Bonjour,

Vraiment un immense merci à tous pour vos reviews ! Merci aux réguliers qui postent à chaque fois, et merci aux moins réguliers qui prennent le temps de me laisser un petit mot de temps en temps. Vous ne savez pas à quel point vous êtes ma dose de bonheur du mardi et du vendredi :D. Si on arrive aux 300 reviews je vous préviens j'explose de joie ! Haha. Continuez comme ça !

Je vois que l'idée du bal de Noël vous plait bien, chouette ! Espérons qu'Harry arrive à s'y amuser, ça lui changera un peu les idées ;).

Aujourd'hui, les préparatifs pour le bal continuent !

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 34 : Cauchemars.

Harry avait encore perdu du poids. Ce n'était pas très voyant, et il essayait de manger autant que possible. Mais quoi qu'il fît, ses portions se réduisirent doucement. À mesure que les jours passaient, il perdait de sa vitalité. Pourtant il essayait toujours de sourire et rire chaque jour, fort de son objectif de réussir son année scolaire et d'obtenir son diplôme avec la meilleure mention possible ! Mais la douleur dans son cœur n'avait pas diminuée. Au contraire. Il y pensait toujours. Chaque minute. Chaque seconde. C'était incontrôlable. Il n'avait jamais cessé de l'aimer. Et ses nuits, semblables à celles de l'année passée, étaient redevenues agitées. Perturbées par des cauchemars incessants, intrusifs, dévastateurs. Il revivait l'instant où il l'avait abandonné. Inlassablement. Toutes les nuits, il le revoyait. Il le revoyait le regarder avec horreur. Il le revoyait disparaître dans les ténèbres. Il le revoyait le repousser. Et il hurlait, il hurlait. Et il pleurait, il pleurait. Ses nuits étaient devenues insupportables, intolérables. Enfermé dans la noirceur de ce cauchemar, il revivait cet instant qu'il tentait d'oublier par dessus tout. Mais, pris au piège, il ne pouvait s'y soustraire. C'est pourquoi, désormais, il se couchait le plus tard possible et se levait à l'aube, épuisé.

Luna et Ginny n'avaient rien dit, faisant mine de ne rien avoir remarqué. Elles essayaient néanmoins de faire manger Harry un peu plus chaque jour. Et elles y arrivaient, il ne disait jamais non. Seulement, quoi qu'il mangeât, son énergie ne semblait pas suffisante pour affronter la nuit. Alors elles essayaient de lui rendre la vie plus heureuse et agréable.

Harry avait trouvé une nouvelle occupation pour ne plus penser : Noël, c'était la semaine prochaine. Ses parents avaient aussitôt répondu à sa lettre : ils comprenaient parfaitement qu'il veuille assister au mille centième anniversaire de l'école et lui avaient donné leur bénédiction, même s'ils étaient tout de même un peu tristes de ne pas l'avoir avec eux cette année pour les fêtes. Ils avaient néanmoins maintenus leur Noël avec les Weasley qui, du coup, se ferait en comité restreint. Mais ils lui apprirent que Fred et George avaient décidé de venir passer Noël avec leurs parents, cela leur ferait un peu de compagnie.

Sa mère lui expliqua également qu'ils avaient reçu de mauvaises nouvelles de la part de sa tante qui vivait au Canada.

La tante d'Harry, la sœur de Lily, Pétunia, était mariée avec un Canadien du nom de Vernon Dursley. Ensemble, ils avaient eu Dudley, le cousin d'Harry. Il ne l'avait vu que très rarement, lorsqu'ils étaient petits, à cause de la distance qui séparait leurs deux pays. Mais Harry aimait beaucoup Dudley, il le trouvait très amusant. Depuis plusieurs années déjà Vernon Dursley était atteint d'un cancer aux poumons, et Pétunia et Dudley avaient appris à vivre avec la maladie. Mais, dans sa lettre, sa mère lui apprit que le cancer de son oncle Vernon était entré en phase terminale. Elle lui expliqua qu'il était fort probable qu'elle doive rejoindre sa sœur au Canada dans les prochains mois pour la soutenir dans l'éventualité de la mort de son mari. Harry fut fortement attristé par la nouvelle. Il savait à quel point cela pouvait être difficile de perdre un membre de sa famille, lui qui avait perdu son parrain, Sirius, dans le même accident de voiture qui lui avait laissé cette cicatrice sur le front. Il espérait que Dudley garde son père près de lui le plus longtemps possible.

