Auteur : Lady Zalia

Type: Romance, Humour, un peu d'Action… Fiction courte (Happy End)

Disclaimers: Univers appartenant à J.K. Rowling. Rating T. Romance homosexuelle gentillette [Drarry]. C'est pour contraster avec "Trahis-moi pour survivre" XD

Résumé du chapitre précédent : Deux mois après la bataille de Poudlard, Drago Malefoy est arbitrairement arrêté pour être emprisonné à Azkaban. Mais Harry décide de le libérer et de le cacher chez lui, au 12 square Grimmaurd.


Chapitre 2

Tout en réfléchissant, ses pas l'avaient mené jusqu'à un quartier qu'il avait appris à connaître ces dernières semaines. Il appréciait l'ambiance intimiste, il y croisait toujours les mêmes gens, en majorité des personnes âgées qui le saluaient toujours poliment. Il y avait un joli petit parc où il avait une fois traîné son chevalet, un traiteur italien qui préparait de délicieuses glaces et un épicier cracmol qui vendait ses friandises sorcières préférées. Mais cette fois il se dirigea vers la supérette parfaitement moldue où il était certain de trouver ce qu'il cherchait. Kreattur allait sans doute hurler qu'il ramenait les « cochonneries des Sangs-de Bourbe » et qu'il allait finir par s'intoxiquer, mais si les sorciers avaient inventé la Bièraubeurre et d'autres breuvages tout aussi savoureux, les moldus conservaient une certaine avance concernant la bière en elle-même. Il y avait des blanches, des ambrées, des blondes et des brunes, des bières caramélisées, des bières acidulées, des bières aromatisées aux fruits…

Ne connaissant pas les goûts de son invité, Harry choisit différentes variétés et acheta un paquet de crackers au fromage et un saucisson pour l'apéro. Kreattur avait beau être un excellent cuisinier, il restait cantonné à la gastronomie traditionnelle anglaise, ce qui était parfois un peu redondant.

Il alla ensuite aux rayons jeux et jouets et prit un Monopoly avant de passer à la caisse. Il n'y avait joué qu'une seule fois avec Miss Figg, sa voisine, mais il savait que les règles ne faisaient pas appel à des connaissances moldues particulières et il imaginait déjà comment il pourrait modifier certaines cases pour les rendre plus compréhensibles. Il était tellement impatient de mettre son plan à exécution qu'à peine sorti du magasin, il alla jusqu'à une ruelle déserte pour transplaner jusqu'à chez lui. Il trouva Kreattur dans la cuisine et déballa immédiatement ses achats sous les yeux effarés de l'elfe.

- Maître Harry, qu'avez-vous encore ramené ! Kreattur va mourir de honte si son maître l'oblige à servir de tels immondices à monsieur Drago Malefoy !

- Inutile de faire un tel cirque, Kreattur. Je te demande juste de garder les bières au frais. Je ne connais pas le sort… Et ça c'est des biscuits au cheddar et du saucisson. Mais si tu veux, la prochaine fois, tu n'auras qu'à les faire toi-même. Je suis persuadé que tu n'auras aucun mal à faire quelque chose de meilleur que les moldus…

Kreattur renifla le saucisson et sortit un couteau pour en couper un petit bout qu'il croqua avec une grimace. Finalement il sembla accepter que la nourriture n'était pas empoisonnée et leva les yeux vers son maître.

- Kreattur trouvera mieux. Et Kreattur préparera des biscuits au cheddar si son maître le désire.

Harry lui offrit un large sourire.

- Génial ! Et est-ce que tu pourras faire un gâteau au chocolat aussi ?

- Kreattur craint que son maître devienne gras s'il continue de manger ainsi. Kreattur préparera une salade de fruits en dessert.

Cette fois, il éclata de rire.

- Ah ah c'est bien vrai. Ça fait longtemps que je n'ai pas fait d'exercice physique… Bon je vais dans le salon, tu n'auras qu'à nous prévenir quand le dîner sera prêt !

Quand il monta dans les étages, tout était silencieux. Soit Drago dormait encore, soit il préférait être seul. Harry déballa le Monopoly et sortit sa baguette magique. Il doutait de pouvoir transformer les faux billets en imitation de pièces sorcières convaincantes, mais il modifia les noms des rues pour correspondre à des boutiques sorcières ou à des lieux connus, il changea le nom des gares et transforma les deux cases d'impôts en « Acheter des fournitures pour Poudlard » et « Acheter un nouveau balai de Quidditch ». Les compagnies d'eau et d'électricité devinrent un abonnement à la Gazette du sorcier ou au Chicaneur et les cases Chance et Caisse de communauté devinrent « Salle sur Demande » et « Décret du Ministre ». Il modifia chaque carte de la même manière avant de poser sa baguette, légèrement fatigué par la multitude de sorts qu'il avait dû réaliser. Il était assez fier du rendu final et avait hâte de pouvoir l'essayer avec Drago.

Vers 17 heures, Kreattur vint lui amener une tasse de thé et il en profita pour se redresser et s'étendre sur le canapé. Il jeta un coup d'œil désabusé à sa bibliothèque. Il allait bien falloir qu'il retourne dans une rue sorcière s'il voulait s'acheter de nouveaux livres, mais il appréhendait par avance que sa simple présence ne provoque un mouvement de foule.

Il décida de prendre un calepin moldu et un crayon et de se mettre à dessiner, confortablement installé sur son canapé. Les crayons étaient ce qui lui avait le plus manqué à Poudlard. De la même manière, le papier moldu restait plus léger et moins encombrant que le parchemin. Réfléchissant un moment, il décida de dessiner la femelle Magyar à pointes qu'il avait dû affronter lors de la première tâche du Tournoi des Trois Sorciers. Il attira d'un Accio la petite figurine animée qu'il avait conservée et la posa sur la table.

Sur le moment il avait trouvé la créature tout bonnement terrifiante, mais avec le temps il n'était pas peu fier d'être parvenu à lui voler l'œuf d'or. Il dessina ainsi pendant presque deux heures, mais alors qu'il était concentré sur l'ombrage des ailes, la sensation d'une présence non loin de lui le fit sursauter. Il pointa sa baguette vers l'intru qui leva immédiatement les mains en signe de reddition. Il soupira en reconnaissant Drago Malefoy et baissa le bras avant de ranger sa baguette dans sa poche.

- Désolé… Après tous ces mois à être pourchassé, je crois que suis devenu un peu parano…

- Tout le monde le serait, j'imagine… Tant que tu ne me jettes pas le même sort qu'en sixième année…

Harry écarquilla les yeux, une brusque rougeur apparaissant sur ses joues.

- Oh mince, je ne me suis jamais excusé pour ça… Si tu savais comme je m'en suis voulu. J'ignorais ce que le sort faisait, si je l'avais su, je ne te l'aurais jamais lancé, je te jure… Je n'ai jamais voulu te tuer…

Drago eut un faible sourire face à sa gêne évidente.

