Hello, merci infiniment aux quelques personnes qui lisent ce machin. Des fois, je regarde cette fanfiction et le plan et je me dis "à quoi bon" hahaha mais en réalité je m'éclate quand même à écrire cette absurdité. Donc voilà je vous la fait quand même subir. Je pense que je ne vais pas la faire traîner pendant 50 chapitres, par contre.
Le moins que l'on pouvait dire, c'était que la question de Voldemort l'avait pris de court. C'était une bonne question, il ne prétendait pas l'inverse, mais Harry estimait qu'il aurait été préférable de savoir exactement ce que l'autre entendait par lui rendre l'existence « difficile » par rapport à l'autre possibilité : la lui rendre agréable.
Après ce qu'il s'était passé quelques jours plus tôt, Harry craignait beaucoup que "lui rendre la vie agréable" ne soit synonyme de tenter de l'embrasser. Bon, il était peut-être un peu injuste envers son ennemi - Voldemort n'avait jamais témoigné un autre intérêt pour lui que de le voir six pieds sous terre. Cela n'empêchait qu'Harry était méfiant et - s'il pouvait donner son opinion - d'une façon tout à fait justifiée.
Bref - cette question, donc, le laissa sans voix. D'un côté comme de l'autre, les implications étaient assez peu alléchantes. Il inspira, releva la tête et rassembla son courage :
-Est-ce que vous, il se corrigea : tu peux être plus explicite ?
Voldemort lui renvoya un regard si chargé de mépris qu'Harry baissa les yeux, gêné. Avant de froncer les sourcils : c'était quand même un comble qu'il se permette d'être à ce point détestable - bon ce n'était pas un comble du tout, en réalité, mais comment Harry était-il supposé savoir de quoi il était question ? Comment était-il censé avoir ne serait-ce qu'une idée de ce qu'il se passait - est-ce qu'il était en train de se faire menacer de mort ?
Non, Harry n'en avait pas l'impression. Il y avait des menaces voilées dans les mots de son ennemi mais il pensait avoir compris que les révélations de Voldemort ne pouvaient avoir qu'une signification. La situation avait irrémédiablement changé. S'il disait vrai – et, étrangement, Harry avait l'impression que c'était le cas… Alors il n'avait plus vraiment de raison de l'assassiner. Si Harry portait un morceau de son âme en lui - il garantissait un peu sa survie.
-J'attends, déclara sèchement Voldemort.
C'était dit avec le ton de quelqu'un qui n'a pas l'habitude d'attendre et pour qui c'est une insulte dont la grossièreté n'a pas d'égal.
-Je préfère évidemment une vie agréable mais -
Voldemort lui sourit, c'était évidemment plus un rictus qu'un sourire mais, surtout, il indiquait qu'Harry venait de lui répondre exactement ce qu'il attendait. Ce qui, naturellement, confirmait à Harry qu'il venait de faire une terrible erreur et qu'il aurait mieux fait de choisir l'autre alternative.
Ce n'était peut-être pas trop tard pour changer d'avis.
-Tout compte fait, reprit précipitamment Harry
Mais Voldemort l'interrompit d'un geste:
-Tu préfères passer l'éternité inconscient dans une malle ? Parce que c'est ce qui t'est réservé si tu ne coopères pas. Bien sûr, je suis persuadé, Voldemort se pencha sur la table - fit glisser ses mains monstrueuses le long des bords en bois : que nous allons plutôt trouver un terrain d'entente.
Harry fronça des sourcils. Il n'y avait pas la moindre cellule, dans son corps, qui avait envie de - pour reprendre les mots de Voldemort "passer l'éternité inconscient dans une malle". En plus, vu la scène du cimetière quelques années plus tôt, Harry avait l'impression qu'il existait une vie après la mort. Comment ses parents auraient-il pu le trouver si ce n'était pas le cas ?
