Bonjour,

Je voulais vous remercier une nouvelle fois pour vos reviews. Je suis tellement contente que ce premier lemon vous ait plu ! Je pense que les suivants seront encore meilleurs :P.

Un merci tout particulier à ceux qui commentent lors de la sortie de chaque nouveau chapitre et qui me laissent leurs impressions :). Vous êtes ma dose de bonheur quotidienne ! Et merci aussi aux autres qui prennent le temps de laisser un petit mot. Merci de tout mon cœur !

Je conçois que des toilettes, pour une première fois, ce n'est pas le lieu le plus romantique qui soit... Et Draco est du même avis.

Dans ce chapitre, nous découvrirons ce qui se passe réellement entre nos deux héros. J'espère que vous aurez les réponses à vos questions.

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 13 : Particulier.

- Asseyez-vous, messieurs.

Harry et Draco s'assirent dans leur fauteuil respectif. Draco croisa les jambes et Harry serra les siennes, anxieux.

Ils avaient tous les deux été convoqués dans le bureau du directeur. Face à eux, assis derrière son bureau, le professeur Dumbledore les regardait au travers de ses lunettes en demi-lune. De part et d'autre du bureau, les professeurs McGonagall et Rogue avaient l'air tendus. Harry aimait bien le professeur Rogue, même si celui-ci était plutôt sévère avec ses élèves. Il avait aménagé une paillasse, dans sa classe, expressément pour lui, avec un feu qui fonctionnait au gaz pour qu'il puisse faire des potions sans avoir besoin de maintenir une flamme allumée grâce à la magie. Mais il ne le considérait pas comme les autres professeurs le considéraient. Les autres étaient beaucoup plus avenants, gentils et prévenants. Lui le voyait comme un élève lambda et c'est ça qu'Harry aimait tout particulièrement chez lui. Il ne faisait pas de favoritisme.

Au vu de leurs regards préoccupés, Harry sentit qu'il y avait un problème. Il allait être renvoyé, il le savait. C'était fini.

- Savez-vous pourquoi nous vous avons demandé de venir ? dit le directeur.

Alors qu'Harry faisait oui de la tête, Draco, lui, disait non.

- Harry ?

- Eh bien… c'est pour me renvoyer, non ?

Le vieil homme eut un regard pétillant alors que le professeur McGonagall esquissait un sourire.

- Que dîtes-vous, Potter ? répondit la sorcière. Vous n'avez pas encore terminé votre année scolaire, vous n'allez pas nous quitter en si bon chemin.

Harry leva un regard soulagé vers sa directrice de maison mais n'eut le temps de rien dire.

- Cela n'a rien à voir avec votre parcours scolaire, Potter, intervint le professeur Rogue. Cela vous concerne tous les deux.

Le Gryffondor et le Serpentard échangèrent un regard interrogateur. Harry serra sa robe de sorcier entre ses doigts.

- Avons-nous fait quelque chose de mal, professeur ? demanda Draco.

Les trois enseignants se regardèrent et McGonagall ouvrit la bouche mais Draco l'arrêta d'un signe de la main.

- Écoutez, soupira le blond. Mon comportement à l'égard des autres élèves de l'école n'a pas été exemplaire, ces derniers mois, je le conçois. Mais j'aimerais que vous preniez en compte leurs agissements envers Harry. Ce sont des actes que je ne peux simplement pas tolérer. Mais, soit. Je m'excuse d'avoir parfois agit avec violence et de manière incontrôlée.

Le professeur de Potions esquissa un sourire et décroisa les bras.

- Vous êtes bien aimable, monsieur Malfoy, de reconnaître vos torts.

- C'est tout naturel, dit le Serpentard. Pouvons-nous y aller, maintenant ?

- Un instant, dit Dumbledore. Nous vous remercions de nous avoir présenté vos excuses suite à votre comportement, monsieur Malfoy, mais nous ne vous avons pas fait venir pour cela.

Draco haussa les sourcils.

- En fait, c'est un sujet qui vous touche plus personnellement encore, continua le vieil homme.

Harry regarda le Serpentard. Son visage n'exprimait rien, pas même la surprise ou la curiosité. Draco semblait fermé. Peut-être redoutait-il quelque chose ? Son cœur se serra. Lui aussi, redoutait quelque chose. Si on ne le renvoyait pas et que le comportement de Draco n'était pas remis en cause… Alors… Était-ce leur relation elle-même qui posait problème ?

- Monsieur Malfoy, dit McGonagall. J'ai cru comprendre que vous ressentiez une certaine… gêne ? ou plutôt une douleur ? lorsque vous êtes éloigné de monsieur Potter.

- En effet.

- Et j'ai également pu constater que vous aussi, monsieur Potter, vous aviez ces symptômes ?

- Oui, mais comment est-ce que…

- Ce sont monsieur Weasley et mademoiselle Granger qui nous en ont fait part.

- Ah.

Les yeux verts d'Harry croisèrent le regard gris du blond.

- Est-ce que vous comptiez nous le dire, messieurs ? demanda Dumbledore.

Les garçons ne répondirent rien. Harry sentait sa main le brûler. Il voulait sentir les doigts de Draco entre les siens.

- Est-ce que c'est grave, professeur ? osa demander le moldu.

- Et bien, nous aurions pu vous aider plus tôt, Potter, répondit Rogue.

- Nous aider ?

- Bien sûr. Ce que vous ressentez est tout ce qu'il y a de plus naturel.

- Comment ça ? dit Draco, se redressant.

- Cette douleur que vous ressentez lorsque vous êtes loin l'un de l'autre est tout à fait normale, répondit le professeur McGonagall. Simplement cela faisait des années que nous n'avions plus vu ce phénomène se produire.

- Je ne comprends toujours pas, dit le Serpentard.

- C'est une situation extrêmement rare à laquelle nous faisons face. Nous avions déjà vu naître une telle relation entre sorciers, mais jamais entre un sorcier et un moldu.

- Allez droit au but, professeur, je vous prie, soupira le blond de lassitude.

