Voici l'épilogue que vous attendiez, après 59 chapitres à suivre les personnages devenus adultes... Et oui, c'est bien la fin. J'espère que ça vous plaira, malgré mon "sadisme" des chapitres précédents de l'avis général !
Une histoire se ferme... mais une autre commencera demain ! En effet, l'ultime fiction de mon défi des "1000 prompts" après trois années d'écriture intensive sera publiée, sous le titre If You Dare 15 / Deux âmes brisées. Cette fictions sera plus courte, 33 chapitres, cependant, elle ne signera pas l'arrêt des publications quotidiennes : j'y ai pris goût et je compte continuer un peu...
Niveau actualité, j'ai prévu un OS pour Halloween. Puis, début décembre, vous pourrez également découvrir le calendrier de l'avent, actuellement en cours d'écriture. Sans compter beaucoup de projets en cours, que vous découvrirez au fur et à mesure...
En attendant, voici le chapitre tant attendu. Bonne lecture et à demain !
PROMPT : Une histoire racontée des millions de fois
EPILOGUE
En regardant le paysage face à lui, l'étendue désertique et désolée qui s'étalait à perte de vue, Drago Malefoy se demanda depuis combien de temps il avait oublié ce qu'était l'Angleterre.
L'émeute qui s'était produite sur le chemin de Traverse tant d'années auparavant avait profondément changé la société magique anglaise, mais Drago avait jeté l'éponge et avait quitté son pays natal, le cœur en miettes. Il s'était réfugié aux États-Unis et avait choisi les terres arides de l'Arizona, probablement parce qu'il n'y avait rien de commun avec le sol anglais. Ainsi, il n'avait pas assisté aux profondes transformations dont il était pourtant l'origine.
Il lui avait fallu du temps pour s'en remettre, même s'il n'était pas sûr d'être un jour réellement guéri. Depuis ce jour-là, il ne supportait plus la foule.
Et même si les cauchemars s'espaçaient peu à peu, il lui arrivait encore de s'éveiller en hurlant, les joues trempées de larmes, alors qu'il revivait le pire moment de sa vie, tenant le corps inerte de Harry Potter, priant pour ne pas le perdre définitivement. Pas après l'avoir trouvé, pas après tant de temps à se chercher.
Il avait reconnu le sort lancé, le sort qui lui était initialement destiné. Un sort de Magie Noire, prévu pour faire étouffer la victime petit à petit dans d'atroces souffrances. Il avait eu peur en le voyant arriver sur lui et en sachant qu'il ne pouvait l'éviter, mais il avait été terrifié quand Harry s'était interposé et avait été touché en plein milieu du dos. Terrifié et horrifié.
Chaque détail restait gravé dans sa mémoire, alors qu'il assistait à la longue agonie de Harry. Il l'avait tenu contre lui, lui parlait, cherchait à le maintenir conscient, à le sauver.
Hermione et Ron, aidés de Pansy, avaient commencé à faire reculer la foule à coup de sorts cuisants, Hermione leur hurlant tout ce qu'elle avait sur le cœur, furieuse. Elle pleurait tout en se démenant, et en cet instant, elle ressemblait à une déesse vengeresse.
Les sorciers qui s'en étaient pris à eux quelques instants plus tôt s'écartaient prudemment et échangeaient des regards inquiets, commençant à comprendre qu'ils avaient été trop loin, qu'ils avaient commis une erreur.
Les Aurors étaient arrivés rapidement, ils sauraient plus tard que le frère de Ron les avait faits appeler en voyant l'attroupement. Il n'avait pas prévu que Harry soit touché entre temps, mais son intervention avait au moins permis de stopper le groupe contestataire.
Les ordres du ministre avaient été clairs en apprenant la situation : toute personne impliquée dans un évènement visant à semer le trouble serait arrêtée, longuement interrogée et fichée comme terroriste possible, dans les monde magique et moldu. La nouvelle mesure, entrée en vigueur sur-le-champ, avait refroidi bien des ardeurs après ce jour-là.
D'un commun accord, ils avaient convenu de laisser Ron décider du sort de sa sœur, puisqu'elle avait causé le début des hostilités par son scandale irresponsable alors même qu'elle avait été prévenue après son envoi de lettre piégée de ne plus s'approcher de ses anciens camarades. Ron avait passé sous silence l'intervention de Ginny, lui évitant une humiliation publique. Puis, une fois ceci fait, il avait rompu tout lien avec elle, refusant même d'entendre son prénom prononcé devant lui. Son dernier acte en tant que frère avait été de lui épargner Azkaban.
Molly, furieuse, avait envoyé sa fille en Roumanie, près de Charlie, pour qu'elle travaille avec lui. Même si elle détestait son nouvel emploi, Ginny n'avait pas eu le choix, et elle était consciente que c'était la punition que sa mère avait décidée pour elle après son comportement inqualifiable — même si la jeune fille continuait de penser qu'Harry aurait dû être à elle.
Ensuite… Les anciens Serpentard malmenés avaient reçu des excuses publiques du Ministère et de confortables dommages et intérêts payés par tous ceux qui avaient participé à cette campagne de harcèlement. Chaque auteur de lettre ou d'agression avait été traqué sans relâche et condamné sans pitié, pour faire passer le message.
