Bonjour,

Je ne cesserai jamais de vous le dire : merci à tous pour vos reviews. C'est tellement important pour moi de vous lire, d'avoir vos avis. Ça me fait beaucoup de bien de voir que cette histoire vous plait. Ça m'encourage beaucoup et me motive énormément. Merci de tout mon cœur ! Continuez ainsi ;).

L'arrivée de Cédric dans la vie d'Harry a été plutôt bien acceptée par vous. Vous êtes nombreux à espérer qu'Harry se reconstruise auprès de lui. Mais ça, seul l'avenir nous le dira :).

J'espère que la suite vous plaira !

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 31 : La bibliothèque.

- Alors, tu veux bien, Luna ?

- Bien sûr, je suis ravie que tu aies pensé à moi, Harry.

La jeune femme lui fit un grand sourire et il hocha la tête, soulagé.

- La fête aura lieu la semaine prochaine, à vingt et une heures tapantes.

- Je suis sûre que ce sera amusant.

Harry se sentit aussitôt rassuré de savoir Luna près de lui lors de la fête du fantôme de Gryffondor. Pas qu'il ne voulait pas participer à son cinq centième anniversaire, juste, il ne se sentait pas véritablement à l'aise dans les cachots. Il essaya de se convaincre qu'il ne l'avait jamais été, peine perdue.

- Ginny ne veut pas nous accompagner ? demanda alors Luna.

- Elle ne peut pas, elle a un match très important le lendemain, elle doit se coucher tôt.

- C'est vrai que Gryffondor a très bien commencé la saison, ce serait dommage de tout gâcher pour un quincentenaire.

Harry hocha la tête, ne sachant pas réellement si Luna plaisantait ou non.

- Ginny est la première sorcière a avoir été capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor cinq années de suite depuis un siècle, d'après McGonagall ! sourit le moldu, impressionné et fier de son amie.

- Le sport, les Weasley ont ça dans le sang, dit la rouquine en arrivant, son balai dans une main et ses bottes de Quidditch dans l'autre.

Luna et Harry la saluèrent et sifflèrent d'admiration lorsqu'elle fit mine de chevaucher son balai.

- J'espère que vous ne passerez pas votre lendemain de fête à dormir ! Je compte bien rafler la victoire aux Poufsouffle, la semaine prochaine !

- Tu sais, Cédric Diggory s'est beaucoup entrainé pendant les vacances, dit Luna d'une voix rêveuse. Il ne faudrait pas que tu le sous-estimes.

- De nous deux j'ai toujours été la meilleure attrapeuse, et je vais le lui prouver une fois de plus !

Ginny était déterminée et Harry sourit doucement.

La rouquine se lança alors dans un discours animé sur ses prestations phénoménales en temps qu'attrapeuse, et son rôle essentiel de capitaine de l'équipe. Luna l'écoutait avec attention, prenant des notes, tandis qu'Harry, lui, laissait son esprit vagabonder.

Cela faisait déjà presque deux mois qu'il était à Poudlard, et la vie semblait s'écouler au ralenti. Tous les jours se ressemblaient et étaient d'une triste monotonie. Pourtant Luna écrivait de plus en plus d'articles pour Le Chicaneur, le journal de son père, et trouvait chaque jour un nouveau sujet auquel s'intéresser. Harry avait répondu à au moins dix de ses interviews, mais, à chaque fois, quelque chose de nouveau interpelait la blonde, et rendait ses journées pleines d'aventures. Ginny aussi semblait épanouie dans son rôle de capitaine de l'équipe de Quidditch de Gryffondor. Elle leur parlait de Dean tous les jours, et leur disait à quel point elle souhaitait le rendre fier d'elle. Harry les estimait beaucoup. Bien plus que cela… Il les enviait.

Car, lui, n'avançait pas.

Il avait fini par s'en rendre compte. Il ne pouvait pas avancer. Il ne voulait pas avancer. La douleur dans sa tête l'obsédait et, chaque jour, il se sentait mourir. Pourtant il ne mourrait pas. Chaque jour, il affrontait son horrible reflet dans le miroir. Le reflet d'un garçon qui ne vivait plus. Un garçon qui survivait. Son visage était éteint, et malgré ses sourires, un voile de tristesse pesait continuellement sur ses paupières fatiguées. Car il était épuisé, tellement épuisé… Épuisé de l'aimer toujours si fort. Épuisé de ne penser qu'à lui, chaque jour, chaque minute, chaque instant. Et il était là. Toujours là. Lui qui était pourtant si loin.

