Bonjour,
Merci beaucoup à tous pour vos reviews ! Je suis tellement contente et soulagée de voir que le précédent lemon vous a plu et que ceux-ci ne vous semblent pas trop présents et abusifs. S'ils sont présents à intervalles réguliers, pour le moment, c'est surtout pour exprimer l'intensité et l'inéluctabilité de l'attirance qu'Harry et Draco ont l'un envers l'autre. Mais sur la soixantaine de chapitres que comportera cette fanfiction, les lemons ne seront pas en excès, je vous rassure :).
En tout cas merci encore pour vos gentils mots et vos encouragements ! Un petit mot, ou un pavé, peu importe, c'est toujours ma dose de bonheur quotidien :D. Merci de tout mon cœur, continuez comme ça !
Vous êtes quelques uns à m'avoir dit que vous trouviez les parents Potter plutôt "absents", mis "de côté" et jouant un rôle très secondaire. Vous avez complètement raison :). C'est un parti pris de ma part de ne pas leur accorder trop d'importance.
Dans ce chapitre les entrainements de Draco commencent.
Disclaimer : les personnages et l'histoire appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Bonne lecture !
Chapitre 18 : Entrainements.
Cela faisait maintenant plus de trois mois que Draco avait commencé à suivre ses entrainements particuliers. Dès la fin du premier mois il avait réussi à maîtriser la magie sans parole, et aujourd'hui il se perfectionnait en magie sans baguette. Chaque jour, inlassablement, il se rendait à ses entrainements dans la Salle sur Demande et passait des heures à lancer des sorts, et à en contrer d'autres. Le professeur McGonagall s'occupait d'améliorer son attaque tandis que le professeur Rogue l'aidait à renforcer sa défense. Harry ne savait pas exactement à quoi ces entrainements lui servaient réellement… Il n'y avait pourtant aucune guerre dans le monde magique. C'était un peu comme si, dans son lycée moldu, on leur donnait des cours de self-défense. D'ailleurs, tous les élèves de Poudlard devaient suivre des cours de Défense contre les Forces du Mal, avec le professeur Lockhart. Sauf que Draco avait atteint un niveau incroyablement élevé. D'un simplement mouvement de la main il pouvait désormais envoyer valser son adversaire. La chose qu'il ne maîtrisait pas encore était les sorts qui étaient liés à sa concentration. Il n'arrivait pas à développer son occlumancie comme il le souhaitait et ne pouvait pas maintenir en place bien longtemps son bouclier magique. Et il savait très bien pourquoi : c'est parce qu'Harry assistait de moins en moins aux entrainements, et la douleur d'être loin de lui plus d'une heure alors qu'il était en plein effort l'empêchait de se concentrer et de progresser de ce côté.
Si Harry n'accompagnait plus Draco à ses entrainements, c'est qu'il ne les supportait tout simplement plus. Les premiers temps il avait pu y assister sans souci, et c'était même avec plaisir qu'il avait vu les progrès fulgurants du blond. Mais cela n'avait pas duré. Il ne comprit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Un soir, alors qu'il révisait sur un pupitre dans un coin de la Salle sur Demande et que Draco lançait des sorts informulés au professeur Rogue, il se sentit nauséeux. Il avait alors refermé son livre et posé sa plume avant de s'asseoir à même le sol. Il avait senti qu'il valait mieux pour lui ne pas tomber de trop haut en cas de malaise, et il ne s'était pas trompé. Dans les instants qui avaient suivi, il s'était évanouit. Draco avait tout de suite senti son cœur lui faire mal et son regard s'était porté sur son corps inanimé. Il avait alors été conduit d'urgence à l'infirmerie. Bien sûr, madame Pomfresh lui avait passé un savon incroyable. Elle avait même fait quelques remontrances au directeur Dumbledore.
- Sapristi, Albus ! Le pauvre petit est intolérant à la magie et vous vous l'envoyez assister à l'entrainement d'un Particulier ? Mais vous voulez sa mort ? avait-elle pesté.
- Je sais bien, Poppy, avait dit honteusement le vieil homme. Mais les éloigner pourrait entraver le bon déroulement des entrainements de monsieur Malfoy.
- Et bien assurez-vous au moins qu'il prenne bien ses cachets moldus !
Depuis lors, Harry prenait un comprimé dès qu'il assistait aux entrainements de Draco. Il avait demandé à Hermione de l'y accompagner, quand elle le pouvait. Il avait eu besoin d'une présence, de quelqu'un. Quelqu'un qui pourrait veiller sur lui s'il se sentait mal, et qui pourrait lui tenir compagnie. Au fil des jours, il s'était rendu compte que le sort de protection lancé par le professeur Dumbledore lui-même n'était pas assez efficace pour lutter contre la puissance qui émanait de la magie de Draco. Et il en était à la fois impressionné et inquiet. Si Draco était si fort… Si sa magie était si spéciale… Pourrait-il vivre auprès de lui des années durant ? Qu'en serait-il une fois sa scolarité à Poudlard terminée ? Ou pire ! Une fois le professeur Dumbledore mort ? Il préférait ne pas y penser…
Malgré sa prise assidue de médicaments moldus, Harry avait fini par se sentir malade lors de chaque entrainement. Et même si Hermione était près de lui pour l'aider à rester conscient, il avait senti qu'il ne pourrait pas supporter longtemps ce trop plein de magie. Alors, progressivement, il avait réduit son temps dans la Salle sur Demande, et un jour, il ne vint tout simplement plus, épuisé. C'était depuis ce jour-là que Draco commençait à réellement peiner lors de son apprentissage. Et c'était depuis ce jour-là qu'Harry commençait à apprendre à vivre avec une douleur constante dans les boyaux.
- Ce sont les botrucs, dit Hermione.
- Hein ?
- Ce sont les botrucs qui vivent en communauté dans les arbres qui servent à faire les baguettes. Pas les niffleurs.
- Mince… souffla Harry en rayant une énorme phrase sur son parchemin.
Il était dans la salle commune de Gryffondor. Assis sur le sofa devant la table basse près de la cheminée, il avait projeté de faire son devoir de Soins aux Créatures magiques, avec Hermione et Ron. Dans un autre coin de la pièce, Neville, Ginny, Dean et Seamus discutaient de la meilleure manière de sécher l'examen de Potions du lendemain.
Harry raya sa phrase. Et la précédente. Et celle d'avant encore.
- Stop, intervint Ron, ou tu vas rayer toute la feuille !
- Mince, désolé… dit Harry, reprenant ses esprits.
- Qu'est-ce qu'il se passe, Harry ? demanda Hermione en refermant son livre.
- Quoi ?
- Tu es bizarre depuis quelques temps. C'est à cause de Draco ?
Harry soupira lourdement. Son parchemin n'était plus présentable, il fallait qu'il réécrive tout. Il le chiffonna et le jeta dans les flammes.
- C'est parce que tu as mal ? demanda la brune.
- Non c'est… je ne sais pas…
Ron délaissa à son tour sa plume.
- Tu veux qu'on t'accompagne à la Salle sur Demande ? dit le rouquin.
- Non, je ne supporte plus sa magie de toute façon.
- Alors c'est quoi ?
Il baissa les yeux. Sa tête rentra automatiquement dans ses épaules, comme un enfant pris en faute.
- Qu'est-ce qu'il y a, Harry ? demanda Hermione en posant une main apaisante sur son bras.
- C'est juste que… il n'est plus vraiment… comme avant.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Le moldu posa sa plume dans son encrier et soupira lourdement. Son corps s'affala contre le dossier du sofa et ses yeux se plantèrent sur le plafond poussiéreux.
- Je me sens… seul…
Ron et Hermione échangèrent un regard et la Française posa son livre sur ses genoux.
- C'est parce que tu ne peux pas assister à ses entrainements ? demanda doucement la sorcière.
Harry hocha la tête et ferma les yeux.
- Je ne le vois presque plus.
- Mais pourtant, intervint Ron, vous vivez ensemble.
- C'est vrai… mais lorsque je me couche le soir il n'est pas encore rentré, et lorsque je me lève le matin il est déjà parti.
