Chers lecteurs,

Encore une résolution d'intrigue !
J'ai calculé. On approche de la fin : je prévois encore 3 chapitres. J'aime bien les comptes ronds.
Merci à Nicto pour la relecture et à vous mes chers lecteurs !

Portez-vous bien, sortez les bouillottes et les gros pulls, à bientôt,

Al


« Potter…

- Moui…

- Il faut qu'on parle. Tu sais que je n'étais pas d'accord pour cette grosse fête, même si Blaise est d'accord avec toi et te soutient dans tes projets insensés. C'est pas que tu as la validation de Blaise que ça rend ton projet raisonnable ! Tout faire la même journée, c'est de la folie ! Et puis il y aura le décalage horaire pour les zozos qui reviennent du Mexique avec l'autre qui sera enceinte jusqu'au cou et j'ai vraiment pas envie de voir Londubat se pavaner aux côtés de Loufoca et tu pourrais sortir ta tête du terrarium quand je te parle ? C'est assez irritant de parler à ton cul !

- C'est pas ce que tu as dit la semaine dernière. »

Harry entendit un gloussement dans son dos, preuve que l'énervement de Drago était plus dû à son caractère de diva qu'à une réelle contrariété.

Il se trouvait sur un escabeau pour vérifier la disposition des lampes dans le terrarium des geckos. Salamandre avait relayé la plainte de Géraldine qui ne trouvait pas le sommeil à cause d'une lumière qui lui tombait pile dans l'œil au moment de se coucher. Harry avait pris sur lui devant les jérémiades partagées des geckos et attendu la fermeture de son magasin pour se pencher sur la question lumineuse.

« Tu sais où est ta progéniture ?, demanda Drago en stabilisant l'escabeau. Parce que je n'en vois aucun dans les parages.

- Lily doit être avec Silencio à faire des grimaces aux passants depuis la vitrine. James est resté chez Fleury et Bott sous la responsabilité de Teddy et Al doit être avec ton fils à faire une partie de bavboules avec des œufs de caïmans. Géranium, décale-toi que je vois si c'est bien branché derrière toi.

- Tu as l'air bien serein pour un mec dont le fils joue avec son gagne-pain.

- Silencio n'a pas émis d'objection quand je lui ai expliqué leur projet, expliqua Harry en revissant une ampoule. Et Salamandre considère qu'un œuf n'est pas encore un serpent. Ce n'est pas un combat pour le Syndicat Précautionneux des Quasi-Reptiles. »

Harry se remit debout sur son escabeau et donna un coup de baguette. Les changements qu'il avait apportés à l'éclairage changeaient la donne : une lueur plus douce émanait maintenant des loupiotes disposées autour du terrarium. Fier de lui, il descendit l'escabeau et atterrit dans les bras de Drago.

« Ah !

- Potter… Tu rougis.

- Tu me fais toujours de l'effet, que veux-tu… »

Drago eut un demi sourire qui donna immédiatement des idées salaces à Harry.

« Vraiment, ton magasin tourne bien, mais il est tard. Et j'ai faim. Et il faut qu'on discute. »

Harry avait du mal à réfléchir quand les mains de Drago le frôlaient de partout. Et quand ils discutaient (ou plutôt se disputaient), il savait qu'il devait se méfier des mains baladeuses de son Serpentard favori.

« Je ferme ma caisse et vais saluer ceux de l'entresol. Tu peux vérifier que les terrariums de la boutique sont approvisionnés en nourriture ? »

Drago acquiesça en soupirant et lui vola un baiser qui le laissa étourdi avant de faire ce qui lui avait été demandé. Harry rafla dans la caisse les gallions qu'il avait gagnés : il ferait les comptes plus tard (correction : il laisserait Drago faire les comptes plus tard). Il jeta un sort sur la caisse enregistreuse pour être sûr qu'aucun serpent ne s'en approche pendant la nuit : mieux valait être trop prudent que pas assez. Trois semaines auparavant, Surimi, Salami et Sapristi s'étaient échappés de leur terrarium et avaient vagabondé dans tout le magasin : Sapristi avait avalé une noise de travers et avait failli y passer. Depuis, Harry vérifiait deux fois que sa caisse était magiquement hermétique : il préférait que ses serpents se baladent sans risquer de mourir étouffé (tant qu'il n'y avait pas de client, il ne voyait pas où était le problème à des serpents en liberté dans son magasin).

« Potter… »

La voix inquiète de Drago le fit se retourner. Il descendit les trois marches qui menaient à la salle des Innommés (les serpents destinés à la vente qui restaient donc anonymes) pour voir Drago stupéfait : Lily, tenant Silencio endormi sur l'épaule droite, babillait avec un orvet. Harry mit quelques secondes à comprendre que quelque chose clochait.

« Et là Johanna elle m'a trop ignorée ! Tu te rends compte ? Alors qu'elle est ma meilleure amie !