Du coup, non pas qu'Harry ait spécifiquement envie de mourir - au contraire - mais il n'avait en tout cas pas envie de ne … jamais mourir. Ce qui contrastait passablement avec l'attitude de Voldemort qui, s'il disait la vérité, avait mutilé son âme pour garantir son immortalité. Super. Et Dumbledore qui lui avait dit qu'il était supposé en venir à bout ; comment venir à bout de quelqu'un dont l'âme a été disséminée dans tout le pays (voir le monde ?) c'était tout simplement –
impossible.
Si Dumbledore était au courant – c'était pire que des non-dits, c'était pire que des mensonges - c'était tout simplement une trahison. Quelque chose de viscéralement impardonnable. Mais il ne pouvait pas être au courant. Il n'aurait pas abusé Harry d'une façon si abjecte – si absolue s'il avait su la vérité.
-Je te propose un marché, Harry Potter. Et j'espère que tu verras là le signe de ma clémence et de ma mansuétude.
Sa proposition n'allait probablement pas consister en le genre de marché auquel Harry avait envie de prendre part –
On perça ses tympans. La table trembla - le sol et les murs aussi. Un tableau s'écrasa au sol alors que ses occupants (deux satyres buvant du vin au bord d'une rivière) hurlaient dramatiquement. Harry tomba, lui aussi, mais trop préoccupé par la douleur intense au niveau de ses oreilles, il n'en prit pas conscience tout de suite.
Cela ne pouvait être qu'une explosion. Mais au manoir Malfoy ? Un élan de joie - assez paradoxal alors que ses oreilles sifflaient douloureusement - renversa son cœur. Est-ce que l'ordre était arrivé pour le sauver ? Oui, ça ne pouvait être que ça.
Il tourna la tête - persuadé que bout d'âme ou pas, Voldemort allait forcément lui faire payer cet affront. Il était debout - une rage incommensurable achevait de déformer ses traits monstrueux. Il lança un regard à Harry mais détourna aussitôt son attention.
-Reste ici, siffla-t-il.
Il semblât à Harry qu'il lui avait parlé en fourchelangue. Mais aucun moyen de le savoir. C'était - étrange. Une façon pour lui d'affirmer son droit sur lui ? Harry ne répondit pas. Evidemment qu'il n'obéirait pas à l'injonction, c'était hors de question mais il avait quand même assez de présence d'esprit pour prétendre se soumettre aux ordres du mage noir.
Voldemort quitta la pièce. Immédiatement - soulagé de voir qu'il ne l'avait pas attaché, maîtrisé ou dieu savait quoi (ce qui témoignait peut-être que Voldemort était au moins aussi choqué que lui - pensée traumatisante du jour) il se releva. Il plissa des yeux, essayant par-là d'assister son cerveau dans son rééquilibrage. L'explosion l'avait définitivement sonné. Sa vision était un peu trouble, ses membres peu assurés. Et les sifflements qui s'étaient glissés dans son oreille continuaient d'agresser son tympan.
Mais il n'avait pas le temps d'hésiter. C'était sans doute sa seule chance - la seule chance qu'il n'aurait jamais de se soustraire aux anneaux de Voldemort. Ok, Harry, s'intima-t-il. Il pouvait le faire, il pouvait tout à fait gérer la situation. Il ouvrit la porte - regarda à droite et à gauche. Le couloir était vide. Il n'y avait personne.
Mais des hurlements, en bas. Et un rire.
Un rire chaud mais terrifiant. Un rire malveillant. Et ce n'était pas celui de Voldemort.
Harry descendit les escaliers en chancelant, la main appuyée sur la rambarde de marbre. Il n'avait pas mangé depuis plusieurs jours et tous ses membres étaient faibles. L'adrénaline qui l'avait poussé à quitter la pièce l'avait abandonnée. Il chancelait – Les bruits typiques d'un affrontement entre deux sorciers retentissait en bas. Des petites explosions, des bruits de verres cassés - un duel avait lieu.
Harry s'approcha encore - se baissa légèrement et regarda dans la salle où l'avaient amené Bellatrix puis Drago quelques jours plus tôt. Il ne fit que jeter un coup d'œil - juste un mouvement pour voir ce qu'il s'y passait.
