Bonjour!
J'avais l'espoir de poster ce chapitre hier :( malheureusement...: La vie. haha
Encore une fois, merci aux gens qui prennent la peine de commenter, vous rendez ma vie ... Exceptionnelle ! Hahaha j'avais l'intention de faire des chapitres d'environ 5000 mots. Naturellement celui-ci en fait donc 8000 (it's big brain time hahah) J'espère que celui-ci vous plaira!
34
-Est-ce que tu peux m'expliquer -
Il leva péniblement une jambe. Elle était enfoncée jusqu'au milieu de son mollet dans une boue humide et malodorante. Il tira elle se libéra finalement avec un bruit de succion qui le fit grimacer de dégoût.
-Pourquoi, reprit-il, tu n'as pas demandé à - au hasard - Slughorn, de te laisser utiliser la bibliothèque ?
Il souleva l'autre jambe. Elle était plus enfoncée que l'autre et lui demanda un effort encore plus conséquent que le précédent.
Riddle, à côté de lui, était blafard. C'était au moins une consolation, de voir qu'il n'était pas le seul à souffrir le martyr. Parce que la traversée de ce marécage était indéniablement une souffrance.
-Parce que, haleta - littéralement - haleta Riddle : s'il refuse et qu'ils remarquent ensuite que des livres ont été déplacés - ils vont tout de suite me soupçonner.
Il perdit un peu l'équilibre en posant sa jambe. Harry secoua la tête en le voyant osciller quelques secondes avant de miraculeusement retrouver son équilibre. Il voyait venir mais alors tel un paquebot de deux-cents mètres qu'il allait finir par devoir l'aider. Pourquoi ne l'avait-il pas obligé à rester alité au minimum un jour ? Pourquoi Harry, en entendant son plan - admettons-le - complètement idiot, s'était dit que c'était finalement tout à fait raisonnable et qu'il allait l'accompagner ?
-C'est encore loin ?
-Non.
Riddle perdit une nouvelle fois l'équilibre. Il était encore blessé, sa jambe lui faisait encore manifestement mal -
Par réflexe, Harry lui attrapa l'épaule pour le stabiliser. Riddle lui saisit immédiatement le bras, profitant de son appui. Pour être franc, Harry avait envie de lui hurler dessus les pires insanités.
Ils allaient clairement se faire attraper. Deux idiots qui tentent d'entrer par effraction dans Poudlard il ne savait même pas comment -
Oui, Riddle avait eu un air extrêmement satisfait - lui avait dit qu'il avait un plan, et lui avait indiqué où les transplaner (apparemment, il était trop faible pour le faire lui-même). Et ta-dam ! Ils s'étaient retrouvés dans ce marécage de l'enfer. C'était le seul qualificatif qu'il pouvait donner à l'endroit. À leur gauche, il y avait une forêt. Composée essentiellement d'arbres très sombres (bon, un peu logique, vu l'heure). Il ne distinguait rien d'autre que la forme noire des feuilles. À leur droite, le marécage se transformait petit à petit en un torrent assez peu caractéristique de l'Ecosse.
Parce qu'ils étaient bien en Ecosse. Plus précisément, ils se trouvaient entre le lac noir et la forêt interdite.
-Tu penses que c'est une protection ? demanda Harry en extirpant pour la énième fois sa jambe de la substance spongieuse.
-Est-ce qu'on peut en discuter à un autre moment ?
Harry supposait que oui. Mais il était le genre de personne qui aimait bien discuter pendant l'effort cela lui permettait de penser à autre chose. C'était toujours mieux que de souffrir en silence en se demandant ce qu'il foutait de sa vie. Même si cette question lui tournait dans la tête depuis à peu près un mois.
Un mois à peine après être arrivé et il se trouvait déjà à entrer par effraction dans Poudlard. Mais bon, sa consolation, c'était qu'il n'agissait pas ainsi parce qu'il se faisait corrompre. Non, il agissait ainsi parce qu'il mourrait d'envie de revoir son école. Après tout, c'était sa première maison.
Et au vu de la tournure de sa vie, ça risquait un peu d'être sa dernière.
-Il y a des murs magiques, essaya-t-il une nouvelle fois en ignorant l'essoufflement de sa voix : On ne va jamais pouvoir entrer –
-Pitié, Potter, la ferme - je sais ce que je fais.
Harry décida de ne pas s'insurger du ton agressif de Riddle :
-J'espère, maugréa-t-il : oh putain, j'ai perdu une chaussure –
Il se pencha, prêt à essayer de la repêcher dans la boue. Une main l'arrêta :
-C'est fini pour elle - tu ne peux rien faire.
C'était difficile de savoir si la blague de Riddle portait sur le fait de prétendre que sa chaussure était un être vivant ou si c'était sur le fait qu'elle était perdue à jamais :
-je ne vais pas marcher avec une seule chaussure, s'exclama Harry en essayant de se soustraire à la poigne du plus grand.
-Tu vas te coincer dans le marécage et je ne vais pas pouvoir te sauver.
L'idée de mourir à environ trois kilomètres de Poudlard n'était clairement pas dans ses priorités. Peut-être que l'autre mentait, peut-être pas - mais dans le doute, disons que Harry n'avait pas particulièrement envie de découvrir d'une façon pratique la réponse à ses interrogations.
-je me hais, geignit Harry en levant des bras impuissants vers le ciel.
-Je comprends, tu es particulièrement pénible, répondit Riddle avec légèreté.
Enfin, ce n'était pas vraiment avec légèreté puisqu'il avait toujours du mal à reprendre sa respiration.
-Je te sauve la vie deux fois, commença à énumérer Harry (qui au final était plutôt content de pouvoir parler), je te sauve la vie d'un truc complètement horrible, je décide dans ma mansuétude de venir t'aider à découvrir ce que c'est –
-je n'ai pas besoin d'aide, le coupa Riddle.
Harry s'arrêta. Ses pieds s'enfoncèrent un peu plus profondément dans le sol. Horrifié, il se mit aussitôt à marcher :
-Numéro un : tu as clairement besoin d'aide. Numéro deux : j'ai comme l'impression qu'on va finir par s'épuiser et s'enfoncer dans ce marécage. Et mourir noyés dans une boue dégueulasse.
-Oui, c'est précisément le but de cette protection, Harry, lui répondit Riddle avec agacement : mais je sais ce que je fais.
-Donc c'est bien une protection ? Tu ne pouvais pas donner de crédit à ma découverte ?
Riddle le lâcha et fit quelques pas. Harry plissa des yeux. Le décor n'avait pas changé. En fait, il était désormais à peu près certain qu'ils faisaient du « sur place ». Ils ne voyaient pas le château, évidemment. Il était trop loin. Les fenêtres n'étaient même pas visibles. Juste cette ombre de forêt, cette coulée de noir qui clapotait à quelques mètres, le ciel à peine étoilé -
Et les bruits de succions.
La meilleure soirée de sa vie s'il pouvait en dire quelque chose.
