Note : Je crois que cet OS est une façon de me racheter une pureté après le dernier chapitre de segmentation temporelle hahahaha.
Il a été écrit suite à une soirée « à thème » organisée sur un super discord d'écriture que j'ai rejoint y'a quelques mois (si ça vous intéresse n'hésitez pas à me MP, c'est vraiment une chouette communauté !) le thème était « les phrases de drague » et elles étaient imposées. Je suis un peu partie en live et voilà le résultat haha.
J'espère que vous apprécierez cette connerie qui n'a pas d'autre but que de divertir en ce dimanche presqu'automnal haha.
Marivaudage Optimal
James et Lily étaient fiers de leur fils. C'était le cas tout le temps, bien sûr, mais particulièrement depuis quelques semaines. Les résultats de son semestre universitaire étaient tombés et - et ses notes avaient grimpées en flèche. Il était passé d'un étudiant plutôt bon - sans pour autant être le meilleur - a un étudiant qui pouvait désormais se targuer d'être dans le top cinq. (Pour cette session d'examen seulement, évidemment, ce n'était pas une session qui allait rattraper toutes les notes médiocres dont il avait écopé jusqu'à présent). Mais cela n'importait pas. Ce qui importait, c'était qu'ils étaient très fiers de lui et ne manquaient pas la moindre occasion de rappeler à qui voulait l'entendre (et aux autres) que leur fils était brillant, un véritable génie, s'il prenait la peine de s'appliquer.
Harry, bien sûr, prétendait être absolument d'accord avec ces déclarations. Il avait accepté tous les compliments avec la dignité que présupposaient ses capacités intellectuelles jusque-là ignorées de tous. D'un côté, il méritait ces louanges. Il n'avait pas triché, il avait juste - effectivement - un peu plus travaillé que d'habitude.
Et devant ses parents, ses amis, et les amis de ses parents, il prenait un air très inspiré avant d'expliquer qu'il avait « vu la lumière » qu'il avait pris sa vie en main et qu'il voyait désormais l'intérêt de s'appliquer à la recherche de la connaissance. Des larmes avaient perlé dans les yeux de sa mère lorsqu'elle l'avait entendu.
Et, étrangement, il s'était senti terriblement coupable.
Enfin, ce n'était pas si étrange - en fait. Parce que si Harry avait effectivement réussi à faire une prouesse académique digne des magazines destinés aux étudiants distribués sur le campus (n'abandonnez pas ! tout est encore possible ! nos dix conseils pour réussir ses études à la page 10) la raison pour laquelle il était subitement devenu si assidu était...
Était on ne peut plus inavouable.
La raison, et Harry ne la confesserait jamais à personne, c'était que - en fait c'était à cause d'un type. Un type dont il ne savait même pas le nom. Mais ce qu'il savait, c'était qu'il passait littéralement toutes ses soirées à la bibliothèque. Et, Harry, qui chaque jour était persuadé qu'il allait finalement réussir à l'aborder (il se dégonflait évidemment à la dernière minute) était allé, chaque jour, à la bibliothèque aussi.
S'il n'avait pas réussi à aborder le mec en question, au moins, il avait réussi à améliorer ses résultats. C'était son prix de consolation.
Qui, par ailleurs, était un piètre prix de consolation quand on s'attardait sur.. son crush (inutile de prétendre que cela fut autre chose, Harry avait passé ce cap avec toutes les interrogations et les crises identitaires nécessaires merci pour lui). Il n'avait aucune idée de la faculté dans laquelle il étudiait, ni de la raison pour laquelle il passait son temps à la bibliothèque, ni d'ailleurs, si c'était quelqu'un de bien.
Mais il était beau. Et, apparemment, ça suffisait à Harry pour entamer une danse avec les limites de la psychopathie. Ce qui l'amenait, donc, à ce moment fatidique. La session d'examen terminée et le semestre ne commençant pas avant trois semaines - Harry n'avait plus aucune raison de se rendre dans l'antre de la connaissance (la bibliothèque). En fait, il avait réalisé que ne serait-ce qu'émettre l'idée révélerait immédiatement sa couverture.
Il se morfondait donc depuis des jours - regrettant de ne pas avoir pris l'initiative d'aller parler à ce foutu type -
Quand, miracle, alors qu'il marchait innocemment dans une rue, profitant de la chaleur estivale ainsi que de toutes les conneries clichées qui s'y attachent (terrasse, parfum des fleurs, et tutti quanti) - il le vit.
Il était assis à une terrasse, seul (comme il l'était toujours) et - et Harry décida que c'était le moment. Il ne se laissa pas le temps de réfléchir ou de sur-analyser son intention. À pas décidés, confiant, il s'avança vers la table où travaillait (encore?) l'homme.
Il se planta devant lui tel un arbre particulièrement imposant. L'autre leva les yeux sur lui. Harry se sentit extrêmement pris de court. Il savait qu'il était beau – (bon sang, il avait presque composé des poèmes sur son physique entre deux révisions) mais vu de près – il était tout simplement -
Ses pensées s'envolèrent. Il lui en restait juste assez pour réaliser qu'il était complétement con d'avoir eu une idée aussi débile. Paniqué, il ouvrit la bouche. La referma. L'ouvrit une seconde fois :
-Ton père il travaille pas chez Windows ? parce que tu m'as fait buguer.
Bien sûr, aucun être humain ne regrettait plus une phrase. Même Jules César en proclamant "qu'il avait le meilleur fiston" ne s'était pas senti si idiot.
Il ne restait plus que la fuite -
-Mon père est mort.
Ou l'immolation.