- Monsieur Malfoy, intervint Dumbledore. Vous êtes un Particulier.

Les couleurs de Draco s'évanouirent de son visage.

- Un quoi ?

- Un Particulier.

- Un Particulier, monsieur Malfoy, dit le professeur de Potions, est une créature magique assez spéciale.

- Une créature ? demanda Harry.

- Oui, reprit Rogue. Mais il ne s'agit pas d'une créature magique à proprement parler. Les Particuliers ne sont pas associés aux créatures animalières magiques telles que les loup-garous, les vampires, ou encore les animagus.

- Les Particuliers sont une catégorie de sorciers spéciaux, un peu comme les Veelas, dit McGonagall. Les Particuliers naissent Particuliers, contrairement aux vampires et autres créatures qui transmettent leur nature par le biais d'une morsure, ou d'un sort. Ces sorciers ont des capacités magiques très particulières. C'est pourquoi on les appelle des Particuliers.

- C'est impossible, lâcha sèchement Draco.

Le directeur lui lança un sourire doux et bienveillant.

- Monsieur Malfoy…

- Je vous dis que c'est impossible. Je suis un Sang Pur. Jamais il n'y a eu de Particuliers dans ma famille.

- C'est bien cela qui est étrange, répondit le vieil homme. Les Particuliers sont des sorciers ayant une génétique très spéciale et surtout très rare. Seuls quatre cas de sorciers Particuliers ont été enregistrés à Poudlard depuis la création de l'école. Les gènes des Particuliers sont héréditaires, ils proviennent forcément de votre famille, d'une branche ou d'une autre.

- Mes parents sont des Sang Pur.

- Même un Sang Pur peut avoir du sang Particulier, monsieur Malfoy. Cela n'est pas incompatible. Les gènes Particuliers n'altèrent pas la pureté du sang d'un sorcier.

Les lèvres de Draco se pincèrent et Harry le vit serrer les poings.

- Je ne suis pas une créature. Je suis un sorcier. Un sorcier de Sang Pur.

- Monsieur Malfoy… soupira Rogue.

- Non, cingla-t-il sèchement. Vous n'avez aucune preuve. Vous fabulez et accablez ma famille d'une tare qui n'existe pas.

- Être Particulier n'est pas une tare.

- Je ne suis pas un Particulier. Je suis normal. Complètement normal.

- Oui, vous êtes normal, le rassura Dumbledore. Être Particulier n'a jamais fait de vous quelqu'un d'anormal.

- Je ne suis pas un Particulier, grinça-t-il.

- Bien sûr que si, sourit le directeur.

- Comment pouvez-vous être aussi sûrs que j'en sois un ? demanda le blond. Vous n'avez aucune preuve. Rien de…

- Les gènes des Particuliers ne s'éveillent que lorsque celui-ci a rencontré son… et bien, comment dire… son « âme-sœur » ? Ou, en tout cas, la personne la plus importante de sa vie.

- Je ne vois pas en quoi cela me concerne.

Le cœur d'Harry se serra fort. Très fort. Et il baissa les yeux.

- Nous pensons que monsieur Potter est la personne la plus importante de votre vie.

Quelque chose en lui secoua le moldu. Une sorte de… Joie ? S'il était « l'âme-soeur » de Draco… S'il était la personne la plus importante de sa vie, quelque chose scellait leur relation et il sentait que c'était cette stabilité qu'il avait toujours aimé avec lui. Il sentait qu'il l'aimait d'un amour incommensurable et réciproque. Mais il ne savait pas l'expliquer. Il se sentait rassuré de savoir que cette personne qu'il aimait tant était liée à lui pour toujours. Pourtant, Draco avait toujours les sourcils froncés et les lèvres serrées, et cela lui fit mal.

- Vous ne pouvez pas en être sûrs, dit le blond.

Le moldu sentit une forte douleur poindre à l'intérieur de ses entrailles.

- Excusez-moi ? demanda Rogue.

- Vous ne pouvez pas être sûrs qu'Harry soit mon âme-sœur.

- Oh, dit le directeur des Serpentard. C'est vrai, nous ne pouvons pas en être sûrs.

- Alors vous ne pouvez pas affirmer que je sois un Particulier.

Le professeur Rogue eut un sourire sombre et avança vers eux.

- Fort bien, alors nous n'avons plus besoin de monsieur Potter dans ce bureau. Levez-vous, Potter !

Le professeur de Potions saisit le bras du moldu et le tira pour le mettre debout. Il le serra si fort qu'Harry poussa un cri de surprise et de douleur et essaya de se dégager.

- Professeur, vous me faites mal ! grimaça le brun.

- Lâchez-le, grinça Draco, toujours assis dans son fauteuil.

La directrice des Gryffondor pouvait voir le corps du Serpentard trembler de colère contenue.

- Dehors, Potter ! éructa Rogue.

Il tira Harry jusqu'à la porte avec violence, le corps du moldu se cogna rudement contre le bois. Harry cria de nouveau, son bras comprimé et blessé par l'étau féroce de l'homme.

Avant que le sorcier n'ai pu ouvrir la porte, Draco s'était rué sur lui, et l'avait, d'un geste brusque, séparé du moldu qu'il cachait désormais derrière son dos.

- Je vous ai demandé de le lâcher, dit sèchement le blond.

Une lueur agressive brillait dans les yeux du Serpentard. On ne voyait plus Harry tant le corps du blond formait un mur inébranlable.

- Donc vous affirmez que monsieur Potter est votre âme-sœur ? demanda Rogue, le regard hautain, défiant.

- Je n'affirme rien du tout. Ne vous approchez plus de lui.

Derrière Draco, Harry se frottait le bras. Il aurait un bleu, il en était sûr. Mais son esprit était partagé. Draco le protégeait, alors même qu'il ne semblait pas prêt à admettre qu'ils étaient liés. Il ne savait plus quoi penser, et son cœur lui faisait de plus en plus mal.

Le professeur de Potions retourna près du bureau du directeur et croisa les bras.

- Revenez vous asseoir messieurs, je vous prie, dit le vieux sorcier.