Il avait également reçu une lettre de Ron qui l'encourageait à rester à Poudlard pour profiter de cet évènement extrêmement rare et important à vivre ! Il comprit alors pourquoi ses parents avaient parlé d'un Noël en comité restreint : en plus de son absence et de celle de Ginny, Ron ne serait pas non plus présent chez les Potter. Il avait prévu d'aller rejoindre Hermione en France pour les fêtes de fin d'année et de profiter de l'évènement pour se rapprocher de sa belle-famille. Ça tombait bien, il adorait la France ! Hermione était très heureuse de pouvoir l'accueillir dans son pays, et avait hâte qu'il découvre enfin son pays.

Harry avait été véritablement heureux de voir que ses amis avançaient tranquillement et continuaient de s'aimer si fort. Ils lui manquaient terriblement. Jamais il n'aurait cru que passer une année sans eux à Poudlard serait aussi difficile.

Mais, pour l'instant, Harry n'avait pas le temps de s'apitoyer sur son sort, il avait un bal à préparer !

En réalité, toute l'école était en effervescence. Tout le monde, élèves, professeurs et même fantômes, travaillaient de conserve pour faire du bal de Noël le plus bel évènement du siècle ! Si quelques élèves avaient décidé de rentrer dans leurs familles pour les fêtes, la plus grande majorité avait décidé de participer à cet anniversaire hors du commun. Les élèves s'étaient rassemblés en petits groupes et travaillaient ensemble à la décoration de la Grande Salle. Les fantômes, eux, s'étaient chargés de la paperasse : rédigeant des dizaines et des dizaines de cartons d'invitation, élaborant des listes précises d'invités, vérifiant les autorisations administratives de chacun. Les professeurs, de leur côté, travaillaient à l'ambiance de la fête : le professeur Flitwick avait réuni plusieurs élèves pour former une chorale qui se produirait sur scène lors de la soirée de Noël. Hagrid avait été tenu de trouver les plus beaux sapins de la Forêt Interdite pour agrémenter la Grande Salle et lui donner un aspect hivernal agréable. Le professeur Chourave avait pour mission d'orner de fleurs toutes les fenêtres de la salle, et était aidée par une multitude d'élèves volontaires venant des quatre maisons. Tout le monde se donnait corps et âme pour rendre l'évènement exceptionnellement inoubliable.

Mais, certains élèves, comme Ginny et Luna, avaient préférés se consacrer uniquement aux costumes des participants. Ginny avait proposé à tous les élèves de Gryffondor de retoucher les déguisements de ceux qui en auraient besoin : elle s'était donc retrouvée à devoir coudre des ourlets, enfiler des perles, nouer des laçages et repriser des chemises pour ses camarades, et cela lui prenait tout son temps.

Luna, elle, avait monté un atelier de fabrication de costumes, pour les plus démunis des élèves de l'école. Elle leur montra comment elle avait fabriqué sa tête de lion de supportrice de Gryffondor, et, grâce à elle, nombre d'élèves purent fabriquer leurs propres costumes de leurs propres mains à moindre coût.

Monsieur et madame Weasley avaient aussitôt répondu à la lettre de leur fille et leur avaient envoyé tous les accessoires dont ils pourraient avoir besoin. Luna avait donc pu avoir le bonnet de Mère Noël qu'elle avait tant attendu et Ginny reçut ses chaussons de danseuse étoile. Harry aussi, reçut de leur part une multitude d'accessoires qui lui permettraient de parfaire sa tenue. Il avait monstrueusement hâte d'être à Noël pour enfin pouvoir parader dans son beau costume de pirate !

