— Raven ! Est-ce que ça va ? s'exclama Clarke en se hâtant de rejoindre la jeune femme, qui venait de lourdement tomber de l'échelle.
— Ça va… grimaça celle-ci en s'appuyant sur le bras tendu de Lexa qui s'était dépêchée elle aussi de se rapprocher de son amie. C'est juste cette satanée attelle… Mais promis, tout va bien.
Quelques semaines étaient passées et la Reyes avait déjà entrepris de placer les immenses panneaux d'acier récupérés dans l'Eligius autour de l'usine. Le rayon choisi pour les installer était assez important, permettant d'englober toute la structure préalablement existante en béton, mais également une très grande partie aux alentours. Cela leur donnerait par la suite l'opportunité d'ériger plusieurs bâtiments, de la taille de l'usine elle-même.
— Je vais me remettre au travail, déclara l'Hispanique après s'être époussetée.
— D'accord, mais fais attention… lui dit la blonde, tandis que Lexa acquiesça à ce que venait de dire sa compagne.
— Raven, commença d'ailleurs la brune tandis que la jeune femme remontait à l'échelle. J'ai demandé à ce que des fils fins en métal soient installés autour de vous pour que vous ne soyez pas pris par surprise par les marcheurs. Ce sera assez solide et s'ils forcent trop ils se feront couper.
— Bien reçu, Commandante !
Sur ces mots, Clarke et Lexa la laissèrent travailler, reprenant la direction de la Coalition.
— Est-ce que tu as eu des nouvelles de Victor ? s'enquit la Griffin, tandis qu'elles continuaient leur chemin main dans la main.
— Pas directement de lui… soupira-t-elle. Mais j'ai eu Marcus. Il semble bien s'adapter et se sentir bien au sein de l'Eligius. J'imagine que c'est l'essentiel pour le moment. On verra par la suite ce qu'il en sera, quand il reviendra ici.
— Ça ira, ne t'en fait pas, dit la blonde en resserrant légèrement sa prise sur la main de la jeune femme. Il finira par ne plus t'en vouloir.
— On parle de Victor, ricana la Trikru pourtant née dans ce monde. Il est rancunier et ne pardonne pas facilement.
— Lex'… dit doucement sa compagne, en la faisant s'arrêter dans le couloir pour la forcer à la regarder. Ça va s'arranger, il va se calmer. Et puis… je sais que ça ne va pas te plaire… Mais sincèrement, avec tout ce qu'il a fait, avec tout ce que toi tu lui as pardonné, s'il n'est pas capable d'en faire de même… Je pense que c'est qu'il ne te mérite pas et qu'il ne perçoit pas la personne plus qu'exceptionnelle que tu es.
Elles reprirent leurs chemins, s'arrêtant subitement quelques couloirs plus loin, surprise de voir la personne en face d'elles.
— Maman ?
La plus âgée des Griffin était face aux deux jeunes femmes, accompagnées de Niylah, et elles transportaient un large sac semblant assez lourd, même pour toutes les deux.
— Bonjour les filles, leur dit la plus vieille avec un grand sourire en faisant signe à son assistante de déposer ce qui ressemblait à une valise. On se rend à l'infirmerie ?
— Bonjour Abby, oui bien sûr, déclara la Commandante, allant récupérer le sac avec Niylah, avant de toutes les quatre se mettre en route. Qu'est-ce qu'il se passe ? Je ne savais pas que vous deviez revenir aujourd'hui, personne ne m'a prévenu.
— Nous n'avons pas contacté l'usine en partant, c'est pour ça, répondit la chirurgienne. Mais ne t'inquiète pas, Lexa, nous sommes venus avec un groupe pour nous protéger.
N'en disant pas plus, et les deux dirigeantes de la Coalition se doutant très fortement de ce qui amenait la mère de Clarke ici, elles ne posèrent aucune question avant d'atteindre l'infirmerie et d'être certaines que personne ne pourrait les entendre.
— Alors ? demanda la brune, d'un air détaché.
Elle était pleine d'espoir, mais ce dernier n'avait pas vraiment été très utile pour l'instant, ainsi elle préférait le taire pour le moment.
