Synopsis : Harriet Potter, sang-mêlée, rêve d'aller à Poudlard pour étudier sous le plus grand maître de potions d'Angleterre, mais dans un UA où l'école n'accepte que les Sang-Purs, le seul moyen d'atteindre son but est de changer de place avec son cousin sang-pur. Le seul problème ? Son cousin est un garçon.

Note de l'auteure : C'est un Harry Potter à la sauce Alanna the Lioness. Vous n'avez pas besoin d'avoir lu cette dernière série, sachez juste que la base, c'est une fille qui désire aller à une école de chevalerie et change de place avec son frère jumeau pour faire cela. D'aussi loin que HP est concerné, ceci est un UA. C'est basé dans un monde où il n'y a pas de prophécies, Voldemort est devenu un politicien plutôt qu'un terroriste et – ah oui, Harry est maintenant Harriet. Ceci, avec plein d'autres éléments de l'histoire en général peut sembler cliché mais j'ai fait de mon mieux pour rendre l'histoire à la fois amusante et touchante, réaliste et fantastique selon les moments. Bonne lecture !

Note de la traductrice : Bonjour à tous ! Me voici donc ici comme promis avec une nouvelle histoire mais cette fois, il s'agit d'une traduction de la formidable histoire de murkybluematter. J'ai découvert par hasard une mention de cette histoire sur Tumblr, je me suis lancée dedans un peu curieuse et croyez-moi, j'ai été happée ! D'où mon désir de vous la faire partager en français.

Concernant l'histoire, elle est à ce jour en cours avec quatre tomes, le chapitre 10 étant sorti en août dernier. Pour ce qui est de la longueur, on dépasse d'environ 230 000 mots les 1 millions de la série entière d'Harry Potter. (Oui, ses chapitres sont des monstres.) J'en viens donc au rythme de publication. Là, c'est le début de la série, les chapitres sont encore normaux mais je vous préviens, vers la fin du tome 1, on a des monstres de 50 pages. Et je doute d'être capable d'avoir la puissance céleste pour pouvoir traduire autant de pages chaque mois (ouais parce que tous les autres chapitres après sont de gros mastodontes) pour pouvoir donner de rythme certain. Donc quand un chapitre sera prêt, je le publierai le 15 du mois. Le chapitre 2 est déjà dans les bacs donc vous l'aurez le 15 octobre. (Mais cela ne veut pas dire que je publierai forcément chaque mois. Ma fanfiction en cours prend le dessus sur la traduction.)

Pour ce qui est de la traduction en elle-même, tout ce qui est Harry Potter, je me base sur la traduction de Jean-François Ménard (sauf pour Drago Malefoy et Rogue qui resteront en anglais Draco Malfoy et Snape juste parce que j'aime pas le français). Pour tout ce qui est murkybluematter, nom de lieu ou nom de personne, je vais rester sur la version anglaise. Concernant le prénom de Harry – Harriet – son prénom apparaît écrit Harriett au début de la série mais depuis le tome 3, il est écrit Harriet, donc je me base sur cette version la plus récente. Je traduirai toujours les mots de l'auteure (elle y met souvent des infos importantes) mais pas la partie où elle remercie les reviewers.

Pour finir, je remercie ma formidable amie, elooli-chan pour m'avoir pointé du doigt mes fautes de français et d'adaptation. Cette traduction est pour toi ! :3

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !

PS : Le titre veut littéralement dire "Le Simulacre Sang-Pur"

PPS : Ah et j'ai oublié de dire que j'ai l'accord de Violet (murkybluematter) pour la traduction de son histoire !


Chapitre 1

« Est-ce qu'un des tours de mon père a tourné ton cerveau en porridge ? »

Arcturus Rigel Black plaqua une main sur la bouche de sa cousine tout en jetant un regard inquiet vers le couloir poussiéreux.

« Tu ne peux pas dire des choses comme ça à voix haute, Harry. Qui sait ce que ta mère nous ferait si elle t'entendait ? »

Harriet Potter se laissa entraîner en haut de l'escalier exigu puis dans la chambre d'Archie, plutôt habituée au cinéma de son cousin. Sa mère, dans le parloir avec son père et ses oncles, était bien loin de portée de voix et ce n'était pas comme si les têtes décapitées des anciens elfes de maison allaient les dénoncer, mais quand Archie voulait du drame, il y avait du drame. Elle attendit donc patiemment tandis qu'Archie tirait la commode pour barricader la porte et se laissa aller à lever un peu les yeux en l'air quand il fourra son mouchoir dans le trou de serrure pour bonne mesure.

« Maintenant ?

— Ouais, maintenant. »

Il se laissa tomber sur le lit comme si les cinq dernières minutes l'avaient épuisé au plus haut point et la fixa de derrière sa frange en bataille.

