Bonjour,

Je ne vous le dirais jamais assez : merci à tous pour vos reviews. Merci pour vos avis, vos encouragements. Merci de prendre le temps de m'écrire un petit quelque chose. Vous êtes mon bonheur du mardi et du vendredi ! Continuez comme ça, vous m'encouragez énormément.

Aujourd'hui, un chapitre décisif. Un chapitre qui oriente l'histoire vers un nouvel "arc". J'espère qu'il vous plaira :).

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 28 : Coupure.

- Ça ne peut plus durer, Draco…

Chaque mot lui avait arraché le cœur. Chaque syllabe lui avait écorché les lèvres. Et il était là, assis sur son lit, les épaules basses et les yeux rivés au sol.

- Et tu le sais aussi bien que moi…

Le blond ne répondit rien. Dos à lui, face à la fenêtre, les bras croisés sur son torse, le visage impassible, impénétrable, le regard perdu dans la noirceur de la nuit, et les yeux scrutant les champs bercés par la pluie et le vent.

- Ce que tu peux être têtu, souffla alors le sorcier.

- Il ne s'agit pas d'être têtu ou non.

Un sourire déçu s'étala sur le visage du Serpentard.

- Alors de quoi s'agit-il, selon toi ?

Harry pinça les lèvres et respira doucement. Il devait peser chacun de ses mots, il le sentait.

- Il s'agit de ce que je suis.

- Un homme, oui. J'avais saisi.

Le corps de Draco était imposant, mais rien en lui ne bougeait. Pas même ses épaules lorsqu'il respirait. Pas même son visage lorsqu'il parlait.

- Et un homme ça… continua Harry.

- Tu n'es pas un homme ordinaire. Tu es mon âme-sœur.

- Mais ce ne serait pas…

- Tais-toi.

- Draco…

- Tais-toi.

Le corps d'Harry se crispa sur son lit. Un long silence s'abattit sur la chambre sombre. Seule la lumière de la Lune et des éclairs vifs éclairait la petite pièce. Enfin, la voix grave de Draco déchira les ténèbres :

- Il faut que tu acceptes.

- Mais…

- Il le faut. Je t'en prie... il le faut.

Harry ferma les yeux de toutes ses forces. Son corps trembla, perdu, tiraillé.

- Je ne peux pas.

- Il te faut simplement du temps. Je sais que tu finiras par accepter.

- Draco...

- Rien qu'un « peut-être » pourrait me suffire... juste ça...

- Je ne peux pas.

- Rien qu'une promesse... un petit espoir... il te faut du temps... tu accepteras, je sais que tu accepteras...

- Je ne l'accepterai jamais, Draco.

Ces mots résonnèrent comme un glas et un frisson d'angoisse parcourut le corps du Gryffondor. Le corps de Draco sembla se figer plus qu'il ne l'était et la mâchoire du blond se serra. Harry aurait voulu regretter ses paroles, son cœur lui hurla de les regretter, mais il ne le put pas… Il les pensait sincèrement et du plus profond de son âme.

- Comment peux-tu dire une chose pareille ?

- Tu savais très bien quel était mon avis sur la question… souffla le brun.

- Et que fais-tu de mon avis, à moi ?

- J'ai dit non, Draco.

Un nouveau couperet sembla tomber entre eux. Harry le vit, distinctement, s'éloigner de lui, doucement, centimètre par centimètre. C'était terminé. Mais ça ne pouvait pas se terminer ainsi… Ça ne pouvait pas se terminer, tout simplement ! C'était impossible !

- Est-ce que je… murmura le Gryffondor. Est-ce que je ne te suffis pas ?

- Arrête ça, je t'en prie.

- Est-ce que mon amour ne te suffit pas ?

- Je t'ai dit d'arrêter, Harry.

- Pourquoi ?

- Parce que je ne veux pas te faire de mal.

