Nouvelle fic en six chapitres

(Par une auteure menacée !)

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Spéciale dédicace :

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A ma fidèle Paige0703, la spécialiste en fics géniales, toujours là pour m'encourager !

A Nourann la redoutable ( !)

A Jade181184 la reine du suspens

Et à Val81 et Coljayjay pour leurs gentils commentaires

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Bonne lecture !

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-« Je me demande pourquoi vous teniez tellement à assister à cette soirée » marmonna Finch en observant la salle abondamment décorée en rose et blanc. Assis près de l'estrade, il avait une vue imprenable sur les invités éparpillés près du buffet ou sur la piste de danse aménagée.

-« Ernesto nous en aurait voulu de ne pas assister à la fête après avoir sauvé sa vie et son mariage » affirma Reese

Il faut dire que John avait neutralisé la menace presque au pied de l'autel et qu'il s'en était fallu de peu que le mariage se transforme en enterrement. Le marié, Ernesto Salvez, personnage exubérant et "haut en couleurs" avait jugé Finch, avait fait preuve à leur égard d'une reconnaissance aussi sincère qu'expansive et les avait invité à rester pour la cérémonie et la soirée, insistant lourdement pour garder "ses sauveurs". Finch, venu en renfort le matin même, avait eu la présence d'esprit de s'habiller pour la circonstance et de suggérer à son agent d'agir de même « nous pourrons plus facilement nous mêler aux invités si besoin et nous passerons inaperçus » avait-il affirmé pour convaincre son associé du bien fondé de sa suggestion.

Son initiative s'était retournée contre lui lorsqu'Ernesto les avait invité « enrôlés de force » avait songé Finch agacé. « Nous avons la tenue adéquate Finch, pas d'excuse pour refuser » avait alors affirmé Reese, moqueur, et il avait dû céder.

Raison pour laquelle il se trouvait présentement assis aux côtés de son agent à l'une des tables de la fête. Et il ne se sentait pas vraiment dans son élément.

John lui lança un regard amusé.

-« La fête est plutôt réussie pourtant »

-« Je le reconnais mais ce n'est pas vraiment le genre de soirée auxquelles j'assiste d'ordinaire »

-« Ca manque un peu d'œuvres d'art peut être ? » le taquina l'ex agent

-« En effet » admit l'informaticien

-« Au moins vous êtes en bonne compagnie » suggéra Reese en se rapprochant un peu de lui « A moins que vous n'appréciez pas de passer un moment avec moi ? »

Finch lui lança un regard en coin. Etre avec lui était bien la seule chose qui lui plaisait dans cette soirée.

-« Bien sur que si » marmonna t-il « vous n'êtes pas en cause »

-« Heureux de le savoir » chuchota Reese en se penchant vers lui. Un peu trop jugea Finch qui frémit à ce rapprochement. Il saisit sa coupe pour se donner une contenance. L'attitude de son agent était perturbante ce soir. Etait-ce cette ambiance festive ? Au vu de ce qu'il éprouvait secrètement pour lui il ne fallait pas grand-chose pour le troubler et ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Mais John ignorait ses sentiments. Alors quel jeu jouait-il ? « Il ne peut pas avoir deviné ? » songea t-il. Quoique ces dernières semaines il avait parfois fait preuve d'attitudes quelques peu ambigües qui lui avait fait redouter que son agent n'ai découvert son secret.

La voix de son associé le tira de ses réflexions

-« Essayez de vous détendre Finch. Pour une fois que nous sommes en repos »

-« Je suis détendu M Reese » répondit distraitement l'informaticien.

John gloussa à cette affirmation et Finch le fusilla du regard.

-« Nous pourrions trinquer » suggéra Reese en saisissant sa coupe.

-« A la santé des mariés ?» demanda Finch moqueur.

-« Par exemple » répondit l'ex agent en heurtant le verre de son associé « Mais je préfère trinquer aux souhaits que j'espère voir se réaliser » affirma t-il d'une voix basse qui fit frémir son associé. Finch le fixa. Troublé par cette lueur dans son regard, il détourna prudemment les yeux.

