Bonjour,

Oh là là, je vois que vous n'avez pas trop apprécié les réactions de Draco à la fin du précédent chapitre, hahaha ! Comme vous avez pu le voir, le lien entre un Particulier et son âme-sœur est vraiment puissant, et il n'est pas forcément aisé de le contrôler. Mais ne vous inquiétez pas, tout finira par s'arranger :).

Merci mille fois pour vos reviews ! C'est tellement un bonheur pour moi de vous lire ! Nous allons presque dépasser la barre des 100, je suis trop contente que cette histoire vous plaise autant. Merci pour votre ressenti, merci pour vos avis sur mes lemons, et merci pour votre soutien, tout simplement. Ça m'encourage beaucoup, merci, merci, merci ! Continuez comme ça :).

Dans ce chapitre le séjour chez les Potter continue et... c'est Noël ! J'espère que ce chapitre vous plaira.

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 15 : Noël.

Cela faisait maintenant trois jours que Draco était parti. Trois jours qu'Harry n'avait rien mangé. Il avait passé le plus clair de son temps chez les Weasley, avec Ron, dans la chambre de celui-ci, ne rentrant chez lui que pour dormir.

Molly Weasley avait tenté en vain de le faire manger. Elle avait préparé des plats tous plus appétissants les uns que les autres et chaque repas était assorti d'un des desserts favoris du moldu, mais rien n'y fit. Harry ne se nourrissait plus.

Lorsqu'il avait toqué à sa porte, Ron lui avait ouvert avec un grand sourire, pensant le voir venir lui demander de faire une partie de Quidditch, mais le visage blanc et terne du moldu l'avait cloué sur place.

- Harry ? Mais qu'est-ce que… avait dit le rouquin.

- Il est parti.

- Hein ?

- Draco est parti.

Alors le sorcier l'avait fait entrer et l'avait directement mené à sa chambre. Harry s'était laissé choir devant le poêle fumant au milieu de la pièce et n'avait plus dit un mot. Ron avait bien essayé de lui demander des précisions, des explications, mais les lèvres du moldu étaient restées irrémédiablement fermées. C'est alors qu'il avait vu les traces violacées sur le cou d'Harry, et là, il avait explosé.

- Qu'est-ce que ce connard t'as fait, Harry ?! avait-il hurlé.

- Quoi ?

- Si je revois encore sa face de fouine je vais… !

- Non, non, Ron, ce n'est rien, ce n'est pas ce que tu crois, je n'ai pas mal.

- De quel droit ose-t-il… ?!

- Ron, avait coupé Harry dans un souffle. Ces marques sont simplement visibles, mais je ne ressens rien. Touche, regarde.

Le moldu avait essayé de tirer sa main pour la poser contre son cou, mais le rouquin l'avait vivement retirée. Puis, voyant le regard suppliant du brun, Ron avait abdiqué dans un soupire colérique. Harry n'avait pas réagit alors qu'il avait tâté les différents hématomes.

- Wow, avait-il soufflé.

Il avait ensuite retiré sa main mais, malheureusement, ses doigts avaient effleuré le bras encore sensible du moldu qui avait grimacé à ce contact. Ron avait alors appuyé plus fort, arrachant un gémissement au brun.

- Là, tu as mal ?

Il avait doucement hoché la tête.

- Je vais le tuer, avait sifflé le rouquin.

Harry avait eu toutes les peines du monde à calmer le sorcier qui avait tout de suite sorti sa baguette et explosé sa boule de divination sur son bureau. Finalement, Harry avait réussi à lui faire entendre raison et à le faire asseoir face à lui. Là, il lui avait expliqué sa théorie.

Il pensait que les marques que Draco pouvait lui laisser sans intention de le blesser ou de lui faire du mal n'étaient que visibles et absolument pas douloureuses. Et, au contraire, celle qu'il avait pu lui infliger sous le coup de la colère, était douloureuse car elle était… Intentionnelle. Ron n'écouta que d'une oreille distraite et retint surtout que le blond avait maltraité son meilleur ami ! Là aussi, Harry tenta de lui expliquer ce que, lui, avait pu comprendre du pourquoi de cet accès de violence. Et il lui raconta. Il lui raconta comment il n'avait pas su repousser Joshua au skatepark. Comment il l'avait laissé le toucher alors que son cœur lui avait hurlé de fuir, de se réfugier dans les bras de Draco. Comment il n'avait pas su rassurer le Serpentard et surtout, comment il l'avait regardé… Avec cette peur incontrôlable, cette peur qui avait remis en question, il s'en doutait, l'existence-même de leur relation.

Harry parla longtemps. Lorsqu'il s'était enfin arrêté, le soleil avait commencé à se coucher. Ron avait alors soupiré et posé une main rassurante sur l'épaule du moldu.

- Je comprends, Harry. Mais sache que ce n'est pas ta faute.

- Mais Ron…

- Non. Il n'avait pas le droit de te faire du mal.

- Et le mal que je lui ai fait, moi ?

- Ce n'est pas ta faute.

Le rouquin avait détaché chacun de ses mots et avait senti que le cœur d'Harry s'était quelque peu apaisé.

Il ne s'était pas apaisé parce que Ron lui avait affirmé qu'il n'était pas fautif, non. Il s'était apaisé car il sentait que le sorcier comprenait aussi la position de Draco et ne lui ferait pas de mal lorsqu'il le reverrait.

Une fois la nuit tombée, Harry était retourné chez lui, sans dire un mot à ses parents, et était monté se coucher. Le lendemain, il avait de nouveau passé sa journée dans la chambre de Ron, devant le poêle, à regarder le bois se consumer. Là, il n'avait plus rien dit. Ron avait essayé de le faire parler de nouveau, de lui arracher une réaction, mais le moldu n'avait plus voulu dire un mot. Ron avait simplement pu voir, sur son visage, passer des grimaces de douleur et il s'était rendu compte que Draco avait mis une trop grande distance entre eux. La distance devait être si grande que la douleur ressentie par le brun n'était plus tolérable. Le moldu s'était tenu le vendre, recroquevillé sur ce tapis, comme pour s'empêcher de vomir ses entrailles sous la souffrance.

Et aujourd'hui encore, Ron voyait le moldu fixer les flammes du poêle de sa chambre sans savoir que faire.

- Eh, Harry, souffla-t-il en s'asseyant face à lui. Hermione a appelé, elle a demandé comment tu allais.

Un regard vide se posa sur lui et il tressaillit.

- Je lui ai dit que ça allait…

- Merci, Ron.

Le rouquin sortit un petit sachet de bonbons de sa poche et le tendit au moldu immobile.

- Tu veux une dragée surprise de Bertie Crochue ?

- Non merci.

- Allez, juste une.

- Je n'ai pas faim.

Le sorcier soupira de nouveau et s'allongea sur le tapis.

- Harry, il faut que tu manges.

- Je n'ai pas faim.

- Je sais. Mais il le faut. Dans deux jours c'est Noël, on a prévu un grand repas avec ta famille, tu ne peux pas ne pas manger…

- Alors je mangerai à Noël.

- Tu me le promets ?

- …

Ron se redressa, les sourcils froncés.

- Tu me le promets, Harry ?

- … Oui… souffla enfin le Gryffondor.

Alors il se rallongea, quelque peu soulagé.

- Merci, dit-il en avalant une dragée.

Et la journée passa ainsi. Ron resta près du moldu dans sa chambre, s'occupant comme il le pouvait, travaillant à ses devoirs de vacances, tandis qu'Harry se tenait inlassablement le ventre, luttant contre la douleur qui le prenait toujours plus fort, plus intensément. Et lorsque le soir vain, Harry dit au revoir à la famille Weasley et rentra chez lui sans un mot.