Harry leva les yeux vers lui. Le blond ne le regardait pas, ne le voyait pas. Il aurait voulu sentir sa peau contre lui, ses mains dans son dos, son souffle contre sa bouche. Mais il restait là, debout devant la fenêtre. Il reconnaîtrait cette scène entre mille, lui qui l'avait vécue tant de fois. Un frisson d'angoisse passa le long de sa colonne vertébrale. Il en connaissait déjà l'issue.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda le moldu.

Le blond ne répondit rien, et Harry crut apercevoir, l'espace d'une seconde, ses yeux s'emplir de larmes à la lueur de la foudre.

Il sentit son souffle se couper et un grand froid lui traversa le corps, lui tordant les entrailles et envoyant des décharges dans ses doigts. Il se mordit les lèvres pour empêcher ses yeux de s'humidifier malgré lui.

- Que veux-tu dire, Draco ? répéta-t-il.

Le moldu le fixait toujours. Le cœur au bord de la mort, le corps recroquevillé. Il savait très bien ce que le blond voulait dire. Mais il ne voulait pas y croire. C'était impossible.

- Réponds-moi, gémit-il.

Il ne répondit rien. Alors il répéta.

- Réponds-moi.

- Tu ne me suffis pas. Je veux un enfant. Avec ou sans toi.

Ce fut comme si Draco l'avait frappé. Harry plaqua sa main sur sa bouche pour étouffer un cri de douleur et serra de toute ses forces la couverture sous lui. Il pleurait. Il voyait flou. Il voulait mourir. Son corps fut secoués de sanglots étouffés.

- Tu l'as dis toi-même, ça ne peut plus durer, continua le sorcier.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire… souffla le Gryffondor, se concentrant pour ne pas hoqueter et laisser paraître les pleurs dans sa voix.

- Je n'ai pas le choix... tu ne me laisses pas le choix... je veux un enfant et tu n'en veux pas. Nous n'avons pas la même vision de l'avenir. Nous n'avons plus rien à faire ensemble.

- Je n'ai jamais dit que je ne voulais pas d'enfant, Draco ! cria presque le moldu, sautant sur ses pieds au bas du lit.

Désormais il n'avait que faire des larmes qui engourdissaient sa voix et des reniflements qui perturbaient son discours. Draco lui échappait et il devait le garder, le retenir ! Draco ne devait pas partir, jamais ! Pas alors qu'il l'aimait si fort !

- J'ai dit que je ne voulais pas porter d'enfant, continua le brun.

- C'est bien le problème...

- Mais enfin quel mal y a-t-il à vouloir adopter un enfant qui aurait besoin d'amour ? Ne serait-ce pas tout aussi bien ? Tout aussi merveilleux ?

- Alors que nous pouvons avoir le nôtre ? Avec notre sang et nos gènes ?

- Est-ce la pureté du sang qui t'aveugle ainsi ? cracha presque le Gryffondor, les poings serrés.

- Oh je t'en prie, sourit sarcastiquement Draco. Si je me préoccupais de la pureté du sang je n'aurais pas choisi d'avoir un enfant avec un moldu.

- Sauf que tu ne m'as pas choisi.

- Parce que tu penses que ça va m'empêcher d'aller voir ailleurs ?

Alors, hurlant de rage, Harry se jeta sur lui et le frappa de toutes ses forces dans le dos. Il lui en voulait. Il lui en voulait tellement. Draco se retourna et le moldu le frappa de plus belle sur le torse, dans le ventre, et lui gifla le visage aussi fort qu'il put. Draco lui attrapa les poignets et le repoussa. Harry poussa un cri de colère et de détresse tandis que le Serpentard le regardait de ses yeux gris. Le cœur d'Harry cessa de battre lorsqu'il vit une profonde déception s'afficher sur les lèvres du blond.

- Tu ne veux pas d'enfant, alors soit. Je trouverai quelqu'un qui m'en donnera un. Je n'ai pas le choix.

