Auteur : Lady Zalia

Type: Romance, Humour, un peu d'Action… Fiction courte (Happy End)

Disclaimers: Univers appartenant à J.K. Rowling. Rating T. Romance homosexuelle gentillette [Drarry]. C'est pour contraster avec "Trahis-moi si tu peux" XD. Ceci est le dernier chapitre.

Résumé du chapitre précédent : Harry va voir Narcissa Malefoy à l'asile de haute sécurité de Sainte Genette, et il y découvre une sorcière affaiblie moralement et physiquement. Il lui promet de faire innocenter Drago qui lui reproche par la suite des « promesses impossibles à tenir ». Débouté par le directeur de l'asile, il demande l'aide d'Andromeda qui accepte d'intervenir pour aider sa sœur. De son côté, Harry s'infiltre au manoir Malefoy pour récupérer les affaires de Drago, dans l'espoir de lui remonter le moral.


Chapitre 3

Harry était tranquillement allongé dans son lit. Le soleil était levé depuis plusieurs heures, mais après la mission de cette nuit, il estimait avoir un peu le droit de paresser. Après-tout, ce n'est pas comme s'il avait des obligations le jour-même…

Il avait fait un agréable rêve, et il ne pouvait se demander s'il y avait une part de désir inconscient dans celui-ci. Pour être honnête, il s'était même senti assez excité à la vue de ce corps nu nonchalamment installé sur son canapé. Si le Malefoy de la réalité était aussi beau que son pendant chimérique, il ne dirait pas non… Mais encore faudrait-il qu'il soit de ce bord-là. Pour sa part, il n'avait pas trop de scrupule. Homme, femme… Il n'était clairement plus attiré par Ginny, et il voulait être plus proche de son ancien camarade. Maintenant que la guerre était terminée et qu'ils avaient quitté Poudlard, pourquoi pas devenir un peu plus qu'amis ?

Il émergea de ses pensées en entendant un hurlement purement malfoyen, résonner dans la maison.

- POTTER !

Avec un soupir, il bascula ses jambes sur le côté, enfilant un simple t-shirt avant de descendre les marches. Il s'était attendu à une reconnaissance polie, voire à un sourire, mais certainement pas à un cri énervé… Qu'est-ce que Drago pouvait bien lui reprocher ?

Il le trouva, fulminant, sur le pas de sa porte, déjà habillé et coiffé, le sac à ses pieds.

- Bonjour, Drago.

- Potter ! Tu peux m'expliquer ce que c'est que ça ?!

- Ben… tes affaires. Tu te plaignais que je t'oblige à porter mes vêtements moldus alors je me suis dit que ça te ferait plaisir de pouvoir récupérer les tiens.

- Tu te fous de ma gueule ? Tu t'es permis d'aller chez moi pour fouiller ma chambre ! Arrête de me prendre pour ta putain d'œuvre de charité !

Harry roula des yeux. Il n'avait jamais entendu le Serpentard aussi vulgaire. Lui qui espérait un remerciement de sa part, il tombait de haut...

- J'ai pas fouillé ! J'ai demandé à ton elfe de maison et il m'a dit que c'était ce que tu emportais en voyage !

- Bon sang, mais tu es vraiment inconscient ! Tu as dit à un elfe de maison où je me trouvais ! Mais imagine qu'il le répète à un Auror ! Tu y as pensé ! Et s'il y avait un sortilège de traçage sur ce sac ? Tu es complètement crétin ma parole, j'aurais jamais dû te suivre ! Tout ce que tu vas réussir à faire, c'est me faire tuer !

- Je doute réellement que ton elfe aille répéter quoi que ce soit. Personne ne m'a vu, j'ai évité les Aurors en faction et je n'ai pas mis un pied dans le jardin. Je ne suis pas si stupide quand même.

- Quoi qu'il en soit, je n'en veux pas. Brûle-les, vends-les, donne-les aux Weasley si tu veux. Au moins ça fera une bonne action.

- Mais t'es vraiment borné quand tu t'y mets. Ce sont tes affaires Drago. Pourquoi ne pas simplement les prendre et… je sais pas… respirer un coup, accepter de croire que je ne veux que ton bien et que les choses vont s'arranger…

Le blond n'eut même pas le temps de répondre que la sonnerie de la porte d'entrée retentit, faisant sursauter les deux sorciers. Drago devint livide et se mit à trembler violemment, mais lorsque Harry voulut le serrer dans ses bras pour le rassurer, il se dégagea brusquement et retourna dans sa chambre, assis à même le sol, recroquevillé sur lui-même, la tête contre les genoux et les bras autour des jambes.

Harry resta une seconde à l'observer, le cœur serré par la détresse de son ami, jusqu'à ce que le carillon résonne une seconde fois, le sortant de sa contemplation.

- Kreattur, va voir qui c'est ! Dis que j'étais en train de dormir, j'arrive tout de suite, je vais juste enfiler un pantalon.

Il remonta jusqu'à sa chambre à toute vitesse, attrapa le premier jean à portée avant de dévaler les marches jusqu'au rez-de-chaussée. Il arriva finalement devant la porte entrouverte où Kreattur faisait barrage, pour découvrir Kingsley Shacklebolt en personne.

- Kingsley ! Bonjour. Je ne m'attendais pas à ta visite.

- Bonjour Harry. Tu sembles essoufflé. Je te dérange ?

- Je profitais de n'avoir aucune obligation pour faire une grasse matinée. Et comme j'ai décidé de prendre l'ancienne chambre de Sirius, je suis au troisième étage… Est-ce que notre ministre à le temps de boire un thé ?

L'ancien Auror sembla mal à l'aise.

- À vrai dire, je suis là pour le travail. Je suis venu en personne parce que c'est toi, mais… Une alarme s'est déclenchée cette nuit au Manoir Malefoy… Le sortilège de surveillance nous a montré que tu t'y étais introduit. Qu'est-ce que tu cherchais ? J'espère que tu as une bonne raison d'y être allé, car mes Aurors sont sur les dents. L'affaire ne progresse pas, on a interrogé tous ses alliés potentiels et chacun d'entre eux a un alibi imparable.

- Et bien j'avoue, je suis passé au Manoir Malefoy. Pour te dire honnêtement, je mène l'enquête en parallèle. Je m'inquiète pour Drago et je voudrais m'assurer qu'il soit en sécurité, là où il est. Certains Mangemorts tarés pourraient en vouloir à sa vie. Peut-être qu'il a réussi à quitter l'Angleterre par ses propres moyens.

Kingsley soupira.

- Je doute fort qu'il ait quitté le pays. De toute façon, c'est un criminel, il doit payer pour ses crimes. Mais puisque tu avoues être allé sur les lieux, je suis obligé de te demander. Que faisais-tu la nuit de son évasion ?

- J'étais chez les Weasley. Bourré et donc incapable de transplaner. Tu peux demander à Arthur et Molly, je dormais dans la chambre de Ron. Est-ce que ça te convient où est-ce que tu comptes me faire enfermer à Azkaban moi aussi ?

- Très bien, je vérifierais. Ne réagis pas comme ça, Harry, je ne fais que mon travail.

- Ne te moque pas de moi, Kingsley, je ne suis plus l'adolescent que tu as connu. Tu n'es plus directeur de la justice magique. Tu veux faire de sa condamnation un argument pour ta campagne électorale ! Sauf que Drago est innocent, je le sais et tu le sais parfaitement ! Et je refuse de faire de lui un bouc-émissaire.

- Je te préviens, Harry, si tu vas trop loin, je pourrais te faire arrêter pour obstruction à l'enquête. Héros de la nation ou pas, ce n'est pas à toi de juger si quelqu'un est innocent ou coupable !

