Chers lecteurs,
Ma cour intérieure est devenue un baisodrome pour pigeons (excusez l'image, mais c'est vraiment ça). Je souffre. Parce qu'ils sont bruyants. Très bruyants.
Comme d'hab, remerciements effrénés à Nictocris et à vous, chers commentateurs et autres poursuiveurs.
On approche doucement de la fin (pas que j'aie écrit les autres chapitres, hein, mais je commence à refermer des intrigues).
Portez-vous bien, que la force soit avec vous, à bientôt,
Al
« Salut…
- Potter. »
Harry leva ses yeux embrumés de sommeil au ciel.
« Drago…
- Quoi ?
- Tu peux arrêter ?
- De quoi ?
- De faire comme si on s'était pas vus y a cinq minutes ?
- Dix minutes, corrigea Drago. Nuance.
- Ça doit faire deux semaines qu'on dort ensemble et…
- On ne fait pas que dormir. »
Harry soupira et regarda avec intérêt la surface de son café se troubler.
« Oui bon. Tu devrais pouvoir m'appeler par mon prénom et arrêter de feindre de me rencontrer à chaque fois au petit-déj.
- Jamais. »
Drago se rapprocha dangereusement d'Harry.
« Tu n'es Harry qu'au lit. Et arrête de rougir comme ça dès que je fais une allusion à nos activités nocturnes. T'as plus treize ans. »
Harry rougit encore plus.
« C'est le matin…, geignit-il comme seule défense alors que Drago s'éloignait vers le vaisselier pour trouver une tasse propre.
- Nos enfants se lèveront bientôt. Essaie d'avoir une tête normale, je n'ai pas envie d'avoir des remarques désobligeantes de ton fils. Je n'ai pas envie d'avoir à gérer une crise cardiaque de Scorpius ou James.
- Tout ça ne serait pas arrivé si tu n'avais pas oublié de fermer la porte de la cuisine la dernière fois, commenta faiblement Harry.
- Je l'avais fermée. C'est ton fils qui l'a ouverte.
- Impossible. James n'a pas lu encore Le livre des sorts et enchantements.
- Il se pourrait que je le lui aie offert, avoua Drago avec une moue adorable.
- Quoi ? »
Harry s'offusqua :
« Tu as offert un livre à James ?
- Il me faisait les yeux doux !, se défendit Drago avec véhémence. On était à Marabouquins tous les deux et il te ressemble tellement quand il fait la moue que oui, j'ai craqué !
- Tu es faible.
- Avec toi, il m'arrive d'être dur.
- Tu as offert un livre de première année à mon fils, déclara lentement Harry, essayant de digérer l'information.
- Je ne savais pas qu'il avait un tel penchant pour les expérimentations magiques ! Et puis, c'est ta faute, tout ça ! Si tu éduquais correctement tes enfants, ils ne seraient pas autant hors la loi ! Entre ta fille qui élève des nuisibles et ton fils qui fait de la magie, c'est pas possible, merde ! »
Harry fit une moue. Drago détestait être pris en faute. De plus, il détestait aussi que son fils mouille dans des combines illégales. Harry avait déjà intercepté deux ou trois lettres de rappel du Ministère pour lui rappeler que la magie des mineurs était interdite avant l'entrée à Poudlard : depuis qu'il ne venait au bureau des Aurors qu'une fois par semaine, Lucinda ne s'occupait plus de faire disparaître les courriers compromettants et Drago avait dû tomber dessus. D'où son stress.
« Je m'en fous. Les doxys ne sont pas des nuisibles, que Lily ne t'entende jamais.
- Tu dis ça parce qu'ils te servent de réserve de bouffe pour Salsifi. D'ailleurs, tu savais que c'était pour ça que les boursouflets étaient trempés dans le curcuma ? Salsifi n'aime pas les épices trop fortes. C'est Scorpius qui me l'a dit.
