Bonjour,

Merciii, comme d'habitude, à tous et à toutes pour vos reviews ! Merci aux habitués qui me laissent à chaque fois leurs impressions : je reconnais chaque pseudo assidu ;). Et merci aux nouveaux qui prennent le temps de laisser un petit (ou long) mot. C'est très encourageant, et ça me fait toujours très plaisir. Merci encore de tout mon cœur.

J'ai vu que l'arrivée "officielle" de Tom Jedusor a été perçue de manières différentes : certains pensent qu'un Tom/Harry pourrait être intéressant, d'autres préconisent à Harry une grande méfiance ! J'adore quand les lecteurs sont ainsi investis :D. J'espère que la suite de l'histoire vous fera vous investir plus encore ;).

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 30 : Cours de Potions.

Les cours avaient commencé depuis plusieurs semaines déjà, et Ginny avait pris l'habitude de surveiller d'un œil attentif l'assiette du moldu lorsqu'il la rejoignait lors des repas. Elle savait que le brun essayait de manger le plus possible. Elle savait qu'il n'était pas de mauvaise foi et qu'il n'essayait pas de s'affamer. Mais elle avait bien vu qu'il avait perdu l'appétit. Et plus les jours passaient, plus ses portions diminuaient. Alors, désormais, elle s'assurait qu'il grignote régulièrement entre les repas, des fruits, des biscuits, ou des morceaux de pain, peu importait, pourvu qu'il mange.

Et Harry n'était pas dupe, il avait bien vu le regard inquiet de son amie. Alors, chaque jour, il tentait d'avaler un peu plus de nourriture que la veille, mais son estomac avait semblé se rétrécir et, peu à peu, il refusait de s'alimenter correctement. Il avait perdu du poids. Pas énormément, quelques centaines de grammes, mais cela suffisait à inquiéter ses deux amies qui, désormais, le surveillaient comme deux vraies mères poules.

Ce matin-là, Ginny vit avec tristesse le moldu arriver dans la Grande Salle en se frottant les yeux. Il avait toujours les cernes aussi noirs, et les yeux aussi rouges. Depuis qu'il était parti, Harry ne dormait plus. À vrai dire, Harry n'était plus du tout le même. Lui qui était si souriant et gai d'ordinaire, peinait à afficher un sourire sincère sur son visage. Il semblait avoir perdu sa joie de vivre et sa passion de la vie. Ginny avait bien vu qu'il essayait de la faire rire, de lui prouver que tout allait bien. Mais tout cela sonnait faux. Harry mentait. Il n'allait pas bien. Et Ginny savait que plus jamais il n'irait bien.

- Bonjour Ginny, dit Harry avec une voix un peu rocailleuse.

Elle en était sûre : il avait dû passer la nuit à pleurer. Et cela lui brisa le cœur.

- Salut Harry, qu'est-ce que je te sers ce matin ? Des galettes de pomme de terre ?

Le moldu s'assit en grimaçant.

- Tu sais bien que j'ai horreur des patates.

- Tu te rends bien compte que ces galettes ne sont pas faites avec des gnomes de jardin, n'est-ce pas ?

- C'est du pareil au même, dit le moldu en retroussant son nez de dégout.

La Gryffondor leva les yeux au ciel et fut surprise de voir le moldu se servir deux fois plus de nourriture qu'à l'accoutumée. Elle haussa les sourcils.

- Tu as bon appétit ce matin, dis donc.

- J'ai pris une grande décision ! sourit le brun.

- Ah oui ? C'est quoi ?

- Je vais obtenir mon diplôme !

Ginny parut déçue et leva les yeux au ciel :

- Oui, bon, c'était le but en passant en Septième Année tout de même, dit-elle.

- Mais j'ai décidé de l'avoir avec une mention !

- Oh, tu passes dans la cours des grands ? sourit la rouquine.

