Bonjour,
Tout d'abord je voulais vous remercier, tous, pour vos reviews concernant le précédent chapitre ! Vos avis, quels qu'ils soient, sont toujours très intéressants à lire pour moi. C'est important pour moi de savoir que cette histoire vous plait ou vous mène à des réflexions. Merci de tout mon cœur, chaque review est importante et m'encourage beaucoup. Continuez comme ça, vous êtes géniaux ! Merci, merci, merci !
Dans le chapitre précédent, vous avez été quelques uns à trouver la réaction de Draco démesurée et... Je suis complètement d'accord avec vous. Ils sont tous les deux très jeunes, et Draco a été plutôt violent et colérique face à la réponse négative d'Harry. Vous verrez dans ce chapitre que lui-même ne comprend pas réellement pourquoi il agit de la sorte (rencontrer son âme-soeur a définitivement bouleversé sa vie). Mais nous aurons des explications plus tard, dans l'histoire : un peu de patience :D.
Aujourd'hui, dans ce chapitre, la discorde continue, malheureusement.
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Bonne lecture !
Chapitre 21 : Endoloris.
Trois semaines. Trois longues semaines qu'Harry ne dormait plus. Désormais, il vivait seul.
Au début, ses amis, voyant ses yeux rougis chaque matin par l'agitation de la nuit, et son corps fatigué, lui avaient proposé de retourner dormir dans le dortoir des Gryffondor. Harry avait accepté, mais cela n'avait rien changé. Bien au contraire, ce fut même pire. Il ne supporta pas longtemps de déranger le sommeil de ses amis, et retourna dormir dans sa chambre au bout de quelques jours à peine.
Car Harry se réveillait chaque nuit en sursautant, le dos en sueur et les yeux pleins de larmes. Chaque nuit il hurlait, criait et se tordait comme si son corps était embrasé. Et au petit matin, la voix brisée et le dos bleuit, il se rendait péniblement à ses cours. Son visage était pâle, et s'émaciait peu à peu. Pourtant il continuait à manger. Mais c'était comme si ses rêves aspiraient son énergie vitale et le laissaient pantois à l'aube.
Car il rêvait. Toutes les nuits, sans aucun répit, il rêvait. Et c'était toujours le même rêve. Celui-là même qu'il redoutait tant. Celui qu'il détestait. Sans aucun moyen de fuir, il le voyait, encore et encore, et le subissait chaque nuit.
Il revoyait cet homme devant la fenêtre de sa chambre. Il ne voyait jamais son visage, ne distinguait jamais ces traits. Ce n'était qu'un homme qui, dans les ténèbres, disparaissait. Et Harry lui hurlait de revenir, de ne pas l'abandonner, et il pleurait, englouti par le froid et la peur. Il tendait les mains, et appelait encore, et encore, et encore. Mais jamais personne ne lui répondait. Et il ne pouvait rien faire, même pas fuir, figé dans la nuit noire, condamné à voir s'effacer devant ses yeux l'image de la seule personne qui lui restait.
Lorsqu'il se réveillait, hurlant et déchirant ses draps, il était au bord de la mort. Il suffoquait, manquait d'air, et tremblait de tous ses membres. Il avait chaud, incroyablement chaud, mais le bout de ses doigts étaient gelés, des perles de sueurs coulaient le long de son corps et il était incapable de bouger, comme pétrifié dans son énorme lit blanc.
Alors, pour ne plus vivre cela, Harry avait tout essayé. Il avait réclamé à madame Pomfresh une potion de sommeil sans rêve. Ce fut en vain qu'il se borna à la prendre, gardant l'espoir qu'elle fonctionnerait un jour. Il essaya de lire jusqu'à-ce qu'il tombe de fatigue, espérant que les histoires de ses lectures prendraient vie dans ses songes. Peine perdue. Au bout de quelques jours, il refusa tout bonnement de dormir. Et il garda irrémédiablement les yeux ouverts. S'activant pour ne pas tomber de fatigue, bougeant, marchant, courant pour garder les paupières ouvertes. Chaque soir il faisait les cent pas dans sa chambre, et le tapis commençait à s'élimer au contact de ses pieds. Il ne voulait plus dormir. Il ne le pouvait plus… Pas alors qu'il souffrait tant. Pas alors que chaque fois qu'il fermait les yeux il vivait inlassablement le même supplice. Alors il restait éveillé, aussi longtemps qu'il le pouvait.
Combien de fois s'était-il retrouvé allongé au milieu de sa chambre, à même le sol, mort de fatigue ? Combien de fois avait-il hurlé dans les salles de classe, au milieu des cours, après s'être endormi sur ses parchemins ? Harry ne les comptait plus.
Il avait besoin d'aide, mais personne ne pouvait faire quoi que ce soit. Et la seule personne qui le pouvait, elle, n'était plus là.
Harry mangeait chaque jour avec ses amis, il se nourrissait correctement, mais son corps, épuisé, brûlait son énergie dans les cauchemars infernaux, et sans n'y pouvoir rien faire, il maigrissait. Impuissants, Ron et Hermione remplissaient un peu plus son assiette chaque jour, dans l'espoir que les nutriments qu'il ingérait profiteraient à son corps éveillé. Sans succès.
Le Gryffondor n'avait plus peur de se rendre dans la Grande Salle. Si, au début, il avait refusé d'y aller de peur de croiser le Serpentard, désormais, ce fut comme s'il n'existait pas. Alors même qu'il le cherchait constamment des yeux, alors même qu'il espérait croiser son regard, intérieurement, il était comme résigné. Et pourtant, il avait incroyablement mal. C'était intolérable. La seule chose qui empêchait son corps de se tordre de douleur à chaque instant était la proximité du blond. Ils étaient tous les deux toujours dans l'école, alors la douleur qu'ils ressentaient étaient lancinante et durable, mais pas encore trop aiguë pour les empêcher de bouger. Harry, néanmoins, perdait ses forces et sa vitalité. Il s'arrêtait parfois, au milieu d'un couloir, la main sur le cœur, les jambes flageolantes. Il s'écroulait, parfois, en plein cours, et était conduit à l'infirmerie. Cela devenait insupportable. Intolérable.
...
- Dégage, Potter !
Harry heurta le mur de pierre du couloir Est. Son bras lui fit atrocement mal et il serra les dents de douleur.