Sans rien annoncer, Abby alla ouvrir le sac sous leurs yeux, en sortant un sachet plus petit semblant contenir environ une vingtaine de fioles d'un liquide clair.
— C'est ce que je crois, Maman ?
— Je pense que nous sommes arrivés à quelque chose, oui, déclara la chirurgienne avec un sourire. Une sorte de vaccin, qui pourrait bien empêcher la transformation. C'est ce que j'espère, en tout cas. Mais nous ne le saurons que quand il aura été testé sur quelqu'un.
Lexa fit le tour de la salle, pensive, avant de s'arrêter l'une des fenêtres. Observant des enfants rire et jouer à l'extérieur, tandis que plus loin se trouvaient Raven, et son équipe, s'assurant que l'endroit serait à l'avenir encore mieux protégé.
— J'imagine qu'étant déjà une Natblida, je ne peux pas le tester directement sur moi ? demanda-t-elle, même si elle connaissait probablement d'avance la réponse.
— Je ne pense pas que ce soit efficace, effectivement, acquiesça la chirurgienne, perdant un peu son sourire, tandis que la brune se rapprocha, la regardant. Nous ne pourrons en voir son utilité seulement sur d'autres personnes.
— Donc ça veut dire qu'on va devoir l'injecter à quelqu'un ? Devoir trouver un cobaye ? Sans savoir si ça fonctionne ? Et surtout si ça ne sera pas dangereux ? questionna Clarke, se souvenant encore avec effroi de leur tentative de sauver tout le monde, avant Praimfaya en leur transmettant le sérum pour devenir un sang d'ébène.
— Oui, c'est le cas. À plusieurs individus même, pour voir comment il évolue dans le sang.
— Donc l'on va devoir forcer plusieurs personnes de notre Coalition à ingérer cette substance inconnue ? demanda la brune d'un air assez froid.
— C'est ça, répondit la chirurgienne en déglutissant, ne sachant pas comment réagir face à la manière dont venait de parler la dirigeante.
— Alors fait en sorte que la distribution soit en place, Abby, ajouta cette dernière sur le même ton. Plus rapidement ce sera fait, plus vite nous pourrons en voir les résultats. Et…
— Lexa ! Attend une minute ! la coupa sa compagne. Tu ne peux pas vraiment être d'avis de forcer tous les habitants à prendre ce vaccin ? On ne sait pas encore s'il fonctionne ! Ça pourrait ne pas être le cas, ou pire, causer des morts !
— Clarke… C'est pour ça que…
— Mais bien sûr ! Tu n'en as rien à faire ! coupa la jeune femme une nouvelle fois. Après tout, ça ne devrait pas m'étonner ! Tu es Heda!
— Clarke, tu…
— N'était-ce pas toi qui m'as un jour signifié qu'être un dirigeant, c'est de regarder ses guerriers dans les yeux, et de leur dire « va mourir pour moi » ?
— Klarke ! Em pleni ! déclara Lexa en haussant le ton avec une œillade noire en direction de sa compagne, ce qui la fit taire. Tu es certainement la mieux placée mis à part moi pour savoir que, dans certaines circonstances, des sacrifices doivent être faits pour le plus grand nombre.
— Lexa…
— Stop ! Teik ai chich op y chil yu au! «Laisse-moi parler et calme-toi».
Voyant que la blonde ne la couperait pas une nouvelle fois, elle reprit immédiatement la parole.
— Nous allons tester ce sur quoi a travaillé ta mère. C'est le seul espoir que nous avons à ce jour et depuis des années pour redonner un peu de normalité à ce monde. Je sais qu'il y a des risques, mais nous devons les prendre. Nous ne parlons pas d'une maladie qui finira par disparaitre après un faible pourcentage de décès dans notre population. Nous parlons d'un virus qui fait irrémédiablement des morts depuis de longues années, un virus dont chacun d'entre nous, dont chaque personne est porteuse, un virus qui crée un danger direct en faisant revenir les dépouilles pour attaquer les vivants.
La brune fit une pause, scrutant Clarke, mais aussi Abby et Niylah, pour être certaine qu'elles avaient conscience de ce qui se jouait en cet instant.