- Ouai, c'est bon, c'est de l'histoire ancienne maintenant. Et puis je m'apprêtais à te jeter un Doloris alors on est quitte… Mais à quel moment tu t'es dit que jeter un maléfice inconnu était une bonne idée ?

- Je l'avais lu dans un livre… qui s'avérait être le manuel de Potion de 6e année de Rogue. Il l'avait écrit dans la marge avec la mention « Contre les ennemis », j'ai réagi d'instinct. Quand il est arrivé, j'ai cru qu'il allait me dépecer sur place. Mais même sans ça, dès que j'ai vu ce que ça faisait, j'ai regretté de te l'avoir lancé.

Son vis-à-vis haussa les épaules.

- Excuses acceptées. Ton elfe m'a dit de te rejoindre ici au fait. Une idée de la raison ?

- Ah oui ! Installe-toi ! Je reviens !

Harry quitta la pièce en courant avant de réapparaître quelques instants plus tard avec plusieurs bouteilles de bières calées entre ses doigts. Kreattur le suivait avec un plateau comportant quelques tranches de pain beurré, des petits morceaux de fromage et du saucisson coupé en rondelles qu'il déposa sur la table basse. Drago s'était assis sur le canapé et l'observait attentivement.

- Voilà. Tu connais le principe de l'apéro ?

- Jamais entendu parler. C'est un truc moldu, j'imagine ?

Harry déplaça son fauteuil pour s'asseoir face au Serpentard.

- Euh oui. Le principe c'est de grignoter pour s'ouvrir l'appétit en buvant des bières. Donc comme je ne savais pas ce que tu aimerais… j'en ai pris plusieurs différentes.

- Je vois. Les bières moldues sont particulières ?

Le Gryffondor sourit largement.

- Bien meilleures, tu veux dire ! J'aime bien la Bièraubeurre, mais soyons honnête, ce n'est pas génial quand on mange quelque chose de salé. Et les bières vendues au Chaudron Baveur ou à la tête de Sanglier sont clairement infâmes. Les moldus vendent différentes sortes de bière en fonction de si tu aimes l'amertume ou la douceur. Pour débuter je te conseillerai celle-ci, elle est plutôt légère. Sinon tu as celle-là qui est aromatisée à la cerise, celle-là qui a un arrière-goût qui ressemble un peu à du café…

- OK… Et bien je vais te faire confiance… Va pour la première que tu m'as présentée.

Drago n'avait pas l'air très rassuré, mais Harry s'empressa de décapsuler la bouteille avec sa baguette avant de la faire voler jusqu'à son invité. Il en ouvrit une pour lui-même avant de la tendre au-dessus de la table et le Serpentard trinqua sans hésiter. Il avala une gorgée sous l'œil attentif de Harry et fit une moue appréciatrice.

- Effectivement, ce n'est pas mauvais. C'est plutôt agréable, cette fraîcheur. Je pense que je pourrais m'y faire.

- Génial ! Heureux d'avoir pu te faire découvrir une excellente coutume moldue !

Il offrit un magnifique sourire à son invité qui se sentit soudain obligé de détourner le regard. Il reposa sa bouteille sur la table et se saisit du calepin toujours sur le canapé.

- Tu dessines plutôt pas mal. Je ne t'avais jamais vu dessiner pourtant à Poudlard.

- Ah euh merci. Mes croquis me servent surtout comme étude avant de peindre. Je n'avais pas trop la tête à ça à Poudlard et je n'avais pas non plus le matériel pour. C'est Hermione qui m'a conseillé de m'y remettre. Ça m'aide à… m'aérer l'esprit. Je n'ai pas vraiment envie d'aller déballer ma vie à un psychomage qui ne verra que « le sauveur Harry Potter ».

Drago hocha la tête.

- C'est légitime. Honnêtement, je ne vois pas comment quelqu'un qui ne l'a jamais eu en face de lui puisse comprendre ce que ça fait. Ma mère m'avait aussi conseillé de consulter quelqu'un mais… je sais que je serai toujours jugé pour ce que j'ai sur le bras.

- Je pensais qu'elle aurait totalement disparu.

Le Serpentard porta distraitement sa main sur son avant-bras gauche.

- Je l'espérais mais non. Elle s'est beaucoup éclaircie, il ne reste que les contours et je peux facilement la cacher sous un Glamour, mais elle sera toujours là.

La discussion semblait être douloureuse pour Drago qui ne souriait plus du tout et pris d'un instinct soudain, Harry se leva et fit le tour de la table pour s'asseoir à ses côtés. Sa venue fit relever les yeux de son invité et Harry plongea son regard dans les orbes gris.

- Sache en tout cas que pour moi ça ne change rien. Je sais ce que tu vaux. Et j'aimerais beaucoup être ami avec ce Drago Malefoy là.

Il avait posé sa bière sur la table et tendait désormais sa main au Serpentard à ses côtés. Drago avait détourné le regard mais comme Harry ne sembla pas renoncer, il accepta finalement de serrer la main de son vis-à-vis. La poignée de main dura sans doute plus longtemps que la bienséance l'exigeait, mais aucun des deux garçons n'y prêta attention.

Drago avait l'impression que cette main venait de le rattraper au bord d'un gouffre et ce simple contact lui avait procuré une douce chaleur. Lorsque Voldemort était venu s'installer au manoir Malefoy, à la fin de la cinquième année, il s'était forgé une carapace de glace, pour s'empêcher de craquer. Elle lui avait sauvé la vie à de nombreuses reprises au cours de ces deux dernières années, mais à la fin de la guerre il s'était retrouvé comme vidé, incapable de ressentir la moindre émotion. Et Harry Potter avait commencé à la faire fondre en seulement quelques heures.

Lorsqu'ils mirent fin à la poignée de main, ni l'un ni l'autre n'aurait été capable de dire combien de temps elle avait duré. Ils détournèrent le regard simultanément pour ne pas voir la soudaine rougeur qui était apparue sur les joues de l'autre.

Harry s'éclaircit la gorge et s'empara de sa bouteille de bière pour en boire une gorgée. Il piocha ensuite quelques rondelles de saucisson et un cube de fromage à l'aide d'un cure-dent.

- S'il y a des trucs que tu aimerais manger ou au contraire que tu n'aimes pas, n'hésite pas à le dire à Kreattur. Ou s'il y a quelque chose dont tu as besoin… Ce n'est pas comme si mes journées étaient surchargées et je voudrais que tu te sentes bien ici.

Drago hocha la tête.

- Merci, je vais y réfléchir.

Les deux hommes consommèrent leur apéritif en silence, mais ce n'était pas lourd ou embarrassant mais plutôt apaisant. Comme s'ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Ils dégustèrent ensuite le repas préparé par Kreattur puis remontèrent dans le salon pour jouer au jeu de société que Harry avait préparé. Drago comprit rapidement le principe et la soirée passa agréablement, avec de nombreux éclats de rire de Harry.