- Et vous ne vous voyez pas durant la journée ?
- Non… il suit des cours auxquels je ne peux pas assister et lorsque les cours se terminent il se consacre entièrement à son entrainement.
Hermione posa une main apaisante sur son bras et un petit sourire triste étira les lèvres du moldu.
- Je sais que c'est égoïste.
- Bien au contraire, dit doucement Hermione. C'est tout à fait normal de ressentir cela.
Le moldu tapota la main de son amie sur son bras et la retira. Il se redressa et posa une main moite sur la cicatrice sur son front.
- Il te manque, continua la sorcière.
- Ce n'est pas aussi simple, Hermione… j'ai l'impression qu'il… je ne sais pas… qu'il ne veut plus rester avec moi.
- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?
Harry soupira.
- Il… dès que je trouve un moment pour le voir, il a toujours quelque chose d'autre à faire. Un devoir, ou un entrainement de Quidditch…
- Les matchs de fin d'année sont pour bientôt, marmonna Ron comme pour lui-même.
Hermione lui donna un petit coup et le regarda sévèrement. Ron répondit un « Quoi ? » offusqué et la brunette leva les yeux au ciel.
- Les Septièmes Années doivent bientôt passer leurs ASPIC, Harry, il a sûrement beaucoup de travail, dit Hermione d'une voix maternelle.
- Je sais… je le sais très bien… mais c'est plus fort que moi j-je… je me sens seul.
Le visage du moldu était tiraillé entre la culpabilité et la tristesse.
Harry savait bien qu'il ne pouvait pas en vouloir à Draco de mener sa scolarité de son côté. Il était avant tout un sorcier élève à Poudlard, il avait des obligations… Assurer son poste de batteur dans l'équipe de Quidditch des Serpentard, réaliser ses devoirs et réviser pour les examens de fin d'année pour décrocher ses ASPIC, et suivre les entrainements des professeurs McGonagall et Rogue… Mais au fond de lui, Harry ne pouvait empêcher un ressentiment de naître vis-à-vis du comportement de Draco. Il se sentait abandonné, esseulé. Leur chambre, qui au début lui paraissait si chaleureuse, était désormais le dernier endroit dans tout Poudlard où il souhaitait demeurer. Il n'y allait, pour ainsi dire, pratiquement plus… Simplement pour dormir. Sinon, il restait dans la salle commune des Gryffondor, avec Ron et Hermione, qui lui tenaient toujours compagnie. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait plus entendue la voix de Draco.
Lorsque, le soir, il se couchait dans leur immense lit, il luttait, des heures durant, contre le sommeil, dans l'espoir de le voir rentrer et se coucher près de lui. Mais Draco ne rentrait jamais lorsqu'il était éveillé. Et le lendemain, lorsqu'il ouvrait les yeux, il voyait simplement les draps froissés là où le corps du blond s'était reposé quelques heures. Mais Draco quittait toujours la chambre avant qu'il ne se réveille.
Ses mains lui picotèrent. Cela faisait des jours qu'il n'avait plus senti la peau du blond sous ses doigts. Et Harry se sentait incroyablement coupable. Il s'en voulait d'être aussi égoïste. Alors que Draco faisait tout pour réussir sa scolarité, lui n'arrivait qu'à exiger, encore et toujours, la présence du blond près de lui… Comme un enfant qui aurait besoin de ses parents. Mais Harry n'était plus un enfant, il devait pouvoir vivre sans Draco pendant quelques temps. Mais il sentait que c'était au-dessus de ses forces… La douleur d'être loin du blond, autant physiquement que moralement, le faisait se sentir mal et tremblant. Il ne savait plus ce qu'il devait faire et ressentir… Ou en vouloir au Serpentard de ne plus lui accorder son temps, ou s'en vouloir à lui-même de ne pas laisser Draco vivre sa vie de sorcier. Il ne savait plus…
- Essaie de retourner le voir, Harry, je pense que ça vous fera du bien, dit Hermione.
- Lors de ses entrainements ?
- Oui.
- Mais sa magie est trop forte, Hermione.
- Essaie toujours.
Le moldu souffla, puis sourit. Quelque chose dans son cœur lui disait que c'était effectivement la seule manière pour lui de se rapprocher du blond.
- D'accord, j'irai.
- Très bien, sourit la brune.
Ron claqua sa langue contre son palais et attrapa de nouveau sa plume :
- Bon, on le termine, cet exposé sur les botrucs ?
Grâce à l'aide d'Hermione, les amis n'eurent aucun mal à terminer la rédaction de leur parchemin. Harry put même compléter sa fiche de révision grâce à l'ouvrage que la brune lui avait conseillé : Vie et habitats des animaux fantastiques, écrit par Norbert Dragonneau.
Lorsque la salle commune commença à se vider et que les élèves allèrent se coucher dans leurs dortoirs, Harry décida de regagner sa chambre et salua une dernière fois ses amis.
Sur le chemin jusqu'à la tour d'astronomie, il garda le visage bas, les yeux rivés au sol. Certains élèves lui firent des remarques, d'autres le fusillèrent du regard, mais il n'y prêta pas attention. Il ne vit pas les messes-basses d'un groupe de Serdaigle, pas plus qu'il ne fit attention aux railleries d'un Poufsouffle et d'un Serpentard. Il passa à travers plusieurs fantômes, frissonnant à leur contact, salua quelques tableaux qui, pour la plus grande majorité, l'ignorèrent superbement.
Enfin, il arriva dans sa chambre. C'était comme s'il était la seule personne à séjourner ici. Seules ses affaires étaient éparpillées sur l'un des bureaux, près de la cheminée. Sa valise, au pied du lit, était la seule à être ouverte. Dans la salle de bain, seules sa brosse à dents et sa serviette semblaient avoir été utilisées. Le moldu retint un soupir dans sa gorge et sa lèvre inférieure se tordit en une moue accablée. Il posa ses affaires, se rendit dans la salle de bain où il se doucha prestement. Il enfila un pyjama, souffla sur toutes les bougies de la pièce, et se glissa dans l'immense lit blanc. Là, il frissonna. Le lit était incroyablement froid et spacieux. Il se recroquevilla sur lui-même, perdu dans l'immensité des draps et des ténèbres qui semblaient le happer et l'engloutir. La tête dépassant à peine de sous sa couverture, il fixait la porte en bois, effacée par la noirceur de la pièce. Il ne voyait rien, ne portant pas ses lunettes. Mais il ne lâcha pas une seconde la porte des yeux. Chaque fois qu'un coup de vent la faisait vibrer, il se redressait dans son lit, puis, après quelques secondes, se recouchait, déçu. Au bout de plusieurs heures, les yeux secs, fatigués, et les paupières tremblantes et tombantes, Harry s'endormit, incapable de lutter contre l'attente interminable et la douleur de l'absence. Contre son cœur, il ne cessa de serrer sa main gauche, dont l'annulaire portait un magnifique anneau argenté.
...
Le lendemain, le lit était vide. L'oreiller près de lui était froissé, et les draps défaits. Mais aucune trace de Draco, si ce n'était son odeur qui imprégnait encore légèrement le matelas. Harry soupira et posa ses lunettes sur son nez. Avec lenteur, il mit le pied à terre et partit faire sa toilette. Tous ses gestes semblaient lui coûter une énergie folle. Il se sentait lourd, pesant. Lui qui, d'ordinaire, était impatient de commencer les cours de la matinée, voyait son corps agir avec une lenteur qu'il ne contrôlait pas. C'était comme si son cœur influençait les mouvements même de ses membres.
Après qu'il se soit habillé et ait rassemblé quelques affaires, il descendit à la Grande Salle où il retrouva Ron, Hermione, Ginny, Neville, Dean et Seamus qui déjeunaient avec entrain. Cette vision lui réchauffa le cœur et il s'installa à la table des Gryffondor.
- Salut Harry ! Bien dormi ?
- Bonjour Neville.