— Néanmoins, reprit-elle une fois que la gravité de la situation fut une nouvelle fois prise en compte, je ne désire pas obliger qui que ce soit à devenir un « cobaye ». Encore moins maintenant, alors que nous ne savons pas comment le mélange fonctionne. Nous allons devoir y penser, réfléchir à comment l'annoncer, mais ce qui est incontestable, c'est qu'il faudra demander à des volontaires.
Elle laissa encore un moment passer, avant de reprendre la parole en regardant sa compagne d'un air froid, une nouvelle fois.
— Si j'avais pu, j'aurais été la première à le tester. Parce que même si je dois doit pouvoir exiger de la part de mes guerriers d'aller mourir pour moi, mon devoir en tant qu'Heda est aussi de protéger mon peuple. Et je pensais que tu serais la première personne à le comprendre. Surtout après tout ce que l'on a traversé. À croire que je me suis trompée.
Ne voulant pas rester plus de temps dans cette pièce, ayant peur de ce qu'elle pourrait ajouter, la brune se dépêcha de sortir. N'apercevant pas qu'elle laissait derrière elle une Clarke bouche bée et profondément coupable et attristée.
Remarquant son air froid tandis qu'elle continuait son chemin, personne ne chercha à la ralentir et elle put atteindre assez rapidement le garage et monter dans son pick-up.
— Lexa ! entendit-elle tandis qu'elle mettait le contact, avant de voir Madi venir se placer du côté passager et fermer la porte derrière elle.
— Madi ? Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle en serrant légèrement la mâchoire.
— Toi, qu'est-ce que tu fais, plutôt ? Je crois qu'il n'y a pas une personne dans les alentours qui n'ait pas aperçu à quel point tu étais tendu. Je ne vais pas te laisser partir je ne sais où toute seule. C'est Clarke ? Vous vous êtes disputées ?
— D'accord, tu peux venir… Mais uniquement si tu fais attention… répondit la plus vieille avec un soupire, en se mettant en route. On va dire qu'elle a pensé quelque chose de moi qui n'étais pas vrai, et si je dois te dire la vérité ça m'a bien plus blessé que je n'aurais pu l'imaginer.
Les deux brunes firent une partie du chemin sans échanger un seul mot, avant que la plus jeune ne rompe le silence régnant dans l'habitacle.
— Tu sais que Clarke peut rapidement et facilement s'emporter. Je suis certaine que la dernière chose qu'elle voulait c'était te faire de la peine. Elle t'aime beaucoup trop pour ça.
— Depuis quand est-ce que tu analyses les situations avec autant de clarté ?
Lexa répondit au sourire de la Griffin, avec amusement, avant de continuer.
— J'ai conscience qu'elle ne souhaitait pas mal faire. Mais après ce qu'on vient d'apprendre, j'avais vraiment besoin de sortir de la Coalition, et peut-être de me défouler un peu, si je peux.
— C'est par rapport au remède ? demanda la jeune fille. Ne me regarde pas comme ça, je sais qu'Abby travaille dessus, et je pense que c'est peut-être la seule chose qui pourrait te mettre dans cet état.
La Commandante se contenta d'acquiescer, avant d'arrêter la voiture quelques kilomètres plus loin en apercevant un groupe assez conséquent de marcheurs. S'équipant rapidement de son épée, son pistolet à la taille accompagné d'un poignard, Lexa sortis du véhicule pour se diriger vers eux.
— Tu fais attention, d'accord ? ordonna-t-elle à Madi, remarquant la plus jeune en faire de même.
Les rodeurs avancèrent vers elles, toutes les deux commençant à les mettre à terre petit à petit. Mais il y en avait plus du côté de la plus âgée.
— Madi ! Derrière toi ! s'exclama cette dernière, aux prises avec trois cadavres, en apercevant un à seulement quelques pas de la petite brune.
Celle-ci retira son épée du crâne qu'elle venait de violemment transpercer, avant de se retourner rapidement vers le nouveau venu.
Mais à son grand étonnement, celui-ci passa sans s'arrêter, prenant la direction de la chef de la Coalition. Comme s'il ne l'avait pas vu.
Secouant la tête en se disant qu'elle devait avoir rêvé, elle se hâta vers Lexa qui en avait plusieurs autour d'elle. Mais la plus petite put encore une fois remarquer qu'aucun des morts ne faisait attention à elle, préférant se concentrer sur l'autre brune.