Aujourd'hui, il était une fois de plus dans la Grande Salle. Dans tous les coins de la pièce, des élèves en tenue de tous les jours, ayant abandonné leur robe de sorcier, s'affairaient à décorer la salle avec la plus grande attention. Un brouhaha agréable se propageait en échos entre les tables, et chacun essayait d'apporter un peu d'originalité aux murs de pierre. Dans un coin un groupe de Serdaigle, armés de leurs baguettes, attachaient des rubans près des torches. De l'autre côté, un élève de Serpentard et un autre de Poufsouffle choisissaient le meilleur bouquet de fleurs à accrocher. Tout était tellement vivant et tellement joyeux que le moldu sourit de bonheur. Il se sentait véritablement chanceux de pouvoir vivre un tel évènement.

Harry, lui, s'occupait de décorer un des immenses sapins ramenés par Hagrid. Il avait devant lui des dizaines de cartons débordants de décorations de toutes les couleurs. Des boules, des guirlandes, des fleurs, des bougies, tout ce dont il avait besoin. Et il essayait de faire le plus beau sapin de Noël que Poudlard ait jamais eu ! Mais, sans escabeau ni magie, il ne pouvait pas atteindre les plus hautes branches de l'arbre. Le professeur McGonagall l'aidait donc à placer correctement chaque élément de décoration à l'aide de son sortilège de lévitation. Harry lui tendait les objets, et le professeur s'occupait de les placer un à un d'un coup de baguette.

- Il vous en reste encore beaucoup ? demanda le professeur en s'asseyant, fatiguée.

- Encore ces trois cartons.

- Merlin, je ne tiendrai pas jusque là…

- Vous voulez faire une pause, professeur ?

- Je pense ne pas avoir le courage de continuer cette activité, soupira enfin la vieille dame. Les Premières Années ont du mal à métamorphoser leurs souris en guirlandes, je pense qu'ils ont besoin que j'intervienne.

Harry pinça les lèvres, déçu.

- Mais, comment vais-je faire pour terminer de décorer le sapin ?

- Je suis navrée, Potter, mais il vous faudra trouver quelqu'un d'autre.

- Mais qui ? Tout le monde est très occupé, soupira le moldu.

- Vous trouverez bien quelqu'un. Ah ! Diggory, par exemple. Monsieur Diggory !

Le Poufsouffle qui entrait dans la salle leva les yeux vers la sorcière et eut un regard étonné.

- Venez par ici, je vous prie.

Le châtain se désigna lui-même du doigt :

- Moi ?

- Mais oui, vous, râla le professeur.

Le jeune homme se précipita près d'eux.

- Vous n'êtes pas occupé, si ?

- Euh, pas vraiment, je devais aider le Moine Gras à faire la liste des fantômes présents durant le bal…

- Je suis sûre qu'il s'en sortira très bien sans vous. Aidez donc monsieur Potter, il a besoin d'un sorcier pour terminer de décorer ce sapin.

Cédric eut un regard pétillant vers le brun.

- Très bien, professeur, se dépêcha-t-il de dire en sortant sa baguette.

La vieille dame leur donna quelques dernières consignes et se dirigea vers le groupe de Premières Années qui ne s'en sortaient décidément pas avec leurs souris.

Harry fit alors un sourire radieux au Poufsouffle près de lui.

La compagnie de Cédric lui était toujours très agréable. Ils se voyaient désormais très souvent, lors des cours ou simplement pour discuter. Avec lui, Harry lâchait prise. C'était comme s'il avait enfin le droit d'être heureux. Par sa simple présence, Cédric rendait ses journées beaucoup plus intéressantes. Et il était gentil. Tellement gentil... Il semblait le faire passer avant sa propre personne, et cela faisait longtemps qu'Harry n'avait plus ressentit cette sensation étrange d'être aussi important pour quelqu'un.

- Besoin d'un sorcier ? sourit fièrement le Poufsouffle.

Harry leva les yeux en l'air en riant et lui tendit une boule blanche :

- Un sorcier ou une échelle, c'est du pareil au même.

Le châtain parut s'offusquer mais accepta tout de même de faire s'envoler la décoration jusqu'à une branche de l'arbre. Harry le guida, lui disant de la mettre plus à droite, ou plus à gauche, jusqu'à-ce qu'elle soit parfaitement placée.

Les deux hommes passèrent ainsi le reste de leur après-midi à décorer le sapin. Et ce fut long. Très long.

