Et revoici Elisa, comme promis ! J'espère qu'elle vous a manqué !

Si c'est votre première rencontre avec les aventures d'Elisa Bishop, je vous conseille vivement de lire le Tome 1, "Elisabeth Bishop et le monde des sorciers", qui introduit l'intrigue, le personnage principal et pose les quelques modifications au canon qu'elle a déjà mise en place x) Sinon, voici un mini-résumé pour vous remettre dans le bain après ces longues semaines d'absence...

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Précédemment, dans les aventures d'Elisabeth Bishop :

Elisa a deux ans (et demi !) de plus qu'Harry Potter, et depuis qu'elle est toute petite, elle possède les souvenirs d'une autre vie. Pour faire simple, elle suppose qu'elle s'est réincarnée. Dans un univers de fiction, par-dessus le marché. Elisa connait donc plusieurs éléments du canon (qu'elle nomme aussi "le destin"), même si certains détails ont échappé à sa mémoire. Elle a immédiatement décidé de changer le monde parce qu'actuellement, la Grande-Bretagne magique... Ben, ça craint un peu. Préjudices, racisme, obscurantisme, manque de progrès... Ce ne sont pas les défauts qui manquent ! Elisa a donc lutté sans relâche pour apaiser les tensions entre les Maisons à Poudlard, multiplie les inventions allant du stylo-plume au skateboard volant, pointe du doigt sans hésiter les vices de la communauté sorcière, a créé un club d'Education Moldue (qu'elle considère comme son plus grand succès) pour importer la science et la culture à Poudlard, et a aussi invité Harry à passer l'été chez elle afin de le soustraire secrètement à la tutelle des Dursley. Bref, elle a été très occupée. Cela dit, elle a donc parfaitement conscience que dans quelques années, un psychopathe évoquant à la fois Hitler et Vlad l'Empaleur va revenir à la vie pour tenter de massacrer tous ceux qui n'ont pas une généalogie à sa convenance. Alors changer le monde, c'est bien beau, mais il faut aussi qu'il y ait un monde à changer. Et Elisa commence doucement à se préparer à la prochaine guerre...

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Mwahahaha.

Ce tome sera un poil plus sérieux que le précédent. Eh oui, j'ai mis une intrigue en place, mais maintenant Elisa va devoir se retrousser les manches ! ET vu le titre de la fic, vous devinez tout de suite à qui (ou plutôt à quoi) elle va s'attaquer. Cependant, se prendre pour un héros comporte certains risques. Alors l'année d'Elisa ne s'annonce pas de tout repos.

Enfin bref ! Suite à la suggestion d'une lectrice, je vus propose aussi de renouer avec une tradition de "Renouveau". A chaque chapitre, je vous proposerai une liste de personnages. Choisissez-en un, et je vous donnerait plusieurs infos-clefs sur lui. Sa famille, son passé, dans quelle Maison il voulait aller, pourquoi il est gentil et/ou odieux avec tel autre personnage, etc.

Et pour commencer la liste, allons-y avec les Serpentard de l'année d'Elisa ! C'est-à-dire l'un de ces dix élèves :

- Heather Thatcham

- Tabitha Bainbridge

- Adrian Pucey

- Terence Higgs

- Miles Bletchey

- Cassius Warrington

- Darius Berrow

- Adélaïde Murton

- Imogen Stretton

- Holden Ledbury

... Vous avez fait votre choix ? Parfait ! Alors retenez-le bien, dites-le dans votre review, et attendez-vous au résultat dans une semaine, quand je posterai le chapitre suivant de la fic =D

Et maintenant... C'est parti pour le prologue !

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Prologue

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Lorsque l'alarme sonna, Elisa était réveillée depuis cinq bonnes minutes, et déjà en train de s'habiller. Elle poussa un juron, sautilla à cloche-pied jusqu'à son réveil parce qu'elle n'avait enfilé qu'une seule jambe de son pantalon, et appuya frénétiquement sur le bouton OFF. Puis elle tendit l'oreille, inquiète de savoir si elle avait réveillé les autres occupants de la maison.

