents à la 9ème, je serai adorable. Puis il a à nouveau souri et a fait remarquer qu'il faisait vraiment beau dehors et que ça serait dommage de ne pas en profiter. Traduction, arrête de t'épuiser là-dessus sinon c'est moi qui vais te mettre manu-militari dehors, je m'en occupe, fais une pause et va te dégourdir les jambes sous ce grand ciel bleu et son soleil éclatant.
Je l'aime bien, le capitaine. Ça fait un peu bizarre parce que sa manière de gérer la capitainerie n'a pas grand-chose à voir avec la gestion qu'en avait le capitaine Ichimaru, dont la conception du boulot de capitaine c'était plutôt grignoter des friandises, foutre des trouilles cosmiques à ceux qui lui cassaient les pieds, déléguer un paquet de trucs et s'amuser à faire des blagues de plus ou moins bon goût à ses subordonnés, toujours avec son étrange sourire aux lèvres.
Ensuite, c'est moi qui ai dû tout gérer, et seul. Alors avoir à nouveau un capitaine ouais, ça fait bizarre et avoir un capitaine très différent de l'ancien, ça aussi, ça fait très bizarre. Mais on s'y fait. Surtout que le capitaine Ôtoribashi est quelqu'un de doux et prévenant, ça fait du bien. Oh, le capitaine Ichimaru l'était aussi… Mais à sa manière. C'était quelqu'un d'étrange.
Un jour, je me rappelle, il avait décidé de faire la sieste directement sur mon bureau, sa tête posée sur un de mes dossiers. Quand il avait fini par se réveiller, il avait décidé d'y rester malgré tout le boulot que j'avais à abattre et il avait passé le reste de la journée à papoter de tout et de rien. Il faisait son boulot et il le faisait bien et le respect que j'avais pour lui existe toujours mais il faut reconnaître qu'il était… déstabilisant. Il aimait bien jouer avec les gens et c'était toujours difficile de savoir ce qu'il pensait vraiment. Au final, aucun de nous n'a su lire en lui.
Je dois reconnaître qu'il me manque toujours et que le deuil n'a pas toujours été facile… Mais il y a le capitaine Ôtoribashi pour nous épauler, nous soutenir, nous diriger, désormais. Sa présence nous fait à tous beaucoup de bien. Et moi le premier. Je me rappelle quand on nous a annoncé que les Vizards allaient devenir nos nouveaux capitaines, ça avait fait pas mal de ramdam. Et je n'étais pas prêt à accepter qui que ce soit dans le haori du capitaine Ichimaru. Ça n'a pas été tous les jours facile mais la transition s'est faite, tranquillement et avec le sourire tranquille de Rôjuro Ôtoribashi au coin des lèvres.
Au final, la troisième division s'en est plutôt bien tirée avec cette histoire de nouveaux capitaines. Le capitaine Shinji Hirako, qui est revenu à la cinquième division, a l'air d'être quelqu'un de bien mais il a l'air sacrément fantasque et assez barré. C'est quand même assez courant d'entendre un jazz endiablé à un volume poussé suffisamment fort pour faire trembler les vitres de leur capitainerie quand on passe à côté. Enfin, au moins ils ont l'air de bien se marrer.
À la neuvième… Mouais, c'est un autre délire. C'est pas ambiance club de jazz, glande et bordel organisé chez eux, ni thé à la rose et rock mélancolique comme chez nous, non, j'dirais plutôt que ça frise l'ambiance baraquement militaire. Ce qui, au fond, est plus logique que le fonctionnement de la 3ème et de la 5ème vu que faudrait pas oublier qu'à la base, nous sommes censés être les armées de la cour. M'enfin, j'préfère clairement l'ambiance du capitaine Rose à celle du capitaine Muguruma, même si ça veux dire que de temps en temps mon capitaine vient se poser dans mon bureau avec sa guitare parce que je « l'inspire » pour ses créations musicales.