- Fous-lui la paix, Cormac ! éructa Ron, s'interposant.
- Si t'es venu à Poudlard pour chialer tu peux rentrer chez tes moldus de parents ! continua l'élève de Gryffondor face à lui.
- Je t'ai dit de lui foutre la paix !
- Tu sers à rien ici, Potter ! Tu crois qu'on va laisser un moldu faire sa loi à Poudlard ?!
- Mais qu'est-ce que tu racontes, putain ?! cracha Ron.
- Ça te plait d'avoir ta propre chambre, et tes propres cours ? On voit qui est le petit préféré de Dumbledore, ici !
- Ferme ta gueule, Cormac !
- Sale moldu puant !
Et Ron se jeta sur le Gryffondor. Harry se précipita sur les deux hommes à terre qui se lançaient de violents coups de poings au visage et tenta de les séparer.
- Laisse, Ron, viens !
Mais il reçut un coup en plein ventre et se plia en deux. Il fallut quatre Septièmes Années pour réussir à les séparer.
- T'as intérêt à fermer ta grande gueule, Cormac, ou je te jure que la prochaine fois tu te relèveras pas ! hurla Ron alors qu'un Serdaigle l'éloignait de la zone de lutte.
- Toi et ton foutu moldu d'ami vous feriez mieux de dégager d'ici, Weasley ! Sale traitre à ton sang !
Ron se dégagea de la prise du Serdaigle d'un mouvement colérique et essuya un filet de sang qui coulait le long de sa bouche.
- Viens Harry !
Le moldu baissa les yeux et suivit le rouquin qui marcha d'un pas vif en direction de la salle commune des Gryffondor. Lorsqu'ils y entrèrent, Hermione leva les yeux et blanchit :
- Oh mon Dieu, Ron ! dit-elle en se précipitant sur le rouquin. Mais que s'est-il passé ? Pourquoi es-tu… ?
- Ça va, dit rageusement le rouquin, attrapant un mouchoir en papier sur la table et essuyant les traces de sang sur ses doigts.
Elle était paniqué. Alors, Ron lui embrassa le front et la prit dans ses bras.
- Je te dis que ça va, Hermione. Cormac a encore fait des siennes.
- Qu'a-t-il fait ? demanda la sorcière en aidant le rouquin à s'asseoir près de la cheminée.
Harry s'assit dans l'un des fauteuils, le regard bas et vide.
- Il a encore emmerdé Harry, voilà ce qu'il a fait !
- Il t'a fait du mal, Harry ?
Le moldu secoua la tête, sans dire un mot.
- Arrête de mentir ! cria alors Ron.
- Il t'a bousculé ? questionna Hermione, d'une voix douce.
Harry soupira, ses doigts étaient crispés sur sa robe de sorcier.
- Oui, mais c'était rien, il a déjà fait pire.
- Il aurait fait pire si je n'étais pas intervenu, râla le sorcier.
- T'aurais pas dû te battre, Ron, dit le moldu.
- Alors ça c'est la cerise sur le gâteau ! T'aurais voulu quoi ? Que je le laisse te brutaliser ? Désolé mais c'est pas comme ça que je conçois l'amitié. Tu pourrais au moins me remercier !
- Je te remercie, dit précipitamment Harry. Mais c'est peine perdue, ça ne sert à rien, ils me détestent tous. On ne peut pas se battre contre eux.
- C'est pas une raison pour te laisser faire ! Je ne serais pas toujours là, Harry, faut que t'apprennes à te défendre un peu tout seul !
- Je pense qu'il faut que ça s'arrête.
Ron et Hermione échangèrent un regard. Le Gryffondor était recroquevillé sur lui-même, infiniment petit dans le fauteuil de velours rouge. Hermione haussa un sourcil interrogateur.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je crois que c'était une erreur. Je n'aurais jamais dû venir à Poudlard.
- Mais qu'est-ce que tu racontes encore, Harry ? s'agita Ron. Poudlard c'était ton rêve !
- Oui, et ça l'est toujours. Mais c'est trop difficile… je pensais que ça serait merveilleux… que je verrais la magie de près, que j'apprendrais de nouvelles choses…
- Ce n'est pas ce qui est arrivé ? demanda Hermione.
- Si. Mais je n'étais pas prêt à… à affronter tous ça… les élèves, le Ministère et… Draco…
Les lèvres du rouquin se pincèrent et Hermione posa une main rassurante sur le bras du brun.
- On sait qu'il te manque, Harry. Il reviendra. Il revient toujours.
- Je n'étais pas prêt, Hermione. Je n'étais pas prêt à vivre ce que je vis, à ressentir ce que je ressens… personne ne m'a prévenu que ça serait si difficile.
Ron soupira et jeta son mouchoir au feu.
- On ne le savait pas non plus, Harry. Je regrette le temps ou on jouaient à Mario Bros en multijoueur, rit-il.
- La vie était tellement plus facile, sourit le brun.
Ron s'affala dans le sofa et étendit ses pieds sur la table basse.
- Je ne comprends pas pourquoi il t'impose ça.
- Ron ! le réprimanda Hermione.
- Quoi, c'est vrai. Je ne t'imposerais jamais ça, moi, Hermione.
- Ce n'est pas pareil… murmura la jeune femme. Moi je suis une femme. Avoir un enfant avec toi serait la continuité logique de notre relation. Draco n'avait pas forcément prévu de devoir renoncer à être père.
- Quoi, il était hétéro avant de rencontrer Harry ?
- Je ne sais pas.
- Alors ?
- Je crois que c'est plus profond que ça. Il doit avoir une blessure enfouie en lui.
- Comme quoi ?
- Je ne sais pas. Mais cette histoire d'enfants… on dirait qu'il en a besoin.
Harry souffla et posa une main fatiguée sur son front.
- Mais je ne peux pas, Hermione… murmura-t-il. Je ne peux pas…
- Je sais, Harry, dit-elle d'une voix rassurante. … Pour le moment.
- Non, je ne pourrai pas… ni maintenant, ni jamais…
- Laisse-toi le temps d'y penser.
- C'est déjà tout réfléchis, Hermione…
- Laisse-toi le temps, répéta la jeune femme.
Harry finit par hocher la tête, sachant pertinemment qu'il ne changerait pas d'avis.