Draco le fixa un instant puis saisit la main d'Harry derrière lui. Il guida le moldu jusqu'à son siège et alla s'asseoir dans le sien. Personne n'aperçut la caresse de son pouce qui effleura la paume du brun avant de lâcher sa main.

- Nous savons que ce n'est pas une nouvelle facile à accepter… soupira McGonagall.

- Merci de votre considération, dit ironiquement le blond.

La vieille dame esquissa un mouvement pour répliquer mais le directeur leva la main en signe de paix.

- Nous souhaitons simplement nous assurer vous puissiez vivre tranquillement votre scolarité, vous et Harry, dit Dumbledore.

Le moldu, frottant toujours son bras douloureux leva un regard interrogateur sur le directeur.

- Voyez-vous, messieurs, je pense qu'il devient insoutenable, autant pour vos camarades et vos professeurs que pour vous-même, d'être dans une douleur constante.

- Le lien entre un Particulier et son âme-sœur, intervint la directrice des Gryffondor, est très puissant et spécial. La personne liée au Particulier, au même titre que le Particulier lui-même, subit des changements. Nous n'avons simplement jamais observé de tels changements à une telle vitesse et à un tel degré. Nous pensons que c'est à cause de la nature de monsieur Potter. Il est un moldu, il ne possède donc pas de protection magique interne et ressentirait les choses avec une sensibilité accrue.

Harry ne comprenait plus rien.

- Professeur, vous voulez dire que je suis un Particulier aussi ? demanda le brun.

- Bien sûr que non, répondit McGonagall. Un Particulier est une créature magique, hors vous n'êtes pas un sorcier, Potter. Vous êtes simplement l'âme-soeur de monsieur Malfoy ici présent.

- Mais pourquoi dites-vous que j'ai changé ?

- Et bien mon petit, fit le directeur en croisant les mains sous son menton, les personnes liées aux Particuliers subissent des changements magiques. Mais ceux-ci peuvent être imperceptibles ou insignifiants. Par exemple, dans les cas précédents qui ont pu être observés, les âmes-soeurs des Particuliers présentaient parfois des changements physiques mineurs, telle qu'une poussée plus rapide des cheveux, ou encore, une sensibilité à la douleur, ou au plaisir. Les sentiments entre un Particulier et son âme-sœur se développent aussi à une vitesse beaucoup plus grande que les relations amoureuses lambdas. Mais l'élément le plus fort et le plus récurent est la douleur ressentie lors de l'éloignement des deux personnes. C'est ce que tu ressens chaque jour, n'est-ce pas, Harry ?

Le moldu acquiesça. Il comprenait enfin pourquoi, jour et nuit, il avait si mal loin du Serpentard.

- Mais, professeur, comment cela se fait-il que je ressente cela ? Je n'ai aucun pouvoir magique. Je ne devrais pas subir de tels changements…

- Nous nous sommes bien sûr posé la question, Potter, intervint Rogue, les bras toujours croisés. Nos recherches nous ont appris que lorsqu'un Particulier et son âme-sœur se rencontraient, une nouvelle enzyme était produite dans le cerveau des deux personnes. Cette enzyme cesse d'être produite lors de l'éloignement des deux parties. L'arrêt de cette production provoque alors, autant chez le Particulier que chez l'autre personne, une douleur et une sensation de privation viscérale, voire vitale. À la longue, c'est comme si les deux personnes étaient privées de nourriture, ou d'oxygène. Même en étant moldu il s'avère que cette enzyme peut être sécrétée, car elle ne dépend pas de l'afflux de magie dans le corps. Du reste, n'importe quel être humain, moldu ou sorcier, peut produire cette enzyme. À condition bien sûr qu'elle ne soit déclenchée par la magie d'un Particulier. Il semblerait également qu'en raison de votre nature de moldu, vous n'arrivez pas, ou, du moins, un peu moins que monsieur Malfoy, à lutter contre la douleur. Les sorciers ont naturellement une protection magique interne qui les aide à canaliser leur magie et leurs émotions. Ce qui n'est pas votre cas. Il est donc fort probable que vous, et bien... que vous souffriez plus de l'éloignement que monsieur Malfoy.

- C'est cette… enzyme ?… qui nous fait mal physiquement alors ? questionna encore Harry.

- Exactement, répondit le professeur de Potions. C'est une douleur physique. Vous n'êtes pas fou, Potter. Ce que vous ressentez dans votre corps est tout à fait réel. Et normal, qui plus est. Puisque vous êtes l'âme-soeur d'un Particulier, cette douleur vient de la production, ou non, de cette enzyme lorsque vous êtes près, ou non, de monsieur Malfoy.

Draco ne disait rien. Il avait de nouveau croisé les jambes sur son fauteuil et Harry pouvait voir que son visage était glacial, hermétique. Lui qui était, d'ordinaire, si doux et rassurant avec lui, était aujourd'hui aussi froid que celui d'un inconnu.

- Monsieur Malfoy, dit alors McGonagall. Il faut également que vous sachiez…

- Quoi ? N'est-ce donc pas suffisant ? cracha presque Draco, agacé. D'abord je suis une créature hors du commun, ensuite j'ai une âme-sœur, et maintenant quoi ?

- Il faut que vous sachiez que vous n'êtes pas un sorcier normal.

- Le professeur Dumbledore vient de dire à l'instant qu'être Particulier n'était pas synonyme d'anormalité. Vous vous contredisez vous-même, professeur McGonagall, railla-t-il.

- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, monsieur Malfoy, sourit doucement le directeur. Être un Particulier n'entrave en rien votre vie de sorcier normal. Il faudra cependant vous attendre à quelques petits changements.

- J'avais saisi, fit-il avec un sourire sardonique. Je vous remercie, professeur. J'ai bien compris que j'aurais mal le restant de mes jours.

Cela sonnait, dans sa bouche, comme une fatalité et Harry rentra imperceptiblement la tête dans ses épaules.

- Ce que je voulais dire, c'est que vos capacités physiques et vos pouvoirs magiques ne sont pas les mêmes que ceux des sorciers ordinaires.

