Bonjour,
Youhou ! Je suis trop contente : nous avons atteint la barre des 100 reviews ! Merci à tous, sans exception, d'avoir pris le temps de me laisser un petit mot. Vous êtes mon soutien et ma motivation perpétuelle. Merci de tout mon cœur ! Continuez comme ça, cela m'encourage énormément.
J'ai vu que l'empoisonnement d'Harry vous a fait vous poser pas mal de petites questions. Et bien, dans ce chapitre, les personnages sont en proie aux mêmes questionnements.
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Bonne lecture !
Chapitre 16 : Breuvage de champignon mortel.
- J'ai appelé Hermione, elle sera là dans la soirée, son avion atterrit bientôt.
- Merci, Weasley.
Ron tapota l'épaule du Serpentard d'une main compatissante et posa son téléphone sur son bureau.
La chambre du rouquin était toujours sans dessus dessous. Draco était assis sur le tapis, adossé contre le bord du lit et, en travers de ses jambes croisées en tailleur, était assis Harry, son épaule et sa tête reposant contre son torse. Il dormait, le corps complètement lâche.
- J'ai terminé, dit Ginny.
Elle coupa le surplus de bandage qui dépassait de la main du blond. Elle avait appliqué sur ses coupures de la pommade et rendit sa main à Draco.
- Merci.
Ginny lui sourit doucement et rangea les bandages dans la trousse à pharmacie. D'un coup de baguette, Ron fit léviter tous les objets au sol et ils retournèrent à leur place respective. La chambre fut de nouveau en ordre et il s'assit sur le tapis, devant le poêle, et ne cessa de fixer le moldu dans les bras du Serpentard.
À son tour, Ginny s'assit près de lui et remonta ses jambes contre elle. Elle y posa son menton et son regard sur porta sur Harry, toujours endormi.
Ils ne dirent rien. Seul le bruit du feu dans le poêle se fit entendre. Il n'y avait plus personne dans la maison, Molly et Arthur Weasley s'étaient rendus en urgence au Ministère de la Magie pour envoyer une lettre au professeur Dumbledore au sujet du brun, et les Potter s'étaient rendus à l'hôpital moldu le plus proche pour y déposer un échantillon des friandises qu'Harry avait ingéré. Les Weasley les avaient pourtant prévenus de l'inutilité de la chose : les moldus, laborantins ou non, étaient bien incapables d'identifier les composantes d'un poison sorcier. Mais ils avaient besoin de faire quelque chose à leur échelle. Ils passeraient aussi à la pharmacie acheter des vitamines et des cachets contre les maux de ventre.
Lily et James avaient d'abord voulu tout de suite appeler une ambulance, mais Molly et Arthur les en avaient dissuadé : si Harry était hospitalisé chez les moldus, ils ne pourraient pas lui administrer les soins magiques que nécessitait la prise d'un poison sorcier. Lily avait eu toutes les peines du monde à l'accepter, puis avait finalement abdiqué.
Alors les adolescents étaient monté dans la chambre du rouquin et Ron avait aussitôt prévenu Hermione. La jeune femme, qui devait initialement prendre l'avion le lendemain pour les rejoindre, fit avancer son vol pour être sur place le soir-même, complètement horrifiée.
Dans le jardin des Potter, lorsqu'Harry avait repris connaissance, il s'était évanouit de nouveau aussitôt, sous l'effet de la fatigue et de la douleur. Le cœur de Draco avait une nouvelle fois cessé de battre, et puis, sentant contre lui la respiration stable du moldu et les battements tranquilles de son cœur, il avait soupiré avec soulagement. Il avait alors passé une main sous les genoux du Gryffondor et l'autre dans son dos et l'avait porté jusqu'à la chambre de Ron, et s'y était installé avec Harry devant le poêle.