Ah les vacances. Ce moment paisible entre deux moments de pression. Ce moment de répit ou la vie est plus belle - ou le temps n'a pas la même importance (même s'il avance significativement plus vite). Un moment de grâce, un havre dans ce capitalisme effréné et démolisseur d'âme. Ah, les vacances. Moment de honte, destruction de l'estime de soi -
Ce besoin amusant de faire ses valises, prendre un billet d'avion pour une contrée lointaine et ne plus jamais revenir. Changer d'identité, prendre le large - éventuellement, si un petit coup de fou nous prend, commettre un crime, se faire arrêter par la police et se faire jeter en prison pour la fin de ses jours.
Ah... Harry passait un moment merveilleux. Enfermé dans sa chambre - les volets fermés (il prétendait que c'était pour repousser la chaleur mais, en réalité, c'était surtout parce qu'il estimait que même le soleil ne méritait pas de poser ses rayons sur lui - lui la honte de l'humanité, lui un déchet à peine humanoïde) il regardait les minutes passer.
Ses exploits académiques auraient été de courte durée. Il ne pourrait jamais plus foutre les pieds dans la bibliothèque. Ce temple de beauté lui était désormais interdit.
Adieu, vie, pensait-il en boucle. La vie monacale s'ouvrait à lui. Inutile de prétendre le contraire ou de croire qu'autre chose lui était désormais possible. Sa confiance en lui s'était évaporée - il n'essayerait plus jamais de draguer - femme, homme, c'était derrière lui.
Il allait s'emmurer dans sa chambre comme les moines du 11èmes siècle et vouerait sa vie à - quelque chose, il n'avait pas encore tout à fait déterminé quoi.
Son téléphone vibra. Un message. Harry l'ouvrit, se demandant s'il méritait encore qu'on le contacte, lui qui était un moins que rien - un lâche (il s'était cassé en style nordic-walking effréné quand le type lui avait dit que son père était mort) et plus rien ne pourrait jamais le -
Ron lui proposait d'aller à une soirée.
Ah.
Harry se fit la réflexion qu'au final, rester emmuré chez lui n'indiquerait qu'une seule chose, c'est à dire qu'il avait honte de ses actions. Alors qu'au final, ses actions n'avaient été qu'une blague - certes pas très drôle mais il avait voulu.. faire une blague à ce type qu'il ne connaissait pas et qui avait l'air chouette tout ça dans le but de s'en faire un ami car Harry était avant tout cent-pour-cent hétéro et -
Enfin bref. Rester chez lui n'amènerait que calamité et dépression.
Et c'est ainsi qu'il se retrouva à minuit quarante-deux, ivre, dans l'un des pubs de la ville. Il n'avait évidemment pas touché un mot à Ron quant à sa mésaventure. Il ne voyait de toute façon pas comment aborder le sujet. Il avait juste eu un égarement cérébral pour la durée d'un semestre. ça arrivait à tout le monde, pas de quoi s'inquiéter.
L'ivresse, philosopha-t-il, était le baume aux aléas de la vie. Ron, qui était dans le même état que lui, hocha de la tête d'un air convaincu. Ce qui amena Harry à corriger sa phrase : l'amitié était le baume aux aléas de la vie.
Il y avait du monde dans le modeste établissement. Assez pour réaliser qu'au final, son petit incident de parcours était resté privé, que le monde entier s'en foutait royalement et qu'il pouvait renoncer à tous ses projets de non-vie -
Sauf qu'il était là. Harry ne l'avait pas remarqué tout de suite, bien sûr, sinon il se serait carapaté vitesse mach 12 à grands renforts de "ce pub craint, c'est beaucoup plus fashion d'aller dans – n'importe quel autre pub de la ville".
Mais – à ce stade de la soirée - il se passa quelque chose d'éminemment curieux dans l'esprit d'Harry. Désinhibé, il se fit la réflexion qu'au final, quoi de plus intelligent que de dédramatiser une situation en rajoutant une couche ?
Brillante idée, lui souffla une partie de lui qu'il renierait le lendemain: excellente idée même.
Il s'avança donc vers le mec dont il ne connaissait toujours pas le nom et, en s'appuyant sur le bar d'une façon tout à fait nonchalante déclara :
- En général je suis un très bon nageur mais là je comprends pas, je me noie dans tes yeux.
Il avait parié que le mec aurait des yeux bleu. ça aurait rajouté un peu de piquant à sa phrase. Des yeux brun - très peu impressionnés - croisèrent les siens.
-Bonne soirée, ajouta Harry en lui tapotant maladroitement l'épaule: pas d'alcool au volant ! rajouta-t-il pour une petite pointe d'humour parfaitement avisée.
Quelle belle soirée.
Quelle horrible soirée.
S'il existait une échelle pour qualifier le potentiel de désastre d'une soirée - dans le genre « échelle de Richter de l'humiliation » - nul doute que celle-là aurait le niveau maximal. C'était sans aucun doute, sans aucun détour possible sur l'autoroute du déni : la pire chose qu'Harry ait jamais faite.
D'un point de vue drague. Il devait quand même admettre que le petit passage aux urgences (par sa faute) de la tante du mari de sa propre tante, était pire.
Mais quand même. Lui qui avait décidé de mettre ses projets d'emmurement à la trappe se voyait contraint de les reprendre.
Bien entendu, ses pensées négatives étaient en partie due à la gueule de bois carabinée dont il avait justement écopé. Mais bon, dans l'état dans lequel il se trouvait, Harry supposait qu'il pouvait être un peu indulgent avec lui-même.