-C'est une idée de merde, partons ! s'exclama-t-il en faisant un geste pour attraper une nouvelle fois le bras de Riddle.
Il lui avait dit être trop faible pour transplaner. Harry l'avait fait une fois, il n'avait aucun problème pour le faire une seconde fois, surtout si c'était pour disparaitre de cet endroit lugubre. Qui avait déjà fait une victime : sa chaussure.
-On y est presque, répondit Riddle.
Harry fit quelques pas de plus. Oui, il le constatait - ils n'avançaient pas :
-Est-ce que tu réalises –
S'il avait marché à une allure normale, il serait rentré dans Riddle. Parce qu'il s'était brusquement arrêté. Mais comme chaque pas lui demandait un effort surhumain, il se contenta de laisser retomber son pied. Qui s'installa confortablement dans la boue. Il s'enfonça d'un centimètre.
D'un deuxième.
-Riddle, commença-t-il, exaspéré.
Un sifflement. Enfin, pas exactement. Il n'y avait strictement aucune musique dans le son que l'autre était en train de produire. Juste de l'air qui serpentait hors de sa bouche. Il y avait des intonations un peu étranges…un peu comme s'il parlait une langue très ancienne et si éloignée de la sienne qu'il n'arrivait pas à savoir où un mot commençait et où il s'arrêtait.
C'était donc à ça que le fourchelangue ressemblait, quand on était incapable de le comprendre. Harry aurait aimé penser qu'il comprenait la réaction de Justin, ou celle de Ron, d'ailleurs.
La peur qu'ils avaient ressentie - le dégoût, même.
Mais ce n'était pas du tout l'effet que lui produisait l'attitude de Riddle. Au contraire, il y avait une telle familiarité dans ces sons - il aurait aimé pouvoir comprendre ce qu'il disait –
Harry aurait aimé que cette langue fasse encore partie de lui –
Quelque chose était en train de surgir de la boue. Une sorte de triangle assez large. Qui devint de plus en plus large au fur et à mesure qu'il sortait du sol.
Il était vraiment débile, il aurait dû s'en douter à la seconde où Riddle pensait pouvoir pénétrer dans l'école à l'insu de tous - et encore plus en l'entendant parler fourchelangue. Mais non, il s'extasiait sur les sonorités apaisantes et familières de cette langue de l'enfer (ça aussi, seul qualificatif imaginable maintenant qu'il réalisait ce qu'elle sous-entendait)
Il était sûr que cette porte - cette arche, c'en était bien une - menait à la chambre des secrets. Là où était endormi un Basilic bien vivant.
Que seul Riddle était capable de contrôler.
L'arche n'en était pas réellement une. C'était un trou de la taille d'une porte. Mais il faisait très sombre - si sombre, en fait, qu'Harry était bien incapable de discerner quoique ce soit à l'intérieur. C'était une vision très loin d'être rassurante.
Il fit un pas en arrière :
-Non.
Riddle se retourna, curieux. C'était vrai qu'Harry n'avait à priori pas de raison de craindre cette entrée. Il n'était pas censé savoir quel était l'endroit où elle menait. Ni ce qui se terrait dans les tréfonds du château.
-Si tu imagines ne serait-ce qu'une seconde que je vais entrer là-dedans -
Riddle haussa des épaules :
-À ta guise, le coupa-t-il. Et il s'avança maladroitement vers l'entrée.
Et, comme si l'arche était semblable à celle qui se trouvait dans le département des mystères, il disparût instantanément. Harry - eh bien, Harry ne savait pas quoi faire. Il s'était attendu à un débat. Ou à des reproches voire même à des accusations, pas à ce que Riddle lui dise l'équivalant d'un "ok" blasé. Pour le laisser totalement en plan. Harry soupira. Le pire, c'était que Riddle s'attendait à cent-pour-cent à ce qu'il le suive. Il n'était pas suffisamment en forme pour réussir à aller consulter des livres, être discret dans des couloirs et repartir en suite en transplanant tout seul.
C'était comme s'il savait déjà qu'Harry serait incapable de se retenir. Et qu'il n'avait pas voulu se lancer dans une danse laborieuse de simagrées qui mènerait de toute façon au même résultat. Et Harry, eh bien, il était très tenté de repartir, évidemment, pour montrer à Riddle qu'il était non seulement pas prévisible à ce point mais qu'en plus, il n'en avait cure de ses aventures dans Poudlard.
Mais il ratait probablement la seule occasion qu'il n'aurait jamais de revoir son école. Et, pénétrer dans Poudlard, ce n'était pas rien - c'était délicieusement dangereux. Pas le genre de dangereux dont il avait l'habitude, il y survivrait sans doute, mais quand même. Un petit goût d'interdit - mais pas gravissime, ce n'était pas un crime –
Il était ridicule. Puisqu'il ne pouvait pas le faire avec Riddle, il se disputait avec lui-même. Il savait parfaitement quelle serait l'issue de cette conversation mentale avec sa conscience.
Il s'avança vers l'arche s'accrocha au bord en pierre, posa un pied dans l'entrée - et il tomba.
Evidemment, pensa-t-il laconiquement - ce qui contrastait avec le hurlement terrorisé qui s'échappait de sa gorge. C'était une entrée pour le basilic pas pour des touristes comme lui. Bien sûr que ça allait être un tunnel - pourquoi n'y avait-il pas pensé ?
Le tunnel (ou plutôt tobogan, pour utiliser le terme exact) s'inclina légèrement. La vitesse de son glissement ralentit.
Jusqu'à ce qu'il s'écrase dans un tas d'ossement. Dégouté il se releva et regarda autour de lui. L'endroit où il se trouvait… était très similaire à celui qu'il avait découvert lors de sa deuxième année. Il se releva et constata que Riddle était appuyé contre un mur quelque mètres devant lui. Sa position, son attitude satisfaite - il ressemblait trait pour trait (si ce n'était qu'il avait quand même quelques années de plus) au souvenir (ou plutôt à l'horcruxe) qu'Harry avait eu le déplaisir de rencontrer.
-Je ne pensais pas que ce serait si rapide, le railla-t-il
Harry le fusilla du regard.
Suivre Tom Riddle (et en tout connaissance de cause) dans la chambre de secrets, c'était sans nul doute la décision la plus idiote de sa vie. Une voix perfide lui rappela qu'il avait tenté de se suicider à peine quelques mois plus tôt. Il la fit taire immédiatement. Car c'était faux - Il avait juste été atteint d'une curiosité morbide que rien n'aurait pu arrêter si ce n'était de découvrir empiriquement ce qu'il retournait de cette arche au département des mystères.
-Allons-y-, déclara-t-il les dents serrées.
Il se trouvait dans le meilleur endroit pour assassiner quelqu'un, puisqu'à part Riddle… Personne ne pouvait entrer dans ce passage.
-Tu ne te demandes pas où nous sommes ?