- Pour cela, encore faudrait-il qu'il ait un procès ! Tu voulais le faire enfermer à Azkaban sans même passer devant un tribunal, je te rappelle. Parce que tu sais parfaitement qu'il n'y a aucune preuve contre lui. Et je suis prêt à passer au Veritaserum et fournir mes propres souvenirs s'il le faut.

- C'est un Mangemort, il a la marque sur le bras. Le Magenmagot ne voudra pas prendre de risque après les erreurs de la première guerre.

- Il n'était même pas majeur quand il a reçu la marque ! Bon sang, es-tu obstiné à ce point ? J'ai l'impression que tu as la même mentalité qu'Ombrage ! Allez, j'ai répondu à ta question. Maintenant, je ne vois pas en quoi j'empêche les Aurors de faire leur enquête. Et s'ils ne l'ont pas encore trouvé, c'est peut-être que je ne suis pas le seul à penser qu'il est innocent. Demande-toi si faire enfermer un sorcier de 18 ans est réellement ce que réclame la population !

Et sur ce, il lui ferma la porte au nez si fortement que Walburga se réveilla en sursaut avec un air courroucé.

- Potter ! Ce n'est pas ainsi qu'on traite une demeure pluri-centenaire !

Secouant la tête sans plus lui prêter attention, il regagna la cuisine pour prendre son petit déjeuner, profitant de l'immense sous-sol pour faire les cent pas.

- Mais quel connard ! Il devient aussi obstiné que Fudge ! À croire que c'est le pouvoir qui rend les gens débiles ! Je suis certain que Xenophilius Lovegood doit avoir une théorie là-dessus. Un mystérieux champignon dans le bureau du Ministre rend les sorciers séniles…

- Tu délires, Potter.

Il sursauta et se retourna, se retrouvant brusquement nez à nez avec Drago. Le Serpentard avait enfilé une de ses propres tenues, et Harry resta une seconde immobile, stupéfait par son élégance.

- Drago… Euh… Je suis désolé d'être allé chez toi s'en t'en parler avant. J'aurais dû te prévenir…

- C'est bon. J'imagine que je suis un peu à cran en ce moment. J'ai… entendu toute la discussion avec Kingsley Shacklebolt…

- Ouai… Il se pourrait que j'aie un peu élevé la voix…

- Je voulais te remercier. De m'avoir défendu… Et pour mes affaires. C'est important pour moi. Est-ce que tu le penses vraiment ? Que les gens me croient innocent ?

Harry détourna le regard. Il ne pouvait s'empêcher de penser aux propos tenus par le personnel de Ste Genette. Il était cependant hors de question qu'il les lui répète. Il recomposa rapidement son sourire.

- Surement. Beaucoup de gens te connaissaient à Poudlard, je suis persuadé qu'aucun de nos anciens professeurs ne te croit coupable. Mais je crois avoir une idée pour alerter l'opinion publique… Je suis certain que Xenophilius Lovegood acceptera de me donner une interview si je lui propose.

Drago leva un sourcil, clairement sceptique.

- Tu crois vraiment pouvoir changer les choses de cette manière ? Personne ne lit ce torchon.

- C'est ce que tu crois. Mais tu ne te souviens pas, sous Fudge ? J'avais déjà utilisé ce procédé pour annoncer le retour de Voldemort alors que le Ministère passait son temps à me traiter de menteur. Hermione avait même kidnappé Rita Skeeter pour l'obliger à dire la vérité. Le Chicaneur est peut-être souvent farfelu, mais des gens le lisent. Pourquoi crois-tu que Luna était enfermée dans votre cave ? Il n'est pas aussi insignifiant que tu le penses.

- Si tu le dis… Attends, Granger avait kidnappé la journaliste ? J'ai bien entendu ?

- Ah oui, tu l'ignores sans doute mais Rita Skeeter est une Animagus scarabée non déclarée ! Hermione s'en est aperçue et est parvenue à la capturer. On l'a menacé de la dénoncer si elle continuait à écrire des saloperies sur moi.

- Et bien… Si j'avais cru… Je crois que j'éviterais de la sous-estimer à l'avenir…

Harry éclata de rire et prit la main de Drago pour l'entraîner vers la table, mais Kreattur apparu, son habituel torchon au bras.

- Ah non ! Maître Harry Potter et monsieur Drago Malefoy doivent déjeuner dans la salle à manger ! Kreattur a dressé la table !

L'ex-Gryffondor se tourna pour sonder son ami qui haussa les épaules avec un sourire. Manifestement, la frayeur due à la visite surprise de Kingsley était passée. Ils regagnèrent donc la salle à manger et Harry en profita pour écrire un courrier à destination de Luna et Xenophilius.

Drago lui fit jurer plusieurs fois de ne pas révéler à l'excentrique journaliste qu'il était présent au Square Grimmaurd et ils déjeunèrent dans la bonne humeur, Kreattur ayant fait une montagne de pancakes tous plus moelleux les uns que les autres.

En attendant la réponse des Lovegood, ils passèrent une bonne heure à jouer au Cluedo modifié par Harry. Le hasard avait fait d'un élève de Gryffondor le meurtrier et ils s'amusèrent à le renommer Cormac McLaggen pour un souci de réalisme. La partie se termina sous l'hilarité de Drago lorsque Harry lui raconta comment McLaggen avait vomi sur les chaussures de Rogue après qu'il lui eût fait croire qu'il venait de manger des testicules de dragon.

Ayant déjeuné tard, ils grignotèrent quelques encas en début d'après-midi, discutant de tout et de rien jusqu'à ce que Harry doive partir chez les Lovegood. Il avait reçu la réponse de Xenophilius qui semblait enchanté de sa proposition, et il espérait ardemment que l'article ait l'effet escompté.

Encore une fois, il laissa sa cape d'invisibilité à disposition de Drago avant de transplaner. Luna et son père l'accueillirent avec un large sourire, comme à leur habitude.

- Et bien, monsieur Potter, quelle est donc cette information hautement importante que vous souhaitez nous confier ?

- Je me suis souvenu de votre rôle au début de la guerre. Les gens disaient que vous étiez le seul média à raconter la vérité. J'ai donc pensé à vous pour rétablir une vérité que le Ministère s'obstine à cacher. J'imagine que vous avez entendu parler de l'arrestation de Drago Malefoy et de son évasion ?

- En effet. Un ancien camarade à vous, si je ne me trompe pas.

- Effectivement. Drago et moi étions en même année à Poudlard, lui à Serpentard et moi à Gryffondor. Nous n'avons jamais été amis, mais il est innocent des crimes dont on l'accuse et Kingsley veut le faire enfermer à Azkaban sans même un jugement. Je ne peux pas supporter ça.

Luna intervint alors en déposant une tasse de thé devant lui.

- Pauvre Drago. Il ne ferait pas de mal à un Boursouf. Il m'a jeté une couverture une fois, lorsque j'étais chez lui. Il semblait terrifié.

Harry se souvenait parfaitement de son nez cassé par Drago en début de sixième année, et il se dit que Luna exagérait un peu, mais il était vrai que le Drago d'aujourd'hui n'avait plus grand chose à voir avec le garçon méprisant et belliqueux de l'époque. Xenophilius avait apprêté un rouleau de parchemin et une plume, et il releva son regard pour lui signifier qu'il était prêt.

- Racontez-moi tout depuis le début alors… J'ai l'après-midi devant moi.

Harry raconta tout ou presque. Comment il avait découvert en sixième année qu'il portait la Marque des Ténèbres et avait reçu une mission de la part de Voldemort, comment Dumbledore était au courant et n'avait rien fait pour l'en empêcher. Comment Rogue avait été contraint de tuer le directeur à sa place. Comment il avait vu Voldemort torturer le Serpentard, l'obliger à jeter des Doloris sous la menace. Comment il avait refusé de les identifier lorsqu'ils avaient été capturés. Comment il s'était rangé de son côté lors de la Bataille de Poudlard. Comment Narcissa Malefoy était traitée alors qu'elle n'était même pas Mangemort et qu'elle lui avait sauvé la vie à Poudlard.