- Tu manges avec nous ce soir, mon chéri ? demanda Lily en mettant la table.

- Non merci maman, je n'ai pas faim.

- Harry, dit doucement son père. Il reviendra, ne t'en fait pas. Mange, tu en as besoin.

- Ça va aller, papa, sourit le moldu. Bonne nuit.

Et il monta dans sa chambre. Il se changea, mit son pyjama et s'assit à son bureau. Là encore, il se tordit de douleur. Ça faisait trop mal… C'était insupportable, insurmontable… Il avait tellement besoin de lui… Hedwige vint se poser près de lui et il la caressa longuement.

- Si tu savais comme je m'en veux, souffla-t-il. Être loin de lui c'est pire que la mort… mais si je mourrais, il mourrait aussi et ça… ça…

Il sentit les larmes mouiller ses yeux et il les essuya d'un mouvement rageur.

- Demain, je mangerai, promit-il.

La chouette lui mordilla le bout du doigt et colla sa tête contre ses tempes. Harry soupira et la remercia d'un baiser sur l'aile. Il éteignit la lumière, Hedwige retourna dans sa cage, et il se glissa dans son lit.

Il frissonna, l'hiver passant au travers de sa fenêtre gelait toujours ses draps et l'espace qu'il avait lui sembla soudain infiniment grand. Perdu au milieu de cet univers humide, Harry se recroquevilla, cherchant de la chaleur. Il peina à trouver le sommeil, se tordant et suffoquant d'une souffrance trop soutenue. Au milieu de la nuit, il finit par tomber de fatigue, son cœur se contractant de milliers de spasmes douloureux.

...

Harry ouvrit les yeux et poussa un hurlement de douleur. Son corps entier le brûlait et des milliers d'aiguilles lui transperçaient la peau et les entrailles, le trouant de centaines de points d'horreur. Son cœur se compressa douloureusement, comme comprimé dans un étau et il se mit à suffoquer. Il étouffait ! Il n'avait plus d'air ! Il allait mourir !

Le dos en sueur et les bras tremblants, il sortit de son lit en panique, tentant de crier à l'aide et de courir vers la porte de sa chambre, mais ses jambes refusèrent de le porter et son corps s'écroula au sol. Là, il vomit de la bile jaune, son estomac étant déjà vide de toute nourriture. Il vomit par puissants jets et dans des bruits de régurgitation horribles. Bavant, pleurant, il voyait flou et devenait sourd.

Il entendit alors un craquement sec et il sentit de grandes mains lui saisir les épaules. Il sursauta et tenta de se débattre de peur, mais il fut incapable de faire le moindre mouvement. Il vomissait encore, ses intestins se contractants avec violence.

- Harry !

Et puis tout à coup, c'était fini. Plus de douleur, plus de bile, plus de spasmes, plus rien.

- Harry ! répéta la voix.

Une des mains lui caressa doucement la tête, la nuque, le dos. Son contact l'électrisa et il tourna péniblement ses yeux vers cette voix qu'il connaissait si bien.

- Je suis là, c'est fini, murmura la voix près de lui.

Alors il se jeta contre lui.

- Mon Dieu, Draco… ! marmonna-t-il, s'accrochant au cou du Serpentard comme si sa vie en dépendait.

Le blond, à genoux, referma ses bras sur le moldu et enfouit son visage dans son cou.

- Je suis là, murmura-t-il encore.

Harry tremblait. Il agrippa les vêtements du sorcier, se pressant contre lui, enfonçant son visage contre son torse, respirant aussi fort qu'il pouvait cette odeur qui lui avait tant manqué. Il s'imprégna de son être, imprimant son image, sa force, sa texture dans son cerveau, et surtout, il scella fermement ses mains autour de son cou, une angoisse irrépressible le secouant.

- Ne pars pas, Draco, emmène-moi avec toi, je t'en supplie, emmène-moi avec toi, gémit-il contre l'épaule du Serpentard.

Draco sentit son cœur se déchirer, mais il n'osa pas serrer plus encore le moldu contre lui, de peur de lui faire mal. Il passa une main rassurante dans les cheveux du brun qui tremblait.

- Je ne vais nulle part, Harry. C'est fini, souffla-t-il.

Ils restèrent là, ne pouvant se résoudre à se détacher l'un de l'autre. Ils avaient eu trop mal. Ils avaient trop souffert. Ils ne pouvaient pas prendre le risque de souffrir encore.

Lorsqu'Harry sembla s'être calmé et que Draco eut essuyé le visage luisant de sueur du moldu d'un revers de la main, le blond s'assit en tailleur sur le tapis, le dos contre le bord du lit et plaça le Gryffondor sur ses genoux. La tête d'Harry se posa sur son buste et il sentit le brun lui attraper la manche.

Il ne le lâcherait pas. Pas cette fois.

Le Serpentard lui caressa doucement le dos, éclairé uniquement par la lumière de la Lune.

- Pardonne-moi, Harry, murmura alors Draco tout contre ses cheveux.

Le moldu leva ses yeux vers lui. Ils étaient cernés et Draco devina de petits creux dans les joues du Gryffondor. Il eut mal.

- Draco, je suis désolé, je n'aurais pas dû le suivre, dit tout à coup le moldu. Je n'aurais pas dû le laisser me toucher. J'aurais dû écouter cette voix qui me disait de retourner près de toi, j'aurais dû… je suis tellement désolé…

Les pieds du brun s'agitèrent et Draco vit que ses doigts se tordaient contre son vêtement.

Draco soupira lourdement et posa ses lèvres sur le sommet du crâne du moldu.

- Je n'étais plus moi-même. J'ai complètement vu rouge. Je ne m'y attendais pas.

Le moldu dessina ce que Draco devina être un vif d'or sur son torse, et il continua :

- Quand il t'a touché… quand il a posé ses mains sur toi… quand il t'a pris par la taille, j'ai…

Le moldu se recroquevilla contre lui.

- J'ai été jaloux. Atrocement jaloux. Et il était ton ex petit-ami. Il te touchait alors même que vous aviez eu des sentiments l'un pour l'autre.

Harry rentra imperceptiblement sa tête dans ses épaules.

- Je suis tellement désolé, Draco, dit-il de nouveau.

Le sorcier lui caressa le dos.

- J'ai voulu lui faire du mal, reprit le blond. Je n'aurais pas dû le repousser aussi fort.

- J-Je suis désolé, souffla Harry, étouffant de culpabilité à mesure que Draco parlait.

- Et lorsque je t'ai pris avec moi, lorsque je t'ai tiré par le bras… je croyais que tu mentais…

- Draco…

- Je ne voulais pas te blesser… je croyais que tu ne pouvais pas avoir mal à cause de moi…

- Ce n'est pas ta faute.

- Et quand j'ai vu que tu pleurais… quand j'ai vu que tu avais peur… je ne l'ai pas supporté. Alors je suis parti.

Harry baissa la tête, il sentait le froid lui mordre les pieds. Il frissonna. Draco le tenait toujours contre lui, son souffle était régulier mais Harry percevait dans sa voix cette tonalité coupable qu'il regrettait tant de devoir affronter ce soir.

- J'avais peur de te faire à nouveau du mal. Il fallait que je m'éloigne. Je suis d'abord rentré chez moi, dans le Wiltshire.

- Tu n'as pas besoin de te justifier, je…

- Si. Il le faut.

Draco posa sa main sur les pieds du moldu et les serra dans sa paume, les réchauffant.

- La douleur était atroce, je ne la supportais plus.

Le moldu hocha la tête.