« S'il te plaît s'ilteplaîts'ilteplaît, dis-moi que tu rigoles. »

Elle prit un temps pour jauger son expression si pleine espoir que c'en était émouvant avec un petit sourire.

« Je ne rigolais pas. J'ai convaincu maman et papa que je voulais aller à l'American Institute of Magic. »

Pas que cela avait été compliqué, il n'y avait pas tant d'écoles de magie à l'étranger, et celles qui acceptaient volontiers les Sang-Mêlés et les Nés-Moldus se trouvaient presque uniquement aux États-Unis. Le fait qu'elle avait présenté un grand enthousiasme pour une école autre que Poudlard avait été un grand soulagement pour ses parents à ce point.

« Je n'arrive pas à y croire. »

Archie se laissa retomber sur les couvertures et cligna des yeux face au plafond comme une chouette éblouie par le soleil.

« Ça y est. Je vais vraiment devenir Soigneur. Harry, je… »

Il prit une profonde inspiration pour se calmer.

« Je ne sais pas si je pourrai te remercier un jour. »

Harry tendit le bras pour tapoter gentiment son cousin sur la main.

« Tu m'aides tout autant, tu te rappelles ? Sans toi pour prendre ma place à AIM, je ne pourrais pas prendre la tienne à Poudlard.

— Oui, bien sûr, rit Archie, un peu à bout de souffle, puis un large sourire illumina son visage rond avec malice. Alors, c'est quoi la suite ? »

Harriet sortit un bout de parchemin abîmé de sa poche. Elle prit une plume et de l'encre de la table de nuit d'Archie et barra "mentir aux parents comme des arracheurs de dent" de sa liste. Archie avait écrit la liste, ce qui expliquait pourquoi "sauter de joie" était l'unique élément hormis "devenir une fille" qui n'était pas barré.

« Bien, dit-elle. On ne peut échanger nos valises que la nuit avant notre départ, donc à part mettre la main sur le Polynectar, c'est tout.

— Okay, dit lentement Archie. Donc quand j'arriverai à AIM, je dirai à la directrice que la personne qui a transcrit le formulaire à travers la Cheminette s'est trompée, et que mon nom est Harry, pas Harriet. Ils ne connaîtront pas assez bien le Livre d'Or anglais aux États-Unis pour se douter de quoi que ce soit.

— C'est ça.

— Ce que je ne comprends pas, c'est comment toi… »

Là, Archie pointa sceptiquement dans la direction générale de son visage.

« …tu vas te faire passer pourmoi.

— Parce que tu es si unique, rétorqua Harry sèchement. Tout le monde connaît l'héritier Black, mais tu n'as pas vraiment d'amis…

— Hey !

— … à part moi, et j'ai hérité suffisamment de traits sang-purs de mon père pour blairer Lord Malfoy », termina-t-elle, relevant son nez pour appuyer la susmentionnée "bonne" lignée.

Archie plissa les yeux en un jugement moqueur.

« Hmm, oui, celui-là a en effet le nez et les pommettes d'un Sang-Pur. Les yeux sont bien trop ordinaires – si seulement ils étaient d'un gris noble plutôt que cette commune teinte vert bouteille – mais ce menton parfaitement bien ciselé rattrape tout ça. Mais les cheveux ! Oh, par Merlin, pas un Sang-Pur n'en croisèrent de pareils. »

Harry jeta paresseusement un oreiller à son expression snob.

« Nos cheveux sont de la même couleur, aussi noirs(1) que ton nom de famille.

— Ce n'est pas la couleur qui pose problème, gloussa-t-il, c'est la texture. La tignasse Potter est plutôt caractéristique.

— Ce n'est pas si grave », dit Harry d'un air renfrogné sur la défensive alors que son cousin affichait une expression d'évidente incrédulité.

Archie secoua la tête avec regret.

« Désolé, cous', mais n'importe qui en Angleterre qui voit ces cheveux les associeront tout de suite à ton père. Sa photo est dans les journaux trop souvent. Les cheveux doivent disparaître si tu veux passer pour moi.

— Mais tu as des longs cheveux, fronça-t-elle les sourcils, touchant du doigt une mèche mi-longue. Ça va faire bizarre si tu les as courts tout d'un coup.

— On va en faire un grand geste. Demain, toi et moi allons tous les deux nous faire couper les cheveux en l'honneur de la fin de notre enfance. Avec de la chance, cela te fera ressembler à un garçon efféminé et moi à un garçon manqué », dit Archie.

Elle nota que l'idée ne l'enthousiasmait pas vraiment.

Harry grimaça elle aussi, imaginant simplement l'expression de sa mère quand ils reviendraient du coiffeur. Il n'y avait rien à y faire, pourtant. Ils devaient se ressembler le plus possible, s'ils voulaient que leur plan continue au-delà du premier semestre. Une fois leur ruse lancée, quelques centimètres de cheveux n'allaient sembler comme rien du tout à côté de toutes les autres choses qu'ils allaient devoir faire.

