Bonjour à toutes et tous !
Comme promis, voici le premier chapitre de ma toute nouvelle fanfic. Bonne nouvelle: elle est écrite en intégralité ! Youhouuu me direz-vous (et voilà que je fais des rimes … :D)
Elle est librement inspirée du film "Le Témoin amoureux", ne vous étonnez donc pas de tomber sur des moments qui vous rappellent le film !
J'avoue mourir d'envie d'avoir vos avis ! C'est la première fois que je me lance dans le ALL HUMAN et j'ai hâte de voir ce que vous en pensez !
Bon, je n'en rajoute pas plus !
Bonne lectuuuuuuure !
Votre dévouée Auteuze,
Jess
«Il est difficile de n'être que « figurante » dans l'histoire d'amour de quelqu'un d'autre. »
Brooke Davis (One Tree Hill)
Contradiction.
Titre : Contradiction
Auteur : Lecholls/Jess
Résumé : Jusqu'à quel point va l'amitié ? C'est quelque chose que va découvrir Bella très vite, quand son meilleur ami lui avoue avoir trouvé la femme de sa vie.
Disclaimer : L'histoire sort de mon esprit tordu mais je ne touche pas d'argent pour l'écrire (quoique, je devrais essayer ^^). Tous les persos (même Jasper bouhouuuu :( ) sont à Stephenie Meyer, je ne fais que broder sur eux ^^.
Autre : All Human et donc OOC !
Personnages secondaires :
Maria : Monica Cruz
Andrew : Pierce Brosnan
Sarah : Kelly Rutherford
Chapitre 1 : Révélation
"Il n'est point de secrets que le temps ne révèle"
[Jean Racine]
POV BELLA
J'attrape une pomme dans la coupe à fruits et mords dedans tout en choppant mon sac à main, ma mallette avec mon portable et le sac de mon appareil fétiche en même temps. Chargée comme un mulet, je passe la porte de mon appartement et tente d'attraper mon trousseau de clefs dans ma poche pour la fermer, pomme coincée dans la bouche, quand mon téléphone se met à sonner. Incroyable comme le sort joue contre moi à chaque fois. Mais je ne me formalise pas de l'appel. Après tout, il s'agit certainement de Monsieur Horton, mon nouveau client, qui m'appelle pour la zillionème fois de la semaine pour savoir si tout est prêt pour cet après-midi. Ou alors Alice, mon assistante, pour savoir si je suis bientôt là. Car oui, je suis en retard. Ca fait plus de 3 mois maintenant que je suis systématiquement en retard, tous les jours au boulot. Chose qui ne m'arrivait jamais avant. Le portable passe sur messagerie et je parviens enfin à trouver mes clefs pour fermer la porte. Alors que je les fourre de nouveau dans la poche de ma veste, le portable se remet à chanter. C'est donc forcément Alice. Il n'y a qu'Alice pour insister lourdement. J'attrape mon portable, sans regarder l'appelant et décroche :
- Salut Alice, je suis sur mon chemin.
- Callie ? C'est bien toi ?
Je pourrais répondre que non, que moi c'est Bella, Bella Swan mais ce serait un mensonge. Car oui, pour une seule personne, je suis bien Callie. Depuis de longues années. Ca doit faire 4 ans maintenant que j'ai hérité de ce surnom. Callie, qui vient en fait de trèèèèèès loin. Mon meilleur ami, Jasper Hale, est celui qui me surnomme ainsi. Le seul à le faire, le seul à pouvoir. Et pour cause ! C'est lui qui me l'a trouvé ! Jasper est le roi du jeu avec les mots. Ma maladresse légendaire lui donna l'envie de m'appeler Calamity Jane. Ensuite, je passais à Jane seulement. Puis il sortit avec une Jane et se reporta sur Calamity qu'il abrégea à Callie. Je suis restée à Callie depuis 4 ans, sans nouveau changement. Je ne me plains pas, c'est moins désagréable que Jane quand on connaît son ex. Et puis je ne lui en veux pas. Car je suis tout bonnement incapable d'en vouloir à Jasper pour quoique ce soit. Je le connais depuis bientôt 10 ans maintenant. Enfin non, je mens. Je le connais depuis bien plus longtemps que ça. Mais il est devenu mon ami il y a 10 ans, quand il m'a défendue devant le gars le plus populaire et le plus emmerdant surtout du lycée qui m'avait clouée contre mon casier, histoire de me foutre la trouille de ma vie. Je revois encore le grand blond qu'il est s'avancer vers nous, les mains dans les poches et moi, tremblante à l'idée qu'il lui vienne en aide. Je n'avais jamais parlé à Jasper avant cet événement. Il n'était pas franchement populaire, ne faisait pas partie de l'équipe de foot ou de basket du lycée, passait son temps à lire des bouquins encore et encore, mais il était beau et mystérieux, sa sœur était une déesse sur Terre, cheerleader, et tout le monde lui foutait donc la paix. Ce qui n'était pas du tout mon cas. Mais alors pas du tout. Moi j'étais la petite intello, première de la classe, avec mes lunettes sur le nez et le physique ingrat (j'étais un peu potelée), qu'on adorait houspiller. Je passais entre les coups comme je pouvais mais il est vrai qu'entre 13 et 15 ans, j'ai passé mes soirées à pleurer sur mon triste sort. Jusqu'à ce jour, le jour que nous appelons désormais D-Day car c'était le jour de ma libération perso, où il s'est planté devant Mike Newton, a attrapé son bras avec beaucoup de calme et lui a demandé posément de me lâcher. Le Mike en question a ricané, disant qu'il ne faisait pas le poids contre lui et qu'il ne devait sa tranquillité qu'à la réputation de sa sœur. Jasper a haussé les épaules, demandé qu'il me lâche, à nouveau, précisant qu'il ne le répéterait pas une troisième fois. Mike a resserré sa prise autour de mes épaules et j'ai échappé un petit cri. Deux minutes plus tard, le Mike ne faisait plus tant le malin car Jasper venait de lui retourner le bras derrière le dos, visiblement assez violemment car Mike grimaçait de douleur, et lui demandait s'il serait plus raisonnable à l'avenir. Newton a acquiescé, s'est excusé après que Jasper lui ait demandé de le faire et a détalé comme s'il avait le diable à ses trousses. Il avait du lui faire mal, voir même forcer pour que son bras se plie en sens inverse. Jasper a alors ramassé mes livres tombés à mes pieds et me les a tendus, m'assurant que je n'avais plus rien à craindre désormais. La suite, vous la connaissez, on est devenus amis, puis il est devenu mon meilleur ami et le lycée n'a plus jamais été un enfer pour moi. Jamais.
- Jazz' ! Quel bonheur de t'entendre !
- Et toi donc, ma Callie ! Je suis désolé de ne pas être parvenu à te joindre avant. Qui aurait cru qu'un si vieux pays comme l'Espagne aurait des problèmes de réseau de portable.
- Dis plutôt que tu étais trop occupé dans tes bouquins pour m'appeler !
- Pas du tout. Mais j'ai rejoint un petit village au nord du pays pour consulter un manuscrit très ancien et je suis tombé dans une tempête. Après cela, impossible de retrouver une barre de réseau !
- Ca fait 6 semaines, Jasper. Ne me dis pas que tu es resté dans ce petit village perdu tout ce temps !
- Hahaha ! Eh bien si ! J'ai tant de choses à te raconter, ma Callie ! On se rejoint ce midi ?
- Ce midi, impossible. Ma séance est à 13 heures et je ne peux pas être en retard. Mon nouveau client n'y survivrait pas. On peut se voir ce soir.
- Ce soir, parfait. Comme d'hab ?
- Bien sûr.
- A ce soir ! Merde pour ton shooting.
- A ce soir …
- Hey Callie ?
- Hum ?
- Tu m'as manqué.