En réalité, ils s'amusèrent plus qu'autre chose. Cédric accrocha de grosses boules à ses oreilles et mima le professeur Trelawney à grand renfort de « Ouvrez votre esprit ! », ce qui fit exploser de rire Harry sous les regards interloqués des autres élèves de la salle. Ils se parèrent ensuite de longues guirlandes duveteuses et lumineuses et imitèrent le professeur de Défense Contre les Forces du Mal, Guilderoy Lockhart, qui avait la manie de se prendre pour le centre du monde. Il leur fut impossible d'aligner la moindre décoration durant deux longues heures tant ils riaient de leurs bêtises. Et lorsqu'enfin, le soir venu, ils arrivèrent au bout du troisième carton, ils se chamaillèrent pour décider quoi d'un ange ou d'une étoile trônerait au sommet du conifère.

Quand Harry remporta cette ultime bataille, optant pour l'ange et son regard bienveillant, il plongea sa main dans la boîte, voulant attraper la fameuse décoration. Au même moment, Cédric tenta de la saisir et leurs mains se heurtèrent. Le Poufsouffle attrapa la main du Gryffondor dans la sienne et tous deux rougirent aussitôt. Pourtant, Cédric ne le lâcha pas.

Et ils restèrent là. Leurs mains entrelacées cachées par l'immense carton. Ce fut comme si personne autour n'existait. Harry sentit sa paume se réchauffer à ce contact et il trouva ça étrange. Étrange, car cela lui sembla être normal. Étrange, car il se sentait bien, ainsi retenu par la grande main du Poufsouffle. Le contact était chaud et profondément apaisant. C'était comme s'il se sentait protégé. Comme si... Comme si son cœur battait de nouveau pour quelqu'un.

- Dis-moi, huhm... dit alors Cédric en se raclant la gorge.

Harry aperçut se répandre sur les pommettes du sorcier une rougeur incontrôlable et il sourit.

- Je voulais te demander... continua-t-il, visiblement gêné, la voix tremblante. Est-ce que tu... Est-ce que tu accepterais de venir avec moi au b...

Alors, les doigts du châtain effleurèrent son annulaire gauche et Cédric baissa les yeux. Il vit reluire, au fond de la boîte, sur la petite main, un anneau d'argent. Un sourire triste étira ses lèvres et il le lâcha enfin.

Harry hoqueta. Cédric venait d'essayer de l'inviter au bal ? Mais sa demande était morte dans sa bouche. Pourquoi ? Il remarqua alors l'éclair de tristesse qui passa sur son visage alors que ses yeux bruns fixaient le bijou à son doigt, et il comprit.

Il se dépêcha de plaquer sa main gauche contre son cœur et de recouvrir son annulaire de sa main droite, blanchissant.

- C'est… ce n'est rien, c'est… bredouilla le moldu.

- Ne t'inquiète pas, Harry, sourit le Poufsouffle en lui ébouriffant doucement les cheveux. Tu n'as pas besoin de te justifier. Oublie ce que je viens de dire.

Harry était déçu. Incroyablement déçu. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait été heureux de l'entendre lui proposer de l'accompagner au bal. Il avait été heureux de savoir qu'il voulait y aller avec lui... Non ! Non il ne voulait pas oublier ce qu'il venait de dire ! Et il voulut réparer cette déception qui lui étreignait le cœur.

Il ouvrit la bouche, près de lui hurler qu'il acceptait, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Il fut incapable de prononcer le moindre mot et il écarquilla les yeux. Il n'y arrivait pas. Il n'arrivait pas à lui dire oui. Il n'y arrivait pas, car il aperçut poindre son image dans son esprit, et il perdit toute volonté. Il n'y arrivait pas car une force supérieure l'empêchait d'admettre qu'il pouvait l'oublier, lui. Et pourtant il le voulait. Il le devait. Mais il fut impossible pour lui d'émettre la moindre parole. Et il baissa les yeux, coupable et triste de ne pas réussir à effacer le chagrin sur le visage du sorcier.

Incapable de répondre quoi que ce soit, il n'osait pas relever la tête de peur d'affronter la déception dans les yeux de Cédric.

Le Poufsouffle attrapa alors l'angelot au fond de la boîte et, d'un coup de baguette, le fit s'envoler jusqu'à la cime de l'arbre où il se posa doucement. Le sapin était terminé. Harry sentit se poser sur son épaule la main du sorcier et il releva le visage vers le conifère, alors il sourit doucement.