Et il espérait, encore, toujours, à jamais… Il espérait le revoir, une seule seconde, pour l'enlever de cet abîme monstrueux dans lequel il l'avait plongé en le quittant, cette nuit-là.

Il aurait voulu le détester. Il aurait voulu le haïr. Cela aurait été plus facile… Tellement plus facile… Mais il l'aimait... Terriblement, il l'aimait… Il l'aimait si fort que son corps avait cessé de vouloir vivre sans lui. Il l'aimait si fort que respirer lui faisait mal. Il l'aimait si fort que chaque nuit, inlassablement, il s'endormait dans la douleur de l'avoir perdu. Chaque soir il le voyait, son esprit reconstituant son image, devenant de plus en plus floue à mesure que le temps passait. Il lui souriait, toujours, il lui souriait. Et il entendait sa voix. Et il sentait son odeur. Il était là. Mais lorsqu'il ouvrait les yeux, le matin venu, il était seul. Alors, il voulait mourir.

Pourtant, il savait ce qu'il devait faire. Il s'était trouvé un but, un objectif, pour ne pas sombrer dans la folie, pour ne pas mourir de cette souffrance qui ne quittait jamais son cœur. Il savait qu'il devait apprendre à vivre avec. Il savait qu'il devait apprendre à vivre sans lui. Il devait continuer d'avancer. Mais malgré son objectif, malgré ses rires et ses sourires… Il était là. Indéniablement, il était là. Et il mourrait de se sentir si seul, lui qui était pourtant si entouré.

Plus rien dans sa vie n'avait d'importance. Et il savait que sans cet objectif qui motivait patiemment ses journées, il ne survivrait pas. Car rien n'était aussi important que lui.

- Tout va bien, Harry ? demanda Luna, le regard inquiet.

Le moldu secoua doucement sa tête et eut un sourire doux pour la sorcière :

- Oui, ne t'en fais pas. J'étais juste en train de penser à mon prochain cours de Divination. Il me manque quelques livres.

Une nouvelle chose qu'il avait commencé à faire depuis sa rentrée à Poudlard. Désormais, il mentait à ses amies.

Oh, de petits mensonges, rien de bien grave. Mais jamais il ne leur disait ce qu'il ressentait réellement. Car leur en parler voudrait dire exposer ses émotions, et il ne le voulait pas. Jamais. Elles étaient à lui. Il les gardait précieusement, comme de petits trésors qu'il ne partagerait qu'avec lui, s'il le revoyait un jour. Alors il leur mentait, leur souriant, effaçant temporairement de son esprit ses pensées douloureuses. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'elles ne le croyaient pas. Elles décelaient chaque mensonge, chaque tromperie. Et elles agissaient comme si de rien n'était, car elles savaient. Elles savaient que si Harry n'en parlait pas, c'est qu'il n'était tout simplement pas prêt à en parler.

- T'es pas déjà assez doué en Divination ? Tu dois en plus emprunter des livres ? souffla Ginny, effarée.

- Ce n'est pas parce que j'obtiens régulièrement des « O » qu'il faut que je relâche mes efforts, dit-il d'un ton décidé. La Divination est une matière très nébuleuse, si on oublie d'ouvrir tous ses chakras, on risque de…

- Ça y est, tu m'as perdue, fit Ginny en levant les yeux au ciel.

Luna prit un nouveau parchemin et suçota le bout de sa plume :

- Tu arriverais à prédire les résultats du match de la semaine prochaine, Harry ?

Le moldu termina sa tasse de thé à une vitesse phénoménale et la reposa brutalement sur la table :

- Voyons ça !

- Oh non ! Non, non, non, non, non ! intervint Ginny. Je ne veux pas le savoir !

- Allez, Ginny, ça sera amusant, dit Luna, prenant déjà des notes.

- Si tu me dis ce qu'il va se passer, cela ne se passera pas !

