Chers lecteurs,
Enfin la fin de cette fic qui nous aura occupés un petit bout de temps, finalement !
Merci à Nictocris pour ses excellents conseils en blague, à vous pour vos commentaires et vos réactions que j'attendais toujours avec une impatience grandissante.
Instant autopromo (je fais mon autopublicité, oui. Faut bien, hein. J'ai pas assez de sous pour me payer des pubs youtube, c'est vraiment dommage) :
Si vous aimez les Drarry : vous aimez la niaiserie et le patin à glace ? Découvrez Leurs yeux se rencontrèrent. C'est très niais.
Si vous aimez les fics tranches de vie : lisez l'excellente fic (absolument non finie, et pourtant, c'est trop bien, je la force à continuer, elle s'y remettra, comptez sur moi) de Nictocris, 40 ans, toujours sorcier. C'est très drôle.
Si vous aimez mon humour de merde : allez découvrir l'enquête menée par Maugrey à Poudlard dans Mais qui a tué Severus Rogue ? C'est très con.
Fin de l'instant autopromo.
Je vous laisse donc sur cette fin et ne vous promets pas tout de suite une fic repos (j'ai une autre fic sur le clavier que je n'ai pas avancée depuis looooooooongtemps), mais sachez que j'ai déjà quelques idées.
Portez-vous bien, lisez des fanfics, à bientôt,
Al
« Potter…
- Salut, répondit Harry, encore endormi.
- C'est un grand jour, aujourd'hui. Lève-toi. »
Harry cligna des yeux, confus.
« Hein ? Qu'est-ce que…
- Aujourd'hui tu maries ta fille. »
Ah oui. Il avait oublié. En même temps, il avait une migraine calamiteuse qui lui martelait violemment le crâne : il n'avait plus ses trente ans. La murge qu'il s'était mise la veille avec Drago et les copains n'aidait pas non plus à avoir les idées claires.
Harry chaussa ses lunettes et observa l'homme de sa vie. Drago n'avait pas l'air plus frais une fois net.
« Je… J'ai mal au crâne !
- Weasley nous aura préparé sa potion anti-gueule de bois pour survivre à la journée qui s'annonce. Bouge.
- Aide-mouaaaaaa… » geignit Harry en tendant les mains.
Il se laissa tirer hors du lit par Drago qui grommelait. À 54 ans, Drago était toujours aussi sexy, en tout cas aux yeux d'Harry. De petites rides lui marquaient le coin des yeux, et Harry adorait cela. Drago, lui, achetait la même crème anti-rides que Ginny pour « cacher la misère ». Cela importait peu pour Harry : il adorait toujours autant Drago et ses lubies esthétiques.
Alors qu'Harry prenait sa douche, Drago râlait en s'appliquant de la gomina sur ce qui lui restait de cheveux :
« Non mais, tu te rends compte ? Je vieillis, c'est tout. Faut que je me fasse à l'idée, mais c'est affreux.
- J'y ai droit tous les matins, Drago. Je te rappelle que la calvitie est une preuve de bonne santé sexuelle. Tu peux pas changer de disque ?
- Je te parle pas de mes cheveux, mais de la demande en mariage d'hier, corrigea Drago.
- Ah oui c'est vrai. »
Quand ils étaient passés au manoir Malefoy la veille pour récupérer quelques affaires, Archimède leur avait donné une lettre qu'il conservait dans son nichoir depuis quelques mois (l'oiseau était suffisamment intelligent pour ne retrouver le chemin du Square Grimmaurd que pour les lettres importantes).
« Je croyais qu'à mon âge, je pouvais encore prétendre à de la première main, mais apparemment, ce n'est plus le cas…
- C'est pas parce que c'est la première fois qu'une veuve te demande en mariage que tu es vieux, le coupa Harry. C'est justement la preuve que tu es toujours aussi sexy malgré ton âge avancé. Et tu me redonneras son nom, s'il te plaît. »
Drago soupira lourdement en entendant le commentaire d'Harry. Le bavardage de Drago n'était qu'un paravent bruyant pour cacher ses appréhensions.
« Tu sais, c'est pas qu'on marie nos enfants que tu dois commencer à te croire vieux.
- J'ai passé la cinquantaine, avoua fatalement Drago. Je suis vieux.
- Oui. Mais tu as toujours été grincheux, c'est pas un si grand changement. »
Drago rangea son pot de gomina et tapota le miroir de sa baguette pour enlever la buée qui s'y tenait et s'y mirer comme il le fallait. Il reprit :
« Je ne peux pas être grincheux le jour du mariage de ta fille, tu m'en voudrais trop.