- J'ai bien fait de t'écouter. L'ange est parfait tout en haut.

Cédric fixa longuement la décoration au sommet de l'arbre, les poings sur les hanches et Harry osa laisser ses yeux dévier vers lui.

Il s'en voulait de l'avoir rendu si triste. Car même si le sorcier souriait en regardant leur œuvre, la peine se lisait encore sur son visage masculin. Harry pressa ses mains contre son cœur.

Cet anneau… Il était incapable de l'enlever… Il n'avait plus aucune espèce d'importance, et pourtant, il était comme fixé à son doigt, il était désormais une partie de lui dont il ne pouvait se départir. Il n'y arrivait pas. C'était plus fort que lui. Cédric ne pouvait pas comprendre. Personne ne le pouvait. Pourtant, quelque chose en lui le poussait à croire que, pour le Poufsouffle, peut-être qu'un jour, il saurait s'en défaire.

L'heure du dîner sonna et Cédric fit disparaître les cartons d'un mouvement du poignet. Le sapin était magnifiquement orné ! La couleur dominante était le blanc, tâché de touches d'argent et d'or, cela le rendrait extrêmement lumineux. Il était bien le plus joli sapin de la salle. Lorsque les couverts apparurent comme par magie sur les différentes tables, les deux hommes se séparèrent non sans s'être complimenté l'un l'autre sur leur talent de décorateur. Ils firent, d'un commun accord tacite, comme si aucune proposition avortée n'avait été émise entre eux.

À la table des Gryffondor, Harry fut rejoint par Ginny et la rouquine passa le repas à lui raconter à quel point il était difficile de coudre des perles une à une sur un corset. Le moldu l'écouta d'une oreille distraite, mâchonnant le morceau de viande qui se trouvait dans son assiette, goûtant quelques légumes sans intérêts.

Il n'avait de cesse de repenser à Cédric et à son air peiné. Il ne savait pas… Ne savait plus… Il l'aimait… Oh oui, il l'aimait toujours… Il l'aimerait toujours, c'était un fait… Une évidence… Mais Cédric, lui, était là… Et Cédric… L'aimait... ? Il secoua la tête. S'il l'aimait tant, pourquoi la vision du Poufsouffle si triste l'avait autant affecté ? Pourquoi sa présence lui était-elle si agréable ? Pourquoi le faisait-il autant rire ? Pourquoi était-il si déçu de ne pas avoir su lui dire « oui » ? Il ne savait pas… Ne savait plus… Peut-être devait-il laisser une chance au sorcier… Peut-être devait-il oublier… Peut-être devait-il l'oublier…

À la fin du repas, Ginny lui fit une proposition qui le soulagea grandement. Elle lui demanda s'il acceptait, en toute amitié, d'être son cavalier pour le bal. Et Harry fut ravi de pouvoir l'y accompagner. Mais il sentait au fond de lui que c'était à Cédric qu'il devait cette réponse positive...

Durant le dîner, il n'avait pas touché à la moitié de son assiette et Ginny le força à avaler un ultime morceau de viande avant de le quitter. Le moldu se rendit donc dans sa chambre, le regard bas et l'esprit embrumé.

Lorsqu'il arriva à sa chambre, il se lava, se changea et se plongea dans ses révisions. Il ne voulait plus penser à tout cela. Et plus encore que cela, il ne voulait pas dormir.

Il partait. Encore.

Il partait toujours.

Jamais il ne restait. C'était impossible. Inéluctable. Il partait. Et, inlassablement, il l'appelait. Inlassablement, il hurlait son nom, déchirant les ténèbres de sa voix cassée, enrouée par les larmes et les sanglots. Il tendait les bras. La douleur était insupportable. Il partait. Il ne reviendrait pas. Jamais. Alors il se recroquevillait sur le sol, sentant son corps mourir d'abandon et de détresse. Il ne voyait plus son visage. Lui qui le connaissait si bien avait oublié ses traits. La couleur de ses yeux lui était devenue inconnue, et le son de sa voix ne parvenait plus à ses oreilles. Il avait disparu. Complètement. Et il était seul. Terriblement seul. Il l'avait perdu. Lui qui l'aimait plus que sa propre vie. Il l'aimait tellement... Tellement… Et il pleurait, s'arquant, se débattant, cherchant l'air. Haletant dans le noir, il mourrait, suffoquait, étouffait de le sentir partir. Et il ne pouvait rien faire. Aucune supplique, aucun geste, aucun mouvement ne pouvait le retenir.