Durant les heures qui suivirent, ce fut la débandade chez les Weasley. Tous avaient vu, horrifiés, l'état pitoyable dans lequel se trouvait Harry, et avaient couru dans tous les sens pour tenter de trouver une solution. Harry s'éveillait parfois, quelques minutes, et ne disait rien, pâle et tremblant. Ginny lui avait alors apporté une couverture et Draco s'en était drapé, couvrant par la même occasion le moldu qui se rendormait contre son buste.
Et ils restèrent là, attendant de voir le moindre signe de rétablissement de la part du moldu. Draco savait qu'il était désormais hors de danger, mais son cœur ne supportait pas de le voir aussi faible et fragile face au poison qui parcourait encore ses veines et le faisait sombrer. Encore quelques heures… Quelques heures et les toxines seraient éliminées… Quelques heures et le bézoard aurait fait correctement son devoir…
Tout à coup on entendit un bruit sec sur le pallier de la maison, et Ron se leva aussitôt.
- Ron ! cria une voix pressée et angoissée.
- Je vais la chercher, dit simplement le Gryffondor en descendant rapidement les escaliers.
Il ne s'écoula même pas trente secondes avant que les pas de deux personnes ne résonnent dans les escaliers. Alors, la tête dévastée et affolée d'Hermione apparut dans l'embrasure de la porte. Ses cheveux étaient ébouriffés et elle n'avait pas pris la peine de retirer son écharpe, son bonnet et son manteau.
- Mon Dieu, Harry ! avait-elle soufflé, une main sur la bouche et l'autre sur le cœur.
Lorsqu'il entendit sa voix, les yeux du moldu s'ouvrirent doucement et il fit un petit sourire malade à la sorcière.
Hermione se précipita sur lui et passa une douce main sur sa joue. Elle lui rendit son sourire.
- Promets-moi de ne plus jamais me faire une frayeur pareille, dit la jeune femme avec un petit rire rassurant.
Harry leva une main pour la poser sur la sienne, mais ses forces l'abandonnèrent et son bras retomba mollement contre son corps.
Hermione eut un regard triste lorsque le corps du brun s'affala de nouveau contre celui du Serpentard, endormi.
- Il faut l'excuser, il est épuisé, sourit tristement Draco.
Les yeux d'Hermione se posèrent alors sur le visage fatigué du blond.
- Son corps lutte toujours contre les restes de poison, termina-t-il.
- Mais toi, Draco, est-ce que ça va ?
- Ne t'inquiète pas, tant qu'Harry ira bien, j'irai bien.
Elle hocha la tête et se releva. Enfin elle retira son manteau et ses vêtements d'hiver, puis elle embrassa doucement le rouquin et s'assit près du poêle après avoir fait la bise à Ginny. Alors elle remarqua, sur un plateau en argent, aux pieds de la rouquine, le reste des friandises. Elle fronça les sourcils et sortit sa baguette. D'un sort elle fit voler un chocolat jusqu'à elle et, sans le toucher, le faisant tourner sur lui-même par magie, l'observa attentivement.
Il ressemblait à n'importe quel chocolat lambda. Aucune odeur âcre, aucune couleur étrange, aucun aspect différent. Elle en avait mangé des semblables lors de son repas de Noël. D'un geste de sa baguette elle l'ouvrit en deux. Rien. Le chocolat semblait simplement être fourré aux pralines. Sur le plafond, au-dessus du lit du Gryffondor, elle aperçut une araignée. Alors, elle pointa sa baguette dans la direction de l'insecte et celui-ci vola jusqu'au plateau d'argent. Ron eut un mouvement de recul et pâlit. Elle détacha, toujours à l'aide de la magie, une miette du chocolat qui lévitait devant ses yeux et la plaça devant les mandibules de l'araignée. L'insecte avala la miette et l'effet fut immédiat. L'araignée se tordit dans tous les sens, ses pattes s'agitèrent avec violence, elles furent comme secouées de spasmes et après quelques secondes, elle tomba sur le dos et ses membres se rétractèrent contre son abdomen. Elle était morte.