- Tu as enfin réussi à parler à ton fils des problèmes de poils de Gérard ? »
Drago leva les yeux au ciel, ce qui déclencha le rire d'Harry : tous deux faisaient mine d'ignorer que Drago suivait toutes les pérégrinations et actions de tous les animaux qui logeaient au Square Grimmaurd et au manoir Malefoy.
« Apparemment, reprit Drago, c'est sur une bonne idée de ta fille, donc je la ramènerai pas trop. C'est elle qui a dit aux gars de faire attention à Salsifi qui n'a plus ses crochets de lait.
- Tu me fais penser que j'ai une commande de crochets de serpent à honorer, tiens. »
Harry agita sa baguette et une écriture brouillonne apparut sur le panneau pense-bête de la cuisine. Quand il revint à son bol de café, il fut surpris de voir le regard pensif de Drago sur lui.
« On se disputait à propos de quoi, déjà ?
- Ton fils jette des sorts alors qu'il n'est pas encore à l'école, répondit Drago d'une voix morne.
- Oh, ça ne craint pas grand-chose. James fait bien ce qu'il veut : j'ai placé des amortisseurs magiques sur la maison.
- Ah bon ? Je croyais que tu n'en avais placés que sur les escaliers.
- Je ne suis pas si irresponsable que tu veux bien le croire, râla Harry. C'est pas la première fois que mes enfants font de la magie spontanée, je te rappelle : j'ai pris mes précautions. Ma magie inhibe les débordements de James et de la Patate. »
Il avait placé les premières barrières magiques le deuxième jour de son installation au Square Grimmaurd, quand son fils aîné avait malencontreusement décoré la chambre de Lily en rose fluo à paillettes : ça avait été une des pires crises de sa fille, et Harry ne voulait plus jamais avoir à vivre ça.
« Ils ne risquent donc pas de se blesser les uns les autres ?, demanda Drago, inquiet.
- Non, je ne crois pas. En tout cas pour la magie spontanée. Si James se met à utiliser une baguette, je ne réponds plus de rien. »
Drago grimaça en versant de l'eau dans la théière.
« Tu éduques ton fils comme un hors-la-loi.
- Fais-moi croire que tous les parents sorciers sont aussi réacs que toi. Je ne pense pas que les première année sorciers à Poudlard n'ont jamais touché une baguette avant leur rentrée. Je sais que les jumeaux avaient appris des sorts à Ron avant sa rentrée. Des sorts qui ne fonctionnaient pas, d'ailleurs… »
Harry se laissa aller à un léger sourire en se rappelant ce premier trajet en Poudlard Express. Les jumeaux… Il en reparlerait à George, tiens. À tous les coups, George ne se souvenait plus de toutes les frasques qu'il avait pu faire avec Fred.
« Je n'ai jamais touché à une baguette avant ma rentrée, ajouta Drago, coupant Harry dans ses réflexions. J'avais trop peur de recevoir une lettre du ministère et qu'on punisse mon père qui y travaillait parce que j'avais mal agi. »
Cet aveu de faiblesse enfantine fit sourire Harry.
« Ton père ne craignait rien, tu le sais, ça ? Tu me diras, peut-être que ça calmerait James de recevoir une beuglante du service de Magie des Mineurs et de la Trace.
- Jamais ils ne t'enverront de beuglante, Potter, le coupa Drago en versant son eau bouillante dans la théière. On t'envoie des lettres de rappel, mais on ne t'engueule pas. Tu es toujours intouchable. »
Ainsi, son hypothèse était bonne : Drago avait dû tomber sur une lettre de rappel. Vu l'enthousiasme avec lequel Scorpius et Albus faisaient de la magie quand Rose était avec eux, il y avait de fortes chances que Drago ait évité les lettres de rappel uniquement parce que Rose était au Mexique, pas parce que son fils était parfait.
« En revanche, il faudra nous méfier de Ginny, ajouta Harry.