- Mais si je te dis que c'est Gryffondor qui va gagner ? se défendit Harry.

- Et bien je serai trop sûre de moi, je me laisserai aller et nous ne remporterons pas le match !

- Mmh, et si c'est Poufsouffle qui aura la victoire ?

- Alors je serai à cran et en colère et je n'arriverai pas à gérer mon équipe correctement en sachant que nous allons perdre. Dans les deux cas savoir les résultats nous mènera à l'échec ! Non, non, je ne veux pas savoir !

- Bon, bon… soupira Harry en riant.

Luna leva haut la main, tressautant sur le banc de la table des Gryffondor.

- Moi, moi ! Prédis-moi quelque chose, Harry !

- Très bien, alors…

Et Harry attrapa sa tasse vide des deux mains et se concentra sur les formes que formaient les feuilles de thé humides à l'intérieur.

Les feuilles formaient un amas disgracieux et brunâtre qu'il eut toutes les peines du monde à déchiffrer. Il fronça les sourcils, se concentrant.

- Alors ?

- Je vois…

Il décela une forme de lunule, mais il ne savait absolument pas comment l'interpréter.

- Je vois… comme un croissant…

- Un croissant ?

Luna prit des notes.

- Oui. Une lunule.

- Et qu'est-ce que ça veut dire ?

- Ça peut avoir un rapport avec toi, ton prénom.

- La Lune ?

Harry hocha la tête.

- Sinon ?

- Sinon cela peut symboliser un sourire.

- C'est vrai que je suis d'humeur souriante aujourd'hui, répondit la blonde.

- Quelque chose ou quelqu'un te fera sourire, ou rire. Ou bien tu croiseras quelqu'un de souriant, je ne sais pas trop…

- J'ai hâte de voir ce que ça signifie !

- Mais je n'ai pas la science infuse, rappela le moldu. Je me trompe peut-être.

- Ou peut-être pas.

- Si j'étais à ta place je ne m'y fierais pas trop, Luna, dit Ginny d'un air méfiant. La Divination n'est pas une science exacte.

- Mais c'est ça qui est amusant ! répondit la Serdaigle.

Ginny passa le reste du repas à leur raconter la stratégie qu'elle avait mis au point pour le match de la semaine prochaine. Et lorsque la cloche résonna, annonçant la reprise des cours, les deux jeunes femmes se levèrent rapidement, contrairement à Harry qui prit tout son temps.

- Tu n'as pas cours ? demanda la blonde.

- Non, pas cet après-midi.

- Je tuerais pour avoir ton emploi du temps… geignit Ginny en mettant ses bottes. Bon, on se voit plus tard alors !

Et elle partit en direction du stade de l'école aussi vite qu'elle était arrivé.

Luna et Harry échangèrent un signe de la main et se séparèrent devant les portes de la Grande Salle.

Harry souffla un grand coup et serra son sac contre lui. Il mourrait d'envie de retourner dans sa chambre, de s'y enfermer, et de n'y ressortir que le soir venu, pour le dîner. Mais il savait que ce n'était pas ainsi qu'il honorerait son engagement : il devait obtenir son diplôme avec la meilleure mention possible. Alors il se dirigea d'un pas lent vers la bibliothèque.

Regardant ses pieds qui avançaient automatiquement, sans volonté aucune, Harry fit près de la moitié du chemin sans jamais lever les yeux. Soudain, il entendit crier son prénom et cela le sortit de sa torpeur. Il releva la tête et vit arriver à sa hauteur Tom Jedusor, un immense sourire aux lèvres.

- Bonjour, dit le Serpentard en se penchant vers le moldu.

- Bonjour, Tom, répondit poliment Harry, continuant d'avancer doucement alors que le sorcier marchait à son côté.

- Où vas-tu comme ça ? questionna le grand homme, le regarda perçant. Tu n'as pas cours aujourd'hui ?

- Non, je vais faire un tour à la bibliothèque.

- C'est justement sur mon chemin, sourit le Serpentard.

Harry lui sourit doucement, mais il resserra sa prise sur son sac.