-« Vous devriez aller inviter cette jeune femme brune qui vous dévisage depuis une bonne dizaine de minute » affirma t-il pour détourner son attention.

-« Ah oui ? »

-« Vous ne l'aviez pas remarqué ? Elle fait pourtant assez d'effort pour cela » constata Finch d'un ton plus sec qu'il ne l'aurait voulu.

-« Si. Je m'étonnais juste que vous ayez minuté les faits » répliqua Reese avec un léger sourire.

Finch rougit en réalisant qu'il se trahissait.

-« Simple observation » marmonna t-il.

-« Je suis votre sujet d'étude alors ? »

-« Tout comme je suis le votre M Reese » rétorqua l'informaticien.

-« Touché » admit l'ex agent. Il hésita un instant puis se leva.

-« A défaut de mieux je crois que je vais suivre votre conseil » affirma t-il.

« A défaut de mieux ? » s'interrogea Finch « qu'espère t-il d'autre ? »

Il le suivi des yeux et l'observa tandis qu'il abordait la jeune femme qui accueillit son attention avec enthousiasme. Il l'entraina sur la piste de danse. Souple, élégant « tentateur » soupira Finch. John leva la tête et leurs regards se croisèrent, s'évaluèrent un instant. Reese posa les mains sur les hanches de sa partenaire pour la rapprocher de lui en ajoutant quelques mots. Finch se raidit en le voyant faire. Un sentiment de jalousie le tenaillait. Il capta de nouveau le regard de John fixé sur lui, inquisiteur. Comme s'il cherchait à lire dans ses pensées ou….à le défier ?

L'informaticien détourna les yeux, agacé. Il en avait assez pour ce soir. Il avait besoin d'être seul et décida de rejoindre l'une des chambres que leur avait généreusement attribué leur numéro. Il se leva un peu trop vite et sa jambe protesta contre ce mouvement brusque. Il chancela légèrement mais ignora la douleur, puis commença à avancer vers le fond de la salle. Il était à mi chemin lorsqu'il sentit un bras solide venir étayer le sien. Il se tourna vivement.

-« Que faites vous là ? »

-« Je vous escorte » constata Reese avec un sourire

-« Vous avez déjà abandonné votre… danseuse ? » grinça l'informaticien, se reprenant de justesse alors qu'il allait employer un autre terme.

-« Elle était sans intérêt » affirma John avec un haussement d'épaules « Contrairement à vous » ajouta t-il pour lui-même.

-« Vous jugez vite » ironisa l'informaticien « Mais vous n'aviez pas besoin de vous interrompre » ajouta t-il « Restez profiter de la soirée. Je trouverais bien mon chemin tout seul »

-« On ne sait jamais, vous pourriez vous perdre dans les couloirs » estima Reese en appuyant sur le bouton d'appel de l'ascenseur. Il se tourna vers son associé « Et je n'ai aucune envie de continuer la soirée sans vous » ajouta t-il d'un ton sérieux

Finch voulu répliquer mais le regard que son associé lui adressa l'en dissuada.

La porte s'ouvrit et ils montèrent dans l'ascenseur. L'appareil était lent. Finch sentait le regard de Reese posé sur lui, lourd, insistant. « Que cherche t-il ? » pensa t-il mal à l'aise. Il se racla la gorge et leva les yeux vers lui. John le fixait toujours d'un regard intense qui le troubla profondément. Il se sentait vulnérable. Il retint un soupir de soulagement en quittant l'ascenseur.

-« 613 » annonça t-il. Il avança dans le couloir, trouva le numéro.

-« Et la votre ? » demanda t-il à son associé qui l'avait suivi, tout en cherchant sa carte d'accès.

-« 614. Juste en face »

-« Bien. Alors bonne nuit M Reese » répondit l'informaticien d'une voix mal assurée.

-« Je n'ai pas sommeil » murmura John en se rapprochant de lui.