La photo de Drago, agenouillé au sol, pleurant sans retenue en tenant le corps inerte de Harry Potter serré dans ses bras avait fait la une plusieurs semaines d'affilée, sans avoir besoin de mots, comme la photo de leur baiser. L'image dégageait tellement de détresse qu'elle avait agi à la façon d'un électrochoc, alors que les sorciers anglais prenaient conscience de ce qu'ils avaient fait.
En fin de compte, il n'y avait pas eu un coupable en particulier. Ça avait été un effet de foule, un groupe de sorciers sans liens entre eux voulant modeler le monde magique selon leur conception d'un idéal. Ils voulaient rester ancrés dans d'anciennes querelles qui auraient dû prendre fin avec la mort de Voldemort. Après cette journée terrible, Drago avait refusé d'en savoir plus. Qu'importaient les noms de ceux qui avaient hurlé après eux ? De ceux qui avaient lancé les sorts cuisants vers eux ? De ses anciens agresseurs, ceux que Harry voulait envoyer à Azkaban ?
En une fraction de seconde, il avait tout perdu. C'était tout ce qui comptait à ses yeux.
Un jour, il voudrait peut-être avoir des détails, découvrir le visage de ceux qui avaient fait tant de mal, quand il serait prêt. En attendant, il espérait juste oublier.
Drago soupira. Désormais, l'Angleterre lui évoquait bien trop de mauvais souvenirs pour qu'il supporte encore d'y vivre. C'était peut-être son pays natal, mais il y avait tout perdu. Alors, il avait choisi l'exil à son tour, sans hésiter, sans un regard en arrière. Pansy l'avait suivi peu après, et Hermione et Ron venaient si souvent qu'ils y avaient une résidence secondaire. Blaise voyageait sans cesse, mais il ne restait pas un mois sans faire un arrêt chez lui, comme pour s'assurer qu'il allait bien. Théo vivait encore en Angleterre, mais il parlait de plus en plus de tout abandonner lui aussi, fatigué des cauchemars qui hantaient ses nuits et des mauvais souvenirs. Il rêvait de trouver un nouveau départ, près de ses amis les plus proches.
Drago se frotta le visage en bâillant. Il était encore tôt, le jour venait de se lever, mais il savait qu'il ne pourrait pas se rendormir. Pas après ce cauchemar en particulier.
Il allait se retourner et rentrer dans la maison quand quelqu'un vint se coller derrière lui, l'enlaçant doucement, amoureusement.
— Encore le même cauchemar ?
Il haussa les épaules, pour toute réponse. Il n'y avait pas besoin de mots dans ces moments-là. Cependant, il se détendit légèrement et se laissa aller contre le corps chaud dans son dos, savourant la présence réconfortante.
Un baiser déposé dans son cou le fit frissonner, puis le lobe de son oreille fut mordillé et il se retourna vivement pour embrasser son démon de compagnon, souriant malgré lui à la distraction parfaitement réussie.
Lorsqu'il s'écarta, il passa la main sur la joue un peu rêche de la barbe naissante, et se plongea dans le regard vert qu'il aimait toujours autant même après toutes ces années. Il eut un sourire triste, et déposa un bref baiser sur ses lèvres avant de murmurer.
— J'ai toujours l'impression que tout ça n'est qu'un rêve. Que je vais me réveiller un jour et me rendre compte que j'ai tout perdu ce jour-là. Que tu n'es plus avec moi.
Harry l'attira contre lui.
— C'est loin d'être un rêve. Je suis là, toujours là. Et je ne compte pas t'abandonner. Jamais. Regarde… je t'ai suivi au bout du monde.
Drago le dévisagea un long moment, terriblement sérieux. Puis, il secoua lentement la tête.
— Aujourd'hui, ça fait dix ans. Jour pour jour.
Le brun sourit tristement, caressant doucement la joue pâle qui rougissait facilement sous ce soleil infernal.
— Drago… on ne va pas revenir sur une histoire racontée des millions de fois. Tout s'est bien terminé. Ta voix m'a empêché de sombrer complètement et ce médicomage qui est intervenu rapidement a été efficace. Il m'a sauvé, et je suis là, près de toi. Vivant. En pleine forme.
— Tu t'es mis en danger. Volontairement.
— Oui. C'est une habitude que j'ai prise pour protéger ceux que j'aime. Pour qu'ils ne soient pas blessés.
Drago ferma les yeux un instant en entendant Harry avouer son amour pour lui aussi simplement, aussi tranquillement. Lui était plus réservé, même s'il lui arrivait d'avoir lui aussi à rassurer son compagnon sur la profondeur de ses sentiments ou sur les raisons de son attachement.
Il prit une grande inspiration, et se noya dans les lacs émeraude, le cœur battant, comme toujours. Tant d'années et ce diable de Potter lui faisait encore le même effet qu'au début, tout au début, lorsqu'ils n'étaient encore que des enfants se battant pour attirer l'attention de l'autre. Il n'y avait que lui pour le mettre dans tous ses états, pour le plonger dans cet état de fébrilité nerveuse…
— Ne refais jamais ça, Potter. Ça m'a permis de savoir que je ne pourrais jamais vivre sans toi, alors… j'ai besoin que tu restes en sécurité.
Comme toujours, Drago utilisait son nom de famille lorsqu'il était mal à l'aise ou perturbé. Cependant, en entendant ses mots, la respiration de Harry s'emballa, et il embrassa Drago, définitivement heureux. Pansy avait probablement raison en pensant qu'ils étaient des âmes sœurs, parce que lui non plus ne pourrait pas vivre sans son Serpentard qu'il aimait tant…