Les amis avaient observé toute la scène et Ginny poussa d'un mouvement de pieds le plateau loin d'elle.
Alors une vieille voix surgit tout droit des escaliers, les faisant sursauter. Lily, James, Molly et Arthur était revenus, mais Draco reconnut, dans la cacophonie des voix affolées, le timbre du professeur Dumbledore et la voix sèche du professeur Rogue. Ses traits s'apaisèrent.
Le directeur de Poudlard entra alors dans la chambre, suivit du professeur et des autres adultes. Les yeux du vieillard se posèrent tout de suite sur Draco et Harry, contre le lit, et le professeur Rogue pinça les lèvres.
- C'était donc vrai, grinça le directeur des Serpentard.
Il sortit sa baguette et la pointa vers le moldu toujours endormi. Il prononça une formule. Alors Draco grogna, couvrant Harry plus encore de la couverture qui l'enveloppait.
- Vous êtes complètement fou ! éructa-t-il.
- Plait-il ?
- Harry est intolérant à la magie. Il se remet à peine d'un empoisonnement et vous alliez utiliser la magie sur lui !
Rogue soupira.
- Monsieur Malfoy, je suis un professeur de Potions, je connais tous les remèdes nécessaires au bon rétablissement de monsieur Potter… mais je ne peux pas l'ausculter dans vos bras. J'ai besoin qu'il…
- Baissez votre baguette.
Les deux Serpentard se regardèrent avec défiance. Alors Dumbledore posa doucement sa main sur le bras du professeur de Potions :
- Baissez votre baguette, Severus, sourit-il. Monsieur Malfoy a raison, Harry ne supporte pas la magie, et même si mon sort de protection est toujours actif, son corps est très affaiblit, il pourrait ne pas le tolérer.
Puis, s'adressant au blond :
- En revanche, Monsieur Malfoy, votre professeur a raison, nous avons besoin de pouvoir ausculter Harry pour pouvoir l'aider. Acceptez-vous de le déposer sur le lit, s'il vous plait ?
Draco eut un regard méfiant puis soupira. Rogue baissa alors sa baguette.
Avec toute la délicatesse du monde, comme s'il portait un enfant, Draco se leva et allongea le moldu sur le lit du rouquin. Les yeux du brun papillonnèrent et ses bras essayèrent de se suspendre à la nuque du Serpentard, mais ils retombèrent mollement sur le matelas.
- Dumbledore et Rogue sont là. Ne t'inquiète pas, Harry, ils vont t'aider. Je ne t'abandonnerai pas.
Et il se rendormit. James et Lily se serraient l'un contre l'autre, le visage angoissé et le cœur battant. Ils savaient que leur fils était hors de danger, mais ils ne l'avaient jamais vu aussi épuisé. Ça leur brisait le cœur.
Le professeur de Potions s'affaira alors aussitôt. Il se pencha sur le moldu endormi et lui prit le poignet, cherchant à calculer son pouls. Il posa une main sur son front. Pas de fièvre. Et, alors qu'il allait relever son t-shirt, il se tourna, le visage fermé.
- Veuillez sortir, s'il vous plait. Tous.
Ron et Hermione râlèrent mais sortirent, poussant les parents Weasley et Potter vers le bas des escaliers. Ne restèrent dans la pièce que Draco et le professeur Dumbledore. Là, il souleva son t-shirt. Une tâche violette était apparue sur la peau du Gryffondor, au niveau de son estomac.
- Qu'est-ce que cela signifie, Severus ? demanda le vieillard, se penchant par dessus son épaule.
- Que le bézoard travaille encore. L'estomac est malmené. Il aura mal à l'abdomen pendant quelques jours.
Draco fixait le corps être tâté, retourné, ausculté. Il ne pouvait plus bouger, attendant quelque chose… Une solution, ou un verdict.