- Voilà autre chose… vais-je me transformer en chauve-souris ou en centaure ? ironisa le Serpentard.

Le professeur McGonagall fronça les sourcils.

- Au contraire, reprit-elle. Vous deviendrez plus puissant que n'importe quel autre élève de cette école. Peut-être même que n'importe quel professeur de Poudlard, et même que le professeur Dumbledore.

Le sourire narquois de Draco s'effaça aussitôt. Il se redressa et décroisa les jambes.

- Que voulez-vous dire ? demanda-t-il, soudainement intéressé.

Le directeur sourit.

- Les Particuliers possèdent d'immenses pouvoirs, monsieur Malfoy, dit-il. Lorsqu'ils rencontrent leur âme-sœur, leur force physique est fortement décuplée. Ils sont également dotés d'un étrange décuplement des capacités magiques. Avec un peu d'entrainement, et parfois même sans, ils sont capables de développer de la magie sans parole. Les plus avancés pratiquent généralement la magie sans baguette.

Les yeux du Serpentard s'écarquillèrent.

- La magie sans baguette ?

- C'est cela, reprit le vieux sorcier. Les sorciers n'ayant ni besoin de prononcer les sortilèges à voix haute ni d'utiliser leur baguette sont les plus redoutables et les plus imprévisibles. Mais les Particuliers, en plus de pouvoir développer ces capacités avec aisance et rapidité, voient également la force de leurs sortilèges être décuplée. Leurs sorts sont plus puissants et leur apprentissage plus aisé. Leur force physique et leur résistance augmente également.

- Vous voulez dire que Draco est… souffla Harry.

- Oui, le devança le professeur McGonagall. Monsieur Malfoy peut être considéré comme un surdoué, étant donné ses aptitudes.

Le moldu lança un regard au blond et rebaissa aussitôt les yeux.

- Malheureusement, monsieur Malfoy, la maîtrise de vos pouvoirs de Particulier nécessite beaucoup d'énergie magique, il faudra donc que nous consacrions un temps à votre entrainement et…

- Un instant, la coupa Draco. Vous voulez dire que je vais devoir m'entrainer ?

- Vous n'êtes pas obligé, intervint Rogue. Le professeur McGonagall et moi-même vous proposons de vous accorder un temps dédié à l'apprentissage de vos pouvoirs de Particulier, après les vacances de Noël. Mais vous pouvez tout aussi bien refuser. Libre à vous de gérer seul votre situation.

- Parce que vous y connaissez quelque chose, à la magie des Particuliers ? ironisa le blond.

Le professeur de Potions pinça les lèvres.

- Nous ne sommes pas plus avancés que vous. Mais, jusqu'à preuve du contraire, nous sommes vos professeurs. Nous avons donc plus d'expérience que vous. Votre magie deviendra plus puissante, mais vous restez un sorcier, monsieur Malfoy. Je pense que nous avons encore beaucoup de choses à vous apprendre. Des choses qui, par exemple, ne feraient pas partie du cursus scolaire ordinaire de Poudlard.

Un éclair d'intérêt passa sur le visage du blond. Il lança un regard au moldu qui avait les yeux baissés et pinça les lèvres.

- Et Harry ? demanda Draco.

Le moldu sursauta.

- Quoi ? répondit Rogue.

- Est-ce qu'il pourra assister aux entrainements ?

Les yeux du brun se fixèrent sur le Serpentard. Son visage était impassible. Il ne savait pas s'il avait posé la question par simple curiosité ou par réelle envie de le savoir près de lui.

- Étant donné son intolérance à la magie… souffla le professeur de Potions.

- Sa présence est même conseillée, intervint Dumbledore.

Tous les regards se braquèrent sur le vieil homme qui dévisageait le moldu.

- Que voulez-vous dire, Albus ? demanda la directrice de Gryffondor.

- Gérer sa puissance de Particulier demandera énormément d'efforts à monsieur Malfoy, poursuivit le sorcier. Et s'il doit sans cesse lutter contre la douleur d'être séparé d'Harry, il n'arrivera pas à se concentrer et à développer pleinement tout ses pouvoirs et ses capacités. Je pense que mon sortilège de protection sera assez puissant pour protéger Harry lors de ces séances d'entrainement.

- Vous en êtes sûr ? demanda le Serpentard, méfiant.

- Certain.

- Très bien.

Harry gardait les yeux irrémédiablement baissés.

- Fort bien, nous mettrons donc tout cela en place durant les vacances. À la rentrée, vos entrainements pourront commencer, monsieur Malfoy, dit McGonagall.

Le Gryffondor intégrait doucement toutes ces nouvelles informations. Il se sentait perdu, chamboulé. Et pourtant, quelque part, il était rassuré.

- Est-ce qu'Hermione et Ron sont au courant que nous… enfin que Draco est… ? demanda-t-il enfin.

- Oui, répondit Dumbledore. C'est grâce à eux que nous en avons eu la confirmation. Ils savent que monsieur Malfoy est un Particulier et que vous êtes son âme-sœur.

Les lèvres de Draco se pincèrent d'agacement.

- Ils le savent depuis longtemps ? grinça-t-il.

Harry sentit que le Serpentard était en colère à l'idée que d'autres élèves aient pu connaître sa situation avant que lui-même ne soit mis au courant.

- Depuis une heure. Nous leur avons confirmé nos doutes juste avant de vous convoquer, messieurs.

Le visage de Draco sembla se radoucir.

- Mais comment vous en doutiez-vous, professeur Dumbledore ? demanda tout à coup le moldu.

- Depuis votre premier jour à Poudlard, Potter, intervint McGonagall. Lorsque vous vous êtes évanoui dans ce couloir et que monsieur Malfoy vous a conduit à l'infirmerie.

Harry s'en rappela aussitôt. Draco était resté au fond de l'infirmerie à le fixer jusqu'à ce qu'il soit raccompagné dehors par la sorcière.