De l'autre côté du couloir, elle entendit le BOUM qui indiquait qu'Harry Potter, héros du monde sorcier, s'était encore pris les pieds dans ses pantoufles en se levant.

Elle grimaça. Au temps pour son intention de laisser Harry profiter d'une dernière grasse matinée pour ses vacances au Cottage. M'enfin, il pourrait sans doute faire le plein de grasses matinées au Terrier, non ?

On était à la fin de juillet. Quelques jours plus tôt, une lettre de Ron avait invité Harry au Terrier, où il fêterait son anniversaire puis passerai le reste de ses vacances. Et aujourd'hui, vers midi, les Weasley devaient récupérer Harry sur le Chemin de Traverse.

Pourquoi sur le Chemin de Traverse ? Tout simplement parce que le Survivant et Elisa espéraient ainsi cacher le fait qu'Harry avait passé ses vacances chez elle au Cottage des Erables. Entre le fait que Voldemort gambadait toujours dans la nature, et l'insistance de Dumbledore à ce qu'Harry retourne chez ses Moldus… Elisa, Harry, Ron et Hermione avaient un accord tacite selon lequel son lieu de vacances devait rester secret.

La jeune fille esquissa un mince sourire en enfilant un T-shirt. Dumbledore était définitivement du côté du Bien, mais il avait aussi des idées bien arrêtées sur ce que les gens devaient faire pour se conformer à ses plans. Des idées avec lesquelles Elisa n'était pas forcément d'accord…

Mais bref. Accueillir le Survivant durant un mois s'était avéré plutôt fun, au final. Harry avait de l'humour, un sens de l'à-propos assez marrant, il était toujours prêt à donner un coup de main, et les différents trucs qu'Elisa lui apprenaient (qu'il s'agisse de sorts à utiliser dans un duel ou de ce qu'elle avait vu durant ses voyages autour du monde avec sa mère) le fascinaient complètement.

Oui, Elisa ne regrettait absolument pas d'avoir accueilli Harry chez elle. Elle s'était beaucoup attachée à lui, l'année dernière. Et il allait lui manquer, quand il serait chez les Weasley… Peut-être pourrait-elle lui rendre visite ?

En tout cas, Harry Potter aurait passé de biens meilleures vacances que ce que le destin lui avait réservé…

En effet, dans le canon de l'histoire, Harry Potter aurait dû rester chez les Dursley à se morfondre jusqu'à ce que les frères Weasley viennent le sauver. Mais Elisa avait décidé très tôt que ça ne se passerait pas comme ça. Elle comptait changer le monde depuis qu'elle avait été réincarnée dans cet univers : un univers qui, même s'il était celui de sa saga de fiction favorite durant sa vie précédente, pouvait largement être amélioré.

Et son amélioration la plus récente avait été d'empêcher discrètement sur Survivant de retourner avec les tarés abusifs qui lui servaient de gardiens légaux. Harry Potter avait beau être le sauveur du monde sorcier, il n'en était pas moins un enfant de douze ans qui méritait de passer son été avec des gens qui l'aimaient et le respectaient !

Ça pouvait sembler bien peu, mais les grands changements commençaient toujours avec un petit pas.

Elisabeth Bishop, qui allait entrer en quatrième année à Poufsouffle dans l'école de sorcellerie de Poudlard, s'y connaissait bien en changements qui commençaient par un petit pas. Et, armée par sa connaissance unique du futur (ou plutôt, d'un futur possible), c'était à cela qu'elle s'employait depuis qu'elle était en âge de parler : changer le monde, petit à petit.

Dès son enfance, elle avait appris toute seule à pratiquer de la magie sans baguette rudimentaire, qu'elle appelait « la Force » puisque son usage ressemblait beaucoup à l'attraction la répulsion qu'exerçaient les Jedi de Star Wars sur les objets. Elle avait aussi lu tous les bouquins qui lui tombaient sous la main. Elisa avait donc des connaissances étendues sur des éléments aussi obscurs que la fabrication d'amulettes, les secrets d'Histoire du temps des Fondateurs, ou le Fourchelang.