Drago avait la finance dans le sang et calculait très rapidement, n'achetant que les rues les plus rentables, avec le maximum de constructions dessus. En revanche, il refusa tout bonnement d'acheter « la cabane de Hagrid » qui était la première rue du jeu, ainsi qu'un « abonnement au Chicaneur » quand Harry lui eut dit qu'il ne pouvait pas renvoyer Xenophilius Lovegood de son propre journal. Il battit le Gryffondor à plate couture, mais celui-ci était bien trop heureux de voir son camarade oublier sa situation pendant quelques heures pour ne serait-ce que songer à s'en plaindre.

Finalement, alors qu'ils s'apprêtaient à aller se coucher, Drago retint Harry par le poignet.

- En fait… par rapport à ce que tu m'as demandé tout à l'heure… j'aurais un service à te demander… si tu acceptes. Je serais vraiment soulagé si tu pouvais te renseigner sur l'état de ma mère. Mon père a été tué sous nos yeux et pas de la manière la plus propre. Et je doute qu'ils lui aient dit que j'étais en fuite. Ils doivent se faire un plaisir de lui raconter toutes sortes d'histoires horribles là-bas. Je n'ai plus qu'elle, tu comprends… Je voudrais être sûr qu'elle ne cherche pas à…

Sa voix s'érailla et Harry posa sa main sur son épaule.

- Aucun souci. Je vais voir ça dès demain. Promis ! Allez, bonne nuit, Drago.

Drago leva les yeux, comme étonné qu'il ait accepté aussi vite.

- Ah… et bien tant mieux… Bonne nuit à toi aussi.

Le Serpentard semblait troublé des attentions de son ancien rival et lorsqu'ils se séparèrent, Drago avait les sourcils froncés. Harry s'allongea sur son lit, écoutant distraitement son invité faire sa toilette de l'autre côté du mur. Il attendit que la porte de sa chambre se referme avant de ressortir pour prendre sa douche. Une fois lavé et les dents brossées, il rejoignit sa chambre vêtu d'un caleçon et d'un t-shirt trop large, jeta le sort de silence comme il en avait pris l'habitude durant la chasse aux Horcruxes et s'allongea dans le lit, espérant trouver rapidement le sommeil.

***/+/***

Le lendemain matin, Harry se réveilla de bonne heure après une nuit comme souvent entrecoupée de cauchemars. Il alla s'asperger le visage d'eau pour achever de se réveiller et s'habilla avec une tenue sorcière sobre avant d'aller déjeuner. Il avait lu dans le journal que Narcissa Malefoy était retenue dans l'hôpital psychiatrique de haute-sécurité Sainte Genette pour patients dangereux, situé à Cambridge. Drago semblait encore dormir mais sitôt son déjeuner ingurgité, Harry se rendit dans le hall d'entrée pour faire ses recommandations à Kreattur.

- Tu diras à Drago Malefoy que je suis partit voir sa mère. Je n'aime pas trop sortir sans cape d'invisibilité, mais je serais plus tranquille si elle reste là pour lui au cas où. Je déjeunerai sans doute à l'extérieur ce midi mais je devrais être de retour en début d'après-midi au plus tard.

Il enfila une cape de voyage qui le protégerait efficacement de la fraîcheur ambiante et empoigna son balai avant de sortir. Il régla sa boussole magique sur Cambridge, se désillusionna et décolla depuis la dernière marche de son perron. Il n'y avait pas plus d'une vingtaine de minutes de vol pour rejoindre le quartier magique où se trouvait l'hôpital Sainte Genette et il vola tranquillement au-dessus des nuages. Il aurait pu s'y rendre en poudre de cheminette mais d'une part, il détestait toujours ce moyen de transport et d'autre part, voler lui faisait toujours autant de bien. Cela lui permettait de se vider l'esprit avant d'affronter des gens qui ne verraient en lui que Harry-Potter-L'Elu-Deux-Fois-Survivant. Il en profita pour imaginer ce qu'il allait dire. Il était déterminé à voir la mère de Drago coûte que coûte.

Comme à Sainte Mangouste, il y avait une aire d'atterrissage spécialement prévue pour les balais magiques et Harry s'y posa avant de réduire son Éclair de Feu et dissiper son sortilège de Désillusion. Les médicomages et surveillants de Sainte Genette portaient une robe bleu pâle et l'écusson brodé sur leur poitrine représentait un beffroi surmonté d'un visage grimaçant. Le hall d'entrée était gardé par deux sorciers à l'air revêche et Harry frissonna. L'endroit était manifestement plus proche d'une prison que d'un hôpital. Il prit une inspiration et se redressa, espérant manifester une assurance qu'il ne possédait pas. Le sorcier de l'accueil était retranché derrière un grillage métallique et il ne se leva pas à l'approche de Harry.

- Monsieur… Que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour, je viens pour avoir un entretien avec Narcissa Malefoy qui est soignée ici…

L'infirmier plissa les yeux, comme s'il espérait percevoir la réalité derrière cette phrase.

- Les Aurors m'ont demandé de consigner la moindre visite qu'aura reçue Mme Malefoy. Veuillez décliner votre identité et les raisons de votre visite.

Harry passa sa main dans ses cheveux, dévoilant au passage la cicatrice encore bien visible sur son front.

- Harry Potter. J'ai entendu dire que Drago Malefoy était parvenu à s'évader avec l'aide d'un complice. Je veux le retrouver avant qu'il ne se fasse tuer par les Aurors. Il m'a sauvé la vie à Poudlard et je me sens un peu responsable de lui, vous comprenez… Je me dis que peut-être sa mère saura me donner quelques indices.

L'homme haussa les épaules.

- Vous perdez votre temps, si vous voulez mon avis. L'hystérique ne dira rien. J'espère même que les Aurors auront l'autorisation de tirer à vue. Ces raclures de Mangemorts ne méritent rien d'autre !

Harry serra les dents et fusilla l'homme du regard. Voilà exactement pourquoi il sortait le moins possible. Ce genre de mentalités l'horripilait. Il n'ajouta rien cependant, alors qu'une porte s'ouvrait sur sa droite, dévoilant un sorcier baraqué ressemblant un peu à son oncle Vernon.

- Monsieur Potter, par ici ! Veuillez me suivre, je vais vous guider jusqu'au parloir. Vous serez fouillé avant d'entrer et ne pourrez lui transmettre aucun objet. Vous aurez vingt minutes.