Pour être tout à fait honnête, c'est aussi pour passer voir Hisagi que j'ai accepté de prendre cette pause et d'aller porter ces documents à la 9ème. Bon, c'est pas comme si j'avais vraiment eu le choix, je pense que si j'avais persisté à m'acharner sur les dossiers ouverts sur mon bureau, Ôtoribashi taicho m'aurait fort probablement tout de même poussé dehors. Pas avec un coup de pied au cul, c'est pas son genre mais ma pause, il allait me la faire prendre.
Je sais qu'Hisagi est rentré il y a peu et la deuxième fois que je l'ai vu, il avait l'air épuisé. Et à bouts de nerfs aussi. Donc c'est l'occasion d'aller voir un peu comment il se porte. Parce que soyons honnêtes, plus le temps passe plus je me fais du soucis pour lui. Oh, il va bien… pour l'instant. J'ai surtout l'impression qu'il tient le coup mais qu'un jour il va complètement craquer et péter un câble.
Voir un ami dont l'état se détériore lentement mais sûrement sans savoir quoi faire, c'est dur. Et pour Hisagi senpai, c'est la sensation que j'ai. Je suppose que si on lui demandait clairement, il répondrait que mais non, tout va bien, qu'est-ce que tu racontes, c'est juste un peu de fatigue, ça va passer voyons. D'ailleurs, c'est ce qu'il m'a répondu à deux-trois nuances près à chaque fois que je lui ai demandé clairement comment il allait. Et à chaque fois et de plus en plus, ce regard fuyant. Il va bien… Mais au fond quelque chose ne va pas. Comme un genre d'usure.
Je pensais que la nouvelle présence d'un capitaine à ses côtés l'aiderait, lui ferait du bien. Sûr, le capitaine Muguruma n'est pas la personne aimante et attentionnée comme peut l'être mon propre capitaine mais tout de même. Je pensais que ça lui ferait quelqu'un sur qui s'appuyer. Mais j'ai comme qui dirait la vague impression que depuis la trahison de nos anciens capitaines, il se refuse nettement à s'appuyer sur qui que ce soit à nouveau. Il a beau sourire et être présent pour ses hommes et ses amis au fond, il y a une aura de solitude douloureuse qui émane de lui. Et ça m'inquiète.
Je sais que lui et le capitaine Muguruma sont rentrés de leur drôle d'expédition aux confins des districts nord vu que j'ai quelques collègues de promotion qui bossent à la neuvième – et que je sais aussi laisser traîner mes oreilles. Franchement, c'est assez impressionnant le volume d'information, de rumeurs et de ragots qui parviennent au vice-capitaine d'une division, même sans particulièrement le rechercher.
Alors oui, je sais que lui et le capitaine Muguruma sont de retour, et j'ai cru comprendre qu'ils avaient débarqué à la quatrième au beau milieu de la nuit, celle où il y a eu un orage démentiel qui a tonné des heures durant au dessus du Seireitei – c'était un sacré orage, ça c'est certain. Après, j'ai aussi entendu un paquet de trucs étranges, comme quoi ils se seraient fait attaquer, Muguruma taicho a été empoisonné ou quelque chose dans ces eaux-là et ils ont ramené quelqu'un avec eux ? Enfin, c'est le bordel tout ça et passer à la neuvième aura également l'avantage d'éclairer tout ça, même si j'y vais surtout pour Hisagi.
Enfin, disons que j'y allais. Parce que là, je viens de tomber sur quelque chose d'inattendu. Je me dirigeais tranquillement vers leur capitainerie tandis que Wabisuke déblatérait son habituel volume de vulgarités sans queue ni tête et que ma conscience répliquait de sa voix haut perchée tout en s'extasiant sur les arbres en fleur que je pouvais croiser, l'esprit plutôt tranquille. Puis là…
– Pis là paf, la femme de ta vie apparaît ! s'exclama Wabisuke, visiblement tout content.