Il ne batifolerait plus jamais. Et, d'ailleurs, faisait dorénavant vœux d'abstinence parce que c'était quand même l'idée la plus débile de son existence. Enfin non, l'idée la plus débile, ça avait été de vouloir "sauver" Sirius du commissariat de Police en douce - alors qu'il n'y était même pas.
Fait amusant : Sirius avait fini par devoir passer deux jours au commissariat parce qu'apprenant qu'Harry avait volé à sa rescousse (dieu savait pourquoi) il avait décidé de se pointer.
Pas le jour le plus glorieux de la vie d'Harry mais bon - à quinze ans, on était un peu supposé être un crétin.
Sept ans plus tard, on était quand même supposé en avoir un peu plus dans le ciboulot, ce qui n'était manifestement pas son cas.
Ce lendemain se passa donc dans le recueillement. Le doute. La dépression, même. Puis, le soir, se sentant mieux, Harry décida qu'il allait reprendre sa vie en main. Personne ne serait au courant de ces faits embarrassants. Et, si c'était le cas, de toute façon tout le monde s'en fouterait parce que peu de gens avaient de l'intérêt pour lui.
Triste vie.
Mais elle ne serait désormais plus triste ! Après tout, sa vie académique se portait bien, il allait continuer sur cette voie de l'illumination, terminer son cursus et il quitterait cette ville à jamais. Voilà.
Pris d'un zèle assez peu caractéristique et encore plus en lendemain de soirée, il s'assit face à son ordinateur et décida de consulter sa boîte mail universitaire. Peut-être qu'une soirée mondaine était prévue prochainement. Il pourrait éventuellement s'y racheter une dignité.
Il avait quelques courriels non lu, rien de particulièrement intéressant - jusqu'à -
jusqu'à ce qu'il remonte au jour même. Où -
Oh mon dieu, pensa-t-il avec horreur. Parce que TomRiddle lui avait écrit. Ce n'était jamais un bon signe. L'antéchrist, après tout, n'écrivait jamais pour donner de bonnes nouvelles.
Il ouvrit le mail s'attendant à ce que le mystérieux assistant de son professeur de chimie organique ne lui annonce qu'il avait - en fait - échoué à ses examens.
Tout ça pour se retrouver face... à une phrase.
Le mail ne consistait qu'en une seule et unique phrase.
Mais quelle phrase : "Ton père, il produirait pas 2.6 de CO2 par jour en ne respectant pas du tout l'accord de Paris sur le climat ? Parce que tu me fais fondre"
La bouche d'Harry s'ouvrit dramatiquement. Sa main, sur sa souris, resta en suspens - un doigt levé.
C'était le pire jour de sa vie. Si Tom RIDDLE était au courant qu'Harry s'était humilié non pas UNE fois mais DEUX fois ? Cela voulait dire que toutes la faculté était au courant. Peut-être qu'il pourrait amener ça aux ressources humaines, après tout c'était pratiquement du harcèlement.
Tom. Riddle.
Il n'y avait pas créature plus immonde sur cette planète. Pas de personne plus fourbe, plus vile, plus monstrueuse que ce type. Harry ne l'avait jamais rencontré - face à face, disons. Il avait rencontré son écriture élégante sur ses copies un certain nombre de fois. Tom Riddle avait le chic pour laisser des commentaires dans les marges tel que "non-sens", "absurde", "mauvais", "nul".
Bien sûr, le professeur titulaire - Slughorn - était un peu moins sévère et remontait les notes de ses élèves. Mais -
Mais Harry n'avait pas réalisé que Tom Riddle était au courant de qui il était- à moins que le mystérieux inconnu ne lui ai montré une photo ou dieu savait quoi. Mais qu'il décide de lui écrire pour se moquer de lui?
Scandaleux. Ignoble.
Il allait porter plainte.
Harry passa son après-midi à écrire un mail cinglant pour le département des ressources humaines. Il avait décidé qu'il allait non seulement expliquer qu'il se faisait harceler personnellement par Tom Riddle mais, qu'en plus, celui-ci était un piètre assistant, beaucoup trop sévère, qu'il annotait ses copies comme le pire des enfoirés et tout ça pour quoi ? Pour satisfaire un égo qu'Harry devinait démesuré.
Oh, il savait très bien ce qui avait dû se passer. Riddle avait remarqué que ses notes étaient infiniment meilleures et il n'avait pas apprécié que quelqu'un qu'il considérait comme : « médiocre » puisse s'élever au-dessus de sa condition.
Rirait bien qui rirait le dernier, décida Harry en faisant bouger sa souris pour l'amener sur l'icône « envoyer ».
Mais un doute – ou plutôt cent, le saisirent. Allait-il vraiment … impliquer les ressources humaines dans cette affaire ? Est-ce que ce département de lèche-botte n'allaient pas directement se mettre à défendre « l'étudiant le plus prometteur depuis des générations » ? (il y avait vraiment une plaque en l'honneur de Tom Riddle dans la salle des trophées de l'université) (il y avait milles-et unes plaques sportives et – et une plaque destinées à Tom Riddle en personne. Pour des prouesses intellectuelles.)
C'était rageant. Qui était-il pour se battre contre ce colosse ? Un petit David. Il ne manquerait pas de se faire éliminer même si l'histoire biblique n'allait pas dans ce sens.
Il sauvegarda le courriel dans ses brouillons. Et, à coup de clic rageur, ouvrit celui qu'il avait reçu de Tom Riddle.
Très inspiré il répondit en ces termes : « Je suis à deux doigts d'écrire aux RH ».