- Mais cette nuit, quand j'ai transplané en Jamaïque pour aller voir Blaise, j'ai senti que j'avais franchi la limite.

- C'est pour ça que… ?

- Oui. Pardonne-moi. Je n'aurais jamais dû transplaner aussi loin. Dès que j'ai posé les pieds là-bas j'ai su. Il fallait que je revienne où ça allait nous tuer… te tuer…

Harry fixait la main du blond sur ses pieds.

- Alors je suis revenu.

Il entendit le cœur du blond battre dans sa poitrine. Il sembla s'accélérer.

- Harry, il faut que tu me pardonnes…

Le brun leva les yeux vers le visage de l'homme qui fixait son bureau sans le voir. Les traits de Draco étaient ravagés par la culpabilité et Harry sentit son ventre se tordre de nouveau.

- Il faut que tu me pardonnes… car sans ton aide, je n'arriverai pas à me pardonner moi-même.

- Mais c'est tout pardonné.

- Non, tu ne comprends pas.

Harry hoqueta, les mains du blond s'étaient mise à trembler.

- Je n'ai plus le droit de te toucher.

Alors Harry se redressa et plaça son visage face à celui du Serpentard. Il ne le voyait toujours pas, ses yeux se perdant dans le vide.

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- Je suis un monstre. Je ne veux plus te faire de mal. Il faut que tu me pardonnes, Harry.

Le corps entier du Serpentard tremblait à présent.

Alors, Harry attrapa son visage de ses mains et plaqua ses lèvres contre les siennes. Draco se figea. D'abord, il resta de marbre et, sentant la langue timide du brun venir lui lécher les lèvres, il ouvrit la bouche.

Alors Harry y glissa sa langue et Draco sentit un frisson d'envie lui traverser les jambes. Ses mains se posèrent tout contre le dos du moldu et le pressèrent contre lui. Il répondit au baiser, plus intensément qu'il n'aurait voulu. Il renversa le Gryffondor au sol et enfonça sa langue dans sa bouche, son corps tremblant de peur de le briser et du plaisir de le sentir à nouveau près de lui. Soudain, la voix du Gryffondor se fit entendre, à peine plus forte qu'un murmure :

- Draco… il faut que tu me pardonnes aussi…

Le blond se détacha de lui, et ancra ses yeux dans les siens. Harry était triste, incroyablement triste.

- Mais de quoi ?

- De ne pas avoir compris ce que tu ressentais… de ne pas t'avoir rassuré lorsque tu étais en colère…

Harry sentit ses yeux le brûler. Il en avait assez de pleurer. Il renifla fort, empêchant les larmes de passer la barrière de ses paupières.

- J'aurais dû te suivre toi… j'aurais dû rester avec toi… mais cela faisait si longtemps que je n'avais pas revu mes amis moldus…

- Harry…

- Non, écoute. Je suis tellement désolé de t'avoir fait ressentir ça... moi qui t'aime plus que tout au monde, comment ai-je pu ne pas considérer tes émotions… ?

Malgré toute sa bonne volonté, Harry ne sut retenir les perles salées qui glissèrent le long de ses joues et se perdirent dans les poils du tapis.

Les yeux de Draco ne le lâchaient pas, et il pouvait sentir sa respiration sur son visage.

- Rien ne pourra jamais justifier le fait que je t'ai fait du mal, Harry.

- Mais moi aussi je t'en ai…

- J'ai faillit te casser le bras.

Les mains du moldu s'agrippèrent au dos du blond qui le surplombait. Le visage de Draco était toujours torturé.

- Mais tu ne l'as pas fait.

- Non. Et je ne veux pas que ça recommence.

- Ça n'arrivera pas.

Draco souffla un grand coup et ferma les yeux.

- Harry, si je venais à te refaire du mal…

- Ça n'arrivera pas.

- Comment peux-tu en être aussi sûr ?

- Je ne t'en donnerai plus l'occasion. Jamais.

- Que veux-tu dire ?

Les lèvres du moldu trouvèrent à nouveau celle du Serpentard et ils tressaillirent tous deux au contact de l'autre.

- Tu n'auras jamais plus aucune raison d'être jaloux ou en colère.

- Quoi ?

- Jamais plus je ne m'approcherai de quiconque pourrait te blesser.

- Harry, soupira le blond. Tu ne comprends pas. C'est moi le problème, pas toi. Je ne veux pas t'empêcher de vivre.

- C'est toi ma vie. Tu es la seule personne au monde qui m'importe. Et lorsque tu souffres je meurs à petit feu.

Le souffle du blond se coupa. Il peina à avaler sa salive. Le visage d'Harry était déterminé et il sentait ses petites mains lui griffer le dos.

- Tu es le seul qui compte, dit le moldu. Toi et toi seul.

Draco plaqua ses lèvres sur les siennes, lui arrachant un gémissement de surprise. Ses mains parcoururent son corps au sol tandis que son genoux lui ouvraient les jambes. Harry gémit de plus belle, se collant à lui, caressant sa nuque, ses épaules, son torse. Draco sentit contre son ventre le sexe du moldu durcir et le sien en fit de même. Il s'appuya de tout son poids sur lui, l'empêchant de bouger et de respirer. Et, lorsqu'il entendit le soupir d'envie que poussa le brun, il le plaqua plus fort encore contre le tapis. Alors, il revint à lui.

Aussitôt il se releva et recula, comme brûlé par ce contact. Harry se retrouva seul sur le sol froid, complètement perdu et tâtonnant.

Il vit le Serpentard debout, reculant jusqu'à buter contre l'armoire. Draco passa une main rageuse dans ses cheveux et, lorsqu'il vit le Gryffondor tenter de se lever, il grogna :

- Reste à terre.

- Mais… dit le moldu, assis et frissonnant.

- Reste à terre.

Harry le vit trembler. Le Serpentard le regardait avec un mélange d'envie et d'appréhension. Il ressemblait à un fauve prêt à se jeter sur sa proie. Harry se releva doucement, évitant tout mouvement brusque.

- Draco, dit-il doucement, se rapprochant avec prudence. Tu ne me feras aucun mal.

- Comment peux-tu le savoir ?

- Parce que tu m'aimes.

- Je t'aimais aussi, il y a trois jours.

Harry finit par arriver à poser une main rassurante sur son buste et Draco serra les dents.

- Je suis dangereux, Harry. Je ne comprends pas ton corps.

Le moldu hocha la tête.

- Je ne sais pas pourquoi parfois tu as mal et d'autres fois non.

Le brun fixait son visage, Draco tremblait toujours. Il posa une autre main avec douceur sur le torse du Serpentard. Ce nouveau contact sembla calmer la respiration du sorcier.

- Je ne sais pas non plus. Mais je pense que ça a un rapport avec… la nature de mes blessures.

Les sourcils du blond se froncèrent.

- Quoi ?

- Je pense que lorsque tu me marques quand nous… nous…

- Quand nous faisons l'amour.

- Oui… rougit Harry. Là, les marques ne sont pas voulues, elles sont faites par…

- Par plaisir ?

Harry hocha la tête, son cœur battant à tout rompre.

- Tu ne les fais pas pour me faire mal. Tu les fais parce que…

- Parce que ?

- Parce que j'aime ça…

Un sourire s'étira sur le visage du Serpentard. Le premier sourire depuis trois jours d'absence. Le corps d'Harry fut secoué d'une chaleur qui s'intensifia dans ses entrailles.

- J'aime le faire aussi, ajouta le blond.

Les oreilles d'Harry devinrent aussi rouges que ses joues.

- Donc elles ne sont pas volontaires, elles sont synonyme de p-plaisir. Et, l'autre… et bien…

- Synonyme de colère.