Tom réduisait dangereusement l'écart entre eux, se rapprochant imperceptiblement de lui, et Harry fut pris d'une sensation d'étouffement désagréable qu'il refoula. Il devait rêver. Le Serpentard ne s'approchait pas tant que cela.

Alors il vit que le sorcier portait sa tenue de Quidditch et tenait fermement son balai dans sa main.

- Tu as un entrainement ? demanda le moldu.

- Heureux que mes performances t'intéressent.

Ses yeux brillaient. Harry sentit qu'il y avait un sous-entendu, mais il ne le comprit pas.

- Mais tu ne vas pas être en retard ? dit-il, étonné.

- Ils peuvent bien se passer de moi quelques minutes.

- Mais je ne voudrais pas…

- Je t'accompagne à la bibliothèque. Ça me fait plaisir.

La voix s'était faite mielleuse et ferme à la fois. Harry hocha la tête.

Un silence léger s'installa entre eux, rompu par le bruit régulier de leurs pas qui avançaient à l'unisson. Alors, le Serpentard passa son bras autour des épaules du moldu et lui sourit lorsque les yeux étonnés du brun se levèrent vers lui :

- Que vas-tu faire à la bibliothèque ? demanda-t-il.

Harry sentit ses doigts sur lui et eut un frisson étrange. Inhabituellement froid.

- J'ai besoin de quelques livres de Divination.

- Tu as quelques lacunes en la matière ? J'ai obtenu de très bonnes notes, l'année dernière, je peux t'aider si jamais…

- Oh, non, ne t'en fais pas, j'ai juste besoin de quelques précisions.

- Si tu as besoin d'aide je…

- Merci, Tom, dit soudain Harry en se dégageant doucement de l'emprise du Serpentard. Mais ça va aller, je t'assure.

- Si tu le dis.

Et ils continuèrent d'avancer dans les couloirs. Harry vit le sorcier croiser les mains derrière son dos et se sentit gêné, honteux. Il n'avait pas voulu paraître impoli en repoussant ainsi l'homme, mais sa présence avait quelque chose qui lui donnait l'impression de n'être pas à sa place. Pourtant, Tom n'avait jamais rien dit de méchant, il était même plutôt gentil. C'était son être tout entier qui le mettait mal à l'aise et il ne savait pas exactement pourquoi.

- Tu es très beau, aujourd'hui, dit alors Tom, faisant sursauter le moldu.

Harry rougit.

- Q-Quoi ?

- Tu veux m'obliger à le répéter ? sourit l'homme avec un regard amusé.

- N-Non, bredouilla-t-il, gêné au possible. Mais je ne vois pas pourquoi tu me dis ça tout d'un coup.

- Comme ça, dit-il en haussant nonchalamment les épaules.

Harry baissa les yeux. Il ne savait vraiment pas comment prendre les paroles du Serpentard.

- Je voulais juste que tu le saches, continua alors le sorcier.

- C'est… très gentil. Merci ?

Non, vraiment, il ne savait pas comment réagir.

- Mais de rien. À vrai dire, tu es beau tous les jours.

Harry sentit monter en lui une gêne incommensurable et, inconsciemment, il pressa le pas.

- C'est vraiment gentil, je…

- J'espère que je ne te mets pas mal à l'aise.

- Non, non, pas du tout, s'écria presque Harry, les yeux irrémédiablement baissés vers le sol de pierre.

- Très bien. Ça serait dommage, parce que j'aime beaucoup ta compagnie.

- O-Oh, ah, c'est… c'est super, je…

- Je voulais te demander, Harry…

Alors, le moldu aperçut enfin les portes de la bibliothèque et s'arrêta devant avec l'envie fulgurante d'y entrer sans un regard en arrière. Il releva la tête vers Tom qui pinçait désormais les lèvres, semblant déçu d'être arrivé si vite à la destination du brun.

Harry posa sa main sur la poignée de la porte et esquissa un sourire contrit au Serpentard devant lui :

- Nous sommes arrivés.

- Quel dommage…

- Tu voulais me demander quelque chose ? demanda-t-il par curiosité.

- J'aime ta perspicacité.

Harry ne sut pas s'il devait se sentir piqué ou flatté.

- J'aimerais savoir ce que tu as prévu samedi soir.