Voilà, c'était bref, menaçant et il montrait qu'il était magnanime puisqu'il ne passait pas directement par les ressources humaines. Bravo, Harry, se congratula-t-il. Décidemment, il savait gérer les conflits mieux que personne.
Est-ce que tout le monde était au courant de son aventure ? Était-il la risée de toute l'université ? Il aurait dû se douter que le type en question était un ignoble personnage. Personne n'était beau et sympa. C'était toujours l'un ou l'autre. À part Cédric Diggory, l'exception à la règle, qui cumulait ces deux qualités.
Enragé, Harry décida de lancer une vidéo de méditation sur youtube. Il n'en avait jamais fait, mais, apparemment, c'était le genre de choses qui marchaient très bien quand on était dans un état comme le sien.
La semaine s'écoula sans qu'il ne reçoive ni courrier de Tom Riddle, ni de message inquiet de Ron ou d'aucune autre personne. Harry ne pouvait donc supposer qu'une seule chose : Tom Riddle était un ami proche du type qu'il avait essayé de draguer et celui-ci lui avait raconté l'histoire parce que c'était ce que font les amis proches. Pourquoi diable Riddle avait-il ensuite décidé de lui écrire ? Excellente question. Mais comme Harry l'avait déjà supposé, il était atrocement sournois. Nul doute qu'il avait saisi cette occasion pour se moquer d'un étudiant innocent.
En fait, si ça se trouvait, le bel inconnu n'avait rien fait de mal si ce n'était se confier à un ami.
Harry cultiva cette pensée jusqu'à ce qu'elle germe parfaitement dans son esprit. Oui, il n'y était pour rien, ce pauvre homme. Et Harry non plus. Tout était de la faute de Tom Riddle. Qui devait probablement être un mec ultra frustré parce que personne ne le draguait lui.
Bien sûr que c'était le genre de choses qui arrivaient à Harry lors du premier match de l'année. Bien sûr qu'Harry était le genre de gars à se casser une jambe devant une bonne partie de l'université – alors qu'il disputait la genèse de la compétition.
Bravo, Harry se congratula-t-il avec difficulté alors que des samaritains courraient dans sa direction.
Il n'osait même pas regarder sa jambe mais la douleur était telle qu'il ne doutait pas que c'en était terminé de sa carrière de footballeur. Adieu, pensa-t-il, mes rêves, espoirs et hobby, je ne pourrai plus jamais marcher –
On le hissa sur un brancard et on le conduisit dans les boyaux du stade. Où, soudainement, il aperçut le fameux mec alors que les infirmiers l'abandonnaient pour faire il ne savait quoi. Que faisait-il là ? que ce soit au match ou dans le stade (c'était une université anglaise tout ce qu'il y avait de plus respectable, pas une uni américaine ou les sportifs font la loi.) Il semblait aussi surpris qu'Harry.
Harry décida qu'il n'allait pas se sentir gêné, il avait suffisamment mal pour ne pas ressentir autre chose. Affreusement gêné en plus d'être malmené par une douleur terrible, il se dit qu'il allait détendre l'atmosphère avec un petit trait d'humour :
-T'aurais pas un pansement ? Je viens de m'écorcher le genou en tombant pour toi
L'air surpris de l'autre s'intensifia. Mais, avant qu'il ne puisse répondre (Harry n'avait, en fait, jamais entendu sa voix à part la fois où il lui avait notifié que son père était mort) les samaritains étaient de retour et on l'entraînait plus au fond du stade.
-Oh non, gémit Harry à haute voix alors qu'il était debout devant le bureau de son professeur de chimie organique.
Le semestre avait recommencé et, avec lui, son lot de souffrance et d'expiation. Celle du jour : un exercice de chimie qu'Harry n'arrivait tout simplement pas à résoudre. Il avait essayé pendant des heures, avait même fini par rechercher des vidéos youtubes complètement aléatoires en espérant que quelqu'un de plus brillant que lui parviendrait à lui expliquer mais – mais peine perdue.
Il avait laissé tomber mais la date fatidique de l'examen sur la matière du problème approchait à grand pas et, finalement, il avait dû s'y résoudre : il allait devoir demander de l'aide.
Son professeur avait un peu un faible pour Harry parce qu'il avait eu sa mère en cours, quelques années auparavant. Dr. Lily Potter née Evans était en effet passé par le même cursus. Et elle avait apparemment laissé des souvenirs inoubliables à Slughorn. D'habitude, Harry essayait de ne pas en profiter mais l'heure était grave.
En plus, Slughorn disait toujours que son bureau était « toujours ouvert » et qu'il ne fallait pas hésiter à venir le trouver si on avait un quelconque problème.
Enfin, apparemment, cette bienveillance et cet altruisme n'étaient qu'une façade. Car une feuille était scotchée à la porte en bois. Une terrible feuille qui disait : « je suis absent pour la journée, pour toute question se référer à mon assistant Tom Riddle ».
Non. Pensa Harry avec horreur. Tout mais pas ça.
Sauf qu'il n'avait pas vraiment le choix. Il fallait qu'il réussisse cet exercice et qu'il en obtienne les points. Mais l'idée de devoir demander de l'aide à un type qui s'était ouvertement foutu de lui, c'était – c'était au-dessus de ses forces. Mais il n'avait pas le choix. Il avait évidemment cessé de se rendre à la bibliothèque. L'idée de croiser feu son crush l'embarrassait à un point inimaginable. Il ne l'avait jamais revu depuis le match de foot et – vraiment – il n'avait pas l'intention de le revoir de sa vie.