Son aventure avait véritablement commencé une fois à Poudlard. Elle voulait réduire au maximum les préjudices de l'école, qui étaient pour elle la source de bien des maux. Alors elle s'était fait des amis dans d'autres Maisons, malgré la violente désapprobation de certains élèves. Elle s'était aussi fait connaître par ses inventions et son talent pour l'organisation : par exemple, elle avait inventé puis commercialisé des plumes rechargeables, inspirées par les stylo-plumes moldu. Elle avait aussi organisé un club d'Education Moldue, permettant aux élèves qui avaient grandi avec des Moldus de poursuivre leur éducation, et d'apprendre la science et la physique par exemple.

Sa détermination à améliorer l'éducation des élèves et son talent en Sortilèges lui avait donné le surnom de « Magister » auprès de ses pairs. Au début, Elisa en avait été un peu vexée, mais finalement, elle avait adopté ce surnom moqueur et le portait désormais avec autant de fierté qu'un titre de noblesse.

Sa lutte pour changer le monde ne s'était pas arrêtée en première année. Son activité avait continué tout au long de sa scolarité. Par exemple, l'année dernière, elle avait été un élément-clef de la création du « Challenge », un club de duel secret. Elle avait aussi inventé un moyen de déplacement sorcier nouveau, le MagicoGlisseur, une sorte de mélange de surf et de skateboard lévitant dans les airs. Grâce à la publicité que lui faisaient les élèves de Poudlard enthousiasmés, Elisa commençait vraiment à lancer son business.

C'était une bonne chose. Elle aurait besoin de beaucoup de pognon, si elle voulait réaliser ses projets… Et se préparer à un possible retour de Voldemort.

Elisa avait un avenir plutôt chargé.

Elle attacha ses cheveux en chignon, et glissa sa baguette dans la longue poche spéciale qui était à présent cousue sur tous ses pantalons. Tilly, l'une des six elfes sans foyer qu'elle avait adopté, avait modifié les poches de tous ses vêtements pour qu'Elisa puisse y transporter discrètement ses armes. C'est-à-dire sa baguette, quelques amulettes de protection… Mais aussi les quelques couteaux de lancer qu'elle avait appris à manier cet été.

Oui, c'était dangereux. Mais, eh ! Dans l'intrigue canon, l'année scolaire de 1992-1993 était celle où un Basilic était lâché dans l'école. Elisa faisait ce qu'elle pouvait pour se rassurer !

Avant de quitter sa chambre, elle jeta un coup d'œil à sa fenêtre. Le soleil n'était encore pas très haut : il était à peine sept heures et demie. Sa mère ne se lèverait pas avant huit heures. Quant à son père, il subissait encore le décalage horaire de son dernier vol transcontinental, et se lèverait sans doute vers midi.

Elisa descendit au rez-de-chaussée sur la pointe des pieds, et s'assit à la table de la cuisine. Chappy, l'elfe de maison de sa mère, avait déjà fait chauffer son chocolat chaud et fait griller des toasts, et s'affairer à présent à faire des œufs brouillés et du bacon. Lorsqu'Harry entra dans la cuisine quelques instants plus tard, le Gryffondor n'eut qu'à s'asseoir avant que Chappy ne pose devant lui une assiette remplie de ses mets préférés.

– Merci Chappy, fit poliment le Survivant. Bonjour Elisa. Pourquoi tu as mis ton alarme aussi tôt ?

– Salut Harry, lâcha Elisa en étouffant un bâillement. Désolé, je comptais m'exercer ce matin à ce sort dont je t'ai parlé. Tu n'étais pas obligé de te lever…

– C'est pas grave, sourit Harry. Je veux profiter que tes parents dorment encore pour parler avec le serpent du jardin.

Elisa avait accidentellement provoquée la rencontre entre Harry et une vipère durant l'été, afin de le voir parler le Fourchelang, de lui expliquer qu'il sifflait comme un serpent, et de lui faire un cours abrégé sur ce langage et sur la manière dont il était perçu en Grande-Bretagne. Ça lui permettrait ainsi d'éviter tout le drama qui avait entouré une grande partie de l'intrigue canon lorsque les élèves avaient cherché l'identité de l'héritier de Serpentard.