Il hocha la tête et ne bougea pas alors qu'une sonde magique était brandie dans sa direction. On le fit entrer dans une petite pièce traversée par une barrière d'énergie et quelques minutes après, Narcissa Malefoy fut amenée jusqu'à lui. Harry écarquilla les yeux en voyant celle qui lui avait sauvé la vie lors de la bataille de Poudlard. On était loin de la fière et noble sorcière qui méprisait ses vis-à-vis. Ses longs cheveux blonds étaient sales et emmêlés et si son regard n'avait jamais été très chaleureux, il exprimait désormais la même folie que Bellatrix de son vivant : vide de toute rationalité, dépourvu de toute émotion positive.

Il semblait évident que la mort de Lucius Malefoy et son arrestation ainsi que celle de Drago, l'avaient éprouvé. Elle fut assise de force et enchaînée à la chaise, alors même que la camisole qu'elle portait empêchait déjà tout mouvement. Harry attendit que le gardien quitte la pièce et jeta un sort d'impassibilité pour empêcher quiconque d'entendre ce qu'il allait dire.

- Mme Malefoy, est-ce que vous me reconnaissez ?

Narcissa Malefoy resta silencieuse, les yeux dans le vague, sa tête penchée sur le côté. Rien n'indiquait qu'elle l'avait entendu, mais Harry persista.

- Mme Malefoy, je viens vous parler à propos de Drago, votre fils…

Il jeta un œil de part et d'autre. Il ne pouvait pas permettre que quiconque puisse entendre que Drago était chez lui et il ne pouvait pas non plus être certain qu'elle n'allait pas le répéter à n'importe qui. Il observa son visage, cherchant une réaction de sa part. Après quelques instants, une voix brisée et chevrotante résonna dans la pièce et Harry peina à la reconnaître.

- Drago… mon fils. Ils vont le tuer lui aussi, n'est-ce pas ? Ils veulent détruire la seule chose qu'il me reste…

- Non… Mme Malefoy, je ne les laisserai pas faire. Je vous en fais la promesse. Drago s'est enfui mais je ferais tout mon possible pour le protéger. Je refuse qu'il soit tué, je sais qu'il n'est pas un meurtrier et c'est aussi grâce à lui si je suis en vie.

Il aurait voulu poser une main sur son épaule pour appuyer ses propos mais ils étaient toujours séparés par la barrière magique et Harry n'osa s'en approcher davantage. Il n'en eut cependant nul besoin car Narcissa Malefoy releva la tête, semblant finalement prendre conscience de son identité.

- Harry Potter… C'est vous ? Sauvez mon fils, je vous en prie. Rien ne vous est impossible, n'est-ce pas ? Exaucez le souhait d'une veuve envers son unique enfant. Je donnerais immédiatement ma vie si je pouvais être certaine de son bonheur…

- Mme Malefoy… Je ferais en sorte qu'il aille bien et qu'il soit innocenté. C'est important pour moi. Mais c'est important aussi pour lui que vous viviez. Je ne peux qu'imaginer combien les choses sont difficiles pour vous ici. Mais ne faites rien qui puisse les provoquer et ignorez tout ce qu'ils peuvent dire sur Drago. Je reviendrais vous donner de ses nouvelles dès que je le pourrais. Gardez espoir et ayez confiance en moi.

Narcissa ne lui répondit pas. Elle semblait avoir replongé dans la catatonie, le regard perdu dans le vague et la tête penchée sur le côté comme une marionnette privée de ses fils. Pourtant, une larme coula le long de sa joue pâle et Harry sentit son cœur se serrer. Avec sa camisole blanche, son teint livide et ses cheveux blonds, on aurait presque dit un fantôme. À la voir aussi vulnérable, il avait envie de la libérer pour la mettre en sécurité, mais il savait aussi que c'était impossible dans l'immédiat et son regard se fit plus déterminé. Narcissa Malefoy lui avait sauvé la vie en mentant à Voldemort, il était hors de question qu'elle périsse entre ces murs. Il toqua à la porte pour appeler le gardien et celui-ci le reconduisit jusqu'à l'entrée. Avant de partir cependant, il s'adressa au sorcier dans sa guérite.

- Excusez-moi, monsieur, je voulais savoir qui était le directeur de ce lieu et s'il aurait éventuellement quelques minutes à m'accorder.

Il offrit un sourire qu'il espérait avenant au préposé de l'accueil mais celui-ci lui jeta un regard suspicieux.

- Qu'est-ce que vous lui voulez ? Vous avez vu quelque chose de pas réglementaire ici, c'est ça ?

- Pas du tout. Écoutez, je voudrais simplement être averti s'il arrivait quoi que ce soit à Mme Malefoy, rien de plus. Pourriez-vous me donner son identité ? Ou est-ce que vous pourriez au moins me dire s'il accepte les hiboux ?

Le sorcier plissa les yeux, comme s'il pesait le pour et le contre.

- Monsieur Jilian Tremere est le directeur de cet établissement et il passe par ici tous les jours. Si vous envoyez un hibou ici avec un courrier à son nom, je ferais en sorte de le lui remettre.

- Bien, merci. Je ferais ça une fois rentré chez moi. Je repasserai dans une semaine pour voir Mme Malefoy. Je vous fais confiance pour prendre soin d'elle.

Il comptait bien mettre la pression à Sainte Genette pour prendre réellement soin de Narcissa Malefoy, quitte à utiliser un peu l'aura de "Harry Potter le Sauveur" pour cela. Il ne pouvait pas la faire libérer aussi facilement que Drago, et il avait déjà bien à faire avec le fils. Mais il refusait que la sorcière soit victime de maltraitance au nom d'une quelconque vindicte. Elle n'avait jamais été Mangemort, il était hors de question qu'elle soit traitée comme tel.

Il rentra immédiatement chez lui. Sa visite n'avait au final pas duré bien longtemps, mais Drago devait sans doute attendre qu'il lui donne des nouvelles de sa mère.

Lorsqu'il arriva au Square Grimmaurd, il trouva le Serpentard installé dans la salle à manger, en train de picorer son petit déjeuner d'un air morne. Cependant son regard s'alluma immédiatement en le voyant entrer.

- Potter ! Tu as…

Il hocha la tête avec un sourire et s'assit de l'autre côté de la table.

- Bonjour Drago. Oui, je reviens de Sainte Genette, j'ai pu voir ta mère et discuter un peu avec elle. Je ne pouvais bien entendu pas lui dire que tu étais ici, mais j'ai essayé de la rassurer comme je pouvais. Je lui ai promis de te faire innocenter.

Le blond croisa les bras.

- Merci d'être allé la voir. Mais ne promets pas des choses que tu ne peux pas tenir. Tu comptes faire comment pour m'innocenter ? Tu n'es pas le ministre en personne.

- Je ne te cache pas qu'elle n'était pas en forme moralement. Elle a besoin d'avoir quelque chose en quoi croire. Et ce n'est pas une promesse en l'air, je ne sais juste pas encore comment, mais je n'ai pas l'habitude de m'arrêter sous prétexte que quelque chose est impossible.

