Hihihi ! je suis vraiment une sacrée coquine – une sacrée petite timbrée. Et oui, vous avez bien lu, quand je ne ship pas Harry avec Voldemort… je ship sa mère ! hahahahahahah (j'assume à 10% environ). Bref, la vérité c'est que j'avais ultra envie d'écrire un personnage principal féminin, que j'avais quand même envie de caser ledit personnage avec Voldy et … voilà Lily est super cool, brillante et badass je ne pouvais pas dire non (j'avance quand même bien sur Palingénésie, ceci étant un petit side-project ma foi fort sympathique haha).

Par contre je ne vous cache pas que c'est un chapitre test, si cette fanfiction n'intéresse personne… je la mettrai directement à la trappe. Donc si vous êtes aussi chauds que moi … n'hésitez surtout pas à me le faire savoir !

Sinon cette fanfiction méritera son rating de ouf – je ne sais pas comment dire ça dignement mais – mais qué calor hahahahaha

Sur ce désolée pour cette chose.


Prologue


L'insulte, un coup de poignard. Sa lame n'était pas effilée. Bien au contraire. Dentelée, émoussée, elle s'était difficilement enfoncée dans sa poitrine, par à-coups, en même temps que les mots.

Sang. de. Bourbe.

Jusqu'à ce qu'elle soit plongée jusqu'à la garde dans son cœur.

Au moment même où la dernière syllabe était sortie, Lily avait vu que Sev - non. Severus, regrettait de l'avoir dit. Ce qui n'était pas surprenant, il était assez intelligent et surtout il la connaissait assez bien pour savoir qu'elle ne le lui pardonnerait jamais. L'insulte était sortie si naturellement que le doute n'était pas permis. C'était ainsi qu'il l'avait toujours considérée – les mots avaient toujours été sous sa langue, prêts à sortir à la première occasion.

Et la voilà, la première occasion. Elle s'était juste juste interposée entre James et son meilleur ami. Pas forcément pour soutenir James, d'ailleurs. Dieu savait qu'il l'agaçait - et justement, déjà tendue par une journée particulièrement éreintante, elle n'avait pas eu envie de subir une nouvelle fois d'une part un Severus en colère d'avoir été humilié et d'autre part un James fier comme un coq d'avoir "remis le serpentard à sa place".

Sev avait dû se dire qu'elle prenait le parti de James - ce qu'elle n'avait jamais fait - contre le sien, et… voilà.

Au moins, elle était fixée quant à ce qu'il pensait réellement d'elle. Quelle idiote. Pourquoi en aurait-il été autrement ? Il pouvait bien dire ce qu'il voulait, prétendre qu'il se fichait royalement de son sang, lui assurer qu'elle était géniale et sa meilleure amie et qu'elle était plus digne d'être à Poudlard que tous leurs camarades réunis -

Il n'empêchait qu'il passait la plupart de son temps avec ses camarades serpentards. Dont la plupart ne cachaient même pas réellement où se trouvait leur loyauté. Aux pieds de-vous-savez qui.

Elle ne lui pardonnerait jamais, décida-t-elle fermement, bifurquant dans un autre couloir. Le jour où elle pardonnait des insultes aussi graves, des insultes raciales, elle serait tombée bien bas. C'en était donc fini de cette amitié. La lame dans sa poitrine se retourna. C'était douloureux, c'était indéniable. Elle retenait une envie de pleurer pathétique depuis qu'elle les avait laissés. Severus avait longtemps été son seul ami. Ils se disaient tout, se comprenait si bien – pourquoi la trahir comme ça ? Qu'avait-elle donc fait pour-

Elle revoyait parfaitement les quelques gryffondors et serpentards (elle ne les avait pas comptés) qui avaient entouré l'altercation. Ils avaient tous (sans exception) eu une mine réjouie. Bien sûr ! voilà des ragots de qualité. Lily était partie sans un mot, le dos droit, le regard loin devant elle. Son attitude avait évidemment été conscientisée. Si elle s'était écoutée, elle serait remontée en courant et en pleurs dans la salle commune. Ce n'était pas tous les jours qu'un ami vous reniait publiquement.

Mais, par-dessus tout, elle avait terriblement besoin d'être seule. Le plus loin possible du regard horrifié et désolé de Severus, et très loin du regard compatissant mais surtout condescendant de James. Il le lui avait bien dit, non ? ça faisait des années qu'il justifiait son comportement envers Severus parce qu'il clamait haut et fort qu'il avait un mauvais fond.