Harry croqua dans une gaufre au sucre et hocha vigoureusement la tête :

- J'ai bien réfléchi, et je me suis rendu compte que ce diplôme, c'est la dernière chose qu'il me reste.

- Tu exagères un peu, se vexa la jeune femme. Et moi alors ?

- Oui, toi, Luna, Ron et Hermione aussi, mais, je veux dire… c'est l'unique but qu'il me reste.

La rouquine pinça les lèvres et hocha la tête. Elle comprenait. Elle comprenait parfaitement ce que le moldu voulait dire. Sans lui, Harry n'avait plus de raison de vivre, de continuer. Il lui en fallait impérativement une. Et, peu importe ce que cela pouvait être, l'important, c'est qu'il s'y accroche de toutes ses forces.

- Alors je vais tout faire pour réussir à le décrocher avec une mention Bien… non, non ! Très Bien, même !

- Je suis sûre que c'est dans tes cordes, rit la rouquine, amusée par le visage déterminé du brun.

- Tu verras ! Je vais devenir le meilleur élève de tout Poudlard ! Pour la première fois un diplôme sera mis en place pour un moldu et il sera attribué avec la meilleure mention possible ! Je serai le premier moldu de l'Histoire à avoir ce diplôme, et à l'avoir avec les honneurs !

Harry parlait d'une voix assurée et il avalait son petit-déjeuner avec autant de conviction qu'il parlait.

Ginny souriait devant sa figure décidée. Elle voyait que les yeux du Gryffondor étaient toujours tristes. Incroyablement tristes. Cette décision avait dû lui demander tout le courage du monde, et son cœur n'était pas en accord avec ses ambitions. Elle voyait qu'il n'arrivait toujours pas à finir son assiette. Elle voyait qu'il avait la voix légèrement tremblante, toujours secouée par sa nuit douloureuse. Mais son sourire, lui, était vrai. Harry avait décidé de devenir le meilleur élève de Poudlard et elle savait qu'il y arriverait. C'était certain.

- Il y a juste un problème, dit finalement Harry en baissant les yeux.

- C'est quoi ?

- Les Potions…

- Ah oui, non, là, c'est mission impossible, dit fatalement Ginny en haussant les épaules. Pour réussir cette matière, surtout avec Rogue, il n'y avait bien qu'Hermione ou Dra…

Et elle se tut aussitôt, plaquant une main désolée sur sa bouche.

À la simple évocation de son nom, Harry s'était ramassé sur lui-même, rentrant sa tête dans ses épaules comme un enfant pris en faute. Son corps s'était figé, et ses mains s'étaient mises à trembler, lâchant immédiatement sa fourchette.

- Excuse-moi, Harry. Je ne voulais pas…

- C'est rien, Ginny, ne t'en fais pas.

Le moldu reprit en main sa fourchette et porta à ses lèvres un nouveau morceau de nourriture. Pourtant, Ginny perçut, au coin de ses yeux, deux minuscules larmes, qu'il essuya vivement avant de se racler la gorge et de lui sourire.

- Tu disais ? dit-il doucement.

- Je suis vraiment désolée, Harry, ça m'a échappé…

- Ginny, coupa-t-il en souriant. Tout va bien.

La rouquine baissa les yeux et pinça les lèvres. Depuis qu'il était parti, Harry ne supportait plus d'entendre son nom. Bien sûr, il n'avait interdit à personne de le prononcer, mais c'était plus fort que lui, lorsqu'il l'entendait… Quelque chose en lui se brisait. Alors, d'un commun accord, tous avaient décidé de ne plus le prononcer, jusqu'à-ce qu'Harry lui-même trouve le courage de le faire.

- Ginny ?

La sorcière sursauta.

- Tu me parlais des Potions, sourit le brun.

- Oh, oui. Je disais que ça allait être vraiment difficile de valider cette matière cette année.

Harry hocha la tête, faisant mine d'avoir oublié les précédentes paroles de son amie.