Il était incroyablement fatigué et ses yeux commencèrent à se fermer doucement.
- Tu veux dormir ici ? dit soudain Hermione. C'est bientôt la fin de la journée, les élèves ne vont pas tarder à rejoindre leurs dortoirs.
- Si Cormac se pointe et ose faire la moindre remarque je lui casse la figure une seconde fois ! siffla le rouquin.
- Non, ne t'inquiète pas, Ron. Je ne vais pas tarder à rejoindre ma chambre.
- Tu es sûr ? Il y a toujours un lit pour toi ici, dit Hermione.
- J'en suis sûr, sourit le moldu.
- Bon.
- Non mais vraiment, continua Ron, fâché. Cette fois, il a vraiment dépassé les bornes, ce salaud de Cormac !
- Pourquoi ? dit Hermione, surprise.
- Il a traité Ron de… hésita Harry. De « traitre à son sang ».
Et Hermione posa une main choquée sur sa bouche.
- Et tout le monde l'a… ? demanda la sorcière.
- Ouais, tout le monde l'a entendu, siffla Ron. Mais c'est pas pour moi que je m'en fais. C'est surtout pour mon père, au Ministère.
- Pourquoi est-ce si grave ? fit Harry.
- Si Ron est soupçonné d'être un traitre parmi les sorciers, s'il est soupçonné de vouloir se rapprocher des moldus, il peut être considéré comme un élément très perturbateur. Le Ministère peut ouvrir une enquête et estimer si oui ou non il compte commettre des actes allant à l'encontre de la communauté sorcière.
- Un peu comme avec le professeur Dumbledore ?
- C'est ça. Une enquête a été ouverte pour s'assurer que Dumbledore n'est pas de mèche avec le gouvernement moldu pour exposer le monde sorcier au reste de l'humanité. Pour l'instant ils n'ont pas encore fermé l'enquête, Dumbledore est donc toujours suspecté.
- Mais, Ron n'a rien à voir avec le gouvernement moldu. Moi non plus, d'ailleurs.
- Ça nous le savons. Mais eux, non.
- Ça peut nous retomber sur le coin de la tête à tout moment, souffla le rouquin. Surtout pour mon père.
- Pourquoi ? Qu'est-il arrivé à monsieur Weasley ?
- Il commence à être surveillé, déjà, dit finalement Ron.
Le moldu et la sorcière ouvrirent de grands yeux.
- C'est vrai… ils savent que t'es mon voisin, Harry, qu'on se connait depuis longtemps. Et ils ont peur que mon père, travaillant au Ministère, joue le rôle d'espion de Dumbledore.
- Un espion pour Dumbledore ?
- Ouais. Il a toujours été passionné par les moldus. D'ailleurs, comme tu le sais, il milite pour l'égalité entre les sorciers et les moldus, et travaille au Service des détournements de l'artisanat moldu. Alors ça n'étonnerait personne qu'il suive Dumbledore dans ses potentiels desseins de dévoiler notre monde aux moldus.
- Mais c'est inconcevable ! Jamais il ne ferait une chose pareille !
- Ce n'est pas ce que semble penser le Ministère.
Harry se prit la tête entre les mains et soupira avec violence.
- Vraiment je n'aurais jamais dû venir à Poudlard. À cause de moi tout le monde a des problèmes.
- Ce n'est pas toi véritablement qui dérange, Harry, dit alors Hermione.
- Comment ça ?
- Il y a toujours eu des sorciers pour détester les moldus. Dans les années trente, un célèbre sorcier, Gellert Grindelwald, a entamé une guerre pour asservir les moldus aux sorciers. Il n'était pas loin de réussir.
- Qu'est-ce qui l'en a empêché ?
- Dumbledore.
- Comment ? s'étouffa Harry.
- Oh mais détrompe-toi. Dumbledore était de son côté, au début. Ils partageaient les mêmes idéologies. Ils pensaient tous les deux que les moldus étaient des êtres inférieurs et que les sorciers devaient asseoir leur domination sur le monde.
- Dumbledore a… voulu asservir les moldus ? souffla Harry, les yeux écarquillés, sentant monter en lui un sentiment de trahison.
- Oui, en quelques sortes. Mais il s'est finalement détaché de Grindelwald et a fini par devenir directeur de Poudlard. Là, il s'est grandement assagit et ses convictions ont changées.
- Mais je ne comprends pas, Hermione… dit Harry. Si Dumbledore était contre les moldus, pourquoi le Ministère le redoute-t-il autant aujourd'hui ?
- Parce que Dumbledore est puissant. Incroyablement puissant. Il a été imprévisible dans sa jeunesse, il a été prêt à tout pour atteindre son but, avant de se raviser. Le Ministère craint qu'il ne veuille prendre le pouvoir du monde magique.
- ... Mais... pourquoi m'avoir autorisé à venir à Poudlard, alors que je suis un moldu ?
- Je te l'ai dit, ses convictions ont changé. J'ai entendu dire qu'à cause de sa lutte contre les moldus, sa sœur, Ariana, est décédée. Cet évènement a marqué un tournant dans sa vie. Je pense qu'il s'est rendu compte que les sorciers et les moldus n'étaient pas ennemis.
- C'est donc pour cela qu'il m'a parlé de paix entre nos deux mondes...
- Oui. Ce n'est donc pas toi, personnellement, Harry, qui pose problème ici. Certes ta présence a déclenché un enchaînement d'évènements qui ont bouleversé le monde magique, mais ce sont les moldus, dans leur généralité, qui posent problèmes aux sorciers les plus extrêmes.
- Je comprends.
Harry n'avait jamais su tout cela. Il n'avait jamais compris que les enjeux de sa venue à Poudlard remettaient en question des décennies entières de luttes pour l'égalité des sorciers et des moldus. Il n'avait jamais su que Dumbledore lui-même avait été au cœur des questionnements sur l'infériorité supposée des moldus. Il n'avait pas eu conscience de l'impact de sa présence à Poudlard. C'était toute la société sorcière qui était touchée, et Harry soupira en remontant ses lunettes sur son nez.
- Et qu'est-ce que je dois faire alors ? demanda-t-il enfin.
- Rien. Tu continues ta vie à Poudlard, et tu réussis ton année.