— Eh, les affreux ! Venez ici ! se mit-elle à hurler pour les faire approcher d'elle, tout en se plaçant dans leur ligne de vue.
La jeune fille continua entre un moment, mais même s'ils la regardèrent rapidement cela n'eut aucun effet.
— Madi ! Qu'est-ce que tu fais ? s'indigna la plus vieille. Arrête, tu vas en attirer d'autres !
Décidant de cesser de s'époumoner pour rien à ce qu'il semblait, la Louwoda Kliron Kru alla aider Lexa à envoyer les rôdeurs à terre.
— Qu'est-ce qu'il t'a pris ? demanda la Commandante en essuyant le sang présent sur son front, avant d'en faire de même avec son épée.
— Je ne sais pas si tu vas me croire, mais j'avais l'impression que quoi que je fasse, ils avançaient seulement vers toi. Il y en a un qui est carrément passé à côté de moi sans me regarder ni rien faire.
Haussant un sourcil, la plus âgée se rapprocha d'elle, l'observant attentivement sous toutes les coutures.
— Pourtant tu n'as pas assez de leur sang sur toi pour que cela vienne de ça. À moins que…
La plus vieille se tut, semblant avoir une illumination, plissant les yeux.
— Tu penses à la même chose que moi ? demanda la plus jeune.
— Je crois, répondit la Trikru en la scrutant, avant de détourner le regard légèrement plus loin. En voilà un qui approche, on va bien voir. Tiens-toi prête au cas ou, et fais un peu de bruit pour l'attirer.
Toutes les deux reprirent leurs armes, la Commandante se reculant un peu plus vers le pick-up, pas trop loin de Madi, mais pas directement dans le champ de vision du nouvel arrivant.
Elles observèrent le marcheur s'avancer vers la plus jeune quand cette dernière cria en sa direction. Et avec surprise, mais s'y attendant, les deux femmes remarquèrent également qu'il le regarda, mais se contenta de passer à côté tranquillement comme si elle n'était pas là.
Mais lorsque Lexa l'attira en sifflant bruyamment, il n'en fut pas de même. Le cadavre mobile commença à claquer ses mâchoires et s'orienter dangereusement vers elle.
— Lexa ! Ne le laisse pas te mordre ! s'exclama la Griffin, s'inquiétant de ne pas voir l'autre brune bouger plus que ça alors qu'il était très, trop, proche.
Cette dernière soupira et avec un coup puissant de son épée, la Commandante trancha la tête du rodeur qui tomba à un mètre d'elle.
— Mais ça va pas ! s'écria la Louwoda Kliron Kru qui était maintenant à ses côtés, avec indignation. C'est pas parce que tu te t'engueules avec Clarke que tu dois essayer de te faire tuer !
— Ce n'est pas pour ça, Madi. Ne t'en fais pas, répondit-elle en s'agenouillant avec précaution devant le cadavre dont les mâchoires claquaient avec encore autant de force.
— Mais qu'est-ce que tu…
Celle qui était née dans ce monde avait dans un premier temps tendu la main vers la bouche, décidant finalement de ne pas le faire. Changeant d'approche, elle sortit son poignard, avant de le mettre dans la gueule du macchabée, mais sans pour autant le tuer.
— Lexa ! Tu joues à quoi !?
— Une seconde, Madi, déclara-t-elle en regardant avec attention son couteau taper contre les dents de l'infecté, avant de le récupérer après un petit moment.
— Tu vas m'expliquer, maintenant ? demanda la plus jeune avec colère, transperçant la tête à l'aide de son épée.
— Vu ce qui vient de se passer, on peut en décréter que le fait d'avoir été mordu te rend à présent presque invisible pour eux.
— Et tu voulais tester ta théorie en te laissant mordre ?! Il aurait pu t'arracher le cou ! J'ai eu de la chance d'avoir été à peine mordue !
— Oui, je sais. C'est pour ça que je ne l'ai pas laissé faire. Mais de ce que j'ai pu voir, je ne pense pas que ce soit réellement la morsure qui conduit à la mort et à la transformation, répondit-elle sans lâcher son poignard du regard. À mon avis c'est plutôt leur bave, au contact de notre sang.