Xenophilius proposait quelques fois un changement de formulation, Luna donnait son avis, mais lorsque la nuit tomba, l'article était terminé et prêt à être imprimé.

Il était 21 heures lorsqu'ils se redressèrent enfin. Harry n'avait pas été aussi longtemps assis depuis qu'il avait passé ses BUSES, et il s'étira longuement tandis que le journaliste relisait leur travail.

- Merci beaucoup de m'avoir consacré autant de temps. J'espère vraiment que cet article va faire changer les mentalités. Je refuse qu'il soit condamné pour quelque chose qu'il n'a pas fait. Je vous inviterais à dîner d'ici quelques temps, je vous dois bien ça.

- Ne vous inquiétez pas, monsieur Potter. C'est toujours un plaisir de pouvoir vous aider. D'autant que votre dernière interview a été un réel succès commercial pour mon journal, je serais bien fou de refuser. Et le père que je suis frémis à l'idée de voir un aussi jeune sorcier finir en prison. L'article paraîtra dès demain en Une du journal. Il faut que les gens sachent.

Il salua chaleureusement les deux sorciers avant de transplaner chez lui, épuisé mais satisfait du travail accompli. Lorsqu'il arriva dans le salon, il trouva Drago occupé à lire, et le Serpentard se leva dès qu'il l'entendit.

- Potter ! Je ne pensais pas que cela te prendrait tant de temps.

- Désolé, je voulais être certain que mes propos ne soient pas déformés ou mal interprétés une fois sortis de leur contexte. Mais c'est fait. J'espère que tu ne m'as pas attendu pour dîner ?

- C'est bon, je préfère dîner avec toi. Quand paraîtra l'article ?

- Demain à l'aube. Avec ça, Kingsley sera obligé de t'offrir un procès s'il ne veut pas se mettre sa sacro-sainte opinion publique à dos. Bientôt tu seras libre.

Le blond resta une seconde immobile, comme fasciné par le visage de son camarade, et Harry sentit la rougeur lui venir aux joues. Ils descendirent jusqu'à la salle à manger pour déguster le repas léger que Kreattur avait préparé, mais alors qu'ils savouraient leur salade composée, ce fut pour une fois Drago qui rompit le silence.

- Est-ce que tu accepterais de faire un portrait de moi ?

Se remémorant soudain son rêve, Harry s'étouffa avec sa bouché, toussant à plusieurs reprises avant de prendre un verre d'eau, les larmes aux yeux.

- Un portrait de toi ? Tu veux dire… te peindre ? MaisJeSaisPasSi… TuEsSûr ?

Drago leva un sourcil.

- Je n'ai rien compris à ce que tu viens de dire. Mais j'ai regardé un peu tes dessins cet après-midi. Tu avais laissé ton calepin ouvert dans le salon… J'aime vraiment ce que tu fais, et je voudrais en offrir un à ma mère. Est-ce que tu accepterais ? Je pourrais te payer si tu le désires !

- Oula surtout pas… Enfin je veux dire… Je n'ai pas l'habitude de faire les modèles vivants. Donc je ne sais pas ce que ça pourrait donner. Mais pourquoi pas, si tu me fais confiance pour cela…

Il remercia mentalement de ne pas être face à un expert Legilimens. Si Drago avait pu apercevoir les pensées qui se cachaient dans son crâne, il l'aurait sans doute traité de tous les noms. Ils se dépêchèrent de terminer le repas, avant de se retrouver au salon pour le thé, et Harry s'installa face à son camarade, son matériel à dessin sur la table.

- Alors, tu voudrais que je te représente dans quelle position ? L'idéal est de trouver une posture confortable, car il faudra que tu restes immobile le temps que je fasse un croquis au crayon. Ensuite je pourrais peindre à partir de mon esquisse.

- Très bien, je crois que j'ai une idée.

Drago s'installa dans une posture mi assise mi allongée, appuyé contre l'accoudoir, ses longues jambes étendues le long du canapé. Il prit un livre dans sa bibliothèque et commença à lire, comme s'il était seul dans la pièce. Il était quasiment dans la même posture que le Drago de son rêve, mais cette fois Harry ne se laissa pas décontenancer. Son camarade semblait paisible, presque contemplatif, son visage concentré dans la lecture. Il ne put s'empêcher d'admirer ses traits fins, ses longs cils blonds, presque blancs, ses lèvres légèrement rosées…

- Parfait. Ne bouge plus.

Malgré la fascination qu'il éprouvait pour son modèle, il n'en dessinait pas moins, s'efforçant de rendre grâce au physique presque Vélane de son vis-à-vis. Drago était beau à ses yeux, mais au-delà de ça, il se rendit compte qu'il avait terriblement envie de l'embrasser. Quelques mois auparavant, il se serait traité de tous les noms pour avoir eu une telle pensée, mais maintenant qu'il était passé si près de la mort, il voyait les choses sous un autre angle. Après tout, pourquoi pas ? Il le regretterait sans doute s'il n'essayait pas.

Alors qu'il traçait les derniers traits de son dessin, il se fit la promesse de tout faire pour gagner son cœur. Il attendrait qu'il soit libre, et alors il tenterait de le séduire. Peut-être un jour pourrait-il goûter ces lèvres tentatrices et pourquoi pas devenir plus que son ami ?

- Tiens, j'ai terminé l'étude. Dis-moi ce que tu en penses.

Il releva la tête et s'aperçut alors que le Serpentard s'était assoupi dans le canapé. Il n'avait presque pas bougé de la posture qu'il s'était fixé et Harry admira un moment la sérénité qui se dégageait de son sommeil. Il posa son calepin sur la table et s'avança vers son camarade endormi, mais alors qu'il avait avancé la main, celui-ci se réveilla en sursaut, poussant un cri d'effroi.

Cette fois, Harry n'hésita pas. Il s'assit sur le canapé pour le prendre dans ses bras, mais Drago le repoussa brusquement avant de se reculer, regardant autour de lui avec un air hagard.

- Drago, c'est moi, Harry. Je ne te veux aucun mal et tu es en sécurité chez moi. Tu as fait un cauchemar.

Le Serpentard consentit à se rasseoir, mais il tremblait encore de tous ses membres.

- Quand… il était chez nous… Il… s'amusait à nous convoquer en pleine nuit… Il m'ordonnait de torturer des gens. Et je l'ai fait… Harry… Je mérite d'aller en prison…

Harry ne releva qu'à peine l'emploi de son prénom. Avec des gestes lents pour ne pas l'effrayer, il s'approcha à nouveau de Drago pour le serrer contre lui. Il n'y avait pas besoin de nom, il savait parfaitement à qui faisait référence ce "il". Et s'il y avait bien quelqu'un qui pouvait comprendre ce que Drago avait vécu, c'était lui.

- Tu ne mérites en aucun cas d'aller en prison pour ça Drago. Tu es une victime, ce n'est pas une insulte, aussi difficile soit-il à entendre pour toi. Les gens ne peuvent pas imaginer ce que c'est de le côtoyer d'aussi près, ils ne peuvent pas imaginer l'horreur que tu as vécue. Mais moi je sais, et je compte bien montrer à tout le monde ton courage.

Entre ses bras, le rythme cardiaque de son ami commençait enfin à s'apaiser, et lorsqu'il releva les yeux, il avait retrouvé un visage fier.

- Les Malefoy ne sont pas des victimes... Mais j'imagine que je peux bien le laisser croire aux vieux sorciers du Magenmagot.

Harry soupira face à l'obstination du Serpentard, mais il préféra changer de sujet. Il se pencha pour attraper le dessin sur la table et le montrer à Drago.