- Samedi soir ? bredouilla le moldu en pâlissant. Oh, euh, je ne sais pas, je…

- Les Serpentard organisent une petite soirée. J'aimerais que tu sois des nôtres.

- Moi ? Mais, je suis un Gryffondor.

Le sorcier sourit doucement et s'appuya contre la porte de la bibliothèque, empêchant quiconque d'y entrer ou d'en sortir.

- Il ne me semble pas que cela posait problème, l'année dernière, lorsque tu passais tes journées dans notre salle commune.

Les doigts du moldu se serrèrent doucement sur la poignée bloquée.

- C'est très gentil de m'avoir invité, Tom, mais cette année j'aimerais vraiment me concentrer sur les cours… il faut que je révise…

- Même pas une petite heure ? Puis je te raccompagnerai à ta chambre.

- N-Non, merci beaucoup, mais je ne préfère pas. Les cours de Potions de cette année sont particulièrement difficiles et…

- D'accord, Harry, inutile de te justifier, dit alors le sorcier, un sourire déçu sur le visage. Ce sera pour une prochaine fois.

Un soulagement envahit alors le corps du Gryffondor.

- Oui, excuse-moi de devoir décliner ton invitation…

- Ce n'est rien, soupira-t-il. Je m'y rendrai donc seul, comme un vaillant petit soldat.

Harry sentit dans sa voix qu'il tentait de le faire culpabiliser et il fronça les sourcils.

- Pourquoi n'invites-tu pas quelqu'un d'autre ? Un Serpentard, peut-être ?

- Parce que c'est toi que je veux.

Harry se figea instantanément sur place, le cœur battant et le corps tendu. Il vit le Serpentard se pencher vers lui, le regard sombre et attentif, et il crut mourir de peur lorsqu'il sentit son souffle sur son visage, juste sur ses lèvres. La bouche de l'homme était si près de la sienne que leurs respirations se mélangèrent et il sentit une puissante angoisse lui retourner l'estomac et le faire trembler.

- Pardon, pardon, on peut entrer s'il vous plait ? dit un groupe d'élèves en arrivant, les bras chargés de livres.

Le sorcier s'écarta aussitôt du moldu et de la porte, laissant les élèves passer avec leur fardeau. Harry sembla reprendre possession de son corps et s'élança à la suite du cortège. Et sans aucun regard envers le Serpentard, il lança un rapide :

- Merci de m'avoir accompagné.

Et disparut à l'intérieur de la bibliothèque.

Là, il s'appuya contre le premier bureau qu'il trouva et reprit péniblement son souffle.

Que venait-il de se passer ?

Il ne comprenait pas très bien… Il avait sentit un… Danger ? Il se sentit gêné d'avoir abandonné le Serpentard sans explication aucune. Mais, bien plus puissant que sa gêne, c'était un sentiment de soulagement qui envahissait son corps : il avait eu si peur en voyant l'homme s'approcher ainsi de lui. Il croyait percevoir ses intentions, mais il secoua la tête. Non, c'était impossible. Tom ne l'avait pas invité à un rendez-vous... N'est-ce pas ? Tom était intéressé… Par lui ? Mais il était un Gryffondor. Et un moldu. Comment était-ce possible ? Il inspira et expira calmement.

Lorsqu'il était avec lui, il se sentait étouffé, pris au piège, et cela lui faisait peur. Incroyablement peur. Pourtant, Tom n'était pas méchant. Au contraire, il était même très gentil. Mais il n'était pas prêt. Pas maintenant. Pas tout de suite. Peut-être même jamais.

Harry eut toutes les peines du monde à calmer les tremblements qui agitaient ses mains. Son esprit ne pensait qu'à une chose.

C'était lui. Il était si étrange de concevoir qu'un autre homme que lui puisse partager sa vie. Pourtant, il lui avait dit de trouver quelqu'un de bien. Il ne reviendrait pas. Alors, était-ce si inconcevable ?

Harry ne voulait pas y penser. C'était lui. Comment pouvait-il en être autrement ?

Après plusieurs minutes, son cœur reprit enfin un rythme normal et il se dirigea vers les immenses allées garnies de milliers de livres.

La bibliothèque de Poudlard était gigantesque.