Soudain, Rogue sortit une toute petite valise de sa poche et l'agrandit d'un coup de baguette. Il l'ouvrit : des tas de fioles contenant des liquides aux milles couleurs s'alignaient devant lui.
- Quels ont été les symptômes, monsieur Malfoy ?
Mais les yeux de Draco fixaient toujours le corps allongé. Le directeur posa alors une main apaisante sur son épaule et lui fit un sourire doux.
- Il ne craint plus rien, monsieur Malfoy.
- Je sais.
- Alors, qu'est-ce qui vous préoccupe ?
- Il faut que je la retrouve.
- Qui donc ?
- L'ordure qui lui a fait ça.
La main du directeur pressa plus fort son épaule et Draco sentit qu'il était forcé à s'asseoir sur la chaise près du bureau.
- Nous trouverons le coupable, je vous le promets. Mais pour l'instant nous avons besoin de votre aide. Quels étaient les symptômes ?
Draco soupira et passa une main moite dans ses cheveux. Chaque mots qui passa la barrière de ses lèvres sembla alors lui écorcher la gorge :
- Il s'est d'abord étouffé. Il n'avait plus d'air. Il est devenu rouge.
Le professeur de Potions ouvrit une fiole au liquide translucide et effrita une feuille morte qui tomba en miettes dans le fluide.
- Ensuite ? dit-il.
- Il s'est mis à convulser. Fort. De l'écume sortait de sa bouche.
- De l'écume ?
- Oui.
Rogue prit une fiole remplie d'un liquide rouge bordeaux et en versa trois gouttes dans la première.
- C'est tout ?
- Il est devenu violet, presque bleu.
- Convulsait-il toujours ?
- Oui.
- … Quoi d'autre ?
- Je suis allé chercher le bézoard, et en revenant il était blanc. Il ne respirait presque plus.
- Et vous avez alors utilisé le bézoard ?
- Oui.
Le professeur de Potions referma sa fiole et l'agita avec force dans sa main. La couleur devint alors d'un bleu turquoise satiné. Il attrapa la nuque du Gryffondor et le redressa légèrement. Les yeux d'Harry s'ouvrirent avec peine.
- Avalez ça, Potter.
Le moldu s'exécuta, grimaçant au goût âcre de la potion. Puis il retomba endormi sur le lit. Soudain, Draco vit le visage torturé du Gryffondor se détendre et sa figure, légèrement pâle, reprendre vie. Il écarquilla les yeux.
- Ça devrait aller, désormais. Dans quelques heures il pourra se lever. Il faudra absolument qu'il mange. Le bézoard a dissous tous les nutriments présents dans son estomac, il aura besoin de reprendre des forces.
Et le professeur de Potions se releva et rangea sa valisette dans sa poche à l'aide d'un sortilège.
- Il vaut mieux le laisser se reposer, dit-il alors. Venez, monsieur Malfoy, vous aussi avez besoin de repos.
- J'ai dit que je ne l'abandonnerai pas.
- Mais vous ne l'abandonnez pas, intervint le directeur. Vous avez ressenti beaucoup d'angoisse, ces dernières heures. Il faut que, lorsqu'il se réveillera, il puisse vous retrouver en pleine santé.
- Il ne restera pas seul dans cette chambre.
- Fort bien, dit le vieux sorcier. Alors nous ferons un roulement. Je suis sûr que les Potter aimeraient rester au chevet de leur fils quelques heures.
Les traits de Draco se radoucirent et il hocha la tête.
- Oui, je le pense aussi.
Les trois hommes descendirent alors au salon, suivis par le reste des friandise qui lévitait derrière eux, et Dumbledore autorisa les Potter à monter voir leur enfant endormi. Ils ne se le firent pas dire deux fois et se précipitèrent à l'étage. Draco s'assit alors à la table à manger et Molly lui apporta une assiette remplie de nourriture.
- Merci, madame Weasley. Mais je n'ai pas très faim.