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Le jour suivant, Archie et elle se rendirent dans l'un des barbiers du chemin de Traverse et dirent au revoir à leurs longs cheveux – et dans le cas de Harry, indisciplinés. Avant même qu'elle ne s'en rende compte, l'entêté nid de corbeau que son père ébouriffait toujours quand elle approchait avait disparu. À la place, elles avaient des mèches coupées ras qui bouclaient gentiment autour de son front et de ses oreilles.

« Je parais trop délicate avec mon visage tout exposé comma ça, se plaignit Harry tout en plissant les yeux devant le miroir. Ils vont voir que je suis une fille.

— Ils ne le verront pas », l'assura Archie, admirant son propre style court.

Elle devait avouer que, mis l'un à côté de l'autre, il y avait une similarité remarquable entre eux deux. Pas assez pour que leurs parents les confondent, mais assez pour insinuer le doute à un étranger, peut-être.

« Les enfants sangs-purs ont généralement des traits délicats de toute façon. Tu penses que tu parais exposée simplement parce que tu es habituée à cette crinière de lion qui submerge tes traits. »

Il tendit le bras depuis la chaise d'à côté et retira les lunettes de son nez.

« Voilà, on ressemble pas à des jumeaux ?

— Je ne vois rien sans mes lunettes », dit-elle, roulant des yeux qui voyaient flous.

Archie sourit largement.

« Ça va être un problème. On va avoir besoin de lentilles – couleur acier, je pense ou peut-être argent. »

Il se regarda pensivement dans le miroir.

« Qu'est-ce que tu penses, je suis plutôt couleur argent selon toi ?

— Tu ressembles à un idiot pour moi, l'informa Harry.

—Eh bien tu ferais mieux de pratiquer tes expressions d'idiot du village, alors, rit Archie. Étant donné que tu dois être moi dans quelques jours.

— Peut-être que je t'améliorerai, dit Harry, souriant. Lorsque tu seras à nouveau toi-même, j'aurai mis la barre tellement haute que les gens se demanderont "Qu'est-il arrivé à ce Archie Black ? Il était si calme à l'école et maintenant il ressemble plutôt à un bouffon."

— Attention, cousine, ou je pourrais bien faire quelque chose de nouveau à ta réputation aussi, menaça Archie avec un sourire en réponse.

— Fais de ton pire, Harry haussa les épaules. J'assumerai ton identité de façon permanente. »

Archie grimaça.

« Peut-on faire un maximum d'effort pour ne pas que ça arrive ? Même avec tout le respect que j'ai pour le genre féminin, je n'ai pas vraiment envie d'être une fille pour toujours.

— Tu ne vas pas véritablement être une fille, lui rappela-t-elle. Je suis celle qui doit mentir sur son genre pendant sept ans. »

Ils tombèrent tous deux dans un silence pensif, commençant à prendre conscience de toute la mesure de leurs intentions.

« Cela vaudra le coup, dit finalement Archie, juste avant que le coiffeur revienne avec leur facture.

— Oui », confirma-t-elle.

Il le fallait.

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Leur dernière nuit à la maison arriva rapidement, et Archie empaqueta tout ce dont il pouvait possiblement avoir besoin pour une école où il n'irait jamais. Il avait des sentiments contradictoires par rapport à leur ruse, malgré sa volonté à s'y jeter plain-pied. L'idée de mentir à son père pour les sept années à venir en était une triste. Maintenant que Maman n'était plus là, il était tout ce qu'il restait à son père, et si leur supercherie était découverte elle provoquerait sûrement une rupture dans leur relation, mais d'un autre côté… ce n'est pas comme s'ils blessaient quelqu'un. Harry pouvait pourchasser son rêve d'étudier sous Maître Snape, et AIM avait le meilleur diplôme de Soigneur de toutes les écoles magiques occidentales ; lorsqu'il serait diplômé, il serait un Médisorcier entièrement qualifié, avec plusieurs années d'avance face à un étudiant du même âge selon les standards de Poudlard. Bon, il le serait si tous deux s'en tiraient, plutôt.

Quand il eut fini de faire ce qui était, fondamentalement, la valise de Harry, son père et lui se rendirent chez les Potter à Godric's Hollow pour dîner. Oncle Remus était déjà là, mettant la table. Bien sûr, Remus n'était pas vraiment son oncle ni James, à vrai dire, mais ils se considéraient tous de la même famille, donc qu'ils soient véritablement parents ou non n'importait pas vraiment.

« Alors tu es prêt à affronter l'école, Archie ? » demanda James une fois qu'ils furent tous à table.