Sur plusieurs dizaines de mètres s'étendaient des rangées interminables d'étagères où s'alignaient des livres de toutes formes et de toutes tailles. Même au-dessus de sa tête, dans les étages supérieurs atteignables via des escaliers ou des échelles spéciales, Harry aperçut sur plusieurs mètres de hauteur des livres à l'infini. La salle était plongée dans une semi-obscurité, éclairée par quelques lampes qui vacillaient doucement au rythme des pages qui se tournaient sur les tables occupées par les élèves. L'ambiance y était feutrée, et il semblait y faire bon étudier ou lire en toute tranquillité. Autour de lui, Harry vit des livres s'envoler pour se ranger automatiquement à leur place initiale, parmi le dédale d'étagères et d'allées qui formaient un véritable labyrinthe. Tout dans cette pièce irradiait la magie. À chaque fois qu'il posait le pied à la bibliothèque, Harry était semblable à un enfant dans une fête foraine.

Le moldu posa ses affaires sur une table inoccupée près d'une fenêtre et se perdit dans les immenses allées à l'odeur poussiéreuse.

Il récapitula mentalement les livres dont il avait besoin pour le prochain cours de Divination. Le thé dans tous ses états, Boule et bille(1), Le Chi, le Ki et le Mana, Le Troisième Œil, et…

- Les sept boules de cristal(2) ! s'écria-t-il, s'attirant des regards colériques de la part des élèves qui travaillaient en silence sur les petites tables dans les allées.

Le moldu leur fit un sourire désolé et se rendit dans la section « Voyance, prévoyance et divination » au fond de la bibliothèque.

Quelle chance ! Tous ses livres étaient encore disponibles. Il les trouva tous sans aucune difficulté. Tous sauf un.

- Et Le Troisième Œil ? se questionna-t-il lui-même, parcourant des yeux les rangées interminables de livres qui l'entouraient.

Il chercha dans les « T », dans les « L » et même dans les « O », mais il ne trouva rien. Quelqu'un ne l'aurait pas déjà emprunté tout de même, si ?

Il s'accroupit au sol. Rien. Il tourna autour de l'étagère. Rien. Il souffla fort, commençant à s'agacer lorsque, levant les yeux, il l'aperçut enfin. Le livre était négligemment posé sur le haut de l'étagère, absolument pas rangé à sa place habituelle.

Il eut un geste victorieux et se mit sur la pointe des pieds, tendant ses jambes et son bras au maximum. Ses doigts frôlèrent le dos du livre et il serra les dents. Encore quelques millimètres, il y était presque !

Alors, il aperçut une main passer au-dessus de sa tête et saisir le livre qu'il essayait d'atteindre.

- C'est ça que tu cherches ? demanda une voix amusée.

Lorsqu'Harry se retourna, il eut une mine faussement vexée, mais ne put empêcher un sourire d'étirer ses lèvres roses :

- J'étais à deux doigts d'y arriver.

- Ah ? Au temps pour moi…

Et Cédric replaça le livre exactement là où il l'avait pris.

- Merci bien, sourit Harry.

Il se remit de nouveau sur la pointe des pieds sous le regard amusé du Poufsouffle. Il étira ses doigts au maximum et grimaça. Il en était sûr, l'homme avait placé le livre plus loin exprès !

Alors qu'il commençait à pester silencieusement, il sentit des mains se poser sur ses hanches et poussa un petit cri de surprise lorsqu'il sentit ses pieds quitter le sol. Cédric le soulevait avec une facilité déconcertante. Harry aperçut le livre tant convoité juste en face de son visage et l'attrapa d'un geste vif. Alors, le Poufsouffle le reposa à terre avec un sourire impressionné :

- Comment ai-je pu douter de toi une seule seconde ? fit-il avec ironie.

- Je n'ai besoin de personne, moi, monsieur.

Et ils éclatèrent de rire, s'attirant de nouveau les foudres des autres élèves dans la pièce.

Harry pouvait sentir une douce chaleur s'infiltrer en lui, juste à l'endroit où les mains de Cédric s'étaient posées sur ses hanches.

- Merci, dit-il finalement en serrant son livre dans sa main.