- Comment peux-tu faire ça ? pleura le moldu. Comment peux-tu me menacer ainsi alors que tu sais parfaitement que c'est de moi qu'il s'agit ! Alors quoi ? Je ne suis qu'un ventre sur pattes pour toi, c'est ça ?

- Harry...

- Non ! Comprends-moi, Draco, je... je n'ai jamais aimé personne comme je t'aime, toi. Jamais je n'ai cru pouvoir devenir l'âme-soeur de quiconque, dans ma vie. Je n'ai jamais ressenti pour personne ce que je ressens pour toi. Pourquoi veux-tu tout gâcher ?

- Tu ne me laisses pas le choix...

- On a toujours le choix !

- Tu ne veux pas d'enfant de moi.

- Mais je suis un homme ! Je ne veux d'enfant de personne, je ne peux pas porter un enfant !

- Le mien, si.

- Mais tu te rends compte de ce que tu exiges de mon corps ?!

- Et te rends-tu compte de ce que tu exiges de ma vie ?!

La voix du blond avait été si hargneuse et pleine de colère qu'Harry sursauta de peur.

- Une existence entière à voir l'enfant d'un autre grandir près de moi alors que j'aurais pu avoir ma propre chair entre les bras ! continua le blond.

- Arrête d'être égoïste, je t'en prie ! osa-t-il répliquer. Combien de couples moldus et sorciers ne peuvent pas avoir d'enfants et optent pour l'adoption ? Pourquoi ne pouvons-nous pas simplement être normaux ?

- Tu as choisi la mauvaise personne pour vivre une existence normale. Je suis un Particulier, as-tu oublié ?

- Bien sûr que non, mais… !

- Alors nous sommes d'accord. Tu as la possibilité de porter mon enfant, tu le refuses. Et tu l'as dit toi-même, tu le refuseras toujours. Donc je n'ai pas le choix.

- Draco… reprit le brun. Je n'ai pas d'utérus, pas de seins…

- Tu ne m'apprends rien.

- Alors comment peux-tu exiger de moi de porter un enfant ?

- Tu peux très bien le faire. Ma magie te le permet.

- Ce n'est pas ton corps qui changerait, siffla Harry. Ce n'est pas toi qui aurais les symptômes de la grossesse ! Ce n'est pas toi qui devrais le porter durant neuf mois ! Et ce n'est pas ton ventre qui serait ouvert en deux lors de l'accouchement !

- La moitié de l'humanité subit cela sans rechigner.

- Pas la moitié masculine de l'humanité !

- Inutile de me le répéter. J'ai bien compris que tu étais un homme.

Le visage du blond redevint impassible et celui d'Harry se décomposa.

- J'ai bien compris qu'il me fallait une femme, continua le blond.

- Je n'ai jamais voulu cela, dit le Gryffondor, ses yeux envahis par les larmes. Je n'ai jamais voulu que…

- C'est fini, Harry. Ça ne peut plus continuer ainsi. J'ai besoin d'un enfant.

- Non… gémit le moldu, faisant un pas vers le Serpentard. Ne pars pas, Draco…

- C'est terminé.

- Non… répéta-t-il et il attrapa le sorcier dans ses bras, enfonçant son visage contre son torse. Je t'aime… tu ne peux pas… non… !

- Je suis désolé. Vraiment désolé.

Son cœur saignait, hurlait, il ne tenait plus debout, il sentait un gouffre sans fond s'ouvrir sous ses pieds. Et il tombait, tombait, tombait dans cet abyme d'horreur.

- J'espère que tu trouveras quelqu'un de bien.

- Non… non… ! Non ! Je t'aime, Draco, il y a forcément un moyen de… ! Reste, ne… !

- Adieu.

Harry se sentit poussé au sol et il vit Draco saisir sa malle avant de disparaître dans les ténèbres.