- Ni de ton fils.
- Ne m'en parle pas. »
OoO
« Dis-moi… T'as combien d'hectares, là ?
- Trois, répondit Drago en regardant rapidement son terrain qui s'étendait devant eux par la baie vitrée.
- Et combien d'elfes jardiniers ?, demanda Hermione, songeuse.
- Trois.
- C'est bien ce que je me disais. »
Ils se trouvaient au premier étage du manoir Malefoy. Les invités n'étaient pas encore arrivés et Hermione, dévouée à la tâche et réquisitionnée par sa nièce pour faire on ne sait quoi (sûrement cadrer Harry et Drago), était déjà sur place pour les préparatifs. Elle en profitait pour faire un tour de propriétaire.
« Non mais tu sais, depuis qu'on a acheté Wuthering Heights, j'ai de grands questionnements sur les parcs. Tu comprends, je n'ai jamais eu un domaine aussi grand à gérer.
- Vraiment, les problèmes des nouveaux riches…, soupira Drago, qui se régalait quand même d'avoir une parvenue à ses côtés qui pouvait comprendre ses problèmes de gosse de riche. Rappelle-moi combien d'hectares tu as ?
- Cinq.
- C'est pas une question de taille, les coupa Harry – il avait posé le vase monumental et laid qu'il trimballait pour les écouter, toujours friand de leurs joutes verbales.
- Un elfe par hectare, annonça Drago. C'est la base. Ça t'apprendra à vouloir lésiner.
- Moui, convint Hermione. Ça me paraît beaucoup.
- T'as qu'à pas les payer, ça te paraîtra moins. »
Hermione glapit :
« Drago ! J'ai une éthique !
- Tu mens à tes enfants, j'appelle pas ça de l'éthique.
- Je ne leur dis pas tout, nuance. Ils savent que j'écris : que ce soit des thèses ou des romans importe peu.
- C'est pas l'institut Flamel qui te permet de payer tes impôts et de ne pas être une femme entretenue.
- Je suis une femme entretenue : ça me va très bien de continuer à le faire croire. Et mes enfants n'ont pas à connaître l'identité de Mrs Davenport : elle a bien le droit de rester discrète.
- Tu souffres d'un dédoublement de la personnalité, Granger ?
- Écrire des livres pour enfants, ça fait partie de mon intimité.
- Pas quand on est mondialement connu.
- Je n'ai pas envie qu'on achète mes livres parce que je suis Hermione Weasley, ni qu'Albus me publie parce que je suis sa tante, continua sagement Hermione. Je veux qu'on achète mes livres parce qu'ils sont bons.
- À un moment, les informer que tu paies les études à rallonge de tes jumeaux dans une école privée avec les à-valoir de ton prochain bouquin, c'est nécessaire. Que tes fils sachent qu'ils ne font pas cracher son fric qu'à leur père et à ses multiples succursales.
- Ce n'est pas de ma faute si Ron touche plus que moi !
- Vous pourriez pas faire quelque chose, au lieu de discuter ?, les coupa Harry en soulevant le vase qui s'était vu entre temps chargé d'un tapis roulé.
- Potter, si tu utilisais la magie, tu n'aurais pas besoin de notre aide, cingla Drago.
- J'aime te voir suer à côté de moi, que veux-tu…
- Les gars… Je ne veux rien savoir. »
Ils redescendirent tous trois dans le hall d'entrée. Les elfes couraient de partout, affairés. Ron était aux cuisines pour superviser la préparation du dîner de mariage et la plupart des elfes étaient fous de bonheur à l'idée d'avoir leur chef cuisinier ultime avec eux. Le succès planétaire des livres de cuisine de Ron lui assurait non seulement une rente confortable et une franchise de restaurants un peu partout en Europe, mais surtout le fanatisme des elfes qui lui demandaient autographe sur recette.
« Où est Pickles ? J'espère qu'il n'est pas à la cuisine et qu'il se repose pour la journée qui vient… »
Drago était toujours un peu vexé quand Pickles parlait de Monsieur Ronald Weasley Première Toque d'or au Monde : il vivait mal le fait d'être détrôné dans le cœur de Pickles. L'elfe se faisait vraiment vieux et avait failli y passer quand Narcissa Malefoy était morte, sept ans auparavant. Depuis, Drago était très attentif à son domestique.