- L'état second de monsieur Malfoy nous a interpelé. Nous avons donc entrepris des recherches et des observations, et les témoignages de monsieur Weasley et mademoiselle Granger ont été cruciaux. Nous pensons que c'est d'ailleurs grâce à monsieur Malfoy que la magie de l'école ne vous a pas tué, ce jour-là. Il semblerait que sa présence à vos côté vous ai évité le pire.

- Comment ça ?

- Comme je vous l'ai dit, dit Dumbledore, le lien entre un Particulier et son âme-sœur est très spécial. Il ne serait pas étonnant que, temporairement, la magie de monsieur Malfoy ait joué le rôle de bouclier pour vous protéger de celle de l'école.

- C'est possible, ça ? s'étonna le brun.

- Nous n'en savons pas encore assez pour l'affirmer totalement, mais c'est l'hypothèse la plus plausible que nous avons trouvée. Vous avez un lien fort. Très fort, messieurs.

Harry se sentait soulagé. Soulagé d'enfin comprendre ce qui lui arrivait. Il comprenait désormais pourquoi la présence de Draco lui était vitale, pourquoi son absence lui était douloureuse. Il comprenait pourquoi il avait eu si mal au cœur de le sentir s'éloigner de lui, ce fameux jour à l'infirmerie. Il comprenait pourquoi, dès lors qu'ils s'étaient rencontré sur le Chemin de Traverse, il avait constamment cherché du regard ses yeux gris et ses cheveux blonds. Tout s'expliquait. Et la fatalité de ses sentiments, de ses émotions, lui faisait plaisir. Il le sentait, là, dans ses entrailles. La présence de Draco à ses côtés était tout ce qui importait pour lui, désormais.

C'est pourquoi il se sentit comme frappé au visage lorsqu'il entendit la voix glaciale du Serpentard :

- Si j'ai bien compris, dit Draco d'un air agacé, c'est cette histoire d'âmes-soeurs qui a forcé nos sentiments ?

Dumbledore fronça les sourcils.

- Non, nous n'avons jamais dit que...

- Vous suggérez que nos sentiments sont factices et que nos liens ne sont établis qu'à cause de ces... gènes.

- Grand Merlin, bien sûr que non, monsieur Malfoy, s'écria tout à coup McGonagall en apercevant le visage pâlissant du moldu. Âmes-soeurs ou non vous auriez très bien pu tomber amoureux l'un de l'autre. Mais le fait que vous soyez liés a... et bien, disons que cela a pu accélérer les choses.

- Ah ? Grâce à vos bons soins je ne sais désormais plus si je peux considérer mon amour comme véritable ou s'il n'est que le fruit de mon statut si « particulier », ironisa Draco.

- Monsieur Malfoy, dit Dumbledore avec un brin de sévérité, vous ne mesurez pas la chance que vous avez. Rares sont les sorciers possédant une âme-sœur. Et vous auriez pu trouver quelqu'un de bien pire que monsieur Potter.

- Là n'est pas la question. Je n'ai jamais dit qu'Harry était quelqu'un de mauvais. Simplement mes sentiments semblent perdre tout leur sens.

- Bien au contraire. Toute votre vie à un sens, désormais.

Draco esquissa un petit sourire sarcastique.

- Et quel est-il ?

- Harry.

Alors les yeux gris du Serpentard dérivèrent doucement vers le moldu devenu livide dans son fauteuil et son cœur rata un battement. Il déglutit difficilement.

Les traits du visage du directeur se radoucirent.

- Ce sont les témoignages de vos amis qui nous ont convaincu de faire quelque chose, reprit le vieil homme pour faire évoluer le sujet de la conversation.

- C'est-à-dire ? demanda le blond.

- Vos camarades ont très spécifiquement insisté, et à de multiples reprises, sur le fait que c'était surtout les matins et les soirées qui vous étaient particulièrement douloureux et pénibles.

Harry hocha doucement la tête, comme un automate. Les soirées et les réveils étaient atrocement difficiles pour lui. Se coucher et rester des heures durant loin de Draco lui devenait presque insupportable. Mais c'était les matins qui étaient les pires. Il devait patienter que ses camarades terminent de se doucher pour pouvoir faire sa toilette à son tour, puis il devait s'habiller, attendre que ses amis soient prêts et, enfin, se rendre à la Grande Salle où il pouvait apercevoir, s'il avait de la chance, le visage du Serpentard. Avant que les cours ne commencent, il passait quelques minutes avec Draco, puis revenait le temps de se séparer pour suivre leurs différents cursus. Et il avait mal. Constamment. Des heures durant.

- Nous avons donc décidé, les professeurs McGonagall et Rogue et moi-même, de vous proposer de partager une seule et même chambre.

- Vous voulez dire, une chambre à nous ? demanda le moldu.

- Exactement, monsieur Potter, continua la sorcière. Celle-ci ne serait ni dans le dortoir des Gryffondor ni dans celui des Serpentard, mais dans une autre tour du château.

- Pourquoi pas chez les Gryffondor ? ou chez les Serpentard ?

- Car même si nous vous autorisons à aller dans les dortoirs des Quatre Maisons, Potter, il n'en va pas de même pour monsieur Malfoy qui reste un Serpentard désigné par le choixpeau magique. Il n'a pas le droit de s'établir sur le long terme chez les Gryffondor. Et, vous non plus, Potter, ne faites pas partie de la maison Serpentard. Il est donc préférable que vous ayez votre propre chambre, hors des dortoirs et des salles communes. Mais ne vous inquiétez pas, vous aurez toujours accès à la salle commune et aux dortoirs de Gryffondor. C'est également le cas pour vous, monsieur Malfoy. La salle commune de Serpentard et ses dortoirs vous seront toujours ouverts.

Le visage du Serpentard resta impassible.

- Est-ce que cela vous convient, messieurs ? demanda le directeur.

Les deux élèves hochèrent la tête, mais ne répondirent rien.

- Très bien, nous commenceront alors également l'aménagement d'une nouvelle chambre que vous pourrez investir dès la rentrée, après les vacances de Noël.

Draco soupira.

- Nous savons que cela fait beaucoup à assimiler… dit McGonagall.