- Oh mais c'est toi qui as fait tout le boulot, sourit le Poufsouffle.

Le moldu remarqua alors le livre que le sorcier tenait dans sa main et haussa les sourcils :

- Tu révises les Potions ?

Alors, Cédric rougit et tenta de cacher son livre dans son sac avec un sourire gêné :

- Oui, c'est pour notre prochain cours, fit-il en se raclant la gorge. Je n'ai vraiment servit à rien, l'autre fois. J'aimerais pouvoir t'aider un peu plus.

Le cœur d'Harry rata un battement et le rouge lui monta aux joues.

- Mais tu n'es pas du tout obligé de te sentir coupable, Cédric, nous avons raté l'amortentia ensemble. J'ai autant de difficultés que t…

- Non. Je ne savais même pas la définition de « julienne ». Je tiens à pouvoir t'aider convenablement. À quoi vais-je pouvoir te servir si je ne suis même pas capable de couper convenablement un morceau de gingembre ?

Le Poufsouffle lui souriait d'un air rassurant et Harry lui rendit son sourire. Il ne savait pas pourquoi, mais la présence du châtain le détendait. Il se sentait… protégé… Cela faisait plusieurs semaines que ce sentiment l'avait abandonné, et il avait cru ne jamais pouvoir le ressentir de nouveau.

Alors, tout naturellement, il invita Cédric à le rejoindre, à sa table près de la fenêtre et le Poufsouffle s'assit face à lui avec un air heureux.

Sans qu'ils ne s'en rendent compte, ils passèrent le reste de l'après-midi à discuter. Cédric expliqua à Harry combien il trouvait formidable qu'un moldu puisse suivre des cours à Poudlard. Il lui raconta que, lorsqu'il était petit, il s'était lié d'amitié avec une petite fille moldue et qu'il avait trouvé son monde véritablement fascinant. Il avait toujours trouvé les moldus particulièrement débrouillards et intelligents et il était ravi que le monde sorcier s'ouvre progressivement aux moldus.

Harry apprit que Cédric venait d'une famille de Sang Pur et était fils unique. Son père travaillait au Ministère de la Magie, au Département de Contrôle et de Régulation des Créatures Magiques. Celui-ci était d'ailleurs très ami avec Arthur Weasley, ayant fait leur scolarité ensemble. C'était d'ailleurs pourquoi la proximité entre les sorciers et les moldus ne le dérangeait pas. Le Poufsouffle était l'attrapeur et le capitaine de l'équipe de Quidditch de sa maison. Il trouvait d'ailleurs Ginny particulièrement redoutable.

Le sorcier parla de lui, de sa vie, de sa famille, mais s'intéressa également énormément au mode de vie du moldu. Il lui demanda depuis combien de temps il était ami avec Hermione, Ron et Ginny, comment il avait fait pour enfin pouvoir suivre des cours à Poudlard, ce que cela lui faisait de vivre dans un monde magique. Et Harry parla, parla, et parla durant des heures. Il lui expliqua qu'il était intolérant à la magie et qu'un sort de protection particulièrement puissant, inventé par le professeur Dumbledore lui-même, lui permettait de suivre les cours comme un élève normal. Il lui raconta à quel point il trouvait la magie incroyablement fabuleuse. Il lui dit combien il était heureux d'avoir la chance de vivre ces deux années à Poudlard et d'obtenir un diplôme valable dans le monde magique.

Et ils ne virent pas le temps passer. Cédric faisaient de grands gestes, manquant de faire tomber les livres autour de lui, faisant rire le Gryffondor qui pouffait lorsqu'il l'écoutait parler du premier cours qu'il avait subi avec le professeur Rogue, en Première Année. Tous les élèves, et madame Pince, la bilbiothécaire elle-même, les rappela à l'ordre à plusieurs reprises, leur intimant de faire moins de bruit. Mais même en chuchotant, les deux hommes furent intarissables de paroles. Harry avait le corps apaisé. Pour la première fois depuis longtemps, trop longtemps, il se sentait bien. La compagnie du Poufsouffle était rassurante, agréable, et il riait de son visage si expressif. Son sourire était naturel, et Harry sentait qu'une confiance s'établissait doucement entre eux. Sans qu'il ne s'en rende véritablement compte, le Poufsouffle entrait dans sa vie.

