Chers lecteurs,

Voilà, dernier chapitre avant l'épilogue. Nous nous retrouvons dix-neuf ans après la bataille de Poudlard, incroyable, non ? Comme d'habitude un immense merci à Nictocris pour son aide. Merci à vous pour vos commentaires. Vous êtes les meilleurs, j'espère que vous le savez.

Portez-vous bien, faites du vaudou, à bientôt,

Al


« Dépêchez-vous, on va être en retard ! »

Harry suivit mollement Ginny dans la cohue de Moldus qui peuplaient la gare de King's Cross. Il savait que le train partait bientôt, mais il savait aussi que Ginny portait une montre Farces pour sorciers facétieux qui n'indiquait jamais la bonne heure, et il savait encore mieux que jamais Hermione ne permettrait que le train parte sans Albus pour accompagner Rose et Scorpius à leur première rentrée. Hermione était toujours capable des plus grands miracles, même se jeter sur les rails du Poudlard Express.

« Allez ! Lily, tu passes avec ton père ! James ! Vas-y !

- Oui, maman ! »

James poussa son chariot avec enthousiasme et disparut dans le mur qui séparait les voies 9 et 10 de la gare moldue. Harry observa son deuxième fils passer avec son ex femme puis il saisit la main de Lily et ils avancèrent de front pour rallier le quai des sorciers.

L'effervescence était à son comble. Une cohue de tous les diables faillit lui arracher Lily : il la saisit fermement et s'installa dans le sillage de Ginny qui devait déjà avoir repéré ceux qu'ils voulaient retrouver.

En effet, elle et Albus réussissaient enfin à atteindre Rose, Hermione et Ron : ils avaient laissé leurs quatre autres enfants aux bons soins de Molly, et ils avaient bien fait. Ils n'auraient jamais pu surveiller sereinement leur marmaille vu la foule qui passait à côté d'eux. Harry souffla en voyant le nombre de fans indénombrable qui entouraient Ron. Les commérages allaient bon train :

« Un autographe ! Un autographe !

- T'as vu, maman ? C'est Ron Weasley ! Le chef cuistot du resto étoilé du Chemin de Traverse !

- C'est le mec qui fait les livres de recettes ! C'est trop trop bon en plus !

- Qu'est-ce qu'il est beau… Encore plus que dans les livres…

- Et quand il lèche sa spatule, qu'est-ce qu'il est sexy…

- Moi, c'est sa spatule que je lécherais bien. »

Depuis quatre ans que le premier livre de recettes de Ron était sorti, Harry avait pris de bonnes habitudes pour lutter contre ses fans innombrables, habitudes qu'il avait développées pour lui et qu'il perpétuait pour son meilleur ami. Il avait une technique infaillible pour éloigner les vieilles mégères amoureuses : il ouvrit sa veste et laissa apparaître Silencio, confortablement enroulé autour de son torse. Silencio, comprenant ce qu'Harry attendait de lui, se releva, siffla et donna de grands coups de tête dans les airs. Ron perdit soudain beaucoup d'intérêt et ils purent enfin respirer.

« Merci mon vieux, souffla Ron en se recoiffant.

- C'est un plaisir. Merci Silencio.

- L'humain n'a qu'à demander. Silencio n'a fait que son devoir. Silencio est un effrayant grand serpent. C'est à Silencio de protéger l'humain.

- Dire qu'à une époque j'étais jaloux de ta célébrité…, geignit Ron. Qu'est-ce que j'ai pu être con, par Potter. Y a rien de mieux que l'anonymat. »

Les livres de cuisine de Ron rencontraient un tel succès qu'on en parlait même chez les Moldus. Des vidéastes s'étaient mis à faire des petits films, comme au cinéma, d'eux en train de cuisiner étape par étape et les mettait sur un truc virtuel en forme de flèche rouge qui proposait plein de petites vidéos. Ça avait un succès fou.

« Papa ! On peut rejoindre Scorpius ? »

Harry se tourna vers son fils et Rose. James avait déjà disparu pour retrouver la Patate et préparer un nouveau mauvais coup à base de book-napping dans la bibliothèque de Poudlard ou de découverte de nouveau passage secret. James et Matt entraient en troisième année à Poudlard et McGonagall avait déjà demandé à Harry un hibou long courrier spécialement dédié à leurs frasques. Leur répartition conjointe chez les Serdaigle avait été une surprise mais ils avaient vite repris du poil de la bête et donnaient des cheveux blancs à Flitwick qui ne devait attendre qu'une chose : la retraite.