- Tu es cinglé. Mais dis-moi, est-ce qu'ils la maltraitent ?

- Elle n'avait pas l'air blessée. Mais les gardiens ont l'air assez remontés contre les Mangemorts en général. J'ai dit que j'allais envoyer un hibou au directeur et que je voulais être avertis s'il lui arrivait quoi que ce soit. Je n'oublierais pas que l'issue de la bataille finale s'est jouée en partie parce qu'elle a eu le courage de mentir à Voldemort.

Drago soupira longuement.

- Je vois. Merci encore de faire ça pour elle… et pour moi.

- J'y tiens. Tu devrais manger, au moins un peu.

Le Serpentard avait remis les vêtements moldus prêtés par Harry et il ne pouvait s'empêcher de trouver que ça lui allait bien, même s'il était devenu un peu maigre. Kreattur lui apporta une grande tasse et une théière fumante de thé et il invoqua son matériel d'écriture à l'aide d'un Accio pour commencer sa lettre.

"À l'attention de monsieur Jilian Tremere, directeur de l'hôpital psychiatrique de haute-sécurité Sainte Genette pour patients dangereux, Cambridge.

De la part de Harry Potter, Londres. Le 1e juillet 1998.

Cher monsieur Tremere.

J'ai visité aujourd'hui la patiente Narcissa Malefoy, internée dans votre établissement. Je voudrais porter à votre connaissance que cette femme est une héroïne qui m'a sauvé la vie lors de la bataille finale en mentant à Voldemort en personne pour me protéger. Ce n'est pas une Mangemort et même si elle était l'épouse de Lucius Malefoy, elle ne mérite pas de s'entendre raconter des horreurs à longueur de journée par les gardiens. Contrairement à Azkaban, votre établissement n'est pas une prison mais un hôpital. Sainte Genette est donc préposée à soigner ses patients pour ne pas voir leur état s'aggraver. Comme expliqué plus haut, je me sens un peu responsable de cette sorcière et je reviendrais la visiter régulièrement pour prendre de ses nouvelles. Par ailleurs, pourriez-vous s'il vous plaît m'avertir s'il lui arrivait quoi que ce soit ? Vous pouvez me contacter en envoyant un hibou chez M. et Mme Weasley, au Terrier à Loutry Ste Chaspoule ou me répondre directement par celui-ci. En vous remerciant par avance de votre considération. Bien cordialement. Harry James Potter."

Il signa la lettre et fit glisser le parchemin pour permettre à Drago de la lire.

- Pas mal. Tu crois qu'il va accepter ?

- Je n'en ai aucune idée. Mais ça ne coûte rien d'essayer. Est-ce que tu as donné tes préférences à Kreattur en matière de nourriture ? Je vais au grenier pour confier ma lettre à Pop-Corn. Ensuite, en attendant le repas du midi, on pourrait aller se faire une partie d'échecs, qu'en penses-tu ?

Le Serpentard hocha mollement la tête, mais le suivit néanmoins jusqu'au grenier. Contrairement à ce qu'il avait prétendu au sorcier du Ministère la veille, Harry avait racheté un rapace après la fin de la guerre, un hibou des marais rondouillard qu'il avait nommé Pop-Corn pour ses belles plumes orangées. Le volatile se laissa caresser avant de prendre son envol par la lucarne, puis ils rejoignirent le salon et Harry installa le plateau de quelques coups de baguette.

Ils passèrent ensuite une bonne heure à jouer. Les échecs de Harry étaient de plutôt bonne composition et ils ne rechignèrent pas trop à obéir à Drago, surtout lorsque celui-ci prouva qu'il était un excellent joueur. Il le battit à pleine couture deux fois de suite au point que lorsqu'ils descendirent, le Survivant était en train de bouder sous les ricanements de son colocataire.

- Sérieusement Potter, tu fais encore des erreurs de débutants !

- Oh ça va ! J'ai appris à jouer seulement en première année et ça fait bien deux ans que je n'avais pas fait une seule partie. Kreattur ne veut jamais jouer avec moi.

- Mais enfin, qui joue avec son elfe de maison ?

Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle à manger, Pop-Corn était déjà de retour et Harry se précipita immédiatement pour récupérer la lettre, lui évitant de répondre à la provocation.

- Le directeur a déjà répondu ! Voyons voir.

"À l'attention de Harry Potter.

De la part de Jilian Tremere, directeur de l'hôpital psychiatrique de haute-sécurité Sainte Genette pour patients dangereux. Le 1e juillet 1998.

Monsieur Potter.

Je n'ai pas l'habitude de laisser n'importe qui me dire ce que je dois faire. Madame Narcissa Malefoy a été confiée à nos soins par les Aurors et seul un membre de sa famille est habilité à nous dire ce que nous pouvons ou ne pouvons pas faire avec nos patients. Gardez donc vos histoires mélodramatiques pour la presse et ne me dérangez plus avec cela. Je vous prierais enfin de cesser de faire pression sur mes employés en agitant votre statut de héros. Aucun d'entre eux n'est prêt à perdre son emploi contre un vulgaire autographe.

Bien cordialement.

Jilian Tremere."

Drago avait lu la lettre par-dessus son épaule, et lorsqu'il s'assit sur la chaise, il avait à nouveau perdu tout sourire.

- C'est sans espoir. Ils vont la malmener jusqu'à ce qu'elle réussisse à mettre fin à sa vie. Ils lui fourniront même la corde pour se pendre… Ou ils vont prétendre qu'elle est trop violente pour être gardée ici et l'envoyer à Azkaban. Elle n'y survivra pas…

- Mais quel connard ce Tremere ! J'ai même pas fait ça ! Comme si je proposais des autographes aux gens. Raaaah !

- Je me fiche bien que tu l'aies fait ou pas. C'était sympa d'y être allé en tout cas.

- Bon sang, ce gars… J'ai envie de lui faire bouffer sa baguette ! Tu sais quoi ! Cet aprem, je vais voir ta tante !

- Hein ! Quoi ?! Mais tu délires ?

Harry secoua son doigt devant Drago.

- Je parle d'Andromeda Tonks ! Tu ne l'as sans doute jamais rencontrée, mais elle pourra peut-être faire quelque chose. Je refuse de croire qu'elle laisserait sa sœur mourir.

- Tu dérailles ! Elles ne se sont probablement plus parlées depuis des décennies… Et tu aurais dû entendre Bellatrix en parler. Elle est allée la torturer personnellement, elle a tué son mari…

- Ta mère n'y est pour rien dans tout ça. Écoute, de toute façon je suis le parrain de Teddy Lupin, le fils de Nymphadora Tonks et Remus Lupin. Ça fait longtemps que je n'ai pas pris de ses nouvelles. Je vais lui envoyer un hibou pour lui proposer de venir prendre le thé chez elle.