- Mais c'est trop dur…
- Dumbledore et les autres professeurs ont tout fait pour qu'un diplôme spécial te sois accordé. Des cours ont été aménagés pour toi et il fait tout pour que tu ne sois pas expulsé de l'école, Harry. La moindre des choses, c'est que tu valides tes examens et que tu passes en Septième Année à la prochaine rentrée.
Les yeux d'Harry étaient devenus ronds comme des soucoupes tandis que ceux d'Hermione lui lançaient des éclairs. Elle avait raison. Lui qui avait, inlassablement, durant six longues années, demandé à être inscrit à Poudlard… Il ne pouvait pas abandonner maintenant. Pas alors que tant de personnes avaient fait tant d'efforts pour lui. Il hocha la tête, le regard droit.
- Je vais réussir mon année, dit-il avec fermeté.
- Je sais, l'échec n'a jamais été une option, lui sourit la Française.
Le moldu se sentit apaisé, soulagé. Il savait que la route serait encore semée d'embûches, mais sa détermination avait grimpé en flèche.
Lorsque les élèves commencèrent à regagner leurs salles communes respectives, Harry décida qu'il était l'heure pour lui de regagner sa chambre. Le soleil était déjà bas et l'air se rafraichissait, faisant frissonner les plus frileux. Grâce à la Carte du Maraudeur, Harry emprunta autant de passages secrets qu'il put afin de croiser le moins d'élèves possible. Il évitait également autant qu'il le pouvait de passer par le septième étage, malgré les élans que son corps lui faisaient ressentir chaque soir, après les cours.
Quand il arriva enfin à sa chambre, il grignota un paquet de biscuits que lui avaient envoyé ses parents et partit prendre sa douche. Se déshabillant, il vit son reflet dans le miroir de la salle de bain et grimaça en apercevant les bleus sur son bras et son estomac. Cormac ne l'avait pas loupé.
Lorsqu'il eut terminé, il s'installa à son bureau et entreprit de faire ses devoirs. Pour la première fois de sa vie, il fut heureux de constater qu'une pile entière de parchemins attendaient d'être remplis.
- Ça va m'occuper un bon moment, murmura-t-il.
Et il rédigea, rédigea, rédigea.
Plus les examens de fin d'année approchaient, plus les professeurs et les élèves étaient stressés. Par peur, sans doute, que leurs élèves ne réussissent pas leur année, les enseignants essayaient de s'assurer qu'ils sachent bien tout ce qu'il y avait à savoir dans leur matière et, en conséquence, donnaient plus de devoir que d'habitude aux étudiants. Il devait même rédiger un parchemin sur l'utilisation de la racine de gingembre dans des potions comme le veritaserum, le polynectar et l'amortentia. Que de noms barbares !
Lui qui avait été si heureux d'avoir des choses à faire pour ne pas céder facilement au sommeil, se retrouva, quelques heures à peine après avoir commencé ses devoirs, à papillonner des yeux et à somnoler devant son pupitre.
Alors une angoisse le traversa et il se leva tout d'un coup, faisant racler les pieds de sa chaise sur le parquet.
- Non ! Réveille-toi, Harry !
Et il se donna des petites tapes sur les joues.
Alors il commença à arpenter sa chambre de long en large, cherchant à s'occuper les mains, continuant à bouger son corps. Il secoua ses bras, fit quelques mouvements de jambes. Il tenta de réveiller ses muscles déjà engourdis par la journée. Il jeta un coup d'œil à l'horloge sur la tablette de la cheminée : à peine minuit. Encore huit heures avant son premier cours de demain. Il avait calculé, dormir entre deux et quatre heures par nuit était suffisant pour qu'il survive une journée de cours. Hors de question qu'il ne dorme maintenant. Hors de question qu'il subisse cette douleur de nouveau. Pas encore… Pas maintenant.
Alors Harry tenta de se rassoir à son bureau, puis se releva aussitôt, n'ayant plus confiance en la position assise. Il marcha dans sa chambre, s'usant les jambes, et lorsqu'elles se mirent à trembler de fatigue, il répéta de nouveau :
- Non ! Réveille-toi, réveille-toi !
Il ne se rendit compte de rien lorsque, alors qu'il remettait un peu d'ordre dans ses draps et oreillers, il s'écroula sur le matelas : endormi.
…
Un cri déchira la nuit au sommet de la Tour d'Astronomie. Dans sa chambre, Harry se jeta au bas de son lit en hurlant, le corps tremblant et les yeux pleins de larmes.
Roulé en boule sur le tapis de sa chambre, toutes les lumières toujours allumées, il mit ses avants-bras devant son visage, se protégeant contre le cauchemar qui avait, une fois de plus, brutalisé son esprit et son corps. Et il resta là, gémissant de peur et secoué de sanglots incontrôlés… Il ne pouvait plus vivre ça… Ça suffisait… C'était trop dur… Il n'y arrivait plus…
Il lui fallut de longues minutes avant qu'enfin il n'arrive à bouger et ne se décide à se lever. Son corps, épuisé, lui disait de se recoucher, mais une fois de plus, il lutta contre la fatigue.
Enfin, à bout de forces, il se résigna. Il éteignit chacune des lampes et des bougies qui s'étaient presque totalement consumées et se glissa sous les draps. Là, il garda les yeux irrémédiablement ouverts. Fixant les étoiles au dehors, bougeant ses pieds pour maintenir son corps éveillé, chantonnant pour utiliser ses cordes vocales déjà abimées. Il lutta contre le sommeil de toutes ses forces, et tout son corps se raidit.
Il ne s'en rendit pas compte, mais la fatigue le frappa de nouveau.
...
Perdu entre la réalité et les limbes, Harry sentit son corps se détendre et il soupira d'aise. Il se sentit bien. Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus ressentit ça. Alors, quelque chose se posa sur lui. C'était agréable, et infiniment salvateur. Il gémit, étirant son corps, cherchant ce contact. Quelque chose lui effleura le ventre, les jambes, et ce fut comme une caresse, une plume qui passe sur son corps frissonnant. Il se tortilla, le souffle court.
Il sentit alors quelque chose passer la barrière de son t-shirt et une large main se posa sur son ventre, touchant sa peau. Il sursauta, pris de panique, et repoussa la main qui ne bougea pas et remonta jusqu'à ses tétons.