Elle lui avait aussi prêté un livre sur la magie en Inde, où les serpents étaient vénérés et où la vision du Fourchelang était très différente. Très différente, et beaucoup plus sensée. Les indiens voyaient le Fourchelang comme la langue de la magie (la version orale des Runes Anciennes, en quelque sorte) plutôt que comme la langue des serpents.

… Ce qui était assez logique, quand on savait que les serpents étaient sourds et n'avaient pas d'oreilles. Ils étaient juste très sensibles à la magie.

– De quoi tu discutes avec lui ? s'intéressa Elisa en beurrant son toast.

Le Gryffondor haussa les épaules :

–Il est intarissable quand on parle d'œufs d'oiseaux tombés du nid. J'essaie de lui poser des questions sur la façon dont il perçoit la magie, mais il est surtout intéressé par son régime alimentaire.

Elisa gloussa, amusée. Puis elle reprit son sérieux et demanda avec intérêt :

– Alors, il perçoit la magie ?

– Yep, fit fièrement Harry. Comme des zones de couleur ou de chaleur. Et je lui ai aussi demandé ce que ça faisait de parler Fourchelang.

Elisa se pencha en avant, curieuse :

– Alors ?

– Alors je crois que la théorie indienne est juste, fit gravement le petit Gryffondor. Le serpent m'a dit que quand il parle avec moi, il pense différemment que quand il chasse. Les serpents ne sont pas tout le temps intelligents, en fait : c'est le Fourchelang qui fait résonner ma magie sur eux et qui leur donne le pouvoir de parler.

– Hum, fit pensivement Elisa. Un peu comme ce qui se passerait si quelqu'un dessinait une Rune de compréhension sur le cerveau d'un animal, en fait.

Le Survivant fit la grimace :

– Beurk. Je préfère largement les sifflements, merci bien.

– Oh je n'en suis pas si sûre, s'amusa Elisa. Pour la plupart des gens, te voir siffler serait aussi dérangeant que de te voir ouvrir la tête d'une pauvre bestiole.

Harry fit la grimace. Elisa lui avait expliqué en long et en large à quel point les préjudices étaient forts contre le Fourchelang, avant de résumer ça tout simplement : les Gryffondor verraient la capacité d'Harry à parler aux serpents de la même façon que Malefoy et ses pairs voyaient le fait qu'Hermione soit fille de Moldus.

– Tu penses que je devrais ne pas le dire à Ron ? marmonna Harry en picorant dans ses œufs.

Elisa haussa les épaules :

– Je ne sais pas. Sûr, il serait choqué. Mais c'est ton ami. Il fera un effort. Et puis, si tu lui explique la théorie indienne, il devrait mieux comprendre ce qui se passe, et mieux l'accepter.

Harry eut l'air plus rassuré, et reprit son repas avec appétit. Chappy le resservit même en bacon avec un regard désapprobateur en direction de la taille du garçon : même si neuf mois à Poudlard et deux au Cottage avaient aidé Harry à se remplumer, il restait toujours un peu maigrichon.

Cela dit, il se tenait plus droit et se déplaçait avec plus d'assurance, observa Elisa en examinant le Survivant d'un œil approbateur. Apprendre le duel et explorer les environs, ça avait fait beaucoup de bien au gamin.

D'ailleurs, en parlant de duel…

– Tu veux qu'on s'entraîne un peu aux sorts avant qu'on te dépose sur le Chemin de Traverse ? proposa-t-elle. Je ne sais pas si Mrs Weasley laisse ses enfants faire de la magie chez elle, vu que les jumeaux pourraient déclencher des catastrophes si on ne les surveille pas.

Le visage d'Harry s'éclaira :

– Tu auras le temps ? Je croyais que tu voulais maîtriser ce sort, là, le Patronum…

– Le Patronus, le corrigea Elisa. Et je ne vais pas y passer toute la matinée, je m'épuiserai pour rien. C'est une magie très avancée, je ne maîtriserais sans doute pas le sort tout de suite.

– Mais ce n'est qu'un sort pour transmettre un message, non ? s'étonna le garçon.