Aucun d'eux n'avait ouvert le moindre livre durant tout l'après-midi.

Les coudes sur la table et ses mains soutenant son visage, Harry écoutait Cédric lui raconter une énième anecdote sur sa vie, et il éclata de nouveau d'un rire sincère.

- … et là Ron et ses frères sont tombés la tête la première sur le sol tandis que monsieur Weasley, mon père et moi arrivions en marchant tranquillement dans les airs ! Tu aurais vu leur tête, aux Weasley ! C'était la première fois qu'ils prenaient un portoloin, et je peux te dire que ça fait sacrément mal lorsqu'on n'est pas préparé à l'atterrissage ! D'ailleurs, tu…

Mais un son de cloche résonna dans la salle, coupant la parole au sorcier.

- La bibliothèque va fermer ses portes ! tonna la voix de madame Pince. Tous les élèves sont priés de quitter les lieux. N'oubliez pas de ranger les livres que vous avez utilisé avant de sortir !

Harry jeta alors un regard par la fenêtre : il faisait noir. La nuit était déjà tombée, et depuis un moment, car des étoiles brillaient déjà haut dans le ciel. Ils n'avaient pas vu le temps passer.

Cédric soupira et se leva :

- Je suis vraiment désolé, Harry, tu voulais sûrement réviser, j'ai pas fait attention à l'heure.

- Ce n'est rien, dit à son tour le moldu en prenant tous ses livres dans ses bras. Ça m'a fait du bien de discuter avec toi. Beaucoup de bien.

Et le visage du châtain s'illumina :

- Moi aussi, ça m'a fait très plaisir. Vraiment.

Dans les yeux du Poufsouffle, Harry vit passer un éclair de bonheur et de tendresse et il resserra sa prise sur ses livres.

Les deux hommes sortirent enfin de la salle, non sans emprunter les livres qu'ils n'avaient pas eu le temps de lire durant la journée, et Cédric fit un signe de la main au moldu avant de se diriger à grands pas vers la Grande Salle.

Harry resta quelques secondes sur le seuil de la bibliothèque, ses yeux rivés dans la direction prise par le sorcier, lorsqu'il entendit une voix fluette l'appeler :

- Oh, Harry !

C'était Luna. La blonde arriva à sa hauteur et regarda sa montre rose à son poignet :

- Tu étais donc toujours à la bibliothèque ? Tu as raté l'heure du dîner.

- Oui, excuse-moi, Luna, je discutais avec un ami.

- Un ami ? s'étonna la Serdaigle.

Et elle suivit des yeux le regard vert du moldu qui fixait un couloir vide en souriant.

- Oui. Il est à Poufsouffle, nous partageons les mêmes cours de Potions.

- Oh, tu parles de Diggory ?

- C'est ça, oui.

Et le visage de Luna s'attendrit aussitôt, voyant le regard apaisé du moldu qui souriait doucement.

- Un ami, donc ?

Harry hocha la tête, ne pouvant se départir de son sourire et de son air heureux, et Luna leva les yeux au ciel :

- Je crois que j'ai compris la lunule, monsieur Potter.

- Quoi ?

- Rien, rien. Viens, si on se dépêche on pourra avoir du dessert !


(1) : Certains auront reconnu le jeu de mots avec la bande-dessinée Boule et Bill.
(2) : Référence aux sept boules de cristal de la série de mangas Dragon Ball de Akira Toriyama.

Et voilà !

Alors ? Qu'en avez-vous pensé ? La présence de Cédric semble faire du bien à Harry qui, lorsqu'il est près de lui, cesse de broyer du noir. Et Tom n'a pas l'air de vouloir laisser Harry lui filer entre les doigts. Quel est votre avis sur ces deux nouveaux garçons dans la vie du moldu ?

N'hésitez pas à me laisser une review pour me dire votre ressenti ! Ça me fait toujours extrêmement plaisir de vous lire :D.

Dans le prochain chapitre, c'est l'anniversaire de mort de Nick Quasi-Sans-Tête !

J'espère que ce chapitre vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.

À vendredi pour la suite, je vous fais de gros bisous :).