Il partait. Encore.

Il partait toujours.

Harry hurla dans la noirceur de sa chambre, sa voix se brisant de pousser ainsi ses cordes vocales. Il tremblait de tous ses membres, de longues gouttes de sueurs froides parcourant son dos tandis que son front, moite de fièvre, grimpait en température suite à l'angoisse. Il était blanc, livide, tel un cadavre, et de lourdes larmes striaient son visage pour s'écraser mollement sur les oreillers froissés. Il n'en pouvait plus. C'était trop dur.

Alors, reprenant ses esprits, il entendit un bruit sourd et perçut, entre ses hurlements de terreur, ceux d'un homme de l'autre côté de sa porte :

- Harry ! Tout va bien ?!

Sa porte tremblait à mesure que l'homme tambourinait contre le bois, lui hurlant de lui ouvrir d'une voix inquiète.

Le moldu se redressa péniblement dans son lit et essuya d'un mouvement incertain la sueur sur son visage. Enfin, il trouva le courage de poser les pieds à terre et se précipita vers la porte qu'il ouvrit doucement, tenant à peine sur ses jambes.

Alors, il blanchit en voyant la figure alertée de Tom Jedusor qui ouvrit plus grand encore la porte qu'elle ne l'était déjà.

- Merlin, est-ce que ça va ? dit précipitamment le Serpentard en entrant dans la chambre sans en attendre la permission et refermant la porte derrière lui.

- O-Oui, je… murmura Harry, toujours tremblant et vacillant.

- Tu hurlais à la mort, j'ai bien cru que tu te faisais attaquer ! tonna le sorcier en lança un regard perçant au travers de la sombre pièce.

Il sortit sa baguette et à l'aide d'un « Lumos », alluma toutes les lampes de la chambre. Aussitôt Harry plissa les yeux d'inconfort et se retint au bois de la porte refermée pour ne pas tomber.

Le Serpentard l'aperçut chanceler et se précipita sur lui. Il l'enlaça par la taille et le maintint contre lui.

- Que s'est-il passé ? demanda-t-il en guidant le moldu vers son lit.

Harry se laissa soutenir, trop perturbé pour protester contre ce brusque rapprochement.

- Ce n'est rien, je t'assure, souffla-t-il d'une voix faible. J'ai juste fait un mauvais rêve, ça m'arrive très souvent.

- Trop souvent, dit enfin le Serpentard en asseyant le brun sur le bord du matelas. Je t'entends crier toutes les nuits.

Harry leva les yeux vers lui, choqué.

- Vraiment… ?

- Évidemment.

- Mais, comment… ?

- Je suis le Préfet-en-chef de Serpentard. Je croyais que tu le savais, fit-il d'un air déçu. Tous les préfets logent dans la Tour d'Astronomie. Nous sommes voisins.

- Mais je ne t'ai pourtant jamais croisé.

- Mes fonctions m'obligent à me lever à l'aube, avant tout le monde, et à me coucher tard, après que tout le monde a rejoint son dortoir.

- Mais si toi tu m'entends, alors les autres…

- Nous t'entendons tous.

Harry plongea son visage dans ses mains, honteux. Son corps tremblait toujours et son dos, humide de sueur, collait à son haut de pyjama.

- Je suis désolé… gémit-il. Je ne savais pas…

Le Serpentard passa alors son bras autour des épaules du brun qui se raidit instantanément.

- De quoi rêves-tu pour hurler ainsi ?

- Rien d'important…

Le moldu tenta doucement de s'éloigner du corps contre le sien.

- Si ce n'était pas si important tu ne serais pas dans cet état. Dis-le-moi.

- C'est un vieux cauchemar, je ne sais même plus de quoi il parle…

- Tu mens.