-« Allez dire cela à votre amie de la piste de danse » répliqua spontanément l'informaticien en reculant en peu pour glisser la carte dans la serrure.

John se plaça devant lui, l'obligeant à lui faire face, les yeux rivés aux siens. Il posa une main hésitante contre sa poitrine.

Finch avait l'impression que son regard le brulait, l'enchainait à lui.

-« Ce n'est pas elle que je veux » chuchota John en approchant son visage de celui de son associé. Lorsqu'il posa ses lèvres sur les siennes et l'embrassa tendrement, Finch comprit qu'il était à sa merci et ne put s'empêcher de lui rendre son baiser.

-« Harold » soupira John d'une voix que le désir rendait rauque, posant ses mains sur ses hanches, l'attirant contre lui. Finch le repoussa contre le mur, agrippant sa chemise, il l'embrassa passionnément. Ils échangèrent plusieurs baisers de plus en plus fiévreux, avides, qui trahissaient leur besoin l'un de l'autre. John le repoussa à son tour, le plaquant contre la porte. Quelque part au fond de son esprit Finch entendait une petite voix l'exhorter à la prudence. Il savait qu'il s'aventurait sur un terrain dangereux, mais il sentait aussi les mains de John s'insinuer sous ses vêtements en des caresses toujours plus précises, son corps pressé contre le sien, ses lèvres qui dévoraient les siennes et cette envie de lui toujours plus forte. Alors lorsque John enclencha la carte dans la serrure et poussa la porte il le laissa le guider vers le lit à travers la vaste chambre, incapable de lui résister, toute raison annihilée.

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OoooooooooO

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John s'éveilla le premier et sourit en voyant son partenaire étendu près de lui, tranquillement endormi. Il n'aurait sut dire combien de fois il avait rêvé de vivre un pareil moment. C'était presque trop beau pour être vrai. Il en profita au maximum, trop conscient que la suite ne serait peut être pas aussi simple. Il appréhendait la réaction de Finch à son réveil. Le connaissant, il savait qu'il y aurait une certaine tension. Il resta un long moment tranquillement sans bouger. Puis il sentit que son associé revenait à la conscience.

« Allons » songea t-il « la meilleure défense, c'est l'attaque » s'encouragea t-il

Finch soupira, puis bougea doucement. John passa les bras autour de sa taille et l'attira contre lui.

-« Bonjour Harold » chuchota t-il en posant un baiser sur son épaule.

Finch sursauta à ce geste. Retrouvant brusquement toute sa lucidité, il réalisa la situation, les images de leur nuit défilant dans son esprit. Il rougit violement et John le sentit se raidir dans ses bras.

-« Bonjour M Reese » articula t-il péniblement. Il posa les mains sur celle de son agent, cherchant à se dégager par reflexe.

-« Hum Harold, je crois qu'en un pareil moment et après ces dernières heures vous pourriez au moins utiliser mon prénom » suggéra Reese.

-« Je suppose M R…. John » concéda l'informaticien « Je… je ne sais pas…. » Commença t-il. Il chercha à s'écarter de son partenaire mais John resserra sa prise

-« Écoutez-moi Harold. S'il vous plait » ajouta t-il en sentant la nervosité grandissante de son compagnon. « Juste un moment » plaida t-il.

-« D'accord » capitula Finch, réticent.

John prit une profonde inspiration.

-« Je sais ce que vous faites. Vous êtes en train d'analyser la situation et cela vous effraie » L'informaticien tressaillit. « Je vous connais bien ne l'oubliez pas » continua Reese. « Là vous essayez de trouver le terme le plus approprié pour qualifier ce qui s'est passé cette nuit, entre "erreur de jugement", "moment d'égarement" ou "instant de folie" peut être ?

Finch pinça les lèvres, contrarié d'être aussi prévisible.