« S'il est en cuisine, t'inquiète, Ron doit lui fournir des remontants. »
Ron, pour faire plaisir à sa femme et d'après ses conseils (deuxième thèse d'Hermione : Alimentation des elfes, comment prendre soin d'une main-d'œuvre qu'on refuse de payer), avait créé une gamme de recettes destinées aux elfes de maison. Ils y trouvaient les nutriments dont ils avaient besoin et que la nourriture des sorciers ne leur fournissait pas. Hermione était encore plus fan de son mari (Harry était sûr et certain que c'était à ce moment-là qu'ils avaient eu l'idée de leur sixième enfant).
« Je déteste les matinées de mariage.
- Ça te rappelle de mauvais souvenirs, c'est tout. T'as toujours craint pour ta vie. Mais rassure-toi, c'est pas toi qui te maries, Pansy ne te fera rien. »
En soi, Harry, Hermione et Drago n'avaient pas grand-chose à faire, si ce n'est discuter, ce dont ils se réjouissaient grandement. Les elfes s'occupaient de tout et Ron supervisait les cuisines. Ginny et Greengrass devaient rejoindre directement Lily au Terrier, où elle avait dormi sa dernière nuit de fiancée. Quant à Rose et Albus, ils devaient certainement s'occuper de Scorpius au quatrième étage, dans ses appartements.
« Les témoins sont arrivés ?, demanda Harry. Il me semblait avoir vu passer Johanna.
- Johanna ? Je ne crois pas, répondit Hermione. La Patate est allé chercher James à l'aéroport, il doit être parti avec sa femme.
- Dire que mon fils épouse une Sang-mêlé alors qu'il aurait pu épouser Johanna Featherstone-Coconutcookie-Baker !, soupira Drago.
- Drago, je te rappelle que l'idylle Johanna/Scorpius a duré moins d'une semaine. J'ignorais que tu avais tellement projeté sur elle qu'elle allait te manquer. »
Hermione avait raison, bien sûr. Ça n'avait été une surprise pour personne quand Scorpius était sorti avec Johanna après lui avoir tourné autour pendant près de trois ans. Ça avait été encore moins surprenant quand Johanna avait rompu pour faire plaisir à Lily, selon une logique toute féminine qu'Harry ne comprenait pas même si Hermione avait essayé de la lui expliquer. Contre toute attente, Johanna s'était très rapidement consolée avec Matt Grimm et le couple convolait en justes noces depuis bientôt cinq ans sans une seule ombre au tableau.
« La Patate a tout réussi, commenta Drago. Un poste au Ministère, une femme sang-pur, des ASPIC brillants…
- C'est ça que j'ai oublié de faire !, le coupa Harry. Prévenir le Ministère ! »
Il lâcha Drago et Hermione et monta à la volière du manoir Malefoy pour aller récupérer un hibou. Il fallait prévenir Tony du retour de James. Depuis que Matt la Patate travaillait à la régulation des chaudières et du climat météorologique du trio Ministère/Sainte-Mangouste/Chemin de Traverse, personne n'avait à s'en plaindre, sauf quand James Potter revenait dans les parages, soit une fois par an. L'année précédente, il avait fait 40°C à Noël et le réveillon du Ministère, initialement intitulé « Winter is coming », s'était vu rebaptisé « Sea, surf & sun ». La Grosse Pêche et la Patate trouvaient toujours de quoi perturber les bulletins météo prévus et Johanna n'avait aucun pouvoir sur son mari quand James était avec lui : ils redevenaient tous deux de grands gamins et faisaient les pires bêtises (John Jones, fidèle au poste, avait eu une insolation pour le jour de l'an et ne leur avait toujours pas pardonné).
Harry chercha longtemps le hibou dont il avait besoin. Il laissa de côté Pantoufle, la chouette effraie de Lily, et Poustache, le hibou malgache de Scorpius. Il trouva enfin Archimède, endormi sur sa branche.
« Salut Arthritique. J'ai un petit service à te demander, et je suis sûr que Tony te donnera des gâteries ou une souris. »
Archimède claqua du bec. Harry était toujours étonné de le voir vivant : le vieux grand-duc avait désormais bientôt vingt ans et était toujours capable de porter du courrier, même si Drago et lui essayaient de ne pas lui faire parcourir de trop grandes distances. Harry soupçonnait Drago de refiler à Archimède des potions de rajeunissement en douce (il préférait largement cette option à celle de l'Animagus non déclaré sous son toit depuis quinze ans).
Alors qu'il lançait Archimède dans les airs, Albus entra dans la pièce.
« Papa ?
- Oui mon fils. » répondit Harry en se tournant vers lui.
