Bonjour,
Merciii à tous pour vos reviews, qu'elles soient positives ou négatives, ou que vous vous posiez des questions ou vouliez mener des réflexions avec moi : merci ! Ça me fait toujours énormément plaisir de vous lire. J'attends toujours vos retours avec impatience :). Merci aussi assidus, qui sont là chaque mardi et vendredi, et merci aux irréguliers qui laissent un mot de temps en temps. Vous êtes géniaux !
Aujourd'hui, vous aurez la réponse à toutes vos questions, hypothèses et suppositions !
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Bonne lecture !
Chapitre 38 : Secret médical.
- Tu devrais aller à l'infirmerie, Harry, dit Luna en le secouant légèrement.
Le moldu grommela dans son sommeil et cala plus confortablement sa tête entre ses bras croisés sur la table.
- C'est rien, je suis juste un peu fatigué… marmonna-t-il, les yeux fermés.
- Un peu ? ironisa Ginny. Tu passes ton temps à dormir.
- Tu n'arrives plus à dormir, la nuit ?
- Ce sont tes cauchemars qui continuent ?
Harry poussa un soupir à fendre l'âme et se redressa péniblement, incapable de se rendormir avec toutes ces questions. Il appuya sa tête contre sa paume et se concentra pour ne pas bailler. Il avait de petits yeux fatigués et cernés.
- Les cauchemars continuent mais j'arrive tout de même à dormir, souffla-t-il.
- Alors comment ça se fait que tu n'arrives pas à suivre un cours deux heures de suite sans t'effondrer sur ton pupitre ? demanda Ginny.
- C'est sûrement le sort de protection… dit-il d'une petite voix somnolente.
La rouquine leva les yeux au ciel.
- La paix avec ce sort, siffla-t-elle.
Dans la bibliothèque les trois amis avaient décidé de travailler un peu les nouvelles notions d'Astronomie enseignées par le professeur Sinistra. Et si Ginny et Luna étaient particulièrement efficaces, Harry, lui, peinait à garder les yeux ouverts.
- Tu as mangé ce matin ? demanda Luna.
Le brun secoua la tête de gauche à droite.
- Et hier soir ?
Il nia de nouveau.
- Ce n'est pas très sérieux, râla la Gryffondor.
- Je vomis tout ce que j'avale, souffla-t-il simplement, ses yeux se refermant doucement.
- Tu as encore mangé du pain de viande ? demanda Luna.
Harry grimaça et secoua encore la tête.
- Non, mais le virus n'est pas passé.
Ginny vit le moldu reposer sa tête entre ses bras sur la table, s'appuyant sur son livre grand ouvert.
- Tu vas aller à l'infirmerie, Harry, tonna la rouquine.
- Oui, oui… bredouilla-t-il.
- Aujourd'hui.
- Oui, aujourd'hui, c'est promis Gin…
Et la fin de sa phrase mourut dans sa gorge alors qu'il s'endormait de nouveau.
…
Lorsque la cloche sonna l'heure du déjeuner, Harry ne se réveilla pas, trop profondément endormi sur son pupitre dans la bibliothèque. Ce furent les secousses saccadées de Luna qui le tirèrent de son sommeil et il papillonna des yeux :
- C'est l'heure d'aller manger, Harry, dit-elle d'une voix douce.
Alors qu'il s'étirait, faisant craquer ses vertèbres, Ginny le fusilla du regard :
- Non, c'est l'heure d'aller à l'infirmerie.
- Mais j'ai faim, mentit-il.
- Je te garderai de quoi manger. Vas-y. Maintenant.
- Mais…
- Tu veux que je t'y accompagne ?
Le moldu soupira et attrapa son sac avec fatigue.
- Bon, bon… abdiqua-t-il.
Ginny eut un sourire victorieux et attrapa la main de Luna dans la sienne.
- Bien, on se voit plus tard, lança-t-elle en s'élançant hors de la bibliothèque.
Harry poussa un soupir lourd et se dirigea d'un pas lent, sans conviction aucune, vers l'infirmerie. Il n'avait pas envie d'y aller. Pas qu'il avait envie de rester malade, bien au contraire, mais il estimait savoir déjà ce qui posait problème dans sa vie.