- Des entrainements, une chambre commune… avez-vous d'autres projets pour nous, professeur ? dit Draco en fronçant les sourcils.

- Pour l'instant non, sourit Dumbledore. Mais nous ne sommes pas à l'abri de quelques surprises.

Harry se leva précipitamment. Non. Il avait déjà trop de choses à retenir, trop de choses à assimiler. Il ne voulait pas d'une autre « surprise ».

- Professeur Dumbledore, dit le moldu. Pouvons-nous y aller maintenant ?

- Encore un instant, Harry, dit le vieillard. Monsieur Malfoy, continua-t-il en s'adressant au blond, êtes-vous sûr qu'aucun de vos ancêtres n'aient présenté des signes inhérents aux Particuliers ?

- J'en suis sûr. Mes parents ne sont pas des Particuliers.

- Oui, ça, c'est évident.

- Tout à coup cela vous semble évident ? demanda-t-il en serrant les dents.

- Ce que nous avons omis de vous dire, dit tout à coup le professeur Rogue, l'air sérieux, c'est que lorsque le Particulier ou l'âme-soeur elle-même meurt, l'autre personne meurt aussi peu après.

Le sang de Draco se glaça.

- Quoi ? dit le blond.

- Oui, c'est malheureusement vrai, souffla le professeur McGonagall. La douleur de la perte de l'autre personne est si forte et puissante que l'enzyme cesse d'être produite et la sensation de privation devient insupportable. La personne restante se laisse dépérir. Aucun cas de Particulier ou d'âme-soeur ayant perdu sa moitié et étant resté en vie plus d'un an n'a été recensé.

- Et nous savons que votre mère est décédée le jour de votre naissance, il est donc exclu qu'elle ait pu être une Particulière ou l'âme-soeur de votre père, dit Dumbledore. Néanmoins, l'un des premiers Particuliers a avoir été découvert était issu directement d'une des plus anciennes familles de sorciers de Sang Pur, il y a de cela plus de mille ans. Il me semble que vos deux parents possèdent du sang de cette famille dont le nom a aujourd'hui disparu. Ce qui impliquerait que vous en possédez aussi.

- Alors peut-être que dans une branche ou dans l'autre des gènes de Particulier se sont transmis à un moment donné, compléta le professeur McGonagall.

- Vous voulez dire que les Malfoy ou les Black sont des Particuliers ?

- Non, je n'ai pas dit cela. Mais il est possible que vos aïeuls aient pu posséder, à un moment ou à un autre, ces gênes sans jamais qu'ils ne soient éveillés.

Le blond soupira mais hocha la tête, pressé d'en finir.

- Soit. J'écrirai à mon père pour lui demander ce qu'il sait. Mais cela m'étonnerait qu'il sache quoi que ce soit, il est très fier d'être un Sang Pur et n'a jamais mentionné le sujet des Particuliers. J'écrirai également à mes grand-parents Black. Ils possèdent une tapisserie représentative de leur arbre généalogique. Ils sauront peut-être quelque chose.

- Merci de votre coopération, monsieur Malfoy, sourit le directeur.

Harry était toujours debout, immobile. Il ne savait pas pourquoi, mais il l'avait toujours su. Il l'avait toujours senti. Quitter Draco n'avait jamais été une option et, aujourd'hui, il comprenait pourquoi. Il ne pouvait tout simplement pas vivre sans lui. Sa vie dépendait de celle de Draco. Et alors qu'il aurait dû se sentir enchaîné, prisonnier, entravé, il sentit monter en lui une sensation étrange. Il était soulagé. Il l'aimait. Son chemin était tout tracé. Il n'aurait plus à réfléchir. D'ailleurs, il avait cessé de se demander ce que deviendrait sa vie le jour où Draco l'avait embrassé. Il le sentait. C'était Draco. Jusqu'à la fin de sa vie, ce serait lui. Et cela le rassurait plus que n'importe quelle promesse.

- Pouvons-nous y aller, maintenant, professeur ? dit soudain Draco en se levant.

- Bien sûr, répondit Dumbledore. Merci à vous de nous avoir accordé un peu de votre temps.

Le Serpentard ne répondit rien.

- Attendez, Potter, dit le directeur des Serpentard. Veuillez m'excuser pour ma soudaine brutalité, il va de soit que ce n'était qu'un acte de provocation à l'encontre de monsieur Malfoy.

- Ne nous inquiétez pas, professeur, j'avais saisi, sourit doucement Harry.

- Tenez, avalez cette potion avant de vous endormir et votre bras sera rétabli, dit le sorcier en lui tendant une petite fiole remplie d'un liquide bleu.

- Merci.

Harry glissa la fiole dans sa poche.

- Nous nous reverrons à la rentrée, messieurs, lança le professeur McGonagall. Nous reparlerons des aménagements qui auront été faits pour vous.

- Merci, dit le blond.

Il ouvrit la porte, attira Harry à sa suite, et sortit sans un mot.

Les deux garçons restèrent un instant devant la porte close du bureau du directeur. Harry voyait le dos du blond se soulever et se baisser au rythme de sa respiration. Draco était tendu. Extrêmement tendu. Il leva une main pour lui toucher l'épaule, mais le Serpentard se mit en marche.

- Viens.

Le moldu lui emboîta le pas en silence. Ils marchèrent dans les couloirs froids, à peine chauffés par les torches ardentes qui brûlaient contre les murs. Draco marchait devant lui à grands pas. Il peinait à le suivre, mais ne dit rien. Il revoyait le visage froid du Serpentard et son cœur n'avait pas cessé de le faire souffrir.

Ils ne croisèrent personne. Aucun élève, aucun professeur, aucun fantôme. Leurs pas résonnèrent jusqu'aux cachots. Le chemin sembla durer une éternité à Harry. Il n'arrivait pas à réfléchir, perturbé par toutes les choses qu'on venait de leur dire. Il sentait que ce lien était la plus belle chose qui pouvait lui arriver. Et, pourtant, Draco, lui, semblait récalcitrant à cette idée. Il ne comprenait pas pourquoi. C'était pourtant une bonne nouvelle : ils étaient fait l'un pour l'autre.