La fonction « messagerie » du Patronus était effectivement la raison pour laquelle Elisa justifiait son apprentissage de ce sortilège. Après tout, les choses se seraient passées très différemment l'année dernière si elle avait pu prévenir instantanément les profs que le Trio était entré dans le corridor du troisième étage.

Mais Elisa avait deux autres raisons pour apprendre ce sort, deux raisons qu'elle gardait secrète. Premièrement, les Détraqueurs arriveraient à Poudlard l'année prochaine et elle voulait être prête. Et deuxièmement… Elle voulait éblouir Flitwick.

Quoi ? Connaître le futur et vouloir sauver le monde n'empêchaient pas d'être une frimeuse.

– Transmettre un message n'est que la fonction secondaire du sort, résuma Elisa. C'est surtout un Charme de protection très puissant. Tu invoques un protecteur constitué de magie pure. Ce n'est qu'accessoirement que tu peux utiliser ce protecteur pour transmettre des messages.

– Ça a l'air compliqué, remarqua Harry.

– Je sais, grogna Elisa en s'attaquant à son troisième toast. Mais tant que personne n'aura inventé le téléphone portable pour sorciers, il faudra se contenter des moyens de communications tordus de ce monde.

Puis elle prit un air pensif. Inventer le téléphone portable… A quel point est-ce que ça serait difficile ? Il lui semblait que les Maraudeurs avaient enchantés eux-mêmes des miroirs à Double-Sens quand ils étaient encore à Poudlard. Créer un truc similaire était à la portée d'Elisa. Mais ces miroir-téléphones n'auraient qu'une fonction d'appel, pas de texto ou de messagerie…

– Tu réfléchis à inventer un nouveau truc, c'est ça ? devina Harry avec amusement.

Elisa sursauta :

– Quoi ? Non, pas du tout. Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

– Tu fais la même tête quand tu as une idée pour améliorer tes MagicoGlisseurs, pointa Harry. Généralement, tu finis par disparaître dans ton atelier pendant trois heures juste après.

Elisa ne put s'empêcher de se rengorger. Elle était extrêmement fière de ses MagicoGlisseurs. Elle avait reçu divers commandes ou demandes de renseignements durant l'été. Quand elle était allée se promener dans une foire sorcière début juillet et faire par hasard des acrobaties en Glisseur devant un public, elle avait distribué ses dépliants publicitaires à plus de trente personnes. Et comme elle avait emmené par hasard deux de ses prototypes ce jour-là, ils avaient immédiatement été achetés !

Sa productivité venait essentiellement de ses six elfes. Mais si Olly (son elfe préféré depuis qu'il l'avait sauvée de Touffu le Cerbère) lui servait de messager et circulait parfois dans la maison, les cinq autres restaient généralement à l'atelier et avaient pour stricte consigne de ne pas se faire voir. Le fait qu'elle ait une petite armée d'elfes à son service était un avantage qu'Elisa préférait garder secret. Ni Harry ni même les parents d'Elisa n'avait encore vu son atelier dans la forêt et, surtout, les elfes qui y travaillaient.

Le meilleur moyen de gagner une bataille, après tout, était d'avoir un atout supplémentaire dans sa manche.

– Je n'irai pas à l'atelier aujourd'hui, promis, finit-elle par dire. Aujourd'hui, c'est journée sortilèges. On se retrouve devant l'entrée dans une heure et demie ? Je vais m'entraîner dans la forêt pour ne pas réveiller mes parents.

Harry hocha la tête juste au moment où Isabelle Bishop, la mère d'Elisa, émergeait dans la cuisine en se passant une main dans les cheveux d'un air ensommeillé :

– Trop tard, je suis debout. Bonjour vous deux, vous avez bien dormi ?

– J'ai rêvé que je savais voler, sourit Elisa. Et que j'allais à l'aventure avec un serpent qui parle.

– Voler est synonyme de liberté et d'évasion, réfléchit Isabelle en s'asseyant tandis que Chappy posait aussitôt un bol de café fumant devant elle. Et le serpent synonyme de renouveau. Plutôt un bon présage.

Puis elle se tourna vers Harry et celui-ci, habitué aux petites habitudes d'Isabelle Bishop et à son affection pour la Divination, raconta docilement :

– J'ai rêvé que je pourchassais le Vif mais que finalement c'était Hedwige.