- Mange donc, mon grand, dit-elle, les yeux tristes. Tu ne vas pas nous faire une grève de la faim comme notre petit Harry, dis !
Draco sourit doucement et attrapa sa fourchette. Il mordit alors dans un morceau de poulet, et mangea doucement.
Dans la cuisine, tous les sorciers étaient là. Ron et Hermione se tenaient près de la cheminée, les bras croisés, tandis qu'Arthur et Ginny étaient assis à table, près de Draco, et buvaient très lentement un thé qui refroidissait à vu d'œil. Molly s'affairait à la vaisselle, alors qu'habituellement la magie s'en chargeait. Rogue et Dumbledore, debout devant la table, réfléchissaient à une vitesse folle. Le reste des friandises empoisonnées avant été posé, toujours sur le plateau d'argent, sur un guéridon au milieu de la pièce. Le directeur matérialisa une cloche en verre qui enferma les sucreries.
- Quelle chance que vous ayez été là, monsieur Malfoy, dit enfin Dumbledore. Et quel réflex incroyable d'avoir tout de suite pensé à utiliser un bézoard !
Draco hocha la tête. Quelle chance qu'il ne soit pas particulièrement attiré par les sucreries et qu'il ait refusé de manger un des chocolats que lui avait proposé Harry.
Dumbledore fixa les friandises et ses sourcils se froncèrent.
- Avez-vous pu identifier le poison, Severus ?
- Je suis presque sûr qu'il s'agissait d'un breuvage de champignon mortel. Un instant, laissez-moi vérifier.
Il souleva la cloche de verre et, de sa baguette, fit apparaître une flamme bleue qui crépita et devint rouge au contact d'un des chocolats qui fondit dans une marre noirâtre.
- J'en suis sûr.
- Un poison commun, mais puissant.
- Un poison à l'élaboration excessivement simple, mais qui n'a aucun goût et aucune odeur.
- Mademoiselle Weasley ? dit alors Dumbledore. Il me semble qu'hier vous avez reçu la visite d'une multitude de hiboux.
- Oui, mais…
- Et savez-vous quel était le hiboux qui a apporté cette fameuse boîte de friandises à monsieur Potter ?
- Non, je ne le connaissais pas, professeur, dit la jeune fille avec culpabilité.
Le directeur lui sourit mais conserva son air sévère.
- Et avez-vous une idée de qui était le propriétaire dudit hiboux ?
- Non professeur, Harry et moi avons cru qu'il venait de la part d'un de nos amis de l'école, mais il n'y avait aucun mot, aucune note…
- Comment était-il ?
- Pardon ?
- Son plumage. Pouvez-vous nous le décrire ?
- Je… je ne me souviens plus très bien…
- Fais un effort ma chérie, dit alors Arthur en prenant la main de Ginny dans la sienne. De quoi avait-il l'air ?
- Il était gris, et moucheté de noir, comme on en voit beaucoup. Il avait les yeux jaunes, et de longues plumes sur ses oreilles. C'était un grand-duc parfaitement ordinaire…
- Vous n'avez rien vu d'autre qui puisse nous aider à l'identifier ?
- N-Non je… je suis désolée…
La voix de Ginny se brisa.
- Ce n'est pas de votre faute, dit Dumbledore avec douceur.
Et soudain, Ginny releva les yeux :
- A-Attendez ! Je crois qu'il avait un anneau autour de la patte gauche, un anneau rouge, avec un numéro, mais je ne sais plus lequel.
- Un anneau, vous dites ? répondit le vieillard.
La rouquine hocha la tête et Arthur Weasley écarquilla les yeux :
- Albus, vous ne pensez tout de même pas que…
- C'est probable, Arthur…
- Quoi ? dit enfin Draco, son assiette vidée.
Le directeur soupira et croisa les mains dans son dos.
- Les hiboux du Ministère possèdent tous une bague rouge autour de la patte gauche.
