Pitch Black
Prologue
Les eaux de la Mer du Nord avaient toujours eut quelque chose d'étrange.
Toujours calme, comme si aucune des créatures qui y demeuraient n'osaient perturber son silence, de sa sombre surface caressée par le vent à ses terrifiantes profondeurs.
Au travers de ses voyages solitaires elle avait découvert ces eaux et avait immédiatement apprécié la paix qu'elles lui offraient. Ici l'on pouvait flotter à sa surface sans être jamais vu d'aucune âme. Et pour elle qui avait l'habitude de vivre dans les ténèbres des profondeurs, se faire effleurer par la lumière du soleil était une grâce qu'elle chérissait.
Et la raison de sa solitude n'était pas loin, perchée sur un îlot de pierres acérées sous la forme d'une tour tombant en décripitude. Tout autour du bâtiment flottaient d'horribles silhouettes, squelettiques et habillées d'un manteau noir, sans visage, muettes et semblant danser un véritable ballet sur les hurlements et rires hystériques qui sortaient de la tour.
Même dans les profondeurs où elle cachait son visage des hommes et de leur désir, elle n'avait vu pareilles ténèbres. Elle connaissait la couleur d'une nuit sans étoile et d'un ciel sans lumières, l'obscurité d'une étendue sans aucune chaleur, mais jamais elle n'avait vu le noir du désespoir.
Ce lieu du désespoir, elle apprit son nom : Azkaban.
Pourtant elle n'eut pas envie de le fuir. Elle n'en eut pas envie parce que pour la première fois son coeur de pierre fut touché et confus devant tant de ténèbres. Alors elle resta, observant, la partie humaine de son corps offerte au vent, ses longs cheveux d'encre pressés contre sa peau pâle comme la lune, ses lèvres rouge pressées dans la confusion du spectacle pitoyable qui se jouait devant elle.
Cela lui prit quelques jours avant de s'approcher de la tour, nageant autour d'elle, touchant ses pierres du bout des doigts, et se dissimulant dans les eaux lorsque ses hideux gardiens s'approchaient trop. Les sombres créatures ne cherchaient jamais à lui causer des ennuis, comme si même leur vile nature avait assez d'un coeur pour être charmé par elle.
Doucement cela devint sa nouvelle routine, et elle avait fait un jeu de deviner ce que les êtres emprisonnés entre les murs de pierres disaient, ainsi que leur âge et leur sexe au travers de leurs cris devenus perçants par la folie.
C'est alors qu'elle l'entendit...Lui. Cette voix appartenait à un homme, un jeune homme. Et malgré qu'elle soit brisée, jamais elle n'avait entendu une voix aussi charmante. Il hurlait comme les autres, mais l'on pouvait distinctement entendre ses paroles qu'il répétait comme un mantra "Je suis innocent !"
Même lorsque sa voix semblait engloutit par la fatigue, même alors qu'elle était coupée par des sanglots étranglés ou usée par la rage, il répétait les mêmes mots chaque jour, et chaque jour elle venait pour l'écouter. Et puis, un jour, il arrêta de le dire et seuls ses hurlements résonnaient contre les pierres de la prison d'Azkaban. Et encore une fois elle resta, car ce n'était pas ces cris rendus perçants par la folie, mais des cris de rages, puissants comme le tonnerre qui secouait les eaux de la mer.
Elle finit par trouver l'endroit derrière lequel devait se trouver sa cellule, en bas à gauche de la tour, là où les pierres se faisaient fouettées par les vagues. Elle même ne savait pas ce qui la poussait à revenir, encore et encore, à s'arrêter devant ce mur et à se demander s'il était encore vivant ou même s'il n'était pas devenu fou comme les autres.
Le temps passa et les mois devinrent des années, mais toujours elle revenait aux pieds de la tour pour entendre la voix de l'homme qu'elle était venue à appeler son prisonnier.
Cette nuit n'était pas supposée être différente des autres.
Sous le ciel d'un noir d'encre, une sirène se tenait près des murs d'Azkaban. Cela faisait déjà six ans qu'elle venait ici, parfois simplement pour quelques minutes et d'autres fois pour quelques heures. Elle-même ne pensait pas changer ses habitudes de si tôt, mais une pierre le décida pour elle et pour l'ensemble du monde magique.
Il suffit cette fois d'une simple pression sur la même pierre qu'elle avait touché depuis 6 ans, une simple pression pour que cette pierre décrépite tombe dans les eaux de la mer du nord et pour que Sirius Black voit au travers du trou qu'elle avait laissé derrière elle le visage de la créature qui changerait sa vie pour toujours.
A suivre...