- Je pense qu'il va falloir que je m'entraine deux fois plus, dit sérieusement le moldu.

- Cinq fois plus, tu veux dire.

- Pourquoi cinq ?

- Pour rattraper les cinq années où tu n'as pas été élève à Poudlard, sourit la jeune femme.

- Tu marques un point, rit le brun.

Les deux amis terminèrent leur repas en faisant comme si rien ne s'était passé et Ginny encouragea Harry dans son entreprise d'obtenir son diplôme avec la meilleure mention possible. Lorsque le début des cours sonna, chacun prit un chemin différent, et Harry fut particulièrement attentif et participatif lors de ses cours d'Histoire de la Magie et d'Arithmancie, pour le plus grand plaisir de ses professeurs. Enfin, le cours tant redouté arriva, et Harry dû prendre une grande inspiration avant de se rendre dans les cachots de l'école.

Il s'assit au fond de la salle, à son bureau attitré, et ouvrit son manuel de Potions. Ses yeux balayèrent vivement la classe et il reconnut, sur plusieurs élèves, l'écusson jaune des Poufsouffle. Il soupira : il avait cru pouvoir faire équipe avec Luna, aujourd'hui. Sans aide, il pouvait dire adieu à sa bonne note.

- Rangez-moi cette boule de cristal, mademoiselle Bones ! tonna la voix du professeur Rogue en entrant dans la salle. Nous sommes en cours de Potions, l'avez-vous oublié ? Il n'y aura ni visions occultes, ni prédictions idiotes, dans ce cours !

La jeune femme rougit et rangea aussitôt sa boule dans sa poche.

Le professeur s'installa bruyamment à sa bureau en soupirant et croisa les bras, l'air sévère.

- Bien. La semaine dernière nous avons évoqué les propriétés extrêmement dangereuses de l'amortentia, le plus puissant philtre d'amour au monde. Quelqu'un peut-il me les rappeler ?

Aucun doigt ne se leva et le professeur soupira en se pinçant l'arrête du nez.

- Parfois Granger me manque, murmura-t-il pour lui-même.

Et Harry étouffa un petit rire.

- Personne ?

Tous les élèves regardèrent leur chaudron, leurs mains, et même par la fenêtre dans l'espoir de ne pas être interrogés.

Le professeur râla et lança un sort à un sablier sur son bureau qui se retourna aussitôt, faisant lentement s'écouler un sable blanc.

- Et bien, puisque c'est comme ça voyons ce que vous valez dans la pratique. Vous déposerez tous, à la fin de l'heure, une fiole contenant un extrait du philtre d'amour que vous aurez préparé ici-même.

La classe résonna de soupires et de râles déçus, fâchés.

- Si j'entends le moindre bruit vous serez immédiatement envoyé en retenue, me suis-je bien fait comprendre ?

Les élèves soupirèrent de nouveau, mais beaucoup moins fort, pour ne pas risquer de s'attirer les foudres de leur professeur.

Le sable coulait doucement et le directeur des vert et argent patientait toujours les bras croisés sur son estrade. Tous les yeux étaient braqués sur lui.

- Et bien ? s'agaça-t-il. Vous allez rester là longtemps à ne rien faire ?

Aussitôt, tous les élèves se levèrent et, par groupes de deux ou trois, partirent remplir leurs chaudrons près des robinets au fond de la salle.

Le professeur Rogue hocha la tête d'un air satisfait et s'assit à son bureau où il déroula un long parchemin qu'il commença à griffonner, le visage concentré.

Lorsque tous les élèves furent retournés à leur paillasse, Harry remplit à son tour son chaudron et le plaça sur son bureau. Il était le seul à posséder, à son pupitre, un feu qui fonctionnait au gaz. Les autres utilisaient leurs baguettes pour faire chauffer leurs potions.