Son assiette fut aussitôt remplie d'une montagne de viennoiseries et de desserts en tout genre. Son ventre gargouilla et il avala un morceau de pain au chocolat avec plaisir. Instinctivement, son regard se porta sur la table des Serpentard, à l'opposée de la salle. Draco était de dos, et semblait discuter avec Blaise et d'autres élèves de Serpentard. Harry reconnut Gregory Goyle, Millicent Bulstrode, Tom Jedusor, qui était le Préfet-en-Chef des Serpentard, et Pansy Parkinson. Tous souriaient et Harry vit les épaules du blond tressauter. Draco riait. Son cœur se pinça fort. Il ne voyait même pas son visage.
- Tu ne manges pas, Harry ? Je te sers du jus de citrouille ? demanda Ginny, le faisait sursauter.
Harry se reconcentra sur son assiette et attrapa sa fourchette d'un geste ferme. Ce soir, il irait voir Draco à son entrainement.
- Si si, merci Ginny.
Les amis déjeunèrent de bon cœur. Harry aussi fut sincèrement heureux de manger avec eux, malgré les petits regards incontrôlés qu'il lança de temps à autre à la table des Serpentard.
Lorsque la cloche carillonna, Harry rejoignit Luna et Neville qui avaient cours de Botanique avec lui. Dans la serre numéro six, madame Chourave leur demanda de nettoyer les aquariums servant à la culture aquatique des branchiflores de l'école. C'était une algue visqueuses et longue, qui semblait se tortiller lorsqu'on l'effleurait. Neville termina son travail en moins de deux, et aida Luna et Harry a nettoyer leur aquarium.
Le reste de la journée passa tranquillement. Harry n'aperçut plus Draco dans les couloirs. Il le chercha parfois dans le parc de l'école, et le vit vêtu de sa tenue de Quidditch, ou transportant son matériel de Divination. Mais il n'eut pas le temps de lui adresser le moindre mot, le blond semblait toujours pressé et incroyablement occupé.
- Monsieur Potter, pouvez-vous me dire quel est le blason de l'académie de Beauxbâtons ? dit tout à coup le professeur Binns.
En plein cours d'Histoire de la Magie, Harry sursauta et baissa les yeux, gêné.
- J-Je ne sais pas, monsieur.
- Sacre bleu, Potter, si vous souhaitez obtenir le diplôme mis en place pour vous il faut que vous en sachiez un minimum sur le monde sorcier tout de même !
Le moldu hocha vivement la tête, honteux, et se replongea dans son manuel d'histoire. En vérité, il n'arrivait plus à se concentrer depuis quelques jours… Autant l'éloignement physique de Draco lui faisait mal au corps, autant la distance psychologique qui s'était établie entre eux le rendait imperméable à toute information enseignée lors des cours qu'il suivait. Pourtant, lui aussi avait des examens qui approchaient. Lui aussi devait se préparer et absolument valider son année scolaire pour avoir une chance de revenir à Poudlard l'année prochaine. Mais, incapable de se ressaisir, il tentait au moins de faire semblant d'étudier.
Harry avait cours jusque très tard, cet après-midi-là. Les autres cours avaient déjà cessés et le soleil commençait à se coucher lorsque la cloche sonna la fin du dernier cours de la journée. Le cœur d'Harry s'emplit d'un espoir et d'un soulagement nouveaux. Il rassembla ses parchemins et bouquins, jeta son sac sur son épaule, et se précipita dans les couloirs à la recherche de la Salle sur Demande. Les couloirs se vidaient déjà : les derniers élèves se rendant à la bibliothèque ou dans leur salle commune respective.
Il mit du temps avant d'atteindre enfin le septième étage du château. Il passa trois fois devant l'immense mur face à la tapisserie de Barnabas le Follet et la porte magique apparut enfin. Il prit une grande inspiration et poussa la vieille porte noire qui grinça. Il déglutit et avança.
À peine eut-il mis un pied dans la Salle sur Demande, qu'il sentit son sang battre à tout rompre dans sa tête. Il se tint un instant contre l'embrasure de la porte, se concentrant pour garder l'équilibre.
Dans la pièce, Draco et le professeur Rogue se faisaient face. Le blond avait le visage grave, les sourcils froncés et le corps tendu. Il fermait les yeux avec une force qu'Harry ne lui avait jamais vu. Il semblait lutter contre quelque chose. C'était une lutte intérieure, silencieuse et profondément dérangeante. Devant lui, le directeur des Serpentard tenait fermement sa baguette, tendue vers le front perlé de sueur du blond. Le professeur Rogue était lui aussi concentré, et ne cessait de marmonner des mots latins qui semblaient faire écho dans l'immense salle.
Tout à coup, le professeur de Potions parla plus fort :
- Legilimens !
Et Draco grimaça. Le cœur d'Harry se serra fort devant le visage foudroyé du blond qui peinait à rester de marbre. Les dents du Serpentard se serrèrent et le moldu vit sa mâchoire se tordre. Draco leva alors une main et Harry sentit une vague de magie traverser la pièce et son corps. Il fut secoué d'une telle force que sa main glissa de l'embrasure de la porte et qu'il faillit tomber en avant. Il sentit le sang quitter son visage et des perles de sueur commencèrent à mouiller son front et son dos. Il allait vomir. Il allait tomber. Il ne pouvait pas rester là. Il fit aussitôt volteface et sortit de la salle dans un souffle de soulagement.
Une main sur la poitrine, l'autre contre le mur, il reprenait son souffle quand tout à coup, il entendit un bruit fracassant de vitre brisée. Il retourna aussitôt dans la Salle sur Demande, alerté et aperçut Draco, plié en deux, se tenant fermement la tête de ses deux mains et gémissant de douleur.
- Arrêtez ! intervint Harry, franchissant enfin le seuil de la porte.
Le professeur Rogue vit alors le moldu et baissa aussitôt sa baguette. Le corps du blond se décontracta instantanément, et Harry aperçut la chemise blanche du Serpentard, qui collait à son dos entièrement trempé. Au fond de la salle, un des miroirs parant le mur s'était brisé et des milliers de morceaux en jonchaient le sol. La magie de Draco était définitivement trop puissante.
- Je crois que cela suffit pour aujourd'hui, dit enfin le professeur Rogue en rangeant sa baguette. Vous ne pouvez pas vous laisser ainsi guider par vos émotions, monsieur Malfoy. Vous n'arriverez jamais à maîtriser l'occlumancie si cela continue.
- Je sais.
Le directeur des vert et argent pinça les lèvres et quitta la salle dans un froissement de capes lourde, lançant un regard dur au Gryffondor. Harry déglutit difficilement. Dos à lui, Draco se redressa lentement et passa une main fatiguée dans ses cheveux. Harry entendit ses cervicales craquer.
- Est-ce que ça va, Draco ? dit enfin Harry, se rapprochant du blond.
- Oui.
Harry croisa son regard gris dans l'un des miroirs de la salle et il fut glacé sur place. Draco avait le visage ravagé par la colère et l'agacement. Les doigts du moldu triturèrent les manches de sa robe de sorcier et ses lèvres se pincèrent.
- Est-ce que ça te fait encore mal ? osa-t-il demander, toujours dans le dos du blond.
- Non. C'est passé.
- Ah… tant mieux.
Draco souffla et se rendit près du porte-manteau sur lequel était suspendue sa robe de sorcier. Son regard était toujours emprunt d'un agacement grandissant. Le moldu ouvrit la bouche, hésita, et parla enfin :
- Qu'est-ce qu'il y a ?
Draco enfila sa robe de sorcier d'un geste brusque, leva la main en direction des fragments brisés au sol et ceux-ci se mirent à léviter, reconstituant le miroir au mur. Harry tressaillit et esquissa un mouvement pour sortir de la salle, mais la voix de Draco l'arrêta :
- Où vas-tu ?
- Je sors, je ne supporte pas ta… ta magie, dit-il doucement.
Alors le bras de Draco retomba mollement le long de son corps et il se tourna enfin vers le Gryffondor qui le regardait avec appréhension. Quelque chose ne tournait pas rond, Harry le sentait. Soudain, Draco éclata et les meubles, au fond de la pièce, vibrèrent :
- C'est à cause de toi, Harry, dit-il enfin.