-« Je ne sais quel terme vous choisirez mais moi aucun de ceux là ne me convient, je préfère que vous le sachiez. Parce qu'ils sont tous synonyme d'erreur et que ce que nous avons partagé cette nuit n'en était pas une. Ne pouvait pas en être une Harold» insista John. « En tous cas cela ne le sera jamais pour moi et rien de ce que vous pourrez dire ne me fera changer d'avis »

Il obligea son partenaire à basculer sur le dos et se plaça au dessus de lui, le forçant à lui faire face. Il capta son regard.

-« La vérité c'est que je vous aime Harold. Depuis des mois. Et pendant tout ce temps j'ai rêvé du moment où je pourrais vous l'avouer, vous le prouver »

-« John…. » Murmura l'informaticien troublé, ne sachant quoi répondre. John posa un doigt sur ses lèvres pour l'interrompre

-« Il fallait que je vous dise tout cela, pour que vous connaissiez mes sentiments, avant que vous ne vous mépreniez et que vous ne décidiez de renier ce qui s'est passé, ou, pire encore, de renier notre relation, notre association. Rien n'est brisé Harold, au contraire» insista John, tellement désireux de le convaincre. Il l'observa. Finch ferma les yeux pour se soustraire à ce regard trop intense. John pouvait presque lire les pensées contradictoires qui se bousculaient dans son esprit. Mais il ne pouvait rien faire de plus. Juste espérer que Finch ferait le bon choix.

Deux minutes s'écoulèrent qui lui parurent une éternité. Puis Finch rouvrit les yeux et le fixa. Il glissa une main sur sa nuque, attira son visage près du sien et l'embrassa avec une infinie tendresse et John reçu ce baiser comme une victoire. Comme une promesse.

-« Vous aviez raison John. Je ne voyais qu'une erreur où il n'y avait que de l'amour. Merci de m'avoir ouvert les yeux. Je crois que sans vos paroles j'aurais choisit le mauvais chemin »

-« Je serais toujours là pour vous aider à choisir la bonne route » chuchota Reese en déposant quelques baisers sur son visage. Finch lui sourit et John y vit une invitation à continuer. Il l'embrassa dans le cou, là où il l'avait découvert si sensible, heureux de le sentir en retour frissonnant entre ses bras.

-« Je vous aime Harold » répéta t-il, sentant qu'il réagissait de plus en plus à ses caresses.

-« Je vous aime John » chuchota l'informaticien. Il ferma les yeux et s'abandonna dans les bras de son compagnon. Un peu effrayé de se sentir incapable de la moindre résistance. Peut être pas tout à fait serein sur ce qu'ils vivaient, mais décidé à saisir cette nouvelle chance de bonheur que la vie lui offrait.

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La sonnerie du téléphone les réveilla. John fut le plus rapide à répondre. Finch entendit ses réponses brèves. Le son de sa voix le ramena à leur précédente conversation. Lui rappela l'aveu de ses sentiments qu'il n'aurait jamais imaginé confesser un jour. Mais John lui avait ôté toutes envies de les regretter par l'étreinte qu'ils avaient partagée ensuite. Il y avait une telle tendresse dans le moindre de ses gestes. Il avait dû se rendormir sans même sans rendre compte. Son dernier souvenir était d'être allongé près de son compagnon qui le gardait étroitement serré, l'esprit embrumé par le plaisir éprouvé entre ses bras, le sommeil l'envahissant lentement.

Il soupira lorsque John, après avoir raccroché, se pencha vers lui et posa un baiser dans son cou tout en enserrant sa taille.

-« Harold, vous êtes réveillé ? J'aimerais vous garder toute la journée ainsi mais je crains que nous ne soyons obligé de nous lever. Et assez rapidement »

-« Rapidement ? » répéta Finch étonné.

-« C'était la réception. Ils appellent les invités pour leur rappeler que les chambres doivent être libérées pour midi »

-« Il est encore tôt » jugea Finch.

-« Il est 11H15 Harold » gloussa l'ex agent.

Finch se redressa vivement.

-« Ce n'est pas possible ! »S'exclama t-il « il était tôt pourtant…. »

-« Lorsque nous nous sommes réveillés oui, mais je crains que certaines "activités" ne nous aient renvoyé dans les limbes du sommeil un peu plus longtemps que prévu » constata Reese

Finch rougit à cette évocation.