- Tiens, qu'en penses-tu ? Si ça te convient, je commencerais le tableau demain.

Son camarade observa l'esquisse pendant un moment avant d'arborer un doux sourire.

- C'est parfait. Ma mère va l'adorer. Merci Potter.

- Génial. J'espère que la peinture te plaira tout autant. Sur ce je suis crevé, je vais me coucher, j'imagine que toi aussi.

- Je… Je vais prendre une tisane, lire un peu… j'ai besoin de me changer les idées.

- OK, si tu as besoin, je serais dans ma chambre.

Il bailla à s'en décrocher la mâchoire et rejoignit sa chambre après un rapide passage par la salle de bain. Sa journée avait été dense, entre son réveil en sursaut, la dispute avec Kingsley, l'après-midi chez les Lovegood et la soirée à dessiner, il n'avait pas eu le temps de s'ennuyer. Il se glissa sous sa couette et s'endormit presque instantanément, à peine sa tête s'était-elle posée sur l'oreiller.

***/+/***

Il était dans les couloirs du manoir Malefoy, plongé dans la pénombre. Il reconnaissait les tableaux, le papier peint qu'il avait vu la veille. Mais il n'était pas seul, Bellatrix Lestrange était là, sa main resserrée sur sa nuque. Ses bras étaient attachés dans son dos et il tentait tant bien que mal de ne pas perdre l'équilibre malgré la posture dans laquelle on le tirait. Son cœur se serra alors que des gémissements de douleur lui parvenaient du bout du couloir. Quelqu'un était en train de souffrir.

- Alors Potter, on n'a rien à me dire ? Je n'ai peut-être pas le droit de te toucher, mais notre maître ne m'en voudra pas si je malmène un peu tes précieux amis.

Il essaya de parler, mais sa gorge était serrée par la poigne de la sorcière noire. Il pouvait sentir ses ongles frôler sa gorge et il essaya de lui faire relâcher sa prise, mais elle se contenta de ricaner. Ils arrivèrent finalement dans le salon, éclairé par la seule lumière crue de la lune. Fenrir Greyback était là, entouré de ses rafleurs, et il maintenait une silhouette pâle étendue sur le sol, ses mains difformes et crasseuses posées de part et d'autre de son prisonnier. De là où il était, Harry ne parvenait pas à voir son visage, mais il eut un haut-de-cœur en voyant les plaies sanglantes qui meurtrissaient le bras nu qui dépassait.

Il essaya à nouveau de se jeter en avant, prêt à défendre la victime de son propre corps, mais Bellatrix en profita pour le pousser en avant, le faisant tomber de tout son long sur le sol. Son visage était désormais à quelques centimètres de l'autre, et il reconnut sans peine la peau pâle et les cheveux blonds de Drago.

- Non ! Non !

- On dirait bien que le petit pote Potter n'apprécie pas notre surprise, Fenrir ! Alors, dis-nous où est le Seigneur des Ténèbres ! Dis-le-nous !

- Je sais pas, je jure que je ne le sais pas ! Arrêtez !

Il haletait alors que son ami jetait un regard désespéré sur lui. Son visage était meurtri à plusieurs endroits, sa lèvre fendue, sa pommette gonflée et bleuie.

- Et si j'en faisais un loup-garou, qu'en penses-tu Potter ? Tu voudrais encore l'accueillir chez toi ? Ce traître à son sang…

C'était Greyback qui avait pris la parole, dévoilant ses crocs jaunâtres luisant de bave. Ce fut Bellatrix qui lui répondit.

- Fais-donc. Ce petit avorton n'aura eu que ce qu'il mérite. Il est faible, indigne de servir notre maître.

Le lycanthrope se pencha en avant, sa gueule grande ouverte. Et Harry hurla à s'en casser la voix…

- NON ! NON !

Il fut réveillé en sursaut par une main le secouant fermement, et il eut un mouvement de recul instinctif, se rencognant contre la tête de lit alors que sa chambre était encore plongée dans les ténèbres.

- Potter ! Harry ! C'est moi, c'est Drago…

Le Serpentard actionna la lampe de chevet et la flamme magique illumina la chambre, permettant à Harry de se rassurer quelque peu. Ce n'était qu'un cauchemar, un horrible cauchemar. Il en faisait presque toutes les nuits, mais ils étaient rarement aussi réalistes. Habituellement, c'était des scènes connues, la Bataille de Poudlard revenant le plus fréquemment. Mais cette fois, son imagination avait mélangé ses craintes actuelles pour donner naissance à une scène effroyable. Car si Bellatrix avait bien péri durant la dernière bataille, Fenrir Greyback avait lui survécu et était actuellement en fuite.

Il frissonna violemment, son cœur peinant à retrouver un rythme normal.

- Merci. Je suis désolé si je t'ai réveillé. J'ai oublié de mettre un sort de silence…

Sa voix était éraillée, il avait dû hurler dans la réalité. Il essuya machinalement ses larmes sur sa housse de couette et attrapa ses lunettes pour pouvoir mieux regarder son sauveur. Il portait un pyjama de flanelle vert et était nu pieds. Il était sans doute monté en courant.

- Bon sang mais ça t'arrive souvent ?! J'ai cru qu'on était en train de t'égorger !

Sa voix était un peu plus aiguë que d'habitude, signe qu'il avait vraiment paniqué.

- Toutes les nuits… ou presque. Ce soir c'était ta tante qui venait me tenir compagnie… Hermione disait que l'Occlumancie pouvait m'aider, mais je suis fichtrement mauvais…

Le visage de Drago se ferma immédiatement.

- Je pourrais t'apprendre l'Occlumancie, si tu veux. Mais ce jour-là… Moi aussi ça m'arrive d'en rêver, tu sais...

Harry fronça les sourcils avant de comprendre la confusion du Serpentard. Il pensait qu'il avait revécu le soir de leur capture, lorsque Hermione s'était fait torturer au milieu du salon Malefoy. Il ne chercha pas à le détromper cependant. Il se voyait mal lui dire qu'il l'avait imaginé en train de se faire arracher la gorge par Fenrir Greyback. Il frissonna à nouveau, il se sentait frigorifié. Il avait transpiré dans son agitation et avait bien envie de prendre une douche brûlante pour se changer les idées, mais il dormait en caleçon et se retrouva un peu gêné par la présence de son camarade.

- Je vais prendre une douche et essayer de me rendormir. Merci de m'avoir sorti de là, ça va aller… Encore désolé de t'avoir réveillé… Tu peux aller te recoucher.

- Pas de souci. Si tu veux en parler, n'hésite pas. Je pense que je fais partie des rares personnes à pouvoir te comprendre. Et comme ça, j'aurais un peu moins l'impression d'être un parasite inutile dans ta maison.

Drago s'était déjà détourné, peut-être un peu vexé de s'être vu si vite congédié, mais Harry s'empressa de sortir du lit pour le rattraper.

- Tu n'es pas un parasite ! Je ne t'ai jamais considéré comme ça. Moi aussi j'ai peur, tu sais… Je n'ai pas envie que tu voies la même chose que les autres. Le Monstre, le garçon instable qui a vaincu Voldemort on ne sait trop comment et qui a toujours des cauchemars, des crises d'angoisse et des phobies…

- Potter, tu as toujours été un peu bizarre, rien n'a changé pour moi. Mais je ne t'ai jamais considéré comme un monstre.

Il avait ce petit sourire moqueur, celui qu'il arborait fréquemment à Poudlard, mais son regard était doux. Harry évita de penser que son visage n'était qu'à quelques centimètres du sien.

- Je m'appelle Harry, au fait. S'il te plait, ça me ferait vraiment plaisir que tu m'appelles par mon prénom. Je vais enfiler un pyjama et un peignoir. Si tu veux vraiment… essayer de me psychanalyser, alors attends-moi dans le salon. Il y a un gros plaid dans le compartiment sous le canapé. Et j'imagine que Kreattur peut nous préparer deux chocolats chauds.