- À cause de moi, quoi ? demanda le moldu, perdu.
- C'est à cause de tes allers et venues que je n'arrive pas à maîtriser l'occlumancie.
Le corps d'Harry se figea et il ouvrit la bouche, sincèrement choqué. Le visage de Draco était sévère, presque colérique. Les sourcils d'Harry se froncèrent et il serra les poings :
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda le brun d'une voix sèche.
- Soit tu restes là et tu ne bouges plus, soit tu sors et tu me laisses me concentrer. Mais arrête de prendre cette salle pour un manège.
Le corps du moldu trembla. Le blond le regardait avec une telle défiance que son cœur se gonfla d'un sentiment d'abandon puissant. Mais sa colère l'emporta.
- Tu insinues que j'entrave le développement de tes pouvoirs, c'est bien ça ? fit-il d'un ton sec.
- Tu sais très bien que c'est impossible pour moi de me concentrer si tu vas et viens constamment.
- As-tu oublié que c'est grâce à moi que tes pouvoirs se sont décuplés ?
Draco eut un sourire sardonique et Harry sentit que le blond avait en lui une réelle colère, un réel agacement.
- Grâce à toi, tu dis ? demanda le Serpentard.
Harry hocha la tête doucement.
- Mon âme-sœur aurait pu être n'importe qui, mais il a fallut un ce soit un moldu intolérant à la magie… dit amèrement le blond.
Le souffle du Gryffondor se coupa. Il sentit ses jambes vaciller, mais il tint bon et ne bougea pas, droit comme un i.
- Ce sont mes gènes qui sont spéciaux. Ils auraient pu être éveillés par n'importe qui mais il a fallut que ce soit par toi…
Les yeux d'Harry le brûlèrent malgré lui mais il ne pleura pas, le regard plein de colère.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? dit-il enfin.
- Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas grâce à toi que mes pouvoirs se sont décuplés. Seul le hasard est responsable de notre lien. Alors ne te crois surtout pas supérieur à moi, Harry.
- Je n'ai jamais…
- Ce n'est pas toi qui portes ce fardeau. Ce n'est pas toi qui subis ces entrainements.
- Je ne t'ai jamais demandé de les suivre, Draco, souffla Harry, les poings toujours serrés.
- Ai-je vraiment le choix ? sourit-il avec amertume.
Le corps du moldu trembla et il fit un pas en arrière, comme pour empêcher les prochains mots du blond de l'atteindre.
- Comment ça ? demanda-t-il enfin d'une voix si basse qu'il crut avoir été le seul à l'entendre.
- Ouvre les yeux. Tout le monde dans cette école te déteste et te veux du mal. Que ferais-tu sans moi ? Que ferais-tu s'ils n'avaient plus peur de moi ?
Harry recula encore, et encore, et encore. Le corps tremblant et le visage blanc..
- Alors décide-toi. Tu restes ou tu pars. Mais arrête de m'empêcher de m'entrainer.
Alors Harry partit. Il fit volte-face et sortit de la salle sans un mot, laissant le blond derrière lui. Et lorsqu'il fut assez loin, au fond d'un couloir vide, il s'arrêta contre un mur.
Debout, l'épaule appuyée contre la pierre froide, les deux mains plaquées sur sa bouche, il pleura. Aucun bruit, aucun son, seulement des sanglots étouffés et des larmes qui s'écrasaient au sol silencieusement. Harry pleura longtemps. Le corps secoué de spasmes et les lunettes humides, il resta là.
Tout était clair. Limpide. Il comprenait, désormais. Il comprenait tout. Il comprenait l'absence. Il comprenait les rires à la table des Serpentard. Il comprenait la distance. Et cela lui fit mal. Atrocement mal. Tout son corps sembla être privé d'oxygène et il se sentit incroyablement malade, nauséeux. Tout était clair. Limpide.
Harry hoqueta et essuya rageusement les larmes qui traçaient de longs sillons blancs le long de ses joues rougies. D'un pas rapide, il courut jusqu'à sa chambre. Là, il remplit sa valise de toutes ses affaires les plus précieuses. Après un dernier coup d'œil dans la salle de bain, il souleva sa valise, saisit la cage d'Hedwige, et sortit de la pièce sans se retourner.
…
- Prenez-vous toujours vos cachets, monsieur Potter ?
- Oui, pourquoi ? Quelque chose ne va pas ?
- Vos analyses montrent une baisse de vitamines. Vous nourrissez-vous toujours correctement ?
- Oui… oui je crois.
- Vous "croyez" ?
Madame Pomfresh posa le bout de sa baguette contre la tempe du jeune moldu et un nuage de fumée blanche s'en échappa.
- Vous n'avez pas de température, mais c'est la deuxième fois en trois jours que vous atterrissez dans mon infirmerie ! Prenez-vous bien votre petit-déjeuner chaque matin ?
- Et bien, dit doucement le brun. Il m'est arrivé de le manquer.
- Ah. Et pourquoi donc ?
- Je n'ai pas très faim le matin, en ce moment.
- Et qu'en est-il de monsieur Malfoy ?
- Pardon ?
- Prend-il toujours convenablement ses repas ?
- Je… je ne sais pas.
- Vous ne savez pas ?
- Non.
L'infirmière pinça les lèvres et se tourna vivement vers son étagère de potions. Le moldu ne semblait pas vouloir s'expliquer plus que cela. Elle râla en déplaçant plusieurs pots et fioles et s'esclaffa lorsqu'elle mit enfin la main sur une petite boîte en bois.
- Tenez, avalez-en un.
- Qu'est-ce que c'est ?
- C'est un tout-en-un. Une pastille qui contient les nutriments de trois repas complets.
Elle fit apparaître un grand verre d'eau et Harry avala le médicament d'une traite.
- Bien, et que je ne vous revoie plus avant l'année prochaine, Potter ! Allez, ouste !
Le moldu la remercia et quitta l'infirmerie.
C'était plus fort que lui. Il savait pourtant que c'était inutile, voire complètement idiot, mais l'absence de Draco mettait tellement son corps à l'épreuve que la seule manière qu'il avait trouvé pour ne plus souffrir de voir le Serpentard chaque jour dos à lui à la table des Serpentard était de sauter tous les repas possibles. Ainsi, il avait pris l'habitude de ne pas manger le matin, ni le midi, mais uniquement le soir, lorsque tous les élèves, ou presque, étaient partis se coucher et que les tables de la Grande Salle commençaient à se débarrasser toutes seules. Là, il était sûr de ne pas croiser Draco qui était, comme chaque jour, à ses entrainements particuliers.
Mais ces repas, qui se faisaient de plus en plus rares, commençaient à l'empêcher de suivre correctement les cours. À de nombreuses reprises il avait été contraint de rester au lit, ou de s'excuser en plein cours : il était épuisé et n'arrivait presque plus à tenir debout.
Pire encore, il avait mal. Atrocement mal. Si, au début de l'année, il avait souffert de ne pouvoir voir Draco que lors des repas et des cours qu'ils avaient en commun, aujourd'hui, il souffrait de ne plus le voir du tout. Chaque jour son cœur espérait qu'il le croise dans une classe, un couloir. Mais rien. Draco était toujours ailleurs, toujours occupé. Chaque jour il se répétait qu'il avait fait le bon choix, que ce n'était pas pour rien qu'il ne croisait plus le blond. Alors il se félicitait d'être si fort, d'être si courageux, alors qu'il avait si mal. La douleur était intolérable. Parfois, son corps lui hurlait de courir retrouver Draco, d'enfouir son visage dans ses bras… Mais il luttait, irrémédiablement et avec force, contre cette idée. Pour le bien de Draco, il devait le laisser vivre.
Et c'était dans ses moments-là qu'il se rendait compte qu'il l'aimait plus que tout au monde. Par amour pour Draco, il endurerait mille souffrances. Si le bonheur de Draco signifiait rester loin de lui et souffrir chaque jour, alors c'est ce qu'il ferait, sans aucune hésitation.
