A/N : Bonjour tout le monde ! Je sais que j'ai pas mal d'autres fics en cours mais j'avais cette histoire qui ne voulait pas me lâcher, donc bien sûr j'ai fait la seule chose raisonnable, je l'ai écrite ;) Pour résumer les choses, je suis partie de principe suivant : "Et si Voldemort avait découvert la connexion le reliant à Harry quand celui-ci avait quatre ans ?", ce qui donnera dans la suite de la fic un univers alternatif avec un Harry assez sombre, Slytherin (oui j'utilise les termes anglais. Je mettrais un petit lexique à chaque chapitre quand ce sera nécessaire). Le tout deviendra probablement un slash dans la suite, mais pour l'instant vous pouvez lire sans crainte.

Disclaimer : Harry Potter et cie appartiennent à leur Auteur, éditeur et maison de production. Donc pas à moi. Ce qui signifie évidemment que je negagne pas d'argent avec eux.Même si je dirais pas non ...

"italique" : rêve.


Chapitre 1 : Dreams

L'enfant ne devait pas avoir plus de quatre ans. Assis dehors à côté de la porte de la cuisine, il astiquait de l'argenterie avec un chiffon doux. Ses yeux verts étaient plissés par la concentration sous ses mèches désordonnées d'un noir de jais.

Il portait des vêtements trop larges, visiblement usés, qui le faisaient paraître plus petit et plus maigre qu'il en l'était réellement. De temps en temps, il reposait délicatement son travail après un coup d'œil craintif dirigé vers la cuisine, fléchissait les doigts puis se remettait à l'ouvrage.

Le soleil se rapprochait de l'horizon quand la porte s'ouvrit finalement pour laisser place à une mince jeune femme blonde, toute en angles et chevaline. L'enfant lui présenta son travail d'un air anxieux.

« C'est bon » dit-elle d'un ton sec. « File à l'intérieur et laves-toi les mains. Et n'approche surtout pas de mon Dudlinet chéri ! »

Il ne se le fit pas répéter deux fois. Prestement, il se releva et disparut à l'intérieur. Il grimpa légèrement les escaliers, ignorant le bruit venant du salon où un poste de télévision récent laisser échapper les bruitages d'un dessin animé. Au-dessus du bruit du poste, pourtant élevé, on entendait les cris d'un autre jeune enfant qui piquait une colère. La jeune femme vint aussitôt s'enquérir du trouble de son Dudley-chou adoré.

Le premier garçon observa cette scène du haut de l'escalier. Son regard triste se fixa quelques instants sur la porte du salon, puis avec un léger soupir il reprit sa marche vers la salle de bain. Il plaça un tabouret devant l'évier, grimpa dessus et entreprit de laver ses mains du produit qu'il avait utilisé tout l'après-midi. Après avoir fermé le robinet, il releva le regard et croisa celui de son reflet. Il tendit la main vers la glace et chuchota en articulant :

« Bonjour, je m'appelle Harry Potter. Tu veux bien être mon ami ? »

Le miroir ne répondit rien. La main retomba mollement. Le chuchotement revint, presque inaudible.

« Tu as un Papa et une Maman ? Moi non. Tante Pétunia dit qu'ils sont morts. C'est quoi, mort ? Pourquoi ils m'ont laissé ici avec Oncle Vernon et Tante Pétunia et mon cousin Dudley ? Oncle Vernon a dit que j'aurais du être mort avec eux. Qu'il voulait pas une aber.. abo… a-ber-ra-tion comme moi dans sa maison. Pourquoi ils me veulent pas ? » Il se tut et le miroir lui renvoya son silence.

Harry redescendit du tabouret, s'essuya les mains puis le remit à sa place. Il se dépêcha de descendre, s'il était en retard au dîner Oncle Vernon pouvait l'envoyer se coucher sans manger.

A peine entrée dans la cuisine, Pétunia se plaça devant lui, une cuillère en bois à la main.

« Fais voir tes mains ! »

Il les montra. Elle les examina scrupuleusement, mais elles étaient propres.

« Va t'asseoir ! Et ne parles pas à table ! » Il obéit et aller se percher sur sa chaise. Dudley était déjà installé et grignotait une barre chocolatée. Pour une fois il ne disait rien, mais Harry n'était pas tranquille devant les regards moqueurs lancés par son cousin qui faisait aisément trois voir quatre fois son poids.