Drago lui jeta un regard étrange mais Harry n'y prêta même pas attention, occupé à nourrir Pop-Corn d'un quignon de pain. L'ex-Gryffondor s'efforça ensuite de faire la discussion durant tout le repas, voyant que le moral de son invité était redescendu au plus bas.

En début d'après-midi, Drago s'enferma à nouveau dans sa chambre, et Harry en profita pour mettre son plan à exécution. Il envoya un hibou à Andromeda puis repartit dans le monde moldu à la recherche d'un nouveau jeu de société à transformer pour y jouer avec Drago. Il choisit cette fois un Cluedo. Voilà quelque chose qui devrait sans doute piquer la curiosité de son camarade…

Il alla aussi à la boulangerie moldue pour acheter deux petites tartelettes pour le thé et retourna au Square Grimmaurd. Il avait encore le temps de modifier son jeu avant de transplaner jusqu'à chez Andromeda. Il modifia les différentes pièces du manoir en salles de Poudlard, les cartes des armes en différents sortilèges, plantes carnivores ou potions mortelles. Et il transforma les huit personnages en une fille et un garçon de chaque maison. Il avait hâte de tester sa nouvelle création et espérait qu'elle lui changerait efficacement les idées.

Drago ne réapparu pas de l'après-midi mais Harry préféra le laisser tranquille. Il transplana peu avant 17h jusqu'à la maison d'Andromeda Tonks et la sorcière l'accueillit à bras ouverts, comme à son habitude.

- Oh Harry ! J'étais heureuse de recevoir ton hibou. Je commençais à m'inquiéter pour toi. Tu semblais si morose la dernière fois que nous nous sommes vus. Molly disait que tu ne venais plus au Terrier…

- Bonjour Andromeda. Je suis désolé, je ne voulais pas m'imposer dans le deuil des uns et des autres et je ne voulais surtout pas me substituer à un mort. Donc j'ai préféré rester de mon côté. Mais ça va mieux maintenant, j'ai trouvé… une raison de me bouger. Comment vas-tu ? Et Teddy ?

Il sourit en voyant le bébé qui dormait paisiblement dans un berceau au milieu du salon. Il n'avait pas encore 4 mois mais ses cheveux avaient une couleur différente chaque fois qu'il était venu le voir. Ce jour-là ils étaient couleur chocolat.

- Je suis soulagée de l'apprendre. Teddy va bien et moi aussi. Alors, raconte-moi donc quelle est cette nouvelle motivation dans ta vie ? As-tu accepté l'offre de Kingsley de rentrer chez les Aurors ?

- Je ne peux pas tout te dire, ce n'est pas encore officiel. Quant à Kingsley, je pense que je vais décliner. Je crois que passer ma vie à courir derrière les mages noirs ne m'intéresse pas finalement. Je n'ai pas encore tout à fait décidé, mais je me suis disputé avec lui récemment. Tu as dû entendre parler de l'arrestation de Narcissa et Drago Malefoy. Narcissa m'a sauvé lors de la Bataille de Poudlard, et Drago un peu plus tôt, en prétendant ne pas me reconnaître lorsque nous avions été capturés. Je connais très bien Drago et même si nous n'avons jamais été amis à Poudlard, je sais qu'il est innocent. Il a bien fait entrer les Mangemorts à Poudlard mais il n'avait pas le choix. Et il n'a pas tué Dumbledore, il en était incapable. Au cours de l'année, j'ai eu des visions… De Voldemort en train de le menacer, l'obliger à jeter des Doloris. Il semblait toujours terrifié. Pendant la Bataille de Poudlard, il a failli mourir. Et Kingsley m'a dit… Qu'il comptait faire de lui un exemple. Pour tous les Mangemorts qui sont encore en liberté. Il a mon âge et il comptait l'enfermer à Azkaban sans procès, tu te rends compte ! Tout ça pour préserver sa sacro-sainte opinion publique ! Je n'arrive pas à le croire.

Andromeda ne l'avait pas interrompu de tout le long, mais elle avait jeté une bulle de silence autour du berceau car il avait haussé le ton à mesure qu'il exprimait ce qu'il avait sur le cœur.

- Et bien et bien, tu es comme Lily. Elle non plus ne supportait pas l'injustice, quand bien même c'était quelqu'un qu'elle n'appréciait pas particulièrement qui était visé. Je ne faisais pas partie de l'Ordre du Phénix lors de la première guerre, mais je fréquentais toujours Sirius, mon cousin, et par extension tes parents. Elle refusait de croire les rumeurs qui disaient que Severus Rogue était devenu Mangemort par exemple. Peut-être que tu devrais t'orienter dans le droit sorcier. Notre pays a besoin d'avocats avec une telle détermination.

- Peut-être, j'avoue que je n'y ai jamais réfléchi. Je suis allé voir Narcissa Malefoy à Sainte Genette ce matin. J'aimerais retrouver Drago avant qu'ils ne le tuent, je pensais qu'elle avait peut-être des indices. Mais je l'ai trouvé détruite. Elle m'a fait jurer de protéger Drago, mais dans l'immédiat, c'est aussi pour elle que je m'inquiète. Ils lui racontent des horreurs là-bas. Lucius a été tué sous ses yeux et ils la traitent comme la pire des criminelles. Ça me révolte.

- Et alors, tu comptes faire quelque chose ?

- J'aimerais bien, mais ils disent que seuls les proches ont un droit de regard sur ses conditions de détention.

La sorcière retrouva son sourire.

- Je vois. Et tu as pensé que je pourrais intervenir pour ma sœur ? C'est très Serpentard de ta part, ça, Harry.

- Je profite que nous parlons pour te tenir informé. Mais je voulais surtout vous voir, toi et Teddy. Cela faisait longtemps que je n'avais pas pris de vos nouvelles, je me suis un peu renfermé sur moi-même et…

- Ne t'inquiètes pas, Harry. J'étais élève à Serpentard moi aussi ! Je respecte ces valeurs. Mais ne te trompes pas, Cissy croyait à toutes ces bêtises sur le Sang et était fière d'épouser un Mangemort. Oh, elle n'imaginait sans doute pas comment cela se terminerait. Elle était naïve et elle a accepté sans résister quand notre famille m'a bannie. Cela dit, avec Drago, ce sont les derniers membres de la famille qu'il nous reste. Enfin, et avec toi bien sûr. Mais je me sentirais coupable si je ne faisais rien pour l'aider. J'écrirais à Sainte Genette.

Harry soupira de soulagement.

- Génial, merci ! Tu m'ôtes un poids. Le directeur est un sale…

- Tutut, pas de gros mots sous mon toit ! Je me doute qu'il n'a pas l'habitude de se montrer très avenant. Un établissement de ce type est difficile à gérer. Ne t'inquiète pas, je sais parfaitement m'y prendre avec ces gens-là. Les tartelettes que tu as rapportées sont délicieuses. Est-ce que tu veux dîner avec moi ce soir ?