Riddle balaya les alentours d'un large geste du bras. Il avait sans doute hâte d'impressionner Harry en lui révélant l'identité du lieu. Mais Harry n'allait certainement pas lui donner ce plaisir.
-La chambre des secrets, répondit-il innocemment, transformant son expression agacée en une expression qu'il espérait avenante : ce n'est pas la première fois que je viens !
-Je ne t'aurais jamais laissé entrer-
-Dans ta chambre secrète ? demanda Harry en appuyant sur le "secrète" espérant que Riddle saisirait l'ironie de son sous-entendu : et pourtant ! Je sais très bien qu'il y a un basilic, je sais aussi qu'il y a une statue vraiment peu flatteuse de Salazar Serp-
-Mon dieu, le coupa Riddle : on était vraiment amis.
Il avait dit ça comme une constatation. Une constatation déconcertante, bien sûr, peut-être même assez traumatisante mais - il ne doutait ni de la véracité des dires d'Harry ni, d'ailleurs, du fait qu'un "autre lui" ait pu se lier d'amitié avec lui.
C'était - déroutant et en fait, Harry ressentit clairement une lame de culpabilité lui transpercer la poitrine. Parce que dans un sens, même si - évidemment - ce n'était pas énormément, (il s'agissait quand même de Voldemort) Riddle lui faisait confiance. Voir l'appréciait assez pour accepter que -
Pour croire au mensonges d'Harry. Aux mensonges. Pluriel.
-Bon alors allons-y.
Son ton était légèrement défait et Harry réalisa qu'il avait réellement eu hâte - qu'il avait attendu ce moment avec impatience - lui dévoiler qu'il savait non seulement parler fourchelangue mais qu'en plus il avait accès à la chambre des secrets. Et Harry lui avait coupé son enthousiasme en lui révélant qu'il connaissait déjà … tout.
Et comme un crétin, il s'en sentait réellement coupable.
-Mais je suis content de la revoir, essaya-t-il en rattrapant Riddle qui marchait non sans difficulté.
Riddle lui adressa un sourire amusé :
-Tu es vraiment –
Il ne termina pas sa phrase, se contentant de secouer de la tête. Harry, d'une façon tout à fait inexplicable, se mit à rougir. Probablement parce qu'il venait d'être pris en flagrant délit de compassion ? prévenance ? Il n'en savait rien mais sa gêne rendait la situation encore plus embarrassante ce qu'il n'aurait réellement pas cru possible.
Ils s'avancèrent en silence. Le bruit de leurs semelles résonnait contre la pierre. Harry ne pouvait s'empêcher de remarquer que Riddle claudiquait. C'était évident, dans ce silence de mort. Ou plutôt dans ce silence assoupi, puisque le Basilic était encore en vie. Ironiquement, il était obligé de boiter aussi, puisqu'il avait perdu une chaussure.
Ils débouchèrent sur la grande salle - la chambre des secrets - dans laquelle Harry avait failli mourir. Et là où il avait détruit l'horcruxe de Voldemort. C'était tellement absurde d'imaginer qu'il était en train d'y retourner volontairement.
La salle était vide. Harry savait que le serpent se trouvait... dans la tête de Salazar Serpentard. Il décida d'arrêter d'y penser. C'était quand même très étrange de placer son animal de compagnie dans une statue de sa tête. Mais bon, au vu du personnage, peut-être ne devrait-il pas être surpris.
Ils la traversèrent en silence. Des bruits de gouttes ainsi que le bruit diffus d'une rivière souterraine était leur seule compagnie. Harry était quand même passablement soulagé de constater que Riddle n'avait pas l'intention d'appeler le Basilic. Il était courageux, certes, mais pas au point d'affronter deux fois le même animal. En plus, pas sûr que Fumseck vienne à son secours.
D'ailleurs, si ça se trouvait, il n'était venu dans sa deuxième année que parce qu'il savait déjà qu'Harry était supposé mourir plus tard ? Il chassa immédiatement cette pensée : Dumbledore n'avait pas su, à l'époque, que Voldemort avait créé des horcruxes.
Il soupira, cherchant vainement un sujet de conversation :
-Tu venais souvent ici ?
Il tourna la tête au bon moment pour voir Riddle hausser des sourcils. Il ne le regardait pas - ce qui indiquait clairement que ce geste ne lui était pas directement destiné. Comme si Riddle se faisait la réflexion qu'Harry était décidément un sacré énergumène. Il ne pouvait pas lui donner tort.
-Bien-sûr, j'organisais des soirées privées tous les vendredis.
-Le pire, grommela Harry : c'est que je suis sûr que tu te trouves hilarant.
Riddle passa un bras dans son dos et le prit par l'épaule. C'était un geste normal, qu'il avait fait cent fois avec Ron, un geste de camaraderie tout à fait banal. Et pourtant, attiré soudainement contre le côté de Voldemort, il se sentit à nouveau presque rougir :
-Et tu me trouves hilarant aussi, n'est-ce pas ? continua facilement Riddle.
Harry leva les yeux au ciel. La porte, celle par laquelle il était entré quelques treize ans plus tôt, s'approchait de plus en plus. La main de Riddle glissa dans son dos. Le geste n'était pas bizarre en soi, ce n'était pas une caresse, il aurait sans doute été plus bizarre qu'il l'enlève d'un coup brusquement mais-
Mais bon, trancha Harry mentalement : être un idiot, c'était carrément sa marque de fabrique.
Ils passèrent la porte tranquillement. Riddle avait placé sa main dans sa poche. D'imaginer - toute la situation, en fait, toute sa vie était absurde. C'était sûrement le moment qu'il l'accepte et qu'il arrête de s'en étonner à chaque instant.
Ils étaient dans l'antichambre, Il n'y avait pas encore la mue qu'ils avaient pris pour le véritable serpent. Et, une dizaine de mètres au-dessus d'eux, le fameux…trou. Riddle siffla une nouvelle fois.
Des escaliers apparurent soudainement le long du mur, se perdant dans l'obscurité au-dessus d'eux.
-Quoi, déclara platement Harry : il y a des ESCALIERS ?
-Bien sûr, répondit Riddle, tu ne pensais quand même pas que j'allais glisser comme un imbécile - d'ailleurs comment on pourrait remonter sans –
Harry ne le laissa pas terminer sa phrase, il entama l'ascension. Il entendit un rire, derrière lui. Il l'avait déjà entendu, ce rire, quelques jours plus tôt. Il était réellement amusé - Rien à voir avec les rires sinistres ou dément dont il avait l'habitude :
-je t'ai fait croire qu'il n'y en avait pas ? Riddle essayait péniblement de le suivre à la même allure.
-Pitié, commença Harry : la ferme. Tu es un vrai salaud.
Bien sûr, la vérité, comme d'habitude, c'était plutôt qu'Harry était un imbécile. Bon, il avait littéralement été un enfant, à l'époque. Evidemment qu'il n'avait pas eu la présence d'esprit de vérifier s'il y avait des escaliers. Surtout que Ginny avait été en danger de mort - il n'avait pas eu une minute à perde.