Franchement, quelle réussite ! Albus était devenu un beau jeune homme qui ressemblait étrangement beaucoup à son père, sans fausse modestie. Il avait réussi ses études avec brio et travaillait dorénavant à Al'Book Potter, la maison d'édition qu'il avait créée, spécialisée dans les livres pour enfants et ceux de recettes de cuisine, qui prospérait joyeusement puisque, sans le savoir, il avait toujours l'exclusivité des livres de sa tante et qu'il faisait des signatures avec Ron suffisamment régulièrement pour avoir toujours des petits-fours à donner à ses clients. Harry était fier de voir ce qu'était devenu son fils, d'autant plus quand Albus avait décroché la coupe du monde de Bavboules en amateur, réussissant cet exploit de battre le record jusque là établi par Scorpius Malefoy.
Albus s'approcha de son père et grattouilla la tête de Poustache.
« Lily n'est pas au Terrier. Maman la cherche. »
Zut.
« Elle n'est pas au Terrier, tu dis ?
- Papa, ne me dis pas que tu es déjà sourd ! Mamie Molly dit qu'elle a fait une sorte de crise de panique et est allée se reposer dans sa chambre. Quand maman et Astoria sont arrivées, elle avait disparu. Elle a fugué. »
Mouais. Ça ne ressemblait pas trop au caractère de sa fille, prévoyante et assez stoïque pour supporter un mariage sans paniquer. Plutôt à une ruse de Serpentard destinée à se débarrasser des témoins gênants pour prendre la poudre d'escampette.
« Bon. Vous avez vérifié la cabane ?
- Scorpius y est allé.
- Et au Nagini ?
- Rose y est allée. Mais je ne pense pas qu'elle y soit. »
Sa fille ne se planquait habituellement qu'à deux endroits : la cabane dans le jardin du Terrier et le terrarium du sous-sol de sa boutique de serpents. Néanmoins, si Lily avait envie d'être tranquille, c'était encore trop prévisible de sa part. Harry réfléchit un court instant.
« J'ai une idée. Préviens Drago que je vais la chercher. »
Harry chercha dans la volière le vieux Nimbus 2001 que Drago lui laissait quand il voulait voler au dessus du Pays-de-Galles et s'envola avant que son fils ait eu le temps de dire « bavboule ».
Il connaissait suffisamment sa fille pour deviner où elle se trouvait. Quand il parvint à la limite du manoir Malefoy, il se posa et transplana directement dans le hall de Sainte-Mangouste.
« Bonjour Mr Potter, le salua la secrétaire de garde.
- Bonjour Betty ! Comment vont les enfants ?
- Très bien ! Mon petit dernier se remet d'une gastro. Mais vous n'étiez pas censé être à un mariage ?
- Si, je viens justement chercher la mariée. »
Harry passa les portes battantes, se glissa dans l'ascenseur et appuya sur le bouton du sous-sol. Quand les portes se rouvrirent, il se sentit immédiatement plus à son aise.
Lily avait aménagé le sous-sol de l'hôpital sorcier selon ses goûts. Autrement dit, des terrariums et des serpents en liberté parcouraient l'espace entre les caissons des morts et les organes plongés dans du formol. Des néons à la couleur adaptée à chaque espèce de serpent éclairaient l'immense salle où elle disséquait les cadavres. La chambre froide, derrière une grande porte blindée, était interdite aux reptiles, mais sur tout le tour des serpents étaient dessinés.
« Lily ? »
Harry avança et en profita pour saluer au passage les serpents qu'il reconnaissait pour les avoir vendus un jour à sa fille chérie. Quand il arriva devant la porte de son bureau, il fut surpris par ce qu'il découvrit : Lily, agenouillée devant un dossier, discutait avec Sédatif.
« Lily ? »
Elle releva les yeux et Harry tiqua : elle paraissait dévastée.
« Papa ! Que fais-tu ici ?
- C'est plutôt à toi qu'on devrait poser la question, répondit nonchalamment Harry. C'est toi qui te maries.
- C'est moi qui travaille ici.
- On ne travaille pas le samedi, chez les Potter. Encore moins quand on se marie dans trois heures. »
Il s'approcha d'elle et se laissa glisser à ses côtés. Immédiatement, Salopard, sûrement jaloux de l'attention que sa maîtresse portait à Sédatif, se glissa contre lui pour avoir lui aussi sa part de caresses :
« Bonjour mon beau. Tu vas bien ?
- L'humaine noue ses anneaux à l'autre humain, alors que Sédatif dénoue ceux de sa vie,siffla Salopard en s'entortillant contre Harry. Salopard est triste.