Lily lui donna un coup de coude réprobateur, jetant un coup d'œil à Harry avec une inquiétude évidente, mais James eut un grand sourire rassurant pour sa femme et continua à parler au-dessus de la nappe.

« Tu vas adorer Poudlard – il n'y a de tel endroit nulle part ailleurs. Ah, tout ce que l'on a pu faire ton oncle, ton père et moi quand on y était… En tant que représentant de la seconde génération de Maraudeurs, tu vas devoir poursuivre l'héritage familial…

– …en bombardant de farces les professeurs peu méfiants de Défense contre les forces du Mal », coupa Sirius, aboyant de rire et frappant Remus, assis à côté de lui, dans le dos au souvenir.

Remus secoua la tête, exaspéré par son meilleur ami, mais ne dit rien pour le réprimander. Archie savait que c'était du fait de l'avis de Remus que Sirius riait trop rarement. Lady Black, la mère d'Archie, était décédée quelques années plus tôt d'une rare maladie dégénérative, et son père n'avait jamais vraiment été le même depuis. Pas plus que lui, à vrai dire.

« Pourquoi juste les professeurs de Défense ? demanda Archie, jouant le jeu. Cela fait partie d'une tradition ?

– Euh… pas vraiment. C'est juste qu'ils sont généralement les meilleures cibles, James se frotta le cou, pensif. Tu vois, le job est maudit d'aussi loin que l'on s'en souvient, donc tu n'as jamais le même prof deux années de suite.

– Et les profs novices sont les victimes les plus faciles, Sirius envoya un clin d'œil à son fils. Quoi que si tu voulais jouer un tour ou deux à Snivellus, ton vieux père n'aurait rien à y redire.

– Ne l'appelle pas comme ça, Sirius, dit Lily automatiquement, son ton révélant la fréquence à laquelle elle avait dû faire cette demande. C'est un homme bon.

– Sans parler du fait que c'est un génie », ajouta Harry doucement dans son poisson.

Personne ne releva sa remarque, car elle était, elle aussi, ordinaire.

Harry était dans un état de quasi idolâtrie du vieux rival d'école de leurs pères depuis qu'elle avait lu un article dans Potions Trimestrielles à propos de son travail sur la potion Tue-loup. Sa cousine apparaissait insipide et inintéressante, pour ne pas dire froide, pour la majorité des gens, mais elle nourrissait une fascination profonde pour les potions. Elle avait passé la meilleure partie de son temps à mélanger des concoctions improbables dans le sous-sol de ses parents d'aussi loin qu'il pouvait se rappeler. Archie savait que sa cousine ne voulait rien d'autre au monde que de préparer des potions pour le reste de sa vie, de préférence seule, mais dans sa tête, faire preuve de médiocrité dans cet art n'était pas suffisant. L'unique façon de devenir la plus grande Maîtresse de Potions du pays était d'étudier sous la houlette du plus grand Maître de Potions du pays, et il, si vous pouviez croire le jugement de Harry sur le sujet, était à Poudlard. Archie pouvait comprendre son engouement pour le sujet – il ressentait la même chose pour le Soin.

« Onze ans plus tard et tu es encore en train de le défendre, soupira James.

– Onze ans plus tard et tu es toujours en train de t'accrocher à une rivalité puérile, lui retourna Lily, fixant Remus à la recherche de soutien. Remus aussi pense que c'est ridicule, n'est-ce pas ?

– Elle n'a pas tort », avoua le loup-garou à demi-mots.

Il jeta un œil à James et Sirius en esquissant un léger sourire.

« Il n'y a pas de raison de continuer ça, non ? Je suis sûr que depuis le temps il s'est enfin lavé les cheveux. »

Sirius et James éclatèrent de rire, et Lily envoya à Remus un regard exaspéré de tu-m'aides-beaucoup. Il leva les mains en capitulation et changea joyeusement de sujet.

« Alors, Harry, comment appréhendes-tu l'Amérique ?

– Peux pas attendre, dit la fille aux cheveux récemment coupés, jetant un regard à Archie avant de continuer. Ça va être intéressant de voyager à l'étranger. Je, euh, me disais que j'allais m'essayer au cursus de Soigneur.

– Vraiment ? mâcha pensivement Remus alors que ses parents échangeaient des regards confus. C'est une spécialité assez difficile. Je croyais que tu comptais poursuivre en carrière de Potions, pourtant.

– Eh bien, tous les Soins très avancés se font avec des potions de nos jours, dit Harry, jouant nonchalamment avec ses légumes. Si je veux faire des potions pour aider les gens, pas juste pour de l'argent, eh bien je devrais aborder le problème sous un autre angle. »

Archie ne pensait pas qu'elle mentait – elle ne mentait presque jamais, directement. Elle avait mentionné vouloir un jour être capable d'aider les gens avec des potions qu'elle aurait inventées, et les Medisorciers dépendaient effectivement énormément des potions pour les remèdes les plus complexes, mais il savait que si ce n'était pas pour lui, elle n'aurait jamais envisagé une spécialisation en Soin. C'était seulement Archie. Après avoir regardé sa mère souffrir pendant des mois sous l'emprise d'une maladie dont il n'existait aucun traitement viable, il était devenu obsédé avec l'idée d'un jour sauver des vies.