— Ne me dis pas que…
Mais avant que Madi ne puisse dire ou faire quoi que ce soit de plus, Lexa venait de s'entailler une partie du bras avec la lame qui était justement il y a quelques instants dans la bouche du cadavre. Assez profondément pour que le liquide noir afflue rapidement.
— Lexa ! Mais ça va pas ! s'écria une nouvelle fois la plus jeune. Tu n'es pas certaine que ça fonctionne sur toi aussi ! J'ai peut-être seulement eu beaucoup de chance ! Tu ne peux pas faire ça ! Ce n'était peut-être qu'un coup de chance !
— Et je vais le tenter, Madi. Parce que si ça marche et que je deviens intouchable pour eux, je pourrais faire encore bien plus pour notre peuple qu'actuellement.
— Comme si tu n'en faisant pas déjà assez… marmonna avec hargne la plus jeune, en se dirigeant vers la voiture.
Le trajet de retour se fit dans le plus grand silence, la plus âgée complètement sereine, mais la Griffin totalement paniquée et surtout très en colère contre l'autre brune.
— Si tu peux éviter d'en parler à ta mère… J'aimerais le faire moi-même, déclara Lexa une fois de retour à l'usine et leur véhicule garé.
La jeune fille ne lui répondit pas, se contentant de sortir en claquant violemment la porte. La Commandante soupira longuement en la regardant s'éloigner, avant de pincer l'arête de son nez entre deux doigts.
Quand elle releva la tête, Clarke était là, se tenant de l'autre côté du pick-up, avec un air légèrement inquiet, l'attendant. Alors Lexa ouvrit la portière conducteur avant de descendre.
— Je suis désolée ! Excuse-moi ! s'écria la blonde en venant se jeter dans ses bras. Je n'aurais pas dû te dire ça comme ça. Je n'aurais pas dû te le lancer en plein visage, surtout pas de cette manière ! J'ai complètement surréagi et…
— Tout va bien, Clarke, répondit-elle avec calme en déposant un baiser sur le front de cette dernière. Je comprends, ne t'en fais pas. Et nous étions à bout de nerfs toutes les deux, autant toi que moi.
Les deux jeunes femmes restèrent devant le pick-up un petit moment, ne se détachant pas.
— Qu'est-ce qui t'est arrivé ? s'inquiéta la Griffin en apercevant le sang sur le bras de la brune. Viens, il faut qu'on te désinfecte ça.
— Non ! Surtout pas ! Et n'y touche pas. Mais suis moi, allons à la maison, je dois te dire quelque chose, ajouta-t-elle en voyant l'air plus que surpris de sa compagne.
— D'accord… Moi aussi de toute façon.
Elles prirent le chemin vers leur lieu de vie en silence, y arrivant assez rapidement.
— Qu'est-ce que tu voulais me dire ? demanda Lexa, espérant repousser pour quelques instants encore l'explication de sa blessure et la dispute qui allait sans aucun le moindre doute en résulter.
— Pendant que tu n'étais pas ici, Niylah a subi la première injection. Tout s'est bien passé, ajouta-t-elle en voyant la brune commencer à s'inquiéter. Elle s'est portée volontaire et ma mère la surveille étroitement, Althéa y est aussi. Elle tenait vraiment à le faire, elle a voulu profiter que tu ne sois pas là, avant que tu ne cherches potentiellement à l'en empêcher. Et en même temps, la rumeur que nous aurions trouvé un remède s'est répandue. Nous avons déjà quelques personnes qui se sont portées volontaires, même en sachant que c'est plus qu'expérimental pour le moment.
— C'est une bonne chose, déclara finalement la Commandante en gardant le plus grand calme, étonnant sa compagne. Assieds-toi, j'ai quelque chose à te dire également.
— Lexa… Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda la blonde en restant debout.
— J'imagine que plus vite je te le dirais, mieux ce sera… Nous sommes sorties avec Madi, comme tu l'as vu. Et il s'est passé quelque chose. Non, ne t'inquiète pas, elle va très bien. Mais il semble que les marcheurs ne la prennent plus pour cible, certainement puisqu'elle a déjà été mordue.