-« Il faut nous préparer » répondit-il en se levant précipitamment.

Reese le suivi des yeux jusqu'à la salle de bains, amusé de son trouble. Un peu frustré de sa fuite « patience » songea t-il.

Finch fut rapide. Il retrouva son associé debout près de la fenêtre, un café à la main.

-« Je vous ai commandé un thé. Il y a des jus de fruit et des croissants aussi, bien qu'il soit un peu tard pour le petit déjeuner »

-« Merci » répondit l'informaticien en se dirigeant vers le chariot. Reese approcha pour déposer sa tasse vide.

-« Je veux bien que nous soyons pressé mais de là à ne pas se dire bonjour » constata t-il. Il se pencha vers son compagnon et l'embrassa tendrement.

-« Bonjour Harold »Il observa la réaction de son associé.

-« Vous avez raison » affirma celui-ci « C'est un manque total d'éducation » jugea t-il en lui donnant un baiser à son tour.

Reese se sentit rassuré par son geste. Il gagna la salle de bains, l'air joyeux.

Finch l'observa. Il avait encore un peu de mal à réaliser le changement dans leur relation mais apparemment il avait bien réagit. Il songea que sa plus grande crainte jusqu'alors avait été que John ne découvre son secret. Désormais ce serait de ne pas être à la hauteur des attentes de son partenaire. Il était si peu doué pour les relations humaines. En revanche, quel que soit les risques, il ne voulait plus revenir en arrière. Il ne le pourrait pas. Il lui faudrait se créer de nouveaux repères mais il ne reculerait pas devant ces perspectives. Il voulait réussir leur histoire.

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Ils rendirent les clés à la réception un peu avant midi. Reese s'installa au volant de leur véhicule.

-« Je propose que l'on s'arrête déjeuner avant de rentrer à la bibliothèque » suggéra t-il « Nous n'avons pas de numéro ? »

-« Non pas pour l'instant »

-« A moins que vous ne préfériez déjeuner à la bibliothèque ? »

-« Nous pouvons prendre le temps de faire un détour je pense »

-« Parfait. Une suggestion ? J'ai faim » constata l'ex agent.

-« Vous avez mangé trois croissants déjà » remarqua Finch amusé.

-« Exact. Mais c'est loin d'être suffisant pour compenser toute l'énergie que j'ai déployé cette nuit et ce matin » le taquina John. Certain de le voir rougir une fois de plus.

Cela ne manqua pas.

-« Hum, évidemment » bredouilla l'informaticien perturbé.

Devant la gêne de son partenaire, Reese ne résista pas à l'envie de continuer.

-« Mais ne vous inquiétez pas, je récupère vite » précisa t-il « et je me ferais un plaisir de vous le prouver »

-« Je n'en doute pas » marmonna Finch un peu plus mal à l'aise encore.

-« Je n'ai jamais connu quelqu'un capable de rougir autant que vous Finch. Je vais me taire ou vous ne retrouverez jamais vos couleurs naturelles avant d'arriver au restaurant »

-« Trop aimable » répliqua Finch d'un ton vexé qui sonnait faux. John sourit mais garda le silence.

Vingt minutes plus tard il se garait devant le restaurant. Il se tourna vers son associé le fixant attentivement.

-« C'est correct, je crois que nous pouvons y aller »

Finch lui lança un regard sévère dont il ne tint aucun compte lorsqu'il lui chuchota à l'oreille :

-« Je meurs d'envie de vous embrasser mais je vais me retenir sinon nous reviendrons à notre point de départ »

Et évidemment une légère rougeur monta aussitôt aux joues de l'informaticien.

-« Qu'est ce que je disais » soupira l'ex agent.

-« Cessez de me taquiner M Reese et ce sera plus facile ! » répliqua l'informaticien agacé

-« En public c'est promis. En privé impossible ! » Il se pencha à nouveau vers lui « Pour moi c'est une façon de vous rappeler que je vous aime. Ca je ne pourrais pas m'en empêcher »

Devant cette déclaration si naturelle Finch oublia toutes ses protestations.