- Pourquoi ? »
Drago, qui avait l'air beaucoup plus serein, retrouva une mimique de doute. Harry aimait beaucoup effrayer Drago : ça ne lui arrivait pas si souvent. Il riva le clou :
« C'est Ginny qui veut canaliser leur magie. Elle te fera la peau si elle découvre que tu as offert du Miranda Fauconnette à son fils. Et encore plus si elle se rend compte que James utilise ta baguette de temps en temps. »
Depuis ses aventures en septième année, Harry n'avait pas envie d'être dépossédé par erreur de sa baguette et que la Baguette de Sureau choisisse un nouveau maître. Il se méfiait : il planquait toujours sa baguette. En revanche, Drago avait tendance à laisser sa baguette traîner un peu partout, pour le plus grand plaisir de James et d'Harry qui y voyait là la preuve que Drago se sentait de plus en plus chez lui au Square Grimmaurd.
Drago grimaça :
« Ta femme est un dragon.
- Ex-femme. Et ne le dis pas trop fort, je te rappelle que ma cheminée est reliée au Terrier. Ma belle-mère pourrait nous entendre.
- Les cheminées ont des oreilles.
- C'est exactement ce que m'a dit Silencio la dernière fois. »
Drago eut un rictus moqueur :
« Ton boa est philosophe.
- Tu me flattes, répliqua Harry.
- Jamais. »
Il observa Harry rougir et ne put résister. Il s'approcha de lui, l'embrassa voracement puis s'installa devant son thé comme si de rien n'était. Depuis le temps qu'il agissait ainsi, on aurait pu croire qu'Harry s'y habituait. Eh bien non.
« Je te déteste quand tu fais ça, ronchonna Harry en essayant de reprendre contenance.
- Je ne me serais pas retenu s'il n'y avait pas nos enfants dans la maison. »
Harry grogna.
« Je te rappelle qu'on va au Terrier demain midi, il serait de bon ton de se comporter correctement.
- Molly m'adore. Elle me pardonne tout. »
C'était malheureusement vrai. Drago était en passe de devenir le nouveau chouchou de Mrs Weasley, notamment parce qu'il lui apportait à chaque fois un petit présent (Harry oubliait systématiquement).
« Ginny emmène Lee, continua Harry. Il y aura Percy et sa femme, George et Angelina. Que des couples.
- On fera tache.
- Molly sera ravie de savoir qu'un homme aussi éduqué que toi entre dans la famille Weasley. »
Drago eut une mimique dégoûtée en regardant son bol de thé :
« Quelle horreur. Un Malefoy chez les Weasley… Je commence à croire que Pansy avait raison. »
Harry laissa passer puis demanda d'une voix douce :
« Tu as des nouvelles ? »
Drago leva les yeux vers lui :
« Blaise me dit qu'elle grossit. »
Harry ricana :
« Je ne pense pas qu'il ose le lui dire en face. Je me souviens de Ginny enceinte, elle ne supportait pas les remarques sur son poids. Elle avait la Chauve-furie leste, à ces moments-là.
- Pansy lui jette des assiettes.
- Donc tout va bien. »
Harry ne comprendrait jamais les femmes.
OoO
Ils en étaient à un match amical de foot dans le square, accompagnés d'enfants moldus, quand un grand oiseau apparut et se posa lourdement sur l'épaule d'Harry, le déséquilibrant. Bien entendu, il laissa entrer le ballon dans les buts qu'il défendait pour la plus grande joie de l'équipe de James et de Lily qui hurlèrent comme des Sioux.
Une grappe d'enfants moldus, étonnés de voir un oiseau autre qu'un pigeon d'aussi près, se précipita sur lui et l'assaillit de remarques en tous genres :
« Il est trop beau !
- C'est à vous ?
- Vous avez trop de chance d'être fauconnier !
- Il a un nom ?
- Il s'appelle Merlin, réussit à dire Harry.
- Ma mémé, elle m'a dit que vous dressiez des oiseaux de proie pour aller chasser des souris.
- Al il a dit que vous aviez des serpents chez vous ! C'est pour les nourrir, c'est ça ?
- Vous dressez des rapaces pour nourrir vos serpents ? Trop cool ! »
Al devrait apprendre à se taire. Parler des serpents n'était pas l'idée du siècle pour passer inaperçu.