Franchement, entre les deux, Lily n'était pas sûre de savoir qui était le plus mauvais. Severus était plus sombre, plus taciturne, mais James pouvait être d'une cruauté abjecte. Elle lança un pas rageur devant elle. Si un vase s'était trouvé à portée de main (ou tout autre objet cassable, par ailleurs) elle l'aurait très volontiers brisé.

Il ne lui restait plus qu'à trouver un endroit où se cacher. Elle bifurqua dans un nouveau couloir. Son insigne de préfète-en-chef brillait de temps à autre. La faisant plisser des yeux. Une envie de l'arracher de sa poitrine et de le piétiner. Ça aussi, c'était un joli ramassis de foutaise. Préfète-en-chef. À quoi cela lui servait ? Lui servirait dans le futur ? Elle n'était que Lily Evans, juste bonne à se faire insulter dans les couloirs parce que ses parents étaient moldus.

Elle avait ce mot en horreur, d'ailleurs. Moldu. Ça aussi, c'était condescendant. Et ça illustrait parfaitement l'attitude de James. Ce mépris - pas forcément malveillant mais mépris quand même - que tous les sorciers avaient pour sa famille.

Dire que Pétunia aurait tout donné pour venir dans cette foutue école, Lily se surprit à souhaiter que ce fut elle la sorcière. Et elle, elle aurait pu vivre une vie normale, aller dans un lycée normal, se faire des amis qui l'insulteraient… d'une manière plus superficielle qu'à propos de qu'elle était intrinsèquement et faire carrière dans n'importe lequel des métiers auxquels elle se destinait quand elle était enfant.

Étant donné que Lily s'était fantasmé à peu près tous les métiers (astronaute, physicienne, vétérinaire, acrobate, actrice, scientifique dans un laboratoire top secret), elle aurait fatalement trouvé chaussure à son pied.

Sa colère augmenta encore d'un cran. Combien de cran encore avant qu'elle n'arrache une des armures à son socle et qu'elle la jette par terre ? L'idée était tentante, assurément. Le bruit du fer contre la pierre parviendrait peut-être à couvrir les hurlements qu'elle contenait.

Putain, pensa-t-elle, savourant ce mot dont elle savait qu'on la réprimanderait si on connaissait sa pensée : putain de merde.

Bon. Elle s'arrêta. Elle était au plus profond de Poudlard. De là où elle se tenait, elle pouvait rejoindre à peu près n'importe quel endroit. Mais Severus et James étaient sans doute à sa poursuite. L'un pour s'excuser platement probablement en pleurnichant (elle regretta cette pensée mesquine) l'autre pour lui déclarer son amour et compter (inconsciemment, elle l'espérait) sur sa faiblesse pour enfin, enfin accepter ses avances.

Les deux possibilités étaient toutes aussi déprimantes l'une que l'autre. Pas de bibliothèque, donc. Ils la trouveraient tout de suite. Les cachots, vers la salle de classe de Slughorn, étaient aussi hors de question. Pareil pour son endroit préféré au bord du lac.

Mince, non. Merde, peut-être aurait-elle mieux fait d'aller s'enfermer dans sa chambre, tout compte fait. Mais ses camarades auraient tout fait pour la faire descendre. Et dans la salle commune, elle aurait eu droit aux déclarations enflammées quoique légèrement ironiques de James, avec un Sirius hilare en arrière-fond et un Remus et Peter gênés devant la scène.

Finalement elle avait fait le bon choix.

Un endroit où se cacher... Un endroit où se cacher... Pensa-t-elle. Elle regarda autour d'elle, désespérant de ne pas avoir une idée de génie. Un endroit où se cacher - elle fit trois pas, décidant d'aller en direction des tours de l'école, lorsqu'un bruit curieux retentit derrière elle.

Elle se retourna. Le mur s'était fendu d'une large porte. Le bruit, c'étaient les pierres qui crissaient entre elles, s'écartant pour laisser apparaître ladite porte.

-Oh putain, lâcha-t-elle pour elle-même.

(Sa mère ferait définitivement un infarctus de la voir si vulgaire en public)

Lily avait lu et relu Histoire de Poudlard, les livres de la bibliothèque n'avaient aucun secret pour elle et pourtant - pourtant elle n'avait jamais appris où se trouvait la salle sur demande.