-« Je vais tacher de m'y habituer alors » concéda t-il.

-« Ca me semble la meilleure solution pour les années à venir ! » John lui sourit et quitta le véhicule.

« Les années à venir » se répéta Finch en le suivant. Ces mots étaient si rassurants.

Le repas fut tranquille. John n'émit aucune taquinerie à l'encontre de son vis-à-vis et évita les sujets sensibles. Finch en conçu un certain soulagement. Au bout d'une heure ils quittèrent le restaurant. John lui tint la portière. Finch le frôla en prenant place. Un instant il songea que son associé chercherait à en profiter mais il ne tenta pas un mouvement. Il en ressentit une vague frustration et s'étonna de sa propre réaction. Il réalisa alors, effrayé, qu'il n'avait même pas fallut 24H avant qu'il ne devienne profondément dépendant de l'amour de Reese Troublé par cette constatation il resta silencieux pendant le reste du trajet. John perçu le changement dans son attitude et s'en inquiéta, connaissant la nature réservée de son partenaire. Avait-il été trop loin ? Pourtant il ne semblait pas fâché. Le déjeuner s'était déroulé dans une bonne ambiance. Non le changement datait de leur retour au véhicule. Il n'avait pourtant rien fait de spécial à ce moment là. Il avait même renoncé à l'embrasser au prix d'un énorme effort de volonté parce qu'ils étaient en public, bien que le parking n'était pas très fréquenté à ce moment là. Mais c'était peut être cela finalement. Finch aurait-il justement souhaité une marque d'attention de sa part ? John savait qu'il allait devoir le rassurer ces prochains jours, jusqu'à ce qu'il accepte enfin pleinement ses sentiments. « Il va me falloir agir avec prudence » songea t-il « et beaucoup de tact »

De retour à la bibliothèque ils furent accueillis par Bear, tout joyeux de retrouver ses maîtres

-« Je vais l'emmener faire un tour » annonça l'ex agent « Il doit avoir besoin de se défouler un peu. Vous nous accompagnez ? »

-« Je préfère rester ici et vérifier que tout est normal »

-« D'accord. La prochaine fois alors » John l'attira contre lui en glissant ses bras autour de sa taille et l'embrassa tendrement

-« A tout à l'heure Harold »

-« Amusez vous bien » répondit l'informaticien tout à coup réconforté. Le geste de John avait été si naturel. Donc il n'avait songé qu'à être prudent une heure plus tôt. « Je dois accepter cette dépendance » songea t-il Dépendance qui, a bien y réfléchir, n'était pas si nouvelle. Elle était née plusieurs mois plus tôt lorsqu'il avait réalisé son amour pour lui et il l'avait déjà accepté pour lui-même. Il devait juste s'habituer à ce qu'elle soit visible de son compagnon. Même si cela le rendait vulnérable. « Il n'en profitera pas » jugea t-il « Il ne ferait jamais cela »

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John et Bear revinrent deux heures plus tard.

-« Tout va bien Finch ? »

-« Tout est en ordre M Reese »

-« Retour aux habitudes, avec une nouvelle cependant » affirma l'ex agent en lui volant un baiser. « J'adopte définitivement une nouvelle façon de vous saluer. Au moins en privé »

Finch sourit

-« Je prends note » répondit-il amusé.

-« Et ? Vous approuvez j'espère ? »

-« Totalement »

Finch repris sa séance de codage tandis que Reese s'installait un peu plus loin avec un livre qui, comme d'habitude, ne retint pas vraiment son intérêt. Il aurait voulu s'installer un peu plus près et juste l'observer sans avoir besoin de faire semblant de lire, mais il se demandait comment réagirait son partenaire et préféra ne pas risquer un geste maladroit.

-« Voulez vous un thé ? » demanda t-il au bout d'une heure.

-« Volontiers M Reese » répondit machinalement l'informaticien sans cesser ses activités.