« Attendez-le ici plutôt. Drago nous repérera plus facilement. »

Maintenant, le nouvel enjeu en jeu dans la famille Potter-Weasley-Malefoy, c'était la maison dans laquelle finiraient les trois monstres qui faisaient leur première rentrée. Drago et Greengrass avaient bien entendu parié sur Serpentard par chauvinisme, Ron et Harry tenaient farouchement aux Gryffondor par loyauté, Hermione ne désespérait pas de voir sa fille terminer à Serdaigle, et Lee, par esprit de contradiction, les voulait tous les trois chez les Poufsouffle. Quant à Ginny, elle avait eu une réponse bateau qui avait failli éteindre leurs petits paris : quelle que soit la maison qu'ils choisiraient, elle les aimerait pareil (même si elle avait une préférence pour Gryffondor, bien sûr, c'était tout de même la meilleure maison des quatre, sans aucun doute).

« Les voilà ! »

Harry se tourna et vit arriver vers lui un menton pointu et des cheveux blonds. Même si Drago se dégarnissait chaque jour un peu plus, ce qui le faisait toujours grommeler dans la salle de bains, il n'en restait pas moins ultra sexy (selon les critères d'Harry, bien sûr). Astoria Greengrass le suivait : pour la première rentrée de son fils, elle était venue sans son nouvel amant en date, Graham Montague. Elle tenait la main de Scorpius qui, terrifié, se rasséréna quand il vit Rose et Albus. Ils formaient à eux trois la parfaite famille sang-pur, respectueuse des traditions et toujours unie.

Drago, bien entendu, rouspétait :

« Par Potter ! J'avais oublié à quel point c'est le bazar, cette rentrée…

- On voit bien que c'est pas toi qui te coltines les rentrées et les retours pour les vacances, entre nous…, répliqua Harry, amusé.

- Je participe toujours à l'effort de guerre, c'est moi qui te fais les listes des enfants que tu dois récupérer, ronchonna Drago pour rétablir qu'il n'était pas un flemmard.

- Et encore, les coupa Hermione. Vous auriez dû voir la rentrée de Beauxbâtons ! Dominique trouvait ça normal, mais je suis désolée, un cheval qui broute les cheveux d'une élève, c'est encore plus dangereux qu'une locomotive. »

L'année précédente, Ron avait fait une signature à Paris et Hermione et lui en avaient profité pour accompagner leur nièce Dominique à la gare sorcière. Ils avaient été dûment impressionnés par les carrosses monumentaux de ramassage scolaire.

« Au moins, les nôtres ont tous leurs cheveux, continua Hermione.

- C'est sûr que vu ta tignasse, je me serais inquiétée, si j'avais été à ta place, grommela Drago.

- Au moins j'ai des poils sur la tête. Ce n'est pas le cas de tout le monde. »

Harry souffla : les disputes entre Hermione et Drago étaient rares mais les piques précises. S'attaquer à la calvitie grandissante de Drago, c'était frapper là où ça faisait mal. Hermione, avec l'âge, était devenue redoutable en repartie.

« Au moins, mon coiffeur n'a pas besoin d'un sécateur pour me ratiboiser le crâne. Tu pourrais nourrir la famille Weasley au grand complet avec, il te resterait encore suffisamment de cheveux sur le caillou pour tresser des couvertures.

- Les mouches ne prennent pas mon front pour une piste d'atterrissage.

- C'est fait exprès. C'est pour nourrir les serpents de Potter.

- Ta magnanimité te perdra. »

Un chahut monstre les coupa dans leur dispute et laissa le passage à James et Matt, surexcités, qui apportaient avec eux un sujet de conversation beaucoup plus intéressant que les cheveux de Drago :

« Teddy est là ! Il embrassait Victoire !

- Grosse Pêche. Calme-toi, tenta Ron. Tu es allé les voir ?

- Ron !, s'exclama Hermione.

- De toute façon, Victoire elle est préfète en chef cette année, nota Albus. S'ils les ont interrompus, elle s'occupera de le leur faire payer.

- C'est sûr que c'est pas de toi qu'elle va s'occuper puisque tu termineras jamais à Gryffondor !

- Hé ! Moi au moins je suis pas en retenue le jour de la rentrée parce que j'ai noyé la Grande Salle dans la soupe le dernier jour de l'année scolaire ! » glapit Albus.

Harry soupira alors que Ginny commençait à gronder James pour son manque de gentillesse envers son frère. Depuis qu'Albus avait reçu sa lettre pendant les vacances, James se montrait intenable avec lui. Une jalousie latente avait refait surface et la relation entre les deux frères s'était un peu tendue. Harry espérait fortement qu'Albus ne serait pas réparti dans la même maison que James.

« Peut-être qu'on aurait dû faire comme Bill et Fleur avec Victoire et Dominique, souffla Ginny à Harry. Les mettre dans des écoles différentes…

- Impossible, coupa Drago. Scorpius doit aller à Serpentard, et il est hors de question qu'il se retrouve sans ses deux amis à Poudlard. »

C'était presque touchant de voir à quel point Drago avait intégré Albus et Rose dans son entourage par amour pour son fils. Néanmoins, Harry appréhendait le soir même, quand Albus leur enverrait le résultat de sa répartition (ils avaient négocié et, pour économiser deux hiboux, ils avaient convenu que c'était Albus, le seul des trois à être lisible, qui écrirait pour leur annoncer la répartition). Des trois, Scorpius était le plus pressenti pour terminer à Gryffondor. Si le Choixpeau leur laissait le champ libre, les deux autres le suivraient et un nouveau trio rouge et or apparaîtrait bientôt.