Il feuilleta rapidement son manuel pour trouver la page correspondante à l'amortentia et blanchit lorsqu'il la trouva enfin. La potion était particulièrement complexe. En plus d'être dangereuse pour quiconque en sentait les effluves, attirant immanquablement les gens vers elle et leur faisant perdre l'esprit au profit de la personne qui souhaitait envouter sa victime, elle possédait un nombre incroyable d'étapes et Harry soupira lourdement lorsqu'il lut la dernière phase nécessaire à sa réalisation : « Lancer le sort de condensation : Condensatione ». Bon, là, c'était sûr, il n'y arriverait jamais.

Soudain la porte de la classe s'ouvrit à la volée, faisant sursauter tous les élèves, et un grand jeune homme de Poufsouffle surgit, le visage rouge et le souffle saccadé d'avoir trop couru.

- Excusez-moi professeur !

- Encore en retard, Diggory ? siffla sévèrement le directeur des Serpentard.

Harry releva les yeux de ses ingrédients. Il connaissait ce nom. C'était celui dont Hagrid se moquait chaque année, à cause de ses retards répétés.

- Je suis désolé, s'excusa-t-il de nouveau de sa voix grave. J-Je… le professeur Chourave avait besoin d'aide pour transporter ses mandragores et…

- Je ne veux pas le savoir, cinq points en moins pour Poufsouffle.

Tous les jaune et noir râlèrent, chuchotant tout bas, et Harry put entendre des « Ce n'est pas juste ! », « C'est le début de l'année et on a déjà cinq points en moins ! », « C'est encore la faute de Diggory ! ».

Le sorcier se gratta distraitement la tête, s'excusant de nouveau auprès du professeur et du reste de ses camarades. Le directeur des Serpentard leva la main devant lui, lui coupant la parole :

- Et je suppose que vous avez oublié votre matériel de Potions ? grimaça-t-il avec un regard noir.

- Oh non… mince !

Le Poufsouffle se frappa violemment le front. Harry esquissa un rire. Il aurait cru voir Ron.

- Et bien, vous aurez été étourdi jusqu'au bout, monsieur Diggory. Pour la peine, cela fera de nouveau cinq points en moins pour Poufsouffle.

- Mais professeur… ! répliquèrent des élèves.

- Ce n'est pas assez ?

Tous se turent en remuant rageusement le liquide dans leur potion.

- Bien, dit sèchement Rogue. Mettez-vous au travail, Diggory. Tenez, Potter, aidez donc votre camarade à rattraper son retard.

- M-Moi professeur ? demanda Harry, surpris.

- Oui, vous. Connaissez-vous quelqu'un d'autre dans cette classe se nommant Potter ?

- Non, mais…

- Et bien alors, vous n'avez pas toute la journée. Je veux un extrait d'amortentia sur mon bureau dans moins d'une heure.

Et le professeur se replongea dans la rédaction de son parchemin. Harry se mordilla la lèvre et sourit au sorcier qui s'approchait de lui, un regard d'excuse sur le visage.

- Désolé, je ne voulais pas t'imposer ma présence, dit le grand sorcier. J'espère que ça ne te dérange pas.

- Oh, ne t'inquiète pas, rit Harry en lui tendant une grosse racine de gingembre. Mais j'aime mieux te prévenir : je ne suis vraiment pas doué en Potions et tu risques fort d'obtenir une mauvaise note avec moi pour binôme.

- Me voilà rassuré, rit à son tour le Poufsouffle en saisissant l'ingrédient que lui tendait le moldu.

- Et puis tu tombes bien, je n'avais personne pour lancer le sortilège de condensation à la fin de la potion.

- Parce que tu penses que nous arriverons jusque là ? s'écria le sorcier, les yeux écarquillés.

Harry éclata de rire.

Le professeur Rogue leur lança un regard noir ponctué d'un fort « Chut ! » et Harry et le Poufsouffle se penchèrent vers leur chaudron d'un air honteux.