… Toi, je vais vraiment t'en coller une la prochaine fois que je fais un tour dans mon monde intérieur.
– Haha ! Jubile ma conscience. Et toc, sale gueux !
Toi aussi, tu la feeeeermes…
– ET BIM DANS TON CUL LA PRUDE !
… J'en ai marre. Seigneur, aidez moi. On se calme vous deux, c'est clairement pas le moment.
– Ouais j'avoue, y'a la femme de ta…
Wabisuke, si tu finis cette phrase, je te jure que ça va mal se passer pour toi.
– … Mé. couine mon zanpakuto, clairement vexé tandis que ma conscience ricane de joie.
Ce n'est pas la femme de ma vie. Primo parce que moi, ça serait plutôt « l'homme » de ma vie hein qui m'intéresserait…
– Hmmm, hmmm, acquiesce Wabisuke en hochant vivement de la tête. Amitié virile, tout ça, tout ça.
… évidemment. Et deuxio, j'vais quand même vous rappeler qu'elle a quelque chose comme un tiers de mon âge.
– … Détaaaaaaaail.
– De toutes façons pour mon Izuru, il lui faut une jeune fille douce et délicate.
… Je suis pas aidé, je vous jure.
Enfin bref, tout ça pour dire qu'en passant par un petit raccourci peu utilisé pour me diriger vers la neuvième, j'ai perçu un faible éclat de reiatsu, émanant clairement d'une personne blessée. Évidemment, je me suis aussitôt dirigé vers cette personne et quelle ne fut pas ma surprise en reconnaissant la chevelure écarlate de la gamine surexcitée du marché du 70ème district qui balance melons et kiwis pas mûrs à la gueule des gens en hurlant cent cinquante insultes à la seconde et qui se balade à dos de tigre, évanouie par terre dans un recoin perdu d'une ruelle discrète du Seireitei, couverte de bleus, l'arrière des genoux sanguinolents et comme tailladé en une dizaine d'endroits à la fois, la main gauche maintenue en place par une attelle, vêtue d'un simple pantalon blanc – bien plus propre que l'espèce de haillon qu'elle portait la dernière fois que je l'ai vue – et le torse quasiment entièrement recouvert de bandages et pansements.
Ça doit faire cinq bonnes minutes que j'essaye de la ramener à elle mais si je commence à repérer des signes qu'elle reprend peu à peu connaissance, elle n'a toujours pas rouvert les yeux et j'avoue que je commence franchement à m'inquiéter. Je fais de mon mieux niveau kidô mais…
– Beni…? je continue à l'appeler.
Toujours rien. Uuuh, si ça continue, va falloir que je la prenne dans mes bras et l'amène moi-même à la quatrième. Je préférerai autant éviter d'avoir à la déplacer dans son état mais si elle ne reprend pas conscience… Je n'ai aucune idée de comment elle a pu terminer dans cet état mais ça m'inquiète franchement. Et je me demande aussi ce qu'elle fait au Seireitei. La dernière fois que je l'ai croisée, c'était dans le 70ème district nord et autant dire qu'il est très rare que des gens de ces districts là viennent jusqu'au cœur de la Soul Society. Pis ça fait une sacrée trotte. À tous les coups, elle a dû venir à dos de tigre… Et il a dû lui arriver quelque chose en chemin parce que pour qu'elle finisse dans cet état-là… surtout que cette gamine est plutôt balaise.
– Tu t'inquiètes… ?
Évidemment que je m'inquiète Wabisuke ! Je me demande qui a bien pu mettre cette adolescente dans cet état…
– Elle est balaise, va.
Eh bien, elle est visiblement tombée sur plus fort qu'elle !
Dans mon monde intérieur, deux majestueuses falaises se faisant face au dessus d'une des mers les plus belles qui soient, Wabisuke soupire.