-Je n'ai plus aucun doute, répondit Riddle, légèrement essoufflé : tu connais effectivement une version de moi. Dommage que je n'aie pas pensé à te faire croire qu'on devrait remonter en rappel -
Harry accéléra encore sa marche. Il savait que Riddle n'arriverait pas à le suivre et cela le remplit d'une joie assez mesquine.
Bien sûr, il n'avait pas pris en compte le fait qu'il devrait attendre une fois arrivé en haut. Et si Ron avait été capable d'imiter ses sifflements pendant la bataille… Harry, Harry n'avait strictement aucune idée de la façon dont il était supposé prononcer les mots "Ouvre-toi". C'était ironique, dans sa tête, il avait toujours entendu de l'anglais.
Et voilà qu'il ne pouvait même plus bluffer en forçant sa sortie. Ce qui n'était peut-être pas un mal, finalement, parce qu'il s'imaginait très bien se faire débusquer immédiatement par un professeur alors que Riddle était toujours en sécurité dans le passage.
Bien sûr, Riddle avait évidemment réalisé qu'Harry serait coincé en haut. Il prenait tout son temps pour monter les escaliers. Harry, qui entendait, le bruit régulier de ses pas, l'entendit même s'arrêter. Peut-être avait-il mal, se dit-il avec une pointe de culpabilité… Avant de voir le sourire absolument goguenard de l'autre homme.
-Désolé Harry, s'excusa-t-il faussement en le dépassant.
Harry, qui s'était assis sur les marches, ne daigna même pas croiser son regard :
-Il m'a semblé voir une fissure dans le mur - je voulais juste m'assurer qu'elle ne présentait aucun risque. C'est un peu mon seul héritage, tu comprends -
-Juste, ouvre le putain de passage-
Riddle se plaça face à la porte, inspira, regarda devant lui et :
-Peut-être qu'on devrait discuter d'un plan, d'abord, non ?
-Je ne vois pas de quel plan on aurait besoin, on va dans la bibliothèque on cherche les informations et on repart.
-Oui, il lui parlait comme si Harry était un enfant particulièrement idiot : mais qu'est-ce qu'on fait si on croise un préfet ou pire un professeur ?
Riddle lui faisait réellement penser à Hermione. C'en était presque - presque touchant. Il avait exactement le même air décidé quoiqu'inquiet qu'elle prenait - avait pris - à chaque fois qu'ils enfreignaient le règlement.
-On avisera, répondit-il avec aise.
Enfin, c'était l'impression qu'il voulait donner. Cela sembla suffire à Riddle. Il hocha de la tête et ouvrit finalement la porte. Harry lui emboîta le pas. Ils étaient dans les fameuses toilettes, là où Mimi Geignarde avait été assassinée. Harry se demanda quelle serait sa réaction si elle apprenait que c'était Tom Riddle qui était le coupable. Lui avait-elle fait confiance ?
Harry hésita, son bon sens lui souffla de se la fermer mais allant contre les conseils de son cerveau il demanda :
-Il y a pas quelqu'un qui est mort ici ?
-Tu fais allusion à Myrtle Warren, n'est-ce pas ?
Harry réalisa qu'il ne connaissait pas le véritable nom de Mimi Geignarde. Il eut subitement honte de ne pas s'être intéressé suffisamment à elle pour le lui avoir demandé. Elle était morte à quoi… quinze ans ? Seize ans ? Pas étonnant qu'elle soit perpétuellement en crise.
Il se rappelait très bien son attitude pendant sa cinquième année, et Harry n'était pas sûr de pouvoir blâmer l'horcruxe. Les adolescents ça pouvait être… compliqué, trancha-t-il avec sagesse.
Riddle ajouta :
-Tu es vraiment - la personne la moins subtile que je connaisse -
-Je ne vois pas pourquoi tu me dis ça, répondit Harry qui s'était fait la réflexion tardive que d'essayer de soutirer des informations à Riddle quant à ses propres meurtres était peut-être l'idée la plus stupide de la planète. C'était comme ça qu'on finissait au fond d'une rivière, le pied lesté par un énorme caillou.
-Enfin, reprit Riddle qui ne semblait pas avoir ne serait-ce qu'écouté la réponse d'Harry : j'imagine que ta phrase mystérieuse indique simplement que tu es au courant de l'accident.
-Un accident ? le coupa Harry avec ironie : un accident.
Peut-être que c'était plutôt Riddle qui allait finir dans le lac noir. Après tout, c'était lui qui était blessé et qui avait besoin de l'aide d'Harry. Si la situation tournait au vinaigre il pourrait peut-être en venir à bout - mais en même temps, le basilic était à portée de main. Oui, c'était bien qu'il réalise pour la cinquantième fois de la journée qu'il se trouvait sur le territoire de Riddle. Ça lui faisait très mal de s'en rendre compte mais Poudlard… Poudlard appartenait plus à Riddle qu'elle ne lui appartenait à lui.
Riddle le regardait curieusement, il n'avait pas l'air de ressentir la moindre colère :
-Tu sous entends que de …là d'où tu viens, il ne s'agit pas d'un accident ?
Harry grimaça. En réalité, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il s'était passé. Il avait juste imaginé que Riddle avait sciemment laissé le serpent déambuler dans les couloirs jusqu'à ce qu'il trouve un né-moldu à assassiner.
-Parce qu'il s'est passé quoi ? demanda-t-il
Riddle émit un bruit désapprobateur :
-Ce n'est pas très poli, Harry, de répondre à une question par une autre question -
Ils chuchotaient depuis qu'ils avaient quittés le passage. Mais Harry avait carrément envie d'hurler - voire même de l'étrangler en même temps :
-Tu ne m'as jamais vraiment dit comment c'était arrivé - tu m'as juste fait comprendre que c'était de ta faute.
-Et tu penses pas, reprit facilement Riddle : que si j'avais effectivement sciemment commis un crime, que je te l'aurais caché ?
-à moins que tu ne me l'aies dit pour que justement j'arrive à cette conclusion.
Riddle lui sourit. Ce n'était pas un sourire totalement hypocrite, il semblait à Harry. C'était, en fait, un sourire carrément approbateur.
-On ferait mieux d'y aller, ajouta-t-il pressé de mettre fin à cet échange embarrassant.
Ainsi Riddle prétendait qu'il avait tué Mimi par accident. Il avait évidemment du mal à croire quelque chose d'aussi grossier. En même temps, peut-être qu'il n'avait pas remarqué qu'elle était dans les toilettes - ah vaste blague, impossible de manquer Mimi geignarde lorsqu'elle sanglotait dans son lieu de prédilection,
Riddle hocha de la tête. Tous deux avaient leurs baguettes en main. Ils s'avancèrent aussi silencieusement que possible vers la porte. La bibliothèque se trouvait pratiquement de l'autre côté de l'école. Harry estimait qu'il leur faudrait bien quinze minutes pour l'atteindre.