- Et Sédatif a du mal à siffler… Sédatif… est fatigué…»
Salopard devait son nom à la période rebelle de l'adolescence de Lily. Il s'accordait avec Salopette : après leur accouplement, la femelle avait pondu énormément d'œufs, pour le plus grand plaisir de Lily qui les avait tous adoptés. Mais si Lily pleurait, c'était parce qu'un de ses serpents adorés était si vieux qu'il n'arrivait même plus à s'enrouler autour de son poignet.
« Accroche-toi, Sédatif, répliqua Lily.Tu y arrives ? Allez, enroule-toi !»
Harry caressa les écailles de Sérotonine qui se glissa de l'épaule de Lily à la sienne. La couleuvre savait déjà que Sédatif n'en serait pas capable et elle siffla dans l'oreille d'Harry :
« L'ami Sédatif rend son dernier sifflement…
- Lily…
- Il fallait que je voie Sédatif, papa, renifla Lily. Il allait pas bien hier, et je lui ai promis de l'emmener !
- Oh Lily chérie…
- C'est peut-être la dernière fête qu'il pourra vivre ! »
Lily avait les larmes aux yeux et Harry sentit l'instinct de protection qu'il avait toujours eu pour elle refaire surface. Dans l'univers de sa fille, il y avait un classement assez simple : en premier venait Scorpius, puis sa famille, puis ses serpents. Si elle adorait autant son métier, c'était parce que personne ne venait emmerder un légiste dans son antre et qu'elle pouvait donc s'occuper de ses serpents sans être dérangée (au point qu'Hermione avait carrément installé son bureau provisoire chez sa nièce pour travailler au calme).
« C'est la vie des serpents ! Mais si tu l'emmènes avec toi, tu sais très bien qu'il ne survivra pas au transplanage et qu'il mourra encore plus vite. Tu dois le laisser tranquille ici, et il tiendra peut-être le coup. »
Harry essayait tant bien que mal de convaincre sa fille de revenir au Terrier sans serpent mais il savait que dans ces cas là, Lily n'écoutait qu'une seule personne, et ce n'était certainement pas lui.
« Papa, faut annuler ! Je peux pas… je… »
Et soudain Scorpius fut là et il serrait fort Lily contre lui en faisant bien attention de ne pas écraser le serpent enroulé autour d'elle. Elle se mit à sangloter contre son épaule et Harry se releva pour leur laisser un peu d'intimité. Il se sentit enfin serein à l'idée de laisser Lily épouser le fils Malefoy : il avait toujours eu l'impression d'être celui qui connaissait le mieux sa fille, sa Serpentard vicieuse et morbide, et pourtant Scorpius avait deviné où elle se trouvait en moins de vingt minutes. Il était digne de l'épouser.
« Lily, chuchotait Scorpius à l'oreille de sa fiancée, laisse Sabbat et Surdité s'occuper de Sédatif. Tu n'es pas un serpent, ma belle, même si je sais que c'est ton rêve le plus cher. Tu dois les laisser partir en paix, entre eux. Tout se passera bien, je te le promets. »
Harry quitta la morgue avec l'impression fugace que tout irait bien : Scorpius avait les choses en main. Lily se calmerait.
OoO
« Alors ? »
Harry nouait sa cravate en vérifiant la tête de son nœud. Comme il ne répondait pas, Drago soupira lourdement :
« Vas-y, laisse-moi faire.
- Tu fais toujours des nœuds plus solides que les miens, convint Harry.
- Quand je t'attrape par la queue pour te rouler un patin, j'aime bien que la cravate ne me reste pas entre les doigts, reconnut Drago en s'appliquant à faire le nœud. Alors ?
- Quoi ?
- T'en penses quoi ?
- De quoi ?
- Tu es désespérant. »
Drago l'embrassa rapidement et laissa Harry avec une envie d'en avoir plus.
« Allez. Réponds.
- De James qui ramène sa nouvelle copine inconnue au mariage de sa propre sœur, pour faire un esclandre à tous les coups ? Ou d'Albus qui nous prévient qu'il a rencontré un nouvel auteur qui lui plaît bien et qu'on aura bientôt un nouveau cœur brisé dans les parages qui voudra réparation en essayant par tous les moyens possibles de nuire à l'éditeur le plus en vu de Grande-Bretagne ? Ou de Lily qui pleure la mort de son serpent le jour de son mariage ?
- Tu es tellement autocentré… Je te parle de Weasley Nouvelle Génération qui s'est entichée de McMillan et qui va sûrement l'amener au mariage de sa cousine. »
Harry soupira :
« Je ne vois pas pourquoi je me permettrai de donner un avis sur les amours de Rose. Chaque année, elle tombe sous le charme d'un nouvel intello. Que ce soit son collègue de sortilèges n'est guère étonnant.