La vision lui glaça le sang, il se plaqua à nouveau contre le mur. Ce n'était pas l'ordre du Phénix qui était venu le secourir. C'était Tom Riddle. Le dérangé qui s'était jeté sur lui - qu'est-ce qu'il foutait là ?
Harry comprit instinctivement de quoi il en retournait. Il était, évidemment, la raison qui poussait Riddle à s'introduire par effraction chez les Malfoy. Il était venu le chercher.
Oh non, pensa-t-il. C'était une chose de se faire menacer de mort, c'en était une autre d'être menacé de…
Il n'avait vraiment pas envie d'y réfléchir. Mais en tout cas, c'était désormais très clair, il fallait qu'il quitte la maison le plus vite possible. Où les Malfoy avaient-ils leur cheminée ? Il était à peu près sûr qu'il y trouverait de la poudre de cheminette… S'il pouvait au moins arriver jusque-là. Mais il n'avait pas la moindre idée de l'agencement du Manoir. Ce n'était pas le genre de conversation que Drago et lui avaient. Il en venait presque à regretter de ne pas avoir plus porté d'attention aux vantardises incessantes du Serpentard. Mais bon.
Ce n'était clairement pas le moment de regretter ses choix de vie.
Il se retourna - le couloir dans lequel il se tenait était percé de plusieurs portes. Bien sûr il n'avait aucun moyen de savoir ce qu'elles protégeaient. Un cul de sac pourrait le mener à sa perte.
Il repensa au donjon dans lequel il avait été tenu prisonnier… Tout compte fait, la situation n'était peut-être pas si grave - s'il visait juste, il était au rez-de-chaussée. Il pourrait facilement sortir par une fenêtre.
Pour aller où ? lui siffla son esprit. Sirius s'était souvent moqué de la taille ridicule du domaine Malfoy. Et la dernière fois qu'il avait essayé d'échapper à Tom Riddle en prenant la fuite - eh bien, la conclusion de cet élan de survie était précisément sa présence dans ce foutu manoir.
Il fit à nouvelle fois face à la salle - dans le but d'estimer où en étaient les deux adversaires (qui étaient pourtant la même personne ? une partie de la même personne ?) C'était complètement dingue. Mais le plus dingue - c'était qu'ils étaient pratiquement à armes égales. Alors d'accord même âme - même individu - c'étaient des considérations à prendre en compte mais quand même - Voldemort était plus âgé, plus expérimenté - Harry aurait tout de même imaginé que ce serait lui qui aurait le dessus.
Sans parler du fait que l'horcruxe (si c'était le terme correct) n'avait tout simplement pas de magie. Il conjurait des sorts de ses mains. Comme si c'était naturel - comme si les baguettes n'étaient pas nécessaires pour faire de la magie. C'était cinglé - flippant - impossible ;
Voldemort semblait tout de même prendre le dessus. Riddle fut forcé de faire un pas en arrière - puis l'autre - et, finalement, il buta sur un corps, réalisa Harry. Son manque d'intérêt pour le sort des propriétaires des lieux le choqua. Comment pouvait-il penser à autre chose ? comment avait-il pu faire abstraction de l'explosion qui avait eu lieu ? où étaient les Malfoy ? c'était d'autant plus aberrant que ses oreilles lui faisaient toujours mal. Il se pencha un peu plus en avant afin d'identifier le corps en question. Il craignait un peu, en fait, qu'il ne s'agisse de Drago.
Harry était très loin de l'apprécier mais pas au point de souhaiter sa mort. Mais ce n'était pas lui. Une masse de cheveux noirs drapait le sol de lourdes boucles. Harry aurait reconnu ces cheveux partout. C'était Bellatrix.
Apparemment, Voldemort n'avait pas remarqué non plus que son Mangemort préféré ? ou avait-elle un autre rôle ? (Sirius s'était souvent moqué d'elle : opposant ses idées suprématistes à son comportement de prostituée – mais Harry n'avait aucune idée quant à la véracité des piques de son oncle) était à terre. Plusieurs éclats verts illuminèrent la pièce. Ils avaient tous pour origine Voldemort et comme cible son horcruxe. Riddle réussit à les parer (n'était-ce pas censé être impossible ?) et se pencha sur la sorcière.