Vernon entra, exprimant d'une voix retentissante sa satisfaction d'être revenu chez lui et de retrouver sa femme, son fils et le réconfort d'une maison normale. Puis son regard tomba sur Harry et il grimaça. Il s'assit, la chaise grinçant sous son important surcroît pondéral et demanda à Pétunia comment s'était passée sa journée. Elle répondit tandis qu'elle mettait les plats sur la table et que lui triturait sa moustache avec contentement. Harry dut attendre que les Dursley se soient largement servis avant de prendre sa part, ce qui ne lui laissa pas grand chose à manger, comme à chaque repas. Il avait l'habitude, il ne dit rien. Au moins de cette façon il était certain qu'il ne serait jamais aussi gros que son porcelet de cousin.

A la fin du repas, Vernon et Pétunia s'extasièrent à nouveau sur Dudley qui s'empiffrait à pleines mains de flan. Harry resta assis en silence, sans bouger. Il n'avait pas eu droit au dessert sous prétexte que le Dudlinet chéri à sa Maman aurait pu être privé d'une bonne nourriture l'aidant à grandir. Hélas, Vernon se rappela finalement qu'il existait.

« Hé bien mon garçon, tu n'as rien de mieux à faire que de bayer aux corneilles ? Regarde-moi ces yeux vides, Pétunia. Cet enfant est un idiot. Un idiot et un bon à rien ! Tu finiras comme tes parents, tiens ! »

« Harry, débarrasse la table et fait la vaisselle. Et ne casse rien ! » ordonna Pétunia.

« Oui Tante Pétunia » répondit-il avec docilité.

Son cousin était retourné se planter devant la télévision, il n'avait plus à craindre de croche-pieds de sa part. Il débarrassa la table, tira une chaise devant l'évier. Une fois dessus, il se mit rapidement au travail, ignorant la brûlure de l'eau chaude. Tante Pétunia vint vérifier que tout était propre puis l'envoya se coucher dans son placard sous l'escalier.

Il se retrouva seul en compagnie des araignées, une compagnie familière. Il entendait les cris de Dudley, le rire tonitruant d'Oncle Vernon et la voix aigrelette de Tante Pétunia quand elle admirait son fils. Une famille, partageant une soirée. Ce qu'il n'avait jamais connu, ce qu'il n'aurait sans doute jamais.

Recroquevillé sur son matelas trop fin, il pleura des larmes silencieuses en pensant à ses parents qui n'étaient plus là. Il voulait quelqu'un qui voudrait bien de lui, un ami avec qui il pourrait enfin rire. Drapant cette image autour de lui, il finit par sombrer dans un sommeil agité.


Il était dans une forêt. Tout était silencieux et immobile, même le vent s'était arrêté de souffler. Ils se cachaient, tous ! Aucun n'avait le courage de venir le trouver pour l'aider ou l'affronter. Personne n'osait lui faire face alors qu'il était réduit à un état pathétique, pire qu'un fantôme. Les animaux le fuyaient, ils savaient que s'il les possédait alors ils mourraient dans le mois. Seuls les serpents étaient une exception, mais même eux ne duraient pas longtemps. De plus il n'aimait pas utiliser la possession, c'était une solution d'extrême urgence pour quand sa puissance devenait trop faible et que sa volonté seule ne suffisait plus à maintenir son existence.

Les fous ! Ils avaient cru que leur sauveur était enfin arrivé ? Qu'un enfant pourrait le vaincre ? Certes le marmot avait réussi il ne savait comment à lui renvoyer son sort, mais lui était toujours là, toujours vivant ! Et bientôt ses fidèles serviteurs le rejoindraient et lui rendraient un corps. Bientôt il foulerait à nouveau le sol, plus puissant que jamais et tous s'inclineraient devant sa puissance !


Harry s'éveilla en sursaut. Il avait atrocement mal à la tête et sa gorge était douloureuse, comme s'il avait trop crié. Avait-il vraiment crié ? Avait-il réveillé les Dursley ? Tremblant, il porta une main à son front et traça la cicatrice qui s'y trouvait. Il réprima un gémissement de douleur. Elle était brûlante.