— Tu veux dire, comme si elle était devenue invisible pour eux ?
— En quelque sorte, oui. Du coup, j'ai décidé de voir si c'était simplement un coup de chance ou si c'est en rapport avec le fait qu'elle soit une Natblida.
— Lexa, qu'est-ce que tu as fait ? demanda immédiatement la Griffin avec un air noir, mais également inquiète.
C'était le moment de tout dire et la Commandante doutait très fortement que la jeune femme le prenne bien, encore moins qu'elle reste calme.
— C'est leur bave qui provoque la transformation. Alors j'en ai enduit mon poignard et je me suis coupé, dit-elle finalement en montrant la blessure.
Clarke la regarda sans rien dire. Peut-être la brune s'était-elle trompée et que la blonde avait également foi en cette théorie. Mais avant qu'elle ne puisse faire quoi que ce soit d'autre, une violente gifle vint s'écraser sur la joue de la Commandante.
— Tu es complètement malade ! Pourquoi tu as fait ça Lexa ? On ne sait même pas comment ton organisme va y réagir !
— Si ça marche, je pourrais faire plus pour notre peuple, Clarke, répéta-t-elle ce qu'elle avait déjà dit à la plus jeune des Griffin, dans le plus grand calme. Si Madi s'en est sortie sans rien, ça…
— Arrête ! On n'en sait rien du tout, ça ! Et je te rappelle que le cœur de Madi s'est arrêté, il aurait pu ne jamais repartir !
— Clarke, calme-toi, tout ira bien, dit document la brune en essayant de lui prendre les mains.
— Ça non plus nous n'en savons rien, Lexa ! hurla la jeune femme en reculant, dans une colère noire.
Le dos de la blonde cogna dans le mur, et elle laissa échapper des sanglots.
— Si je te perds encore une fois… Je t'ai perdu une fois, j'ai cru te perdre une autre, et tu fais ça…
— Ai Niron… Tout ira bien, je te le promets, dit-elle en venant la prendre dans ses bras pour la serrer contre elle.
— Non ! Ne fais pas ça… Ne me promets pas quelque chose dont tu n'as aucune certitude… Pourquoi Lexa ? Pourquoi tu as fait ça ? Est-ce que ce qu'on a ne te suffit pas ? Est-ce que je ne te suffis pas ? demanda-t-elle finalement, sa voix se brisant à la vie de sa question.
— Clarke, regarde-moi, dit la brune en se reculant légèrement, même si elle garda fermement la blonde dans ses bras.
— Cela n'a rien à voir avec toi, reprit la Commandante une fois que les yeux bleus furent encrés dans les orbes verts. Je peux te le promettre, et ça, j'en suis parfaitement certaine. Mais je veux pouvoir faire plus, surtout maintenant que l'on doit demander aux habitants de tester le vaccin de ta mère. Mais, mon instinct me dit vraiment que tout se passera bien. Je le sens. Au plus profond de moi.
— J'espère… répondit Clarke, la gorge serrée et les yeux encore pleins de larmes.
— Je vais aller à l'infirmerie et demander à Althéa d'être là, juste au cas où. Repose-toi et viens me voir demain matin si tu veux.
— Absolument pas ! Je viens avec toi, déclara la blonde en essuyant de ses yeux les dernières traces de larmes.
— Très bien, on y va alors, acquiesça Lexa en prenant la direction de l'endroit avec sa compagne.
Quand elles y arrivèrent, la Commandante dû expliquer une nouvelle fois ce qui était arrivé et s'installa dans l'un des lits, Clarke se positionnant le plus proche possible d'elle.
La fièvre vint bien plus vite chez la brune que cela n'avait été le cas avec Madi. Elle était aussi beaucoup plus fatiguée que ne l'avait été la jeune fille, et plus vite. Mais elle tenait bon et observa avec attention Abby réaliser un prélèvement de sang sur Niylah, qui avait subi l'injection du sérum créée par la plus vieille.
— Tout me semble bon, déclara la chirurgienne en observant avec attention le sang de la Native. Tu n'as aucune douleur particulière ou quoi que ce soit ?
— Non, répondit la Trikru. Tout va bien, complètement normal.