Un temps s'écoula. Riddle saisit habilement Bellatrix par le cou ; un geste d'une violence choquante. Elle saignait au niveau du visage mais ne semblait pas particulièrement plus blessée – une étrange lumière l'illumina. Sa peau devint blafarde. Ses joues se creusèrent. Bientôt, il ne resta d'elle plus qu'un corps séché. Une momie.
Riddle se tourna une nouvelle fois vers son double. Il était triomphant - comme si cet acte - cette consommation ? lui garantissait la victoire. Il laissa tomber le corps par terre. Harry n'avait aucun doute que Sirius était désormais vengé.
Mais le plus terrifiant - plus que cet acte barbare - c'était que Voldemort en personne semblait lui aussi choqué. Pas tant par la mort de son lieutenant que parce que Riddle était parvenu à aspirer sa force ? à voler sa magie ?
Harry regretta cette pensée. Essaya de l'étouffer - sentant qu'elle pouvait être une malédiction. S'il n'y pensait pas – ne définissait pas l'acte alors peut-être que tout disparaîtrait et qu'il se réveillerait chez lui. Le corps entier de Riddle brilla - pas comme si sa peau était composée de diamant – non, la lumière semblait émaner de lui - comme si elle prenait source sous sa peau et qu'elle irradiait d'une telle force qu'elle traversait son épiderme.
Bizarrement, ça lui fit penser au moment où il avait détruit le journal. À ce moment-là aussi, Riddle avait été entouré de lumière avait été lumière. C'était peut-être ce qui était en train de se passer ?
Son espoir fut de courte durée. D'une façon ou d'une autre, les pouvoirs de cette aberration n'avaient fait que croitre. Il tendit la main en direction de Voldemort et une gigantesque gerbe de flamme embrasa la salle.
Ok, pensa Harry - il fallait réellement qu'il se taille et le plus vite possible. Il recula encore sans quitter les yeux ses deux ennemis - pour s'assurer qu'ils ne puissent pas l'attaquer alors qu'il leur tournait le dos.
Ce qui s'avéra ne pas être une bonne idée. Son regard croisa celui de Voldemort qui - de toute évidence - repérait les différentes sorties. S'il semblait déjà être dans une rage folle - ses yeux se révulsèrent encore plus - ses narines frémir -
Harry se mit à courir.
-Harry !
Oh non, c'était la voix de Riddle. Il avait dû suivre le regard de son double et avait constaté qu'Harry était là. Bon sang, pourquoi était-il resté ? C'était foutu - si les deux Voldemort se mettaient à le courser - il n'aurait tout simplement aucune chance. Pas qu'il ait réellement cru qu'il avait la moindre chance contre un seul - non Harry savait bien que c'était uniquement le hasard qui l'avait maintenu en vie jusque-là mais … Mais là c'était plus qu'une certitude. C'était une réalité.
Il s'élança dans le couloir- misant tout sur sa forme physique. Il était bon coureur - il ne comptait plus les tours de terrain de Quidditch qu'il avait dû faire à Poudlard et il avait envie d'espérer que ce ne serait pas le cas des deux Riddle. Voldemort ne semblait pas tout à fait au sommet de sa forme, quant à Riddle il semblait porter en lui le genre de snobisme qui retient quelqu'un à faire quelque chose d'aussi bas et vulgaire que du sport.