Quand il avait décidé pour la première fois qu'il voulait devenir Soigneur un jour, il avait demandé à son père s'il pouvait accompagner Harry à l'école aux États-Unis au lieu de prendre la place qui lui était réservée à Poudlard. Sirius n'avait rien voulu entendre. Archie pensait que le fait que son père était inhabituellement irraisonnable sur le sujet était une combinaison de sa peur qu'il perde son fils d'une certaine façon aussi s'il partait aussi loin, et son désir qu'Archie ait les mêmes expériences extraordinaires qu'il avait eues à l'école. Poudlard était l'endroit où Sirius avait rencontré ses meilleurs amis, James et Sirius, et où il avait rencontré et était tombé amoureux de Diana, la mère d'Archie. Leurs querelles sur l'éducation d'Archie étaient devenues tellement acerbes que lorsque Harry avait proposé nonchalamment pour la première fois d'échanger de place pour résoudre leurs frustrations à tous les deux, Archie l'avait considéré sérieusement. Il ne voulait pas décevoir son père, mais Sirius vivait sa vie dans le passé, et Archie ne pouvait pas changer ça. Il savait qu'il ne pourrait jamais ramener sa mère. Toutefois, il pourrait un jour être capable d'être la différence qui sauverait la personne aimée de quelqu'un, et pour voir ce rêve devenir réalité il mentirait au monde entier s'il le devait.

Après dîner les deux cousins montèrent dans la chambre de Harry pour un adieu en privé. Ils ne se verraient pas, au plus tôt, avant les vacances d'hiver, et ils n'avaient jamais été éloignés aussi longtemps avant. La longue séparation n'était, cependant, pas la première des préoccupations dans leurs têtes.

« As-tu demandé à ton père de la rétrécir aussi ? » demanda Harry, tirant une valise miniaturisée d'une étagère.

Archie récupéra sa valise miniaturisée de sa poche et l'échangea pour celle heureusement pas-trop-féminine de Harry. Elles ne seraient pas déminiaturisées jusqu'à ce qu'elles atteignent leurs écoles respectives le soir prochain.

« Est-ce que tu as piqué les potions du kit d'Auror d'Oncle James ? »

C'était la partie de leur plan dont il était le moins sûr. Contrairement au reste, qui paraissait plutôt innocent, voler était évidemment mauvais. Il supposa qu'il ferait mieux de s'habituer à vivre dans un état moral gris.

« Les voilà, Harry sortit deux béchers de sous son lit, servant les doses du liquide marron boueux dans des fioles, une pour chacun. Tu vas devoir garder le bécher caché. Je l'ai remplacé avec une concoction neutre dont l'odeur et le goût sont aussi mauvais, mais qui ne fait rien du tout. Avec de la chance, il va supposer que c'était un lot défectueux. »

Archie hocha la tête en compréhension et ils s'arrachèrent tous les deux des cheveux sans rien rajouter. Échangeant les flacons, ils burent la dose contenant l'essence de l'autre. La transformation était encore plus douloureuse que ce qu'il avait anticipé, mais ce fut rapidement fini et il eut l'impression de se voir dans le miroir.

« Étrange, Archie plissa ses nouveaux yeux verts. Tu as une vue horrible, Harry. Donne-moi tes lunettes.

– Ce qui explique pourquoi le monde est si flou. »

Harriet retira ses lunettes et cligna des yeux au monde qui l'entourait, appréciant apparemment sa vision maintenant-parfaite. Archie mit les lunettes avec un soupir de dégoût. Cela serait seulement pour un moment.

Ils avaient assez de Polynectar volé pour leur durer jusqu'à ce qu'ils soient bien loin de leurs parents le lendemain matin, et après cela, Harriet avait les lentilles qu'il lui avait données pour corriger sa vision et changer la couleur de ses yeux pour un gris quelconque, tandis qu'il avait des lentilles vertes par souci de minutie. Il n'avait pas prévu de tomber sur quelqu'un à AIM qui avait déjà entendu parler des Potter. Harry était la seule qui aurait des difficultés à maintenir leur supercherie.

« J'ai mis des livres de potions supplémentaires dans ma valise pour toi, donc étudie au cas où Maman mentionne quelque chose dans une lettre que je suis censée savoir, dit Harry. N'oublie pas d'apprendre le sort d'écriture tout d'abord pour que tu puisses répondre au courrier de mes parents, et je ferai de même avec les lettres que ton père m'enverra. Garde une copie supplémentaire de ce que tu écris et on les échangera par hibou à la fin de l'année scolaire pour que l'on garde nos histoires coordonnées durant l'été.