Jusqu'à, bien sûr, que celle-ci se dévoile à elle. C'était incroyable ! Malgré la situation, malgré la journée horrible qu'elle venait de passer - le "sang de bourbe" n'en avait été que le parachèvement, elle avait accumulé toutes les guignes possibles - à commencer par se renverser un encrier sur les genoux -

Non. Réflexion faite, le moment où sa journée avait définitivement déraillé, c'était quand elle avait raté sa bouche au moment de boire son café. Elle s'en était foutue sur le menton, sur sa chemise et sur sa jupe. Bon Dieu il n'y avait sincèrement rien de pire sur cette planète que de faire quelque chose (ok, elle pouvait admettre que c'était en soi assez drôle) alors qu'on est à moitié endormi pour avoir en face deux imbécile qui en rigolent pendant littéralement quinze minutes.

Bref, cette journée n'avait pas commencé sous les meilleurs auspices. Mais de savoir qu'elle venait de trouver un endroit pareil ? C'était - incroyable, c'était au-delà de toutes ses espérances. Bon sang, c'était probablement le secret le mieux gardé de Poudlard… Avec évidemment la chambre des secrets (dont elle n'était même pas sûre qu'elle existait réellement).

Euphorique, elle se précipita vers la porte. Au fond, Lily craignait un peu qu'elle ne disparaisse subitement au moment où elle poserait sa main sur la poignée. Mais non, le fer froid lui rafraîchit la paume. Elle était bien là ! Elle sourit - et ouvrit la porte.

Si elle était déjà heureuse d'une telle découverte… Rien n'aurait pu la préparer à la découverte de la salle. Elle avait cherché un endroit où se cacher. Eh bien, à en croire l'état de la salle, elle n'était pas la seule à avoir eu besoin (à un moment où à un autre) de devoir cacher quelque chose.

C'était un véritable bric-à-brac. Lily ne savait pas où regarder. Partout autour d'elle, des piles et des piles d'objets. Des meubles, en quantité astronomiques mais aussi des bibelots, des objets magiques, des livres, il y avait de tout et n'importe quoi. Elle referma la porte derrière elle.

Puis, doucement, ne sachant pas par quoi commencer, où regarder, que prendre entre ses mains, elle s'avança dans la pièce. C'était époustouflant.

Elle sourit malgré elle alors que sa main suivait la courbe du dossier d'un fauteuil. Il y avait forcément des trésors inestimables autour d'elle - peut-être des livres qui avaient disparus depuis des générations ? Son sourire n'en devint que plus grand.

Maintenant que sa vie sociale se résumait au néant, (ce n'était pas très charitable pour son amie Agnès mais elle se sentait d'humeur dramatique) elle avait tout le temps du monde de venir inventorier le contenu de cette salle. Pas sûre qu'elle ne parvienne au bout de son travail, cela dit. Il ne lui restait plus qu'un an à Poudlard avant la fin de ses études. Et de ce qu'elle pouvait en voir… Il y avait des milliers de choses à inventorier.

Les vacances de Noël étaient encore loin. D'habitude, elle préférait les journées au château plutôt que les vacances où elle se sentait un peu obligée de retourner voir sa famille. Les quelques minutes entre l'insulte de Severus et la découverte de la salle avaient été marquées par une envie très nette de décamper de l'école pour ne plus jamais y remettre les pieds.

Mais maintenant - elle avait des perspectives beaucoup plus joyeuses. Par où commencer ? se demanda-t-elle. La pièce était si grande qu'elle n'en voyait pas le fond. Peut-être ferait-elle mieux de commencer par ça. Oui, essayer de voir à quel point elle était grande lui paraissait sensé.

Elle s'enfonça dans la salle en contournant les meubles, essayant de ne rien toucher. Lily n'était pas naïve, elle se doutait bien qu'il y avait des objets… peu recommandables voire dangereux dans la pièce. Quel meilleur endroit pour un élève embarrassé d'un objet interdit que la salle sur demande ?

Bon sang, c'était tout simplement incroyable. Comment pouvait-elle être si chanceuse ?

Elle repensa à la scène qui s'était jouée plus tôt. D'accord, elle n'était pas si chanceuse. Pas beaucoup d'amis, la cible d'attentions on ne pouvait plus exaspérantes de la part du garçon le plus populaire de sa Maison… Et un meilleur ami qui, en fait, ne l'avait jamais respectée.

C'était super. Elle se faufila entre deux meubles une lueur attira ses yeux. Agacée, elle arracha son insigne de préfète-en-chef. Le reflet de lumière lui tapa à nouveau l'œil. Elle tourna la tête, curieuse.

En effet, ce n'était pas son insigne qui l'avait brièvement aveuglée. Elle le glissa dans la poche de sa robe - là où se trouvait bon nombre d'objets qui n'avaient rien à y faire et qui ne manquaient pas d'horrifier Pétunia tous les étés.