- Mais enfin, Fudge n'aurait tout de même pas… ! continua Arthur, horrifié.
- Nous ne pouvons pas encore en être sûrs, soupira le directeur. Mademoiselle Weasley, êtes-vous certaine de ne pas pouvoir vous rappeler du numéro sur la bague ? Réfléchissez bien.
- Non je… je n'y arrive pas.
Dumbledore lança alors un regard perçant à Severus et celui-ci secoua la tête. La légilimancie n'était définitivement pas une option. Surtout pas avec une sorcière qui était encore une enfant. Le directeur plongea alors son regard dans celui d'Arthur Weasley qui tenait toujours fermement la main de sa fille.
- Arthur, acceptez-vous que nous récoltions le souvenir de votre fille et que nous l'observions dans une pensine ?
Le sorcier hocha la tête, mais sa main se raffermit sur celle de la jeune fille.
- C'est à elle qu'il faut demander la permission. Ce sont ses souvenirs.
- Acceptez-vous, mademoiselle Weasley ?
- Bien sûr ! dit la rouquine prestement. Je ferais tout pour aider à retrouver celui qui a fait ça à Harry !
- Merci beaucoup, répondit le directeur.
Alors il s'approcha de la jeune Gryffondor et sortit sa baguette. Il en colla le bout sur l'une des tempes de la sorcière qui resta de marbre.
- Ne vous inquiétez pas, ça n'est pas douloureux. Pouvez-vous simplement vous remémorer la visite du hibou hier ?
Ginny hocha la tête et le directeur recula lentement sa baguette. Au bout de celle-ci était attachée comme un long amas de cheveux gris qui ondulaient et brillaient d'une douce clarté. Le professeur Rogue sortit aussitôt une fiole vide de l'une de ses poches et Dumbledore y glissa le souvenir recueilli.
- Alors ? souffla Molly tout contre l'oreille de sa fille.
- Je n'ai rien senti du tout.
Le vieil homme prononça alors une formule étrange et une vasque en pierre apparut instantanément au milieu de la pièce. Ron et Hermione s'en approchèrent, étonnés. Alors, le directeur vida le contenu de la fiole dans la vasque qui semblait remplie d'une eau insaisissable. Le souvenir s'y écoula et tâcha l'eau d'une couleur noire comme de l'encre.
- Venez avec moi, Severus.
Le professeur Rogue s'approcha de la vasque et les deux sorciers plongèrent la tête dans l'eau mystérieuse. Les autres personnes dans la pièce restèrent bouche-bée. Penchés ainsi, le visage dans l'eau, ils ne bougèrent plus. Ils restèrent là de longues secondes, presque des minutes. Enfin, Ron leva les mains en l'air, hors de lui.
- Quoi, c'est si dur à voir, un fichu numéro ?!
Aussitôt le directeur et le professeur émergèrent, l'air grave.
- Enfin ! râla le Gryffondor. Avez-vous vu quelque chose, professeurs ?
Le directeur pinça les lèvres et Rogue croisa les bras.
- Il n'y avait rien, dit le professeur de Potions.
- Quoi ? répondit Hermione.
- Il n'y avait pas de numéro sur la bague, mademoiselle Granger.
- Qu'est-ce que cela veut dire ? demanda la Française.
- Cela veut dire, répondit Dumbledore, qu'une personne au Ministère a pris le soin d'effacer le numéro avant d'envoyer le hibou.
- Mais, Albus, dit Arthur, les yeux toujours écarquillés. Pensez-vous que Fudge aurait réellement pris le risque d'envoyer un hibou du Ministère pour empoisonner Harry ? Avec une bague rouge à la patte, ce hibou était reconnaissable entre mille.
- Peut-être, mon cher Arthur, qu'il ne s'agissait pas de Fudge lui-même mais d'un de ses associés. Si Harry avait été tué par ce poison, le Ministère de la magie en aurait été grandement soulagé.