Il n'eut pas le temps de crier qu'un poids s'appesantit sur lui et qu'une bouche dominatrice s'écrasait contre ses lèvres. Il ouvrit les yeux, terrorisé, mais il ne voyait rien. Et là, il sentit.
Il n'avait plus mal. La douleur s'était évanouie dès lors qu'il avait été touché. Et cette main qui remontait contre lui, ces lèvres qui cherchaient à ouvrir le passage de sa bouche, il les reconnut aussitôt. C'était Draco.
- D-Draco… ? murmura-t-il dans les ténèbres.
- Chut, Harry.
Cette voix. Masculine, grave… C'était lui. Ce ne pouvait être que lui. Et son cœur battit la chamade. Il enroula ses bras autour du cou du blond qui enfonça sa langue dans sa bouche et ses hanches allèrent, indépendamment de sa volonté, rencontrer celles du Serpentard au-dessus de lui.
- Tu es revenu… gémit le Gryffondor
Pour toute réponse, le blond pressa son corps contre le sien, se glissant entre ses jambes, le clouant au matelas, le soumettant à lui. Et Harry sentit une vague de chaleur traverser ses mains, ses pieds et se concentrer dans son bas-ventre qui durcit instantanément. Il pressa ses lèvres contre celles du blond, cherchant sa chaleur, aspirant son odeur, renouant ce contact qui l'avait détruit durant tout ce temps. Et le blond le serra contre lui, l'embrassant avec fureur, avec passion, aspirant les lèvres roses, jouant avec sa langue mutine, mêlant son souffle au sien.
Harry sentit la main ferme du Serpentard remonter le long de son corps et saisir l'un de ses tétons, déjà durcit, alors il gémit plus fort, hoquetant lorsque Draco, d'un mouvement rageur, lui retira son t-shirt. Il trembla, l'air froid lui mordant la peau, et le souffle du blond se perdit sur son buste, à la recherche des boutons de chair qu'il tortura de ses dents, faisant suffoquer le moldu qui, les mains dans les cheveux du blonds, se concentrait pour maîtriser son bas-ventre qui ondulait déjà, cherchant le contact avec la peau du sorcier. Il lui avait tellement manqué, Seigneur, tellement manqué.
Les mains de Draco le parcoururent et il sentit ses doigts passer sous l'élastique de son pyjama. Il frissonna à ce contact, et laissa le blond lui retirer le seul vêtement qu'il lui restait. Dans le noir, il ne voyait rien. Alors, la Lune apparut, haut dans le ciel, et éclaira la chambre de ses rayons. Lorsqu'Harry aperçut le blond, léchant son ventre jusqu'à atteindre ses cuisses, il retint un gémissement puissant de passer la barrière de ses lèvres. Draco lui écarta les jambes, et il se couvrit les yeux, gêné. Son cœur battait si vite, et il avait tellement chaud, il sentait cette excitation le prendre et lui hurler de s'abandonner au blond. Il voulait que Draco le prenne, comme il savait si bien le faire. Maintenant. Tout de suite.
Il entendit la braguette du pantalon du blond se défaire et un membre lourd se présenta à son entrée. Il rougit et soupira, impatient d'enfin pouvoir retrouver le Serpentard. D'enfin pouvoir se sentir complet. Il tremblait d'envie et de désir. Il le voulait si fort.
C'est alors qu'il sentit s'infiltrer en lui, par tous les pores de sa peau, des picotements qui lui donnèrent la nausée. Il sentit son corps s'affaiblir et un bruit sourd bourdonna à ses oreilles. Le membre de Draco tenta de franchir la barrière de son entrée, et, se sentant défaillir, il comprit.
- Non ! Arrête, Draco ! hurla-t-il alors, se reculant et échappant à la prise du Serpentard.
Il se recroquevilla alors à la tête du lit, entre les oreillers et tira à lui la couverture pour cacher son corps.
Il vit le Serpentard froncer les sourcils et lui attraper le poignet violemment. Harry sentit que Draco le tirait à lui, et il protesta, criant plus fort :
- Non ! Non ! Tu n'as pas le droit de faire ça !
Le regard du blond était fou, et Draco lui serra les poignets, faisant se tordre ses bras.
Harry trembla et se débattit, mais les mains étaient trop fortes et le corps du blond beaucoup trop lourd pour lui. Et voyant les yeux gris le dévisager avec fureur, il sentit qu'il ne pourrait pas lutter.
Alors, ses yeux se remplirent de larmes d'impuissance qui roulèrent sur ses joues et s'écrasèrent sur les draps, laissant de petites auréoles humides. Il gémit et sanglota lorsque Draco lui tira les bras et que des picotements se firent ressentir dans chacun des pores de sa peau. Il sentait qu'il perdait pied. Il entendait des battements à l'intérieur de sa tête. Son visage perdit toutes ses couleurs. Draco lui insufflait sa magie. Non ! Non, il ne voulait pas !
- Tu n'as pas le droit ! cria-t-il encore, la voix cassée, brisée par la peur.
Et lorsque la Lune illumina le visage baigné de larmes et de terreur du moldu, Draco se figea.
Il lâcha le corps d'Harry comme si celui-ci l'avait brûlé et recula dans la chambre noire, le souffle court et une main sur la bouche. Le moldu se recroquevilla sur le lit, serrant ses bras autour de lui, cherchant à se protéger. Il tremblait de tous ses membres et son corps était secoué de spasmes et de sanglots.
Draco devint livide.
- Tu n'as pas le droit, Draco ! geignit encore le Gryffondor, les yeux hermétiquement clos.
Horrifié, Draco transplana dans un craquement sec et Harry hurla de nouveau, de douleur, cette fois.
…
Harry n'avait pas pu se rendormir. Toute la nuit, il avait pleuré, s'enroulant dans sa couverture, se protégeant comme il le pouvait contre le froid, le noir, et la peur. Et lorsqu'enfin le soleil s'était levé, il s'était dépêché de se changer pour rejoindre ses amis le plus vite possible.
Il avait besoin de réconfort. Il avait besoin de se sentir entouré et resta avec Ron et Hermione, et, malgré ses yeux rougis et la pâleur de son visage, personne ne lui posa de question. Désormais, il était d'usage que le moldu ait des nuits agitées, alors personne ne se douta de rien.