Peut-être que c'était juste une idée que les Dursley se faisaient des gens snobs et pas du tout une réalité. Ouais, ça ressemblait bien à Vernon (dont le seul but dans l'existence était d'être estimé par les gens qu'il estimait lui être supérieur) de justifier sa forme physique lamentable en convoquant un snobisme absurde. Peut-être qu'Harry avait quelques biais inconscients. Bref. Il s'élança dans le couloir. Il entendit, évidemment, des bruits de pas à sa suite. C'était comme ça qu'il allait mourir - c'était comme ça qu'allait s'achever -
Instinctivement, il fit un bond sur le côté. Un sort bleu (lequel ? impossible d'en avoir une idée. Peut-être un pétrificus totalus. Les deux hommes le voulaient en vie, après tout.) Ce bref mouvement ne bloqua pas son élan - au contraire. Il était déjà plus loin, porté par les sauts de ses jambes. Il tourna dans un angle droit. Un autre couloir. Il le connaissait, celui-là. Il l'avait brièvement emprunté entre la porte des cachots et la salle principale. D'accord le couloir dans lequel il courrait faisait donc le tour du salon (Harry était sûr que la pièce possédait un nom particulier du style de « salle de réception numéro 1 » ou autre chose de tout aussi ridicule mais il n'avait pas été éduqué pour reconnaître ce genre de lieux.) Il continua sa course. Il viendrait un moment où il serait obligé de ralentir pour essayer d'entrer dans une pièce. Il n'avait pas encore vu de fenêtres et s'éloigner de ce couloir fermé sans lumière du jour était sa priorité.
Il inspira et prit un nouvel angle. Cette fois dans la direction opposée à la pièce. Très bien, pensa-t-il. Très bien. Il y avait d'autres portes toutes plus intimidantes les unes que les autres. Les pas derrière lui ne faiblissaient pas - au contraire - il avait l'impression de les entendre de plus en plus fort. C'était sûrement dans sa tête. Il perdait le contrôle, la situation lui échappait totalement -
Un sort l'effleura. Il sauta de surprise, perdit un peu l'équilibre - s'écrasa contre le mur à sa gauche. Il se reprit - tourna la tête. Ils étaient bien les deux derrière lui. Quelle vision ridicule, quand même. Voldemort et Riddle en train de le courser comme des malades mentaux (ce qu'ils étaient manifestement, par ailleurs).
Dommage qu'il soit condamné à mourir prochainement, parce que cette vision aurait été une panacée les soirs où il se sentirait déprimé. Elle était tellement grotesque, tellement absurde - surtout l'expression de leur visage. Ah. C'était bien la chance d'Harry, ça, que de mourir environ une heure après avoir vu le truc le plus hilarant de son existence.
Et rien ne semblait pouvoir les arrêter. Ils continuaient leur course, Tom Riddle poursuivant Harry et Voldemort, Voldemort poursuivi par Tom Riddle et poursuivant Harry Potter - et Harry Potter poursuivi par deux crétins mégalomaniaques. Et ils étaient tous deux si absorbés par l'idée de rattraper Harry qu'ils en oubliaient de s'affronter.
Harry se détourna et reprit sa course. Le manoir Malfoy était réellement gigantesque. Il se décida finalement à essayer une porte. Il ne pourrait plus courir beaucoup plus longtemps. Sa seule chance, c'était de réussir à emprunter une fenêtre ou quelque chose du genre -
Nagini apparut soudainement à sa droite. Harry poussa un cri qu'il aurait nettement préféré garder pour lui et employa ses dernières forces pour tenter de s'éloigner du gigantesque serpent. Peine perdue. Peine complètement perdue. Il ne savait pas comment c'était possible mais Nagini était au moins aussi rapide que lui. Alors que lui était supposé avoir un avantage de taille : ses jambes.
-Sssuis-moi, cracha-t-elle dans sa direction.
Harry eut très envie de lui dire le fond de sa pensée. C'est à dire qu'il était hors de question, absolument hors de question qu'il obéisse à un putain de serpent. Du coin de l'œil, il essaya d'estimer où Nagini allait. Impossible d'avoir une réponse. Il tourna donc dans le couloir - elle cracha quelque chose qu'il ne comprit pas (ressemblant pourtant à un mot du style de "imbécile" mais bon -)
Un nouveau sort passa à côté de lui. À nouveau il n'y échappa que de justesse, un cri coincé dans la gorge (il se félicita de l'avoir retenu – se remercia de ne pas repenser à l'humiliation qui datait de quelques minutes).
Et soudain la menace (ou les menaces, plutôt) ne se trouvaient plus derrière lui mais devant. Un liquide ressemblant terriblement à du pétrole s'avança vers lui. Il ne pourrait pas l'éviter.