Il avait encore fait ce rêve, celui avec le fantôme. Et à chaque fois la cicatrice pulsait sur son front comme s'il se cognait la tête contre une plaque chauffante.

Ses yeux se remplirent de larmes et il sanglota aussi silencieusement que possible, souhaitant désespérément avoir quelqu'un pour le réconforter et lui dire que ce n'était qu'un cauchemar, comme Pétunia faisait avec Dudley. A la place, une araignée parcourut son bras à la recherche d'un endroit où tisser une nouvelle toile. Il frissonna.

Il attendit un long moment avant de pouvoir se rendormir.

Le lendemain était un samedi, ce qui signifiait que Vernon ne travaillait pas. Sous sa direction Harry apprit à tondre la pelouse, tandis que Dudley mangeait un paquet de chips sur son nouvel endroit favori : le canapé devant la télévision.

C'était la fin du mois d'août, le soleil brillait sans merci sur le garçon qui peinait à pousser la lourde tondeuse. Oncle Vernon suivait ses progrès avec des yeux moqueurs, ne se gênant pas pour lui lancer des remarques blessantes. Harry les endura, de la même façon qu'il endurait le placard sous l'escalier, le manque de nourriture et les Dursley en général. Dans une semaine ce serait la rentrée des classes et il pourrait leur échapper pendant la journée. Il avait entendu son oncle et sa tante discuter pendant des heures pour savoir s'il serait autorisé à aller à l'école : ils ne voulaient pas dépenser d'argent pour lui payer des fournitures, mais Pétunia ne voulait pas l'avoir dans les jambes toute la journée. Et peut-être que s'ils le mettaient dans un environnement suffisamment normal ses anormalités n'apparaîtraient pas.

Le soir venu il se retrouva à nouveau confiné dans son placard. Ses rêves ne lui montrèrent pas la forêt mais un bâtiment lugubre peuplé d'enfants aux mines tristes. Une fois de plus il se réveilla en agrippant son front. Encore sa cicatrice. Pourquoi lui faisait-elle mal ? Il l'avait depuis aussi loin qu'il pouvait se souvenir, mais il n'avait jamais pensé demander aux Dursley s'ils savaient quelque chose à ce sujet. Peut-être que demain serait un bon jour pour leur poser la question. Avec un bâillement à se décrocher la mâchoire, il se blottit sous sa couverture et replongea dans le sommeil.


« Tante Pétunia, comment j'ai eu ma cicatrice ? » Harry leva des yeux presque suppliants vers sa tante, essayant de la convaincre de répondre par son seul regard. Elle et lui achevaient de ranger la cuisine après le repas dominical.

Elle fronça aussitôt les sourcils, prit un air dégoûté mais répondit tout de même.

« Tu l'as reçu dans l'accident de voiture qui a tué tes parents. »

« Ils sont partis en voiture ? Ils reviennent quand ? » Il y avait comme une note d'espoir dans sa voix.

« Ils sont morts, imbécile ! Ils ont brûlé dans leur voiture, complètement ivres et ils nous ont forcés à te recueillir ! Comme si notre famille pouvait subvenir à tes besoins ! »

« Ta tante a raison, mon garçon » intervint Vernon qui venait de finir son digestif. « Ces deux bons à rien n'ont rien trouvé de mieux à faire que de forcer une honnête et travailleuse famille à s'occuper de leur progéniture dégénérée. Nous t'avons fourni un toit, de la nourriture, des vêtements ! Sois reconnaissant et ne pose plus de questions ! »

Harry préféra ne pas insister.


La semaine passa rapidement. Pétunia lui apprenait à cuisiner et le faisait travailler sur le jardin et nettoyer la maison le reste du temps. Le jour de la rentrée, il crut qu'il avait enfin réussi à se faire un ami, mais Dudley fit rapidement comprendre à l'autre enfant que Potter n'était pas fréquentable. Il avait retrouvé son gang dans la classe et en profita pour s'assurer que ses édits étaient respectés.

Harry était de plus en plus seul. Les Dursley ne cessaient de lui répéter à quel point il était idiot, bon à rien, anormal, une aberration qui volait la nourriture de dudley. Son cousin, lui, avait inventé un nouveau jeu avec son gang qu'il avait appelé : la chasse au Harry. Harry apprit à courir vite.