Un trajet en tout d'une demi-heure. Dans une école où se trouvait des escaliers qui bougeaient - un esprit frappeur qui se ferait une joie de les dénoncer, des élèves qui patrouillaient, des professeurs plus que compétents et, bien sûr, Albus Dumbledore.
-Je n'arrive pas à croire qu'on fasse ça, je n'arrive pas à croire qu'on est dans Poudlard ce n'est pas du tout mon genre, cracha Riddle en ouvrant la porte.
-Pas ton genre ? siffla Harry alors qu'il se penchait pour confirmer qu'il n'y avait heureusement personne : de un, c'était ton idée et de deux ? pas ton genre ? Pas ton genre ?! Pas ton genre de faire des trucs totalement illégaux et -
-Tu m'as mal compris, le coupa Riddle alors qu'il s'élançait dans les couloirs : ce qui n'est pas mon genre, c'est de prendre des risques. Ce qu'on est en train de faire est totalement idiot et indigne d'une personne dotée de la moindre parcelle d'intelligence.
-Oui alors c'est clair qu'entre toi et moi, je suis sûr que notre quotient intellectuel collectif reste dans le négatif -
-Ah, que veux-tu Harry, mon intelligence quoique fantastique ne peut pas rattraper tes déficiences épouvantables -
-OK, Riddle, je suis un crétin et tout est ma faute.
-Merci de le reconnaitre, Harry, j'en suis sincèrement touché-
Ils feraient vraiment mieux de se taire. C'était à peu près la seule pensée qu'était capable d'avoir Harry. On ferait mieux de se taire, mieux d'arrêter cette stupide joute verbale. Ils avaient tous les deux pris leur décision, décision qui les menaient à Poudlard par effraction au plein milieu de la nuit mais bon - ils y étaient et pas question de faire machine arrière.
-Tout ça pour un putain de ver, maugréa Harry en se collant contre un mur
-Pas n'importe quel ver, un ver d'origine inconnue - est-ce que tu te rends compte - on est peut-être sur le point de découvrir quelque chose d'exceptionnel -
-Grâce à un ver. Un ver qui était dans un inferius, le coupa Harry avec ironie.
Chacun de leurs actes, chaque décision qu'ils prenaient ne faisaient que renforcer l'impression qu'ils étaient non seulement en train de faire une terrible connerie mais, qu'en plus - EN PLUS - ils risquaient de payer cette connerie très chère.
-Pour ta gouverne, les inferis ne sont pas beaucoup étudiés, si ça se trouve, c'est vraiment quelque chose de révolutionnaire !
Voir Riddle si enthousiaste par cette perspective, oui il y avait définitivement des points communs évidents avec Hermione. Bon sang. Heureusement que ce n'était pas elle qui était passée à travers l'arche et qui s'était trouvée sur le chemin de Riddle (ou qui se soit volontairement mis sur le chemin de Riddle, puisque c'était ce qu'Harry avait fait, inutile de le nier) parce qu'ils se seraient les deux entraînés dans des plans encore plus cinglés que celui qu'ils faisaient déjà. Il voyait bien Hermione accepter n'importe quoi sous prétexte que c'était "pour la recherche".
Enfin, en même temps, il était carrément en train de se prouver qu'il faisait n'importe quoi lui-même - il ne valait sans doute pas mieux qu'elle.
Oui, pensa-t-il alors qu'ils marchaient à vive allure (pas si vive puisque Riddle avait du mal à marcher) dans les couloirs. Et ils n'avaient évidemment pas pensé aux tableaux - ils pouvaient très bien sonner l'alarme -
-Riddle ! chuchota Harry avec force - ce qui du coup n'était plus réellement un chuchotement : les tableaux!
Riddle s'arrêta. Son expression ne pouvait être décrite que par un seul adjectif : choqué. Profondément choqué, même. Il pointa vivement sa baguette sur Harry. L'instant d'après, il la pointait sur lui-même.
-Qu'est-ce que tu as fait ?
-Un sort de dissimulation. Ça ne marchera probablement pas sur un professeur - mais pour les tableaux les fantômes et les élèves, ça devrait être suffisant.
Harry hocha de la tête. Ils n'avaient vraiment plus de temps à perdre. De concert, sans ajouter un autre mot, ils se remirent en marche.
Heureusement, les couloirs étaient vides. Ils n'entendirent même pas les sinistres bruits de Peeves. Ils avaient de la chance. Harry en était particulièrement reconnaissant, lui qui avait l'impression d 'en être systématiquement dénué.
Même les escaliers semblaient obéir à leur volonté. Bon c'était peut-être Riddle qui s'en chargeait, vu qu'il maîtrisait parfaitement la magie non-verbale et que le mouvement de son poignet était subtil, impossible de dire s'il lançait un impérium (pouvait-on le faire sur des escaliers ?!) ou s'il parvenait d'une façon ou d'une autre à leur imposer sa volonté.
Et, bientôt, les énormes portes en fonte de la librairie apparurent devant eux. Comme à chaque fois dans sa scolarité, elles étaient ouvertes. Harry se disait que Dumbledore encourageait par-là les étudiants très zélés qui auraient envie de parfaire leurs connaissances même pendant la nuit. Ou alors - un des fondateurs avait décidé que leurs portes devraient toujours rester ouverte.
Ou alors, quelqu'un avait lancé une malédiction pour garantir que le lieu serait accessible à jamais. Etant donné qu'il était apparemment possible de maudire un putain de poste, il devait sans doute être possible de maudire des portes.
Harry n'était pas un expert en la question.
Ils se précipitèrent dans l'énorme salle. Qu'ils n'aient rencontré absolument aucune difficulté jusqu'à présent - ça devenait presque - presque inquiétant. D'expérience, les choses ne se passaient jamais si bien.
C'était tellement dingue de se retrouver dans ce lieu, tellement dingue de sentir à nouveau la délicieuse odeur des livres poussiéreux - à l'époque c'était loin d'être son endroit préféré dans Poudlard (c'était probablement la grande salle ou le terrain de Quidditch) mais retrouver l'atmosphère calme mais familière - son cœur se serra.
La porte qui menait à la réserve était, bien évidemment, fermée. Ils s'arrêtèrent devant - Riddle s'accroupi devant la serrure. Il ressemblait en tout point à un criminel moldu sur le point de s'introduire par effraction dans une quelconque maison.
-Laisse-moi, chuchota Harry en le poussant : je suis doué pour les portes.
-Oui, j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte, répondit Riddle qui se releva et lui laissa la place.
Harry tourna le visage pour voir le sien. Il y avait clairement des reproches dans la position de l'autre homme. Il devait probablement faire référence au fait qu'il se soit introduit chez lui pendant qu'il était - rappelons-le, Harry y tenait - de mourir
Mais… C'était surprenant qu'il ne s'y oppose pas en prétextant être plus doué que lui. Surprenant et … presque effrayant, en fait. Ça voulait dire qu'il le considérait réellement comme un équipier. Dans quoi est-ce qu'Harry s'engageait ? Est-ce qu'il allait finir par devenir le bras droit de Voldemort ?