- Quoi ? sourit Harry en remuant sa potion toujours translucide. Tu veux dire que tu es pire qu'un moldu en Potions ?

- Tu n'as pas idée… souffla le sorcier en grimaçant.

- Alors on dirait bien qu'on est fichus.

- Rendons-nous à l'évidence.

Harry étouffa un nouveau rire et le Poufsouffle sourit d'amusement. Ils mirent plusieurs secondes à reprendre contenance et le sorcier lui tendit une main amicale :

- Je suis Cédric Diggory, se présenta-t-il.

Harry serra sa grande main, lui rendant son sourire.

- Enchanté, Cédric. Moi c'est Harry, Harry Potter.

- C'est un honneur, monsieur Potter, rit le Poufsouffle.

Harry se figea un instant lorsqu'il entendit ces mots et son cœur se pinça fort. Très fort. Il dût se concentrer sur sa respiration pour enfin reprendre ses esprits et secouer la tête pour oublier. Pour tenter d'oublier.

- Bien, alors, par quoi commençons-nous ? demanda Cédric en se frottant les mains.

Harry attrapa son manuel de potion et relut plusieurs fois la recette avant de saisir un scarabée séché :

- Il faut piler le scarabée bleu du Mexique et le mélanger avec le gingembre taillé en julienne.

- C'est qui Julienne ?

Harry rougit, honteux d'être incapable de répondre à la question du sorcier, car il était lui-même horriblement lacunaire en matière de Potions.

- Je ne crois pas que ce soit une personne, réfléchit le moldu. Il me semble que ça veut dire « coupé en lanières ».

- N'auraient-ils pas pu écrire « coupé en lanières » alors ?

- Eh, c'est pas moi qui fait les manuels, sourit-il en haussant les épaules.

Le Poufsouffle coupa consciencieusement le gingembre. Trop consciencieusement. Harry retint un rire en le voyant couper délicatement la plante avec ses grandes mains tremblantes. Le grand homme se léchait la lèvre supérieure, signe d'une concentration intense, et tentait de tenir son couteau avec toute la précision du monde.

- Quoi ? dit enfin Cédric en voyant le moldu retenir son rire.

- Rien, rien.

- J'ai fait une bêtise ?

- Non, non.

- Quoi alors ?

- C'est juste…

- Oui ?

- C'est très lent…

- Ah parce qu'il faut le faire vite en plus ? s'écria le sorcier.

Et Harry pouffa en prenant le couteau des mains de son camarade. Leurs doigts s'effleurèrent et Harry sentit une douce chaleur monter dans sa main.

- Que n'as-tu pas compris dans « sur mon bureau dans moins d'une heure », Cédric ? sourit le Gryffondor.

Le Poufsouffle grimaça.

- Il veut que ce soit vite fait ou il veut que ce soit bien fait ? dit-il sarcastiquement.

- Les deux, si possible.

- Et bien il va falloir qu'il choisisse.

Harry ne pouvait s'empêcher de sourire en coupant rapidement en morceaux le rhizome.

Le sorcier près de lui était véritablement hors du commun. Il était excessivement grand, et avait la silhouette épaisse, mais harmonieuse. Sa mâchoire était carrée et son nez bien droit. Il avait deux grands yeux noisettes et ses cheveux châtains le rendaient brillant comme un soleil à la lumière naturelle. Harry baissa les yeux sur son couteau. Quelque chose dans le Poufsouffle rendait sa présence agréable au moldu. Il avait une certaine naïveté, une certaine gaucherie qu'Harry trouva très amusante. Et Dieu seul savait qu'il avait besoin de rire en ce moment.

Il ne savait pas pourquoi, mais il se sentait réconforté d'être ainsi accompagné par le sorcier. C'était comme si, enfin, il respirait de nouveau un air frais et revigorant. Oui, c'était ça. Il respirait de nouveau.