Novembre était bien entamé quand les rêves reparurent. Mais cette fois ils étaient différents. Le premier survint après qu'il ait passé la journée à nettoyer la maison.

Harry s'effondra sur son matelas et ferma les yeux, essayant d'oublier l'odeur persistante de produits ménagers. Il lui sembla rester éveillé des heures, le regard fixé sur l'ampoule éteinte, sans penser à quoi sue ce soit. Il s'endormit sans s'en apercevoir.


La forêt était toujours aussi silencieuse. Des plaques de neige couvraient le sol par endroit. Les arbres dénudés semblaient autant de mains décharnées criant vers l'injustice des cieux.

Il attendait, incapable de ressentir le froid en l'absence de corps. Soudain un son se fit entendre, le froissement des feuilles mortes tandis qu'un corps allongé glissait sur elles. Un serpent gigantesque apparut, progressant sans efforts sur le sol inégal. Il leva la tête, les yeux jaunes fixés sur lui et darda sa langue fourchue dans les airs. Harry se rapprocha du reptile, plana au-dessus de lui pendant quelques instants pendant qu'une voix étrange murmurait des mots incompréhensibles.

Puis il devint le serpent. Le monde se déforma autour de lui, devenant plus grand. Les odeurs se firent plus évidentes et des formes vagues apparurent là où le sol n'était pas enneigé.

Le serpent parla avec la même vois qu'il avait entendu juste avant – sauf qu'il était le serpent… « Sssang… du sssang chaud… »

Il se mit à ramper dans une direction. Harry fut submergé par l'envie de sang chaud et frais cascadant dans sa gorge, du plaisir ressenti quand il enfonçait ses crochets dans une victime, déchirait les chairs, la satisfaction de voir le venin envahir le corps et les convulsions causées par le poison …

Harry paniqua. Jamais il n'avait fait de rêve aussi réel, jamais il n'avait autant voulu faire du mal à un autre être humain. Même aux Dursley. Il essaya de se réveiller de toutes ses forces, mais le serpent refusait de le laisser partir. Il sentit de la curiosité, puis de l'incrédulité. Et la voix siffla lentement avec une fureur meurtrière « Harry Potter… »


Harry se réveilla en sursaut, hurlant et agrippant sa cicatrice comme si sa tête allait éclater. Puis il ouvrit les yeux et vit son oncle, le visage pourpre de rage.

« Tu trouves ça drôle peut-être de nous réveiller au milieu de la nuit avec tes beuglements ? » dit-il d'une voix chargée de colère.

Harry secoua la tête silencieusement, clignant des yeux pour chasser les larmes de douleur et mieux voir Vernon. Il commençait à avoir une migraine, et la voix de l'adulte n'arrangeait vraiment pas les choses.

« Par pure bonté d'âme nous t'avons recueilli à la mort de tes parents ! Nous t'avons offert un toit ! De la nourriture ! Des vêtements ! J'ai supporté ton comportement irrespectueux jusqu'à maintenant, mais je ne t'autoriserais plus jamais à t'égosiller en plein milieu de la nuit ! Tes hurlements de sauvage ont effrayé Dudley ! Si tu n'es pas capable de te taire, tu seras bâillonné jusqu'à ce que tu apprennes la valeur du silence ! Est-ce bien compris, mon garçon ? »

Harry s'était enfoncé dans son placard pour échapper à son oncle. A la fin de la tirade, il hocha lentement la tête.

« Tu es consigné pour une semaine ! » lui annonça Vernon avant de claquer la porte.

Il se retrouva seul dans le noir. Avec un soupir, il se rallongea sur son matelas. Sa cicatrice continuait de pulser douloureusement. Il ferma les yeux avec lassitude et essaya de se rendormir. L'image du serpent sifflant son nom lui revint. Pourquoi avait-il rêvé ça ? Et pourquoi sa cicatrice le faisait-elle souffrir chaque fois qu'il faisait ce genre de rêves ? L'envie de meurtre du serpent hantait ses souvenirs. Elle semblait presque réelle dans un coin de son esprit.

Il lui fallut longtemps pour retrouver le sommeil.

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