La source de son inconfort était… un diadème. Un diadème, ancien, le genre de tiare que les petites filles portent lorsqu'elles veulent jouer à la princesse. Curieuse, se demandant si l'objet en question avait de la valeur, elle s'approcha. Puis, une fois devant, prenant bien garde de tenir ses mains derrière elle, Lily se pencha.

C'était un diadème terriblement simple. En argent terni. Etonnant qu'elle l'ait remarqué. Il était sobre, juste un cercle argenté composé de deux traits d'argents qui s'enroulaient en torsade l'un sur l'autre. Elle se pencha plus en avant. Les deux fils d'argents se rejoignaient sur ce que Lily devinait être l'avant du diadème… pour former une silhouette d'aigle.

Son sang quitta son visage. Une quantité admirable d'adrénaline déferla en elle.

-Merde, déclara-t-elle sobrement : oh putain de merde !

(Lily n'avait jamais été vulgaire à ce point mais c'était définitivement une journée extraordinaire.)

Non seulement elle trouvait la salle sur demande mais - en plus - elle trouvait ce qui semblait être le diadème perdu de Serdaigle ? Parce que ça ne pouvait être que ça, non ? Mais comment - comment avait-il pu rester comme ça, au su et au vu de tous - certes dans une salle secrète mais -

Elle le saisit. Une décharge - pas forcément désagréable mais une décharge quand même lui parcourut le bras. Elle fit tourner le diadème entre ses mains. Selon la légende, il donnait la sagesse à quiconque le portait.

Lily émit un bruit témoin de sa réflexion. Il fit écho contre les différents meubles. C'était idiot - c'était peut-être un faux, une arnaque qui avait été ensorcelée pour s'attaquer aux crédules.

Hypothèse probable mais pas concluante. Elle soupira. Si elle montrait le diadème à Dumbledore ou à n'importe lequel des professeurs… Nul doute qu'elle serait remerciée, nul doute qu'elle aurait peut-être une médaille à son nom mais -

Mais elle n'aurait jamais cette occasion une seconde fois.

-La science ne progresse pas sans risques, commenta-t-elle pour se persuader.

Elle imagina toutes les figures féminines qui l'inspiraient. Elle s'était toujours dit qu'elle aussi, si elle était à l'aube d'une grande découverte, n'hésiterait pas avant de prendre des risques pour mener à bien son expérience. Lily s'était toujours dit que Marie Curie devait être une gryffondor.

-15h28, déclara-t-elle en regardant sa montre : je suis peut-être sur le point de faire une découverte majeure- il faut juste que -

Cette déclaration inachevée finit de la persuader (après tout, pourquoi hésitait-elle à ce point ?). Rapidement - pour ne pas laisser le temps à son hésitation d'avancer un nouvel argument, elle plaça le diadème sur sa tête.

La cruauté de la douleur lui coupa le souffle. Comme si une main particulièrement vicieuse était parvenue à saisir sa colonne vertébrale et la tirait – depuis l'intérieur –. Elle sentait son cerveau se fendre, les parties disséquées méthodiquement elle n'allait pas survivre à une expérience pareille -

Puis plus rien. La douleur, éphémère, l'avait entièrement quittée. Elle se redressa. Bougea ses orteils et ses doigts. Non, elle n'avait définitivement plus mal. Etrange, pensa-t-elle. Elle tâta son corps - il était bien là, elle était entière et elle était toujours dans la salle sur demande. Si ce n'était qu'elle s'était apparemment écroulée par terre. Ses genoux - sur lesquelles elle se tenait - lui faisaient passablement mal.

Le diadème était toujours vissé sur sa tête.

Rassurée quant à sa corporalité et son état (vivant) elle se redressa. Regardant autour d'elle, Lily se frotta vaguement les genoux. Avant de sursauter d'une façon peut-être un peu trop dramatique.

Elle n'était plus seule dans la pièce. Il y avait - il y avait définitivement quelqu'un avec elle.

Ses yeux passèrent successivement à sa tenue - une robe sobre - à ses épaules - larges masculines, définitivement pas les épaules d'un adolescent - à son visage. Lily rougit malgré elle. Elle était habituée à côtoyer de beaux garçons. Après tout, James en était un représentant plus que digne. Ah, et Sirius, c'était encore une autre histoire.