« Oui bon. Les garçons, Lily, je dois rentrer. Vous rentrez dans vingt minutes, d'accord ? »
Il s'adressa à Mrs Dalloway qui tricotait sur un banc en les regardant jouer (Harry avait surpris plus d'un regard salace sur sa personne, il la soupçonnait de se rincer l'œil quand il jouait).
« Vous pouvez les surveiller ?
- Oh, Harry, c'est vraiment dommage que vous partiez, roucoula-t-elle. Mais oui, je le ferai pour vous. Je vous les renvoie quand la partie est finie ?
- Merci beaucoup ! »
Harry se dirigea vers la sortie du parc en chuchotant à Merlin, posé sur son épaule :
« Te fais pas remarquer, hein ? On doit attendre que tout le monde soit rentré chez soi avant de rentrer chez nous : faudrait pas attirer l'attention, même si les Moldus sont aveugles. »
Merlin claqua du bec : il avait compris. Suivi par une nuée d'enfants, il dut utiliser la fameuse ruse du « Oh ! Regardez ! » pour qu'ils se désintéressent de lui suffisamment longtemps pour qu'il puisse rentrer chez lui sans être poursuivi.
Il décacheta la lettre dans le hall. Elle tenait en peu de mots, et pourtant elle lui fit un plaisir fou :
Cher Harry,
Neville a fait n'importe quoi avec des Embaumeuses et son tatouage s'est couvert de pustules. Quand la peau est devenue de nouveau normale, l'encre avait disparu à certains endroits. Peut-être qu'on tient la solution pour la Marque de Mrs Malefoy !
Je t'embrasse, et Ron avec moi,
Hermione
Hermione était vraiment brillante. Harry savait qu'elle avait dû envoyer un message au Dr Comungardon et à Dean pour les tenir informés de ces avancées. Il imagina Neville avec un tatouage troué par endroits. Si les Embaumeuses permettaient d'enlever l'encre d'un tatouage magique aztèque, il y avait de fortes chances qu'elles puissent faire sauter les marques de magie noire.
« Drago !
- Quoi ? Arrête de crier comme ça, tu as fait peur à Pickles. »
Harry sourit : Drago était de mauvaise humeur. Il suivit la voix et parvint dans le salon. Drago y lisait un ouvrage de magie noire, comme le titre l'annonçait : Magie noire et dérives de magie funèbres au XVIe siècle.
« Où sont les enfants ?, demanda Drago en le voyant seul.
- Dehors, sous la responsabilité de Mrs Dalloway. Dis, tu sais quoi ?
- Tu as laissé Scorpius sous la surveillance d'une Moldue.
- Hermione a peut-être une solution pour ta mère. »
Les yeux de Drago étincelèrent de joie. Il était vachement beau, comme ça, dis donc.
« C'est vrai ?
- Oui, se reprit Harry. Et tu la dois à Neville. »
Drago renifla.
« Ce voleur de fiancée… Je n'en ai toujours pas retrouvé, tu le sais ça ?
- De voleur ?
- De fiancée.
- Ah. J'ai lu dans La Gazette que l'une d'elles avait été attaquée par un Détraqueur en allant poster sa lettre de demande. »
Harry essayait d'avoir l'air innocent alors qu'il était quand même particulièrement fier de lui. Trouver un Épouvantard encore vaillant dans les placards du Square lui avait pris beaucoup plus de temps que prévu.
Drago lui lança un regard éloquent :
« Oui, c'est étonnant, non ? Pourtant, je suis un beau parti. À croire que je ne trouverai jamais d'autre femme. Je suis peut-être frappé du mauvais œil… »
Il réfléchit un instant et reprit :
« C'est classe, non ? D'être porteur d'une malédiction ? À tous les coups, c'est cette sorcière d'Astoria qui m'a lancé un sort… »
Il avait l'air tellement content ! Harry se promit de continuer à lui faire croire qu'il était maudit.