John partit aussitôt préparer la boisson et revint déposer la tasse près du clavier. Restant debout près de lui avec sa tasse de café.

-« Vous ne voulez pas vous assoir ? » demanda Finch en levant les yeux vers lui.

-« Si » répondit John du bout des lèvres en retournant vers sa chaise.

-« Vous pourriez vous rapprocher un peu » suggéra Finch.

John ne se le fit pas dire deux fois et avança la chaise plus près du bureau, sans être trop proche pour ne pas gêner l'espace de travail.

-« Que lisez-vous ? » demanda Finch curieux. Il fronça les sourcils « n'avez-vous pas commencé ce livre le mois dernier déjà ? »

-« Je ne lis pas vite » éluda Reese « et j'ai parfois du mal à me concentrer sur le texte »

-« Vous n'aimez pas ? »

-« Disons que je préfère observer plutôt que lire »

-« Je vois. Vous devriez l'emmener chez vous dans ce cas » suggéra l'informaticien qui avait capté le sous entendu.

-« J'y penserais à l'occasion » répondit Reese avec un haussement d'épaule « C'est plutôt vous que je veux ramener chez moi » pensa t-il

Finch n'insista pas et repris son travail. Il recommença donc sa fausse lecture. Et se trouvant plus près de son associé il fut encore moins assidu.

A 18H il se leva.

-« Je ramène le diner ? Chinois ? »

-« Est-il déjà si tard ? » demanda Finch étonné. Absorbé par son codage il n'avait pas vu l'heure passer « D'accord. J'aurais fini pour votre retour »

-« Je ne serais pas long » lança l'ex agent en se dirigeant vers la sortie.

L'informaticien termina juste à temps pour rejoindre son partenaire qui avait disposé les plats sur la table. Ils dinèrent tranquillement.

-« Je pense que nous n'aurons pas de mission aujourd'hui » jugea Reese « Ca vous dit de passer la soirée chez moi ? » tenta t-il

Finch réalisa qu'il n'attendait que cette invitation et se sentit à nouveau effrayé devant cette évidence qui s'imposait à lui avec tant de force. « Tout va trop vite » songea t-il. Alors il répondit hésitant

-« Je pense plutôt rentrer chez moi. Si cela ne vous dérange pas »

Reese traduisit « si cela ne vous vexe pas »

-« Je vous laisse le choix Harold. Je suis patient » affirma t-il, certain que son associé comprendrait.

-« Merci » soupira ce dernier, soulagé qu'il ait compris son message implicite.

Lorsqu'ils se quittèrent Finch ne put s'empêcher de remarquer que Reese semblait moins joyeux. « Par ma faute » songea t-il. Il lui donna plusieurs baisers qui lui firent presque changer d'avis mais comme il s'apprêtait à s'exprimer John le relâcha.

-« A demain Harold » dit-il simplement.

-« A demain John »

Il le regarda s'éloigner avec regret et se sentit agacé contre lui-même.

Comme il arrivait à l'angle de la rue, John se retourna et vit que son partenaire le suivait des yeux. Il se prit à espérer qu'il regrettait de le laisser partir. Il resta un instant immobile puis reprit sa route.

Bien sûr il ne put se défendre d'un sentiment de déception lorsqu'il se retrouva seul dans son loft mais il avait toujours sût que ce ne serait pas facile et qu'il devrait se montrer patient. D'ailleurs il ne devait pas se plaindre. Son plan avait réussi au delà de toutes ses espérances.

Cela faisait déjà plusieurs mois qu'il avait réalisé la vraie nature de ses sentiments pour son associé. Une mission où ils s'étaient trouvé tout deux en mauvaise posture face à un apprenti assassin particulièrement déterminé lui avait brutalement fait prendre conscience de la puissance de son attachement. Face à cette menace il avait réalisé qu'il ne supporterait pas de le perdre et surtout que ce n'était pas juste un ami qu'il redoutait de perdre. Ce jour là il avait comprit que le lien entre eux allait bien au delà de l'amitié qu'il croyait ressentir.