Le moldu hocha de nouveau la tête.

- Je pense que c'est pour ça que j'ai eu mal.

Alors il prit la main du sorcier dans la sienne et la posa sur sa hanche.

- Tu ne me feras aucun mal, Draco. Je ne t'en donnerai plus l'occasion, répéta Harry.

Le blond osa alors refermer plus fermement ses bras sur le Gryffondor et le serra contre lui d'une force incroyable.

Enfin, Harry se sentit complet. C'était tout dont il avait besoin. Que Draco l'aime sans considération aucune pour une quelconque douleur, car il n'en ressentait aucune. Et Draco le pressa fort, très fort, enfouissant son visage dans son cou, respirant son odeur.

- Je t'aime, souffla le brun, rendant son étreinte au sorcier.

- Tu m'as tellement manqué.

Et ils restèrent ainsi un long moment, se pressant l'un contre l'autre. Leurs cœurs se mirent à battre au même rythme, et Harry n'eut plus froid, pas même aux pieds. Si la douleur, durant les trois derniers jours, avait été insoutenable, le bonheur et le soulagement qu'il ressentait maintenant était incontrôlable. Ses orteils s'agitèrent et il se mit sur la pointe des pieds, atteignant les lèvres du Serpentard. Et Draco le souleva.

Il le posa sur le lit et eut toutes les peines du monde à faire lâcher prise au moldu qui refusa longtemps de dénouer ses bras autour de son cou. Finalement, le brun le lâcha et Draco retira ses vêtements et se glissa sous les draps. Harry se colla à lui, réclamant sa chaleur, nichant son nez dans son cou. Draco sentait que le moldu n'était pas encore tout à fait apaisé, alors il le prit contre lui et remonta sur leurs corps la couverture rouge et bleue.

- Ne pars plus…

- Je ne vais nulle part.

Le corps du brun se détendit alors et Draco embrassa son front. Harry avait pris la fuite de Draco commune un rejet de sa part, comme un désir de l'abandonner. Et le blond savait qu'il devait désormais lui montrer que plus jamais il ne le quitterait. Alors il le berça contre lui, et ils s'endormirent sans pouvoir se lâcher.

...

Le lendemain, les rayons du soleil passèrent doucement au travers de leurs paupières et ils s'éveillèrent ensemble. Harry avait toujours les mains crispées sur la peau du blond, et Draco n'avait pas lâché ses hanches. Le cœur du moldu fit un bond dans sa poitrine lorsqu'il aperçut le sourire du sorcier, amoureux et si beau.

- Bonjour, monsieur Potter.

- Bonjour.

Et Draco lui embrassa le bout du nez. Ils se regardèrent longtemps, s'observant, se détaillant. Et puis, un gargouillement fit irruption entre eux. Harry rougit et se redressa.

- C'est incroyable ce que j'ai faim ! dit-il en passant à califourchon par dessus Draco et sautant au bas du lit. Trois jours que j'ai rien mangé, mais comment ai-je fait ?

- Il est temps de renflouer un peu ces joues, sourit le blond.

Il se leva à son tour, revêtit un t-shirt et un pantalon et caressa la chevelure désordonnée du moldu.

- Tes parents n'ont rien dit ?.

Harry lui embrassa la joue.

- Non, ils savent que tu n'es pas méchant. Par contre, Ron…

- J'irai m'excuser auprès de lui.

Le moldu hocha la tête et lui saisit la main. Draco serra ses doigts dans les siens. Ils descendirent les escaliers en souriant.

- Bonjour maman !

- Oh bonjour mon chéri, tu manges avec nous ce mat… ? Oh ! Bonjour Draco ! dit Lily, les yeux écarquillés.

- Bonjour madame Potter.

- Mais te revoilà ! Nous avions bien dit à Harry que tu reviendrais. Où étais-tu passé, mon grand ? On s'est fait un tel sang d'encre !

- Veuillez m'excuser pour ma soudaine disparition, j'avais… des choses à régler.

- La prochaine fois préviens-nous, quand même, sourit la femme en cassant un œuf dans une poêle. Tu sais qu'Harry n'avale plus rien quand tu n'es pas là ?

- C'est ce que j'avais cru comprendre.

- J'espère que tu vas manger ce matin, mon chéri ! gronda-t-elle.

- Je meurs de faim, sourit le Gryffondor.

- À la bonne heure !

Les garçons se mirent à table et James arriva de son bureau en se frottant les yeux. Il les écarquilla tout aussi gros que l'avait fait Lily.

- Ça alors, Draco !

- Bonjour monsieur Potter.

- Bah alors, te revoilà enfin ! En voilà un joli cadeau de Noël.

Le blond sourit et serra plus fort encore la main du moldu dans la sienne. Quelle famille exceptionnelle.

- J'espère que vous ne m'en veuillez pas trop d'être parti sans prévenir.

- Nous savions que tu reviendrais, sourit l'homme.

James enlaça sa femme devant le four et posa un petit baiser sur sa joue.

- Miam, des œufs sur le plat !

- Petit gourmand, souffla Lily.

Lily servit le petit-déjeuner et ce fut comme si les trois derniers jours n'avaient pas existé. Harry riait et mangeait, mangeait, mangeait. Il avala trois œufs et quatre tranches de pain beurrées ! Les Potter continuaient de parler au blond de l'enfance du moldu, lui racontant des blagues et des anecdotes à son sujet. Draco riait de bon cœur avec la famille moldue. Il était apaisé, tranquillisé, comme s'il n'avait commis aucune faute, aucune erreur. Il était simplement en train de prendre son déjeuner avec ses beaux-parents, les personnes les plus chaleureuses qu'il ait pu rencontrer. Et cette occultation de son absence le fit se sentir incroyablement bien et à l'aise dans la petite maison.

- Donc, les garçons, lança la rouquine. Demain c'est Noël et, comme chaque année, nous allons faire un repas avec les Weasley. Cette année il se déroulera chez eux, alors aujourd'hui il faudra que vous alliez leur donner un coup de main pour décorer un peu leur maison, passer un coup de balai…

- Mais maman, râla Harry entre deux gorgées de thé. La maison des Weasley est énorme… on n'y arrivera jamais…

- Taratata(1) ! Draco est un sorcier, que je sache ! Et bien, que ça serve à quelque chose, rit la femme en se levant et en débarrassant.

Draco lança un regard fier au brun et lui fit un clin d'œil. Il sortit alors sa baguette de sa poche et la vaisselle et les couverts s'envolèrent d'eux-même. Une éponge commença toute seule à les nettoyer dans l'évier. Lily siffla d'admiration et James se leva, les mains au ciel :

- Dieu bénisse la magie, rit-il.

Les deux jeunes hommes se changèrent alors et sortirent en direction de la maison voisine. Harry toqua à la porte, et Ginny lui ouvrit avec un grand sourire.

- Salut Harry !

Et son sourire se fana.

- Draco ?

- Bonjour, Ginny.

- Alors tu es rentré ?

- Oui, hier soir.

La rouquine les fit tous les deux entrer et, voyant le visage radieux des deux jeunes hommes, leur sourit à son tour.

- Alors tout va mieux ? demanda-t-elle.

- Oui, tout est réglé, la rassura Harry.

- Il était temps, répondit-elle en riant.

Puis elle embrassa Harry et Draco sur la joue d'un mouvement amical et leva les yeux vers les étages supérieurs.

- Ron ! hurla-t-elle. Y'a Harry ! Et y'a pas que lui !

- Hein ? perça doucement la voix de Ron.