– Très bien, je m'en souviendrai », dit Archie.

Honnêtement, Harry agissait comme si c'était à elle de prendre la place de sa mère parfois. Pas que ça le dérangeait. Beaucoup. Il pouvait voir à travers elle de toute façon. Harry était beaucoup plus nerveuse qu'elle ne le laissait paraître si elle radotait des instructions sur lesquelles ils s'étaient déjà mis d'accord.

« Ça y est alors. C'est un… au revoir. »

Harry sembla un peu perdue pendant un moment mais elle se reprit vite pour lui donner un ferme :

« Bonne chance.

– Yeah. »

Archie se sentait un peu perdu lui-même à l'ampleur de ce qu'il était prêt à entreprendre.

« Arch ?

– Ouais ? »

Harry prit une profonde inspiration.

« Même si ça nous explose à la figure et qu'ils me mettent à la porte avant même le premier cours, je le dis maintenant : je ne regrette rien. »

Archie fut décontenancé à sa franchise, mais carra ses épaules néanmoins.

« Moi non plus. Merci. C'était ton idée et sans elle, il m'aurait fallu des années en plus pour atteindre mon but. Cela va être beaucoup plus dangereux pour toi et, hum, je te suis reconnaissant pour tout, peu importe ce qui arrive.

– Pareil. Merci pour me laisser emprunter ton nom, Arch, dit Harry, allégeant l'atmosphère avec une piètre tentative de légèreté. Je vais essayer de ne pas trop le noircir ces sept prochaines années.

– Fais de ton pire », dit Archie, souriant.

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Harry se cacha dans les toilettes pour hommes dans le Poudlard Express et attendit dans une cabine que le Polynectar s'estompe. Chaque seconde semblait une éternité, mais elle savait que c'était juste ses nerfs se jouant d'elle. Quand elle fut de nouveau elle-même, elle enfila la robe d'école d'Archie et s'approcha du lavabo pour mettre ses nouvelles lentilles en place. Le miroir reflétait à présent, un garçon sérieux de onze ans avec un halo de boucles onyx et des yeux gris, plats. Ses cils étaient peut-être un peu trop longs pour être masculins, mais ses lèvres étaient suffisamment fines et les fragiles pommettes saillantes auraient pu appartenir à n'importe quelle lignée sang-pure. Elle avait entendu dire que les Malfoy en particulier étaient connus pour leur visage pointu. Sa voix était trop aiguë au début, mais avec un peu d'exercice, elle s'aggrava juste un peu pour être d'une octave plus naturelle pour un jeune garçon.

Satisfaite, elle quitta les toilettes et se mit à marcher la longueur du train, cherchant un compartiment libre. Regardant autour tous les visages excités, elle commença à intégrer qu'elle l'avait vraiment fait. Elle était allée aussi loin que le train sans être découverte, et n'importe qui qu'elle rencontrerait à partir de maintenant serait un total étranger, donc tout ce qu'elle raterait serait simplement attribué à la personnalité inconnue d'Arcturus Black. Elle réfléchit à cela un moment. Arcturus Black. Arcturus Rigel Black. Elle plissa le nez. Cela semblait trop étrange de prendre le nom d'Archie. Un nom qu'il n'aimait même pas, en plus. Devait-elle s'appeler elle-même Archie dans sa tête, juste pour diminuer les chances qu'elle se trompe et foire tout ? Mais alors comment ferait-elle référence à Archie ? Après y avoir réfléchi pendant un long moment, elle décida qu'aussi longtemps qu'elle s'approprierait la personne d'Archie, elle ferait bien aussi d'être claire à ce propos. Aussi longtemps qu'elle jouerait le rôle d'Archie, elle irait par son deuxième prénom. À partir de maintenant, je serais Rigel Black, le meilleur étudiant de Potions que Poudlard n'a jamais vu.

Rigel – et n'était-ce pas étrange de se renommer elle-même dans ses propres pensées pour une question de convenance ? – était presque au bout du train avant qu'elle ne voie ce qui semblait être un compartiment prometteur. Il y avait seulement un garçon assis tranquillement à l'intérieur, lisant ce qu'elle reconnut être le manuel de Botanique de première année. Elle fit coulisser la porte et hocha légèrement la tête en salutation quand le garçon leva les yeux. Il avait un visage ouvert, joyeux, avec des cheveux marron terne qui tombaient sur son front et des yeux marron simple qui ne retenaient pas un seul indice de méchanceté. Ils avaient quelque chose de familier mais elle ne s'appesantit pas longtemps sur cela.

« Est-ce que tu gardes ces sièges pour quelqu'un ? demanda-t-elle.