Harry grogna et, à pas lent, rebroussa chemin. Le bureau de Tom Riddle se trouvait au même étage mais dans l'aile réservée aux assistants, docteurs et autre personnel annexe de l'université. Quelle horreur, pensa-t-il, quelle horreur. S'il était aussi détestable que ses corrections et ses mails le supposaient – il allait passer un sale quart d'heure.
La porte était dans son champ de vision. Une porte tout à fait banale mais qui était en réalité l'entrée de l'Enfer. Une fois devant – Harry toqua. Aucune réponse. Il toqua une seconde fois. Toujours aucune réponse. Curieux, il ouvrit la porte – pour se trouver dans le bureau le plus chaotique de son existence. Mais pas âme qui vive ne se trouvait entre les différents tas de documents.
Harry referma la porte et, horrifié de n'avoir trouvé personne, s'assit sur l'une de chaises installées dans le couloir. Bon avec un peu de chance, Tom Riddle était juste allé faire un tour. Il était peut-être allé se chercher un café ou dieu savait quoi.
Des pas résonnèrent. Harry se prépara psychologiquement à voir apparaître le mal incarné – qui aurait sûrement une apparence horrible : au hasard, celle d'un serpent, par exemple. Mais, à son grand dam, il ne vit qu'apparaitre… Le type qu'il avait légèrement stalké pendant trois mois. Il avait une pile de feuilles entre les mains et en voyant Harry assis dans ce couloir, son regard devint distinctement circonspect.
Harry se sentit rougir malgré lui. Qu'il puisse le croiser là ! C'était – c'était tellement absurde. Mais ça expliquait comment Tom Riddle avait pu apprendre que Harry avait essayé de draguer l'homme du couloir. Après tout, s'il traînait dans les parages, c'était probablement qu'il était lui aussi un assistant – ou un doctorant.
-Je peux t'aider ? demanda-t-il en s'arrêtant devant lui.
C'était la deuxième fois qu'il entendait sa voix, après le fameux : « mon père est mort » qu'Harry entendait toujours dans ses pires cauchemars.
-J'attends juste le retour de Satan, déclara Harry en montrant vaguement la porte du doigt.
-Satan ? demanda tranquillement le bel inconnu.
-Tom Riddle, proposa Harry en bon prince.
Avant de réaliser qu'il s'adressait probablement à un ami dudit Tom Riddle. Ce qui, encore une fois, le faisait passer pour un débile (la phrase « mon père est mort » sonna dans ses oreilles, un funeste écho de la mort de sa dignité).
-Enfin, je n'ai rien contre lui, ajouta-t-il précipitamment en voyant que les sourcils du jeune homme étaient proches de rejoindre ses cheveux : c'est juste que nous avons eu un désagrément.
-Ah bon ? demanda l'autre plaisamment : de quel genre ?
Bon dieu, pensa Harry avec horreur. Il devrait être heureux d'avoir une conversation avec l'objet de ses pensées (qui avait occupé son esprit pendant des mois), il avait quand même espéré ce moment, rêvé ce moment, prié pour que ce moment arrive ! Et voilà qu'il parlait d'un type qu'il n'avait jamais vu, qu'il n'aimait pas à cause de son attitude de correcteur et qui, en plus, s'était ouvertement moqué de lui.
-Rien d'important, résuma Harry en faisant un petit geste de la main. Il hésita à la façon de continuer cette conversation. De toute évidence, il était un peu en train de creuser sa tombe et il risquait fort d'y finir enterré et oublié s'il ne parvenait pas à inverser la vapeur au plus vite.
Une nouvelle phrase de drague ? pensa-t-il : histoire de cimenter son intérêt ? Ce n'était pas bête, en soi. C'était même plutôt malin –
-Très bien, répondit l'autre homme dans un sourire particulièrement froid qui n'atteignait pas ses yeux : je propose que nous en parlions dans mon bureau ? puisque vous avez manifestement quelque chose à me demander ?
Et il ouvrit la porte. Du bureau. De Tom. Riddle.
-Tu – vous –
-Oui, l'interrompit Tom Riddle : je suis, en fait, Tom Riddle.
Qui lui avait écrit un message avec une phrase de drague. À laquelle Harry avait répondu par des menaces de ressources humaines. Lui qui pensait qu'il ne pouvait pas tomber plus bas – il atteignait des sommets (ou plutôt des gouffres) encore jamais répertoriés par la race humaine.
-Je suis tellement désolé ! s'exclama Harry : je ne savais pas oh mon dieu – oh mon dieu –
Et l'autre était tout à fait stoïque, comme si ce n'était pas le pire moment de la vie d'Harry comme si sa dignité venait de ressusciter tout ça pour mourir une seconde fois d'une façon encore plus violente :
-Je vois bien qu'il y a eu un quiproquo, ajouta Riddle : pas la peine de vous –
Harry l'avait dragué dans la rue, dans un bar, l'avait dragué alors qu'il avait la jambe foulée (il ne se l'était pas cassée au final, mais la douleur avait été telle que ça avait été comme si) et il s'agissait de l'assistant satanique qui notait mal tout ses travaux ? Non mais c'était du délire !
Et il était là, tranquillement, à lui faire signe d'entrer dans son bureau. C'était hors de question. Pris de court, horrifié, Harry déblatéra la première phrase qui lui vint à l'esprit :
-Les gens m'appellent Harry Potter mais toi tu peux m'appeler ce soir
Et il déguerpit à une vitesse folle.
Sans entendre le : « je n'ai même pas ton numéro » dudit assistant satanique.
Harry savait qu'il allait recevoir l'appel. Le fameux appel qui lui annoncerait qu'il était viré de l'université pour cause de harcèlement sexuel. Nul doute que Riddle n'aurait pas apprécié sa petite phrase de sortie.