– Ton sport préféré ? releva Isabelle. Un rêve de passion et de confiance, dans ce cas. Et si ton familier t'est apparu, c'est une preuve que tu te sens en sécurité.

En sécurité, musa Elisa en terminant son petit-déjeuner. Oui, Harry Potter devait se sentir en sécurité ici. Il y avait de bons repas, des discussions chaleureuses, des récits de légendes fantastiques et des livres passionnants, et des exercices de magie qu'il adorait. Et il écrivait constamment à ses amis, aussi.

Dans l'histoire canon, Harry était supposé se faire voler son courrier par Dobby, mais ça ne s'était pas produit cet été. Elisa soupçonnait fortement qu'entre le côté protecteur de Chappy, et la dévotion de ses six autres elfes… Dobby n'aurait pas pu toucher une seule chouette des Bishop sans se faire dépecer par une armée de ses semblables en furie.

Bon, Elisa ne doutait pas que Dobby se manifesterait plus tard (en bloquant l'accès au quai 9 ¾ par exemple…) mais au moins il n'avait pas gâché l'été d'Harry. C'était toujours ça de gagné.

Harry fut le premier à finir son petit-déjeuner, et s'éclipsa pour aller « se promener ». Elisa était presque sûre que sa mère soupçonnait l'existence du serpent et de ses discussions avec Harry, mais elle n'avait rien dit jusque-là. Elisa elle-même se leva peu après, déposant une bise sur la joue de sa mère au passage, puis quitta la cuisines en prenant garde de ne pas se cogner contre le buisson ardent en pot, presque aussi grand qu'elle, qui encombrait le hall. Sa mère avait passé tout le mois de juillet en Afrique, et cette plante faisait partie des souvenirs qu'elle avait ramenés.

– Il va vraiment falloir qu'on range cette maison, soupira-t-elle en enfilant ses chaussures dans l'entrée.

Le Cottage était vraiment plein à craquer de souvenirs et de bric-à-brac. Elisa aimait l'atmosphère exotique et foisonnante de sa maison. Mais maintenant, elle commençait à grandir et à trouver qu'il y avait peut-être un peu trop d'exotisme et de foisonnement…

– Tu pourras emmener ce que tu veux pour meubler ta colonie de vacances ou ton école pour Cracmols, sourit sa mère en passant la tête par l'embrasure de la porte pour la regarder avec amusement. Je commence à me lasser du porte-manteau en bois flotté, moi aussi.

Ce porte-manteau occupait autant d'espace qu'un petit arbre, avec ses branches qui pointaient dans toutes les directions. Si elle avait le choix, Elisa le brûlerait.

– L'école ou la colonie ne sont encore que des projets, maman ! protesta Elisa.

– Des projets que tu as depuis que tu as huit ans, contra sa mère. Et je sais que tu as passé toute mon absence à chercher un endroit pour l'installer.

Elisa haussa les épaules, embarrassée. Une colonie de vacances pour les sorciers ne voulant pas retourner chez eux à la fin de l'année scolaire… C'était l'un de ses projets d'enfance pour rendre le monde meilleur. Elle avait aussi d'autres projets, comme créer des associations pour aider les elfes de maison ou les loups-garous, ou encore construire une école pour les Cracmols que leur monde rejetait si cruellement.

– Je n'ai toujours pas trouvé d'endroit correct, soupira Elisa. Et puis, de toute façon, je n'ai pas encore les fonds suffisants.

Quoique, si ses ventes de MagicoGlisseur restaient aussi bonnes (et qu'elle les vendait toujours aussi cher !), son pactole serait bientôt suffisant.

– Ce n'est pas grave, reprit-elle en haussant les épaules. Rien ne presse, et de toute façon je n'y connais rien en construction et en aménagement de lieu de vie collectif. Ça attendra que je sois majeure.

Isabelle acquiesça et retourna à son café, sans doute toujours à demi-endormie. Elisa roula des yeux, puis quitta la maison en prenant garde de ne pas laisser la porte claquer derrière elle.