— Bien, parfait. Lexa, il ne semble pas y avoir un quelconque changement dans le sang de Niylah, dit la plus vieille Griffin en s'approchant d'elle comme la brune lui avait demandé, pour lui montrer la seringue.
La jeune femme aux yeux verts acquiesça avec difficulté, tandis qu'elle se passa une main sur son front plein de sueur. Clarke, qui ne l'avait pas lâché une seule seconde depuis qu'elles étaient là, récupéra un gant qu'elle plongea dans de l'eau froide, avant de venir le déposer délicatement pour rafraichir sa compagne.
— Maman… L'état de Lexa ne s'arrange pas, j'ai même l'impression que c'est le contraire… s'inquiéta un peu plus la fille d'Abby.
— Je sais… Mais il n'y a rien que je puisse faire pour l'aider. Il va seulement falloir attendre de voir comment cela évolue. Une injection du sérum ne sera pas utile, puisqu'il vient directement du Nightblood et que Lexa l'a de toute façon déjà dans ses veines.
— Alors nous ne pouvons rien faire, mis à part attendre ? demanda la blonde, avec un mélange de frustration, de colère, mais plus que tout d'inquiétude.
— Ça va aller, ai Niron, dit la Commandante, d'une voix pourtant fatiguée.
Le temps passa et l'état de cette dernière ne fit qu'empirer toujours un peu plus. Malgré tout, elle avait formellement interdit à quiconque de venir, même à ses amis. Seules Althéa et Niylah étaient là, avec Clarke, Abby et June.
La brune allait s'en sortir, elle en était sûre. Il n'était aucunement nécessaire à qui que ce soit de lui faire des adieux. C'était une certitude pour elle.
Becca Pramheda elle-même lui avait assuré que ce serait certainement le cas, lorsqu'elle lui avait parlé dans la Flamme.
Alors elle laissa le temps passer, essayant de rassurer Clarke du mieux qu'elle le pût, autant que ce fut possible. Mais son état ne cessa d'empirer, sa respiration se faisant de plus en plus courte.
Et soudainement, les machines qu'Abby avait connectées à la jeune femme se mirent à biper dans tous les sens.
— Maman ! Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda la blonde avec inquiétude en se levant.
— Elle est en tachycardie, répondit celle-ci avec calme en commençant à s'affairer autour de la jeune femme. June, j'ai besoin d'une dose de bêtabloquants tout de suite. Lexa, je sais que c'est compliqué, mais essaie le plus possible de te détendre. Ton cœur bat beaucoup trop vite, il faut qu'on essaie de le ralentir. Tu risques de perdre connaissance et de ne pas te réveiller sinon.
— Lexa ! s'exclama Clarke en voyant qu'en effet la brune venait de perdre connaissance. Bon Dieu… Maman, elle est déjà à 200 battements par minute.
— Je sais, répondit-elle tandis que June arriva en lui tendant une seringue remplie, sur laquelle elle appuya légèrement avant de l'injecter à sa patiente. C'est pour ça que je passe directement aux bêtabloquants et que je n'utilise pas d'adénosine.
Elles attendirent quelques instants avec appréhension, pour voir les résultats de l'injection. Le rythme cardiaque de Lexa n'augmenta pas plus, mais il ne ralentit pas non plus.
— Pour le moment, on ne peut rien faire d'autre, vu les circonstances, déclara Abby.
— Tu rigoles là ? s'étrangla sa fille. Si l'on ne fait rien…
Sa voix s'était serrée l'empêchant de finir sa phrase, mais toutes avaient bien compris ce qu'elle voulait dire. Abby la regarda rapidement d'un air triste, avant de se reconcentrer sur la Commandante.
Alors elles attendirent, Clarke tenant fermement la main de sa compagne qui n'avait toujours pas repris connaissance. Son état ne sembla pas s'améliorer, même s'il n'empira pas.
Puis alors que le cœur de Lexa battait toujours à 200 pulsations par minutes, il redescendit subitement à un nombre bien plus normal. Et la jeune femme reprit presque instantanément connaissance, sa respiration se calmant peu à peu.
— Lexa ? Ça va ? lui demanda la blonde, ne sachant pas encore comment réagir.
— Je crois que je vais bien, oui, répondit-elle en se redressant.