Et si par miracle il n'était pas viré, eh bien, son score serait si mauvais qu'il devrait redoubler ce qui le lancerait dans une spirale d'échecs et il ne serait jamais, jamaiscapable de s'en sortir. Et ainsi se terminerait sa carrière universitaire. Avant même d'avoir obtenu son Master.
-Je suis si con ! s'exclama-t-il avec horreur : je suis le plus grand crétin du siècle ! Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant mon éducation pour que je devienne un crétin pareil ?
Pour être franc, Harry était à deux doigts (vraiment) d'aller demander à sa mère si elle l'avait laissé tomber sur le crâne quand il était bébé. Parce qu'il y avait quand même… quelque chose de fondamentalement inquiétant dans ce qu'il avait dit à Riddle. Ça n'avait strictement aucun sens, il fallait réellement être un crétin de dernier étage- était-il en train de souffrir d'une psychose ?
Bien entendu, il rata magistralement son test au moment de le faire. Parce que personne n'avait – au final – répondu à ses questions et qu'il n'avait pas réussir à saisir le fond du problème. Ce n'était pas grave, Harry avait vécu d'autres revers dans sa vie –
C'était un mensonge, c'était le premier échec de sa vie et il ne s'en remettrait jamais, de toute façon sa vie n'avait plus aucun sens, il avait raté un examen et – et ses parents n'étaient plus fiers de lui et Lily lui avait même demandé si tout allait bien, parce que se planter d'une façon si phénoménale après avoir brillé si peu de temps…
-On devrait m'appeler le feu d'artifice, conclut Harry en re-lisant sa copie pour la quinzième fois. Il s'était élevé au-dessus de ses pairs, avait été grandiose l'espace de quelques secondes, et était retombé, éteint, dans l'obscurité.
Anonyme. Vil. Indigne.
Le pire ce n'était pas tant la note, qui était méritée. C'était les commentaires – de Tom Riddle. Ils étaient tous acerbes et Harry imaginait parfaitement qu'il les avait écrit d'un air supérieur comme s'il se réjouissait sincèrement de faire tomber Harry plus bas que terre. Cet homme était sans conteste un malade mental.
Enfin bon. Voilà, c'en était fait de sa carrière universitaire. Par dépit il ouvrit son ordinateur portable et décida de consulter ses mails. En fait, il avait le projet secret d'écrire au conseiller au études pour lui dire qu'il envisageait de tout arrêter. Peut-être était-il dramatique, mais il était surtout maudit.
Sa boîte mail ne comportait qu'un seul e-mail. Du Professeur Horace Slughorn en personne. Harry referma immédiatement son ordinateur et, par précaution, se leva de sa chaise brusquement. Il n'avait strictement aucune envie de lire le courrier déçu de son professeur. Peut-être qu'il avait l'intention de lui conseiller de changer de filière parce qu'après un tel échec, il ne méritait pas sa place dans sa faculté. Oui, c'était probablement ça. Pas la peine de le lire.
Il erra dans sa chambre, rangea des documents qu'il aurait clairement dû ranger des semaines plus tôt, fit son lit pour la première fois en huit ans – et s'assit une nouvelle fois en face de son ordinateur.
Méthodiquement, en autopilote, il se décida à ouvrir l' e-mail.
Cher Harry,
Je ne comprends pas ce qui vous est arrivé lors de votre dernier examen, particulièrement après avoir montré des capacités si prometteuses lors du semestre précédent.
Je me permets de mettre en copie mon assistant et je vous enjoins à revoir la matière de ce cours ensemble afin que cela ne se reproduise pas lors de la session de rattrapage. Je suis persuadé qu'il ne s'agit que d'une maladresse passagère.
Tom, peux-tu libérer une heure de ta semaine pour revoir l'examen avec Harry ? merci.
Bien à vous,
Horace Slughorn.
Non, pensa Harry avec horreur. Alors déjà, le traitement de faveur évident était un peu humiliant. Il était à deux doigts d'aller demander à sa mère si c'était légal. Harry connaissait déjà la réponse, c'était évidemment légal, parce que Slughorn ne lui promettait pas de réussir l'examen, il lui demandait juste de mettre toutes ses chances de son côté.
Quant à Riddle – il était supposé faire quoi exactement ? lui écrire un e-mail alors qu'il l'avait complètement détruit dans ses corrections ?
Un gémissement impuissant quitta ses lèvres. Si son ordinateur n'avait pas été son bien le plus précieux, il l'aurait probablement balancé par la fenêtre. Mais bon. Il avait un choix à faire. S'obstiner dans la voie qu'il avait choisie et à laquelle il avait déjà consacré quatre ans ou… ou tout abandonner et faire comme s'il n'avait jamais obtenu son bachelor et entamé son Master.
Bon Harry était quelqu'un de dramatique, d'accord. Mais foutre en l'air sa carrière avant même qu'elle n'ait débuté pour un truc aussi idiot c'était – un peu trop pour lui. C'était indéniable.
En grinçant des dents, les doigts tremblants de gêne, il cliqua sur le bouton « répondre à tous ».
Chaque mot du mail lui arracha une partie de son âme :
Cher Professeur Slughorn,
Je vous remercie pour votre e-mail et pour votre compréhension. J'avoue que la matière de cet examen m'a donné du fil à retordre et j'accepte volontiers votre proposition.
Je laisse à Monsieur Riddle le choix de l'heure et du jour, je suis certainement plus libre que lui.
Encore merci pour votre aide et pour votre prévenance.