- Les vrais amis sont ceux qui te donnent à manger, la fille à deux pattes. Toi, tu es mon amie.

- Oui, je sais. Johanna n'est plus mon amie, c'est comme ça. D'ailleurs, elle ne m'a jamais donné à manger. Alors que tu vois, Silencio, le boa de mon père, il est trop gentil ! Il me donne à manger, lui aussi.»

Drago asséna :

« Ta fille… Elle parle Fourchelangue. »

OoO

« Alors, ça fait combien de temps que ta fille parle aux serpents ?

- Depuis belle lurette, si tu veux mon avis. Elle a dû commencer à s'y mettre dès que Silencio est arrivé au Square. C'est comme ça qu'elle a pu comprendre que Salsifi allait manger les Boursouflets : les couvrir de curry ou de piment d'Espelette, c'était pour éviter un boursoufcide. Elle a dû prévenir Rose, Al, James et Scorpius. »

Hermione réfléchissait : Harry pouvait presque voir les rouages de son cerveau tourner à plein régime.

« Tu ne t'en étais pas rendu compte ?

- Hermione, je ne m'en aperçois pas, quand je parle Fourchelangue ! C'est Drago qui me l'a fait remarquer. »

Ron et Hermione étaient rentrés le jour-même. Ils avaient réitéré leur organisation des vacances de Noël : tous les enfants dormaient au même endroit. Le Terrier n'était pas assez grand pour tous les accueillir et la maison de Ron et Hermione était en travaux pour installer la chambre des futurs nouveaux bébés : ils logeaient donc tous au Square. Teddy squattait le grenier, sa chambre depuis le début des vacances, et partageait son espace avec James et la Patate : la Grosse Pêche avait réussi à convaincre son père de laisser son meilleur ami venir dormir quelques jours, et les Grimm avaient été ravis de se débarrasser de leur fils. Rose et Lily dormaient dans la chambre de Lily, même si tous les adultes de la maisonnée se doutaient bien que Rose avait filé dès que la lumière avait été éteinte dans la chambre d'Albus où logeait aussi Scorpius. Thomas et Hugo avaient été installés dans le salon du premier transformé en salle de jeux provisoire. Pickles avait été nommé baby-sitter de la soirée : or, on ne la faisait pas à Pickles, les enfants avaient pu s'en rendre compte assez rapidement. Le calme régnait donc à l'étage.

Ce qui n'était pas le cas dans la cuisine où Ron cuisinait des mignardises pour sa femme (il en préparait en plus pour Harry et Malefouine, bien sûr, il n'était pas un goujat).

Drago finit sa bouchée de brownie à la cacahuète et reprit :

« Potter a craqué et lui a offert un serpent.

- Tu es faible, mon vieux…, commenta Ron en rajoutant deux mesures de farine dans sa pâte à cookies.

- Rose te mène par le bout du nez, je ne me vanterais pas trop, si j'étais toi !, s'exclama Harry, vexé.

- Et ça ne te dérange pas que Sépulture dorme avec Lily ?, demanda Hermione, soucieuse.

- C'est un orvet, pas une vipère. Il ne mord pas.

- Ouf ! Tu me rassures. Je pensais que tu étais devenu irresponsable.

- Potter est irresponsable. Sa fille dort avec Weasley Nouvelle Génération, rien n'est plus dangereux que l'engeance Weasley-Granger. » marmonna Drago.

Harry voulut le reprendre mais Ron riait déjà :

« Ouais, c'est ce que je me dis : le vrai caractère de sa mère.

- Ron, souffla Hermione, plus pour la forme que réellement vexée.

- Hermione nous a gérés quand on était jeunes, et c'était pas une partie de plaisir. Ça me rassure : au moins, Rose ne se laissera jamais marcher sur les pieds. »

Harry était heureux de voir que pour une fois, Ron n'avait pas pris la mouche à une remarque de Drago. Il décida de reprendre avant que le moment ne dure trop longtemps.

« Elle a des doxys dans sa chambre et probablement un boursouflet retourné à l'état sauvage. Honnêtement, un serpent inoffensif, c'est le cadet de mes soucis. Je m'inquiéterai quand elle adoptera un mamba…Et puis, Silencio a fait un grand discours à Sépulture pour le mettre au pas. Enfin, au pas… au rampant. Je ne devrais pas avoir de problème. »

Harry n'était pas si inquiet que cela, par rapport au serpent : voir Hermione et Drago se ronger les sangs, c'était déroutant.

« Hermione… Je ne vois pas pourquoi tu t'inquiètes autant. Je t'ai dit que Sépulture est inoffensif !

- C'est le Fourchelangue qui m'inquiète.

- Hein ?

- Parler Fourchelangue, c'est dangereux. »

Harry fronça des sourcils :

« Mais je parle aux serpents et tout s'est très bien passé pour moi.

- Pardon ?, demanda Hermione en levant un sourcil.

- Ce que je veux dire, c'est que ma fille n'a rien à craindre.