Elle s'éloigna jusqu'à l'orée de la forêt. Plus loin, du côté du muret qui séparait le grand jardin du Cottage aux Erables elle pouvait voir la tâche colorée du blouson rouge d'Harry, accroupi sur le sol et sans doute en train de discuter avec le fameux serpent. La jeune fille ne le dérangea pas, et continua sa route jusqu'à ce qu'elle se soit assez enfoncée entre les arbres pour être cachée à la vue d'éventuels voyageurs passants sur la route.

Il n'y avait personne qui passait sur la route (c'était juste un large chemin de terre battue et de gravier ! Il fallait traverser environ sept kilomètres de champs et de sous-bois pour rejoindre le village de Loutry St Chaspoule, et trouver une route goudronnée), mais mieux valait ne pas prendre de risques avec le Statut du Secret.

Elisa se trouva un coin relativement dégagé entre les arbres, brandit sa baguette, et se concentra. Oui, le Patronus était difficile. Mais elle pouvait y arriver. Elle s'y entraînait depuis le début des vacances, soit presque deux mois. Jusqu'ici, elle n'avait obtenu qu'un vague nuage argenté, mais elle commençait à apercevoir une forme. Un renardeau peut-être ? Ou un petit chat ?

Spero Patronum !

Une forme argentée jaillit de sa baguette, trop floue pour être reconnaissable. Quatre pattes, un air agile, un museau presque félin… Et la forme se dissipa en quelques instants, laissant Elisa un peu essoufflée, mais plutôt fière d'elle.

– Magie avancée mon œil, fanfaronna-t-elle dans le silence. Moi aussi je peux le faire, et je n'ai que quatorze ans ! Spero Patronum !

Le nuage se re-matérialisa, plus opaque mais pas plus reconnaissable. Elisa ne se découragea pas. Créer un Patronus comme ça, dans un environnement familier et en pensant à tous ses succès passés, ça n'était pas si difficile que ça. Elle n'était pas pressée par le temps. Elle pouvait recommencer autant qu'elle voulait.

Elle avait jusqu'à l'été de 1993 avant que ce sort ne lui soit utile, de toute façon.

Elle consacra cependant presque plus d'une heure à son entraînement, jetant le sort encore et encore, et le voyant se définir de mieux en mieux à chaque tentative. Ce n'était pas un renardeau, mais ça y ressemblait. Une sorte de loutre ? De martre ? Elle avait probablement une encyclopédie des animaux quelque part dans la bibliothèque familiale, elle devrait y jeter un œil.

Au bout d'une heure et demi pile (Elisa suivait l'heure sur un bracelet-montre un peu trop grand pour elle, piqué à son père), elle abandonna l'exercice. Clairement, elle ne maîtriserait pas le Patronus aujourd'hui. Elle ne désespérait pas, cela dit. Elle allait continuer à s'entraîner pendant le mois d'août, puis à Poudlard.

Quand les Détraqueurs arriveraient, elle serait prête.

Elle rejoignit Harry dans le jardin proprement dit, qui consistait essentiellement du terrain herbeux et irrégulier entre la route, bordée d'un muret de pierre, et l'orée du bois. C'était une zone assez vaste, et peu entretenue par la main humaine. Il y avait quelques buissons, des massifs de fleurs qui étaient plus ou moins retournés à l'état sauvage, et un grand étang à une vingtaine de mètres de la maison. Comme cette étendue d'eau était entourée de petits arbres qui bloquaient complètement la vue de la route, c'était souvent là qu'Elisa et Harry s'entraînaient à la magie.

– Prête ? lança Harry en voyant Elisa le rejoindre au bord de l'étang.

– Tu te rappelles des sorts que je t'ai montrés ? vérifia Elisa. Parfait, alors allons-y. Expelliarmus !

Deflecto !

Le sort d'Elisa se perdit dans les arbres, détourné par le Charme Déflecteur du Survivant. La Poufsouffle sourit, très fière (le Charme Déflecteur était du niveau de troisième année quand même), mais ne ralentit pas la cadence :

Flipendo !

Rictumsempra ! contra Harry en esquivant.