Mais le garçon - non le jeune homme qu'elle avait devant elle - c'était le genre d'homme qui ornait les magazines de Pétunia et que Lily lisait l'été quand elle était chez ses parents. Le genre d'homme dont on fait des posters et que les jeunes filles accrochent ensuite à leurs murs. Elle rougit malgré elle. Vraiment. Lily, et son amitié avec Rogue le prouvait, n'était pas quelqu'un qui s'intéressait beaucoup au physique des gens - enfin. Le fait qu'elle se fasse précisément cette réflexion était peut-être justement la preuve qu'elle était – en réalité - superficielle ?

-Bonjour ? essaya-t-elle.

-C'est une question ? lui répondit-il dans un sourire.

Et quel sourire. Inexplicablement, Lily se sentit l'envie de glousser. Elle se retint difficilement. Une partie d'elle – qui se souvenait parfaitement qu'elle avait failli mourir de douleur à peine quelques minutes plus tôt – lui intimait de rester sur ses gardes – ce sourire… était ironique.

-Non, répondit-elle d'une façon qu'elle jugea particulièrement idiote.

Gênée, elle regarda autour d'elle. La salle sur demande était en tout point identique à ce qu'elle avait été quelques secondes plus tôt. Si ce n'était la présence mystérieuse de - de ce type. La douleur n'avait duré que quelques instants, elle en était absolument certaine. Dans ce cas, il n'avait pas pu rentrer dans la salle, elle s'en serait aperçue. Et, d'ailleurs, qu'est-ce qu'un visiteur comme lui faisait dans le château ? Et surtout pourquoi se serait-il rendu dans la salle sur demande ?

Ça n'avait aucun sens. Il y avait donc, comme aimait le dire sa mère, anguille sous roche. Dubitative, elle leva les bras pour toucher le diadème. Après tout, l'apparition de ce type coïncidait en tout point avec le moment où elle l'avait posée sur le crâne. Il était donc possible que sa soudaine présence et le diadème soit lié.

Il observa son geste, toujours manifestement amusé :

-Brillant, déclara-t-il : tout simplement brillant.

Lily était tout de même relativement habituée aux compliments concernant ses facultés intellectuelles. C'était sans doute parce qu'elle était née-moldue et que l'on partait toujours du principe qu'elle était inférieure. Mais, quoiqu'il en soit, ses professeurs ne manquaient pas de clamer leur admiration. Professeur Slughorn, par exemple, n'hésitait jamais de lui dire à quel point il la trouvait fantastique. Mais c'était une chose de se faire complimenter par un professeur âgé et en perpétuelle quête de nouveaux talents, une autre de recevoir les mêmes encouragements d'un jeune homme mystérieux plus proche d'un mannequin que d'un sorcier.

-Vous êtes -vous êtes le diadème ?

-Pas tout à fait, répondit-il facilement. il était resté totalement immobile, si ce n'était son sourire au début de leur conversation : mais nous sommes effectivement liés.

-Ah, je me demandais si la sagesse du diadème était, en fait, un professeur intégré.

Il ne répondit pas. Lily fronça des sourcils. Pouvait-on être -

-Vous êtes … prisonnier ? coincé ? est-ce que c'est ce qui arrive à ceux qui trouvent le diadème ?

Elle se sentit soudainement extrêmement oppressée par la pièce. Non pas que la compagnie ne fut pas tout simplement charmante, elle n'avait strictement aucun reproche à faire ce mystérieux inconnu mais - mais elle avait de l'ambition dans la vie, et l'idée d'être enfermée à jamais dans la salle sur demande-

Enfin, ça pourrait être pire. Elle pourrait être dans une grotte.

-C'est une question intéressante, reprit-il. il s'appuya nonchalamment contre la table sur laquelle Lily avait trouvé le diadème : mais je vais commencer par vous rassurer, il vous suffit de retirer le diadème pour quitter ce lieu quant à moi -

-Parce qu'on est dans un endroit différent ? On est plus dans la salle sur demande ?

-Ah, Mademoiselle, il serait dommage que je vous retirer le plaisir de découvrir l'utilité de ce diadème, n'est-ce pas ?

Lily n'en était pas si sûre. S'il y avait le moindre risque qu'il se passe quelque chose de, disons, désavantageux, elle préférait sincèrement être prévenue plutôt que d'en faire naïvement l'expérience. Pas très cartésien, se sermonna-t-elle. La souffrance qu'elle avait brièvement ressentie lui traversa l'esprit.

-Pardon, vous disiez ? demanda-t-elle en réalisant qu'elle l'avait coupé alors qu'il avait l'intention de lui expliquer ce qu'il faisait là.