- Je ne comprends pas…
Dumbledore s'assit à la table, fatigué.
- Je crois que vous le savez, désormais… la présence d'Harry a Poudlard n'est pas très bien vue par le Ministère. C'est même une très mauvaise nouvelle pour lui. À ses yeux, Harry serait la porte ouverte vers un renversement de la politique magique. Alors qu'il ne soit plus là lors de la reprise des cours, cela n'aurait que des points positifs.
- Lesquels ? demanda Hermione, concentrée.
- Et bien, mademoiselle Granger, dit à son tour Rogue, si monsieur Potter venait à arrêter les cours… ou à mourir… le Ministère de la magie n'aurait plus à faire… et bien, comment dire… « la chasse au moldu ». Il n'aurait plus à s'inquiéter d'une quelconque conspiration. Et les parents des élèves cesseraient de les harceler.
- Parce que c'est ce qu'il se passe ?
- Depuis plusieurs mois les familles de nos élèves, surtout les familles de Sang Pur, demandent expressément au Ministre la déscolarisation de monsieur Potter de Poudlard et son expulsion pure et simple. Le Ministère peine à émettre des réponses qui conviennent aux familles. La disparition de ce moldu arrangerait bien les affaires de ce cher Fudge.
- Mais le coup n'a pas marché, dit Arthur, hagard. Fudge aurait réellement pris le risque de se faire accuser aussi facilement de tentative de meurtre ?
- Non, bien sûr que non, dit Dumbledore. Je pense qu'il n'est tout simplement pas au courant de ce qu'il s'est passé.
- Vous voulez dire qu'il est innocent ? demanda Hermione.
- Je le pense, oui.
- Comment le savoir ?
- Fudge est quelqu'un d'intelligent, mademoiselle Granger. Échafauder un plan pareil, envoyer un hibou de sa main, ce n'est pas son genre. Il aurait eu bien trop peur qu'un légilimance fouille son esprit et découvre le pot aux roses. Même quelques goûtes de veritaserum auraient suffit à le faire avouer. Accusé du meurtre d'un moldu, il aurait tout de suite été démis de ses fonctions.
- Mais alors, qui ? demanda la sorcière.
Dumbledore pinça les lèvres et croisa les mains devant sa bouche.
- J'ai pensé à Dolores Ombrage.
- La Sous-secrétaire d'État ? dit Molly Weasley, ahurie.
- Oui, acquiesça le directeur.
- C'est elle qui a dépêché l'équipe d'Aurores de mon père à Poudlard, le jour où la Gazette a publié son article sur Harry, dit Draco, les sourcils froncés.
- Elle a toujours revendiqué l'importance des familles de Sang Pur dans l'éducation scolaire des élèves à Poudlard. Elle a créé plusieurs arrêtés visant à restreindre l'accès aux enfants nés de parents moldus à l'école.
- Comment ça ? dit Hermione.
- Et bien, par exemple, si les enfants de moldus n'obtiennent pas d'assez bons résultats scolaires dans leurs établissements moldus, ils sont tout simplement refusés à Poudlard.
- Quoi ? s'indigna la Française. Mais c'est absurde ! Les deux enseignements n'ont absolument rien à voir l'un avec l'autre !
- Je suis d'accord, mademoiselle Granger, dit doucement le vieux sorcier. Mais le conseil du Ministère a voté cet arrêté à l'unanimité, je n'ai pas eu mon mot à dire.
Tous soupirèrent lourdement. Puis, relevant les yeux, Ginny s'écria :
- Mais ce n'est pas logique ! Pourquoi effacer le numéro plutôt que de retirer complètement la bague de la patte du hibou ?
- Parce qu'il est impossible de retirer les bagues du Ministère. Elles sont scellées par un sort très puissant. Par contre, les numéros, eux, ne sont qu'imprimés avec de l'encre normale.