– Heu, non. »

L'enfant semblait surpris qu'elle pense cela.

« Tu peux t'asseoir, si tu veux.

– Merci. »

Elle referma la porte et s'assit face à lui.

« Je m'appelle Rigel, dit-elle, essayant le nom pour la première fois à haute voix.

– Neville », tenta-t-il de sourire, et sembla s'apprêter à dire autre chose, mais s'abstint.

Il était probablement habitué à donner son nom de famille quand il se présentait, conclut-elle. La plupart des sang-purs donnaient leur nom par politesse, selon Archie. Elle préférait ne pas sortir son nom de famille emprunté pour l'instant, par contre. À tous les coups, il était un enfant élevé selon les principes de la Lumière et détesterait automatiquement quiconque nommé Black, ou alors ses parents sang-purs Sombres lui aurait dit que les seuls Black restants étaient des traîtres à leur sang.

« Heureux de te rencontrer. Est-ce 1000 Herbes Magiques et Champignons ? » fit Rigel d'un signe de la tête au livre sur les genoux de Neville.

Il baissa la tête, comme pour vérifier, se surprit lui-même et rougit.

« Ouais. Hum, tu en as déjà lu une grande partie ?

– Oui, dit-elle, puis rétropédala alors que le garçon semblait particulièrement alarmé. Je ne pense pas que tu aies besoin de le lire par contre. J'étais juste intéressé parce que la Botanique a beaucoup à voir avec les Potions.

– Oh, fit Neville, semblant très soulagé. Donc tu aimes les Potions alors ? J'ai lu l'introduction de ce manuel aussi mais ça avait l'air plutôt compliqué. Et la première potion citée utilise des morceaux de crapauds. J'ai un crapaud. Son nom est Trevor, expliqua le garçon. Je ne sais pas si j'aime l'idée de disséquer des animaux pour des morceaux.

– Tu n'auras pas à faire la récolte, probablement. Le professeur aura déjà les ingrédients tout prêts, dit Rigel.

– Tu penses ? Peut-être que ça ne sera pas si mal alors. »

Neville balança ses pieds un peu nerveusement, puis lâcha :

« Dans quelle maison penses-tu être réparti ?

– Je croise les doigts pour Serpentard, répondit-elle honnêtement.

– Tu… Serpentard ? couina Neville.

– À ta réaction, je suppose que ta famille est Gryffondor. La mienne aussi, admit Rigel.

– Et tu espères vraiment aller à Serpentard ? »

Il paraissait mi-douteux, mi-confus.

« Le maître des Potions à Poudlard est le directeur de la maison Serpentard, expliqua-t-elle. J'ai entendu dire qu'il favorise sa propre maison, donc la meilleure chance que j'ai d'obtenir des cours supplémentaires de sa part est d'être à Serpentard.

– Tu irais a contrario de ta lignée pour de l'aide supplémentaire en Potions ? »

Neville se mordit la lèvre.

« Peux-tu seulement faire ça ? Choisir ta maison contrairement à la tradition, je veux dire.

– Peut-être pas, mais je pense que je peux remplir les conditions nécessaires si j'en ai l'occasion. J'ai juste à être malin et ambitieux, pas vrai ? »

Cette dernière partie était taquine, mais Neville ne sembla pas s'en être rendu compte.

« Eh bien, bonne chance, offrit-il gentiment.

– Merci, dit-elle. J'espère que toi aussi tu aimeras ta future maison. »

Ils passèrent le reste du voyage dans un silence confortable. L'unique interruption fut quand Neville demanda doucement si Rigel pouvait partir pour qu'il puisse mettre ses robes d'école. Rigel n'eut aucun problème à attendre dehors si le timide garçon était plus confortable, quoi qu'elle était plutôt désensibilisée au corps masculin grâce au manque complet de modestie d'Archie en grandissant ensemble.

Tandis qu'elle se tenait debout à l'extérieur du compartiment, un grand garçon avec des traits enfoncés et une expression revêche approcha de la gauche du train. Du fait de l'étroitesse du couloir, elle bloquait à moitié le chemin. Au lieu de la contourner, toutefois, il vira et écrasa une épaule lourdement musclée sur son flanc. Ne s'y attendant pas, elle tomba sur le côté sur l'horrible carpette et rattrapa maladroitement sa chute sur son coude. Se relevant sur ses genoux, elle fixa le garçon, qui la regardait avec mépris.

« T'es aveugle ? demanda-t-elle, se rappelant de rendre sa voix plus grave, de la même façon qu'Archie lorsqu'il s'énervait, juste à temps.