Imbécile, hurla Voldemort en le tirant par la manche de son pull. La masse sombre ne les toucha pas.
Et Harry - aussi fou que cela puisse paraître -
Harry réalisa que Voldemort venait de le sauver. Ah. Quelle bonne blague. Il sauvait et protégeait le morceau d'âme qu'il avait en lui. Quelle horreur - il n'était plus qu'un objet - une commode dotée de parole - dont la valeur ne résultait que de son contenu.
D'un brusque coup de baguette, Voldemort l'envoya contre le mur qu'il avait déjà heurté. Pas sûr que c'était réellement l'intention de son geste. Harry grimaça à quatre pattes, les lunettes dangereusement posées sur le bout de son nez. Il se redressa, le dos douloureux.
Les deux hommes se faisaient à nouveau face. Nagini était derrière Voldemort. La bouche ouverte, sa tête oscillait entre les trois occupants du couloir. Riddle semblait réellement ravi. Il avait l'expression d'un chat qui s'est amusé et pour qui tout n'a été qu'un jeu. Comme si cette course-poursuite dans les boyaux du Manoir Malfoy avait fait partie intégrante de son plan ou - plutôt - l'avait terriblement diverti.
Sa main se mit à briller. D'une lumière verte - extrêmement menaçante. Une lumière qu'Harry estimait déjà avoir vu trop de fois. Impossible de la confondre - et qu'il puisse la conjurer de sa main comme si c'était normal, comme si c'était comme ça que les sorciers étaient censés user de leur magie -
Voldemort était foutu. Cette pensée aurait certainement dû le réconforter - après tout c'était son but depuis un certain moment déjà. Mais, en fait, il en aurait presque souhaité que ce soit lui qui triomphe. Il était complètement malade, ça ne faisait aucun doute mais il semblait quand même… Un peu raisonnable. Harry pensait même qu'il aurait pu faire un marché avec lui ?
Qu'est-ce qu'il espérait. C'était ridicule. Harry s'imaginait très bien quel genre de marché Voldemort lui aurait proposé. Être captif mais libre ou être endormi à jamais dans une pièce quelconque. Quel choix cornélien. Mais peut-être qu'Harry aurait pu garantir la sécurité de ses amis ? de l'ordre du phénix ? Il ne le saurait jamais.
En tout cas, Tom Riddle ne lui inspirait réellement rien qui vaille. Voldemort était fou, d'accord, mais Riddle semblait irréparablement dément.
Il n'aurait pas droit à un choix si c'était lui qui survivait.
Comment Riddle pouvait-il être si puissant ? Comment pouvait-il venir à bout de Voldemort plus âgé, plus puissant avec une telle aisance ?
En fait, la meilleure chose à faire, pensa-t-il, était peut-être de mourir. D'utiliser le sort que Riddle destinait à Voldemort, s'interposer et mourir. Si l'Ordre débarquait alors que Riddle était là - ce serait un massacre. Il pouvait sauver la vie de ses amis. Certes, en se sacrifiant il sacrifierait aussi leurs espoirs mais… Mais c'était mieux que de les savoir morts par sa faute.
Il se plaça en position de sprint. Tout irait bien. Ça serait rapide, il en était sûr. Il pourrait rejoindre Sirius - et vivre seize ans, après tout, ce n'était pas si court. Il n'avait que cinq ans de moins que ses parents.
Il n'aurait jamais dû penser ça.
Harry fronça des sourcils et, instinctivement, avec la même intuition que lorsqu'il se laissait pratiquement tomber de son balai, il s'élança. Riddle leva le bras, la lumière verte zigzagua dans sa direction. Il entendit Voldemort derrière lui riposter -
La lumière s'approcha- encore et encore et, soudain, il sentit quelque chose appuyer avec force contre ses tibias. Quelque chose qui était en mouvement - qui avait la souplesse d'un corps vivant. Il baissa instinctivement les yeux, à la fois pour voir le sort de la mort le toucher et lui faire quitter le monde des vivants -
À la fois pour comprendre ce qui était en train de se passer au niveau de ses jambes.