Dans la Grande Salle, à l'heure du déjeuner, il ne vit pas le Serpentard. Il ne l'avait pas croisé de toute la matinée, et il préférait ne pas le voir. Une colère monstrueuse montait en lui, faisant se déformer son visage lorsqu'il repensait aux actes du vert et argent.
Il se sentait humilié. Draco ne l'aimait donc pas assez pour le respecter ? Ne l'aimait-il donc plus au point de lui insuffler sa magie sans son accord ? Et Harry bouillonnait intérieurement. Non, il ne voulait pas le voir.
La journée passa, mais Harry ne décolérait pas.
- Qu'est-ce qu'il y a Harry ? demanda Ginny.
- Rien.
- Si, t'as l'air fâché depuis tout à l'heure.
- Il n'y a rien, Ginny, répondit-il sèchement.
- On a fait quelque chose de mal ? demanda alors Luna.
Et la voix fluette et perdue de la Serdaigle calma quelque peu le Gryffondor qui soupira.
- Non… excusez-moi, j'ai passé une mauvaise nuit.
- Il me reste de la potion de sommeil sans rêve si tu veux, lança Neville.
- Non, ça va aller, merci, Neville.
Les amis lui jetèrent un regard interrogateur et haussèrent les épaules. Il était rare qu'Harry soit en colère, mais Ron savait que lorsqu'il l'était, il ne valait mieux pas lui chercher des noises.
La cloche résonna, les cours de l'après-midi allaient commencer.
Chacun partit de son côté. Harry, lui, devait descendre au deuxième étage, il avait court d'Arithmancie.
Alors qu'il s'apprêtait à poser le pied sur la première marche de l'escalier pour effectuer sa descente, il entendit une voix derrière lui et il se figea.
Il aurait voulu partir, courir, s'enfuir, mais ce fut impossible, son corps refusa de bouger, et il attendit que la personne soit arrivée à sa hauteur. Là, il leva les yeux : Draco le dévisagea, les lèvres pincées. Le blond le dominait de toute sa hauteur, mais Harry soutint son regard, les sourcils froncés. La colère qui le faisait vibrer depuis la nuit dernière s'intensifia dans ses veines et il trembla.
- Qu'est-ce que tu veux, Draco ? dit-il sèchement. J'ai cours, alors dis-le vite.
- Je suis venu m'excuser, pour hier soir.
Le moldu écarquilla les yeux et renifla, pas dupe.
- Ah ? Et que me vaut cet élan de culpabilité ?
Il vit le visage du Serpentard blanchir et ses poings se serrer. Quelque chose en lui se brisa, mais il refusa de l'écouter.
- J'avais mal et j'ai perdu la raison. Je m'en excuse.
- Crois-tu que cela soit si facile d'excuser ce que tu as f… ?
- Ce que j'ai tenté de faire. Mais je ne l'ai pas fait.
- Quelle chance j'ai eu ! cracha Harry, le regard noir.
Draco soupira. Ses yeux étaient plein de tristesse et de culpabilité, mais son visage exprimait l'agacement.
- Sache que j'en suis désolé, continua le blond.
Et lorsqu'Harry le vit esquisser un mouvement pour partir, il explosa :
- Tu n'aurais jamais dû faire ça, Draco ! Mais mon Dieu, que t'est-il passé par la tête ?!
- Je sais, dit calmement le blond, ancrant ses yeux dans ceux du moldu. Mais avais-je vraiment le choix ?
- Tu n'avais pas le droit de m'insuffl… !
- M'as-tu laissé le choix ?
Harry sentit son corps trembler devant les yeux furieux du Serpentard.
- Lorsqu'on aime quelqu'un, Draco, on ne… on ne lui fait pas les choses à l'envers ! Tu as tenté de m'insuffler ta magie ! explosa-t-il.
- Et lorsqu'on aime quelqu'un, on prend en compte ses considérations.
Harry serra les poings.
- Je ne le ferai pas, Draco, dit-il enfin. Je ne porterai pas tes enfants !
Draco eut un rire mauvais.
- Alors quelqu'un d'autre le fera.
Le cœur d'Harry se déchira et il dû mettre une main sur sa poitrine et presser de toutes ses forces pour empêcher la douleur qu'il ressentait d'atteindre ses poumons. Son souffle se coupa dans sa gorge et il chercha de l'air, les yeux écarquillés.
Comment… Comment Draco avait-il pu dire cela ? Comment avait-il osé le considérer comme un… Comme une vulgaire mère porteuse ? Lui qui l'aimait tant… Lui qui souffrait tant d'être loin de lui…
Harry vit le Serpentard repartir et il resta figé en haut des marches.
Plein de haine et de colère, Draco esquissa un mouvement. Se retournant et levant les yeux, il aperçut, à quelques mètres devant lui, Gregory Goyle, tendant doucement le bras. Le Serpentard pointait sa baguette vers lui. Il entendit distinctement le sortilège rouge être prononcé :
- Endoloris !
Et, mue par une colère monstrueuse, il s'écarta.
Le sort frappa de plein fouet le moldu derrière lui, et Harry, traversant les airs dans un cri d'horreur déchirant, fut projeté au bas de l'immense escalier.
Le souffle du blond se coupa en une fraction de seconde, et il réalisa aussitôt ce qu'il venait de faire.
- HARRY ! hurla-t-il en dévalant les marches.
Il se précipita auprès au moldu qui, ayant roulé sur plusieurs mètres au pied de l'escalier, se tordait de douleur, hurlait, criait, suppliait qu'on l'achève, le bras en sang et le visage défiguré par la souffrance.
Ses cris résonnèrent dans l'école, et des élèves et professeurs sortirent de leurs salles de classe, alertés.
Harry se tordit si fort que ses os craquèrent et sa colonne vertébrale eut une position impossible tant son dos était arqué. Il pleurait, sa voix se perdant dans des suppliques infinies.
- TUE-MOI ! hurla le moldu. Tue-moi, je t'en supplie ! Que ça s'arrête ! Tue-moi !
Alors Draco, le cœur en train de mourir, posa ses mains tremblantes sur le corps secoué de violentes convulsions et pria que son sort fonctionne.