Ils continuèrent ainsi pendant un certain temps Harry était vif, et agile, et très doué : mais Elisa avait l'avantage de l'expérience, et cela faisait un an qu'elle participait régulièrement à des tournois secrets de duel. Elle s'y connaissait plutôt bien.

Finalement, au bout d'une demi-heure, peut-être plus, ils finirent par faire une pause et s'écrouler dans l'herbe, hors d'haleine.

Elisa ne put s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles. Harry Potter était devenu un vrai champion. Et dire que dans l'intrigue canon, le seul sort de duel qu'il avait connu jusqu'au Tournoi des Trois sorciers avait été le Sortilège de Désarmement enseigné par Lockhart. Ah ! Prends ça, stupide destin ! Cette fois, Harry serait bien mieux préparé à affronter ce qui l'attendait !

– Bien joué Harry, fit-elle avec fierté. Tu es vraiment doué.

Harry regarda ailleurs, rosissant sous le compliment, et Elisa sentit une bouffée d'affection lui envahir la poitrine. Elle avait bien fait d'approcher ce gamin ébouriffé dans la gare King's Cross, près d'un an plus tôt. Pas seulement parce qu'Harry Potter était l'Elu et qu'elle voulait l'aider, mais aussi parce que ça lui avait permis de devenir son amie.

Elle détourna la tête, et jeta un œil à sa montre trop grande. Il y était onze heures passées, et elle fronça le nez :

– Olly va te faire Transplaner sur le Chemin de Traverse d'ici un peu moins d'une heure. Tu as fait tes bagages ? Ma mère n'aime pas aller dans les endroits où il y a de la foule, mais… Tu veux que je t'accompagne, le temps que tu retrouves les Weasley ?

Mais Harry secoua la tête :

– Non, ce n'est pas la peine. Je leur ai dit que je les attendrais chez Madame Guipure. Je vais me racheter de nouvelles robes pour cette année, vu que j'ai grandi… Et je vais lui demander si elle peut me faire des vêtements moldus, aussi. Des pantalons, des chemises, tout ça. J'en ai marre de porter les vieux vêtements de Dudley.

Elisa cligna des yeux, un peu surprise. La saga canon n'avait jamais mentionné Harry achetant un nouveau trousseau. Il avait toujours été vêtu des guenilles de son cousin. Est-ce que c'était un nouveau changement ? Provoqué par quoi ? Par elle ? Elle n'avait rien fait pour pousser Harry dans cette direction…

Mais elle lui avait donné confiance en lui, réalisa soudain Elisa. Elle lui avait appris qu'il était digne d'être apprécié. Elle lui avait montré comment retirer de l'argent chez Gringotts par lettre. Elle lui avait montré que si on avait de l'or, il fallait en profiter. Elle lui avait appris à se défendre, à attaquer, à être fier de ses dons et de ce qu'il était. Elle lui avait appris à profiter du moment, à faire ce qu'il avait envie de faire sans crainte d'être puni par ses Moldus ou tout autre figure d'autorité.

Harry Potter n'avait jamais eu quelqu'un concentré sur lui, sur sa croissance, sur son développement. Peut-être que c'était ça qui faisait la différence. Elisa avait endossé ce rôle, moitié pour défier le destin et moitié parce que c'était devenu une habitude chez elle, et… Harry Potter avait changé. Il s'était épanoui, faute d'un autre mot.

– Pourquoi tu souris ? fit Harry d'un ton soupçonneux.

Elisa renifla avec amusement, laissant son regard errer sur les nuages qui défilaient dans le ciel.

– Pour rien.

Ce n'était pas tout à fait vrai. Elle souriait parce qu'elle s'était fait un ami. Parce qu'elle l'avait aidé, et qu'elle en était heureuse. Elle souriait parce que le ciel était bleu, que l'été était radieux, et qu'elle envisageait l'avenir avec optimisme.

Le destin n'avait qu'à bien se tenir.

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Et voilà, c'était le début du tome 2 ! Qu'en avait-vous pensé ? Qu'espérez-vous pour la suite ? Et sur quel personnage voulez-vous des détails ? N'oubliez pas de laisser une review, même si elle est microscopique, pour m'en parler ! =D