Meilleures salutations,
Harry Potter
Il décida de ne pas se relire et cliqua sur « envoyer ». Voilà. Peut-être était-ce l'erreur de sa vie, peut-être pas, il le saurait bien assez tôt.
Il allait quitter sa chambre lorsque le bruit caractéristique d'un nouveau mail arrêta son geste. Curieux, il s'approcha de l'écran. Pour y lire :
Bonjour Harry,
C'est Docteur Riddle.
Mardi 8h dans mon bureau. Je crois que tu sais où il se trouve.
Salutations,
Dr. Tom Riddle PHD
Quelle horreur, pensa sommairement Harry en se relevant. Il s'approcha de sa fenêtre, l'ouvrit, contempla un instant la possibilité défenestrer. Décidant finalement que Tom Riddle n'en valait pas la peine, il traversa sa chambre et se laissa tomber sur son lit.
Bon, le bon côté des choses, c'était que ça ne serait qu'une heure. Une heure de torture. Ça passerait vite. Et. Ensuite. Plus jamais. Il n'aurait plus jamais à voir l'autre homme. Et si par hasard il le croisait, il pourrait faire demi-tour et prétendre n'avoir jamais vécu cette somme de moments gênants.
Le lundi passa extrêmement vite, bien sûr, notamment parce qu'Harry n'avait absolument aucune envie de voir les heures défiler. Mais leur sens de la contradiction les forçait, apparemment, à s'écouler plus vite encore que dans un trou noir. La soirée de son lundi soir se déroula précisément de la même façon.
Harry se coucha, horrifié, mettant son réveil pour 5 heures du matin. Il aurait trois heures pour se préparer physiquement et mentalement à devoir passer une heure avec Tom Riddle. Dans son bureau.
Naturellement, il se réveilla à sept heures quarante-cinq.
-Merde ! s'exclama-t-il en sautant littéralement hors de son lit. Il n'habitait pas loin de l'université, dieu soit loué mais – mais quinze minutes pour se préparer ce n'était – pas suffisant. Pas suffisant pour qu'il puisse prendre une douche, pas suffisant pour qu'il puisse choisir une tenue convenable, pour manger quelque chose –
Il prit les mêmes habits que la veille, aplatit ses cheveux d'un revers de main et se mit à courir. En oubliant sa montre et son téléphone, évidemment. Il ne s'arrêta pas le long de la route, maudissant sa cheville encore un peu blessée. Elle lui faisait mal. Mais c'était moins important que ce putain de rendez-vous.
Il fonça contre la porte du bâtiment universitaire, l'ouvrit d'un geste brusque et – sans arrêter sa course – se précipita dans le couloir qui le mènerait au pied des escaliers qui le mèneraient dans le couloir qui menait, lui, dans l'aile des assistants.
Il y avait des horloges dans l'université. Elles indiquaient toutes huit heures moins deux. C'était pratiquement un record de la part d'Harry. Moins de quinze minutes entre son lit et l'uni. Ça méritait de contacter le journal universitaire pour qu'il fasse un article sur cette prouesse.
Après quelques minutes de courses, la fameuse porte devant laquelle il avait attendu apparut dans son champ de vision. Il s'arrêta, reprit son souffle. Se remit en marche. Il devait avoir l'air d'un taré. Ce n'était pas grave, au moins il était à l'heure.
Il s'arrêta devant la porte, essaya vainement de lisser son pantalon. Puis, rassemblant son courage, il toqua et ouvrit la porte.
Tom Riddle était penché sur des documents. Il sursauta et se tourna dans sa direction l'air absolument furibond. Avant qu'un éclair de compréhension ne traverse son regard.
Harry jubilait il avait oublié.
-Ah oui, c'est vrai, déclara-t-il en se levant.
Malheureusement pour Harry, il n'avait même pas l'air embarrassé. Triste vie. Harry décida détendre l'atmosphère en saluant l'homme qui lui pourrissait la vie depuis un semestre :
-Bonjour Docteur Riddle PHD, déclara-t-il dans un sourire tendu.
Il se fit fusiller du regard. Son petit trait d'humour n'était manifestement pas apprécié à sa juste valeur. Riddle soupira et répondit :
-Bonjour Harry, assied-toi.
En désignant une chaise. Sur laquelle il y avait une tonne de documents. Bon sang, son bureau était un véritable capharnaüm. Si James voyait ça, il ne manquerait pas de faire une crise cardiaque aigüe. Maladroitement, Harry posa les documents par terre avant de se laisser tomber sur la chaise.
Il croisa ensuite le regard de Riddle qui l'étudiait d'un air pensif :
-Ton test était réellement mauvais.
Harry sentit ses mains se crisper. Il le savait déjà, avait eu tout le loisir de le lire dans les marges dudit test, pas la peine d'en rajouter une couche.
-Est-ce que tu sais ce qu'il s'est passé ? ajouta Riddle en se penchant sur sa chaise et en croisant des bras.
Harry se fit la réflexion qu'il comprenait le lui-du-passé d'avoir eu un crush idiot sur ce type parce que même à huit heures du matin il était – wow.
-Il y a une opération que je n'avais pas captée – et que je ne comprends toujours pas, d'ailleurs.
-Est ça ne t'est pas venu à l'esprit de poser la question ?
Il le regardait comme s'il était le pire des idiots.
-Figure-toi-vous, se corrigea-t-il en voyant les sourcils de l'autre se hausser : que c'était ce que j'étais venu faire quand –
Il laissa sa phrase en suspens.
-Je vois. Bon, je te propose de reprendre le problème depuis le début. Ça t'aidera à comprendre la théorie.