Il réussit, l'espace d'un instant, à apercevoir le visage du sorcier et ses entrailles se compressèrent. Draco semblait perturbé. Très perturbé. Et le savoir si bouleversé... Il ne le supportait pas.

La voix de Draco résonna devant la porte de la salle commune des Serpentard. Elle s'ouvrit, et ils entrèrent en silence. La salle était vide. Presque tous les élèves avaient déjà rejoint leur famille respective pour les vacances. Un feu de cheminée crépitait doucement, c'était l'unique bruit que l'on pouvait entendre. La porte se referma derrière eux. Alors, Draco resta de marbre, immobile sur le seuil. Harry lui lança un regard et se dirigea vers un fauteuil au milieu de la pièce. Il sentit alors la main du Serpentard le retenir par le bras.

- Harry.

- Oui ? demanda le moldu, se retournant vers lui.

- Je suis désolé.

Le Gryffondor haussa les sourcils. La main de Draco le lâcha. Ses yeux gris fixaient un point invisible dans la pièce.

- Mais de quoi ? demanda le brun.

- Que tu sois à jamais lié à un monstre.

Le cœur d'Harry se pinça très fort. Si fort qu'il en eut le souffle coupé un instant. Il dévisagea le blond, toujours impassible devant la porte.

- Mais enfin, qu'est-ce que tu racontes ? Tu n'es pas un monstre, Draco.

Draco ne bougea pas. Il ne répondit rien. Le Gryffondor attrapa le poignet du blond et le tira vers lui. Après quelques secondes de résistance, le Serpentard se laissa guider. Harry le mena jusqu'au sofa vert et noir devant la cheminée. Là, le blond s'y laissa tomber, rejeta sa tête en arrière, sur le dossier, et plaqua sa main sur son front. Il poussa un soupir à fendre l'âme.

Harry sentit son cœur se déchirer et s'assit près de lui. Il ne l'avait jamais vu ainsi.

- Je l'ai senti, dit enfin le blond après un long moment de silence, les yeux dans le vague.

- Senti quoi ?

- Que je changeais. Quand je t'ai embrassé, la première fois. J'ai senti que ce n'était pas normal.

- Parce que tu as embrassé beaucoup d'autres personnes avant moi ?

- Quelques unes, oui.

- Draco…

- Tu sais très bien ce que je voulais dire.

Harry soupira.

- Tu n'es pas un monstre, dit le moldu. Tu es…

- Particulier ? ironisa le blond.

Les yeux gris de Draco restaient irrémédiablement rivés sur le plafond.

- Que nous ai-je donc fait ? continua-t-il.

- Comment ça ?

- Nous étions si bien.

- Mais nous le sommes toujours, rétorqua Harry, les sourcils froncés.

- C'est faux. Maintenant les enjeux sont beaucoup plus importants.

- Et ça te dérange ?

Draco ne répondit rien. Harry crut voir ses yeux s'humidifier une seconde, mais à peine avait-il cligné des paupières que son regard était revenu normal.

- Ça te dérange, Draco ? insista le moldu.

- Oui.

Une nouvelle tristesse étreignit le cœur du Gryffondor qui baissa les yeux sur ses mains. Ses doigts s'accrochèrent malgré eux à sa robe. Il ne savait pas pourquoi, mais il commençait à avoir peur.

- Tu ne veux pas… être lié à moi ? osa-t-il demander dans un souffle.

Sa phrase fut si basse et lente qu'Harry crut l'avoir simplement prononcée dans sa tête.

- Je ne veux pas que tu meurs.

Harry releva la tête. Draco n'avait pas bougé, mais Harry vit la bouche du Serpentard se tordre en une grimace douloureuse.

- Si tu meurs, je ne le supporterai pas. Je l'ai toujours su. Mais maintenant, je l'ai compris.

- Mais voyons, Draco, ça n'arrivera pas.

- Bien sûr que si. Le pire dans tout ça, c'est que si c'est moi qui meurs, tu mourras aussi. Et je le refuse.

Harry ouvrit la bouche mais n'eut le temps de rien dire.

- Il faut que tu vives. Quoi qu'il en coûte, il faut que tu vives.

- Mais je vais vivre, qu'est-ce que tu racontes, Draco ?

Un rictus mauvais passa sur le visage du blond qui s'assombrit.

- Voici que gérer notre propre vie ne suffit pas, nous devons aussi nous assurer de la survie de l'autre.

- Quoi ?

- Tu devrais partir, Harry.

- Quoi ? Pourquoi ? Enfin, Draco, je ne comprends pas !

- Est-ce vraiment une vie que de dépendre de celle d'un autre ?

- Draco, dit soudain le moldu. Tu es malheureux, et tu ne sais plus ce que tu dis. Depuis que j'ai posé les yeux sur toi ma vie n'a plus tournée qu'autour de toi. Me dire de partir, c'est me retirer ma raison de vivre.

- C'est te rendre ta liberté.

- Ma liberté, c'est toi.

- Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis.

Harry s'affala contre le dossier du sofa et soupira lourdement. Ils n'avaient pas du tout la même perception de cette nouvelle situation. Si Draco semblait vouloir la fuir, Harry, lui, se sentait de taille à l'affronter.

- Je suis désolé, dit soudain Draco, faisant sursauter le brun.

- Désolé de quoi encore ?

- De ce que j'ai dit, dans le bureau de Dumbledore.

- Tu n'as rien dit du tout, tenta de le rassurer le brun.

- D'avoir dit que tu n'étais pas mon âme-sœur. Que je ne t'aimais pas vraiment. Que c'était à cause de mes gènes.

- Je n'y ai même pas fait attention.

- Menteur.

Harry baissa les yeux.

- Je ne le pensais pas, continua Draco.

- Je sais.

- Il faut que tu me pardonnes.

- C'est tout pardonné.

- Non. Il faut que tu me pardonnes de ce que je t'ai fait.

- Mais, tu ne m'as rien fait…

- De ce que je t'ai fait dans les toilettes.

