Chers lecteurs,

Je vous avais prévenus. Comme d'hab, remerciements infinis à Nictocris.

Portez-vous bien, chantonnez et hurlez de joie, à bientôt,

Al

PS : réponse Katymyny : j'ai vu j'ai venu j'ai vaincu.


« Potter.

- Salut…

- T'as invité le balafré pour un dîner entre potes, Drago ? Tu es tombé bien bas.

- Ce qui est agréable avec toi, Parkinson, c'est que tu es toujours polie.

- Les hormones, Potter, répliqua-t-elle, cinglante. Et maintenant c'est plus Parkinson, c'est Zabini. Tu te rappelles ? Le mariage où t'as pris la fuite. »

Drago leva les yeux au ciel et reçut une tape de Parkinson sur le bras :

« Sois gentille, Pansy. Potter est aussi mon invité.

- Je ne vois pas pourquoi.

- Les choses ont changé. C'est justement pour ça que je vous ai tous invités. Pickles va apporter les petits-fours et on va en parler. »

Harry détailla les différents invités de ce dîner entre potes : Blaise Zabini, qui grignotait déjà des canapés (il avait dû soudoyer Pickles) sa femme, l'adorable Pansy Parki-Zabini Théodore Nott, qui lui fit un rapide signe de tête (ils s'étaient vus le matin même) Gregory Goyle, avec toujours sa tête de brute et ses muscles trop gros pour lui Astoria Greengrass, nickel dans ses perles et sa robe longue sa sœur, Daphné Greengrass, encore plus classe.

Quand ils passèrent à table après avoir soigneusement évité tout sujet problématique pendant l'apéro, Harry aurait presque pu dire qu'il passait une bonne soirée.

« Alors, Drago, pourquoi nous as-tu tous réunis ici ? »

Parkinson n'avait pas changé : toujours aussi directe. Son ventre commençait à apparaître et Zabini était aux petits soins avec elle : il s'était assis à côté d'elle et veillait à ce qu'elle ait toujours de l'eau gazeuse dans son verre. Elle lui donnait des pichenettes agacées sur le bras quand il l'envahissait un peu trop. Harry sourit, attendri malgré lui : il voyait Ron et Hermione à leur place.

« Je tenais à vous présenter Harry Potter.

- On le connaît déjà bien, pas besoin d'un dîner de présentation, répondit Parkinson.

- Justement, Pansy. C'est un dîner de présentation. »

Silence gênant. Harry entendit Goyle murmurer : « Aaaaah oui d'accord. » Puis ce fut Nott qui reprit en posant ses couverts sur la nappe :

« Drago…

- Je sais ce que je fais.

- En es-tu sûr ?

- Certain.

- Je n'approuve pas, avoua fermement Nott, presque réticent.

- Mais je ne te demande pas d'approuver. Juste d'accepter. »

Et Harry entendit dans la voix de Drago une telle douleur qu'il eut envie d'aller le consoler immédiatement. Il sentit qu'il valait mieux ne pas bouger pour ne pas jeter de l'huile sur le feu. Il tendit la jambe et toucha son genou sous la table, ce qui parut le rasséréner.

« Je l'accepte. Heureusement que j'ai pu me faire à l'idée.

- T'avais des doutes ?

- Je vous ai vus au mariage. Vous n'étiez pas très discrets, faudra que vous fassiez gaffe à l'avenir, tous les deux. Et franchement, tu te mettrais dans un pétrin monstre pour une passade.

- Harry n'est pas une passade. »

Ouh. Voilà qui changeait tout. Harry sentit son cœur se mettre à battre beaucoup trop fort. Il allait encore s'évanouir sur le tapis. Pas question.

« Tant que t'es heureux, mon vieux, j'ai rien à dire. »

Zabini validait sans trop de complexes. Harry attendit la suite : il comprenait que Drago attendait que ses amis s'expriment et disent ce qu'ils avaient à dire. Ce fut Goyle qui approuva ensuite :

« Moi… Tu sais… Ben… Voilà, quoi… J'ai rien à dire… »

Goyle avait toujours été très éloquent. Harry sentit une amitié soudaine naître en lui pour ce gros balourd un peu neuneu qui traînait depuis si longtemps dans l'ombre de Drago Malefoy. Apparemment, ça valait approbation. Daphné, indifférente, haussa les épaules sans rien dire.