-Il n'y a pas de mal, je ne peux que comprendre votre enthousiasme. Après tout, tomber sur l'un des objets des fondateurs…Ce n'est pas donné à tout le monde.

Lily hocha énergiquement de la tête. Il reprit :

-Je suis…coincé, je pense que c'est effectivement le terme adéquat.

-Coincé ? Dans un objet ?

Lily pouvait se targuer d'avoir lu un certain nombre de livres. Pourtant, elle était absolument certaine qu'elle n'avait jamais lu que l'on pouvait… être prisonnier d'un objet inanimé.

-Regrettable, n'est-ce pas ?

-Comment est-ce possible ? elle était tentée de le toucher pour voir s'il était entier. S'il avait une consistance. Il paraissait tout à fait normal mais - mais son histoire était tellement rocambolesque ? être coincé dans un objet ? C'était tellement mystérieux, sa curiosité menaçait de l'étrangler.

-Je pense qu'il est préférable que je n'entre pas dans les détails. Un accident regrettable et, je le crains, irréversible.

Elle plissa des yeux. Il n'y avait rien de menaçant ni dans son visage, ni dans sa posture, ni dans son ton. Et pourtant, Lily se sentit subitement comme une proie. Comment pouvait-on se retrouver coincer dans un objet ?

-Enfin. Je suis ravi de constater que je risque d'avoir bientôt plus de compagnie qu'auparavant. Quel est votre nom ?

-Vous semblez persuadé que je vais remettre ce diadème, répondit Lily avec méfiance.

-Oh, j'en suis certain. Si vous êtes là, si vous me voyez, c'est que vous en êtes digne. Et quelqu'un de digne serait bien incapable de s'en débarrasser.

Lily décida que beau garçon ou pas, elle ne se sentait décidemment pas rassurée du tout. Elle retira le diadème. Cette fois, elle ne ressentit absolument aucune douleur. Et, en réalité, le seul changement qui s'opéra fut la disparition soudaine du jeune homme. La salle sur demande, elle, était en tout point semblable. Combien de temps avait-elle perdu ?

Elle regarda distraitement sa montre. La baissa. Avant de la relever précipitamment. Alors certes, elle n'avait probablement pas mis le diadème pour plus de quinze minutes. Mais la montre affichait 15:29.

L'aiguille venait à peine de passer sur le cran suivant. En d'autres termes, il s'était écoulé moins d'une minute entre le moment où elle avait placé le diadème sur sa tête et le moment où elle l'avait retiré. C'était, évidemment, impossible.

-C'est quoi ce bordel, marmonna-t-elle levant l'objet au niveau de ses yeux.

Est-ce que le porter arrêtait le temps ? Est-ce que ça permettait d'entrer dans une sorte de dimension où la notion de temps n'existait pas ? Les possibilités étaient - infinies. Elle aurait le temps de lire tous les livres qu'elle voulait, d'étudier tous les cours qu'elle désirait, de prendre tout son temps pour écrire ses dissertations. Ou, mieux, elle pourrait en plus utiliser ce temps pour dormir ? Plus besoin de passer ses nuits dans le dortoir -

La vision du jeune homme qui était, apparemment, partie intégrante du diadème lui revint subitement à l'esprit. Ouais. Peut-être vaudrait-il mieux qu'elle ne s'endorme pas en portant le diadème. Mais les possibilités étaient infinies ! Est-ce que c'était ça, la sagesse ? La possibilité d'apprendre tout le savoir de l'être humain en étant tranquillement enfermée dans une poche intemporelle ? C'était complètement dingue. Une autre question, évidemment, était celle du vieillissement. Si elle passait un an avec le diadème sur la tête, risquait-elle de vieillir à l'intérieur et de "perdre" une année de sa vie ?

-Rowena, vous êtes un génie -commença-t-elle.

Ses mains tremblaient. Une telle découverte entre des mains comme les siennes ! Heureusement qu'elle avait de bonnes intentions, celle de poursuivre la connaissance et non pas d'utiliser cette ressource de temps à mauvais escient. Dieu savait ce qu'il risquait d'arriver si - au hasard - vous-savez-qui s'était emparé d'un objet pareil. Elle hésita à remettre le diadème sur sa tête. Elle avait des livres avec elle, suffisamment pour passer des heures absorbées par ceux-ci. Sans parler du parchemin qu'elle devait rendre en potion et qu'elle avait l'intention de rendre absolument parfait.