Draco… Toujours Draco… Le sortilège faiblissait, il le savait, et il n'avait pas besoin que madame Pomfresh le lui dise pour en avoir conscience. Il sentait que la seule solution qui s'offrait à lui était la prise assidue de comprimés et les prières régulières qu'il faisait chaque soir au ciel pour espérer que le sort de protection dure encore quelques mois, le temps qu'il décroche son diplôme.
Lorsqu'il arriva enfin devant l'infirmerie il poussa la porte d'un mouvement las et entra dans la grande salle blanche.
- Tiens, monsieur Potter ! s'écria l'infirmière en le voyant pénétrer dans la pièce. Vous avez une mine à faire peur. Vous avez encore sauté un repas ?
- Il se pourrait bien, rougit Harry, gêné.
Madame Pomfresh râla de « ce petit têtu de moldu » et le fit asseoir sur un tabouret près de son bureau.
- Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-elle, le regard perçant.
- À vrai dire je ne sais pas trop, souffla le brun.
- Vous n'êtes pas malade ?
- Si, enfin non, soupira-t-il. C'est Ginny qui a insisté pour que je vienne vous voir.
- Donc c'est que quelque chose dans votre comportement l'inquiète.
- Oui. Mais je sais déjà de quoi il s'agit.
- Je vous écoute.
Les épaules du brun se relâchèrent et il parla d'une voix monotone :
- Je me sens fatigué depuis quelques temps. J'ai de plus en plus de maux de tête et de vertiges. Et des nausées aussi…
La vieille sorcière hocha la tête, attentive.
- Tout ce que je mange je finis par le régurgiter, grimaça le Gryffondor. Et je dors… beaucoup…
- Mmh.
L'infirmière sembla réfléchir à toute vitesse. Harry haussa alors les épaules d'un air fatigué.
- C'est généralement ce que je ressens lorsque la magie est trop forte, dit-il alors.
Il vit madame Pomfresh hocher la tête d'un air entendu.
- Cela m'en a tout l'air, confirma-t-elle. Savez-vous si le sortilège de monsieur Malfoy est toujours correctement actif ?
- Oui, il l'est, enfin je crois… Ginny dit qu'il ne le laisserait pas faiblir.
- En effet cela m'étonnerait beaucoup qu'il attente à votre vie de la sorte, dit-elle en réfléchissant plus intensément encore. Nous allons quand même faire quelques examens et analyses pour vérifier que vous n'avez pas attrapé un virus ou une quelconque infection. S'il s'avère que c'est bien le sort de protection qui est défectueux, il faudra contacter monsieur Malfoy au plus vite.
Et Harry blanchit.
- Mais je ne sais pas où il est, bredouilla-t-il.
- Et bien il nous faudra le trouver.
- Mais je…
- Monsieur Potter, dit-elle d'un air rassurant. Nous n'en sommes pas encore là. Laissez-moi vous examiner, nous aviserons plus tard.
Il finit par hocher doucement la tête, anxieux.
L'infirmière s'arma de sa baguette et, la passant par endroit sur le corps du moldu, vérifia son rythme cardiaque, sa température et son poids, grimaçant d'ailleurs en remarquant qu'il en avait encore perdu. Après de longues minutes où Harry resta sans bouger, obéissant aux ordres de la sorcière, il la vit arriver avec une seringue et sentit un frisson d'angoisse le prendre lorsqu'elle lui préleva quelques millilitres de sang.
- Je vais faire quelques analyses. D'ici ce soir, nous saurons si vous avez attrapé un virus, il y a une épidémie de dragoncelle qui fait rage à Pré-au-lard en ce moment. Y avez-vous été, récemment ?
- La dragoncelle ?
- C'est une maladie qu'attrapent généralement les sorciers lorsqu'ils sont enfants. Mais cela peut être dangereux pour un moldu. Vous êtes-vous rendu à Pré-au-lard ces derniers jours ?
- Pas depuis novembre, non.
- Peut-être qu'un élève de votre maison l'aura contracté et vous l'aura transmise. Nous verrons cela. Vous pouvez partir maintenant. Je vous recontacterai lorsque vos analyses seront terminées.