Lorsqu'il rejoignit le salon, douché et habillé d'un ensemble moelleux, il découvrit un Drago emmitouflé dans le plaid, consciencieusement occupé à saupoudrer son lait chaud de cannelle. Ils s'installèrent côte à côte, et Harry commença à raconter sa vie, ou plus exactement toutes les raisons de ses cauchemars. Comment il avait grandi dans un placard, élevé dans la haine de sa propre famille, comment il n'avait découvert la magie et le meurtre de ses parents qu'à onze ans, comment il avait dû affronter Voldemort dès la première année, puis une nouvelle fois face au Basilic en deuxième année... Il lui raconta la renaissance de Voldemort, la mort de Cédric, puis celle de Sirius, un an plus tard. Lorsqu'il passa au récit de sa sixième année, Drago lui prit la main et ne la lâcha plus. Ils racontèrent alors à deux voix, chacun de leur point de vue, cette année qui avait basculé dans l'horreur pour l'un comme pour l'autre.

Le Serpentard fut révolté lorsque Harry lui raconta comment Dumbledore lui avait confié pour mission de détruire le mage noir, mais il le fut encore plus lorsqu'il lui raconta comment il avait dû se sacrifier, s'offrir à la mort sans avoir aucune certitude d'en revenir.

De son côté, Harry apprit aussi tout ce qu'il s'était passé au manoir à partir de l'été 1996, lorsque Lucius avait été enfermé à Azkaban, puis durant les deux mois qui avaient suivi la mort de Dumbledore. Voldemort hantait encore les nuits de l'un comme de l'autre, et lorsque le jour se leva, ils n'avaient pas bougé et se tenaient main dans la main, éreintés d'avoir autant parlé.

Ils se réveillèrent plusieurs heures plus tard, toujours dans le salon, lorsque Kreattur vint secouer Harry.

- Maître Harry Potter ! Maître Harry Potter ! Kingsley Shacklebolt est à la porte !

Le Gryffondor se redressa brusquement, occasionnant un grognement de la part de son oreiller vivant. Il ne prit cette fois pas la peine de s'habiller et descendit jusqu'au rez-de-chaussée, en pyjama et peignoir. Il ouvrit la porte sur un Shacklebolt fulminant, sa contrariété se lisant sur son visage sombre. Il avait un exemplaire du Chicaneur à la main, et Harry se retint d'éclater de rire.

- Bonjour Kingsley, que me vaut ta visite ?

- Harry ! Tu sais parfaitement ce qui m'amène ici ! Comment as-tu pu me faire ça !

- Tu as lu l'article ? Je ne cite même pas ton nom, je ne fais que parler de Drago et Narcissa Malefoy. Il était temps qu'on rétablisse la vérité à leur sujet. Je ne vois pas où est le problème.

- Bien sûr ! Le magenmagot exige désormais qu'il ait un procès. Les Aurors ont reçu l'ordre de n'utiliser que des sorts non violents pour l'arrêter. Mais je me demande si c'est bien nécessaire que l'on continue les recherches. Peut-être que tu pourrais simplement lui transmettre l'information ?

Harry tenta de feindre la stupéfaction.

- Pardon ? Je te l'ai dit, j'ignore où il se trouve !

- À d'autres ! Je te connais, Potter ! Le complice de Drago Malefoy a utilisé des inventions des frères Weasley ! J'ai retrouvé les traces d'un marécage portable sur les lieux. Bien sûr, Arthur m'a confirmé ton alibi. Je pense qu'ils seraient très peinés s'ils savaient que tu t'es servi d'eux ainsi.

Harry plissa les yeux. Décidément, il appréciait de moins en moins le sorcier...

- Je t'ai dit où je me trouvais ce soir-là et tu m'accuses encore ?! Je ne suis pas vraiment le seul client des frères Weasley que je sache, n'importe qui peut s'en procurer. Quant à Molly et Arthur, ils sont comme ma famille en effet, donc j'aimerais autant que tu évites de leur raconter n'importe quoi sur mon compte. Pour ce qui est de Drago, pourquoi continuer de le pourchasser ? Vous avez saisi son manoir, ses richesses et sa baguette. Il sera bien obligé de se présenter à son procès s'il veut récupérer tout ce que vous lui avez pris. Peut-être que tes Aurors pourraient se remettre à chercher de vrais criminels comme Fenrir Greyback, par exemple.

Kingsley répondit par un grognement et tourna le dos, balançant le Chicaneur qui se dirigea de lui-même jusqu'à la poubelle la plus proche.

Hautement satisfait des répercussions de son article, Harry referma la porte, un large sourire aux lèvres. Les choses s'étaient passées exactement comme il l'avait espéré. Désormais, Drago allait pouvoir retrouver son honneur et sa liberté. Ce n'était plus qu'une question de jours.

Lorsqu'il regagna le salon, Drago avait disparu, mais il le retrouva quelques minutes après, parfaitement coiffé et habillé tandis que lui était encore en pyjama. Sans s'en préoccuper le moins du monde, Harry courut jusqu'à lui pour le serrer dans ses bras, ignorant le réflexe de recul de son camarade.

- Drago ! Nous avons réussi ! Tu vas avoir un procès !

- Oui, merci… Pot… Harry… Tu es en train de froisser mes vêtements !

Le Gryffondor sourit face à la soudaine retenue du blond.

- Tu vas être innocenté. Tu vas pouvoir récupérer ta baguette. Et d'ici peu, tu seras libre !

- Ne vend pas les écailles de dragon avant de l'avoir tué. Je vais passer devant tous ces vieux sorciers du Magenmagot. Ils vont me confronter…

- Et je serais là. Je serais présent, à tes côtés. Je veux être ton défenseur.

- Quoi ?! Mais enfin ! Tu ne connais rien en droit sorcier !

- C'est Andromeda qui m'a donné l'idée l'autre jour. Je ne suis peut-être pas encore avocat, mais tu as droit à un défenseur, et je serais ton défenseur ! Je vais m'assurer qu'ils ne fassent pas n'importe quoi, je ne les laisserais pas faire.

Le Serpentard poussa un grognement, manifestement à court d'arguments. Finalement, il dévisagea Harry de haut en bas avant de lever un sourcil narquois.

- Dis-moi, que tu ouvres ta porte au Ministre de la magie en tenue de nuit, c'est une chose. Mais tu ne comptes tout de même pas prendre ton petit déjeuner sans t'être au moins habillé ?

Le Survivant éclata de rire, faisant rouler des yeux son interlocuteur, avant de faire demi-tour.

- J'arrive tout de suite. Ne m'attends pas pour commencer !

Lorsqu'il arriva au rez-de-chaussée, Kreattur était en train de servir le thé. La matinée était bien avancée et Harry s'installa à table face au Serpentard qui picorait dans son assiette.

- Dis, est-ce que tu crois que je pourrais sortir ma mère de là ? Je n'arrête pas de penser à elle. Elle va dépérir là-bas. On ne sait pas encore dans combien de temps aura lieu mon procès, ça peut prendre des semaines…

Le Gryffondor fit la moue. Il était en effet bien possible que Kingsley fasse tout son possible pour retarder le procès juste pour se venger d'avoir vu ses plans être contrariés.

- Je demanderais à Arthur Weasley ce qu'il en pense. Pour ta mère, Andromeda m'a promis de faire quelque chose. Elle doit aller la voir aujourd'hui, elle m'enverra sans doute un hibou en fin de journée.

- J'y pense… J'ai entendu votre conversation. Tu as menti aux Weasley pour moi ?