« Promets-moi que Scorpius n'en souffrira pas. »

La voix d'Astoria était étonnamment douce. Drago opina :

« Je le protège du mieux que je peux. Et c'est justement pour ça qu'on se voit ce soir. Je vous demanderai la plus grande discrétion à propos de tout ça. Personne ne doit savoir que nous nous fréquentons. Nous n'avons pas envie que les journalistes fouinent dans nos affaires.

- Drago… »

Parkinson reprenait contact avec la réalité et elle semblait furieuse.

« Pansy… »

Tous les autres se tournèrent vers elle. Zabini avait l'air peiné, Nott semblait désabusé.

Parkinson cracha :

« Tu n'as pas le droit. Tu n'as pas le droit de nous imposer ça. Tu fais bien ce que tu veux, mais tu nous laisses en dehors de tout ça. »

C'était violent. Harry savait que Pansy était la première amie que Drago avait jamais eue et qu'ils entretenaient un lien particulier, presque fraternel, approchant de ce que lui entretenait avec Hermione et Ron. Se faire rejeter aussi abruptement alors qu'ils se connaissaient depuis si longtemps était affreusement blessant. Il essaya d'imaginer si Ron et Hermione l'avaient repoussé : il ne s'en serait jamais remis.

« Pansy, t'as toujours su, reprit Drago. Je t'en ai parlé le jour même où j'en ai pris conscience.

- Oh ça va, c'est pas si compliqué de faire semblant : tu peux avoir une vie normale. T'es pas obligé de rendre ça si officiel ! Astoria était peut-être une mauvaise idée…

- Hé !, s'exclama l'intéressée.

- Mais avec une autre femme, ça pourrait le faire. Tu vas rentrer dans le droit chemin et cacher tes amants, comme tout le monde. Tu vas te reprendre en main et arrêter les conneries.

- Potter n'est pas une connerie, putain ! Et hors de question de le cacher, pas à vous ! »

Harry entendit la colère dans la voix de Drago. C'était bien la première fois qu'il voyait ce sentiment chez lui. Contre toute attente, ça le rendait assez sexy, mais il était hors de question d'avoir l'esprit qui divague à ce moment là.

« T'as jamais pu le blairer ! »

Parkinson criait à présent. Bizarrement, tous gardaient le silence, comme s'ils savaient qu'elle les exterminerait s'il leur prenait l'envie de commenter ou de tenter de calmer le jeu.

« Il t'a toujours fait chier et c'est avec lui que tu te rends compte que t'aimes les hommes ?

- C'est pas les hommes, merde ! C'est Harry que j'aime ! »

Ouh là là ! Déclaration non prévue. Ne t'évanouis pas, Harry, ou sinon Parkinson se débarrassera de toi sans que tu puisses te défendre et Drago ne pourra rien y faire.

« Tu l'aimes, en plus ? Mais t'es con, ma parole ! Un tel connard, incapable d'éprouver le moindre sentiment pour toi ! »

Harry sortit sa baguette sans réfléchir et la pointa sur Parkinson. Zabini étouffa un juron et sortit la sienne pour la pointer sur celui qui menaçait sa femme.

« Retire ce que tu as dit !, s'écria Harry.

- Potter ! Lâche ta baguette !, s'exclama Zabini, effaré.

- Quoi, Potter ?, l'agressa Parkinson. Tu défends Drago maintenant ? T'es prêt à ce qu'il ruine tout ce qu'il a accompli, juste pour que tu puisses prendre du bon temps avec lui ?

- N'insulte pas Drago ou je te jette un sort. » déclara froidement Harry.

Il devait avoir l'air suffisamment décidé pour que Drago pose sa main sur son bras pour lui faire baisser sa baguette :

« Calme-toi, s'il te plaît. Blaise va exploser.

- Tu comprends rien, Potter, reprit Parkinson en se calmant un peu. Drago était foutu, tu entends ? Foutu ! Son père en prison, sa mère dépressive, et il a remonté la pente, il a trouvé une femme et du boulot, il a fait un héritier. Et toi, avec tes beaux yeux de couillon, tu vas de nouveau le mettre au ban de la société ?