Bientôt, le corps du moldu retomba mollement contre la pierre froide, inerte. Draco l'attrapa et le serra contre lui, le visage blanc et les yeux écarquillés.
- Harry ! hurla-t-il encore.
Il plaça son oreille contre son cœur, le battement était infime, presque inaudible. Il sentit passer dans son corps une douleur qui le fit se courber en avant en hurlant. Alors, il se leva, souleva le Gryffondor et courut en direction de l'infirmerie.
Ne restèrent sur le sol que des traces de sang rouge vif et d'encre noire.
…
Trois coups résonnèrent contre la porte de sa chambre, mais Draco ne les entendit pas. Il pleuvait, et la pluie, incroyablement froide, heurtait les vitres de ses fenêtres comme des reproches tombés du ciel. Dans la chambre plongée dans l'obscurité, Draco était assis dans un fauteuil, ayant pour unique éclairage une minuscule bougie, presque consumée, sur la table basse. Sa détresse et son affolement avaient été tels que madame Pomfresh l'avait aussitôt mis à la porte de l'infirmerie une fois qu'il y avait amené le moldu. Il était perdu. Déboussolé. Coupable.
La porte vibra encore, mais Draco ne l'entendit pas. Penché en avant, les coudes sur les genoux, il se tenait fermement la tête de ses mains. Son corps était raide, immobile. Et ses yeux, perdus sur la flamme vacillante, étaient cernés et rouges.
On frappa de nouveau, mais il ne l'entendit pas, et cette fois, la porte s'ouvrit. Hermione entra doucement. Alors la jeune femme se figea sur le seuil et sentit une immense peine l'envahir.
Elle vit, sur le visage du Serpentard, simplement éclairé par la flamme de la bougie, couler des larmes incontrôlées. Le dos du blond fut secoué de sanglots. Sa figure était dévastée par la douleur et le chagrin, et Hermione sentit monter en elle un élan de tendresse et de peine pour le grand homme devant ses yeux.
La sorcière referma la porte derrière elle et fit un pas en avant :
- Draco ? murmura-t-elle.
Le Serpentard sursauta et se leva précipitamment, ancrant son regard dans le sien :
- Harry est mort.
- Non, non il va beaucoup mieux, je te le promets, souffla doucement la Gryffondor.
Draco se rassit alors doucement, et replongea sa tête dans ses mains. Ses doigts s'agrippèrent à ses cheveux et ses yeux se fermèrent douloureusement. Hermione posa une main sur sa poitrine. Voir Draco ainsi, un homme si grand et fort, être aussi malheureux, lui brisa le cœur.
- Lumos, dit la Française.
Alors la pièce s'éclaircit légèrement, et un petit feu timide s'alluma dans l'âtre de la cheminée. La jeune femme alla s'asseoir près du Serpentard. Elle hésita un instant puis, doucement, elle posa sa main sur le dos du blond, le réconfortant. Son cœur se serra lorsqu'elle vit le visage du sorcier se crisper de tristesse.
- Ça va aller, Draco. Harry va bien, il va s'en remettre, dit-t-elle, rassurante.
- Comment ai-je pu faire ça ? murmura le blond comme pour lui-même, se tenant toujours fermement le crâne.
- Rien de tout ceci n'est de ta faute, Draco.
- Si… cracha-t-il. Tu n'étais pas là, Hermione… comment ai-je pu laisser cela lui arriver ?
Et le blond trembla. Hermione caressa son dos avec douceur, mais le corps du Serpentard se raidissait à mesure qu'il parlait.
- Tu ne voulais pas que cela arrive, répondit-elle.
- Oh si… souffla Draco. Je l'ai voulu… pendant une fraction de seconde, je l'ai voulu… alors qu'il est censé être la personne la plus importante de ma vie… comment ai-je pu faire cela ?
- Tu es trop dur avec toi-même. Tu es incapable de lui vouloir le moindre mal, je le sais.
Les doigts du blond se serrèrent dans ses cheveux, et il hoqueta :
- Et pourtant, j'ai voulu qu'il souffre, Hermione… autant qu'il m'avait fait souffrir…
- Pourquoi dis-tu cela ?
- Il ne voulait pas d'enfants…
- Mais bien sûr qu'il veut des enfants, Draco.
- Oh non, il n'en voulait pas… pas les miens… et ça m'a brisé le cœur de l'entendre le dire… et je lui en ai voulu, Hermione… pendant une seconde, je l'ai détesté… et là-haut, sur ces marches, qu'ai-je fait alors ? Que lui ai-je dit ? J'ai ri et… je lui ai dit…
- Mais tu ne le pensais pas ! Je sais que tu ne le pensais pas !
Des larmes roulèrent sur les joues du Serpentard.
- Malheureusement si, Hermione… je l'ai pensé… j'ai pensé que s'il refusait de le faire, je trouverais quelqu'un d'autre…
- Mais je sais que tu ne le feras pas, répondit Hermione, les yeux s'humidifiant déjà.
Et Draco continua, comme s'il voulait se remémorer cet instant qui l'avait tant fait souffrir. Comme s'il voulait s'infliger à lui-même la douleur de l'avoir abandonné.
- Je voulais lui faire mal, comme il m'en avait fait… raconta-t-il. Et quand j'ai vu Goyle tendre le bras et lui lancer le sortilège, quand j'ai vu que j'étais sur le chemin, je me suis écarté, Hermione… je me suis écarté…
- Tais-toi, Draco… pleura la Gryffondor, son corps tremblant de chagrin.
- Je me suis écarté, parce que je voulais me venger… j'aurais pu l'arrêter… un mot, et le sort était annulé… mais, quand je l'ai vu, Hermione… quand j'ai vu le sort le toucher… mais comment ai-je pu…
- Tais-toi, je t'en prie…
- Et lorsqu'il est tombé au bas des escaliers… lorsqu'il m'a hurlé de le tuer… j'ai cru mourir, Hermione… comment ai-je pu ? pleura le Serpentard, le crâne compressé dans ses mains puissantes.
- Chut, Draco, chut…
Des larmes coulaient sur les joues de la sorcière. Elle savait que Draco n'avait jamais voulu qu'il arrive une telle chose à Harry. Elle savait que c'était la colère qui l'avait aveuglé. Mais la culpabilité qui rongeait Draco comme un poison semblait plus forte que n'importe lequel de ses mots.