Les yeux du Gryffondor s'écarquillèrent et il serra les poings. Ses sourcils se froncèrent alors que Draco avait toujours le visage orienté vers le plafond.

- Qu'est-ce que tu racontes encore, Draco ?

- Je te dis juste que je suis désolé.

- Mais enfin ! Désolé de quoi ?! s'agaça le brun.

- Désolé de t'avoir traité ainsi. Personne ne mérite de perdre sa virginité dans des toilettes et avec autant de brutalité. Je n'ai pas su me contrôler.

Harry se leva, le sang battant à tout rompre dans sa tête. Une colère monstrueuse prenait possession de son corps.

- Arrête ça tout de suite, Draco !

- Arrêter quoi ?

- Arrête d'entacher l'un des plus beaux souvenirs de ma vie !

Un ricanement mauvais passa la barrière des lèvres du Serpentard.

- Quoi ? Te faire prendre dans des toilettes, c'était un de tes plus beaux souvenirs ? Il t'en faut peu, dis-moi… ton amour pour moi te fait perdre la notion de la beauté.

Harry sentit son cœur s'ouvrir en deux et un puissant sentiment de trahison monter de ses entrailles. Comment osait-il dire ça ? Comment Draco osait-il remettre en cause ce moment si précieux à ses yeux ? Le corps du moldu trembla et il esquissa un mouvement pour sortir de la salle commune. C'est alors qu'il vit, sur le visage du Serpentard, une larme glisser silencieusement le long de sa joue.

Une larme. Une seule larme. Et le cœur d'Harry mourut de douleur.

Il était bête. Mais qu'il était bête ! Il comprenait, à présent. Draco l'aimait. Peut-être même plus que lui. Draco souffrait, Draco avait peur, et Harry eut honte. Il eut honte de n'avoir pensé qu'à lui. Il eut honte de n'avoir rien compris.

- C'est vrai, ce n'était pas très romantique, dit enfin le moldu, un petit sourire éclairant son visage triste.

La larme sur la joue de Draco n'avait laissé qu'un sillon à peine visible, et son visage était redevenu impassible. Un sourire mauvais étira de nouveau la bouche du blond. Mais Harry, cette fois, ne s'en formalisa pas.

Il vit le corps de Draco trembler et ses poings se serrer.

- C'est tout ce que tu pouvais attendre de moi, éructa le blond.

Harry sourit de nouveau. C'était limpide. « C'est tout ce que tu pouvais attendre d'un monstre ». Il n'entrerait pas dans son jeu. Hors de question.

- Ce n'est pas ce que je crois, Draco.

- C'est-à-dire ?

- C'est-à-dire que je ne te quitterai pas.

Le souffle du blond se coupa un instant. Ses yeux se fermèrent douloureusement.

- Quelle erreur… souffla-t-il comme pour lui-même.

- Ça ne sert à rien de tenter de me faire mal, Draco, continua Harry. Je ne te quitterai pas.

- Quelle erreur… répéta-t-il.

Toujours debout, Harry fixait le blond. Draco avait les yeux irrémédiablement fermés, la tête toujours renversée sur le dossier du sofa.

- Ce jour-là, dans les toilettes des filles du deuxième étage… reprit le brun. Ce n'était pas simplement ma première fois. C'était ma première fois… et elle était avec toi. Je l'ai senti aussi.

- Quoi ?

- Que je changeais.

Draco ricana méchamment.

- Quoi, tu es un Particulier toi aussi ?

Harry sourit avec douceur.

- Non. Je suis un moldu.

- C'est bien ce que je me disais.

- Mais je l'ai tout de même senti. J'ai senti que c'était toi, Draco. Toi, et personne d'autre.

Draco ne répondit rien. La main sur son front se referma. Ses jointures devinrent blanches.

- Quelque chose en moi à également changé, continua Harry. J'ai mal en étant loin de toi. J'ai besoin de sentir que je t'appartiens, et que tu m'appartiens. J'ai besoin de te sentir. De toutes les manières possibles.

Le Serpentard déglutit. Il rouvrit les yeux, mais il lui fut impossible de regarder le moldu.

- Alors oui, tu as raison, personne ne mérite de perdre sa virginité dans des toilettes et d'une manière aussi brutale. Mais n'oublie pas de considérer mon avis et mes sentiments : c'était la première fois que je me sentais complet et…

- Et ?

Le moldu déglutit.

- … Et que… que je jouissais si fort…

Harry devint aussi rouge que son écusson et cacha son visage dans ses mains. L'avait-il vraiment avoué aussi facilement ?

- Alors s'il te plait Draco, ne critique plus ce souvenir qui me fait frissonner rien qu'en pensant au miroir fissuré, murmura-t-il, honteux.

Harry fit volte face, le visage toujours rouge et enfoncé dans ses mains. Il commença à partir mais il sentit deux bras puissants se nouer autour de sa taille. Il hoqueta de surprise et reconnut le visage de Draco qui s'était enfoui contre le bas de son dos.

Après quelques instants, il entendit enfin un souffle monter contre son corps :

- Je suis désolé, dit doucement le blond. Je suis désolé d'avoir essayé de te faire du mal. Je voulais juste que tu sois sûr de vouloir affronter ce que je suis.

Harry se retourna, et Draco posa sa joue contre le ventre du brun qui lui caressa les cheveux avec tendresse. Une de ses mains passa le long du large dos dont les muscles se détendirent à mesure que ses doigts l'effleuraient.

- Je sais, Draco. Je ne t'abandonnerai pas.


Et voilà ! Je tiens à préciser que les Particuliers sont des créatures de mon invention (inspirées de la mise en exergue du lien entres âmes-soeurs). J'espère que ce chapitre aura répondu à quelques unes de vos questions :D. Vous pouvez ainsi désormais comprendre le titre-même de cette fanfiction "Moldu Particulier" comme étant l'alliance entre un moldu et un Particulier, haha.

Merci, d'avoir lu ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plus et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.

Dans le prochain chapitre ce sera de nouveau plutôt... acidulé :).

À vendredi, je vous fais de gros bisous !