Lorsque Cédric attrapa la poudre de curcuma et entreprit d'en verser une petite dose dans le chaudron, il déboucha la fiole si fort qu'il fut recouvert de poudre orange et ferma les yeux en pestant. Harry éclata de rire et attrapa un torchon.

- Je suis aveugle ! toussa le châtain en crachant de la fumée colorée.

- Je ne peux pas te laisser seul cinq minutes sans que tu ne fasses une bêtise ? ironisa Harry en essuyant le visage du grand homme qui faisait mine de mourir étouffé.

Harry passa le tissu sur la figure du sorcier et fut surpris de constater la chaleur qui émanait de sa peau. La même chaleur sembla lui embraser la main lorsque, de ses yeux bruns, le sorcier le regarda en souriant doucement, le remerciant de l'aider. Cédric était beaucoup plus grand que lui, et il se convainquit que c'était la douleur de devoir maintenir son bras en l'air pour le nettoyer qui lui donna la sensation de s'amollir près de lui.

- C'était totalement volontaire, s'offusqua Cédric en versant deux grammes de poudre dans le chaudron.

- Si nous arrivons à terminer cette potion dans les temps, ce sera un miracle !

- Une chance que je sois le descendant direct de Merlin alors.

- Tu m'en diras tant, pouffa le Gryffondor.

Harry secoua la tête, reposa le torchon sale et entreprit de mélanger sa mixture. Cédric se pencha alors par dessus lui pour saisir le manuel de Potions. Il sentit le torse du sorcier buter contre l'arrière de sa tête, lui arrachant un hoquet de surprise.

- Excuse-moi, fit le Poufsouffle en reculant.

- C'est rien.

Il sentit alors une grande main passer le long de sa nuque et il frissonna fort. Très fort. Ses mains tremblèrent et la cuillère en bois qu'il tenait tinta contre le bord en fonte du chaudron.

- Désolé, je t'en ai mis partout.

Cédric ébouriffa l'arrière de sa tête, secouant la poudre jaune qui s'était logée dans ses cheveux. Puis ses doigts descendirent sur sa nuque et le long de ses épaules. La sensation était étrange. Étrange car jamais il ne lui vint à l'esprit de repousser les doigts de l'homme qui passaient délicatement contre lui. Jamais il n'essaya de se soustraire à ce contact. Il ne ressentait pas le besoin fulgurant de le fuir. Au contraire. Il ne savait pas pourquoi, mais il voulait que la main du sorcier reste sur lui. Et il ne comprenait pas pourquoi, malgré lui, ce contact lui était apaisant et sécurisant.

Il sentit le sorcier souffler contre sa nuque pour retirer le reste de poudre jaune. Une chair de poule le prit tout à coup, faisant se dresser ses cheveux à la base de son cou et son corps trembler un peu plus fort. Le souffle était doux et chaud et Harry hoqueta de surprise. C'était si différent...

- Et voilà.

Cédric s'était redressé et avait replongé son regard dans le manuel de Potions.

Harry refoula un énième frisson et soupira le plus doucement possible, tentant d'analyser les sensations étranges et particulières qui parcouraient son corps et faisaient battre son cœur à un rythme anormalement démesuré.

Il ne s'en était pas rendu compte, mais ses joues s'étaient empourprées d'elles-même. Et lorsqu'il leva les yeux, il remarqua le visage rosissant du Poufsouffle, occupé à lire la recette.

Le Gryffondor se racla doucement la gorge et, se reconcentrant sur son travail, termina d'hacher le gingembre et écrasa le scarabée. Il mélangea les deux ingrédients et versa la pâte obtenue dans le chaudron qui vira doucement au bleu. Il pinça les lèvres. Le bleu devait être indigo, or là il était turquoise. Quelque chose n'allait pas… Alors qu'il relisait une fois de plus la recette il vit Cédric jeter une myrtille dans la potion et elle commença à fumer comme un feu de cheminée. Il poussa un petit cri de détresse :

- Mais qu'est-ce que tu fais, Cédric ?