- Ça dure depuis un peu trop longtemps pour que ce soit honnête. »
Si Harry, à la longue, ne connaissait pas parfaitement Drago, il aurait pu croire à un fouteur de merde. En réalité, il savait que Drago voulait juste savoir avant tous les autres pour avoir le contrôle illusoire d'une situation qui échappait à toute compréhension. Ron avait déjà failli faire une attaque quand il avait appris l'identité du nouveau crush de sa fille et s'était déjà débrouillé pour encourager Albus et Scorpius à aller s'assurer qu'Ernie McMillan ne briserait pas le petit cœur de Rose et refuserait tout rapprochement physique entre lui et elle. En soi, tout le monde savait que c'était plus une relation intellectuelle entre les deux professeurs de Poudlard, mais on n'est jamais trop sûr, et Rose était toujours l'unique fille de Ron Weasley.
« Ernie vient aujourd'hui ?
- Je ne sais pas, répondit Drago qui connaissait par cœur la liste des invités. Mais il y a bien un +1 pour Rose.
- Zut. Et James ?
- Ne fais pas semblant de ne pas avoir retenu le problème de James. On en a parlé pendant deux semaines, et je penche toujours pour Louise Londubat. »
James avait prévenu son père qu'il lui présenterait sa nouvelle dulcinée au mariage de sa sœur mais il venait non accompagné. Sa Lady était donc, elle aussi, invitée au mariage. Drago et Harry avaient épluché les invitées sans cavalier pour essayer de deviner qui était la petite-amie de James et pour l'instant, cinq jeunes filles sortaient du lot : Harry n'avait rien tranché mais se marrait d'avance à l'idée que Miranda Featherstone-Coconutcookie-Baker, la sœur aînée de Johanna, soit la fiancée de James alors que Drago tenait mordicus à la fille de Neville et Luna Londubat, juste parce que Louise était encore plus lunaire que sa mère et que ça promettait des conversations de repas du dimanche absolument fantastiques.
« Ils arrivent quand ?
- L'avion de ton fils arrivait à 10h43. Ils ne devraient plus tarder. »
Harry soupira lourdement.
« Quoi ?
- Je sais pas, ça me fait bizarre… Je vieillis d'un coup.
- D'habitude, c'est moi qui fais ma crise.
- C'est la première que je marie !
- Ouais ben moi aussi.
- Toi c'est le seul, t'auras pas le temps de ruminer. Moi, à tous les coups, j'aurai bientôt celui de James et Lady dans les pattes.
- Albus est tout à fait capable de se marier sur un coup de tête. Je ne parierai pas trop sur James. »
Drago avait malheureusement raison : Albus était assez tête brûlée pour épouser une fille rencontrée la veille. Heureusement, Scorpius veillait au grain comme il veillait sur Rose. Scorpius veillait toujours au grain.
« C'est pas plus mal que t'aies pas prévu de te remarier non plus… »
Ce n'était ni une demande ni un reproche, bien sûr. Ça faisait belle lurette qu'Harry s'était fait à l'idée et qu'ils avaient arrêté de se disputer sur le sujet, mais il souffrait toujours du secret demandé par Drago. Ils s'aimaient, pas de problème, mais Harry aurait apprécié que le monde sorcier entier le sache officiellement, même si, depuis le temps, toutes les rumeurs sur eux avaient eu cours et qu'il était de bon ton de parler de Drago Malefoy comme du « bon ami » de Harry Potter.
« Et avec qui voudrais-tu que je me marie ? Mon cœur est déjà pris. »
Ce secret à garder aurait pu être un sujet de dispute entre eux, mais ils avaient réglé la question quand Lily était partie à Poudlard et qu'ils s'étaient officieusement installés ensemble : seule Pansy considérait que Drago vivait encore au manoir Malefoy, et c'était juste pour ne pas froisser l'amitié toujours mise en danger entre Drago et elle que personne ne faisait de réflexion sur son aveuglement volontaire. Sinon, tous leurs amis proches savaient ce qu'il en était réellement : ces trois dernières années, Drago n'avait dormi chez lui que cinq nuits. Mais tout de même, voir sa fille épouser l'homme qu'elle aimait et être incapable de vivre la même chose, c'était frustrant.
« J'aurais voulu…
- La vie est faite de frustrations. »
Drago s'approcha de lui.
« Potter… Je répondrai non aux avances de la veuve, tu le sais bien. Je veux du premier choix, donc toutes les meufs qui voudront de nouveau me draguer vont s'y casser le nez. Le mieux, ce serait encore que je demande Green-garce en mariage. Quoi ? »
Harry haussa les sourcils.