On aperçut une tête rousse se pencher du cinquième étage et la voix du rouquin traversa toute la maison :

- Me dis pas qu'il est rentré ! hurla Ron, d'un air à la fois colérique et soulagé. Il a intérêt à avoir une bonne excuse, ce salaud !

Ginny fit une grimace et repartit :

- Je vous laisse les garçons. Faites attention, maman lui a dit de ranger sa chambre pour Noël, il n'est pas d'humeur…

- Merci, Ginny, sourit Harry.

Alors le rouquin dévala les escaliers et se planta droit devant le blond, les sourcils froncés et les poings serrés. Le corps d'Harry se plaça automatiquement entre les deux hommes. Instinctivement, son dos se colla au torse de Draco et il sentit la main de celui-ci se poser sur sa hanche.

- T'étais passé où, Malfoy ?! grogna Ron, ses yeux bleus lançant des éclairs.

Draco soupira lourdement et planta ses yeux dans les siens.

- Je voulais m'excuser. Je sais à quel point tu tiens à Harry.

- Sans blague !

- Je sais qu'il est comme un frère pour toi, et que tu ne veux pas qu'il lui arrive du mal. Et je lui ai fait du mal. Je le regrette profondément.

- Et tout ce que t'as trouvé à faire c'est te tirer ?! éructa le rouquin.

- Mais il est revenu... tenta doucement le moldu.

- Encore heureux !

Le rouquin leva alors sa baguette en direction du Serpentard et Harry eut un mouvement de recul. Il attrapa la main de Draco dans la sienne et sentit ses jambes flageoler.

- Ecoute-moi bien, Malfoy, dit Ron avec hargne. Si jamais tu lui refais du mal, âme-sœurs ou non, je te tues !

Le blond hocha la tête, ne le lâchant pas des yeux. Il n'avait pas bougé, pas reculé. Sa main sur la hanche d'Harry se resserra et le moldu sentit que Ron et Draco étaient, en réalité, sur la même longueur d'onde.

- Si je lui refais du mal, j'espère bien que tu me tueras.

Alors un sourire satisfait s'étala sur le visage moucheté du rouquin, et il rangea sa baguette.

- Heureux de te l'entendre dire.

Draco lui tendit la main, et Ron la saisit.

Harry n'en revenait pas. Alors voilà ? Si Draco lui faisait du mal Ron allait tout simplement le tuer ? Et ils étaient tous les deux d'accord avec ça ? Le moldu fronça les sourcils. Alors qu'il allait ouvrir la bouche pour protester, il sentit Draco poser ses lèvres sur les siennes et toute sa bonne volonté sembla s'évaporer.

- Pour une fois qu'on est d'accord, renifla Ron, le regard satisfait mais toujours suspicieux.

Harry oublia toute protestation et posa sa main sur la nuque du Serpentard alors que celui-ci approfondissait leur baiser, le plaquant contre son corps.

- Bon, ça va, là, grogna Ron. Maman veut que je range ma chambre, et que je décore le sapin ensuite.

Les deux jeunes hommes se séparèrent enfin et Harry dû reprendre son souffle, les rouges rougies, avant d'ôter son manteau, son bonnet et son écharpe. Les marques et hématomes sur son corps avaient disparus.

- Je vais t'aider, sourit le moldu.

Soudain la voix de Ginny sortit de la cuisine, où elle s'affairait à faire le ménage.

- Non, viens plutôt m'aider moi, Harry !

- Sérieusement ? râla Ron. Il a proposé de m'aider moi d'abord !

- Quoi ? Tu sais pas encore ranger ta chambre comme un grand, Ronald Weasley ? railla la sorcière en passant le balai.

- Tu as besoin d'aide, Ginny ? dit tout à coup Draco, retirant à son tour ses vêtements d'hiver.

- Oh oui ! Viens m'aider, Draco ! sourit la rouquine.

Le blond embrassa le front du moldu et lui souffla tout près de l'oreille :

- Ne fais pas de bêtises, là-haut.

Et il partit dans la cuisine en sortant sa baguette.

Ron et le moldu montèrent alors à l'étage et on entendit Harry râler de ce « fichu bordel de sorcier ! ». Les deux garçons s'affairèrent en haut et le moldu dû faire plusieurs aller-retour dans les escaliers pour descendre tous les objets inutiles ou à jeter. Draco et Ginny terminèrent de nettoyer la cuisine et le salon à une vitesse incroyable. En fait, ils restèrent simplement assis à table tandis que les balais et serpillières s'animaient d'eux-même. Enfin, à bout de souffle, Ron et Harry descendirent et burent un grand verre d'eau avant de s'asseoir sur le tapis du salon et sortir de leurs cartons toutes les décorations de Noël.

La mission de Ginny fut d'accrocher toutes les guirlandes magiques sur la façade extérieure de la maison et celle de Draco de placer, un peu partout dans la maison, des décorations à l'effigie de petits sapins, lutins, cadeaux et Père Noël. Bientôt, on entendit de grands éclats de voix sortir du salon et Draco sourit, amusé.

- Non mais t'abuses avec ton Tony Stark, Harry, on l'avait déjà accroché sur le sapin l'année dernière !

- Et alors ?

- On pourrait pas changer un peu le thème, cette année ?

- Qu'est-ce que tu reproches à Ironman exactement ? Je croyais que tu l'aimais bien.

- Ouais, mais on pourrait mettre cette boule de Viktor Krum à la place, non ?

- Et laisser Tony une année de plus dans son carton ?!

- La barbe, avec Tony !

Le sapin mit près de deux heures avant d'être totalement décoré. À son sommet ne trônait non pas une étoile, mais une figurine d'Ironman dont le cœur, le réacteur Arc, brillait comme un soleil.

Draco s'était assis sur le sofa et observait d'un œil attendri le moldu qui contemplait son chef d'œuvre avec fierté.

Alors la porte du garage menant à la cuisine s'ouvrit et Arthur et Molly Weasley entrèrent en trombe, les bras chargés de dizaines de paquets et sacs de courses.

- Une chance que Fred et George ne passent pas Noël avec nous, cette année, ils mangent comme quatre et je dois dire que nous sommes un peu juste pour finir le mois… RONALD ! hurla Molly en jetant presque ses affaires sur la table à manger. J'espère que tu as terminé de ranger ta chambre, sinon… !

Et elle aperçut le blond, assis dans son salon, regardant Harry avec tendresse.

- Tiens, Draco, tu es de retour ! Oh ça fait plaisir de te revoir, et toi qui étais parti sans un mot !

- Bonjour madame Weasley, navré de vous avoir inquiétée.

- Ne t'en fais pas pas mon grand, c'est Harry qui était tout tristounet.

- Oui, sourit tristement le blond. J'espère que vous voudrez tout de même toujours de moi demain, pour Noël.

- Ne dis pas de sottises, bien sûr que nous voulons de toi ! D'ailleurs, dis-moi quel dessert te ferait plaisir, demain ?

- Un gâteau en carpaccio, ce serait parfait.

Le regard d'Harry pétilla, et Draco sut qu'il avait fait le bon choix.

- Va pour un gâteau en carpaccio ! Arthur ! Le fils Malfoy est rentré !

- Tiens, quel plaisir de te revoir, Draco !

Draco fit un signe de tête poli à l'homme qui lui sourit gaiement.

Arthur et Molly Weasley déballèrent leurs achats et Ginny arriva du jardin, frigorifiée.

- Enfin ! gémit-elle. Il fait un froid de canard.

- Tu as terminé d'accrocher les guirlandes, Ginny chérie ? demanda Molly.

- Oui, ça y est, elles sont en place.

- Parfait. Et où est ton frère ?