Non, pensa-t-il en tapotant de sa baguette contre le verrou. D'accord, il était assez idiot pour se laisser entraîner dans un truc pareil - mais en soi, ils n'avaient pas l'intention de faire quoique ce soit de mal. Ils n'allaient rien voler, blesser personne, ils étaient juste dans un lieu dans lequel ils n'étaient pas supposés être.
Il essaya plusieurs sorts, allant crescendo dans leur complexité. Il se doutait bien que la réserve n'était pas protégée si simplement qu'un Alohomora permettrait de déverrouiller la porte. Mais il s'avéra que même les sorts plus avancés ne donnaient aucun résultat.
-Ce n'est pas pour te presser, Harry mais -
La porte s'ouvrit dans un déclic. Très satisfait de sa performance Harry ouvrit la porte et fit une révérence exagérée signalant à Riddle d'entrer.
Riddle s'inclina lui aussi exagérément - laissa échapper un "merci seigneur vous êtes bien aimables" et s'introduisit dans la pièce.
-Il faut faire le plus vite possible, résuma Harry en regardant les étagères.
-Tu n'avais pas l'intention de passer la nuit-là ? Je crois qu'on s'est mal compris -
-Merlin, geignit Harry en s'approchant d'une étagère : si on ne peut même plus souligner l'évidence mais - mais je ne vais plus jamais pouvoir parler de ma vie !
-Tragique, répondit tranquillement Riddle -
Qui le saisit ensuite par les épaules et le retourna fermement :
-Les livres sur les créatures fantastiques sont au fond.
-Bien sûr, où avais-je la tête, marmonna Harry en se dégageant.
Il s'avança vers l'étagère en question. Bon, il supposait que les titres sur les créatures maléfiques seraient les plus à même de répondre à leur interrogation. Ça et les livres sur les parasites. Il se mit à lire les titres indiqués sur les reliures - quand il y en avait - il fallait qu'ils se dépêchent, il n'allait pas le répéter à haute voix, n'avait strictement aucune envie de subir le ton ironique de Riddle pour la deuxième fois en trois minutes mais le fait était là.
Il se tourna pour demander à Riddle s'il avait au moins pensé à une stratégie -
Pour voir que l'autre homme était en train de faire disparaître des rayons entiers de livre dans un sac. Sac qu'il avait probablement sorti d'une de ses poches.
-Riddle ! s'exclama Harry, horrifié : qu'est-ce que tu es en train de faire ?
C'était évident, ce qu'il était en train de faire, mais Harry avait quand même l'espoir qu'il se trompait.
-Nous n'avons pas le temps d'effectuer des recherches maintenant, il faut qu'on emporte des livres -
-Tu es en train de prendre des livres sur les potions - ça n'a strictement aucun rapport avec le ver !
Riddle lui adressa un sourire compatissant. Compatissant.
Comment Harry pouvait être assez naïf pour imaginer que Riddle ne saisirait pas l'occasion pour dévaliser l'école ? Bon dieu, il n'y avait pas eu de vol à Poudlard depuis le dix-septième siècle, il était carrément en train de changer le cours de l'Histoire - les professeurs se rendraient forcément compte que des étagères entières avaient disparues.
Il s'était fait avoir en bonne et due forme. C'était tellement -
Il pointa sa baguette sur l'autre homme. Qui soupira :
-Harry, je comprends tes scrupules, je sais bien que voler c'est mal, que tu n'approuves pas mais je te jure que je viendrai les remettre en place une fois que je les aurai lus.
-Je suis peut-être suffisamment naïf pour te croire quand tu dis que tu viens consulter des livres sur les créatures fantastiques - mais pas assez pour penser que tu vas ramener ces livres -
-Je mérite de les lire, Harry, reprit tranquillement Voldemort : on m'en a refusé l'accès parce que j'étais un sang-de-bourbe, alors que tous mes camarades pouvaient se rendre dans la réserve quand ils le voulaient -
-Tu mens.
-Non, répondit Riddle dans un sourire alors qu'un autre livre s'écrasait dans son sac : je dramatise.
Harry fit un pas vers lui, prêt à lui lancer un sort. Faire un duel à quatre heures du matin dans la bibliothèque - très mauvaise idée : mais l'humiliation était bien trop violente pour qu'il ne réagisse pas un minimum
Un livre lui tapa l'arrière du crâne. Avant de léviter entre Riddle et lui et de tomber dans le sac. Au moins, c'était bel et bien un livre sur les créatures magiques.
-Remet les livres de potions, Riddle - ou je te jure que je fais en sorte qu'on nous arrête.
Si son expression était restée agréable jusqu'à présent, elle s'assombrit à une vitesse plutôt impressionnante :
-C'est une occasion historique, Harry, une occasion qui est non seulement une vengeance mais aussi l'opportunité de lire des livres dont les sorciers ne veulent pas que les sangs-de bourbes lisent. Est-ce que tu es d'accord avec ce système Harry ? Est-ce que tu as aussi envie d'y participer ?
Son ton accusateur était tellement détestable - bien sûr qu'Harry allait répondre qu'il ne voulait pas y participer, mais ensuite Riddle utiliserait cette admission pour justifier son vol.
-Voler, ça ne fait que confirmer leur biais, décida-t-il de répondre : t'es juste en train de leur prouver que tu n'as pas d'éducation, que tu es un criminel et que-
Un ombre tordit la bouche de Riddle. C'était vraiment impressionnant à quel point son visage pouvait passer de magnifique à hideux. Il ressemblait plus à une bête sauvage qu'à un être humain. Ce qui était ironique vu qu'il était - comme à l'accoutumé - habillé dans des habits élégants quoiqu'usés.
-Et donc, Harry, qu'est-ce que je devrais faire ? ils empêchent sciemment une partie de la population à accéder à des informations précieuses pour nous garder dans l'ignorance. Le jeu est déséquilibré de base-
Il n'avait pas tort.
En fait, Harry réalisa avec horreur, il n'avait vraiment pas tort du tout. Hermione n'avait jamais eu accès à la réserve - sauf la fois où Lockhart avait signé ce qu'il pensait être un autographe mais qui était en réalité une demande d'autorisation. Ils n'avaient jamais laissé Hermione entrer plus tard. Même sous la direction de Dumbledore, même en sachant qu'il s'agissait d'Hermione -la meilleure amie d'Harry Potter - elle avait toujours dû lui demander pour avoir un livre.
Harry se détestait. Pire encore, voir Tom Riddle si énervé, si abominablement furieux, ne le laissait pas indifférent. Il y avait de la sincérité dans cette colère - quelque chose de réel. Bon sang, il était réellement en train de se laisser embarquer sur une pente très glissante.