- Tu voulais qu'elle soit indigo, non ?

- Oui, mais pas avec une myrtille ! La myrtille risque de briser les molécules du scarabée et…

- Regarde donc avant de juger, sourit l'homme.

Harry se pencha vers son chaudron : la fumée commençait à s'évaporer et le bleu turquoise prenait une jolie couleur foncée. Bientôt, le liquide devint indigo, exactement comme Cédric l'avait prédis.

- Alors, souffla Harry, les yeux écarquillés. Tu es véritablement le descendant direct de Merlin ?

- Non. Les myrtilles c'est bleu, alors forcément la potion…

Et Harry lui donna une petite tape sur le bras. Cédric fit mine d'être blessé mais retint son rire devant le visage accusateur du moldu.

- De rien, Harry.

Harry leva les yeux au ciel en secouant la tête et retourna à ses ingrédients, le sourire aux lèvres.

Durant tout le reste de l'heure, Cédric enchaina les catastrophes et les maladresses : remplaçant les graines de pastèque par des graines de melon, l'eau pétillante par de l'eau gazeuse, et les prunes par des pruneaux. À la fin du cours, Harry avait la robe toute tâchée des frasques colorées du Poufsouffle qui l'avait aidé du mieux qu'il avait pu. Et, bien évidemment, leur philtre d'amour ne fut bon qu'à briser un couple. Pas l'ombre d'une effluve attirante ne s'en échappa, et Harry et Cédric trouvèrent que leur chaudron sentait le rance et la pourriture au lieu des très attendus parfums qui étaient censés s'adapter et attirer chaque personne qui s'en approchait. Ils obtinrent un horrible « D » et s'en sortirent avec un avertissement pour manque de sérieux et indiscipline au sein de la classe.

Pourtant, ce fut le meilleur cours de Potions qu'Harry vécut jamais.

- On aura fait tout ce qu'on a pu… dit fatalement Cédric d'un air désolé en sortant de la classe.

- C'était la pire potion que j'ai jamais réalisé, rit Harry.

- Désolé pour le « D ».

- La prochaine fois, nous essaierons d'avoir un « A ».

- Donc il y aura une prochaine fois ? sourit doucement le Poufsouffle en glissant ses mains dans ses poches.

- Je l'espère. C'était très amusant de travailler avec toi.

- Je n'ai pourtant pas servit à grand chose.

- Au contraire, tu as été indispensable.

Il le pensait réellement. Et il sentait que cela n'avait rien à voir avec son statut de sorcier capable de lancer un sort à la fin d'une potion. Il lui avait été indispensable.

Le Poufsouffle lui rendit son sourire et son grand corps se pencha doucement vers lui, abaissant son visage presque face au sien :

- Alors j'ai hâte d'être au prochain cours.

- Ce sera avec plaisir.

Le sorcier lui fit un signe de la main et tourna les talons dans le couloir. Harry resta un instant là, serrant dans sa main ses affaires personnelles.

Durant une heure, il l'avait oublié. Durant une heure, il était redevenu Harry. Le vrai Harry. Aujourd'hui, pour la première fois depuis des semaines, il avait rit sincèrement et de bon cœur.

Pourtant, il ne le voulait pas. Il ne voulait pas l'oublier. L'oublier, c'était oublier l'amour de sa vie.

Comment l'oublier, lui qui lui manquait tant ? Et pourtant, aujourd'hui, avec Cédric, il avait réussi.


Et voilà !

Alors ? Vous attendiez-vous à voir Cédric apparaître dans la vie d'Harry ? Que pensez-vous de ce premier contact ?

Vous avez pu remarquer qu'Harry a pris la décision de se ressaisir et de réussir à obtenir son diplôme avec les honneurs ! On peut dire qu'il reprend doucement du poil de la bête, à son rythme.

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite :D.

À mardi pour la suite, je vous embrasse très fort !