Harry finit par réussir à se soustraire au bras qui l'enlaçait et se leva doucement de son lit, se concentrant pour ne pas perdre l'équilibre.

- Merci de m'avoir réveillé, Tom, dit-il finalement. J'essaierai de faire moins de bruit la prochaine fois.

- Et comment comptes-tu t'y prendre ?

- J-Je, je ne sais pas, bredouilla le brun, pris au dépourvu.

- Tu n'as pas de pouvoirs. Tu es incapable de lancer un sort de silence.

- Il me reste de la potion de sommeil sans rêve.

- Elle fonctionne sur toi ?

- Plus ou moins, mais…

- Je vois.

Le Serpentard se leva à son tour et croisa les mains derrière son dos. Sans un mot et d'un pas lent, il commença à arpenter la chambre du moldu, regardant les meubles, inspectant la décoration, découvrant les recoins. Harry le regarda faire sans rien dire, mal à l'aise. Il était épuisé du rêve qu'il venait de subir, mais il se sentait honteux d'avoir une fois de plus, semble-t-il, troublé le sommeil du sorcier. Alors, par pure politesse, il ne lui demanda pas de quitter les lieux.

- C'est une bien jolie chambre, dit enfin le Serpentard, brisant le silence et faisant sursauter le moldu.

- Merci.

- C'est toi qui as choisi la décoration ?

- Non, ce sont les professeurs McGonagall et Dumbledore.

- Je vois. Elle est tout de même un peu grande pour une seule personne.

Harry vit dans ses yeux une lueur étrange. Dangereuse.

- Peut-être que la présence de quelqu'un te rassurerait.

- Je ne pense vraiment pas que ce soit ça, tenta de répondre le moldu. J'ai déjà essayé de dormir dans le dortoir des Gryffondor, ça n'y changeait rien…

- Peut-être qu'il te faut quelqu'un avec toi. Dans ton lit.

La voix du Serpentard était doucereuse et Harry sentit un frisson d'angoisse le traverser.

- C'est gentil Tom, mais…

- Je peux dormir avec toi ce soir si tu veux.

- Ça va aller, le cauchemar est passé.

- Ah ? Pourtant nous tenons peut-être la clé d'un meilleur sommeil pour tous les Préfets-en-chef.

Harry eut un tremblement incontrôlé. Il avait le chantage en horreur, et Tom avait le chic pour le prendre au piège.

- Je ne crierai plus, jura-t-il.

- Ou alors peut-être que je serai la raison de tes cris ?

Harry blanchit en voyant le regard amusé du Serpentard qui arpentait sa chambre, un petit sourire plaqué sur le visage. Avait-il bien entendu ce qu'il venait de dire ?

Il secoua la tête.

- Je ne crierai plus en dormant, précisa-t-il.

- Je ne tiens pas à ce que tu dormes...

- Je te promets, insista-t-il plus fermement, de ne plus crier dans mon sommeil. C'est passé, je t'assure.

Le brun était prostré, effrayé par la tournure de la conversation. Il relâcha son souffle de soulagement quand le Serpentard finit par soupirer lourdement en baissant la tête :

- Soit. Voyons si tu dis vrai.

Mal à l'aise, Harry fit quelques pas pour s'éloigner plus encore de l'homme qui avançait toujours dans sa chambre. Il ne pouvait pas le laisser le prendre au piège ainsi aussi facilement. Il réfléchit et se rappela soudainement qu'il avait toujours le manteau que Tom lui avait prêté le soir d'Halloween. Il se précipita alors dans son armoire et le sortit.

- Tiens, ton manteau, fit-il en tendant le vêtement au sorcier.

Celui-ci retroussa son nez et haussa un unique sourcil.

- Pourquoi me le rends-tu ?

- Parce qu'il est à toi.

Harry était pâle. Il devait absolument le lui rendre, s'en débarrasser, ou, il le sentait, ce manteau servirait de point de pression.

- Tu peux le garder, répondit le Serpentard.

- Non, vraiment, reprends-le, insista Harry.

- Quoi ? Il n'est pas assez bien pour toi ?

Le moldu déglutit.

- Ce n'est pas ça, c'est juste que… j'ai déjà des manteaux, et des pulls, je n'ai besoin de rien.