- Toi aussi, Jazz, toi aussi …
Il coupe la communication et je regarde mon iphone avec un sourire sur le visage. Une photo de nous deux pendant nos vacances à Punta Cana l'année dernière en fond d'écran. Il est revenu. Et il était temps ! Ca fait 3 mois que Jasper est parti pour l'Europe, pour sa thèse de doctorat. Il devait y faire des recherches dans des manuscrits sur le vieux continent. Jasper est littéralement passionné par ses études, son boulot. C'est une vraie tête. Il est maintenant assistant du célèbre Mr Anderson, professeur de littérature à la célèbre Université de Harvard. Bon, jusque là, pas de quoi se vanter car le bonhomme a une trentaine d'assistants. Cependant, il n'en laisse aucun donner des cours, sauf Jasper. Autant dire que c'est la claaaaaaaaasse. Je suis toujours fière de le dire à tout le monde, particulièrement à ma mère, même si elle ne le supporte pas. De toute façon, Renée ne supporte personne, mais ça, c'est une autre histoire. Revenons donc à Jasper. Il est parti il y a 3 mois pour son expédition de recherches. Comme il me l'a avoué, il adore donner cours (et il est très doué à ce jeu car je me suis faufilée une fois dans l'auditoire sans qu'il le sache pour le voir à l'œuvre) mais son truc, c'est vraiment la recherche il pourrait passer des heures dans des bouquins pour trouver une référence qui pourrait le faire avancer dans sa thèse. Alors évidemment, quand Monsieur Anderson lui a parlé de ce voyage en Europe, il ne s'est pas fait prier une seule seconde. En deux jours, son voyage était organisé, sa valise était prête et on se retrouvait tous les deux à l'aéroport, la gorge nouée (pour moi), à nous dire au revoir. On s'est promis de s'appeler tous les jours, chose qu'on fait déjà de toute façon, même quand il est à New York ou même à Harvard qui n'est qu'à deux heures de route de chez moi, et de s'écrire des mails dignes des bouquins d'Harry Potter. Résolution qui a tenu un mois et demi jusqu'à ce qu'un soir, il m'appelle en plein milieu de la nuit, pour me dire qu'il était perdu sur une route de campagne. Comme d'habitude quand je suis coupée dans mon sommeil, je lui ai répondu vertement, la ligne a commencé à grésiller et je l'ai perdu. Je me suis rendormie sans peine, ne sachant pas encore à ce moment-là que je ne l'entendrais plus pendant des semaines. Les semaines les plus longues de ma vie. Je n'avais jamais passé plus de deux jours sans avoir de ses nouvelles. Même quand il passait en mode « ours » et qu'il plongeait dans ses bouquins, il pensait tout de même à m'appeler de temps à autre et ne laissait jamais passer 48 heures sans me donner de ses nouvelles. Autant dire que j'ai pas mal balisé ces dernières semaines. Jusqu'au mail, la semaine dernière, bref et concis, disant qu'il était toujours en vie et que je ne m'inquiète pas. Mail qui m'avait énervée au plus haut point et auquel je n'avais pas répondu. Et ses Harry Potter promis, ils étaient où hein ? Evidemment, toute ma colère s'est évaporée quand j'ai entendu sa voix et me voilà sur la route du boulot, le sourire aux lèvres.
J'arrive au bureau et jette mes nombreux sacs sur le canapé dans le coin de mon espace de travail. Alice a sautillé à ma suite et regarde mon manège, comme tous les matins. Après avoir posé mes affaires, je m'installe sur mon fabuleux fauteuil de bureau et allume mon ordi. Alice pose mon Latte tout droit sorti de chez Starbucks sur mon bureau et me sourit. La meilleure assistante qui soit, voilà ce qu'elle est.
- Tu es en retard.
Et elle n'a pas sa langue dans sa poche, ce qui me plaît d'autant plus.
- Je sais. Le réveil a été fastidieux.
- Tu as l'air de bonne humeur.
- Je le suis ! acquiescai-je en prenant les épreuves des photos réalisées hier.
Je les soulève devant la lumière et Alice piétine littéralement, attendant mon verdict. Elle sait qu'il faut me laisser dans ces moments-là et attend donc le plus sagement qu'elle peut avant de me demander ce que j'en pense. Quand je repose les feuilles sur mon bureau et que je relève les yeux vers elle, je vois qu'elle est au bord de la crise d'apoplexie.
- Elles sont géniales tes photos, Alice. Tu as vraiment un bon feeling.
- Tu trouves ? piaille-t-elle, tapant dans ses mains.
- Bien sûr, sinon je ne te le dirais pas, tu le sais bien. Bientôt, tu pourras voler de tes propres ailes.
- Je ne te quitterai pas, Bella.
- Alors on s'associera ! souris-je, en prenant une gorgée de mon café.
Elle sautille maintenant, littéralement, devant mon bureau, un grand sourire sur son visage.
- J'adore quand tu es de bonne humeur !
Je souris, poliment, et prends le planning de la journée.
- Où en sont les préparatifs pour cet après-midi ?
- Tout se met en place. Les éclairages sont placés mais Marcus attend ton accord. Le décor est plus ou moins arrangé même si Monsieur Horton a de nouveau changé d'avis.
- Incroyable. Les modèles ?
- Victoria a appelé, elle sera à l'heure. Par contre, Edward …
- Je m'occupe d'Edward.
Elle sourit.
- Je préfère. Mon frère ne m'écoute pas de toute façon.
- C'est pour cela que tu ne pourras pas le photographier quand tu seras à ton propre compte.
Elle attrape les papiers qui traînent sur mon bureau pour m'en débarrasser et se dirige vers la sortie :
- Ca veut surtout dire qu'il n'y aura que toi qui l'utilisera comme modèle quand on sera associées !
Elle se retourne, me fait un clin d'œil et disparaît à son espace de travail pour vérifier que tout roule pour cet après-midi. Plus besoin de gérer quoi que ce soit quand on a une assistante aussi consciencieuse. Enfin … si : il faut gérer Edward.
J'attrape le téléphone du bureau et compose le numéro d'Edward en soupirant. Il a intérêt à être à l'heure, sinon Monsieur Horton n'y survivra pas. Quatre sonneries passent et je commence déjà à m'énerver. A quoi sert un téléphone portable si c'est pour le laisser sonner dans le vide, je vous le demande. Alors que je vais raccrocher, j'entends le clic et sa voix pâteuse résonner dans le combiné :
- Allô ?
- Edward ? C'est Bella.
- Bella … Je sais pourquoi tu m'appelles ! sourit-il à l'autre bout de la ligne.
- Je t'appelle Edward parce qu'il est 10 heures trente et que la séance est à 13 heures.
- Ce qui signifie donc qu'il me reste amplement de temps.
- Edward, je ne blague pas. Tu ne dois ta renommée qu'à mon bon vouloir. Si tu continues à te montrer aussi désinvolte, je serais obligée de bosser avec un autre modèle, Edward.
- Allons, Honey, tu sais parfaitement que tu ne peux pas te passer de moi.
- Je suis sérieuse, Edward. Sois là dans une heure et je reverrais peut-être mes positions. Je ne tolérerai plus un seul retard. Je te vois tout à l'heure.
Je raccroche, passablement énervée. Ce qu'il peut être agaçant. Il sait parfaitement qu'on travaille en symbiose, que je parviens à le photographier mieux que quiconque. Il est mon modèle fétiche et il en joue. Je ne fais de bonnes photos qu'avec lui. Enfin, du point de vue masculin, s'entend. Car pour les filles, j'ai moins de problèmes. Mais pour les hommes, je n'arrive à capturer l'émotion que je veux qu'avec Edward Cullen. Et ça m'énerve, ça me bloque même dans mon travail. Car Edward est capricieux, suffisant et il sait que j'ai besoin de lui autant qu'il a besoin de moi.
- Hum hum.
Je retourne mon fauteuil vers l'entrée du bureau et vois Alice qui se tient dans l'encadrement de la porte, nerveuse.
- Alors ?
- Il était encore au lit.
- Je suis désolée Bella.
- Ce n'est pas ta faute, Alice. Non, ce n'est pas ta faute si ton frère est un enfoiré suffisant.
Elle me fait un sourire contrit puis s'éclipse, certainement affreusement gênée. Je n'en reviens pas que Carlisle et Esmé soient parvenus à faire deux enfants aussi différents. Je n'en reviens pas qu'Edward soit leur fils, tout court. Aussi beau et intelligent qu'il soit, il est insupportable. Je me masse les tempes, déjà moins de bonne humeur qu'il y a 10 minutes. La journée va être longue, très longue.