Harry grimaça, la douleur dans son estomac était oppressante, agressive. Elle n'en finirait jamais.
Il retourna dans sa salle commune où il fut accueilli par les visages inquiets de ses amis.
- Ça va mieux ? demanda Hermione, les sourcils froncés. C'est parce que tu ne manges pas assez, c'est ça, hein ?
- On dirait bien.
- Je le savais ! Tiens, je t'ai gardé des croissants et des poires du petit-déjeuner !
Harry n'eut le temps de rien dire, il fut assis de force devant la table basse de la salle commune et une pile de croissants apparue devant ses yeux. Il remercia son ami et avala toute la nourriture. Bientôt, il n'en resta que des miettes.
- Mais tu vois bien que tu meures de faim, Harry… soupira Ginny. Tu devrais venir manger avec nous le matin au moins.
- Ça va aller, ne vous inquiétez pas, c'était simplement passager. Il faut juste que je fasse moins d'efforts.
- Et comment comptes-tu t'y prendre ? demanda Ron. Demain tu dois t'occuper de l'hippogriffe d'Hagrid.
- Je prendrai du pain au repas de ce soir, ça fera l'affaire demain matin.
Hermione soupira et s'assit près de lui. Le visage d'Harry avait perdu ses couleurs. Ron, lui, avait déjà vu le moldu perdre ainsi sa vitalité. Plus le temps passait, plus il avait l'impression de revivre la fois où Draco avait abandonné Harry, quelques jours avant Noël.
Ron lança un regard à sa sœur et elle comprit tout de suite. Elle prit Dean par la main et le tira de l'autre côté de la salle. Neville et Seamus les suivirent et Ron, Harry et Hermione se retrouvèrent seuls.
- J'ai pas l'intention de te laisser faire, Harry, sache-le, dit soudain Ron.
Le moldu leva les yeux vers lui, surpris.
- Quoi ?
- J'ai pas l'intention de te laisser te priver de nourriture comme l'autre fois. Vous avez des problèmes, parfait, mais c'est pas une raison pour te laisser mourir.
- Je ne me laisse pas mourir, Ron, fit Harry sèchement, les sourcils froncés. Si je meurs, il meurt aussi, et c'est la dernière chose que je souhaite.
- Alors pourquoi tu te morfonds comme ça ?
- Tu ne peux pas comprendre.
- Pourquoi ? Parce que je suis bête ?
- Parce que tu n'es pas l'âme-soeur d'un Particulier.
- La belle affaire…
Harry soupira et balaya la conversation d'un geste de la main. Ron le fusilla du regard puis, sous le regard sévère d'Hermione, finit par se calmer et soupira à son tour. Il se laissa tomber dans l'un des fauteuils devant la cheminée et haussa les épaules.
- J'suis désolé, mais j'ai pas envie que tu te fasses du mal, Harry…
- Je sais. Ça n'arrivera pas, je continuerai à manger, c'est juste que je… je ne veux plus le voir pour l'instant. Je préfère ne plus me rendre dans la Grande Salle pour le moment.
- Laisse-nous t'aider un peu plus alors.
Le brun sourit doucement et lui fit une tape amicale sur l'épaule.
- Merci, Ron. Si tu veux bien me rapporter une tranche de bacon et des œufs durs jusqu'à-ce que j'arrive à y retourner.
- Je rapporterai même de la tarte à la mélasse, dit le rouquin en souriant.
Les trois amis furent pris d'un grand soulagement. Cette histoire de sous-alimentation commençait à peser sur eux. Mais Harry était de bonne foi et ne se privait réellement de nourriture que pour voir Draco le moins possible. Autrement, il avait une faim de loup !
- Harry ? fit Hermione.
- Mmh ?
- Est-ce que tu veux que j'aille lui parler ?
Le moldu blanchit.
- Non.
- Mais vous ne pouvez pas continuer ainsi…
- C'est moi qui suis parti, Hermione.
- Mais enfin c'est ton Particulier.
- Je sais.
Ron se leva soudainement, faisant sursauter les deux amis.
- Vraiment il commence à sérieusement m'énerver ! Bientôt sept ans que je te connais et je ne t'ai jamais connu aussi triste que depuis que tu fréquentes cette fouine !
- Il a un nom, Ron.
- Je t'avais dit qu'il ne fallait pas que tu t'en approches !
- Ron… tenta Hermione.
- Non ! Mon meilleur ami n'avait jamais autant changé avant qu'il ne le rencontre. Il n'a fait que te faire du mal, Harry !
- As-tu donc oublié ? sourit doucement le brun.
- Oublié quoi ?
- Que je n'ai également jamais autant sourit ?
Et Ron, qui avait les poings serrés, fut comme frappé au visage. Le visage du moldu était doux, apaisé, comme bercé par un agréable souvenir qui étira sur ses lèvres roses un sourire tendre et amoureux.
- Draco est quelqu'un de bien, et tu le sais, continua le brun.
- Tu te voiles la face.
- Alors nous sommes deux, Ron.
Le rouquin soupira et abdiqua. Le sourire doux qui restait figé sur le visage du moldu eut raison de lui et il se laissa de nouveau tomber dans le fauteuil près de la cheminée.
- Tu as gagné, Harry…
...
À l'aube du cinquième jour, il fut impossible pour Harry de quitter son lit. La douleur lui paralysait les muscles. Ce n'est qu'après plusieurs minutes d'efforts qu'il arriva enfin à poser le pied à terre sans gémir et à avancer sans vaciller. Il avait atrocement mal dans tout le corps. Il sentait que son corps était ankylosé, comme s'il était victime d'une maladie touchant les os et les muscles.
Ce matin-là, Ron et Ginny lui apportèrent de quoi manger, et ils déjeunèrent ensemble dans la salle commune. Harry put ensuite suivre les deux premiers cours de son emploi du temps particulier, mais lorsqu'il se rendit à son cours de Divination, son corps lâcha. Il fut conduit à l'infirmerie par Luna et Neville qui ne surent quoi répondre à l'infirmière :
- A-t-il mangé ce matin ?
- O-Oui, je crois, Ron et Ginny lui ont apporté à déjeuner, répondit Neville, paniqué.
- Prend-il toujours ses comprimés ?
- Oui, je l'ai vu en prendre un ce matin-même, dit à son tour Luna.
- Depuis quand a-t-il aussi mal ?
- Depuis quelques jours…
- Depuis quand, précisément ? s'impatienta la vieille sorcière.
- Je ne sais pas, dit Neville, tremblant. Deux ou trois jours, peut-être…
- S'est-il exposé à la magie plus que de coutume ?
- Nous ne savons pas… chuchota presque Luna, perdue.
- A-t-il avalé une potion préparée par quelqu'un d'autre que moi ou le professeur Rogue ?
- N-Non, nous ne… nous ne savons pas…
- Mais vous ne savez décidément rien, messieurs dames !
Neville et Luna baissèrent les yeux. Sur un lit blanc au fond de la salle, Harry dormait.
- Prévenez le professeur Trelawney que monsieur Potter ne pourra pas assister au cours de ce matin.
Les deux sorciers hochèrent la tête.
- Et faites venir monsieur Weasley et mademoiselle Granger, ils raccompagneront monsieur Potter à sa salle commune lorsqu'il sera réveillé.
- Bien.
Avec un dernier regard inquiet, Neville et Luna quittèrent l'infirmerie.
Harry passa sa matinée à dormir. Ce fut comme s'il n'avait plus trouvé le sommeil des jours durant. Cela était peut-être vrai. Il n'était pas rare, désormais, de le voir arriver en cours, le matin, les yeux cernés de noir.
- Ah, enfin ! Weasley, Granger, venez par ici ! hurla presque l'infirmière lorsqu'elle aperçut les deux sorciers passer la tête par l'entrebâillement de la porte de l'infirmerie.
- Est-ce qu'Harry va bien ? demanda Hermione.
- Tout va bien Hermione, j'ai juste eu un petit coup de fatigue, mais tout va bien désormais, répondit Harry, assis sur son lit blanc.