- Il a été ranger les cartons au grenier je crois.

- Donc il a fini de ranger sa chambre ?

- Oui, intervint Harry. Elle est comme neuve !

- Bon, bon… dit Molly. Merci pour votre aide précieuse, les enfants.

Une fois toutes les décorations accrochées, Harry, Draco, Ron et Ginny se réunirent dans le salon et commencèrent une partie de Mario Kart sous l'œil attentif d'Arthur Weasley qui ne comprenait décidément pas comment quatre personnes pouvaient jouer simultanément au même jeu, sur un même écran, en ayant chacun leur propre véhicule.

Cette fois Draco accepta de jouer et Ron brancha sa Nintendo Switch sur la télévision que la famille Potter avait offerte aux Weasley l'année précédente. Le Serpentard fut ou incroyablement doué ou incroyablement chanceux, car il gagna presque la totalité des parties.

- Non mais t'as triché, là ! lui dit Harry en lançant sa manette au sol, arrivant, une fois de plus, après le blond sur la ligne d'arrivée.

- Je te jure que non, rit Draco.

Ron lança une injure avant de s'excuser, sentant le regard de sa mère transpercer son dos.

- C'est la chance du débutant, râla-t-il.

- Je trouve ce jeu très instinctif, finalement, dit Draco avec désinvolture.

Et les quatre amis passèrent le reste de la journée ainsi, riant et s'amusant de l'incroyable talent de Draco en matière de jeu vidéo. Il fut particulièrement bon en combat Pokémons, ce qui étonna fortement Ginny qui pensait avoir montée une équipe imbattable !

Lorsque l'heure du dîner fut venue, Harry et Draco mangèrent avec les Weasley.

Arthur et Molly appréciaient beaucoup le Serpentard. Si Arthur travaillait au Ministère, tout comme le père de Draco, il n'avait pas eu l'occasion de le rencontrer souvent. Alors, voir comment Draco se comportait, agissait, s'exprimait… C'était pour lui une manière d'observer plus profondément l'éducation Sang Pur à proprement parler. Et il trouva que Draco dégageait une prestance incroyablement puissante pour son âge.

Le moldu et le Serpentard rentrèrent enfin chez les Potter, et montèrent se coucher. Harry s'endormit tout de suite, la tête sur le torse du blond. Draco, lui, le tint contre lui quelques instants. Harry n'avait pas dû le réaliser, mais c'était la troisième fois qu'ils dormaient ensemble. Et Draco s'endormit.

...

Le lendemain la journée passa à une vitesse folle. James et Arthur Weasley avait été dépêchés en ville pour faire des courses de dernière minute. Lily et Molly avait passé la journée ensemble, à cuisiner dans la cuisine magique des Weasley. Aucun réfrigérateur, aucun micro-onde, aucun robot de cuisine. Juste des fouets qui battaient seuls les œufs, le four qu'il s'éteignait lorsque la viande était cuite et la sorbetière qui gelait la crème de son propre chef.

Durant la journée, plusieurs hiboux avaient atterri au Terrier. Harry reconnut la chouette d'Hermione qui apporta plusieurs cadeaux. Draco, lui, fut étonné de voir le Grand-Duc de son père apporter un paquet pour lui et un autre pour Harry. Tous furent comme des enfants, guettant à la fenêtre le prochain volatil susceptible de leur déposer un présent. À la fin de la journée, ils en avaient une pile conséquente ! Ginny et Harry avaient terminé de mettre la table et de placer tous les cadeaux sous le sapin tandis que Ron et Draco, armés de leurs baguettes, avaient été missionnés de réparer une fuite, sur le toit, qui menaçait de ruiner le réveillon !

Dans toute la maison résonnaient des chants et musiques de Noël et tout le petit monde fut plongée dans l'atmosphère féérique de la fête.

Le soir venu, tous se mirent sur leur trente et un et la fête commença dans les rires des deux familles réunies.

Arthur sortit son vieil appareil photo avec un immense sourire.

- Allez tout le monde, regroupez-vous devant le sapin !

Tous s'alignèrent, et Draco prit la main du moldu dans la sienne tandis que James posait une main paternelle sur son épaule. La photo fut magnifique ! Particulièrement réussie.

Tous burent et mangèrent d'excellentes choses. Draco n'avait jamais vu un réveillon aussi convivial. Harry, n'ayant que seize ans, ne put pas boire une seule goûte d'alcool, sévèrement surveillé par sa mère qui le fusillait du regard lorsqu'il s'approchait du buffet. Ginny aussi, en fut exempt. Mais Ron et Draco, majeur de leur état, purent boire quelques verres de rhum arrangé et Ron se retrouva bientôt, le rouge au joues, à expliquer à James Potter comment il avait fait pour passer ses BUSES alors qu'il n'avait pas ouvert un seul bouquin de l'année !

L'alcool ne sembla pas avoir le moindre effet sur le blond, et Harry s'en étonna, mais ne dit rien. Peut-être lui fallait-il de l'alcool pur, ou une plus grosse dose pour être éméché ?

Les deux familles se réunirent autour d'un merveilleux repas et les deux mères de famille furent applaudies pour leurs efforts extraordinaires. Sur la table s'alignaient près d'une dizaine de plats différents ! Des parfums et des fumets exquis venaient chatouiller les papilles de tous les convives. Harry se jeta littéralement sur le saumon fumé et sur le foie gras !

Les conversations allèrent bon train et Draco sentit monter en lui un sentiment de satisfaction et de joie.

C'était ce genre de Noël dont il avait rêvé toute sa vie. Les yeux du moldu pétillaient à mesure qu'il goûtait aux différents mets. Draco le dévisagea tout le long du repas, un sourire tendre s'étirant sur son visage. Harry était si vivant, si bon. Avait-il pu, un jour dans sa vie, aimer une autre personne que lui ? Son regard ne pouvait pas se détacher du brun qui riait chaque fois qu'Arthur Weasley lui demandait comment le réacteur Arc fonctionnait précisément. Et Harry riait et riait encore. Et Draco l'aimait et l'aimait plus encore.

- Qui veut du sorbet aux fines herbes ? lança tout à coup Molly à la fin du repas.

Plusieurs mains autour de la table se levèrent.

- Et il y a aussi du gâteau en carpaccio, fit-elle avec un clin d'œil au Serpentard.

Harry, qui se trouvait repu, leva tout de même la main, se retenant de sautiller sur son siège.

Le dessert se passa tranquillement, aussi bien que le reste du repas. Finalement, Harry et Ron n'en purent plus et abandonnèrent le dernier morceau de gâteau en carpaccio à Draco qui l'avala avec plaisir.

- Mes compliments aux cheffes, dit le blond, une fois son assiette vide.

Et les deux femmes rougirent et gloussèrent. Minuit sonna enfin, et Ron, Ginny et Harry se précipitèrent sous le sapin, dans le salon.

- C'est l'heure ! cria presque la rouquine. On peut ouvrir les cadeaux ?

- D'accord, d'accord, abdiqua Lily tandis que Molly levait les yeux au ciel. Allez, voyons ce que le Père Noël nous a apporté cette année.

La table se débarrassa toute seule tandis que les deux familles se réunissaient dans le salon. Les adultes s'assirent sur le sofa et dans les fauteuils tandis que Draco prenait place sur le tapis, près d'Harry qui faisait des piles des cadeaux de chacun.

- Joyeux Noël ! dirent-ils tous enfin une fois que chacun eu sa pile de cadeau entre les mains.

Harry et Ron déchirèrent littéralement chaque papier cadeau avec une précipitation enfantine. Le cœur de Draco fondit d'amour.