Sur le toit du Flatiron Building, la séance se prépare tout doucement. Comme rituel coutumier, je suis en train de poser mes appareils un à un sur la table, dans l'ordre dans lequel j'ai prévu de les utiliser. Chose totalement inutile car je finirai par les prendre au feeling mais soit, c'est mon rituel de « chance », comme certains footballeurs ont de faire le signe de croix pendant l'hymne national ou certains pilotes de formule 1 de mettre d'abord le gant droit avant le gauche. Pendant ces moments-là, malgré l'effervescence ambiante, personne ne m'embête, ne s'approche de moi ou me demande mon avis sur quoique ce soit. Ils savent que c'est sacré. Alors que je pose le dernier, mon Canon EOS 10D avec objectif 1x 28-90mm f4-5,6 offert par Jasper à mon 22ème anniversaire, mon portable se met à chanter dans ma poche. Je sautille sur place pour l'extirper de mon jeans et décroche en grognant :
- Oui ?
- Cal ?
- Jazz, je bosse là.
- Je sais.
- Alors pourquoi m'appelles-tu quand même ?
- Tu le sais pourquoi.
Je souris malgré moi et souffle :
- Merci.
- Tout va bien se passer. Tu es la meilleure, Callie.
Et il a raccroché. Petit rituel complet. Sauf que ça fait 6 semaines que je dois m'en passer. Mon cœur bat la chamade quand je me rends compte qu'il est revenu. Enfin. Mon meilleur ami n'est plus à des milliers de kilomètres de moi.
J'attrape le premier appareil et m'avance vers mon modèle.
- Très bien Vic', on va y aller.
- Mais Edward ?
- On se passera de la diva Edward. Mets-toi en place.
Elle semble complètement perdue sans le bel Edward et je dois reconnaître que je fulmine de l'intérieur. Attendez qu'il se pointe pour entendre les cloches sonner. Car il va se pointer, c'est à n'en pas douter. Cependant, je suis sûre qu'il s'attend à s'en tirer par une pirouette. Mais pas cette fois, je resterai ferme sur mes positions. Il n'est plus un gamin, il est temps qu'il apprenne à se comporter comme un adulte. Responsable et à l'heure. Point barre.
- Ôte ton manteau et bouge, Vic' ! J'ai assez d'un modèle déserteur.
Elle acquiesce, ôte son parka et me sourit tant bien que mal. Généralement, c'est sur Edward que je passe mes nerfs. Elle doit donc commencer à sérieusement baliser. Alors que je fais signe à Marcus d'allumer le souffleur d'air chaud, Alice se positionne à mes côtés.
- Que crois-tu que Monsieur Horton va en dire ?
- Il va faire une crise cardiaque. Il tenait plus à son mannequin masculin qu'au féminin.
- Edward ne sait pas à quel jeu il joue, je n'en reviens pas.
- Laisse tomber, Alice.
- Il serait temps que tu apprennes à photographier d'autres hommes, Bella. Ca va finir par te nuire.
Je me retourne sur elle, baissant mon appareil, furieuse :
- Tu crois que je ne m'en rends pas compte ? Tu crois que ça ne m'irrite pas suffisamment de devoir dépendre de ton stupide frère ?
Elle pince les lèvres, embêtée et je me calme instantanément. Je ne peux pas en vouloir à Alice pour ce que me fait son frère. Je dois rester juste.
- Pardonne-moi, c'était idiot de ma part.
- Je ne t'en veux pas, Bella. Je sais dans quelle situation il te met.
Elle s'éloigne en sautillant tandis que je relève mon appareil devant mon visage en maugréant :
- Bon Victoria, c'est pour aujourd'hui ou pour demain ? Tu sais combien de dollars nous coûte une seule heure sur ce fichu building ?
Elle sourit piètrement et se met en place tandis que je commence à la mitrailler, sachant d'ores et déjà que cette session sera ratée.
- Effectivement, Monsieur Horton, ce n'était pas ce qui était prévu à la base mais malheureusement, il nous est impossible de faire autrement pour l'instant.
- Mais où est donc ce si poli garçon ? Cela ne se fait pas de faire attendre trois si jolies jeunes femmes.
Je lève les yeux au ciel et souris poliment au vieux monsieur qui me fait face. Il reste courtois malgré son mécontentement apparent et je suis en train de mentalement fomenter plusieurs scénarii de meurtre à l'encontre d'Edward Cullen. Heureusement, la beauté sauvage de Victoria parvient à captiver ce cher Monsieur Horton suffisamment pour qu'il ne mette pas fin au contrat. Ce n'est pas que j'aie un besoin impérieux de cet argent (l'agence tourne plutôt bien ces moments-ci) mais il me promet une belle pub et j'utiliserai le pactole amassé pour lancer Alice. C'est un but que je poursuis depuis un bon moment déjà sans lui en parler.
D'ailleurs, celle-ci se tient un peu à l'écart et me lance un regard d'excuses auquel je réponds par un sourire. Je me répète mais elle n'est absolument pas responsable de la défaillance de son crétin de frère.
- Un problème peut-être ?
Je sursaute en entendant la voix chaude près de mon oreille. J'étais tellement perturbée par toute cette situation que je ne l'ai pas entendu arriver. Je souris, reconnaissant le léger accent texan qui persiste encore de son enfance et me retourne pour me jeter dans ses bras. Il m'y accueille en éclatant de rire, me soulevant et me faisant tournoyer avec lui au milieu de tous mes collègues qui ne me connaissent absolument pas comme ça. Ils n'ont jamais droit qu'à la Bella patronne, froide et directrice qui leur dicte leurs tâches et rouspète quand le travail n'est pas fait. Je n'affiche aucune légèreté, aucune faille, parce que je sais que je ne suis qu'une femme et qu'ils attendent la moindre défaillance pour rejeter ça sur le dos de ma féminité. Dans ce boulot, soit on mange, soit on est mangé. Voilà pourquoi ils ne connaissent que cette Bella là. Mais avec Jasper, c'est totalement différent. En vérité, Jasper connaît toutes les Bella, et il est bien le seul. Il est le seul qui ait toutes les parties du puzzle que je suis. Parce qu'il n'y a qu'en lui que j'ai entièrement confiance. Même mon frère, Emmett, n'en sait pas la moitié de ce qu'il sait. Et je me moque bien, là à l'instant, de me montrer désinvolte et souriante. Car je retrouve enfin mon Jazz après 3 mois d'absence. Ca compte plus qu'autre chose non ?
Il me repose enfin, j'en ai la tête qui tourne. Il ne me lâche pas, tenant mes deux avant-bras et me regardant de haut en bas, histoire de voir si je n'ai pas trop changé. Chose plus qu'habituelle car il le fait même quand il m'a quittée la veille. Sait-on jamais que Marraine la Bonne fée soit passée pendant qu'il était parti, a-t-il l'habitude de dire pour me faire tiquer. J'en profite moi aussi pour faire mon tour d'horizon et le moins qu'on puisse dire est qu'il a quelque peu changé. 3 mois passés sous le soleil espagnol ont fait de lui un beau mâle au teint halé qui se marie parfaitement avec ses cheveux dorés comme les blés et ses yeux azurs qui me semblent d'autant plus clairs maintenant qu'il est bronzé. Son sourire éclatant n'enlève rien à ce tableau magnifique, tout comme sa chemise immaculée et son jeans délavé, agrémenté de ses éternelles santiags, unique vestige de son passé texan avec le reste d'accent qu'il trimballe comme bagage.
- Mon Dieu ce que tu m'as manqué !
Pour toute réponse, je me rejette contre son torse et enroule mes bras autour de lui. Et lui donc, s'il savait ! Il éclate de rire :
- Allons, Callie, tu ne voudrais pas donner matière à potins à tes chères collègues !
Je me sépare alors de lui à contrecoeur et veut lui demander ce qu'il fait là, mais nous sommes interrompus par Monsieur Horton qui s'incruste :
- Bonjour jeune homme ! Vous êtes le mannequin de remplacement ?