- Ron m'avait pourtant assuré que tu avais mangé ce matin ! fit-elle avec un regard sévère vers le rouquin.
- C'était vrai : j'ai mangé même plus que d'habitude !
- Mais alors, pourquoi… ?
- La douleur devient de moins en moins supportable, intervint madame Pomfresh. Il a besoin de repos. Beaucoup de repos.
- Mais, intervint Harry en sautant au bas de son lit. Les examens de fin d'année arrivent bientôt, et je dois avoir des connaissances assez solides pour valider mon année, ce n'est pas le moment de rater les cours !
- Taratata(1), monsieur Potter ! Vous avez interdiction de quitter votre lit pour les trois prochains jours, est-ce bien clair ? tonna la vieille femme.
- Trois jours ?! cria presque Harry, dépité. Mais… mais j'ai des devoirs à rendre, des exposés à terminer !
- J'ai d'ores et déjà prévenu vos professeurs, ils savent que vous serez absent pendant quelques temps. Ils ont remis vos obligations à plus tard, vous n'avez donc plus d'excuse pour réfuter mes ordres : vous resterez tranquille où je vous administrerai moi-même une potion de sommeil sans fin !
Harry déglutit et hocha difficilement la tête, déçu. Les douleurs dans son corps reprenaient déjà de plus belle, et il gémit.
Lorsqu'il regagna son dortoir, Harry passa le reste de son après-midi à son pupitre, à rédiger ses devoirs, écrire ses exposés et lister les ingrédients dont il aurait besoin pour les futurs cours de Potions. Près de lui, Hedwige hululait pour lui tenir compagnie.
Et malgré ses efforts de concentration, malgré toute sa bonne volonté, il finit par se replonger dans ses draps et s'endormit pour oublier la douleur lancinante.
…
Le septième jour, l'école commença à se demander pourquoi le moldu n'apparaissait plus ni à l'heure des repas, ni aux cours de la journée. Déjà presque trois jours qu'il était « absent ». Les rumeurs allèrent bon train, et même les Gryffondor qui savaient qu'il était dans leur dortoir, espéraient qu'il y reste et qu'il n'en sorte plus.
L'après-midi était déjà bien entamé, et dans la salle commune de Gryffondor tous étaient occupés. Certains révisaient en vue des prochains examens, d'autres parlaient du prochain match de Quidditch qui opposerait Gryffondor à Poufsouffle. D'autres encore jouaient à des jeux de société sorciers, ou s'échangeaient des cartes de chocogrenouilles.
Soudain, le tableau de la Grosse Dame pivota et tous les regards se portèrent vers l'intrus qui en franchissait déjà le seuil :
- C'est le dortoir des Gryffondor ici, dégage, Malfoy ! cria un Septième Année, tentant de lui barrer le passage de son corps.
Draco l'écarta d'une main ferme, et ce fut comme si l'élève ne pesait rien. Il avança.
- Où est-il ? demanda-t-il d'une voix calme.
Ron qui était assis dans un des fauteuils près de la cheminée se leva et se planta devant le Serpentard, le regard noir.
- Sors d'ici, Draco.
- Où est-il ? répéta simplement le blond.
Draco était incroyablement calme, mais son corps imposant et tendu témoignait de sa forte détermination. Ron croisa les bras sur son torse, le regard défiant.
- Il ne veut pas te voir pour le moment.
- Tu ne réponds pas à ma question.
Le rouquin serra les dents et son visage se fit hargneux.
- Tu te souviens la promesse que je t'ai faite ?
- Où est-il ? demanda encore Draco, impassible.
- Ce n'était pas des paroles en l'air. Harry se borne à dire que tu es quelqu'un de bien, mais tu casses tout ce que tu touches. Va-t'en.
- Ron, je ne veux pas te faire de mal. Où est-il ?
- C'est une menace ?
- Réponds-moi.
- C'est une menace ?!
Le rouquin saisit sa baguette et Draco leva la main dans un geste rapide, mais aucun d'eux n'eut le temps de lancer le premier sortilège : Harry avait descendu les escaliers du dortoir en trombe et était arrivé dans la salle commune, alerté.
- Je suis là, Draco. Ne lui fais pas de mal, dit-il tout à coup.
Ron se retourna et la main de Draco se baissa aussitôt.
La scène fut trop rapide : Draco se précipita sur Harry qui n'eut pas le temps de bouger et les deux jeunes hommes disparurent dans un bruit sourd et sec. Les élèves ne comprirent pas tout de suite ce qu'il s'était passé. Enfin, Ron hurla et donna un coup de poing rageur dans l'un des murs de la salle commune : Draco avait transplané et avait emporté Harry avec lui.
...
Harry sentit ses pieds vaciller lorsqu'il atterrit sur la rive du Lac Noir et il tituba. Il ne savait pas exactement ce que Draco lui avait fait, mais il s'était senti opprimé, écrasé, compressé dans un tunnel de caoutchouc étroit et se retrouvait désormais près du chêne centenaire du lac contre lequel il s'appuya pour rester debout. Harry secoua la tête et tenta de reprendre ses esprits, mais son corps était encore trop soumis à l'explosion de magie qu'il venait de vivre.
Tout à coup, toujours perdu, il se sentit plaqué contre le tronc de l'arbre et écarquilla les yeux. Draco, le visage ravagé par la tristesse, posa violemment sa bouche sur la sienne et pressa son corps contre le sien.
Harry sentit son corps se réchauffer instantanément et son cœur battre plus vite qu'il ne l'avait fait ces sept derniers jours. L'atroce douleur qui le torturait depuis des jours s'était totalement évanouie lorsque Draco avait posé les mains sur lui. Les lèvres du blond étaient à la fois douces et fermes et le poids de son étreinte fit se tordre son estomac de bonheur. Un soulagement et une chaleur puissante lui parcoururent les veines.
Pourtant, il tenta de le repousser. De toutes ses forces il poussa ses épaules, son torse, son ventre, mais le corps de Draco était trop lourd et trop massif pour lui. Alors il tourna la tête, descellant leurs lèvres et dit « Non ». C'est alors que le blond posa son front contre le sien et ferma les yeux à s'en faire mal.
- Harry… murmura-t-il. Je t'en prie, cesse de me punir…
Alors le corps du moldu se figea et il cessa de se débattre. Draco lui tenait les poignets pour l'empêcher de le repousser et de partir. Leurs fronts toujours collés, Harry regardait le sol avec des yeux écarquillés tandis qu'il entendait Draco respirer comme un animal blessé.
- Je suis désolé… je n'aurais pas dû te dire de telles choses… mais par pitié, reviens.
Harry n'avait jamais vu Draco ainsi. Jamais, un seul instant, il n'aurait cru que la douleur que Draco pouvait ressentir était aussi forte, aussi viscérale. Draco pensait donc qu'il le punissait de lui avoir fait si mal, dans la Salle sur Demande…
- Je m'en veux tellement, continua le blond, le corps tremblant, les mains fermement closes sur les poignets du Gryffondor. Il faut que tu reviennes…
- Draco, je…
- J'ai trop mal.
Et le cœur d'Harry manqua un battement. Il releva les yeux : le visage de Draco était livide, défiguré par la douleur. Il ne le supporta pas. Draco avait tellement mal… Tellement mal. Il sentit son cœur se briser de peine et se gonfler d'un amour qu'il avait tenté d'oublier ces derniers jours. Draco était l'amour de sa vie, et le voir souffrir ainsi l'emplit d'une puissante culpabilité.
Il leva les mains et Draco lui lâcha les poignets. Il saisit le visage du Serpentard et décolla leurs fronts. Alors, il planta ses yeux dans les siens. Draco semblait vouloir mourir tant il était blessé. Leurs yeux se croisèrent et ils restèrent là, se perdant dans le regard l'un de l'autre. Alors, lorsqu'Harry ferma les yeux et posa doucement ses lèvres sur les siennes, Draco passa ses mains dans son dos et le serra contre lui aussi fort qu'il put. Il semblait vouloir ne faire qu'un avec le Gryffondor… Il semblait vouloir s'imprégner de son corps, de son odeur, de son être tout entier. Et Harry glissa ses mains autour de la nuque du blond qui l'embrassa comme si c'était la première fois.