- Le monde sorcier est superstitieux, Potter. Les Fourchelangues ont toujours été mal vus : même Salazar a caché pendant longtemps ses facultés de peur de se faire ostraciser. Tu peux te le permettre parce que tu es le Sauveur du monde sorcier. Quoique… Je doute que tes clients aient remarqué que tu parlais à tes animaux. D'un autre côté, t'as toujours paru fou, ils se sont peut-être habitués… »

Harry aurait voulu démentir, mais il savait que Drago avait raison sur ce point : les gens ne voient toujours que ce qu'ils veulent voir.

« Ta fille ne jouit pas de la même protection, reprit Hermione. Si ça se sait, ça va être compliqué. Souviens-toi comment tu as été reçu ta deuxième année, quand on t'a vu discuter avec le serpent sorti de la baguette de Drago !

- Je la protégerai, asséna Harry.

- Lily ne sera pas éternellement à la maison, Harry. Il faudrait lui expliquer qu'elle n'a pas le droit de parler aux serpents en public.

- Je ne vais pas demander à ma fille de cacher qui elle est ! »

Pauvre Lily ! Harry ne voulait pas qu'on brise son innocence. Pour elle, la méchanceté du monde était bornée aux retournements de veste de son amie / ennemie Johanna. Elle pouvait encore attendre avant de découvrir que le monde extérieur était plus dangereux et méchant que ce qu'elle prévoyait.

« Tu vas pas non plus l'exposer en place publique, surtout pour une raison aussi débile, répondit calmement Hermione. C'est une enfant, pas un étendard pour la revalorisation du Fourchelangue. »

Harry savait qu'Hermione avait raison. Mais cela lui faisait mal de penser ainsi : demander à sa fille d'être honteuse de son don. Lui-même avait trop souffert d'être étrange quand il était enfant et qu'il dormait encore dans le placard sous l'escalier. Il ne voulait pas que ses enfants aient à vivre ça, eux aussi.

« Je… Je ne veux pas qu'elle ait honte de ce qu'elle est.

- C'est une sorcière, corrigea Hermione. Elle aura toujours à se cacher, de toute façon.

- Elle n'a pas à le faire, si tôt, dans le monde sorcier, en plus. Comment lui expliquer ?

- C'est pourtant ce que vous faites, Malefoy et toi, le coupa Ron. Vous cacher. C'est pas si difficile de garder des choses privées. Si on prévient la famille proche qu'elle a des facultés étranges et qu'on ne doit pas en parler, que c'est un secret familial, les enfants comprendront et Lily devra juste faire attention à l'école et en public. Mais bon, il y a peu de chances qu'il y ait des serpents à l'école Albus Dumbledore. Enfin, sait-on jamais… »

Harry détestait reconnaître que Ron avait raison. Hermione, il s'était habitué, à la longue, mais il avait toujours du mal à voir Ron devenir raisonnable. Malheureusement, cette décision était sûrement celle qui ferait le moins mal à Lily.

Il se tourna vers Drago.

« Me regarde pas, Potter. Je déteste avoir à l'avouer, mais pour une fois, je suis d'accord avec Weasley et Granger.

- Weasley, corrigea Hermione.

- C'est beaucoup trop dangereux pour ta fille de la laisser parler aux serpents, continua Drago en ignorant l'intervention d'Hermione.

- D'accord, convint Harry. Je vais en discuter avec Ginny et nous lui parlerons. Rien que parce que tu as avoué être d'accord avec mes amis.

- Je sais, souffla Drago. Moi aussi ça m'étonne. Ne m'en parle pas. Un Malefoy, d'accord avec les side-kicks du héros, Weasley sixième du nom et Granger la je-sais-tout…

- Par Potter !, Malefoy, pourquoi t'obstines-tu à m'appeler par mon ancien nom de famille ? À croire que tu n'acceptes pas que je sois mariée à Ron. Tu sais qu'une idylle entre nous est impossible, pas vrai ? »

Personne ne put ignorer le frisson de dégoût qui prit Drago puisque tous frissonnèrent.

« Beurk, s'exclamèrent-ils tous ensemble.

- T'imaginer avec Malefoy, ma douce, c'est répugnant. Déjà que j'ai du mal à l'imaginer avec Harry…

- Tu pourrais éviter de me donner des visions de cauchemar ? » le coupa Harry.

Hermione ricana puis sursauta :

« Ah ! Ron ! Je vais te tuer ! »

Elle posa sa main sur son ventre : elle était enceinte de sept mois et Harry ne l'avait jamais vue aussi fatiguée. Ron tira sa chaise jusqu'à elle, inquiet.

« Ben… Les jumeaux, qu'est-ce qui se passe ?

- Ils ont ressenti le tournant historique d'une réconciliation entre ennemis, commenta Harry, ému.

- Par toi-même ! Potter, continue à être niais comme ça et je ne te touche plus pendant une semaine ! »