Jasper éclate de rire, me tenant toujours par la taille et le détrompe :
- Pas du tout, je suis juste de passage.
Monsieur Horton semble au bord de la crise cardiaque et piaille, à mon intention :
- Ma chère Bella, pourquoi ne pas remplacer le déserteur par ce nouveau venu ! Je donne mon accord absolu pour qu'il le remplace au pied levé !
Je souris poliment, cherchant une échappatoire qui ne me mette pas dans la panade quand Jasper répond à ma place :
- N'en veuillez pas à Bella, Monsieur Horton mais je dois m'échapper. Voyez-vous, je rentre ce jour d'un voyage en Europe et je dois absolument rendre compte à mon patron de l'avancée de mes recherches. J'ai juste voulu venir saluer ma plus vieille amie avant de prendre la route pour Harvard !
Monsieur Horton sourit, conquis je le sais par le ton poli et éloquent de mon ami.
- Je comprends, cher ami. Allez donc, allez donc ! Nous ferons sans homme !
- Comptez sur Bella pour faire le travail parfait.
Je souris, pinçant gentiment son bras pour le remercier.
- Je n'en doute point, jeune homme.
Il s'éloigne alors pour rejoindre Victoria et Alice qui discutent plus loin. Alice m'adresse un regard pénétrant et je tente de faire passer par le mien un regard d'excuses.
Oui, car Jasper et Alice ont vécu une histoire. Enfin, histoire est un bien grand mot quand on connaît la durée moyenne d'une relation de Jasper mais soit. Elle était folle amoureuse de lui, comme toutes ses petites amies et lui … et bien lui était Jasper. Non pas qu'elle ne l'intéressait pas. Juste qu'entre son boulot, moi, sa famille, il ne lui consacrait, comme aux autres, que quelques heures au bout d'une lune. Il a fini donc par vite se désintéresser d'elle et l'a quittée un soir, au terme d'un dîner au restaurant où elle le suppliait de la voir plus souvent. Quand Jasper se sent coincé, c'est sa méthode. Il n'avait pas de temps à lui consacrer, n'avait pas envie de faire un effort et l'avait donc laissée. Pour éviter qu'elle ne souffre plus avant, attention ce n'est pas un salaud non plus. Enfin, juste un peu mais je ne l'avouerais jamais à voix haute car je lui passe tout. Évidemment, les relations entre Alice et moi s'en sont un peu ressenties pendant un moment, car elle ne cessait de me demander ce qu'elle pouvait faire pour arranger la situation et je me contentais de lui dire d'abandonner car ça ne changerait rien à rien. Au final, j'avais obtenu de Jasper qu'il ne passe plus aussi souvent à l'agence et elle s'était un peu calmée. Je sais qu'aujourd'hui, elle sort avec un certain James, mais je doute fort qu'elle ait perdu tout sentiment envers Jasper. Eh oui, ça c'est l'effet Jasper. L'essayer, c'est l'adopter.
Jasper se met devant moi, un grand sourire lui barrant le visage et me regarde longuement.
- Quoi ? finis-je par demander d'une toute petite voix.
- Répéter que tu m'as manqué serait un peu lourd n'est-ce pas ?
- Pas du tout. Je le mérite bien après toutes ces semaines sans nouvelles !
- Je te raconterais tout ce soir, mais là je dois filer. Le rendez-vous tient toujours ?
- Bien sûr. Tu auras le temps de faire l'aller-retour ?
Il se penche contre mon oreille et murmure :
- Je ne vais pas à Harvard mais il n'était pas question que je pose, tu le sais bien. On se voit à 20 heures.
Sur ces mots, tandis que je souris, il dépose un baiser sur mon front et s'éclipse en saluant tout le monde d'un grand mouvement de bras. Je le regarde s'éloigner, mon cœur à cent à l'heure. Bon dieu que c'est bon de le retrouver !
Alors que je suis en train de passer en revue nombres de clichés avec Monsieur Horton, toujours sur ce foutu toit où le soir commence à tomber, le capricieux Edward Cullen daigne enfin montrer le bout de son nez. Heureusement, Alice est partie depuis bien longtemps, sinon elle aurait pu le tuer de ses propres petites mains. Et je tiens trop à mon assistante pour la retrouver en prison.
- Bella ? Puis-je te parler ? me demande-t-il, les mains dans le dos, un sourire irrésistible sur le visage.
Je m'écarte de la table de travail improvisée en soufflant et m'avance avec lui vers une extrémité du toit.
- Je suis désolé.
- Ca ne suffit plus Edward.
Il me tend alors une rose blanche qu'il tenait dans son dos.
- Je suis vraiment désolé.
J'attrape la rose et hume son parfum tandis qu'il continue :
- Trois jours d'affilée, c'était trop pour moi. Je t'avais demandé un jour de congé.
- Je t'ai pourtant expliqué que je ne pouvais pas disposer de cet endroit à ma guise.
- Je sais. Je suis désolé.
- Ca ne peut pas continuer comme ça, Edward. Tu dois prendre tes responsabilités.
- Je suis quand même venu.
- Trop tard, Edward. Trop tard.
Il sourit et pose sa main sur ma joue, la caressant doucement.
- Je suis désolé. Vraiment. Pourras-tu me pardonner ?
- Je ne sais pas trop. Monsieur Horton tenait vraiment à ta présence.
- Je suis là. Prends-moi maintenant.
- La lumière n'est plus propice, Edward. Et Victoria est partie il y a longtemps.
- Allons, Bella, tu sais parfaitement que c'est moi qui ferais vendre.
- Ne sois pas si sûr de toi.
- On demande à Horton ?
Avant que je ne puisse rétorquer quoique ce soit, il s'avance vers mon client, avec sa morgue habituelle :
- Mon cher Horton, excusez mon retard !
- La séance est finie, mon petit. Bien malheureusement !
- Bella est d'accord pour me photographier maintenant. Le crépuscule vous semble convenable ?
Il lui sourit, main dans la poche, à sa manière de star et l'homme n'a aucune chance. Il acquiesce en se tournant vers moi qui me suis rapprochée :
- Eh bien, si Miss Swan n'y voit pas d'inconvénients …
- Monsieur Horton, vous comprenez bien que je ne peux pas faire revenir mon mannequin féminin ?
- J'en suis conscient. Mais c'est ce jeune homme que je veux !
Je soupire alors qu'Edward me décoche un sourire à faire fondre toute la calotte polaire.
- Je vous laisse travailler, je viendrai demain matin pour le choix des photos.
J'acquiesce et le regarde s'en aller avant d'être happée par deux bras musclés qui enserrent ma taille et me love contre son torse :
- Alors, Honey, ne suis-je pas parvenu à encore une fois arranger la situation ?
Je me retourne sur lui pour lui décocher un regard furieux. Il me sourit et je me sais d'ores et déjà perdue. Quand ses lèvres rencontrent les miennes, je me sens bien faible face à mon modèle fétiche et … petit ami attitré.
Il est 20 heures quinze quand je passe la porte de notre restaurant fétiche à Jasper et moi, échevelée, essoufflée et au bord de la crise de nerfs. Edward a fait traîner les choses, comme à son habitude, invoquant son droit de regard sur chaque photo, demandant qu'on en refasse plusieurs. Bref, insupportable. Il a voulu faire durer le calvaire en me proposant un petit câlin sur ce toit qu'on loue si cher mais je me suis esquivée comme une chef en prétextant un dîner avec ma mère. Il m'a dit que je pouvais le louper mais j'ai argumenté que je l'avais reporté de nombreuses fois déjà mais que s'il voulait, il pouvait m'accompagner. Ca a eu tout à fait l'effet escompté et il a décliné poliment, arguant une fatigue intense. J'ai donc du fourrer mon appareil fétiche dans mon sac à la va-vite et courir jusqu'au rendez-vous. Moi qui voulais aller me changer et prendre une douche, c'est raté. J'arrive donc dans le restaurant, bondé comme d'habitude, et m'avance vers le bar où mon ami doit m'attendre. Alors que je l'avise, accoudé au bar, je souris comme une idiote. Je le vois discuter avec quelqu'un et souris en me disant qu'il s'est encore chauffé une belle brune. Mais soudain, la brune en question se penche vers lui et accroche ses lèvres aux siennes. J'en reste bouche bée, ne pouvant me focaliser que là-dessus. Evidemment, l'inévitable se produit et je fonce dans un serveur au plateau chargé de boissons. J'en tombe à la renverse, la moitié des cocktails coulant sur moi, alors que Jasper se précipite vers moi :
- Bon sang, Callie, tu es une vraie boulette !