Le moment où les yeux du garçon plus âgé s'étrécirent, elle sut qu'elle n'aurait pas dû dire cela. L'autre garçon était beaucoup plus large et à l'air plus méchant que n'importe quel enfant qu'elle n'avait jamais rencontré, et en dépit de sa réticence à faire profil bas face à de l'hostilité ouverte, elle devait admettre que sa position était trop précaire pour être ouvertement hostile avec n'importe qui.

Le garçon plus âgé s'approcha d'elle avec désinvolture, donnant un coup de pied en direction de sa taille. Seule une rapide roulade dans la direction opposée la sauva d'une côte ou deux abîmées. Elle se mit sur ses pieds et se tourna vers le garçon, qui aurait pu être sûrement un cinquième ou sixième année.

« Mes excuses, dit-elle à travers des dents serrées, pensant à désamorcer la situation. Évidemment, tu n'es pas aveugle, juste plutôt énervé, mais il n'est pas nécessaire de passer tes nerfs sur moi pour autant. »

Il fit un pas vers elle, les poings serrés, puis s'arrêta et sortit plutôt sa baguette, un rictus aux lèvres.

« Des petits premières années devraient être assez intelligents pour savoir qu'ils ne devraient pas parler plus vite que leur baguette ne bouge. Considère ceci comme ta première leçon : quand un étudiant plus vieux que toi te frappe, tu restes couché. »

Je l'aurais fait si j'avais pensé que cela t'aurait fait partir, pensa Rigel avec résignation, raidissant son dos et se préparant à se prendre n'importe quel maléfice il lui lancerait.

Avant qu'aucun d'eux ne puisse faire un mouvement, une voix stricte du bas du train les interrompit.

« Toi, là ! Pas de bagarres dans le train ! »

Un garçon mince aux cheveux roux avec un badge doré brillant sur le torse se fraya avec importance entre Rigel et le garçon revêche, aucun des deux n'ayant relâché leur posture.

« Flint, dit le roux en apercevant le visage de l'autre garçon. J'aurais dû me douter. Je vais retirer dix points pour Serpentard quand on arrivera à Poudlard pour avoir pointé ta baguette sur un autre étudiant – et un première année, rien de moins. »

Flint retroussa ses lèvres.

« Weasley. »

Apparemment, ça en disait long sur son opinion, car il se détourna et s'éloigna, avec un dernier regard ennuyé dans la direction de Rigel.

« Rien d'autre que des ennuis à cette époque de l'année, celui-là », soupira le garçon aux tâches de rousseur.

Il baissa les yeux vers Rigel et fronça légèrement les sourcils.

« Tu vas bien ? Pas de chance de te trouver sur le chemin de Flint pour ton premier jour. Il aime bien être rancunier pour un moment, donc sois sûr de rester loin pour quelques semaines, okay ?

– Je n'irai certainement pas le chercher, dit-elle, arrangeant ses robes. Merci d'être intervenu.

– Pas de problème, dit légèrement le garçon. Je ne faisais que mon devoir de préfet. »

Rigel acquiesça une fois de plus en remerciement, puis retourna rejoindre Neville dans leur compartiment. S'il se demandait pourquoi elle était restée dehors aussi longtemps, il ne dit rien. Elle réclama son siège silencieusement, perdue dans ses pensées. Même pas encore à Poudlard et elle s'était déjà fait un ennemi. Elle espérait avec ferveur que ce n'était pas un signe que d'autres cas similaires allaient suivre. Elle espérait également qu'Archie s'en sortait beaucoup mieux de son côté de leur subterfuge, où qu'il soit.


(1) Pour rappel, « noir » en anglais se dit « black » ndt


Nda : Pour ceux ayant lu jusqu'ici : merci pour avoir donné une chance à cette idée inhabituelle. Pour clarifier toute confusion initiale (bien que tout sera expliqué en temps et en heure, bien sûr), Poudlard à cette période prend seulement des élèves sang-purs. Ce n'était pas toujours le cas. Remus et Snape bien sûr sont des sang-mêlés et quand ils allaient à Poudlard, seuls les né-moldus étaient bannis. Depuis, les lois sont devenues plus strictes. Harry et Archie ne sont pas véritablement cousins dans le sens littéral mais comme James et Sirius sont de distants parents, ils se considèrent eux-mêmes "cousins" dans un sens large. Encore, merci d'avoir lu.

Bien à vous,

-Violet Matter

Ndt : Merci à tout le monde d'avoir lu ma traduction ! J'espère que vous avez apprécié et que vous voudrez en savoir plus sur les aventures de Rigel :) Elle va en voir de toutes les couleurs ! (Et on aime ça.)

Si vous voyez des petits endroits étranges en français, n'hésitez pas à me le dire !

Chali

Edit : Un immense merci à MotsPassants pour avoir corrigé ce chapitre. C'est grâce à elle si maintenant il est beaucoup plus lisible ! Vous pouvez la retrouver sur FFnet et AO3 sous son pseudo, MotsPassants. :)