Tous reçurent des cadeaux merveilleux ! Lily et James étaient particulièrement heureux des objets magiques que Draco et Harry leur avaient rapporté de Pré-au-lard. Durant presque une heure le salon ne fut plus rempli que des exclamations joviales et impressionnées des invités qui déballaient leurs cadeaux avec bonheur.

À sa grande surprise, Draco reçut plusieurs cadeaux. Il s'était attendu recevoir un d'Harry et peut-être un autre de ses beaux-parents, mais ce Noël fut exceptionnel jusqu'au bout. Son père lui avait envoyé un livre sur le Quidditch. De ses grand-parents Black il reçut une ceinture en peau de dragon. Blaise, lui, lui avait offert un superbe étui pour sa baguette. Il fut surpris de voir qu'Hermione aussi lui avait fait un cadeau. Elle lui avait envoyé un set de plumes et d'encriers aux couleurs de sa maison. Un cadeau typiquement hermionesque. Lily et James lui avaient déniché une écharpe grise, qui s'accordait avec ses yeux. Mais c'est le cadeau d'Harry qui le fit le plus sourire. C'était un MP3, où était accroché un petit mot écrit à la plume : « Pour mon Tony Stark à moi » et la première musique qui émana de l'objet fut Back in Black du groupe ACDC.

- C'est la chanson préféré de Tony Stark ! sourit le moldu.

Et Draco éclata de rire et embrassa tendrement le front du Gryffondor qui se mit à fredonner les paroles endiablées.

De son côté, Harry fut ravi de tous ses cadeaux ! Molly lui avait tricoté un merveilleux pull bordeaux brodé d'un « H » en or en son centre. Ron, lui, lui offrit le tout dernier jeu vidéo à la mode. Il reçut également, à sa plus grande surprise, un cadeau du père de Draco. Il s'agissait d'un livre sur l'Histoire de la Magie, écrit par la fameuse auteure Bathilda Tourdesac. Luna lui envoya une édition spéciale du Chicaneur, avec une interview exclusive de Dobby, un certain elfe de maison. Neville lui avait fait cadeau d'une pousse de mandragore, mandragore qui fut accompagnée d'une note peu rassurante « Ne pas déterrer ! Danger ! ». Blaise lui envoya une plume d'oie parfaitement taillé, et de Dean il reçut une paire d'oreilles à rallonge. Un hiboux lui avait également déposé une superbe boîte de chocolats, de nougats et de caramels malicieux, mais il ne sut pas qui la lui avait envoyé, sûrement Seamus, Hagrid, ou encore Fred et George ! Et Hermione lui envoya toute une collection de sachets de thé, sûrement destinés à l'exercice de la Divination.

Lorsqu'Harry ouvrit enfin le cadeau de Draco, son cœur tressauta dans sa poitrine.

C'était un anneau. Un simple anneau en argent dans un écrin rouge sang. Aucun mot, aucune note, juste ce magnifique anneau qui brillait sous les guirlandes lumineuses.

Les yeux d'Harry croisèrent ceux du Serpentard et son souffle se coupa. Draco lui souriait avec tellement d'amour qu'il du prendre une profonde inspiration pour ne pas trembler. Son cœur battait à tout rompre.

- C'est magnifique, murmura-t-il, effleurant le bijou du bout des doigts.

Draco ne répondit rien, souriant simplement.

Harry referma l'écrin et le mit précieusement dans sa poche. Son cœur battait trop vite, il n'arrivait pas à réfléchir.

Durant tout le reste de la soirée les familles profitèrent de leurs cadeaux respectifs et continuèrent de rire ensemble. Harry et Ron firent une partie de Quidditch miniature tandis que Draco commença à lire son livre.

Lorsque des bâillements commencèrent à se faire entendre, les Potter et Draco souhaitèrent un dernier joyeux Noël aux Weasley, et rentrèrent chez eux munis de leurs cadeaux.

Le Gryffondor et le Serpentard montèrent tout de suite dans la chambre du moldu et là, à peine la porte refermée, Harry attira le visage du blond contre le sien et l'embrassa de toutes ses forces.

Draco y répondit, pressant son corps contre celui du Gryffondor, appréciant le contact de ses lèvres sur les siennes. Harry ne relâcha sa nuque que lorsqu'il fut à bout de souffle. Alors Draco posa son front contre le sien, soupirant de bonheur.

Le Gryffondor sortit le petit écrin de sa poche, et contempla de nouveau l'anneau parfaitement lisse et brillant qui y trônait. Il le prit doucement, comme s'il s'agissait d'un papillon fragile et le glissa à son annulaire gauche. L'anneau refléta les rayons de la Lune et Harry étendit la main devant lui pour mieux l'observer, les doigts ouverts.

Draco ne dit rien, ne cessant de sourire.

Alors ils revêtirent leurs pyjamas et se couchèrent. Là, dans les bras de Draco, Harry murmura :

- Elle est magnifique.

- Je sais, répondit-il avec une fierté amusée.

- Et moi qui t'ai offert un MP3…

- Avec cent vingt-six giga de mémoire, ce n'est pas rien.

- C'est complètement nul…

Draco eut un petit rire et posa ses lèvres tout contre la cicatrice sur le front du Gryffondor :

- Je l'adore, dit-il enfin.

- Menteur.

- Grâce à lui je me rapproche un peu plus de cette perfection qu'est Tony Stark, se moqua-t-il.

Et Harry rit aussi, se blottissant contre lui.

- Merci… pour la bague.

- Il n'y a pas de quoi.

- Mais…

Et les doigts de brun se crispèrent contre le t-shirt du Serpentard.

- Mais ?

Harry hésita. Alors le sorcier prit son menton entre ses doigts et releva son visage vers le sien. Là, ses yeux le sondèrent et Harry eut un regard contrit.

- Mais Draco, je suis trop jeune pour me marier…

- Pas moi.

- Oui mais… je… je veux dire que… je ne suis pas prêt…

- Nous avons tout le temps devant nous. Ce n'était pas une demande officielle. Simplement, je veux que tu saches que c'est ce que j'aimerais vivre avec toi. Un jour.

Harry posa sa tête contre lui et soupira, puis un sourire illumina son visage :

- Quand je serai prêt, tu me feras une vraie demande ?

- Bien sûr, je mettrai même un genou à terre.

- Il me tarde de voir ça, rit le moldu.

Bien sûr qu'il n'était pas prêt. Harry n'avait que seize ans, et si la majorité sorcière était de dix-sept ans, le moldu, lui, devait attendre d'en avoir dix-huit pour ne serait-ce qu'envisager le mariage.

Mais bien plus encore, Harry n'avait jamais réfléchi à cela. Il n'avait jamais cru épouser Draco un jour. Et cependant, cette idée lui prodigua une étrange chaleur, réconfortante, rassurante. Mais, le mariage… Cela signifiait un engagement. Un réel engagement. Un engagement légal, matériel et financier. Il ne s'y connaissait absolument pas. Il ne savait pas à quoi s'attendre. Non, il devait attendre, il ne pouvait pas épouser Draco ainsi, simplement parce qu'il l'aimait. Il devait d'abord pouvoir lui offrir ce que le blond pouvait déjà lui offrir. Draco avait un manoir, un héritage. Lui n'avait rien.

Draco le serra plus fort et Harry observa l'anneau à son annulaire reluire d'une clarté pure. Puis ses yeux se fermèrent irrémédiablement et, avant de s'endormir, il embrassa le cou de Draco dans un « Joyeux Noël » à peine audible. Le Serpentard ferma les yeux à son tour et le sommeil le gagna aussitôt.

...