J'attrape la main secourable qu'il me tend et il me redresse d'un coup de poignet rapide.
- Est-ce que ça va ?
- Oui, grognai-je entre mes dents, si ce n'est ma fierté qui a du renoncer définitivement à rester avec moi.
- Ohhh je crois qu'elle a bouclé sa valise il y a bien longtemps ! rit-il avec ce sourire qui me rend la vie toujours plus belle.
- Sale type.
- Ca aussi, ça m'a manqué !
Il me prend dans ses bras et me serre contre lui. Moi aussi il m'a manqué. Terriblement. Je vois la brune qui était pendue à ses lèvres quelques instants auparavant s'avancer vers nous et ma bulle de bonheur se rompt instantanément.
- Mais je suis un goujat, j'en oublie tous mes devoirs. Bella, je te présente Maria. Maria, je te présente ma plus vieille amie, Bella.
Je tends la main à la brune qui me dévisage certainement avec autant de réserve que je suis en train de le faire à son égard en ce moment même. Elle me détaille du regard et j'en ai autant à son encontre. Je vois le bras de Jasper entourer sa taille, qu'elle a fine. D'ailleurs, elle est toute menue, comme si un simple geste de mon ami pourrait la briser. Sauf qu'il ne s'appelle pas Hulk, bien entendu. Elle est aussi petite qu'il est grand et elle est magnifique. Des lèvres pleines, des yeux rieurs et un corps de déesse. Oui, je comprends pourquoi elle a plu à Jasper. D'ailleurs, Maria, c'est un prénom espagnol ça non ?
- Si on allait s'asseoir ? dit Jasper en interrompant mes pensées.
J'acquiesce, lâchant la Maria des yeux pour les reporter sur mon ami qui sourit toujours. Il a l'air heureux. Ca devrait me faire plaisir. Alors pourquoi est-ce que je me sens aussi contrariée ? Je le vois alors lui adresser ce même sourire et je comprends. J'ai du mal à encaisser qu'il lui donne ce sourire si sincère qu'il n'adresse en général qu'à moi, à sa sœur et à sa mère. Elle doit vraiment compter pour lui pour qu'il lui sourie de telle manière. Et je ne sais pas si je suis prête pour ça. Si je suis prête pour qu'il lui sourie comme ça.
On s'installe à table et je vois que sa main ne la quitte pas, comme s'il avait peur de la perdre. J'ai déjà vu Jasper avec ses autres conquêtes, il ne se comporte pas comme ça, pas du tout. Et pour la première fois depuis qu'on est amis, je me sens seule. Affreusement seule. Alors qu'il est tout à mon côté. Je remets nerveusement une mèche de mes cheveux derrière mon oreille et regarde le menu, que je connais pourtant par cœur, tout en sirotant le vin qu'on a déposé à table dès qu'on s'est assis. Après tout, il n'y a rien de plus gênant que d'être la troisième personne avec un couple au restaurant. La serveuse me lance un regard compatissant et je me sens d'autant plus mal. Elle nous connaît parfaitement vu qu'on passe au moins 2 de nos soirées de la semaine ici. Alors elle doit vraiment me plaindre. Et je ne sais pas si j'ai vraiment besoin de compassion là. Une bonne douche, mon lit et une longue nuit de sommeil oui. De la compassion, pas vraiment. Me réveiller et me dire que ce n'est pas en train de m'arriver, ça oui. Me faire plaindre par Sheila, la serveuse qui nous voyait comme le couple parfait, non. Pourtant, Jasper et moi n'avons jamais eu de période « l'amitié peut basculer en amour ». Jamais. Alors que la plupart des amitiés fille-garçon finissent au lit, avec moult regrets et honte, nous avons été épargnés. Bien sûr, mon ami est un garçon magnifique, il a l'art de s'arranger pour être encore plus sexy et il a un sourire à faire fondre le Pôle Nord. Mais jamais je ne l'ai envisagé ainsi. Il est mon épaule, mon port d'attache, l'homme avec qui je passe le plus de temps, peut-être même l'homme que j'aime le plus au monde mais cela reste un amour platonique. Alors pourquoi suis-je contrariée de sa complicité avec cette Maria ? Pourquoi est-ce que je me sens « menacée » par cette fille ? Après tout, elle partage son lit. Mais elle ne partagera jamais ce que je partage avec lui… Si ? Je me mords la lèvre à toutes ses réflexions, chose qui n'échappe évidemment pas au regard avisé de mon meilleur ami.
- Ca va, Cal' ?
- Hum hum ! opinai-je, les yeux toujours sur le menu.
Grossière erreur, s'il en est, il me connaît trop bien pour se laisser duper.
- Tu es nerveuse, c'est cela ? J'aurais du te prévenir mais je voulais te faire la surprise.
Ca, pour une surprise, c'est une surprise en effet. Et pas des moindres. Je toussote et d'un coup, prise dans mes questionnements et la nervosité qui m'assaillent, je me lève. Ils redressent tous les deux les yeux vers moi, interrogatifs.
- Je vais au petit coin.
Sur ces bonnes paroles, je traverse le restaurant la tête haute, en tentant de ne me prendre les pieds dans rien pour garder un semblant de dignité. Un semblant, bien entendu …
Appuyée sur le lavabo des toilettes pour dames, je tente de reprendre un peu de contenance. La journée a été vraiment éreintante. La défaillance d'Edward, la séance photo prise de tête avec Monsieur Horton qui donnait son avis sur tout, le retour du Edward prodigue qui pense se faire pardonner par un baiser, le retour de Jasper … bref, émotionnellement parlant, je suis à bout. Et je ne suis visiblement pas au bout de mes peines. Car je connais mon ami, qui lui me connaît aussi par cœur. Et je sais qu'il sera à l'extérieur des toilettes, en train de m'attendre pour me demander des explications. Et la vérité, c'est que je n'ai aucune explication à donner. Aucune. Je suis juste éreintée et j'aimerais rentrer. Je souffle un bon coup et relève les yeux pour me regarder dans le miroir. En effet, j'ai une tête à faire peur. Je suis toute décoiffée, des mèches s'échappant de mon chignon, j'ai le teint pâlot, des cernes comme des valises sous les yeux. J'ai besoin de vacances. Voilà tout. Je vais donc ressortir d'ici comme une grande, dire à mon ami que je suis vraiment fatiguée et que je m'excuse de me comporter comme une malpolie, on retournera à table et tout se passera bien. Ensuite, je pourrais enfin rentrer chez moi et aller me reposer. Sauf que je ne me reposerais pas vraiment puisque demain, j'ai une séance photo à 10 heures trente et que je dois encore voir les derniers détails avec Alice. Mais soit, je vais me comporter comme une personne civilisée et montrer que je ne suis pas bizarre. Enfin, tenter de lui montrer. Car je le suis, un peu, bizarre. Mais ça, c'est une autre histoire. Je tente donc de remettre un peu d'ordre dans mes mèches folles, passe un peu d'eau sur mon visage et re-souffle une bonne fois pour évacuer mon stress. Un petit coup d'œil à mon portable qui m'apprend, sans surprise, que je n'ai pas de nouvelles d'Edward, et me voilà me dirigeant vers la porte des toilettes où je sais que Jasper m'attendra pour des explications. J'ouvre la porte, sur mon plus beau sourire … mais il n'est pas là. Mon Dieu … Il y a vraiment quelque chose qui a changé. Il n'est pas là quoi ! Je le cherche partout du regard mais non, il ne s'est pas levé, il n'est pas venu. Okay okay okay Bella, on se reprend. On reprend la litanie : « Je vais bien, je suis fatiguée, ça va bien se passer ». Mais il est pas venu PUTAIN !