-D'accord, répondit Harry en se relevant.
Il avait laissé la porte ouverte et s'était dit qu'il allait la fermer pour pouvoir mieux se concentrer sur les explications de Satan mais Riddle l'interrompit brusquement :
-Laisse cette porte ouverte. Je ne resterai pas une seconde dans un bureau fermé avec toi.
-Pourquoi ? demanda Harry, vexé.
-Parce que, Harry Potter, je ne voudrais pas que l'on puisse s'interroger sur la nature de notre relation.
Harry soupira, eut une pensée émue pour les rêves (et surtout les fantasmes) qu'il avait eu envers l'autre homme. C'était une manière assez explicite de lui faire comprendre que c'était aussi mort que l'URSS.
Défait, il se rassit alors que Riddle se lançait dans des explications complexes. Malheureusement, après quinze minutes, Harry fut forcé de reconnaître qu'il était un très bon professeur. Après trente minutes, il avait compris ce qui lui avait paru si insaisissable quelques semaines plus tôt.
Riddle le força à faire trois exercices consécutifs, dépassant l'heure que Slughorn leur avait accordé. Mais au moment où Harry posa son stylo pour la troisième fois, il savait intimement qu'il réussirait le prochain test haut la main.
Riddle s'étira dans son siège. L'une de ses jambe effleura celle d'Harry qui faillit faire un bond de surprise. Il s'était assis à côté de lui pour faire les exercices mais – ils étaient suffisamment loin pour que ce genre de contact n'arrive pas. Est-ce que c'était fait exprès ?
Tel un zombie (ou Jésus après le troisième jour) ses espoirs ressuscitèrent.
Riddle lui adressa un sourire mauvais avant de se pencher légèrement dans sa direction :
-C'est bon ? tu as compris ?
-Oui…, Harry hocha de la tête en contemplant ses notes. L'autre homme lui avait tellement bien expliqué qu'il se sentait idiot de ne pas avoir compris tout seul. il inspira : Enfin, il me reste une dernière question.
-Je t'écoute, répondit Riddle qui pensait déjà manifestement à autre chose.
Harry fit un signe de croix mental :
-Est-ce que tu crois au coup de foudre au premier regard ou bien il faut que je repasse ?
Tom Riddle resta muet quelques secondes. Harry supposait qu'au moins, il pouvait se targuer d'avoir réussi à surprendre l'autre homme. Il donnait un peu l'impression d'être le genre d'homme qui ne se laissait jamais prendre au dépourvu.
-Je suis très flatté, Monsieur Potter mais –
Et voilà. Au moins il était fixé. C'était vrai qu'il ne s'était jamais pris de râteau, jusqu'à présent. Enfin pour être cent-pour-cent honnête, il n'avait pas vraiment laissé à Riddle la possibilité de lui en mettre un. Et – en fait, il lui avait quand même envoyé un mail –
-Je comprends parfaitement, le coupa précipitamment Harry en se relevant. il essayait de garder un air digne : désolé si je vous ai mis mal à l'aise-
-Mais, reprit Riddle comme s'il n'avait absolument pas écouté la réponse d'Harry : le règlement interne de l'université interdit strictement ce genre de relations.
Une pause de quelques secondes avant qu'Harry ne s'insurge :
-Les relations homosexuelles ?
Il était horrifié, scandalisé et terriblement outré. Jamais, jamais il n'avait entendu des inepties pareilles. On était au vingtième siècle, qu'est-ce que – de quel droit – oh, il allait mettre Hermione sur le coup. Elle allait sauter au plafond quand elle apprendrait une chose aussi horrible, une discrimination aussi injuste, il allait appeler la presse et leur dire quel genre de politique était soutenue dans l'université, ça ferait scandale à l'échelle national non planétaire –
-Non, Harry, répondit Riddle d'un air amusé : Ce qui est interdit ce sont les relations entre les professeurs slash assistants et les étudiants. Je te rappelle que je dois noter tes travaux.
La tirade d'Harry s'arrêta net dans son esprit. C'était… logique, sensé et même carrément malin. Bien sûr que ce genre de relation étaient interdites lorsqu'une personne avait…disons un ascendant sur une autre. Pouvait-on réellement parler de consentement quand l'un des deux pôle du couple avait le pouvoir de briser le futur de l'autre ?
Mais ce n'était pas le cas dans la situation présente, décida Harry.
-Pas besoin de le crier sous tous les –
-Dehors, Potter, déclara Riddle qui avait quand même l'air légèrement amusé.
Harry eut un geste d'impuissance et décida de quitter cette entrevue avec encore un minimum de dignité. Il remarqua quand même que Riddle n'avait émit aucune réserve quant à … quant à lui, en fait. C'était la situation qui liait ses mains. Désespéré il décida de jouer sa dernière carte :
-Et quand j'aurai terminé mon Master ?
Un sourire tordit les lèvres de Riddle :
-Commence déjà par réussir cet examen.
J'espère que cette très modeste fanfiction vous a divertis, en tout cas je me suis bien amusée à l'écrire ! N'hésitez pas à me laisser un mot pour me donner votre opinion/vos critiques, je suis toujours tellement heureuse quand j'ai de vos nouvelles ! (et en plus dans ces moments difficiles de rédaction de Palingénésie, un peu de motivation ne fait jamais de mal haha) (accent du sud)
Concernant la fin, on va pas se leurrer, il s'agit de Tom Riddle et de Harry Potter – le règlement interne n'est pas respecté longtemps hahahah (et maintenant j'ai envie d'écrire une suite AHHHH pourquoi suis-je toujours comme ça !)