- Je ne leur ai techniquement pas menti. J'ai fait mine de boire, j'étais parfaitement sobre. Ils ont insisté pour que je dorme sur place, mais j'ai transplané pendant la nuit et je suis revenu chez eux avant l'aube. Je ne veux pas qu'ils l'apprennent, ça leur ferait de la peine. Ce n'était pas très correct de ma part de le faire, mais je n'avais pas le choix. J'ai pris ma décision le jour même, quand j'ai lu l'article sur ton arrestation. Ce n'était pas prémédité.

- Tu as foncé tête baissée comme le stupide Gryffondor que tu es… Mais j'imagine que pour une fois je serais mal avisé de te le reprocher…

Drago avait baissé les yeux et Harry fut touché par l'émotion qu'il lisait sur le visage du Serpentard.

- Et je ne le regrette pas, je ne l'ai pas regretté une seule seconde. Ton bonheur est important pour moi.

Son camarade ne répondit pas, mais lorsqu'il quitta la table, ses pommettes arboraient une jolie teinte rosée.

Après le repas, Harry alla à Pré-au-Lard, bien moins fréquenté que la rue de Traverse, pour se procurer de nouveaux livres dans une librairie sorcière. Il voulait trouver de quoi permettre à Drago de se distraire lorsque lui-même était occupé, et il acheta un grimoire de médicomagie pour première année, sachant que le Serpentard avait envisagé cette branche. Il prit aussi une biographie sur l'attrapeur polonais Josef Wronski, inventeur de la feinte du même nom, ainsi qu'un livre de droit sorcier ; puis il se rendit dans le Londres moldu pour racheter de la peinture et une grande toile. Il avait oublié de le mentionner à Drago, mais il ignorait tout bonnement comment donner vie à son tableau. Il pensait au départ qu'il s'agissait d'une peinture spéciale, mais après avoir posé la question au vendeur de la papeterie de Pré-au-Lard, il avait appris qu'il s'agissait en réalité d'un enchantement apposé sur le tableau une fois terminé. Le tableau puisait ensuite dans la magie du lieu où il était entreposé pour rester animé même après la mort du sorcier qui l'avait enchanté. Cela expliquait comment un tableau pouvait rester animé plusieurs centaines d'années, comme ceux de Poudlard notamment.

Une fois ses achats terminés, il regagna son appartement pour débuter son tableau, trouvant le Serpentard au salon.

- Tiens, j'ai pris des livres qui devraient t'intéresser. Tu peux aussi allumer la radio si tu veux l'écouter, ça ne me dérange pas.

- Pour écouter des interviews de spécialistes sur mon degré de culpabilité ? Très peu pour moi. Tu n'aurais vraiment pas dû acheter ces livres, je te les rembourserais quand j'aurais récupéré ma fortune.

Comme d'habitude, son camarade semblait prendre comme une insulte le fait qu'il ait acheté quelque chose pour lui…

- Je ne vois pas pourquoi tu me rembourserais, je lirais sans doute ces livres après toi. J'ai toujours voulu en apprendre plus sur les joueurs de Quidditch.

- Et le manuel de médicomagie ?

- Hermione m'a conseillé d'en lire un, vu ma propension à me blesser et à attirer les ennuis. Et puis ça sera toujours utile de savoir soigner les blessures élémentaires quand je devrais garder Teddy.

Drago soupira, comprenant qu'il n'aurait pas le dernier mot, et se réinstalla sur le canapé pour commencer sa lecture. Harry n'avait cependant pas manqué le petit sourire en coin qui s'était rapidement dessiné sur le visage du Serpentard, signe que le livre qu'il avait entre les mains lui faisait plaisir. De son côté, il avait commencé le fond du tableau, dessinant un salon neutre aux boiseries foncées, pour faire ressortir la peau pâle et les cheveux de son modèle. Puis il avait commencé à peindre la silhouette, tâchant de mettre dans sa peinture toute l'affection qu'il avait pour son ami.

Il peint ainsi tout le reste de l'après-midi, et ce fut finalement Drago qui le sortit de sa transe créatrice, lui demandant s'il comptait dîner.

Il sursauta, reprenant brusquement conscience de la réalité, avant de recouvrir son tableau d'un sortilège pour le rendre invisible. Alors même qu'il lui avait montré le croquis la veille, il se sentait étrangement pudique vis à vis de sa peinture, comme si elle pouvait révéler la nature des sentiments qu'il portait à son modèle.

Lorsqu'ils regagnèrent la salle à manger, deux courriers attendaient à la place de Harry, et il les ouvrit avec curiosité. La première était une lettre d'Andromeda Tonks, et le regard du Gryffondor s'éclaira immédiatement à la lecture.

- Drago ! Ta mère n'est plus à Ste Genette ! Écoute ça ! Cher Harry. Toi et ton invité serez heureux d'apprendre que Cissy est désormais chez moi. Ton article de ce matin était grandiose, et il m'a beaucoup aidé. J'avais de toute façon prévu de passer la voir dès cet après-midi, mais cela a permis de changer les mentalités. Tu avais totalement raison, les conditions de vie là-bas étaient absolument indignes d'une Black ! J'ai fait un scandale auprès du directeur, crois-moi qu'il s'en souviendra longtemps. Puisque Cissy était apathique depuis son arrivée, il a accepté de me la confier après m'avoir fait signer une décharge. Elle est actuellement alitée, mais j'ai fait venir un médicomage digne de confiance pour l'ausculter et j'irais chercher des potions pour son rétablissement dès demain. Rien de grave, elle a été extrêmement touchée par la mort de Lucius, comme tu t'en doutes. Elle ira sans doute mieux après quelques jours au calme. Savoir que Drago était en sécurité l'a bien aidé et tu aurais dû voir son regard lorsqu'elle a rencontré Teddy. Il aura désormais une seconde grand-mère pour le gâter. J'imagine que ce n'est plus qu'une question de temps avant que Drago ne soit officiellement blanchi par le Magenmagot. Je ne te remercierais jamais assez pour ce que tu as fait pour notre famille. Je ne pourrais être présente au tribunal, mais j'imagine que tu y seras. Transmet mon amitié à mon neveu. Je suis de tout cœur avec lui. Bien affectueusement, Andromeda Tonks.

À la fin de sa lecture, Harry leva les yeux sur un Serpentard au regard écarquillé, comme s'il n'en revenait pas de la tournure que prenaient les événements. Il se tenait droit comme un I sur sa chaise, sans doute empêché par son éducation malfoyenne de manifester davantage ses émotions. Finalement, après quelques secondes de silence où Harry se demanda s'il n'était pas en état de choc, un murmure sortit de ses lèvres pâles, si bas que le Survivant du tendre l'oreille pour en comprendre le sens.

- Pot… Harry… Tu es vraiment certain que cette femme ne fera aucun mal à ma mère ?

- Je te le garantis, Drago. Andromeda a beau avoir subi plus que son lot de drame à la suite de cette guerre, elle a trop longtemps souffert de l'absence de sa famille pour ne pas saisir cette opportunité de vous retrouver.

À la suite de cette phrase, une unique larme coula sur le visage de Drago, et Harry s'empressa de se lever pour le serrer dans ses bras. Il comprenait sans mal son émotion. Il avait été élevé avec son père et sa mère pour seule famille. Regulus était mort, Sirius et Bellatrix en prison, Andromeda répudiée, il ne restait plus grand monde pour faire des réunions. Et alors que son père venait de mourir, qu'il n'avait même pas eu le temps de se recueillir sur sa tombe, que sa mère lui avait été arrachée sous ses yeux, il découvrait une tante bienveillante, capable de l'aimer sans condition, sans se préoccuper de celui qu'il avait été à Poudlard ou de cette marque sur son bras.