Je me dirige vers la table, rageuse, et les vois tous les deux, main dans la main, lui en train de lui murmurer des choses à l'oreille et elle souriant, légèrement rougissante. Je peux le faire. Je PEUX le faire. Je m'installe et c'est à peine si ils me remarquent. Okay, je déteste tenir la chandelle. Pire, je déteste que Jasper me nie comme ça. J'ai juste envie de leur dire « Oh oh, je suis là les gars, on peut arrêter de se bécoter ». Et en même temps, c'est tellement peu moi. En tout cas, j'ai les nerfs en pelote et d'autant plus envie de rentrer sous ma couette au plus vite. Enfin, ils se rappellent que je suis là.
- Ca va Cal' ?
Et là, j'ai juste envie de lui répondre : « T'as pas autre chose en réserve ? Tu es quand même mon meilleur ami depuis 10 ans et tout ce que tu trouves à me dire, c'est « Ca va ? » Non mais vraiment … ». Sauf qu'à la place, je réponds en souriant :
- Oui, longue journée.
- Tu fais quoi dans la vie?
Ah elle sait parler elle ? Il était temps qu'elle m'adresse la parole tout de même. Quoiqu'elle ne m'a pas dit bonjour, mais bon, passons.
- Je suis photographe.
- Hum.
- Quoi ?
- Ca gagne bien, ça, photographe ?
Okay, déjà que son léger accent hispano me plaisait moyen, qu'elle accapare mon meilleur ami pareil, mais en plus, elle se permet de me juger sur deux phrases. Mais c'est quoi ça ? Avant que je n'aie le temps de lui répondre de manière acerbe, et me connaissant certainement trop bien, Jazz intervient :
- Bella est très réputée dans le milieu de la mode. Sa boîte prend de plus en plus d'essor.
- Génial.
Son « Génial » était ironique. Ce qui veut bien dire qu'elle est autant hostile à mon égard que je ne le suis au sien.
- Je ne cherche pas la renommée mondiale. Juste avoir de quoi vivre et faire plaisir à mes proches, c'est déjà bien.
- Ca, c'est n'importe quoi.
- Pas du tout.
- Bien sûr qué si ! Le travail c'est l'accomplissement de soi. Tu cherches toujours à aller plus loin.
- Je donne tout ce que j'ai pour que ça fonctionne. Mais ce que j'ai me convient parfaitement.
Elle fait une moue dubitative et je me prépare à mordre mais une fois de plus, Jasper intervient :
- Bella est vraiment la meilleure dans ce qu'elle fait. Elle est trop modeste pour l'avouer.
Elle n'en rajoute pas plus, ayant certainement trop de réserve à mettre en doute la parole de son « chéri ». Je reprends la carte et tapote sur la table d'énervement. Mais quelle conne. Et puis, elle fait quoi elle, d'abord ?
- Et toi, tu fais quoi au juste ? demandai-je un peu trop acidement pour que ça paraisse sincère.
- Je suis danseuse.
- Danseuse? demandai-je, dubitative.
- Oui, et alors ?
- C'est un métier ça ?
Elle éclate d'un rire cynique et prends à son tour la carte.
- Je suis très connue dans mon pays. Et ce que je fais, tout est à moi, rien qu'à moi. Toi, tu as besoin de ta machine pour tirer quelque chose de bon.
- Les filles, les filles, restons calmes … tente d'intervenir Jasper tant bien que mal.
- Si tu vas par là, il en va de même pour tous les hommes, assénai-je, sarcastique, sans prendre en compte la remarque de mon ami.
- Ce qui font d'eux le sexe faible.
Je me retourne sur Jasper, lâchant mon menu :
- Une féministe ? Tu peux tomber sur n'importe qui et tu me ramènes une féministe, non mais vraiment Jazz ?
Il me sourit, ne sachant pas très bien comment se positionner entre les deux tigresses qu'il affectionne et qui se déchirent.
- Et il ne s'en plaint pas ! dit-elle, fière comme un paon, en prenant la main de mon ami sur la table.
Tiens, je n'avais même pas remarqué qu'elle l'avait lâchée en fait ! Et mon ami lui sourit niaisement. Non mais ohhh quoi ! Je suis tombée dans la quatrième dimension ou quoi ? Il est où mon ami « aucune fille ne t'arrive à la cheville, Callie » ?
- J'ai plutôt l'impression qu'il a tout intérêt à se taire ! lâchai-je, acide.
Elle ouvre la bouche pour rétorquer, tout comme Jasper qui me fait de gros yeux, mais son portable sonne sur la table et elle s'arrête pour regarder l'appelant.
- Je dois prendre cet appel.
Elle se lève et va plus loin en baragouinant quelque chose que le peu d'espagnol que j'ai pratiqué à l'école ne suffit pas à me faire comprendre. Je me retrouve donc en tête à tête avec Jasper, ce que j'espérais en venant ici ce soir quand même, et je ne me suis jamais sentie aussi mal à l'aise de ma vie. Il me sourit et je bois une gorgée de vin. Après tout, il faut bien se donner une contenance non ?
- Tu as changé.
- Toi aussi, remarquai-je, véhémente.
- Comment va Jacob ?
- C'est terminé.
- Je le savais ! fait-il dans un sourire.
- Ne commence pas.
- Ne m'en veux pas, Cal', ce garçon était bien trop « rural » pour la fille de New York City que tu es.
- Ce n'est pas ça …
- Ne me dis pas que c'est lui qui a osé te plaquer ?
Je souris malgré moi, alors que j'ai envie de lui faire la tête. Mais il déteste tant Jacob que c'en est comique. Il doit être soulagé que ce soit terminé. La seule fois où ils se sont vus, ça a été un vrai carnage. Jasper avait été si sarcastique que Jacob en avait presque mis son poing sur le nez de mon ami. Mais je m'étais interposée à temps. Ce qui avait créé la première d'une longue série de disputes entre Jacob et moi. Il ne supportait pas la place que Jasper prenait dans ma vie, et je n'étais pas prête à faire des concessions pour lui. Jasper était la pièce maîtresse de mon monde, je ne l'aurais jamais remisé au second plan pour passer du temps avec Jacob. Après cette altercation, j'avais fait en sorte de voir Jacob quand Jasper bossait et j'étais parvenue à ménager la chèvre et le chou. Quand Jasper s'était envolé vers l'Europe, alors que j'entrais dans une mini-dépression à ce sujet, Jacob avait presque organisé une méga-fête de départ. Ca avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase et je l'avais quitté dans la foulée. Mais comment puis-je expliquer cela à Jasper ? Ca lui ferait trop plaisir et il ne le mérite pas ce soir. Je me contente donc d'hausser les épaules et il prend ce geste pour une confirmation de son hypothèse :
- Le crétin. Si je le recroise …
- C'est bon, Jazz, c'est de l'histoire ancienne.
- Tant mieux, il avait assez fait partie du paysage. Assez de loosers, tu trouveras chaussure à ton pied.
- Oui, si tu le dis, fis-je en consultant mon portable que j'ai posé sur la table, en pensant à la « chaussure qui occupe mon pied en ce moment » et qui ne me donne pas de nouvelles.
- Tant que ça n'inclut pas ton modèle de prédilection, bien entendu.
Je toussote gentiment et regarde ailleurs. Je ne lui ai pas encore dit que j'ai finalement cédé aux avances d'Edward pendant son absence. Il le supporte encore moins que Jacob, c'est peu dire. Je fixe alors mon regard sur Maria et embraye :
- Et toi alors ? Maria ? Raconte.
- Une rencontre tout à fait fortuite. Tu te souviens, quand je t'ai appelée pour te dire que j'étais perdu au milieu de nulle part ? Enfin, si ta mauvaise humeur nocturne t'a permis de retenir l'information, s'entend.
- Je m'en souviens, fis-je en lui souriant.
Il se saisit alors de ma main sur la table, comme il avait l'habitude de le faire si souvent. Avant son voyage. Avant Maria. Avant que tout ne change.
- Et bien j'ai finalement échoué dans un petit village perdu au milieu de nulle part. Arrivé au seul hôtel, si on peut appeler ça un hôtel, j'ai sué sang et eau pour me faire comprendre par le vieux réceptionniste, qui ne parlait pas vraiment espagnol et encore moins anglais.