Il reconnut les motifs, les écailles - c'était Nagini qui l'enserrait dans ses anneaux. Il fit une grimace - le sort arrivait – mourir enlacé par un serpent, il supposait que ça aurait pu être pire, tout compte fait.
Malgré lui, alors qu'Harry aurait préféré rester digne, il leva les bras pour protéger son visage. Le sort était là, il allait l'atteindre-
Il passa dans le couloir, vide.
Tom regarda autour de lui, abasourdi. La grotesque créature qui se prenait pour lui-même (il faudrait qu'il se renseigne, il n'aimait ni la façon dont l'autre l'avait reconnu, ni la façon dont il était aussi capable de parler aux serpents) et Harry Potter avaient disparus. Impossible. Le serpent s'était approché mais il lui avait ordonné de les immobiliser. Elle lui avait obéi, évidemment.
Mais possédait-t-elle un pouvoir qu'il ne connaissait pas ? Où étaient-ils allés ? Il avait cru qu'elle lui était fidèle – il s'était manifestement trompé.
Les murs noircirent. Le papier peint se décolla, se déchira, tomba par terre alors que du feu se propageait de l'intérieur du bois. Il réduirait ce vulgaire manoir en cendre. Et il retrouverait Harry Potter.
Harry cru qu'il était en train de mourir. Pour être franc, l'expérience le déçu pas mal. Non seulement il n'y avait strictement rien d'apaisant mais c'était aussi extrêmement douloureux. Et il ne pouvait pas respirer. Il essaya de toucher son cou - réalisa qu'il ne pouvait pas bouger de bras et qu'il n'était, d'ailleurs, pas sûr d'en avoir.
En fait, c'était exactement ça, cette sensation. Il avait l'impression de n'être rien. Une pensée qui flottait - asphyxiée - dans des ténèbres - qui n'étaient pas des ténèbres. Qui étaient pires, c'était le rien. Le vide total - l'absolu néant.
Pourtant- il sentait comme un mouvement - comme s'il était tendu, distendu comme si son esprit prenait des proportions gigantesques pour devenir ensuite aussi minuscule qu'un atome. Il était décomposé de particules puis recomposé, le tout dans un état aussi douloureux que l'expérience le sous-entendait. Il n'était plus rien.
Il était tout.
Et il ne faisait aucun bruit. Il voulait crier, Harry, sincèrement voulait hurler, appeler à l'aide, supplier celui qui le torturait - car ça ne pouvait être que ça, bien sûr, cela ne pouvait être que quelque chose destiné à le détruire - bout par bout.
Dans son entièreté. Mais il avait l'espoir que s'il réussissait à exprimer à quel point il souffrait alors peut-être que son bourreau aurait le cœur de le tuer pour de bon, d'abandonner cette veine souffrance.
Tout ça pour s'écraser sur un lit. Ses voies respiratoires de détendirent immédiatement comme si Harry, en fait, n'avait jamais étouffé. Comme s'il avait juste été dans un sommeil profond. Il inspira en se redressant.
Des bips réguliers résonnaient autour de lui. Des tuyaux étaient accrochés à ses bras - il avait des petits bouts de plastique ronds collés sur la poitrine. Paniqué, il tourna la tête désespérant de ne pas avoir sa baguette. Son corps lui paraissait étranger - faible. Dépourvu de muscles et d'énergie.
Il ne la trouva pas, évidemment. Il ne l'avait de toute façon pas eu avec lui au Manoir Malfoy. Elle était restée sagement chez les Dursley. En revanche, une découverte - infiniment plus précieuse - se présenta à lui : à côté de son lit, effarée, les yeux remplis de larmes… Lily Potter.
Réponse au commentaire anonyme:
Mamy83: Hello ! Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis toujours aussi contente que tu apprécies cette chose... et j'espère que ce chapitre ne t'aura pas trop déçue ! Encore merci pour ton soutien!
...Je suppose que je devrais présenter des excuses pour les conneries qui sortent de mon cerveau... Mais bon- retour vers l'univers alternatif où Poudlard est un jeu ! HAHAHA