Lui-même se souvenait de cette émotion qui l'avait saisi lorsque Sirius lui avait appris qu'il était son parrain. Avoir une famille, des liens, des racines… C'était important. Il ne put s'empêcher de penser à Voldemort, ou plutôt à l'enfant qu'était Tom Jedusor, à la fois répudié par son père moldu et sa famille sorcière. Eux avaient eu de la chance…

Il avait serré Drago quelques secondes contre lui, sans dire un mot, avant de retourner s'asseoir pour ouvrir le second courrier. La lettre était bien moins réjouissante, puisqu'il s'agissait d'un court message de Kingsley Shacklebolt accompagné d'une convocation du Magenmagot. Harry avait froncé les sourcils en ouvrant la missive, et s'était éclairci la gorge avant de la lire.

- Humhum. Voilà ce que ça dit. Harry, si jamais tu croises ton nouvel ami sous peu, pourras-tu s'il te plait lui transmettre ceci ? N'oublie pas qu'il devra se présenter de lui-même à son audience sans quoi son absence comptera comme un aveu de culpabilité. Bien cordialement. Kingsley Shacklebolt, ministre de la Magie. Mouai, tu ne l'es pas encore Kingsley… Il m'énerve en ce moment, je te jure… Voyons voir. À l'attention de monsieur Drago Lucius Malefoy, né le 5 juin 1980, fils de Lucius Abraxas Malefoy et de Narcissa Druella Malefoy née Black, vous êtes convoqué à une audience publique dans le cadre de votre procès. Vous êtes suspecté de magie noire, d'utilisation de sortilèges Impardonnables, d'association de malfaiteurs en vue de commettre un acte criminel et de complicité de crimes terroristes. Votre affaire sera examinée par les honorables membres du Magenmagot le premier août prochain à neuf heures précises et aura lieu dans la salle d'audience n°1 du département de la justice magique. Au vu de la gravité des multiples crimes et délits dont vous êtes accusés, votre baguette vous a été réquisitionnée par les Aurors pour procéder à une vérification des sorts utilisés, et elle ne vous sera rendue qu'au cas où vous seriez déclaré innocent. En vous souhaitant bonne réception. Nigel Shafiq.

À la fin de sa lecture, le Gryffondor but un grand verre d'eau. Contrairement à ce à quoi il s'était attendu, l'audience était prévue dans moins de deux jours, ce qui ne laissait que peu de temps pour préparer sa défense, mais en même temps, plus tôt elle serait passée, et plus tôt il serait libre. En face de lui, Drago semblait plongé dans ses pensées, les sourcils froncés, comme s'il essayait de lire entre les lignes.

- Ils doivent espérer que je ne puisse pas venir à l'audience. Comme ça je serais déclaré coupable d'office. Mais comment faire pour me rendre au Ministère ? Et s'ils m'arrêtaient avant que j'atteigne la salle ! Ils pourraient dire que je ne me suis pas présenté alors qu'ils me retiennent dans leurs sous-sols !

- Je n'ai pas changé d'avis, Drago, je viendrais avec toi. Nous irons jusqu'à la salle d'audience ensemble. Je ne les laisserais pas te capturer ou te la faire à l'envers, je te le promets.

Ils commencèrent à manger les plats que Kreattur avait magiquement mis sous stase, mais pour l'un comme pour l'autre, l'appétit n'y était pas. Harry se souvenait de sa propre audience au Magenmagot, quelques années plus tôt. Il avait été fortement impressionné, à l'époque, alors qu'il avait Dumbledore pour le défendre. Arriverait-il à s'opposer à tous ces sorciers qui venaient de vivre une année complète sous la dictature des Mangemorts ?

***/+/***

Le lundi matin, Harry était debout dès 6 h. Il avait passé tout son dimanche à potasser le livre de droit sorcier et il se sentait survolté. Il avait l'impression que c'était sa vocation. Défendre les innocents. Après le procès, il enverrait un hibou au professeur McGonagall pour s'inscrire en septième année à Poudlard. Il avait besoin de ses ASPIC pour s'inscrire à l'École des Hautes Études de Droit Sorcier. Et ainsi, il serait aux côtés de Hermione et surtout de Drago. Il savait que c'était son souhait, puisque l'année dernière avait été sérieusement perturbée pour lui-aussi... Pour l'heure, il avait un procès à gagner.

Si le Gryffondor engouffra un plein mug de thé noir et plusieurs tartines beurrées, le Serpentard fut incapable de manger quoi que ce soit. Il était encore plus pâle que d'habitude, et Harry aurait volontiers vidé tout son coffre-fort si cela avait pu lui permettre d'avoir une fiole de Felix Felicis à disposition.

Pour se rendre au ministère en tant que visiteur, ils devaient utiliser les bonnes vieilles cabines téléphoniques situées au cœur de Londres, et donc passer par des rues moldues. Ce n'était pas très loin du Square Grimmaurd, mais il fallait tout de même prendre le métro si l'on voulait éviter de perdre du temps. Souhaitant éviter ce traumatisme à un Drago déjà sur les nerfs, Harry les fit transplaner sous cape d'invisibilité. Il avait repéré une impasse à quelques pas des cabines téléphoniques, et c'était celle qu'il avait l'habitude d'utiliser pour s'y rendre. Au moins, ainsi, ils n'auraient pas besoin de s'habiller à la moldue.

Harry avait enfilé une robe sorcière très sobre et noire, celle qu'il portait pour toutes les cérémonies officielles. Quant à Drago, il portait une tunique gris perlée qui lui donnait des airs de prince aux yeux du brun, et avait le mérite de rompre avec le portrait de Mangemort qu'on se faisait de lui.

Ce ne fut qu'une fois dans la cabine téléphonique que Harry retira la cape pour la ranger dans son sac. Il voulait que tout le monde le voie, lui, celui que les gens appelaient le Sauveur, tenant fermement Drago Malefoy par la main. Il ignorait à quel point les mentalités avaient pu changer suite à son interview dans le Chicaneur, mais il espérait que sa présence empêcherait les Aurors de faire n'importe quoi.

Sentant la main de son camarade trembler légèrement dans la sienne, il releva la tête pour lui sourire.

- Tout va bien se passer, Drago. D'ici quelques heures, tu seras un homme libre.

- Merci. Merci Harry, pour tout ce que tu as fait pour moi, pour ma mère. Si jamais ils m'emmènent, j'aurais au moins la conscience tranquille.

- Ils ne t'emmèneront pas. Et s'ils le faisaient, je te ferais évader.

- Pourquoi ?! Tu rentrerais dans l'illégalité, alors que tu as tout ton avenir ici ?! Pourquoi ferais-tu ça, pourquoi irais-tu aussi loin pour moi ?! J'ai utilisé l'Imperium, le Doloris… Le seul Impardonnable que je n'ai jamais lancé, c'est le sortilège de mort. Mais j'ai failli. J'ai fait entrer les Mangemorts à Poudlard, j'ai conçu le plan qui a mené à la mort d'Albus Dumbledore.

- Drago. Arrête. Regarde-moi dans les yeux. Tu n'as jamais voulu ça. On t'a obligé à prendre la marque alors que tu étais mineur. Voldemort t'a menacé, s'est installé chez toi, a pris ta mère en otage. Tu peux en témoigner sous Veritaserum, je peux le témoigner aussi, quitte à fournir mes propres souvenirs. S'ils veulent te condamner pour ça, alors ce sera la preuve que ce gouvernement est aussi injuste que le précédent.

Il ne lui dirait pas qu'il l'aimait, pas maintenant tout du moins. Ce n'était pas le bon moment. Mais plus tard. Oui. Il avait hâte du jour où leur seule préoccupation serait de trouver un endroit suffisamment intime pour faire sa demande.

