Chers lecteurs,
Bon ben voilà la suite. Je vais arrêter de faire des promesses que je ne tiens pas et ne rien vous jurer (comme "la suite bientôt" ou "le chapitre suivant est écrit" ou "c'est pas ma faute c'est la faute à Nicto") et rester sobre : merci toujours pour vos followitations et autres commentaires, c'est toujours un grand plaisir de vous lire et de découvrir vos réactions.
Nicto m'a donné un coup de pied aux fesses non métaphorique, donc tout repart sur des roulettes. On la remercie.
Portez-vous bien, chantez "je ne suis pas z'un héros" en la mineur, à bientôt,
Al
PS : Pour Budapest le Guest : merci pour ton comm ! oui bon on parle d'harry, il a tendance à passer tout à tout le monde (sauf aux journalistes).
« Tu es ridicule.
- Est ridicule celui qui se croit ridicule, corrigea Drago. Tu veux bien m'apporter un cookie ?
- Tu peux m'en rapporter un aussi, s'il te plaît ?
- Londubat, je suis prioritaire.
- J'étais ami avec Harry, tu n'avais pas encore mis ta langue dans sa bouche.
- C'est justement parce que moi, je mets ma langue dans sa bouche, que je suis prioritaire et pas toi. »
Harry fronça des sourcils. Cette conversation devenait trop offensive beaucoup trop rapidement et il n'était pas sûr d'avoir envie de voir Neville et Drago s'écharper.
« Je vous ramène à tous les deux un cookie.
- T'es le meilleur, Harry. Je t'adore.
- Me pique pas mes répliques.
- Excuse-moi d'être trop rapide pour toi.
- Je t'emmerde. »
Harry quitta le salon en direction de la cuisine.
Toute cette histoire tenait au fait que Luna devait revenir le jour-même de Veracruz, par cheminée, à une heure inconnue. Pour être le premier à demander sa main, Neville avait décidé de camper dans le salon. Bien entendu, voyant cela, Drago avait décidé de faire de même. Les deux hommes attendaient donc depuis neuf heures du matin que la cheminée crépite pour annoncer l'arrivée de la future fiancée. Bien qu'Harry ait demandé à Drago pourquoi il s'obstinait et qu'il ait fait remarquer à Neville que Luna l'aimait déjà beaucoup et que la concurrence n'était, de fait, pas rude et que Luna lui était déjà totalement acquise, les deux prétendants restaient plantés dans le salon, squattant chacun un canapé, et s'envoyant des piques salées.
Harry attrapa deux cookies dans la boîte à cookies posée sur la table de la cuisine. Il hésita un court instant et finit par en prendre un pour lui. Quand il revint dans le salon, Drago était allongé sur les genoux de Neville qui l'auscultait attentivement.
« Euh… J'ai raté un épisode ? »
Neville ne quitta pas Drago des yeux :
« Malefoy a des bubons magnifiques ! C'est vraiment incroyable !
- Et… en quoi ça t'intéresse ?
- Ils ont été déclenchés par le pollen d'une plante que Parkinson lui a balancée à la figure. Il a jeté un sort sur le bouquet et s'est retrouvé avec ça…
- Mouais. »
Drago ricana :
« Y avait des Embaumeuses dans le bouquet. Elle m'a visé exprès quand elle l'a lancé. Elle aurait pu tuer n'importe quelle cruche qui aurait voulu être la prochaine à se marier. Heureusement que c'est tombé sur moi. D'ailleurs, c'est un signe : je serai le prochain à me ma… Aïe ! Londubat ! »
Neville fit une moue d'excuse absolument pas convaincante. Harry se rappelait avoir étudié les Embaumeuses funèbres en cinquième année : c'étaient des plantes mortelles. Respirer leur parfum pouvait vous donner des hallucinations et accélérer le rythme cardiaque tellement rapidement que vous mouriez avant d'avoir pu réagir. Ils avaient dû porter des masques spéciaux pour s'en occuper.
« T'as lancé quoi comme sort ?
- Un sortilège de réduction doublé d'un Evanesco.
- Un double sortilège en si peu de temps ? Eh ben dis donc, t'as de ces réflexes… »
L'admiration qu'Harry éprouva à la mention des exploits de Drago disparut pour laisser place à un dégoût croissant quand il vit Neville prélever du pus directement dans un bubon de Drago.
« Vous êtes dégueulasses…
- Ce que tu vois, Harry, c'est les sacrifices qu'on est capables de faire pour la recherche, répondit Neville en glissant son prélèvement dans une fiole. Le pus est une substance des plus intéressantes : j'ai bon espoir d'y trouver des molécules novatrices. Je n'avais jamais vu cette réaction avant. »
Neville était enthousiaste, ce qu'Harry pouvait comprendre : voir des nouvelles réactions créées par une plante, ça devait le mettre d'excellente humeur.