- Alors c'est tout ? s'étonna Harry.
- Vous vous attendiez à quoi ? s'offusqua presque la vieille dame. Vous ne vouliez pas que nous prenions le thé également ? Allez, ouste, et ne vous approchez pas trop de vos camarades, on n'est jamais trop prudents !
Le moldu attrapa son sac et sortit de l'infirmerie en quatrième vitesse. Il se dépêcha de rejoindre la Grande Salle où les derniers élèves déjeunaient toujours et fut heureux d'y apercevoir Ginny et Luna qui avalaient leurs dernières parts de gâteau.
- Alors ? demanda la rouquine lorsqu'il s'assit près d'elle et saisit un morceau de tarte à la mélasse.
- C'est peut-être la dragoncelle.
- La dragoncelle ? dit Ginny en recrachant ce qu'elle avait dans la bouche. Mais c'est une maladie d'enfant, ça !
- Oui, mais il y a une épidémie à Pré-au-lard en ce moment, et si je l'ai contractée, ça pourrait être dangereux, et ça expliquerait pourquoi je suis si fatigué.
Il renifla sa part de tarte et l'éloigna aussitôt, refoulant un énième haut-le-cœur.
- J'avais raison alors, ce n'est pas le sort de protection.
- Nous ne savons pas encore, dit-il enfin, abandonnant l'idée d'avaler quoi que ce soit ce midi. Mais s'il s'avère que c'est bien le sort nous… je…
- Quoi ? chuchota presque Luna.
- Il faudra… il faudra contacter Draco.
La Serdaigle eut un regard triste et Ginny balaya sa remarque d'un geste de la main :
- Ce n'est pas le sort. On n'aura pas besoin de le contacter.
- Mais si c'est ça il faudra…
- Ne t'inquiète pas, Harry, dit-elle enfin, rassurante.
Elle voyait que le brun commençait à paniquer. Sa voix tremblait, et son visage devenait blanc à mesure que la conversation avançait.
- Il ne faut pas t'angoisser. Ce n'est pas le sort. J'en suis certaine.
Harry déglutit difficilement et sentit un frisson parcourir son échine.
- Et si c'est la dragoncelle…
- Madame Pomfresh est une infirmière hors pair. Cette maladie n'est mortelle que pour les sorciers d'un âge avancé, tu ne risques rien, dit-elle d'un ton apaisant.
- Mais je suis un moldu. Je ne réagis pas pareil aux sortilèges et aux potions…
- Tu as survécu à un Doloris lancé par un Particulier, Harry. À côté, la dragoncelle, c'est du gâteau.
Ces mots parurent détendre le Gryffondor qui finit par hocher la tête avec un regard reconnaissant envers ses deux amies.
Pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur. Il n'avait jamais pensé pouvoir contracter une maladie sorcière, et cela le terrorisait. Autant que la possibilité que Draco laisse décliner son sort de protection. Il se sentait démunit, seul, impuissant face à des éléments qui l'empêchaient de contrôler lui-même sa vie. Il dépendait de Draco. Il en dépendrait toujours. Alors qu'il peinait à lui accorder de nouveau sa confiance, il se voyait obligé, contraint, de continuer à croire en lui et en sa volonté de le maintenir en vie. Pourtant il savait que le blond n'avait plus aucune raison de maintenir son sort de protection. Et il eut mal. Il eut mal de se rendre compte que, s'il le voulait, il n'avait qu'un mot à dire, et il mourrait, lui rendant cette liberté que son statut d'âme-soeur lui avait volée.
Il passa le reste de la journée à ruminer, angoissant sur les résultats de ses tests, ne sachant pas s'il préférait affronter la maladie sorcière ou l'abandon total du Serpentard. En réalité, il espérait que ce soit simplement un virus un peu tenace qui serait soignable via une potion ou un remède moldu. Ses parents lui avaient envoyé quelques vitamines. Il se promit d'en prendre, dès le lendemain, pour aider son corps à se battre contre ces agressions intérieures ou extérieures.