L'homme se tourna doucement et s'approcha dangereusement de lui. Harry recula. Bientôt, il sentit son dos buter contre la porte de bois et vit avec crainte le Serpentard se planter devant lui, à quelques centimètres à peine de son corps.

Le sorcier baissa son visage face à lui et ses yeux noirs s'ancrèrent dans les siens. Harry sentit ses jambes trembler et il crut un instant qu'il allait défaillir. Son souffle se coupa lorsque les lèvres du Serpentard se rapprochèrent doucement, dangereusement, des siennes. Il ferma les yeux avec force et se colla au mur, tendant désormais des deux mains l'épais manteau noir, seule barrière entre lui et l'homme. Il était acculé.

- Reprends-le, Tom, s'il te plait, gémit-il presque.

Un soupir lui répondit et il rouvrit doucement les yeux. Il vit le regard noir du Serpentard le jauger un instant et, finalement, sa grande main saisit l'épais manteau de fourrure. Et il fit demi-tour et reprit son parcours dans la pièce. Le moldu retint avec grand peine son soupir de soulagement.

Il se tourna alors doucement vers la porte, et posa sa main sur la poignée.

- Il est tard, tu as besoin de dormir. Excuse-moi encore pour le dérangement.

Le sorcier ne répondit rien, ignorant les mots du moldu et continua sa visite, ses mains tenant son manteau dans son dos.

- As-tu réfléchis, Harry ?

Le brun pâlit.

- À-À propos ?

- À propos de ma proposition pour le bal de Noël.

- Oh, ça…

- Oui. Ça. Acceptes-tu de m'y accompagner ?

Le Gryffondor baissa les yeux :

- Je suis désolé Tom, mais je vais y aller avec Ginny…

- Avec Weasley ?

Il hocha la tête.

- Elle ne mesure pas la chance qu'elle a.

Harry pinça les lèvres, gêné.

- Dean n'est plus là pour l'accompagner cette année, alors nous avons décidé de nous y rendre ensemble.

- Quel gentil chevalier servant, volant au secours de sa flamboyante amie au Sang Pur, sourit sarcastiquement le Serpentard.

Le moldu fronça les sourcils.

- Je suis désolé.

Tom poussa un soupir exagérément déçu et le rejoignit près de la porte.

- Ce n'est pas grave, sourit-il. Après ces trois refus, j'ose espérer que la quatrième fois sera la bonne.

Harry hocha la tête, ne sachant quoi répondre. Il ouvrit la porte et le Serpentard commença à partir, lorsqu'il fit tout à coup demi-tour et se pencha vers lui :

- Ma chambre est juste-là, fit-il en pointant du doigt une porte à quelques mètres de la sienne. N'hésite pas si tu as besoin de quelqu'un. Si tu as peur du noir, ou si tu n'arrives pas à dormir…

- D-D'accord, merci beaucoup Tom.

Harry pressa la porte contre lui pour la refermer, mais il la retint de sa main :

- Si j'entends le moindre cri cela voudra dire que ma proposition sera à expérimenter.

- Je ne crierai plus, c'est promis.

- Nous verrons bien, sourit-il avec défiance. Bonne nuit, Harry.

- Bonne nuit.

Et le moldu ferma la porte à double tour. Alors, il se laissa doucement glisser le long du bois dur et s'assit au sol, tremblant. Il remonta ses genoux contre son corps et s'entoura de ses bras, frissonnant. Tom lui faisait de plus en plus peur. Il était oppressant. Intrusif.

Et il se remémora les paroles de son meilleur ami : « C'est un Serpentard et les Serpentard sont imprévisibles ».


Et voilà. Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?

Cédric a tenté d'inviter Harry au bal, mais le fantôme de Draco semble encore peser lourd entre eux. Harry lui-même n'a pas réussi à lui répondre. Et Tom... Plus les jours passent plus il semble devenir... dangereux...

Quel est votre avis ? Qu'avez-vous ressenti ? N'hésitez pas à me laisser petite (ou grande) review, ça me fait toujours très plaisir de vous lire :D.

La semaine prochaine c'est le grand jour ! Le bal pour le 1100e anniversaire de l'école ! Soyez au rendez-vous.

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.

Je vous fais de gros bisous, à mardi prochain !