– Nan, c'pas ça que je voulais dire mon vieux. C'que j'veux dire, c'est plutôt… Elle est balaise, c'te nana. Elle va s'en remettre.
À sa façon, il essaie de me rassurer.
– Eh. C'est que j't'aime mon p'tit Izuru. Même si t'as des goûts de chiottes en termes de nana.
… Ben tiens. Enfin, merci.
– Et moi, et moi ! Tu me remercies aussi ?!
– Mais t'as rien fait, connasse !
– Hiii Izuru, il est méchant avec moiiii !
Mais à mes pieds, Benikyogai hoquette soudainement, ses yeux semblant se révulser sous ses paupières closes.
– Beni… ? Oh Benikyogai… Tu m'entends? je fais doucement en remettant quelques petites claques sur ses joues qui ont repris un peu de couleur mais qui sont encore un peu trop pâles.
Elle inspire un grand coup puis ses yeux papillonnent un bref instant avant que ses lèvres gercées ne s'entrouvrent.
– Super Beni à la Terre, j'vous reçois cinq sur cinq… grommelle-t-elle avec une voix pâteuse et grinçante.
Brusquement soulagé, je ne peux retenir le large sourire qui étire aussitôt mes lèvres.
– Tu voiiiis, j'te l'avais dit ! Balaise, c'te gonzesse.
Fronçant ses sourcils, elle grommelle une nouvelle fois, sortant mollement de son état d'inconscience.
– Par contre… souffle-t-elle en relevant dans les airs un index qu'elle doit vouloir, je suppose, menaçant. J'vous préviens… Les p'tites baffounettes dans ma gueule de viking badass… C'est un coup à c'que j'vous pète les doigts et vous les carre suffisamment profond dans le rectum pour que vous vous étouffiez dessus okaaaaay… Mécréants….
… Poète c'te gosse, sérieusement.
– Plus de baffounettes, promis. je lui assure en souriant tandis qu'elle rouvre enfin ses prunelles couleur noisette.
– Wééé… souffle-t-elle, se réveillant bel et bien. Victôaaare…
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Si jamais vous voulez relire la rencontre Top Débilissime de la Randomitude Cosmique entre Beni et Kira, c'était au chapitre 22, Benikyogai Benitsuki, barbare viking! (LA PUTAIN DE SA MÈRE, ÇA DATE D'IL Y A PLUS DE 100 CHAPITRES MAIS BUTEZ MOI PUTAAAAAAAAIN)
Comme quoi Tara avait raison, on retourne bien du côté de Beni… mais pas de la façon dont tu l'avais anticipé héhé! Elle est increvable c'te gosse, j'vous jure.
Sinon ouais…. La famille de Beni, c'est du gros n'importe quoi du côté paternel. Shyoga est techniquement le moins pire mais il est pas hyper top équilibré non plus le choupi (est-ce que là aussi, j'aurais pu pondre 150 chapitres juste sur ce perso? évidemment)
Alors petit détail par rapport au rapport pété de Shyoga à la peur, j'avais trèèès rapidement évoqué sa rencontre avec Kaede au chapitre 109. ATTILA DANS TA FAAAAACE et le fait qu'elle lui avait fait peur la toute première fois et que c'était justement pour ça qu'il avait décidé de se rapprocher d'elle. Voilà, j'espère quand même que le tout était clair et intéressant à lire, n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé dans les reviews et bla-bla-bla, vous connaissez la chanson!
À part ça… ouais, Shyoga est l'élément déclencheur à la fuite de Kaede loin de tout ce qu'elle avait connu jusque là. Héhé.
Allez, portez vous bien et moi je vous dis à la prochaine!
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Le chapitre 134. Ça faisait si longtemps… Kaede. Devrait sortir dans deux semaines mais avec mon nouveau taff, tout ça, franchement, je garantis rien! Comme d'hab, je fais de mon mieux O/