- Il parlait quoi alors ? Papouasien du sud ?
- Non, un genre de dialecte espagnol. Ils en ont des tas là-bas.
- Et ?
- J'ai essayé les gestes, il l'a mal pris et Maria est arrivée pour me secourir.
- Une intervention divine, somme toute, ironisai-je, mauvaise.
- A vrai dire, oui. Car non seulement elle m'a permis d'obtenir une chambre, mais en plus, le lendemain, elle m'a emmené à la bibliothèque locale où ils possédaient tout un tas de références sur la littérature de voyage.
- Quelle aubaine ! ironisai-je d'autant plus.
- On a passé les semaines suivantes à éplucher les bouquins et de fil en aiguille …
- Ton charme a agi.
- Le sien surtout, sourit-il, perdu dans ses souvenirs.
- Et tu as succombé après combien de temps ?
- Deux jours ! rigole-t-il en prenant une gorgée de vin.
- Mon dieu, quelle résistance ! fis-je en levant les yeux.
- Ne ris pas, j'étais déjà épris en la voyant pour la première fois.
Là, j'ai une image mentale de moi vomissant à côté de la table, ça vous parle ?
- Epris ?
- Je l'aime, Cal'. Réellement.
- Après six semaines ? ironisai-je de plus belle.
- Dès le premier regard. C'est la femme de ma vie.
- Ne sois pas idiot, Jazz. Tu ne peux pas dire que c'est la femme de ta vie après 6 semaines !
- Je le savais dès le départ. Elle bouleverse ma vie …
Ca, c'est vraiment le cas de le dire.
- … Le coup de foudre existe, Cal'. Il est là, tout près et il te tombe dessus quand tu t'y attends le moins. L'amour ne se cultive pas. Il te frappe de plein fouet et te fais faire des choses insensées …
J'arque un sourcil à son discours :
- Insensées ?
- Je lui ai demandé de me suivre ici.
- Visiblement, elle n'a pas dit non.
- Et je lui ai demandé de m'épouser.
- QUOI ?
Sans m'en être rendue compte, je me suis relevée, les poings serrés sur la table et la mâchoire inférieure qui tremble. En bref, je suis en état de choc. Que vient-il de me dire ? Je dois être en train de rêver. Ca doit être ça. C'est impossible. Ca ne peut pas être mon ami Jasper qui me dit qu'il a rencontré une fille il y a 6 semaines et qu'il lui a demandé de l'épouser. C'est juste irréalisable. Il est posé, réfléchi, pas impulsif pour un sou. Non, c'est une blague. Je vais me réveiller et rire de ma bêtise.
- Assieds-toi, Cal', tout le monde nous regarde.
Mais je suis trop atomisée pour bouger. Je le regarde, comme si je le voyais pour la première fois. Qui est-il ? Qu'a-t-il fait de mon ami que je chérissais tant ?
- Je te l'ai dit, Callie … C'est la femme de ma vie.
Maria revient alors vers nous, un grand sourire sur le visage. Elle sait qu'il me l'a dit et elle se délecte de ma réaction. Grognasse. Je me rassieds alors, toujours sous le choc. Alors qu'elle se pose devant moi et lui donne un tendre baiser sur la joue, je bois une gorgée de vin, mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine, ma tête bourdonnant. Impossible. C'est un rêve. Enfin … un cauchemar plutôt.
- Alors on mange quoi ?
- Un hamburger ! rit Maria, visiblement envieuse de découvrir la nourriture américaine.
- Ce que tu veux ma chérie ! rit Jasper à son tour.
Et comme dans un film (d'ailleurs, je soupçonne d'être l'actrice malheureuse d'un mauvais film grosse production à l'eau de rose), ils se retournent sur moi et m'interrogent du regard. A ce moment là, merci le Ciel, mon portable se met à vibrer, je m'excuse d'un sourire et m'éloigne pour prendre l'appel.
- Heyyyyy, Belli-Bella-Belette !
- Em' !
- Tu as une petite voix.
- Je suis fatiguée.
- Arrête de bosser comme une forcenée.
- Un problème, frérot ?
- Je tenais juste à te prévenir que ta chère mère s'est mise en tête de venir nous voir fin du mois.
- Putain de soirée ! grognai-je en m'asseyant au bar et faisant un geste au barman qui me connaît par cœur pour qu'il me serve un mojito royal.
- Pardon ?
- Rien. Faut que je dorme.
- On fait quoi ? Un petit voyage à l'extérieur de la ville ? rit-il à l'autre bout du fil.
- On en parle demain si tu veux. Je passe chercher Sam fin de journée, comme prévu ? fis-je en prenant une gorgée de mon « remède miracle personnel ».
- Il est tout fou à cette idée. Merci Belly !
- Je t'ai déjà dit de cesser de m'appeler ainsi.
- Hum hum.
- Hey, Em' ?
- Oui ?
- Pour Mère, tu arranges ça bien sûr.
- Bien sûr. Bonne soirée sis' !
- Idem!
Je raccroche, le sourire aux lèvres. Mon frère a le don extrême de me remonter le moral en une phrase. Heureusement d'ailleurs. Il en va de même pour son fils, Samuel, mon filleul. C'est exactement le même que son père. La copie conforme. Et je l'adore, littéralement, comme mon crétin de frérot. La maman de Samuel, Anna, est morte il y a 3 ans, quand le petit avait à peine 6 mois. Cancer fulgurant. Emmett ne s'en est jamais vraiment remis. Il a élevé son fils, comme un père exemplaire même s'il est lui-même un grand enfant encore. Mais jamais il ne s'est remis avec une femme. Jamais. Même pas pour une nuit. J'espère qu'il parviendra à se remettre en selle rapidement car il mérite d'être heureux. Vraiment.
Je reviens vers la table après avoir sifflé mon mojito rapidement et Jasper me regarde, tracassé.
- Tout va bien, Cal' ?
Je me rends compte alors qu'Emmett vient de me fournir une excuse de luxe pour fuir cette situation bizarre.
- Hum, pas vraiment. C'était Alice. Les épreuves ont quelques ratés. Il faut que je passe au bureau le plus rapidement possible.
Il grimace, contrarié mais acquiesce. Pendant ce temps, j'attrape ma courte veste d'été rapidement et mes sacs qui traînaient à côté de ma chaise. Ne surtout pas oublier mon appareil fétiche, j'en mourrais !
- Je comprends. Même si j'aurais voulu te garder pour moi ! dit-il dans sa petite moue tout bonnement adorable à laquelle je n'arrivais jamais à résister.
Sauf que là, je n'ai qu'un but, qu'une envie : filer d'ici et au plus vite. Je ne me laisse donc pas démonter.
- Je suis désolée. Mais je suis vraiment crevée. Si je passe au bureau après le repas, j'en ai jusque tard dans la nuit et j'ai besoin de me reposer rapidement.
- Je comprends. Avant que tu t'en ailles, j'ai une demande un peu particulière à te faire.
Et là, c'est comme si la musique de Psychose se jouait dans ma tête. Voir même celle de l'Exorciste. Ou la marche funèbre tiens. Bon sang, que va-t-il encore me faire subir ?
- Je t'écoute, déglutis-je tant bien que mal.
- J'aimerais que tu sois mon témoin. Pour le mariage.
- Je … Euhh …
- Tu es ma meilleure amie, Cal'. Je veux que ce soit toi ! fait-il en fixant son regard dans le mien, ses mains sur mes épaules.
Impossible de fuir. Impossible d'esquiver. Je vois bien la Maria du coin de l'œil qui nous dévisage, furieuse. Elle rêve que je dise non. Moi aussi je rêve de dire non. Elle rêve que je dise non, je rêve de dire non et je dis :
- Oui. Bien sûr. Compte sur moi.
Le sourire qui illumine alors le visage de Jasper vaut toutes les échappatoires du monde et il me prend dans ses bras tendrement. Automatiquement, mes bras vont se nouer dans son dos et je me love contre lui. Mon ami … Mon Jasper …
- Je t'aime ma Callie.