Cette histoire lui avait ouvert les yeux sur ses sentiments et il n'avait pas songé un instant à les refermer. Il les avait accepté se demandant comment les vivre au mieux, n'envisageant pas alors de les exprimer, persuader qu'ils resteraient sans écho. Puis il avait remarqué ce changement dans le comportement de son associé. Des détails infimes qui auraient échappés à tout autre mais pas à un ex agent de la CIA parfaitement entraîné et encore moins à un homme amoureux. Et il avait fini par se demander s'il avait été le seul à être victime d'une prise de conscience. Collectant patiemment les indices et s'efforçant de rester objectif, pour ne surtout pas interpréter les faits comme ils voulaient qu'ils soient et non comme ils étaient vraiment, il avait observé soigneusement les attitudes de son partenaire et l'espoir avait grandit en lui au fur et à mesure de ses constatations. Lorsqu'il acquit la certitude que Finch avait des sentiments pour lui et qu'il pouvait espérer raisonnablement qu'il s'agissait de plus qu'une simple amitié, il avait décidé d'agir, devinant que jamais son partenaire ne prendrait une telle initiative. Mais pas question de se dévoiler brutalement au risque de faire fuir son associé si celui ci n'était pas sûr de ses sentiments, ou s'il s'était trompé, mais il croyait de moins en moins à cette possibilité. Il avait donc entreprit une véritable campagne contre son associé mais toujours en agissant en douceur. Il avait multiplié les remarques, les allusions à double sens, les insinuations de plus en plus précises Les petites attentions, celles qu'il avait d'ordinaire, d'autre dès qu'une occasion se présentait. Il tenta quelques gestes aussi, de simples frôlements que l'on pouvait facilement croire dû au hasard. Les premiers jours avaient été décevants. Finch ne semblait pas du tout capter ses attentions, presque indifférent. Puis il avait eut quelques hésitations. Un certain trouble lorsqu'il le frôlait de trop près. Finch savait dissimuler ses pensées derrière son air impassible mais il avait un point faible : il ne pouvait s'empêcher de rougir. Ce qu'il n'aurait pas fait s'il ne s'était pas sentit concerné avait jugé Reese. Il jouait alors l'agacement pour faire diversion mais John n'était pas dupe de la manœuvre, ou plutôt il ne l'était plus. Il avait donc continué sa campagne, n'hésitant plus à le provoquer discrètement d'un regard ou d'un geste, comme il l'avait fait la veille lors de la soirée lorsqu'il avait remarqué son énervement face aux regards insistants de cette invitée. Finalement il avait tenté le tout pour le tout et au vu du résultat il ne regrettait vraiment pas de l'avoir fait. Il sourit aux souvenirs de leur première nuit. Le réveil avait été plus délicat mais pas autant qu'il ne l'aurait cru. Maintenant le défi serait de faire durer leur histoire. Mais il était prêt à le relever et déterminé à le réussir.

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Au matin, John quitta son loft d'un pas léger. Il avait hâte d'être à la bibliothèque et de retrouver son compagnon. Il s'efforçait de chasser la légère appréhension qu'il ressentait, ne pouvant s'empêcher de craindre que son associé n'ait changé d'avis sur leur nouvelle relation. Il ne voulait pas y penser. Il avait sû le convaincre. Pourquoi reviendrait-il en arrière ? En tous cas si cela devait arriver il était bien décidé à se battre pour le garder.

Il tourna le coin de la rue et s'entendit interpeller. Il se retourna, étonné. Il chercha dans sa mémoire où il avait déjà croisé ce visage.

-« Bonjour » répondit-il hésitant.

-« Vous ne vous souvenez pas de moi ? Il est vrai que nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour faire connaissance mais nous allons remédier à cela »

John perçut une présence dans son dos mais avant qu'il n'ait le temps de réagir il ressentit une vive piqure dans le cou. Il réagit aussitôt, neutralisant l'homme qui l'avait attaqué, mais le produit injecté devait être puissant, il se sentit étourdi puis finalement sombra.