- Euh non désolé, je ne peux pas… Je suis déjà pris.

Andromeda rit de son air contrit.

- Je vois. Tu transmettras le bonjour à mon neveu de ma part. Tu pourras aussi lui dire que j'ai très envie de le rencontrer. Teddy aura sans doute besoin un jour de sentir qu'il a une famille lui aussi.

- Comment as-tu… ?

- Intuition Black. Ne t'inquiète pas, ton secret est bien gardé.

- Merci. Je lui dirais !

Les deux sorciers terminèrent leur thé dans une ambiance légère et paisible. Harry put donner le biberon à son filleul lorsque celui-ci se réveilla et Andromeda fit léviter son appareil pour prendre une photo alors qu'ils étaient tous les trois sur le canapé du salon. Lorsqu'il quitta la demeure Tonks, il se sentait bien plus léger et souhaita de tout cœur que Drago puisse rencontrer cette tante si gentille.

Lorsqu'il rentra, il alla immédiatement trouver Drago dans le salon. Le Serpentard était manifestement en train de lire le manuel de potion de sixième année et il releva immédiatement les yeux à son arrivée.

- Salut ! J'ai une nouvelle qui devrait te remonter le moral. Andromeda a accepté d'intervenir en faveur de ta mère. Elle va s'assurer qu'ils la traitent correctement. Elle m'a aussi demandé de te souhaiter le bonjour. Elle aimerait te rencontrer et te présenter ton petit cousin.

- Quoi ! Mais tu lui as dit que j'étais ici ! Mais t'es complètement malade, Potter, ma parole ! Qu'est-ce qu'il te dit qu'elle ne va pas directement tout raconter aux Aurors ? Et tu crois que j'ai envie de la rencontrer moi ? Et ce rejeton-là, c'est le fils de Lupin, un loup garou tout comme lui !

- Drago, calme-toi ! J'ai confiance en elle, elle ne dira rien ! C'est de ta propre famille dont tu parles.

- Bellatrix faisait aussi partie de ma propre famille ! Et ça ne l'a pas empêché de faire ce qu'elle a fait ! Imagine qu'elle veuille se venger ! Ça serait légitime ! Tu peux pas comprendre…

- Et pourquoi je ne pourrais pas comprendre ? Tu vas encore me sortir que j'ai jamais eu de famille, peut-être !? Andromeda est quelqu'un de bien. Et Teddy Lupin est mon filleul je te signale, c'est pas un loup garou ! Pourquoi tu ne cesses de repousser les gens qui veulent t'aider ? Tu m'engueules pour un oui pour un non !

- Parce que tu es stupide, Potter ! Tu penses que tout va bien aller parce que tu me caches dans ta maison ? J'ai plus de baguette, je suis recherché dans tout le pays, je ne peux même plus aller chez moi, je dois porter tes maudits vêtements moldus ! Je ne vais pas supporter de vivre éternellement de cette manière alors arrête de me sortir que tout va bien aller et qu'on va faire une joyeuse réunion de famille ! Tu sais quoi ? Va donc prendre ton apérétive tout seul ! Voir ta tronche m'a coupé l'appétit !

Le blond quitta la pièce d'un pas rageux et Harry se laissa tomber sur le canapé avec un soupir de lassitude. Il faisait tout son possible pour que son invité se sente bien mais malgré ça, il ne cessait de lui reprocher tout et n'importe quoi, comme s'il avait une quelconque responsabilité dans sa situation. Il comprenait que son camarade soit sur les nerfs, mais ce n'était pas une raison pour les passer sur lui. Il caressa du bout des doigts la boîte de Monopoly qu'il avait laissée sur la table. Ce ne serait vraisemblablement pas ce soir qu'ils pourraient y jouer…

Il dîna seul dans la cuisine, sous le regard désapprobateur de Kreattur, remâchant ses pensées moroses en même temps que sa nourriture. Ça lui fendait le cœur de voir Drago aller aussi mal, il voulait faire quelque chose pour lui remonter le moral, mais il ne savait pas encore quoi. Soudain, il eut une idée. Peut-être que s'il pouvait récupérer les affaires de Drago dans son manoir, celui-ci se sentirait un peu mieux ? Les lieux étaient sûrement surveillés depuis son évasion mais il avait sa précieuse cape d'invisibilité à disposition, et s'il se faisait prendre, il pourrait toujours prétendre qu'il menait l'enquête.

Enthousiasmé par cette idée, il se prépara à peine son repas terminé. Il enfila une tenue confortable, purement moldue, qui ne gênerait pas ses mouvements, révisa les sortilèges qui pourraient éventuellement lui être utiles et prépara dans son sac en bandoulière le reste de Poudre d'obscurité instantanée du Pérou qu'il lui restait, son balai volant miniaturisé ainsi qu'une poignée de pétards moldus inoffensifs que son épicier lui avait offert à l'occasion de la fête nationale. Il espérait tout de même qu'il n'aurait pas besoin de s'en servir. Il ne voulait pas finir en prison pour vandalisme sur une propriété privée ou obstruction à une enquête ministérielle…

Dès que la nuit fut tombée, il transplana jusqu'à l'orée du domaine Malefoy, dans le Wiltshire. Il s'était recouvert de sa cape d'invisibilité avant même de transplaner et grand bien lui en fit car deux Aurors faisaient le pied de grue à quelques mètres de là, juste devant l'entrée du manoir. Il remercia mentalement Hermione pour les avoir longuement entraînés à transplaner le plus silencieusement possible. Marchant sur la pointe des pieds, il prit le partit de faire le tour du domaine. Il était certes invisible, mais il n'avait pas assez confiance en ses talents d'escamoteur pour passer sous leur nez. Il s'éloigna de plusieurs mètres avant de sortir son balai de son sac et lui redonner sa taille originale. Il se souvenait encore du charme du Cridurut qui avait été mis en place à Pré-au-Lard pendant la guerre et il ne voulait pas se refaire prendre aussi bêtement. Il y avait de grandes chances qu'il ait été lancé sur le parc qui entourait le manoir, la solution trouvée était donc de le survoler pour atterrir directement sur le toit. Ainsi il pourrait entrer par une fenêtre sans prendre de risque.

Il mit son plan à exécution et s'envola sans un bruit, s'élevant de plusieurs mètres. Il ignorait la superficie d'un tel sortilège, mais en l'absence des maîtres des lieux, il y avait bien peu de chance que les Aurors aient pu le lancer à l'intérieur des murs. Le manoir en lui-même ressemblait à un petit château avec plusieurs tours surmontées d'un toit pointu. Il atterri sur une sorte de petite courtine et longea prudemment le mur jusqu'à la première fenêtre venue. De là, il jeta un Alohomora et la fenêtre s'ouvrit immédiatement. C'était presque trop facile !