Mais - mais une partie d'elle la suppliait prudente. Non seulement elle avait légitimement cru mourir en mettant ce foutu machin mais en plus, elle ne savait pas ni qui était l'homme prisonnier dans le diadème, ni, d'ailleurs, comment il était arrivé là. Elle devait bien l'admettre, elle n'était pas totalement rassurée quant aux conséquences de l'utilisation d'un tel objet.

Peut-être devrait-elle amener le diadème à Dumbledore. Elle serait sûrement vivement récompensée pour sa trouvaille, Peut-être même qu'elle aurait elle-aussi droit à une coupe dans la salle des trophées. Lily Evans, archéologue amateur, dénicheuse d'artéfacts magiques. Il y avait pire, comme première prouesse. Non vraiment, aller rendre le diadème aux professeurs -

Mais elle n'y aurait plus jamais accès. Cette certitude coupa court à tous ses rêves de gloire. Certes, peut-être qu'elle serait remerciée. Et encore, ce n'était même pas sûr, le monde sorcier avait quand même vite tendance à laisser les nés-moldus de côté. Alors que si elle gardait le diadème - si elle l'utilisait pendant - disons quelques mois, le temps de finir cette année scolaire… Elle pourrait emmagasiner une quantité astronomique d'informations ! Plus rien ne serait un secret pour elle !

Et après tout, pourquoi craignait-elle ce type. D'ailleurs, il n'était sûrement pas réellement prisonnier de l'objet. C'était sans doute juste … un professeur intégré au diadème, comme elle l'avait précédemment supposé. Sans hésiter, elle inspira et posa une nouvelle fois le diadème sur sa tête.

Cette fois, pas la moindre douleur. Juste un voile noir devant ses yeux, comme si elle avait brièvement fermé ses paupières. Et la salle sur demande réapparaissait - en tout point semblable - si ce n'était la présence du jeune homme.

Il la regardait. Lily fut instantanément soulagée. De toute évidence, il s'agissait d'un sortilège, d'une illusion magique supposée la guider. Elle décida de ne pas y faire trop attention. C'était un peu une peinture en 3D, elle supposait. Ce qui expliquait son physique. Quelque chose d'impressionnant, certes, d'esthétiquement plaisant, indéniablement - mais une illusion quand même.

Elle fit passer son sac devant elle et l'ouvrit. Elle avait justement sur elle un livre qu'elle n'avait pas encore eu le temps de finir. Elle aurait tout le temps de le lire cet après-midi puis de… De vaquer à ses occupations, seule, maintenant qu'elle n'avait plus d'ami.

-Déjà de retour ?

Son geste s'interrompit. Elle releva brusquement le visage sur l'illusion - qui ne pouvait pas en être une - en face d'elle.

-La tentation était trop forte, répondit-elle difficilement, se sentant soudainement extrêmement exposée.

Sa méfiance, qu'elle avait essayé de faire taire - de reléguer au fond de son esprit, ne fit que revenir au quart de tour. Les moldus avaient un nom pour ça. Un test qui était censé délimiter la frontière entre une machine et un être humain. Et le jour où les machines seraient capables de dépasser le test… Eh bien ce serait soit l'aube d'une nouvelle ère soit l'avènement de la chute de l'homme par les machines. En l'occurrence, même si de nombreuses compagnies essayaient de faire progresser leurs ordinateurs au point où ceux-ci seraient indifférenciables des hommes… ils en étaient encore loin.

Et Lily savait, parce qu'elle s'y était beaucoup intéressée, que les sorciers n'étaient pas capables de créer des objets (peintures, statues, et toutes ces choses) capables de passer ce fameux test.

Il était simple pourtant, ce test. Et fonctionnait précisément sous forme de dialogue. Est-ce que la machine (ou l'objet enchanté) était capable d'intégrer les informations qu'on lui donnait pour les réutiliser plus tard dans un dialogue ? Est-ce que l'ordinateur était capable de converser parfaitement avec un humain sans que son état de robot ne soit détectable ? C'était impossible pour le moment.

Et pourtant, cet homme - qui en était forcément un - venait de passer le test de Turing. Cela aurait dû être impossible. Et cela ne pouvait dire qu'une seule chose, elle était réellement coincée avec quelqu'un. Enfin, elle, elle n'était pas vraiment coincée. Sauf si on partait du principe qu'elle avait effectivement l'intention de passer la majorité de sa vie dans cet endroit.

-Est-ce que vous avez besoin d'aide ? demanda-t-elle après quelques secondes.

Il lui sourit à nouveau. Son sourire était marginalement moins charmant que le premier. Il y avait un pli ironique que Lily ne pouvait pas ignorer.