Il soupira et d'un coup de baguette fit glisser la rangée en face de lui dans le sac. Riddle sembla surpris. De le voir capituler si vite ou de voir qu'il avait réussi à le convaincre ? Impossible à déterminer.
En silence, ils vidèrent une partie de la réserve. Des livres qu'Harry savait qu'ils étaient censés se trouver dans le Poudlard de son époque. Il se demanda vaguement les répercussions qu'aurait sa venue sur l'Histoire. Même s'il était dans une sorte d'autre univers - même s'il ne mettait pas en danger son existence… Est-ce que Ron existerait ? Hermione ?
Riddle ferma le sac brusquement. Il rapetissit immédiatement et il le glissa dans sa poche.
-Rassure-moi, tu as enlevé la tête coupée ?
Riddle s'arrêta brusquement - se tourna vers lui :
-Mince. Merci de me l'avoir rappelé.
-Tellement immonde, commenta Harry avec dégoût.
Riddle secoua de la tête et se mit en marche. Harry le suivit. Le stress l'avait abandonné quelques secondes, l'affairement de vider la bibliothèque de son contenu avait occupé toutes ses pensées.
Ils se précipitèrent hors de la bibliothèque. La gorge nouée, les pieds terriblement lourds, ils entreprirent de faire le chemin inverse. Un mauvais pressentiment était né dans le ventre d'Harry et grandissait à chaque instant. Est-ce que le sort de Riddle pouvait tenir si longtemps ? Il lui semblât plusieurs fois que des tableaux les suivaient du regard.
Il n'avait pas eu cette impression à l'allée. Au contraire. Il s'était sentit étonnement protégé. Riddle avait la mâchoire serrée. Elle était déjà passablement marquée (vraiment, le genre de mâchoire des acteurs hollywoodien, regretta Harry) d'habitude, mais elle était devenue presque caricaturale. Il essayait d'avancer le plus vite possible, une de ses mains touchait sa jambe par intermittence.
Mais, en soi, Harry supposait que la situation aurait pu être pire. Après tout, les escaliers semblaient encore une fois mus par la volonté de les transporter à l'endroit précis où ils devaient être. Couloirs après couloirs, ils se rapprochaient des toilettes de Mimi Geignarde, Harry en était presque à espérer qu'ils parviendraient à quitter l'école sans aucune péripétie désagréable.
Bien entendu, c'est au moment où il se sentit définitivement rassuré qu'ils entendirent des pas devant eux. Harry attrapa Riddle par le bras et le projeta contre le mur le plus proche. Il se colla ensuite lui aussi, la main plaquée contre sa bouche, essayant de ne pas faire le moindre bruit. Le couloir formait un angle - et nul doute que la personne - qui qu'elle soit, élève ou professeur – les verrait dès qu'elle arriverait. Il n'y avait que quelques mètres à faire avant d'être à quelques mètres de là où ils se tenaient. À côté d'Harry - une armure en fer. Peut-être que la personne ne réaliserait pas qu'il y avait quelque chose de suspect - qu'au lieu d'une seule figure humaine il y en avait trois. Surtout que Riddle était grand - bien plus grand qu'Harry -
Il sentit les longs doigts lui serrer le poignet. Harry imaginait qu'il essayait de lui communiquer quelque chose - mais le problème c'était qu'ils n'avaient évidemment pas établi de code. Impossible de savoir ce que voulait dire les pressions répétées - à moins qu'il n'essaye de lui parler en morse.
Est-ce que Riddle imaginait vraiment qu'Harry était capable de comprendre le morse ?
Les pas s'avançaient toujours. Une ombre apparût sur le mur en face d'eux. Elle s'agrandit dramatiquement. Impossible, avec les robes de sorcier, d'établir le genre de l'individu. Mais pour être franc, Harry espérait surtout une chose : qu'il ne s'agisse pas de Dumbledore.
Finalement, le sorcier - c'en était bien un - arriva dans leur champ de vision. Harry retint sa respiration priant pour qu'ils passent tout à fait inaperçus. L'homme tenait un parchemin, semblait absorbé par celui-ci. Honnêtement, avec un peu de chance, un miracle, il ne lèverait pas la tête et tout irait pour le mi-
Un trait de lumière rouge l'atteignit en pleine poitrine.
Harry se retourna, horrifié. Pas la peine de se demander d'où venait le sort. La baguette encore pointée devant lui, Voldemort avait un air satisfait.
-Est-ce que tu es malade ? demanda Harry.
Au moins, la seule bonne nouvelle, c'était que le sort avait eu une couleur rouge plutôt que verte. L'homme était simplement inconscient.
-Je refuse de prendre le moindre risque. Pas quand on est sur le point de réussir le vol le plus incroyable de notre génération.
Aucune réponse bien sentie ne fit irruption dans sa tête. Il s'approcha du corps inerte. C'était sans doute un professeur. Assez âgé, son visage était strié de rides profondes. Il avait une barbe assez courte - mal taillée - et des tâches rougeâtres sur le visage.
-Ah, c'est Professeur Goldenglass, déclara platement Riddle en touchant une épaule de son pied : il est sûrement allé à la cuisine boire du vin.
-C'est pas un crime qui justifie se faire agresser dans un couloir.
-Peu de gens ont ce qu'ils méritent, lui répondit Riddle. il se pencha au-dessus de lui : la question, maintenant, c'est de trouver qui accuser à notre place.
-Quoi ? s'exclama Harry beaucoup trop fort.
Son quoi résonna lugubrement contre les murs de pierre. Riddle lui adressa un regard exaspéré :
-On a l'occasion d'accuser quelqu'un à notre place, de parachever le moment le plus fou de nos vies respectives en entraînant dans la ruine un de nos ennemis-
-Non, répondit sèchement Harry : c'est hors de question.
-Il n'y a personne dont tu voudrais te venger ? personne qui t'a fait du tort ?
Il était perfide. En fait Harry se le représentait extrêmement bien comme le serpent du jardin d'Eden, susurrant des possibilités défendues à quelqu'un d'innocent. Et c'était tout à fait ce qu'il était, innocent.
-Non, répondit Harry avec finalité. Il pointa son doigt sur Riddle : je peux encore admettre un vol, je peux admettre que tu attaques un professeur pour qu'on ne finisse pas en prison -
-Mais ta limite c'est -, commença Riddle son air exaspéré toujours fermement en place
-C'est de ruiner la vie de gens innocents parce qu'on a une rancune complètement maladive pour laquelle ils ne sont pas responsables-
-Laisse-moi t'expliquer.
Harry se tut, agacé lui aussi d'avoir été coupé pour la troisième fois consécutive. Force était de constater qu'ils ne pouvaient jamais terminer leurs conversations - ils étaient toujours à s'interrompre.
-Ce que je suggérais, ce n'est pas de faire accuser je ne sais quel sorcier innocent. Ce que je suggérais, c'était de planter la possibilité qu'il s'agisse du Ministre.