Le train siffla bruyamment pour les rappeler à l'ordre. Harry se mit à saluer ses deux fils. Du coin de l'œil, il vit Lily marmonner :

« Ils vont trop trop trop me manquer. J'ai trop envie d'aller à Poudlard ! »

Harry saisit la main de sa fille :

« T'inquiète pas, ma puce. Dans deux ans, ce sera ta rentrée ! »

Elle lui sourit :

« Tu crois que je pourrais emmener Sépulture et Salopette ? James m'a dit que ça leur plairait trop ! Apparemment y a plein d'animaux chez Hagrid et même qu'il y a un serpent des mers dans le lac !

- On demandera à McGonagall si elle peut faire une exception pour tes serpents, mais je ne te promets rien. Je crois que les première année ont le droit uniquement à un chat, un hibou ou un crapaud.

- Arrête de promettre des choses impossibles à ta fille, gronda Drago alors que le train s'ébranlait et que tous saluaient les passagers en secouant gaiement la main. Elle sera la chouchoute de McGo alors que l'année n'aura même pas encore commencé. »

Harry n'aimait pas quand Drago se permettait de juger s'il gâtait sa fille. Il se tourna vers lui pour répliquer mais Lily, qui n'avait rien entendu, reprenait :

« Parce que si j'ai pas Sépulture et Salopette, j'y vais pas, à Poudlard. »

Là, Drago hoqueta et Harry sourit : ils avaient prévu de réellement s'installer ensemble une fois que Lily serait en première année. Passer de cheminée en cheminée nuisait à la propreté des chemises de Drago et Harry en avait assez d'entendre ses jérémiades.

« Lily…

- Oui, Mr Malefoy ?

- Je t'ai déjà dit que j'étais au conseil de l'école ? On se débrouillera pour que les serpents soient autorisés. »

Lily avait toujours réussi à parvenir à ses fins.

OoO

« Potter…

- Oui ?

- Archimède. Il vient d'arriver de Poudlard. »

Harry releva les yeux de son livre Écailles & cailles, viandes ailées pour serpents zélés tout en continuant de touiller la soupe de pois qu'ils allaient manger le soir :

« T'as vraiment passé ton après-midi à scruter le ciel pour apercevoir ton hibou ? Tu l'avais envoyé ce matin attendre en Écosse pour être sûr qu'il reviendrait ce soir ? »

L'absence de réponse de Drago était un consentement.

« Alors ?, demanda Harry en coupant le feu sous sa casserole.

- La lettre t'est adressée.

- Archimède prend enfin du courrier pour moi ?

- Faut croire qu'il t'a adopté.

- Tu l'as pas ouverte ? »

Drago était le responsable correspondance d'Harry depuis bien des années. Cet arrangement lui avait évité pas mal de tracas pour cause de factures impayées, même si Harry y perdait un peu en intimité. Les seules lettres que Drago n'ouvrait pas étaient celles sur lesquelles Hermione jetait un sort de reconnaissance digitale pour que seul Harry puisse l'ouvrir.

« Non. J'ai peur. »

Le ton monocorde de Drago fit pressentir à Harry qu'il n'était vraiment pas bien.

« Vas-y, passe-moi l'enveloppe. »

Drago la tendit à Harry.

« Tu veux un whisky Pur-feu pour tenir le choc ? »

Drago acquiesça, pâle comme Voldemort himself. Ils allèrent au salon et se servirent un verre. Puis Harry ouvrit l'enveloppe et la bouche mais fut coupé dans son élan :

« Attends attends attends ! Ne lis pas tout de suite ! »

Drago était vraiment paniqué. Harry essaya de le raisonner.

« T'es au courant que Scorpius n'est pas toi ?

- Oui.

- Que tu l'aimeras où qu'il finisse ?

- Oui.

- Que du moment qu'il est avec ses deux copains et qu'il grandit correctement, on s'en fout de sa maison ?

- Oui. Mais quand même. »

Harry sourit.

« Oh. »

Drago gémit.

« Ne me dis pas que c'est autre chose que Serpentard. Serdaigle, à la rigueur, ils restent majoritairement sang-pur et de bonne famille… Voire Poufsouffle en dernier recours ! Y a de bons sorciers, à Poufsouffle, plutôt bien éduqués… Y a même eu un ministre ! Non, c'est de la merde, Poufsouffle. Dis-moi Serpentard. Rien d'autre que Serpentard. S'il te plaît Serpentard.

- Je suis désolé. Au moins, les trois sont dans la même maison… »

Le sourire d'Harry s'élargit.

« Gryffondor. »

Drago s'évanouit.