« Après toutes ces années, tu continues à m'étonner. Tu ne pourras jamais demander Astoria en mariage, t'as trop envie qu'elle épouse Seamus Finnigan en deuxièmes noces pour remporter ton pari face à Blaise.
- Je ne sais même pas pourquoi j'ai parié sur ça. Ils vont bien ensemble, certes, mais c'est pas une bonne idée du tout. Déjà qu'un Irlandais avec une Anglaise, ça pose problème, alors un Gryffondor avec un Serpentard, c'est contre nature.
- Sérieusement ? T'es encore dessus ? Après Parvati et Théodore ? Lily et Scorpius ? Toi et moi ?
- Le monde ne tourne pas rond, c'est moi qui te le dis. À tous les coups, ils ont suivi notre mauvais exemple… T'imagines ? On est responsable de la décadence conjugale de l'Angleterre tout entière. »
OoO
La cérémonie avait été un franc succès, les petits fours battaient leur plein (la ola qu'ils avaient fait quand les invités s'étaient précipités sur le cocktail avait eu un grand succès). Harry discutait avec Teddy et Victoire quand on lui frappa gentiment sur l'épaule.
Il se retourna pour tomber dans les bras de son fils.
« James ! »
Il serra dans ses bras son fils parti à l'autre bout du monde faire de l'alcool d'agave et revenu tout spécialement pour le mariage de sa sœur. Tout le monde savait que Lily n'aurait jamais pardonné à James de ne pas revenir expressément pour elle : les foudres de Lily valaient bien celles de sa mère, en encore plus vicelard.
« Alors ? Le Mexique ?
- C'est toujours aussi bien, si tu savais, répondit James en embrassant Teddy et Victoire.
- Je m'en doute. Tu as même trouvé l'amour au Mexique, si j'ai bien compris.
- Figure-toi qu'elle est Anglaise, papa ! »
James ramena contre lui une fille qu'Harry ne connaissait pas mais qu'il reconnut sans peine.
« Papa, Teddy, Victoire, je vous présente Diana Zabini, ma Lady. »
La jeune fille les salua gentiment : elle paraissait beaucoup plus aimable que sa mère. Harry entendait déjà la voix de crécelle de Pansy Zabini lui hurler dessus pour avoir laissé son fils rencontrer sa fille (comme si c'était sa faute).
« Ravi de faire ta connaissance, je connais bien tes parents. Vous vous êtes rencontrés comment ? » demanda-t-il, la gorge nouée.
Il savait par Blaise que l'ambiance n'était pas souvent au beau fixe chez les Zabini. Apparemment, Diana avait pris la tangente dès qu'elle l'avait pu parce qu'elle ne supportait pas les disputes et réconciliations incessantes de ses parents.
« Je faisais mon tour du monde après Poudlard et je suis arrivée au Mexique. J'ai réussi à trouver par une annonce dans le journal sorcier local une colocation, et j'ai rencontré votre fils.
- Elle m'en a fait voir de toutes les couleurs, avoua James.
- Vous… Vous êtes allés vous présenter à Blaise et Pansy ?
- Pas encore. Diana m'a dit de commencer par toi. »
Combien elle avait eu raison.
« Préviens ta mère d'abord. C'est la seule qui est capable de tenir tête à Pansy Zabini si ça s'envenime. »
James acquiesça, conscient de la pertinence de la réflexion paternelle.
« Vous passerez quelques jours au Square après le mariage ?
- Ouais. Si on est toujours vivants…
- Pansy ne vous tuera pas. Blaise ne le permettra pas.
- C'est pas Pansy qui me fait peur, nota James. C'est la réaction de Lily une fois que j'aurai prévenu Pansy. De toute façon, faut qu'on passe voir les Londubat : j'ai un problème avec une nouvelle recette. »
Harry acquiesça, la gorge toujours un peu nouée, même s'il avait refilé le bébé à son ex femme. Ginny était plus à même de s'occuper d'une Pansy en colère.