Le lendemain le soleil brilla d'une douce lumière. Il avait neigé toute la nuit et une épaisse couche de poudre blanche s'était répandue dans le jardin des Potter et sur tous les champs alentours. Le paysage était magnifique. Les quatre adolescents convinrent d'organiser une partie de Quidditch sur le terrain des Weasley en fin d'après-midi : Ron, Ginny et Draco voleraient sur les balais disponibles et Harry, en bon arbitre, devrait comptabiliser les points et les fautes. Mais avant ça, Harry et Draco avaient décidé de profiter de leurs cadeaux de Noël.

Au milieu du jardin, était suspendu à un immense olivier, un hamac qui se balançait au gré de la brise. Harry et Draco décidèrent de s'y installer. Draco sortit sa baguette et prononça une formule qu'Harry n'avait encore jamais entendue. Aussitôt une bulle d'air chaud les enveloppa de la tête aux pieds. Harry vit la neige sous lui fondre à une vitesse folle et aperçut une herbe verte et tendre apparaître sous ses pieds. Le hamac, gelé par la neige, redevint aussitôt sec et les branches d'olivier au-dessus de sa tête perdirent le givre qui les immobilisait. Il faisait aussi chaud que dans la maison !

Harry ouvrit grand la bouche, impressionné :

- C'est comme si on était dans une bulle d'été !

Le moldu grimpa aussitôt sur le hamac et s'y allongea confortablement. Draco caressa du bout du pouce sa joue et s'allongea au sol en s'étirant. L'herbe lui chatouilla la nuque. Il rabattit un de ses bras sous sa tête et, de sa main valide, attrapa le livre de Quidditch que son père lui avait envoyé. Il en était déjà à la page cinquante-trois.

Harry alluma sa Nintendo Switch et s'empressa d'installer le nouveau jeu que Ron lui avait offert la veille. Il avait aussi apporté la boîte de friandises qu'il avait reçue hier. Derrière son livre, Draco aperçut la tête ébouriffée du moldu dépasser du hamac :

- Un chocolat ?

- Comment, tu as encore faim ? rit le blond.

- Tant pis pour toi ! fit Harry en lui tirant la langue.

Et la tête disparue. Draco éclata d'un rire franc. Il n'avait jamais été friand de friandises, contrairement au moldu, et cela l'amusait beaucoup. Lorsqu'il s'agissait de sucreries, Harry était toujours partant. Il secoua doucement la tête et se replongea dans sa lecture. Il entendit distinctement le bruit typique de la console en train de s'allumer. Les expressions impressionnées du moldu face à la beauté des graphismes du jeu le firent sourire.

Ils restèrent ainsi quelques instants, s'occupant silencieusement.

Alors qu'il allait atteindre la page soixante-deux, Draco vit la console du moldu tomber près de lui. Il fronça les sourcils et leva les yeux. Alors, son sang se glaça dans ses veines.

Harry s'était redressé dans son hamac et toussait, crachait, suffoquait en frappant son buste de ses poings de toutes ses forces. Les caramels se répandirent sur le sol, et le moldu devint rouge.

- Harry !

Draco se releva, abandonnant son livre, et se précipita sur le moldu qui se tenait à présent la gorge.

Harry toussait à s'en arracher les poumons. Le blanc des yeux virait dangereusement au rouge, et ses doigts bleuissaient. Draco lui attrapa les épaules. Le visage du Gryffondor était terrorisé, il pleurait, et ses yeux se révulsèrent.

Alors Harry tomba au sol, à la renverse et fut pris d'atroces convulsions qui brisèrent son corps. Ses membres s'agitèrent avec violence, arrachant l'herbe sous lui. De l'écume sortit de sa bouche et son teint devint violet.

Le cœur de Draco se figea, et il hurla de douleur. Il plaqua une main sur son torse et, de l'autre, attrapa le moldu contre lui. Là, il le vit. Son visage était crispé et inconscient. Il semblait mort.

Le sang du Serpentard ne fit qu'un tour. Il lâcha le moldu qui s'affala au sol, courut aussi vite qu'il put jusqu'à la maison des Weasley et y enfonça la porte.

- WEASLEY !

Il surgit dans le salon, le cœur au bord de la mort, des perles de sueur sur le front et le teint blafard. Il hurla, cria, et sa voix fit trembler la maison. Ron arriva en courant :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Où est ton matériel de Potions ?!

- Hein ?

- IL EST OÙ, PUTAIN ?!

- Sur mon bureau, dans ma chambre, deuxième étage, troisième porte à droite, répondit Ron, choqué de l'agressivité et la vulgarité anormales du blond.

Draco se rua dans les escaliers et grimpa les marches quatre à quatre. Il enfonça la porte fermée et se précipita sur le bureau du Gryffondor. Rien. Il n'y avait rien. Alors il hurla de nouveau et renversa tous les tiroirs, fouillant, cherchant, se blessant avec les ciseaux, éclaboussant les parchemins de son sang, déchirant les feuilles et brisant les encriers.

Enfin il le trouva. Il attrapa le bézoard et redescendit les escaliers comme un forcené. Il traversa le jardin.

Harry ne respirait plus.

Le moldu était désormais aussi blanc que la neige autour de la bulle. Draco accourut et, lorsqu'il arriva près de lui, lui enfonça le bézoard dans la gorge et le força à avaler.

Les larmes aux yeux, le souffle court et paniqué, il massa sa gorge presque avec violence, le suppliant.

- Harry ! hurla-t-il. Reste avec moi !

Mais il ne se passa rien.

- Non !

Et il massa encore, et encore et encore la gorge du moldu. Il voyait flou, ses yeux étaient brouillés par des larmes incontrôlables. L'image du Gryffondor semblait s'effacer sous lui.

- Pas ça... ! Tout mais pas ça !

Sa voix se brisa dans sa gorge.

Alors, au bout d'atroces longues minutes, il vit la cage thoracique du brun s'élever en tressautant. Ses yeux s'écarquillèrent. Le visage d'Harry redevint lentement d'une couleur rosée et sa respiration reprit, se faisant plus nette, quoique toujours haletante. Assis au sol, Draco attrapa le moldu dans ses bras et le serra aussi fort qu'il le put.

Et il pleura. Le berçant contre son cœur, il pleura.

- Merci, Merlin, merci… suffoqua-t-il.

Il le serra si fort qu'il sembla vouloir le confondre avec son propre corps. Alors il sentit battre le petit cœur contre sa poitrine et il ferma les yeux de soulagement. Il l'entendit gémir dans ses bras.

Harry sembla revenir à lui et ouvrit péniblement les yeux. La lumière du soleil lui agressa la cornée et il s'accrocha aux bras du Serpentard en tremblant. D'énormes larmes coulèrent le long de ses joues alors qu'il reprenait difficilement sa respiration, effrayé, tétanisé par ce qu'il venait de se passer. Alors il pleura de toutes ses forces et son cœur se compressa d'angoisse.

- Je suis là, c'est fini, murmura Draco, pleurant contre ses cheveux.

Ron et Ginny accoururent dans le jardin des Potter et restèrent cloués sur place.


(1) : Tic de langage issu du personnage de Scarlett O'Hara d'Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.

Et voilà ! J'espère que vous ne m'en voulez pas trop pour cette fin de chapitre :). Qu'en avais-vous pensé ? Avez-vous une idée de ce qui est arrivé à Harry ? N'hésitez pas à me laisser vos avis et impressions dans une review, c'est toujours un plaisir de vous lire et c'est très important pour moi d'avoir un petit mot de vous :).

Merci d'avoir lu ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de connaître la suite !

Je vous fais de gros bisous, et je vous dis à vendredi :D.