Là, tout contre ce chêne qui avait vu naître leurs premiers émois, ils se retrouvaient enfin, après une absence qui leur avait paru durer une éternité. Et leurs corps retrouvèrent les couleurs qu'ils avaient perdues et la fougue qu'ils avaient oubliée. Draco approfondit le baiser, mêlant sa langue à celle du moldu qui gémit en l'accueillant en lui, répondant au baiser aussi fort qu'il le pouvait, se mettant sur la pointe des pieds, s'agrippant au cou du blond de peur qu'il ne disparaisse de nouveau. De peur qu'ils ne soient de nouveau séparés.
Harry sentit le corps du Serpentard se faire rude, pressant. Et le sien répondit avec la même ardeur : ils s'étaient tant manqués.
Enfin, après de longues minutes pressés l'un contre l'autre, leurs visages se séparèrent et leurs souffles s'entremêlèrent. Harry posa sa tête tout contre le torse du Serpentard qui ne le lâchait pas, et Draco posa sa joue dans ses cheveux. C'était comme si rien ne s'était passé. Le temps sembla se figer, les glaçant dans cet instant qu'ils avaient tant espéré depuis une éternité. Le vent souffla, et Harry frissonna.
Ils sentirent alors tomber sur le sommet de leurs têtes des gouttes de pluies qui les firent trembler. Pourtant, ils restèrent là, impassibles. Alors que la pluie se faisait progressivement plus froide et agressive, Harry leva enfin les yeux :
- Nous devrions rentrer, nous allons être trempés.
- Restons encore un peu.
Draco s'assit au sol, entre deux grosses racines et ouvrit sa cape. Harry s'assit près de lui. Le blond passa alors son bras autour de ses épaules et l'enveloppa de sa cape noire. Le moldu se recroquevilla tout contre lui, cherchant sa chaleur. Sans que Draco ne fasse le moindre mouvement ni ne dise le moindre mot, les gouttes de pluies cessèrent de les toucher. Levant la tête, Harry aperçut au-dessus d'eux comme un bouclier invisible, tel un parapluie magique, où venaient se heurter les gouttes de pluie avant de couler lentement autour d'eux, les évitant habilement.
- C'est magnifique, sourit le moldu.
- Je sais, répondit le blond en le serrant contre lui.
Sous l'arbre, ils restèrent encore de longues minutes, se concentrant sur le corps de l'autre et cette présence qu'ils ne voulaient plus jamais voir s'éloigner. La pluie faisait monter dans les airs une odeur humide de bois et d'herbe mouillés. Devant leurs yeux, le Lac Noir, d'habitude si lisse, semblait avoir pris cent ans et étalait ses rides ondulantes causées par la pluie.
Alors que le corps d'Harry se détendait, bercé par les gouttes qui heurtaient le sol, il entendit Draco souffler un grand coup et le serrer plus fort encore contre lui.
- Je suis tellement désolé, Harry, dit doucement le blond.
Draco avait les yeux perdus sur le lac. Il semblait pensif. Pourtant, Harry pouvait voir que son visage était froissé par le chagrin et la peur. Son bras le serrait si fort qu'Harry sentait qu'en d'autres circonstances, Draco aurait pu lui faire mal.
- Je ne voulais pas que tu partes… je ne voulais pas te faire de mal.
- Est-ce que tu pensais vraiment… ce que tu as dit ? demanda doucement Harry, le regard triste. Est-ce que tu aurais préféré que ce ne soit pas moi ?
Draco serra les dents. Son corps trembla et Harry rentra sa tête dans ses épaules, de peur d'entendre une lame, un couperet qui lui fracasserait le cœur.
- Oui, dit enfin Draco.
Et Harry sentit son corps refouler un haut-le-cœur tellement il eut mal. Ses yeux se perlèrent de larmes et il esquissa un mouvement pour s'enfuir, mais le bras de Draco était trop fort, il ne put pas bouger. Mais, aussitôt, la voix de Draco reprit :
- J'aurais voulu que ce ne soit pas toi, parce que tu ne mérites pas de vivre tout ça. C'est à cause de moi que tu souffres ainsi.
Harry releva les yeux. Draco était impassible, et pourtant, sa gorge déglutissait avec difficulté et douleur.
- Draco je… je ne comprends pas…
Le Serpentard lui fit un sourire doux et le souleva délicatement. Harry se laissa faire. Draco le posa alors sur ses genoux, tout contre son torse et referma ses bras sur lui. Le Gryffondor posa sa tête contre lui et se recroquevilla dans ses bras.
- J'aurais voulu que ce ne soit pas toi, poursuivit le blond, parce que je ne fais que te gâcher la vie. J'aurais voulu que tu puisses vivre une vie tranquille et heureuse.
- Mais je suis heureux avec toi, Draco.
- Ce que je veux dire, dit-il en posant une main rassurante sur la tête du brun, c'est que si je n'étais pas ton Particulier, ta vie n'aurais jamais été en danger.
- Comment ça ?
Draco soupira lourdement et posa sa joue dans les cheveux du moldu.
- C'est parce que je suis ton âme-sœur que tu es obligé de rester à Poudlard. C'est parce que je suis ton âme-sœur que tu dois subir l'agressivité des élèves et du Ministère. Si je n'étais pas dans ta vie, Dumbledore t'aurait déjà renvoyé chez toi et tu n'aurais pas eu à subir tout ça. Mais il sait que s'il nous sépare, la douleur sera insupportable. Alors il te laisse subir ça.
- Mais…
- J'aurais voulu que ce ne soit pas toi, Harry. Parce que mon être lui-même te fait du mal.
Harry baissa les yeux.
- Ma magie est trop puissante, et tu ne la supportes pas. Comment pourrais-tu vivre avec moi alors que je risque de te blesser avec le moindre sortilège ? J'aurais voulu que tu ne risques pas ta vie à chaque instant. J'aurais voulu que ce ne soit pas toi.
- Mais Draco, dit tout à coup Harry, s'agrippant à la chemise du Serpentard qui ferma plus fermement encore ses bras autour de lui, comme pour le rassurer. Pourquoi vouloir développer ta magie si je ne la supporte pas ? Je… je ne dis pas que tu ne dois pas le faire, bien au contraire, je suis vraiment fier de voir tes progrès incroyables… mais si tu as si peur de me faire du mal, pourquoi continuer ?
Draco soupira lourdement et posa un baiser sur le sommet du crâne du Gryffondor. Harry entendit son cœur battre avec une rapidité déconcertante. Le corps du blond trembla et ses doigts se serrèrent sur celui du moldu.
- Parce que je dois te protéger, Harry.
Harry baissa les yeux.
- Je te promets de faire attention, souffla enfin le moldu. Je te promets de toujours circuler en étant accompagné, de toujours utiliser les passages secrets de la Carte, de rester loin des autres élèves de l'école, mais s'il te plait, je ne veux pas que tu sois malheureux à cause de ça… ces entrainements… tu n'es pas obligé de les subir, Draco.
- Ce n'est pas ça, Harry. Les élèves de l'école ne te feront rien tant que je serai près de toi, entrainements ou non.
- Mais alors, pourquoi est-ce que… ?
- Je t'ai menti. Ce n'est pas pour cela que je veux suivre ces entrainements.
- Pourquoi, alors ?
Le Serpentard pinça les lèvres et caressa doucement le dos du brun. Enfin, il ouvrit la bouche :
- C'est parce que tu as été empoisonné.
Les yeux du moldu s'écarquillèrent. Il leva la tête : Draco fixait toujours le lac, mais son souffle était saccadé, presque colérique.
- Je dois te protéger, Harry, continua-t-il. Cet empoisonnement… n'était que le début. Le Ministère te veut du mal, et je dois être capable de te protéger.
Le Gryffondor ne sut quoi répondre. Draco était rongé par une peur viscérale, incroyablement puissante, qui le poussait à aller au delà de ses limites magiques pour développer au maximum ses capacités dans l'unique but de le protéger.