-Non, répondit-il : bien que je doive avouer que je serais ravi de quitter la salle sur demande, si vous avez l'intention d'emmener le diadème avec vous.

Il voyait clair dans son jeu. Était-il capable de lire dans ses pensées ? Bien sûr que Lily avait l'intention de prendre le diadème avec elle. Mais comme la première fois qu'elle s'était retrouvé face à lui, elle avait le sentiment très, très évident que cela était une mauvaise idée. Il pencha légèrement la tête sur le côté :

-Je m'appelle Tom Riddle.

-Tom Riddle, répondit-elle lentement : je connais ce nom.

-Vraiment ? il avait l'air sincèrement curieux.

-Est-ce que vous êtes mort ?

-Non, du moins pas à ma connaissance, répondit-il.

Elle plissa des yeux. Elle n'aimait sincèrement pas ça. Être coincé dans un objet… ça lui faisait - ça lui faisait un peu trop penser à la possibilité qu'il s'agisse de magie noire. Et il n'y avait rien que Lily méprisât plus que ça. La voie de la facilité, le sacrifice de son âme pour - elle plissa encore des yeux.

- Lily Evans, déclara-t-elle soudainement en se pointant du doigt.

Avant de regretter son geste. Elle se prenait pour un primate qui essayait de communiquer avec un être humain ou quoi ?

Son sourire grandit. D'un petit sourire poli il passa à un sourire sincère - et sincèrement assez effrayant. Mais toutes ces histoires de nom, ce n'était que des légendes moldues. Qu'il connaisse le sien ou pas, ça ne changeait strictement rien, se rassura-t-elle.

-Enchanté, Lily. Je suis sûr que nous allons devenir de bons amis.

-Vous êtes assez menaçant, commenta-t-elle en se plongeant une nouvelle fois dans le contenu de son sac.

Il ne répondit pas. Curieuse, elle leva la tête. Il la regardait toujours mais son expression avait changé. En fait, il n'avait tout simplement plus d'expression. Son visage était un masque parfaitement neutre. Elle rappelait à Lily les statues grecques qu'elle se plaisait à regarder dans les livres d'art.

-La solitude a peut-être rouillé mon sens de la conversation. J'en suis désolé.

Lily haussa des épaules. Bien sûr qu'elle finirait par se pencher sur la question. Pouvoir emprisonner quelqu'un dans un objet c'était tout de même - c'était si révolutionnaire que l'idée la grisait légèrement. Mais - à l'heure actuelle, elle avait plus urgent à faire. C'est à dire finir de lire l'ouvrage Potions mortifères et secrets de breuvage volume. II.

Elle s'assit par terre et se mit à lire, s'exhortant à ne plus faire attention à la présence qui était elle aussi dans la pièce. Et il sembla d'ailleurs tout à fait content de la laisser faire. Il erra quelques instants, Lily le suivait du coin des yeux, avant de prendre un livre quelconque et de se mettre à lire, lui aussi.

Ce n'était pas désagréable.

Combien de temps s'écoula ? Impossible à dire. Lily était complètement absorbée par sa lecture. Elle n'était pas passionnante, loin de là, mais tout ce temps - lui permettait de se concentrer convenablement sur toutes les lignes. Elle qui avait un peu tendance à lire en diagonale, elle avait le luxe de ne plus avoir à le faire.

Elle sentit finalement sa concentration osciller. C'était assez - pour le moment. Elle se redressa et adressa un regard à l'homme. Il leva la tête, se sentant probablement observé.

-Je vais y aller, déclara-t-elle en désignant le diadème d'une main.

Il hocha de la tête :

-à bientôt.

Lily n'avait rien d'intelligent à répondre à ça. Elle retira le diadème. Regarda immédiatement sa montre : 15:30. Seule deux minutes s'étaient écoulées depuis qu'elle avait placé la couronne pour la première fois sur sa tête.

C'était complètement dingue. Était-elle plus vieille ? Elle n'avait pas pensé à poser la question à l'homme. À Tom Riddle. Tant pis, elle imaginait qu'elle aurait encore l'occasion de le faire.

Elle hésita un instant. Le sentiment de malaise était toujours présent. Soumis, vaincu au fond d'elle. Mais là quand même. Ne ferait-elle pas mieux d'en parler à un professeur ?

Elle contempla l'objet. L'aigle – le métal terni. C'était l'occasion d'une vie.

Et donc, tout naturellement, elle fourra le diadème dans son sac.