Aussitôt il se tordit de douleur sur le sol de sa chambre, hurlant à en mourir, se déchirant les cordes vocales et se lacérant la peau tant il se tenait fort les bras pour s'empêcher de se cogner contre les meubles. Il crut que son corps allait prendre feu, il crut que sa tête allait exploser et son estomac se contracta avec force. Il eut à peine le temps de se mettre à quatre pattes qu'il vomit sur le sol, bavant et pleurant d'une douleur incommensurable. Son corps était meurtri, mais plus encore, c'était son cœur qui le faisait souffrir le martyr. Il ne pensait plus, ne réfléchissait plus. Il n'était que douleur.

Comment pouvait-il vivre après ça ? Comment pouvait-il encore respirer après que Draco soit parti… ? Définitivement parti… Il resta là, agité, pris de convulsions, amorphe et le visage ruisselant de tous les liquides qui s'échappaient de son corps. Il se griffa le corps, se mordit la langue, s'arracha les cheveux et déchira ses vêtements. Tendu à l'extrême, sentant naître des crampes atroces dans ses mollets et son dos s'irriter au sang au contact rude du sol. Comment pouvait-il vivre alors même que son corps n'avait jamais autant souffert ? Comment pouvait-il vivre alors même que son cœur avait cessé de battre ? Il était seul… Complètement seul… Et il l'aimait tellement… Tellement…

Et tout à coup il n'y eut plus rien et son corps s'arrêta de bouger.

Il resta recroquevillé au sol, pleurant de tout son être, hoquetant, gémissant, mais il n'avait plus mal. Son corps était toujours secoué de spasme de douleur, mais d'une douleur morale, intérieure. Il ne ressentait plus rien. Son sang ne bouillonnait plus dans ses veines, son ventre ne se tordait plus de douleur. Il était… Normal… Rien… Comme si le feu dans son corps s'était éteint, comme si le sang sous ses ongles ne coulait plus. Comme si ses jambes n'avaient jamais frotté les poils du tapis à les en déchirer. Comme si son dos n'avait pas été brisé par la rudesse du sol. Il resta là, le souffle court, les yeux noyés et le nez coulant. Alors il comprit. Soudain, il se redressa et essuya rageusement les larmes sur ses joues.

- Il n'aurait pas fait ça, il n'aurait pas…

Aucune douleur, aucun inconfort. Aucune gêne, aucune sensation de mort physique… Juste l'anéantissement de l'être et les pleurs. Il n'y avait plus de lien de dépendance physique. Il n'y avait que lui et les ténèbres. Il ne ressentait plus ce mal qui lui donnait envie de vomir. Il ne ressentait plus cette douleur qui lui hurlait de le rejoindre, de le retrouver. Rien. Pas même un picotement dans le bout des doigts.

C'était terminé.

Alors Harry remonta ses jambes contre son corps et hurla en silence, contre ses genoux.

- Il l'a fait… gémit-il.

Il fut pris d'une détresse qu'il n'avait jamais ressenti.

Sa gorge se noua et il faillit s'étouffer. Abandonné, esseulé, mourant. Il tendit les bras en avant, cherchant à tâtons quelque chose, quelqu'un, un objet, un vêtement. Il avait besoin de s'appuyer, besoin de se soutenir, parce qu'il tombait, il le sentait. Il sentait que son cœur le lâchait. Comme si… Comme s'il ne pouvait plus respirer.

C'était terminé.

- Il est parti… pleura-t-il.

Il hoqueta. Son visage devint blanc. Et il s'effondra au sol.

Le lien était coupé.


Et voilà.

Ce fut un chapitre encore plus court que le précédent, mais pas moins important. Ça y est. Draco est parti. Et cette fois, on dirait qu'il ne reviendra pas...

N'hésitez pas à me laisser votre avis dans une review :D. Dîtes-moi tout : ce que vous en pensez, comment vous envisagez la suite de l'histoire, ce que vous avez ressenti... je veux tout savoir !

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite :).

À mardi prochain, je vous embrasse.