L'adolescence de James avait été compliquée à gérer et, s'il n'y avait pas eu la Patate avec lui, elle aurait été ingérable. James était responsable de la plupart des cheveux blancs de McGonagall (selon l'intéressée). Quand James était parti s'installer dans la hacienda de Luna au Mexique, Harry n'avait pas compris ce que recherchait son fils. Couper les ponts et quitter l'Angleterre lui avaient paru être un acte de rébellion infantile, pas une décision d'adulte. Néanmoins, il avait compris, la première fois où James était revenu, que son fils qui lui ressemblait tant voulait juste vivre sa vie, sans être oppressé par sa famille et la réputation de héros qui entourait le nom des Potter. James lui avait paru tellement plus adulte, plus abouti, plus mûr après seulement sept mois à l'étranger qu'Harry avait compris (avec l'aide de Ginny et d'Hermione, bien entendu) que son fils devait fuir son propre pays pour être lui-même. Depuis, père et fils avaient une relation cordiale, beaucoup plus apaisée : Harry consommait la tequila que son fils produisait et lui envoyait des livres par voie chouettale ; James enregistrait les meilleurs matchs de catch qu'il voyait et les envoyait à son père avec le commentaire potterien par dessus.
Harry était tout aussi fier de son aîné que de son cadet.
« Alors ? »
Harry sursauta et se tourna vers Drago.
« Tu m'as fait peur !
- T'en penses quoi ? James et Diana…
- Je ne connais pas Diana, et tu le sais.
- C'est une fille intelligente.
- Pour intéresser James, je n'en doute pas. Les Potter ont toujours bon goût.
- Je confirme. »
S'il n'y avait pas eu de public, Harry aurait embrassé Drago rien que pour cette remarque et ce clin d'œil honteusement sensuel.
« Ta fille te cherche.
- Pour ?
- Le discours du père de la mariée.
- Zut. J'ai oublié d'en écrire un. »
Drago soupira et lui tendit une lettre :
« Qu'est-ce que tu ferais sans moi, je me le demande…
- Quoi ?, s'étonna Harry. Tu m'as écrit un discours ?
- J'en ai écrit un pour mon fils, je pouvais bien faire le tien. Ça m'a pas pris tant de temps que ça. Le plus difficile, ça a été d'utiliser moins de trois cents mots de vocabulaire pour faire croire que c'était vraiment toi qui l'avais écrit. »
L'envie de l'embrasser disparut dans la seconde. Là, il avait juste envie de lui en retourner une.
« Va te faire foutre.
- Si c'est avec toi, avec grand plaisir. Mais là tout de suite, t'as un discours à déclamer. »
OoO
Il faisait sombre même si les elfes avaient allumé les torches qui entouraient la piste de danse. Hermione avait enchanté des lumignons qui flottaient autour des invités qui dansaient encore. Les abonnés à la tapisserie discutaient sur le côté. Minerva McGonagall, véhémente à propos des réductions de subvention du ministère, se fit couper la chique par Hugo qui l'invita à danser. Lily et Scorpius allaient saluer tous les invités sans se lâcher la main, James et Diana trinquaient, George et Angelina valsaient, Bill et Fleur dansaient un slow, Ron et Hermione avaient une discussion animée en tête à tête, plus amoureux que jamais. Rose faisait les yeux doux à son cavalier, un certain Pierre Dupond, un professeur qui enseignait à Beauxbâtons que Dominique lui avait présenté : il avait l'air légèrement plus jeune que McMillan, ce qui avait grandement rassuré Ron. Arthur et Molly étaient partis se coucher en embarquant les deux enfants de Victoire et Teddy qui profitaient du calme pour se rouler des galoches derrière un rideau comme deux grands adolescents. Astoria ne lâchait pas Seamus des yeux, Ginny, allongée dans les bras de Lee, sommeillait.
Que de couples. Ça aurait foutu le spleen à un célibataire.
Fort heureusement, Harry ne l'était pas.
Il se mit à la recherche de sa moitié. Il passa devant Percy et sa femme qui étudiaient la bibliothèque du manoir Malefoy désormais demeure de Scorpius et Lily, il laissa passer Matt et Johanna qui revenaient d'un buisson vu les feuilles dans les cheveux du témoin de Lily, il faillit percuter Charlie, éternel célibataire, et parvint enfin à la chambre de Drago.
La poignée de porte reconnut sa paume de main et le laissa entrer.
Harry avait vu juste : Drago était là. Adossé contre le montant de la fenêtre, il regardait la fête qui continuait dehors et, dans le calme de la chambre, il paraissait être un lord issu d'un autre siècle. Harry détailla le contour de sa silhouette qui se détachait sur le ciel nocturne et ressentit le plaisir familier qu'il avait à observer en douce son amant le faire frissonner. Ça avait toujours été Drago Malefoy, jamais un autre, Harry l'avait toujours su. Ça avait pris le temps mais il n'avait aucun regret. Et ce soir n'allait pas faire exception à tous les autres soirs depuis plus de quarante ans.
Il referma la porte et Drago l'entendit. Il se tourna vers lui.
« Salut…
- Potter. »