- Mais dans ce cas pourquoi envoyer un hibou du Ministère si c'est si dangereux de se faire prendre ?
- Je n'en suis pas certain, mademoiselle Weasley, continua Dumbledore, mais Dolores Ombrage assume totalement son dévouement au Ministère de la magie et aux familles de Sang Pur. Ce hibou était un message.
- Quel message ? demanda Ron.
- Un message qui nous prévient que le Ministère ne se laissera pas faire et ira contre ma volonté et celle des professeurs de Poudlard.
- Mais tout de même, Albus, intervint Molly. Aller jusqu'à empoisonner un innocent… ?
- Pas un innocent. Un moldu. Une écharde qui leur entaille le pied et qui les empêche de marcher.
Ron et Hermione soufflèrent, tremblant de colère.
- Mais qu'allons-nous faire alors, professeur ? dit Hermione.
- Severus, trouvez Minerva, qu'elle fasse son possible pour vérifier la liste de toutes les personnes ayant envoyé un hibou du Ministère dans les dernières quarante-huit heures.
Rogue hocha la tête et transplana aussitôt. Draco se leva tout à coup, ses mains s'aplatissant sur la table avec colère.
- Croyez-vous vraiment que Dolores Ombrage aurait été assez maligne pour effacer le numéro sur la bague du hibou mais pas assez pour avoir inscrit son nom sur cette liste ?
- Il faut bien commencer quelque part, monsieur Malfoy.
Hermione posa une main apaisante sur l'épaule du blond et celui-ci se rassit, son corps continuant tout de même à bouillonner.
Soudain, Ron avança, les sourcils froncés :
- Professeur, que va-t-il se passer pour mon père ?
- Comment ? demanda Arthur, incrédule.
- Doit-il simplement se rendre à son travail, demain, et ne rien dire à personne ? Prétendre qu'il ne s'est rien passé ?
Dumbledore soupira et sembla réfléchir. Les doigts du vieillard s'agitèrent dans sa barbe.
- Je pense que c'est la meilleure chose à faire, oui, répondit enfin le directeur.
- Mais, et si Ombrage… commença Hermione.
- Si Dolores Ombrage vous pose la moindre question, Arthur, répondez-lui simplement que vous n'avez pas passé Noël avec votre famille et Harry, que vous êtes allé voir d'autres membres de votre famille, l'un de vos fils ainés, ou votre belle-famille. Dîtes-lui que vous n'avez eu vent de rien et que vous ne savez pas de quoi elle parle. D'accord ?
- Bien, Albus.
Molly posa une main angoissée sur l'épaule de son mari et la serra de toutes ses forces.
On entendit alors des pas descendre des escaliers et les têtes de James et Lily Potter émergèrent dans le salon :
- Il est réveillé, dit Lily avec un petit sourire.
Draco se leva précipitamment.
- Est-ce qu'il… ? commença-t-il.
- Il va bien, mon grand, répondit James. Il a faim. Pouvez-vous lui monter quelque chose à grignoter les enfants ?
Hermione prépara un immense bol de céréales et Ginny attrapa tous les fruits disponibles dans la corbeille sur la table et tous les adolescents coururent dans la chambre du rouquin à l'étage.
Assis sur le lit de Ron, Harry s'étirait en grimaçant. Et lorsqu'il aperçut la tête blonde de Draco passer l'entrebâillement de la porte, son visage s'illumina. Le Serpentard manqua une nouvelle fois de mourir. Mais cette fois, ce fut de bonheur et de soulagement.
Et voilà ! Personne ne sait réellement à quoi s'en tenir, mais plusieurs pistes sont déjà envisageables. Qu'en pensez-vous, vous ? N'hésitez pas à me donner votre avis et vos impressions sur ce chapitre :).
Merci d'avoir lu. J'espère que ce chapitre vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.
Le prochain chapitre sera de nouveau plus... juteux ! ;)
Je vous fais de gros bisous, à mardi prochain !