Drago se releva, s'ébroua et alla s'asseoir dans un autre fauteuil. Harry s'assit non loin de lui et lui donna un cookie. Neville alla à l'autre bout du salon, où se trouvait son microscope, et commença à manipuler avec délicatesse et des petits geignements de joie son prélèvement.
Harry observa Drago manger son cookie. Il devait mettre des choses au clair (depuis le temps !) et apparemment, il n'y avait aucun bon moment pour le faire. Autant se lancer.
« Pourquoi t'es venu ?
- Tu m'as déjà posé la question, Potter, et je t'ai déjà répondu. »
Eh bien ! Ça commençait très bien, cette conversation.
« Tu peux pas esquiver sans cesse mes questions quand on se dispute. On va pas tenir si on est incapable de se parler.
- Qu'est-ce qui doit tenir, Potter ? Notre relation ?
- Euh… Ouais ?
- Et de quelle nature est cette relation ? »
Harry soupira lourdement. Il jeta un coup d'œil à Neville, toujours plongé dans son échantillon, et reprit :
« Euh… d'ordre conjugal ?
- Je ne t'épouserai jamais, Potter. »
Drago avait beau avoir énoncé cette vérité d'une voix très douce, ça n'en fit pas moins mal à Harry.
« Que pouvons-nous être ?, c'est ça la question, pas vrai ? »
Drago soupira lui aussi, l'air grave :
« La question, c'est que pouvons-nous être aux yeux des gens ?
- Tu…
- La bonne société anglaise sorcière, Potter. Je tiens à conserver mon travail. Tu peux te permettre d'être excentrique parce que tu es le sauveur du monde sorcier et qu'on sait que tu as été élevé dans le monde moldu, mais à aucun moment on ne pardonnera une incartade à un sang-pur fils de Mangermort. Et il est hors de question que mon fils pâtisse de mes erreurs. »
Il lui avait déjà servi ce discours. Harry réfléchit un peu puis se leva :
« Je vais chercher les autres.
- Hein ?
- Ron et Hermione sont meilleurs que moi à ce jeu-là.
- Potter… On va pas avoir notre première discussion de couple avec tes petits amis à côté de nous !
- Pourquoi pas ? »
Drago gémit :
« Mais…
- Écoute, à chaque fois qu'on essaye de discuter on finit par s'embrasser comme des dévergondés ou à fuir dans un autre pays. Donc je considère qu'amener mes deux amis d'enfance dans le débat pour nous aider à avancer peut être une solution. »
Drago finit par opiner, vaincu.
OoO
« Alors… Vous pourriez être amis le jour et amants la nuit ?
- Amants ?, glapit Drago. Granger, on n'est plus à l'époque élisabéthaine…
- Techniquement…, corrigea-t-elle.
- Oui bon. Je le connais, Potter : c'est un grand romantique. Il ne résistera pas à la tentation de se montrer trop privé avec moi en public. Il me faut au moins une fiancée pour conserver les apparences, sinon c'en est fini de ma carrière !
- Hors de question que tu touches à Luna.
- Londubat, on t'a pas sonné. T'es même pas censé être là, en plus ! Tu fais pas partie du trio de départ !
- Oui mais je fais partie du pack Potter.
- Drago, sois gentil avec Neville, demanda Harry.
- Qui est au courant que vous avez relié vos cheminettes ?, interrogea Hermione, pragmatique.
- Uniquement Blaise. C'est lui le responsable des transports magiques. »
Le réseau fait bien les choses.
« Donc en gros, résuma Ron, on pourrait juste croire que vous vous entendez bien parce que vos fils s'entendent bien.
- Euh ouais, répondit Drago. C'est un peu maigre, comme tu vois…
- Et ton plan au juste, c'était quoi ?
- Rester éternellement fiancé à Loufoca.
- Hors de question ! Et arrête de l'appeler comme ça !
- Neville…
- J'ai des arguments qui pourraient la convaincre…
- Drago…
- Ton seul argument, c'est ton fric, et elle s'en fout.
- J'ai d'autres tours de baguette dans mon sac. Ou dans son sac, pourquoi pas… »
Neville dégaina soudain sa baguette et Harry ne dut qu'à ses réflexes d'Auror de le désarmer d'un Expelliarmus bien senti avant que la situation s'envenime. Hermione paraissait dépassée :
« Eh bien, dis donc, t'en as fait des progrès depuis l'AD. Je ne t'ai jamais vu dégainer aussi rapidement !
- Je fais un effort pour les choses importantes, répliqua Neville en se levant pour aller chercher sa baguette qui avait volé à travers la pièce. Et Luna est importante. »
Drago soupira lourdement :
« Comprends-moi bien, Londubat, je ne peux pas te la laisser. C'est une des rares Sangs-purs qui ne me fera pas chier si je ne lui fais pas d'enfants !