Il se faufila à l'intérieur des murs et réduisit son balai pour avoir les mains libres. Maintenant, la plus grande difficulté était de trouver la chambre de Drago, mais pour ça aussi, il avait une solution. Il posa sa baguette à plat sur la paume de sa main.

- Pointe vers la chambre de Drago Malefoy.

Il suivit la direction indiquée, avançant prudemment pour ne pas tomber. Il avait bien trop peur que son sortilège soit visible depuis l'extérieur pour allumer un Lumos et même si le manoir était immense, il pouvait se permettre cet excès de prudence. Dans les couloirs, la décoration ressemblait un peu au Square Grimmaurd avant qu'ils n'y fassent le ménage, les têtes d'elfes empaillées en moins. On retrouvait régulièrement des motifs ophidiens, tantôt sur les boiseries, tantôt sur les objets de décoration ou le mobilier.

Les appartements de Drago se trouvaient au 3e étage, et il dû passer à travers une pléiade de pièces variées avant de finalement arriver à sa chambre. Elle était spacieuse et claire, et Harry admira un instant l'aspect parfaitement ordonné de cette dernière. Sur l'un des murs, une bannière de Serpentard occupait une bonne place, tandis qu'un autre était orné d'un fanion représentant l'emblème de l'équipe de Quidditch bulgare dédicacée par les 7 membres de l'équipe. Le blason était d'ailleurs la seule chose de rouge dans la pièce, tout le reste étant dans différentes teintes de blanc, de vert, d'argent et de noir. Un somptueux lit à baldaquin trônait dans un coin de la pièce et sur le mur d'en face, une double porte en bois sculptée donnait accès à une salle de bain.

Harry finit par trouver le dressing, et face à la montagne de vêtements, il écarquilla les yeux. Drago avait plusieurs centaines de tenues, souvent dans des teintes sombres, et dans des tissus divers et variés. Face à un choix aussi vaste, il ne savait que prendre, mais alors qu'il allait se saisir de la première tenue qui lui tombait sous la main, un toussotement se fit entendre derrière lui, le faisant se retourner en sursaut, baguette à la main.

Au milieu de la pièce se trouvait un elfe de maison, et Harry baissa immédiatement sa baguette avec un soupir de soulagement.

- Bonsoir. J'ignorais qu'il restait des elfes ici. Je suis désolé, vous devez me prendre pour un cambrioleur. En fait, je suis un ami de Drago Malefoy. Je venais pour lui prendre quelques vêtements, mais je ne sais pas quoi choisir…

Quelque chose lui disait qu'il pouvait faire confiance au petit être, et après l'avoir sondé de ses grands yeux globuleux, celui-ci hocha finalement la tête, battant l'air de ses longues oreilles.

- Monsieur l'ami du jeune maître Malefoy semble être un sorcier très respectueux. Fleury va vous aider.

Il claqua des doigts, et immédiatement un sac apparut aux pieds de Harry. Après un nouveau claquement de doigts, plusieurs tenues vinrent s'y ranger d'elles-mêmes, bientôt suivies par une trousse de toilette et du linge de maison.

- Euh… Vous savez que je dois repartir sans me faire voir par les Aurors… Si ça pouvait ne pas être trop encombrant…

- Voici les affaires que le jeune maître Malefoy emporte habituellement avec lui lorsqu'il doit dormir à l'extérieur. Sa peau délicate ne supporte que les tissus les plus nobles. Fleury n'ose imaginer la détresse de son maître si celui-ci a été contraint de dormir sans sa couverture en cachemire…

Le jeune sorcier se mordit la langue pour ne pas éclater de rire.

- Très bien, je vais emporter ça. Merci pour votre aide.

Il souleva le sac, s'attendant à un poids considérable, cependant l'elfe avait dû jeter un sortilège d'agrandissement indétectable, car cela ne pesait pas plus lourd que sa propre sacoche.

Sa mission accomplie, il ouvrit la porte du balcon et s'y envola, direction plein Est. Son infiltration ne lui avait pas pris deux heures mais elle avait généré un certain stress et il avait envie de se changer les idées. Il mit une heure et demie à parcourir la distance jusqu'à Londres, et ce fut avec un certain soulagement qu'il atterrit devant chez lui. Au Square Grimmaurd, tout était silencieux. Il gravit les marches sur la pointe des pieds et alla déposer le sac devant la porte de Drago avec un "surprise" inscrit sur un bout de papier. Puis il regagna sa chambre avec le sentiment d'une mission accomplie.

Allongé dans son lit, il ne put s'empêcher d'imaginer un Drago souriant, heureux d'avoir retrouvé un peu de ses affaires. Bien entendu, il était conscient que cela ne suffirait pas à régler tous ses problèmes, mais c'était un début. Et qui sait, peut-être accepterait-il de jouer au Cluedo avec lui…

Cette nuit-là, il fit un rêve étrange. Il était dans le salon du Square Grimmaurd, occupé à dessiner depuis son fauteuil, dos à la fenêtre. Le soleil haut dans le ciel illuminait le salon, se reflétant sur la peau pâle de son vis-à-vis. Car sur le canapé face à lui, Drago était allongé à la romaine, mais étrangement il ne portait aucun vêtement. Il prenait la pause dans le plus simple appareil tandis que Harry reproduisait ses traits sur son carnet à dessin et tous deux souriaient. Il ne savait pas pourquoi mais ils semblaient heureux… presque amoureux. Puis le Harry du rêve se rapprocha et prit des pinceaux, mais loin de les tremper dans la peinture, il s'amusa à parcourir le corps de ce Drago chimérique… Sa peau avait l'air si douce…

Lorsqu'il se réveilla au lever du jour, il ne put s'empêcher de pleurer de joie et de tristesse mêlés. Cela faisait littéralement des années qu'il n'avait pas eu une nuit sans cauchemar, et ce rêve avait été si doux, si agréable, qu'il aurait voulu ne jamais s'en réveiller… Si seulement la réalité pouvait y ressembler...


FIN DU CHAPITRE 2

Quelle productivité ! Oui, je m'auto-congratule. Bon en vrai je n'ai évidemment pas écrit 8500 mots en une journée. J'avais déjà écrit la moitié il y a un moment, et j'avais rajouté 3000 mots il y a deux semaines. Et j'avais déjà les idées en tête. Par contre, je n'ai aucune idée de quand je publierais le chapitre 3. J'ai le plan, je sais ce que je vais y mettre. Mais demain je commence le chapitre 2 de Trahis-moi pour survivre. Je vais essayer d'alterner savant que cette fic fera sans doute 3 ou 4 chapitres.

En espérant que cette histoire plus calme vous plaise (un peu de douceur que diable ! Je me fais régulièrement menacer par Saya [SOS fanficeuse maltraitée]. Alors n'hésitez pas à me dire en review ce que vous en avez pensé. ^^ Débizou !