Je souris, heureuse de ses mots qui m'ont tant manqué. J'en oublie tout. Le mariage, Maria, Edward, les photos, Emmett, ma mère. Tout. J'oublie absolument tout. Il ne reste que Jasper, moi et le bonheur d'être dans ses bras. Quand il me relâche, un énorme vide se forme dans mon ventre et je toussote pour me remettre.
- Aheumm … Eh bien, j'y vais. Bonne soirée.
Maria me fait un sourire de circonstance que je lui rends bien. Je me saisis à nouveau de mes sacs et m'éloigne le plus loin possible d'eux. Bon sang, mon monde est en train de changer du tout au tout.
Alors que je marche dans la rue pour rejoindre le métro (pas envie de prendre un taxi ce soir), la pluie se met à tomber. Je n'ai pas pris mon manteau ce matin en partant mais je m'en moque, tant pis. J'ai besoin de marcher pour m'éclaircir les idées. Jasper va se marier. Jasper, qui était encore célibataire il y a 3 mois et en était parfaitement satisfait, va se marier avec une Espagnole, danseuse reconnue dans son pays, hautaine et insupportable. Et je vais devoir être le témoin de cette mascarade. Jasper et moi, c'était à la vie à la mort. Jasper était mon monde. Mais avec elle dans le paysage, tout va changer. Plus jamais nous ne pourrons nous adonner à nos petits rituels. Plus jamais. Elle sera chaque fois là, pour me rappeler que tout est fini. Que mon amitié si particulière est écroulée. A cause d'elle. Je la HAIS. Je ne suis pas d'un naturel jaloux, loin de là mais tout de même, il me faut reconnaître l'évidence, elle va me prendre tout ce qui fait ma vie. Jasper est une grande partie de ma vie. Or, avec elle maintenant, plus rien ne sera jamais comme avant. Je vais me retrouver seule, livrée à moi-même. Et je ne pense pas être capable d'endurer ça. C'est fou, je n'ai jamais pensé que cette espèce de connivence que nous avions, Jasper et moi, cesserait un jour. Ca me semblait tout bonnement impossible. Or, je devais bien me douter qu'un de ces jours, un de nous deux pourrait se lier longuement à une autre personne. Et qu'évidemment, l'arrivée de cette personne bouleverserait l'ordre des choses. Et pourtant … Je nous croyais à l'abri de ça. A l'abri de la fin du Jasper-Bella. Mais je nous ai cru trop forts, voilà tout.
Je suis devant la porte depuis 5 bonnes minutes et je tergiverse toujours autant. Heureusement, une gentille dame qui a pris pitié de moi m'a laissée entrer dans le hall, ce qui m'a permis de monter jusque devant la porte de son appartement et je n'ai plus qu'à frapper pour qu'il m'ouvre. Ceci dit, je ne suis plus aussi sûre que cela que c'est une bonne idée. Je n'aurais pas du venir jusque ici. J'aurais du rentrer chez moi, en fait. Et pourtant je suis là et je meure d'envie de frapper. Ce qui me retient de le faire ? Sa réaction. Peut-être dira-t-il que ce n'est pas le moment. Peut-être dira-t-il qu'il est l'heure de dormir. Peut-être même dira-t-il que j'ai été trop bizarre avec lui tout à l'heure pour me pointer ici au milieu de la nuit. Et pourtant, après 2 heures de marche sous la pluie dans les rues de New York, je suis exactement là où j'ai envie d'être. Peu importe ce qu'il en pense. Je suis trempée comme une cane, mes vêtements dégoulinent sur la moquette du couloir, mes cheveux sont collés à mon front et je dois avoir une tête à faire peur mais peu importe. J'ai besoin de le voir. Là, tout de suite. Je frappe donc deux petits coups à la porte.
Je ne me fais pas d'illusions, ça ne le réveillera pas. Mais je ne peux pas frapper plus fort. Je me dis que j'aurais essayé. S'il n'ouvre pas, ce ne sera pas ma faute. J'étais là et j'ai essayé. Alors que je vais rebrousser chemin et rentrer chez moi, j'entends du bruit venant de l'intérieur et retiens mon souffle. Bon sang, il m'a entendue ! Je suis en train de danser d'une jambe à l'autre, complètement paniquée quand la porte s'ouvre sur lui, ses cheveux en bataille et son air endormi sur le visage.
- Bella ? Que fais-tu là ?
Je ne réponds rien, le laissant me détailler du regard. Il ouvre alors la porte, me laissant voir qu'il est en caleçon, enveloppé dans sa couette et me laisse entrer. Je ne me fais pas prier, pénétrant dans l'antre de la Bête. Alors que j'entre dans sa cuisine, première pièce sur le chemin après le couloir, je me retourne pour le regarder. Je vois qu'il me scrute, inquiet mais ne me demande rien. Sage décision.
Je pose alors mes sacs près du tabouret du bar et enlève ma veste trempée. Quand je l'ai posée sur le tabouret, je sens ses lèvres dans mon cou.
- Edward …
- Shhhht. Il faut t'enlever ces vêtements trempés, tu pourrais attraper froid.
Alliant le geste à la parole, il fait glisser les brides de mon top sur mes épaules puis mes bras et le descend pour découvrir ma poitrine. L'effet de ses mains sur moi est comme toujours immédiat et je gémis sans vergogne.
- Tu aimes ça, hein Boss ?
Je souris malgré moi au surnom qu'il me donne uniquement dans l'intimité mais suis toute prise dans les sensations qu'il me donne. Déjà, mon jeans est détaché et gît à mes pieds, tout comme mon top.
- Tu es splendide ! fait-il en se lovant contre moi, ses mains retrouvant directement le chemin de mes seins qu'elles malaxent sans douceur.
Je peux sentir sa virilité tendue pour moi à travers son boxer, frotter contre mes fesses sans honte. J'adore l'effet que mon corps produit sur le sien.
- Quelle lingerie … affriolante. Tu veux me rendre dingue ? murmure-t-il à mon oreille, en passant son doigt sous l'élastique de mon boxer en dentelle.
Aussitôt, il s'abaisse derrière moi pour attraper le tout avec ses dents et le descendre sensuellement le long de mes jambes. Je suis au bord de l'implosion et il n'a pourtant touché aucun endroit sensible encore. C'est l'effet d'Edward Cullen sur moi, que voulez-vous …
Alors qu'il se redresse tandis que je me débarrasse de mon dessous devenu clairement superflu, je me demande si je ne suis pas en train de faire une erreur. En train de combler un vide par une erreur, surtout. Mais je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus car l'homme de mes nuits a déjà ôté son boxer et ne compte pas en rester là avec moi. D'une poigne ferme, il me couche sur le plan de travail, toujours derrière moi, et écarte mes jambes afin d'avoir un meilleur accès. J'entends son souffle saccadé et je ne peux m'empêcher de penser… à Jasper, à Maria, à tout ce qui me blesse et que j'essaie de combler par cette proximité avec Edward. Alors qu'il s'immisce en moi durement, me faisant crier de plaisir, je décide de faire abstraction de cela et de me laisser porter par le plaisir que mon compagnon veut me donner. Je m'accroche au plan de travail et le laisse me pénétrer violemment, fermant les yeux pour en profiter à fond. Alors que sa main rejoint mon bouton de plaisir pour accentuer mes gémissements, ses mouvements durcissent encore et je le sens s'enfoncer au bout de moi. J'hurle sans vergogne, mes hanches cognant contre la surface dure de la cuisine. J'ai froid et chaud en même temps et je sens ma délivrance approcher. Alors que mon corps se resserre autour de lui et que mes jambes flageolent, une image explose dans ma tête. Celle de Jasper et de son sourire ravageur. Je jouis d'autant plus en imaginant mon ami me prenant ainsi, comme une vulgaire fille qu'il aurait rencontrée dans un bar et je suis à ça de prononcer le nom de mon meilleur ami.
Alors qu'Edward atteint son paroxysme peu de temps après moi, je ne suis déjà plus avec lui. La vérité s'est imposée à moi dans un moment fort inopportun, et pourtant … Il s'agit bien là de la vérité, pure et dure. Je suis amoureuse de Jasper Hale. Mon dieu … Quelle révélation !