- Tant que tu resteras ici, avec moi, à Poudlard, tu ne seras pas en sécurité. Si par malheur un jour quelqu'un arrivait à te… te… je ne le supporterais pas. Il faut que tu vives, Harry. Et pour cela, je dois m'entrainer pour pouvoir te protéger.
Harry resta muet, complètement sonné. Il ne s'était pas douté une seule seconde des pensées qui torturaient ainsi l'esprit de Draco, de cette peur qui motivait ses entrainements.
- Est-ce que tu comprends, désormais, pourquoi il faut que je devienne plus fort, Harry ?
- Draco…
- Il faut que tu comprennes. Je ne peux pas vivre sans toi. Et la seule manière de m'assurer qu'il ne pourra rien t'arriver, c'est de devenir plus fort.
- Je comprends… chuchota Harry, se serrant contre le corps du blond.
- J'avais tellement peur… et je m'en voulais tellement…
- Peur de quoi ?
- Peur de te perdre… peur qu'on te refasse du mal. Je n'ai pas su te protéger, ce jour-là.
- Ce n'est pas ta faute, dit le moldu en posant une main rassurante sur la joue du Serpentard qui baissa enfin les yeux sur lui. Personne n'aurait pu prévoir ce qu'il s'est passé.
- Mais je suis ton Particulier… si je suis incapable de te protéger, qui le fera ?
- Ce n'était pas ta faute…
- J'étais tellement en colère contre moi. Je n'arrivais pas à développer mes pouvoirs comme je le souhaitais. Ça n'allait pas assez vite… et je savais que le Ministère n'hésiterait pas à te refaire du mal… j'avais tellement peur.
Le moldu posa ses lèvres sur celles du blond. Draco soupira avec tellement de douleur qu'Harry crut qu'on lui avait arraché le cœur. Les yeux du Serpentard étaient si tristes que le moldu se rendit enfin compte du mal qui rongeait réellement le sorcier. Il se faisait subir à lui-même un jugement et une pression incommensurables. Draco était constamment torturé par l'empoisonnement dont il avait été témoin. Et ce souvenir était désormais le poison qui le tuait à petit feu.
- Alors, reprit le blond, quand tu es venu ce jour-là, dans la Salle sur Demande, et que ta présence m'a fait oublier la douleur, ma magie m'a échappée, je n'ai pas su la contrôler. Le professeur Rogue a pu pénétrer dans mon esprit et l'un des miroirs s'est brisé. C'était tellement plus facile de t'en vouloir à toi… alors que c'est moi et moi seul qui suis censé maîtriser mes émotions et ma magie. C'était tellement plus facile d'accuser ta présence…
- Draco…
- Si tu savais comme je suis désolé, Harry.
Harry posa de nouveau sa bouche tout contre les lèvres du Serpentard et l'embrassa avec toute la douceur qui lui eut était donné. Son cœur battait à une vitesse incroyable et il pouvait sentir, dans chaque souffle émis par Draco, une culpabilité bien trop longtemps cultivée. Alors Harry chuchota doucement un « Je t'aime » qui se perdit instantanément dans la violence du baiser qui suivi. Draco le serra contre lui, ancrant son odeur en lui, surplombant son corps et l'empêchant de bouger. Alors Harry répéta sa phrase, encore et encore et encore :
- Je t'aime.
Et tout fut pardonné.
Draco le serra plus fort encore contre lui et posa un baiser sur son front. Son corps se détendit alors instantanément de soulagement. Ils restèrent soudés l'un à l'autre durant de longues minutes. Seul le clapotis des gouttes s'écrasant sur le sol et l'immense lac venait briser le silence qui s'établissait entre eux. Draco avait désormais le corps complètement relâché, détendu.
Harry avait compris, Harry lui pardonnait, et c'était tout ce qui comptait.
- Je suis désolé aussi, Draco, dit soudain le Gryffondor.
- De quoi ?
- De ne pas avoir vu tout ça… de ne pas avoir vu que tu souffrais autant… j'ai été tellement égoïste…
Et Draco sentit couler sur lui une goutte d'eau. Il leva les yeux : son sortilège faisait toujours effet. Alors il baissa la tête et vit les yeux d'Harry s'embuer de larmes chaudes. Il sentit son cœur s'ouvrir en deux.
- Harry…
- Je me sentais si seul, Draco… chuchota le moldu. Tu ne me parlais plus, je ne te voyais plus… j'ai eu si peur que tu ne m'aimes plus… alors quand tu m'as dit de choisir entre rester et partir, j'ai cru que tu serais mieux sans moi… j'ai cru que tu voulais que je parte, pour que tu retrouves ta liberté… que tu puisses t'entrainer comme tu le désirais… je n'avais pas vu, je n'avais pas compris…
- Ce n'est pas ta faute. J'aurais dû te le dire, je n'aurais pas dû te mentir. Je n'aurais jamais dû te dire de telles atrocités.
- Si, c'est ma faute, Draco. Tu as raison de dire que tu aurais voulu que ce ne soit pas moi, ton âme-sœur.
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Ça m'a également effleuré l'esprit… si ça n'avait pas été moi, tu aurais été tellement plus heureux, Draco… avec une sorcière ou un sorcier, tu n'aurais pas eu à protéger ton âme-sœur du reste de l'école, ou du Ministère de la Magie… tu n'aurais pas à t'entrainer aussi souvent… et tu n'aurais pas à t'inquiéter de la puissance de ta magie… ça n'aurait pas dû être moi…
- Mais, par miracle, c'est toi.
Le visage d'Harry se redressa soudainement et les lèvres du blond s'écrasèrent sur les siennes avec amour. Draco attira son visage contre lui, enfouissant sa langue dans la bouche du moldu qui haletait tout contre son corps. Harry lui rendit son baiser en passant ses bras autour de sa nuque : glissant ses mains dans ses cheveux, caressant son cou, se pressant contre lui. Les bras du blond le tenaient si fermement qu'il se sentit emprisonné dans un cocon de chaleur et de force. Il se sentait rassuré, complètement abandonné et certain que jamais il ne voulait être ailleurs que dans les bras du Serpentard. Draco détacha leurs lèvres et ancra ses yeux dans les siens :
- Merlin, quel miracle que ce soit toi.
Le cœur d'Harry battit si fort dans sa poitrine qu'il eut le souffle coupé et tira de nouveau le visage du Serpentard contre ses lèvres roses. Il embrassa le blond avec fougue et sentit le souffle de celui-ci réchauffer son visage. Draco lui souriait désormais et Harry sentit un sourire étirer son propre visage avec une force incroyable. Il ne le contrôlait pas. Il souriait, tout simplement.
- Ça ne peut être que toi, sourit le blond, détaillant chaque élément du visage du Gryffondor, comme s'il le découvrait pour la première fois. Jamais je ne veux que ce soit quelqu'un d'autre. Même si ce n'est pas aussi simple que nous le voudrions, quelle chance que ce soit toi, Harry.
La pluie continua doucement à tomber, gelant les deux jeunes hommes qui, à la seule force de leur présence, se réchauffèrent l'un l'autre. Et lorsqu'Harry s'endormit dans les bras du blond, Draco aperçut l'anneau argenté sur l'annulaire gauche du moldu et il sut que ça n'aurait jamais pu être quelqu'un d'autre. Ce n'était pas le hasard. C'était le destin.
(1) : Tic de langage issu du personnage de Scarlett O'Hara d'Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.
Et voilà ! Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?
Un chapitre riche en rebondissements ! Comme vous pouvez le voir, nos héros ont parfois des problèmes de communication.
N'hésitez pas à me laisser une review pour me dire votre avis, vos impressions, ce que vous en avez pensé :D. Ça me fait toujours très plaisir et ça m'encourage beaucoup.
Dans le prochain chapitre il y aura une accalmie et nous en apprendrons un peu plus sur Draco :).
Merci d'avoir lu ! J'espère que ce chapitre vous aura plu et qu'il vous aura envie de lire la suite.
Je vous embrasse, à mardi prochain :D.