Lorsqu'ils arrivèrent dans l'Atrium, les gens ne les remarquèrent pas immédiatement, mais bientôt une vague de chuchotements se fit entendre de part et d'autre. Harry s'efforça de les ignorer, marchant à pas résolu vers l'un des ascenseurs qui menait au tribunal du Magenmagot. Derrière lui, Drago avait la tête baissée, mais son visage était aussi digne que d'habitude. Depuis qu'ils avaient quitté la cabine téléphonique, il avait retrouvé un air parfaitement neutre, ne laissant personne deviner le contenu de ses pensées. Finalement, ils arrivèrent devant le portique de sécurité, les obligeant à s'arrêter alors qu'une masse compacte de sorciers se pressaient autour d'eux.

- Bonjour, Harry Potter et Drago Malefoy, nous allons au niveau deux, département de la justice magique pour une audience au Magenmagot.

- Harry Potter et… Drago Malefoy. Le prévenu a-t-il sur lui une baguette ou tout autre objet à déclarer ?

- Non monsieur.

Les deux jeunes sorciers durent passer à la sonde de sincérité, puis ils purent enfin accéder aux ascenseurs qui permettaient d'accéder aux différents services. La cabine était bondée, comme il s'y attendait, cependant personne ne semblait vouloir approcher Drago, et Harry en fut brièvement amusé. Il n'avait pas lâché la main de son ami, et il la serra brièvement pour lui inspirer courage. Un silence pesant régnait autour d'eux, mais quelque part, il préférait ça à des insultes ou des menaces. Il semblait que l'aura du héros leur intimait de se tenir tranquilles pour une fois. Des sorciers descendaient et montaient à chaque étage, faisant pester mentalement Harry face à la lenteur de ce système archaïque. Ils atteignirent finalement celui de la justice magique après plusieurs minutes. Heureusement qu'ils étaient arrivés en avance !

Quelque part, Harry était soulagé que le procès n'ait pas lieu au département des mystères. Il se souvenait encore de la salle d'audience où il avait été convoqué, de ses murs de pierre sombre semblables à ceux d'un cachot… Il espérait que les nouvelles salles n'étaient pas aussi oppressantes.

Ils arrivèrent finalement au numéro indiqué sur la convocation. Plusieurs personnes attendaient devant la salle d'audience et Harry reconnut immédiatement Rita Skeeter, accompagnée de Bozo, son photographe à l'air niais.

- Monsieur Potter !

- Je ne ferai aucun commentaire, et certainement pas à vous.

Ils esquivèrent les deux journalistes sans ralentir, arrivant enfin jusqu'à la porte. Kingsley Shacklebolt attendait aussi devant la petite salle en compagnie de trois Aurors, baguette à la main. Harry en connaissait certains de vue, notamment Dawlish, vêtu de son éternel imperméable gris.

- Harry Potter. Et voilà donc notre invité du jour, Drago Malefoy. Aurors, menottez-le !

Drago tendit ses mains avec fatalisme, mais Harry s'interposa. Il était temps d'entrer en scène.

- Stop. Messieurs, sachez que je suis ici en tant que défenseur de monsieur Drago Lucius Malefoy. Mon client est actuellement seulement suspect et il s'est présenté spontanément. Je vous rappelle par ailleurs qu'il n'a pas sa baguette magique, baguette qui lui a été confisquée alors que le ministère n'a pas le droit de confisquer une baguette magique tant que la culpabilité de son propriétaire n'a pas été prouvée. Mais j'imagine que ce n'est qu'une question de temps avant qu'elle ne lui soit rendue. Les menottes ne sont donc pas nécessaires.

- Harry... mais à quoi tu joues ! Laisse-donc faire les Aurors faire leur travail. Tu n'es même pas avocat de droit magique.

- Effectivement, monsieur le Ministre provisoire. Cependant d'après la charte des Droits du Magenmagot, l'accusé a le droit de faire appel à un défenseur tant qu'il s'agit d'un sorcier, citoyen britannique, majeur et lui-même non poursuivi. Je suis par ailleurs aussi présent en tant que témoin à décharge, conformément à la politique du Département de la justice magique.

Il avait appris son texte par cœur et était assez fier d'être parvenu à le répéter sans bafouiller. Kingsley ouvrit la bouche, mais ne trouvant pas quoi répondre, il leur permit d'entrer dans la salle. Son agencement était finalement assez similaire à la salle d'audience du Département des mystères, si ce n'est que les gradins étaient en bois, et que plusieurs fenêtres magiques éclairaient la pièce.

Un fauteuil était prévu pour l'accusé, heureusement il n'était pas pourvu de chaînes, et un préposé du tribunal en amena bientôt un à Harry pour qu'il puisse s'asseoir. Il était cependant bien trop tendu pour le faire, et il resta debout tandis que Drago s'asseyait sur le bout de la sienne.

Le silence se fit bientôt dans la salle, et le Survivant inspira longuement pour faire le calme dans son cœur. Auparavant, il aurait tout fait pour ne pas attirer l'attention, mais cette fois, ce n'était pas de lui qu'il s'agissait. Il n'était plus ce petit garçon effrayé par les adultes. Il était Harry Potter et il était temps de faire tout son possible pour protéger un ami. C'était un peu comme affronter un Détraqueur. Il pensa à ses derniers jours auprès de Drago, des petites découvertes qu'il avait faites sur son caractère, ses goûts, ses habitudes… Puis il commença à parler, comme il n'avait jamais parlé. Il avait pris une voix assurée, comme celle qu'avait Dumbledore. Il avait asséné ses vérités sans jamais s'embrouiller, prouvant de manière irréfutable chacune de ses affirmations. Il était sans doute loin de connaître le droit magique, mais il avait foi en la justice et l'équité.

Finalement vint la sentence. Le cœur de Harry battait à tout rompre dans sa cage thoracique, et il ne doutait pas qu'il en était de même pour Drago. Machinalement, il attrapa la main du Serpentard pour la serrer entre ses doigts.

- Ceux qui sont partisans d'abandonner les charges contre le prévenu ?

C'était Kingsley qui présidait la séance, et s'il lui avait paru nettement moins partial que Cornelius Fudge à son époque, il semblait évident que la présence de Harry lui déplaisait fortement. Cependant, il ne put rien faire lorsqu'une très grande majorité de mains se leva.

- Ceux qui sont partisans d'une condamnation ?

Seules trois mains s'étaient levées, Kingsley lui-même ayant préféré s'abstenir.

- Le Magenmagot a pris sa décision. Toutes les charges sont désormais abandonnées. Le prévenu est désormais libre, il doit cependant reprendre ses études à Poudlard et se présenter une fois par mois à un Auror qualifié qui vérifiera par Priori Incantatum s'il n'a pas fait usage de sortilèges prohibés. La séance est levée.

Cette fois, Harry abandonna toute réserve. Il hissa un Drago abasourdi de son siège pour le serrer dans ses bras.

- On a gagné, Drago, on a gagné ! Tu es libre !

- Je… Je n'en reviens pas. Tu as été brillant. Harry. Merci. Merci mille fois. Sans toi, je ne sais pas ce que je serais devenu.

- Les moldus ont une phrase pour ça. Tout est bien qui finit bien. Je trouve que c'est approprié.

Et ça l'était. Drago était devenu son ami. Et ce simple fait, valait beaucoup pour Harry. La prochaine étape serait de gagner son cœur, mais ceci serait une autre histoire...


FIN

Merci beaucoup pour vos reviews, vos compliments, vos follows. Écrire une histoire courte n'était pas un exercice si facile pour moi mais je suis satisfaite de cette fin. Qui sait, j'écrirais peut-être un jour la suite des aventures de Harry et Drago. (Pour l'instant je suis un peu mono-ship, j'arrive même pls à lire autre chose que des Voldarry XD).J'espère que vous n'êtes pas frustrés de la tournure qu'a pris l'histoire. Je ne voulais pas rajouter du Drama ou des péripéties supplémentaires. J'espère quand même que vous avez été curieux jusqu'au bout. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Gros bisous et à bientôt !