Draco avait le regard bas, et le corps fatigué. Courbé en avant, il ne devait pas avoir dormi depuis deux jours.
- Je voulais tellement un enfant, Hermione… murmura le Serpentard. J'ai fait une chose horrible…
- C'était la colère, Draco.
- Non… hier soir… je l'ai… je lui ai insufflé ma magie… s'étrangla le Serpentard.
Et Hermione écarquilla les yeux.
- Q-Quoi ? dit-elle d'une voix tremblante.
- J'étais devenu fou… je ne pensais qu'à ça… je ne pensais qu'à avoir un enfant… mon propre enfant… notre enfant... alors je suis revenu…
Le cœur d'Hermione se serra.
- Nous nous sommes retrouvés. J'étais heureux, Merlin, tellement heureux… et il l'était aussi... je l'ai vu sur son visage... et alors que j'étais prêt à le prendre, j'ai insufflé ma magie en lui…
- Était-il… était-il d'accord ? murmura-t-elle.
- Non… il l'a sentit, et il m'a repoussé… ça m'a mis hors de moi…
- Draco… pleura la sorcière.
- Et lorsqu'il m'a hurlé que je n'avais pas le droit de faire ça… j'ai repris conscience et je… je l'ai lâché… quel genre de monstre suis-je donc pour tenter de faire autant de mal à mon âme-sœur… ? Quel genre de monstre suis-je donc pour le forcer à porter mon enfant, sans même le prévenir… ?
- Tu n'es pas un monstre, Draco. Tu ne lui as rien fait…
- Mais si tu avais vu ses yeux, Hermione… il a eu si peur de moi… comment ai-je pu ne serait-ce qu'essayer de lui insuffler ma magie sans son accord… ? Il ne méritait pas ça…
- Mais tu ne l'as pas fait, Draco, tenta de le rassurer la Gryffondor. Tu n'es pas un monstre, tu as su te ressaisir.
- Je m'en veux tellement… je voulais tellement un enfant… cela m'obsède, et je ne comprends pas pourquoi… je ne sais pas pourquoi ça me brûle lorsque j'y pense... je ne sais pas pourquoi... ça consume mon esprit... ça me rend fou...
- Nous trouverons pourquoi.
- Je ne sais plus de quoi je suis capable… je n'ai jamais été comme ça… je ne me reconnais plus…
- Personne ne t'a appris à être un Particulier, Draco. C'est normal que tu sois perdu.
- Je ne sais plus ce que je dois faire… je ne sais plus différencier le bien du mal...
Hermione posa de nouveau une main sur le dos du blond et caressa doucement le Serpentard.
- Il faut que tu lui parles.
- Comment oserais-je, alors même que j'ai laissé ce sort le toucher… ? Alors même que j'ai failli lui faire un enfant sans son accord…
- Il t'aime. Tu es l'amour de sa vie. Tu n'as rien commis qui soit impardonnable.
- Mais comment pourrais-je me pardonner à moi-même, Hermione ? suffoqua le blond. Comment oserais-je même paraître devant lui alors que… alors que…
- Draco, dit-elle enfin, saisissant le visage du Serpentard entre ses mains. L'as-tu fait ?
- Quoi ?
- L'as-tu fait ?
- Non…
- Alors il te pardonnera.
- J'ai failli…
- Mais tu ne l'as pas fait. Tu as été plus fort que ça.
Les yeux du blond se fermèrent.
- C'était dangereux, Hermione…
- Qu'est-ce qui était dangereux ?
- Ma magie… en lui… il est devenu pâle, presque blanc, et il s'est mis à trembler… quand j'ai compris que ça lui faisait mal... que je lui faisais du mal, je… il ne supporte pas ma magie, et moi je la lui ai imposée…
- Il va bien, aujourd'hui, Draco. Tu ne l'as pas blessé.
- Mais s'il ne m'avait pas dit d'arrêter, si j'avais insufflé plus de magie en lui il serait… il serait…
Et Draco se mordit les lèvres à s'en faire mal.
- Ce que j'ai fait est très grave, Hermione. Mais c'est lui que je veux… c'est avec lui que je veux faire des enfants…
- Je sais. Harry comprendra, il te pardonnera.
- Jamais il ne pourra me pardonner d'avoir tenté de lui faire un enfant sans qu'il ne le sache…
- Il comprendra.
- Je voulais tellement un enfant…
- Laisse-lui du temps, murmura la Gryffondor. Il a peur, il n'a jamais pensé pouvoir porter un bébé un jour.
- Il a dit qu'il ne l'accepterait jamais…
- Laisse-lui le temps…
- Il ne voudra jamais porter mes enfants.
- Tu ne le connais pas comme je le connais, sourit-elle, le rassurant. Quelle personne au monde refuserait d'avoir ses propres enfants avec l'amour de sa vie ? (1).
(1) : Je tiens à préciser que je ne juge absolument pas les personnes qui refusent d'avoir des enfants, elles sont totalement dans leur droit, avoir un enfant n'est pas une obligation pour avoir une vie épanouie :), chacun est libre d'avoir des enfants ou non. Cette phrase prononcée par Hermione est utile dans le cadre de cette fanfiction, elle vise surtout à rassurer Draco et à lui donner espoir quant au bon déroulement des évènements futurs.
Et voilà !
Encore beaucoup de rebondissements dans ce chapitre ! Pour ceux qui se demandaient si la magie de Draco serait néfaste pour une potentielle fécondation : oui, malheureusement (mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises). Vous avez pu aussi voir qu'il se sent extrêmement coupable d'avoir tenté de faire ça derrière le dos du Gryffondor, et il se sent aussi très mal d'avoir laissé le Doloris toucher Harry. Ne soyez pas trop fâchés contre lui même si, j'avoue, il enchaine les conneries.
N'hésitez pas à me laisser une review, vos avis me sont toujours très précieux et j'adore vous lire chaque jour. Même un petit mot, c'est toujours très encourageant pour moi et cela me prouve que cette histoire et sa tournure vous plaisent et vous intriguent. J'espère que cela continuera longtemps ainsi :D. Merci à ceux qui prendront le temps de me laisser un petit (ou long) mot.
Merci d'avoir lu ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite :).
Je vous embrasse bien fort, à vendredi !