- Tu la priverais de descendance, en plus ? »
Cette fois, Ron dut retenir Neville avant qu'il ne se jette sur Drago pour l'étrangler.
Une fois que tout le monde se fut calmé, Hermione reprit :
« De toute façon, c'est à Luna de décider de ce qu'elle fait, non ? Les femmes ont encore le droit de choisir leur mari, il me semble.
- Toutes les femmes sont vénales, j'ai toutes mes chances. Aïe ! Granger !
- La prochaine fois, je vise plus bas.
- Chérie, je t'aime tant ! Tu es encore plus rapide que Neville !
- Hermione, range ta baguette.
- Revenons à notre problème initial, continua-t-elle. Que sont, pour vous, Harry et Drago ? »
Ils prirent chacun le temps de la réflexion :
« Le couple le plus improbable du XXIe siècle.
- Des ennemis qui passent à autre chose.
- Un truc sur lequel on n'arrive pas à mettre de mots.
- La preuve ultime de la paix dans le monde sorcier.
- Une impossibilité relationnelle.
- Deux abrutis. »
Toutes les réponses furent acceptées sans réaction, avec la bienveillance qui sied quand on a besoin d'avancer. Puis Ron attaqua de nouveau :
« Pourquoi ne pas proposer tes services en tant que fiancé à durée déterminée ? Les filles qui voudraient qu'on leur foute la paix pour leurs études pourraient avoir besoin de tes services et ce serait un bon compromis.
- Je croyais qu'on était tombés d'accord sur le fait qu'on ne devait pas ruiner ma réputation, corrigea Drago. Rompre avec toutes mes fiancées, ça fait mauvais genre. C'est encore mieux d'être sous la coupe d'une malédiction, c'est plus tendance. »
Tiens, ça donnait des idées à Harry.
« Et vivre ensemble ?
- Hors de question. Je connais les journalistes : ce sera éventé en moins de deux jours. »
Harry devait reconnaître que Drago n'avait pas tort. Hermione proposa :
« Si vos deux maisons sont reliées par cheminette, vous pouvez cohabiter sans trop de soucis. Quand les enfants seront absents, vous ferez bien ce que vous voudrez. Et quand ils seront là, chacun chez soi et les elfes seront sereins. Personne, si ce n'est vos enfants, ne saura que vous passez autant de temps ensemble. Si vous leur expliquez que vous êtes très bons amis et qu'il n'y a rien de mal à voir aussi régulièrement ses amis, ils peuvent attendre d'être un peu plus grands pour comprendre que vous partagez vos salives et qu'il faut rester discrets. »
Harry avait du mal à cacher des choses à ses enfants mais Hermione avait sans doute raison : ils pourraient comprendre plus tard ce qu'il en était. Il prévoyait déjà une indifférence toute jamesesque, une vexation albusoise et un enthousiasme lilyen. Mais, en effet, c'était peut-être la solution le temps que les journalistes se fassent à l'idée qu'Harry Potter resterait célibataire et trouvent un autre sujet de racontars.
« Donc, en réalité, Granger, ce que tu nous proposes, c'est…
- De vivre en couple dans deux maisons séparées. Quand les enfants seront tous à Poudlard, on en reparlera.
- On ?, demanda Drago, sceptique.
- J'ai comme l'impression, Drago, que tu es incapable de gérer une vraie discussion avec Harry sans que vous vous sautiez dessus. Bien sûr que Ron et moi on y participera.
- On veillera à ce que vous restiez décents, ajouta Ron.
- Par Potter ! Me voilà coincé non pas avec un Gryffondor, mais avec trois ! Pauvre de moi ! Misérable que je suis ! Un Malefoy attifé de ses ennemis héréditaires, quelle horreur ! »
Drago était tellement bien lancé dans son début de lamentations bruyantes qu'il n'entendit pas le crépitement significatif de la cheminée qui annonçait l'arrivée d'un nouveau lurron. Neville saisit l'occasion pour débiter à une Luna encore couverte de suie :
« Luna je t'aime je n'ai jamais aimé que toi veux tu m'épouser je te promets de tout faire pour te rendre heureuse s'il te plaît dis oui. »
Drago s'interrompit, Hermione saisit la main de Ron, Ron jeta un regard éloquent à Harry : tous attendaient la réaction de Luna Lovegood.
« Neville…
- Oui ? »
Il va s'évanouir, pensa Harry. Trop d'émotions, là.
« C'est d'accord. »
Drago jura alors qu'Hermione versait une petite larme et que Ron applaudissait les amoureux qui s'embrassaient. Harry lui jeta un coup d'œil : Drago ronchonnait pour la forme mais ça se voyait qu'il était touché par l'étalage de guimauve qu'il avait sous les yeux.
Drago avait toujours été un grand sensible.