- Je suis assez grand pour prendre mes décisions, la coupa Drago. De plus, justement, il n'y aura pas à me mettre au ban de la société si vous gardez tous le secret.

- Tu veux encore échapper à une vie normale ? Emmener ta femme et tes gosses au théâtre, vivre tranquillement sans être en pleine lumière, c'est encore trop banal pour toi ?

- Pansy… Il fait comme il peut, tenta Daphné.

- Mais pourquoi il s'est repointé, l'autre ? Ça ne serait jamais arrivé s'il n'était pas venu discuter avec toi devant l'école de ton fils. Ça ne serait jamais arrivé si tu n'avais pas mis ton fils à l'école publique ! Pour qu'il sociabilise, ouais…

- Laisse mon fils en dehors de tout ça, répliqua Drago, glacial.

- Putain ! T'es incapable de garder tes hormones sous surveillance quand tu vois un joli cul et des yeux verts ! Grandis un peu ! »

La tension était toujours présente et les vulgarités n'arrangeaient rien. Parkinson reprit après un petit silence, la voix cassée et les larmes aux yeux :

« On a tout fait tout seul. On a racheté nos noms. On a redoré nos réputations. On a failli y passer, merde ! Nos parents nous ont foutus dans la merde et toi, une fois qu'on s'en est enfin sortis, tous sortis, tu nous refous dedans. Et lui ne craindra jamais rien : y a que toi qui trinqueras s'il se barre. Qu'est-ce qui te dit qu'il restera ?

- Je prends le risque. » répondit Drago en jetant un regard douloureux à Harry.

Harry grimaça : il ne se sentit pas de répondre. Pas tout de suite. Il posa sa main sur la cuisse de Drago pour lui montrer qu'il était là.

« Le putain de Sauveur du monde sorcier… Tu pouvais pas mieux trouver. »

Parkinson paraissait atterrée. Un long silence se créa, cette fois si long qu'Harry eut l'impression que personne ne pourrait le briser. Ils avaient tous l'air sur un fil. Les narines de Parkinson cessèrent de fulminer, Nott toussota. Parkinson ferma les yeux un court instant, respira profondément, puis reprit calmement :

« Drago… Théo y arrive peut-être mais pas moi. Je ne peux pas l'accepter.

- De quoi ?

- Choisis. C'est lui ou nous. »

Drago ferma les yeux. Harry fut presque certain d'entendre son cœur se briser.

« Je ne peux pas.

- Tu sais ce qu'ils diront s'ils apprennent. Tu sais ce qu'on risque. Ne ruine pas nos trente ans d'amitié. S'il te plaît. »

Parkinson avait l'air dévastée, même si Harry avait envie de lui mettre de grandes tartes dans la figure. Il se sentait mal parce que de son côté, tout le monde avait accepté sa relation, même Ron et Hermione (et pourtant, avec Malefoy, il y avait eu un lourd passif). Il savait que la décision de Parkinson et de Nott blessait mortellement Drago mais qu'il ne pouvait pas les obliger à changer d'avis. Il se sentit si chanceux de ne pas avoir eu à vivre ça.

« Ce que tu me demandes est impossible.

- Choisis. »

Tous étaient statufiés, comme frappés par la foudre. Et puis :

« C'est lui. Ça a toujours été lui. Je suis désolé. »

Parkinson ne cilla pas et pourtant elle fut ébranlée. Elle se leva, posa sa serviette sur la table :

« Blaise ?

- Oui ? »

Il n'avait pas baissé sa baguette et tenait toujours Harry en joue.

« On y va. Nous n'avons plus rien à faire ici. »

Elle quitta la table, digne comme une reine. Zabini s'approcha d'Harry et Drago pour les saluer. Il souffla à Drago :

« Laisse-lui du temps. »

Les deux hommes se serrèrent la main. Puis Zabini se tourna vers Harry, l'air légèrement admiratif :

« Franchement, t'as des couilles. T'es le premier qui ose menacer ma femme à t'en sortir vivant. Je t'avoue que ça m'a surpris. »

Harry ne put s'empêcher de sourire. Parkinson claqua de la langue, mécontente, et Zabini la suivit.

Astoria grappilla un grain de raisin :

« Eh bien ! Tu as toujours eu l'art du dramatique, Drago chéri, mais là, tu te surpasses ! »