Harry ouvrit la bouche pour exprimer à quel point il était hors de question qu'ils fassent une chose pareille. Mais Riddle reprit :
-Dois-je te rappeler, Harry, quel genre de personne est le Ministre ?
Les différentes révélations que Riddle lui avait faites à peine quelques jours plus tôt se succédèrent dans sa tête.
-J'avais quinze ans, reprit-il : mais je pense que j'aurais tout aussi bien pu en avoir onze-
Est-ce que c'était vrai ? Harry n'avait rien d'autre que du mépris pour les êtres humains qui s'en prenaient aux enfants. Il avait trop été victime d'abus dans son enfance pour que cela ne soit pas une de ses cordes sensibles. Mais de là -
Bon sang, il n'avait aucune certitude que Riddle ne lui mentait pas depuis le début - si ça se trouvait tout n'était que mensonges.
Mais la façon dont le Ministère s'était comporté avec lui - ça c'était bien réel, il en avait été témoin. Il avait sincèrement envie de s'arracher les cheveux.
-Et tu penses qu'ils vont croire que c'est le Ministre, décida de demander Harry - non sans un ton particulièrement railleur : parce que le type a un souvenir de lui ? ça paraîtra beaucoup trop gros-
-Oui, évidemment, répondit Riddle : je ne vais évidemment pas faire quelque chose d'aussi grossier. Mais juste quelque chose qui pourrait... insuffler le doute. Dans l'esprit de professeur Goldenglass - qui finira par en toucher un mot à quelqu'un de confiance - par exemple Dumbledore, vociféra-t-il : et finalement peut-être que ce doute pourra être utilisé d'une façon ou d'une autre-
-D'accord, répondit Harry.
Il n'était pas défait mais il était - convaincu. Ils n'allaient pas l'accuser directement et si par hasard Riddle lui avait menti sur toute la ligne, Harry supposait que le doute qu'ils essayaient d'insuffler dans l'esprit des professeurs de Poudlard ne servirait strictement à rien.
Voldemort hocha de la tête et se pencha sur le visage du vieillard. Harry n'avait jamais vu personne pratiquer de la légilimancie d'aussi près. Surtout que d'habitude, c'était lui la cible. Riddle avait posé une main sur la joue du professeur. L'autre tenait sa baguette qu'il avait pointée sur le front. Il ne disait rien. Harry ne pouvait pas voir son visage, ni si ses lèvres remuaient.
C'était somme toute, un tableau assez étrange.
Il se releva après une minute interminable. Harry, l'oreille tendue, essayait de capter le murmure d'un bruit de pas qui pourrait les interrompre. Mais il n'entendait que son propre cœur qui martelait l'intérieur de sa poitrine.
-Allons-y, déclara Riddle
Il fit quelque pas, et chancela d'une façon manifeste. Clairement, modifier les souvenirs du professeur lui avait coûté de l'énergie. C'était super, Harry en était très heureux, Harry était tout bonnement ravi de ce nouveau retournement de situation. Il se plaça à côté de lui.
-Tout va bien ? essaya-t-il, remarquant que le visage de son collègue était blafard.
Une courte pause :
-Non, répondit Riddle qui s'avachit lamentablement. Harry le rattrapa sous le bras.
-Oh putain, marmonna-t-il.
L'autre ne répondit pas. Vu le poids stratosphérique de son corps, il était probablement inconscient. Ou sur le point de l'être.
-Riddle ! vociféra-t-il en essayant de le secouer.
C'était sûr qu'ils allaient se faire prendre.
Et si Harry était assez confiant quant à ses capacités de mettre un sorcier hors d'état de nuire, il l'était un peu moins quant à ses capacités de légilimancie.
-Je croyais qu'on s'appelait par nos prénoms - lui répondit Voldemort qui parvint à esquisser un léger sourire.
-Oh putain, répondit Harry pour la deuxième fois en une minute : dis-moi que t'arrives à marcher.
Riddle se redressa. Il plaqua une main sur son visage. Il devait tourner ce qui était particulièrement flagrant, même dans la pénombre. Mais il n'avait pas le choix. Harry glissa maladroitement un de ses bras par-dessus ses propres épaules et se mit en marche.
Au moins, Riddle arrivait à tenir le coup. Une bonne partie de son poids reposait sur Harry mais il était évident qu'il fournissait des efforts.
Ils virent bientôt la porte des toilettes. Harry accéléra encore, sachant pertinemment que Riddle ne parviendrait peut-être pas à suivre.
Il ouvrit la porte, remercia le ciel que ne Mimi soit pas en train de vaquer bruyamment à ses occupations habituelles et se posta devant le lavabo.
Riddle ordonna à la porte de s'ouvrir. Elle apparût dans un grincement dramatique dont Harry aurait bien pu se passer.
-Je te préviens que je ne vais pas te porter dans des escaliers ou on va juste tomber, s'énerva Harry.
Riddle ne répondit rien pendant quelques secondes. Puis un nouveau sifflement et les escaliers disparurent. Voyant que la situation venait de s'améliorer significativement pour lui, Harry le poussa sans ménagement dans le trou.
Avant de s'élancer à sa suite.
Bien sûr, et Harry était assez persuadé qu'il l'avait fait exprès, Voldemort était toujours allongé à l'arrivée du "toboggan". Il lui rentra dedans avec force.
-Abruti, geignit-il en se penchant sur lui.
-Tout va bien, lui répondit Riddle : je vais très bien.
Il était encore plus blafard qu'avant. Des cernes étaient visibles sous ses yeux. Harry se releva et tendit la main en direction de son collègue. Il regretta aussitôt son geste, il ne se souvenait que trop bien de la façon dont Voldemort avait accueilli le geste de Bellatrix dans la forêt interdite.
Mais, contre toute attente, il leva le bras et plaça sa main dans celle d'Harry. Qui le tira pour l'aider à se relever.
-Et maintenant ? demanda Harry.
Son cœur battait encore la chamade. Même s'il savait qu'ils étaient plus ou moins en sécurité maintenant qu'ils avaient rejoint la chambre des secrets, l'adrénaline n'avait pas encore tout à fait quitté son corps.
-Et maintenant ? demanda Riddle en souriant faiblement : je pense qu'il faut qu'on se mette à la lecture.
Harry grogna - il sentait qu'ils se pointeraient tous les deux au travail le lendemain - en ayant que très, très peu dormi. Super.
Réponse au commentaire anonyme :
Guest : Oui, Harry révèle à Tom qu'il s'appelle Harry Potter dans un chapitre précédent (le 27, je suis allée vérifier haha !)! Merci beaucoup pour ton commentaire, contente si cette modeste histoire te plaît :)
Je ne vais malheureusement pas donner de nouvelles avant...un certain moment :(. parce que... La prochaine update sera celle de Palingénésie haha.
merci pour votre soutien et les commentaires, c'est grâce à vous que je continue à écrire ces machins ! à bientôôôôôt