— Ne bouge pas ! lui ordonna vivement Abby en se rapprochant pour la plaquer doucement au lit. Avec tout ce qui vient de se passer, tu ne sors pas d'ici avant que je n'aie réalisé un check-up complet.
Toutes restèrent silencieuses pendant que la chirurgienne vérifia soigneusement l'état de la brune.
— Tout me semble aller parfaitement, déclara la plus vieille quelques minutes plus tard. Tu n'as plus du tout de fièvre et ton rythme cardiaque est redevenu tout à fait normal. De plus, la coupure a totalement dégonflé, comme c'était le cas de la morsure de Madi.
— Super ! Ça veut dire que je peux y aller ? demanda la brune.
— Si je te dis que non, tu le feras tout de même, alors oui… soupira Abby. Je sais que ma fille veillera sur toi.
Cette dernière acquiesça, n'ayant toujours pas dit un seul mot depuis la reprise de conscience de Lexa. Alors elles se mirent en direction de leur chambre.
Quand la brune fut installée dans le lit, sous l'ordre que lui avait donné la chirurgienne avant de la laisser partir, Clarke ouvrit la bouche.
— Ne me refais plus jamais ça, Lexa, dit-elle d'une voix ferme, mais pourtant légèrement tremblotante en regardant fixement sa compagne.
— Promis, répondit-elle en lui faisant signe de venir contre elle.
Mais peu importe à quel point la blonde pouvait lui en vouloir, elle avait surtout été terrifiée de perdre, une nouvelle fois, la jeune femme. Et la Commandante avait également conscience de la peur qu'elle avait engendrée chez sa compagne. Alors elles s'endormirent le plus collé possible.
Le lendemain, Lexa se réveilla en pleine forme, comme si rien ne s'était passé. Pour seule preuve, la cicatrice de la coupure sur son avant-bras.
— Clarke, je te préviens avant d'y aller, commença la brune en s'habillant. Je vais aller voir si ça a fonctionné.
— D'accord, mais je viens et je vais demander à d'autres de venir au cas où ce serait nécessaire, répondit la blonde sur un ton ne laissant place à aucune objection de la part de sa compagne.
C'est ainsi qu'elles quittèrent l'usine, escortées par Bellamy qui avait absolument tenu à venir, Écho, ainsi que d'autres gardes de la Coalition. Madi les avait également rejoints. Après quelques minutes de marches, ils étaient tombés sur quelques rodeurs.
La Commandante leur donna comme ordre de rester à bonne distance pour l'instant. Ainsi, Madi et elles s'avancèrent vers eux, sous l'œil inquiet de la blonde, un peu plus loin, mais prête à intervenir à n'importe quel moment.
— Tu es sûre de vouloir faire ça ? demanda la plus jeune, tandis qu'elles continuaient toutes les deux d'avancer.
— Absolument. Je sais que ça va marcher, ne t'inquiète pas, lui sourit Lexa.
Maintenant proche des morts, pour l'instant aucun d'eux ne s'était retourné. Alors la plus vieille siffla bruyamment pour attirer leur attention. Ils les regardèrent, mais se détournèrent rapidement d'elles.
— Ça a marché parfaitement !
— Encore heureux pour toi, ricana Madi. Si ça n'avait pas été le cas, je crois que Clarke t'aurait tué elle-même pour le risque inutile que tu aurais pris.
— On ne saura jamais ! répondit-elle de la même manière. On les descend tous ? Ça en fera quelques-uns en moins.
La jeune fille acquiesçant, Lexa fit signe au groupe de ne pas intervenir et que tout allait bien. Puis elles sortirent leurs épées et n'en firent qu'une bouchée, très rapidement.
— Sincèrement, c'était même trop facile, déclara la Commandante tandis qu'elles prenaient le chemin inverse. Il n'y avait absolument plus aucune résistance.
— Ne dis pas ça devant Clarke, s'il te plaît…
Je suis VRAIMENT désolée pour mon délai de publication... Entre un déménagement et un changement de boulot, je n'ai eu ni le temps ni vraiment la motivation ces derniers temps...
Mais je suis à un chapitre et un épilogue de finir cette histoire, alors pas d'inquiétude ! Et si je me débrouille bien, ça ne devrait pas tarder.