Lors des cours de Potions, il avait gardé l'habitude d'être en binôme avec Cédric. Ça, il n'avait pas réussi à le changer. Et cela le rassurait, en quelques sortes, de se savoir si bien accompagné dans cette matière si difficile. Ensemble, ils avaient fait d'énormes progrès durant l'année scolaire, et sa présence à ses côtés le faisait se sentir bien. L'espace d'un instant, il en oublia presque tous ses tourments.
Pourtant, depuis qu'il avait revu Draco, en décembre, il n'avait pu s'empêcher de s'éloigner doucement du Poufsouffle. Pris de remords et de culpabilité, il ne se sentait plus la force d'affronter son regard. Il se trouvait incroyablement honteux d'avoir couché avec Draco, le soir de Noël, alors même que Cédric venait de l'inviter à danser avec lui. Il s'était excusé d'avoir disparu si soudainement, ce soir-là, et Cédric ne lui en avait pas tenu rigueur. Mais il avait pris la résolution de ne plus faire de mal au sorcier et, pour cela, il devait s'en éloigner.
Aujourd'hui, en plein cours de Potions, Harry essayait tant bien que mal de se convaincre qu'il n'était pas un monstre en mettant autant de distance entre lui et le Poufsouffle. Sans grand succès.
Cédric revint près de lui et posa un chaudron rempli d'eau sur la gazinière de leur pupitre. Harry esquissa à peine un regard vers lui et aperçut ses yeux noisettes le sonder. Ses joues s'empourprèrent d'elles-mêmes et il se reconcentra aussitôt sur son manuel, à la recherche de la recette de la potion du jour.
- Tu as besoin d'aide ? demanda la voix grave du sorcier.
Sans relever les yeux, il secoua simplement la tête. Un soupir déçu lui répondit et il vit Cédric s'éloigner en direction des étagères au fond de la salle.
Ses lèvres se pincèrent et il ferma douloureusement les yeux. Il était tellement désolé... Cédric ne méritait pas ça... Mais il était incapable d'affronter son regard tendre alors qu'il ne l'aimait pas... Il était horrible... Il ne l'aimait pas... Il l'aimait, lui... Il aimait Draco... Et Cédric ne pouvait pas rivaliser...
Les premières minutes du cours se passèrent ainsi, dans le silence le plus total. Harry ne répondait plus aux questions du Poufsouffle que par onomatopées et par hochements de la tête. Ils suivirent la recette de la potion sans dire un mot, se passant en silence les ingrédients, se répartissant les tâches sans se concerter. Et à mesure que le temps passait, le visage de Cédric s'attristait douloureusement. Harry se détesta de toutes ses forces.
Alors qu'il était en train de remuer le liquide dans son chaudron, Harry vit un hiboux entrer dans la salle de classe, passer au-dessus de toutes les têtes des élèves et se poser avec un cri aigu sur le bureau du professeur Rogue. Le sorcier attrapa la lettre qu'il tenait dans son bec et chassa l'oiseau de son bureau avec un geste d'agacement.
Harry attrapa une rate de chauve-souris et entreprit de la couper lorsqu'il entendit son nom :
- Monsieur Potter, dit gravement Rogue. Madame Pomfresh requiert votre présence à l'infirmerie.
- Tout de suite, professeur ? demanda le moldu, surpris.
- Oui, tout de suite.
Le moldu resta un instant pantois. Il jeta un regard vif au grand Poufsouffle, de l'autre côté de la salle, qui tenait dans ses mains des bocaux pleins d'ingrédients étranges et leurs yeux se croisèrent une seconde. L'espace d'un instant, il voulut refuser, dire au professeur Rogue d'envoyer paître madame Pomfresh et se réfugier, malgré lui, dans les bras de Cédric. Il ne comprenait pas pourquoi. Soudain, retourner à l'infirmerie et affronter les effroyables éventualités d'une maladie ou l'abandon total de Draco lui semblait insurmontable. Il n'y arriverait pas.
Comme s'il avait senti la vulnérabilité soudaine du Gryffondor, Cédric fit un pas en avant dans sa direction, le visage préoccupé et les yeux déterminés.
- Et bien allez-y, tonna alors la voix forte du professeur de Potions.
Harry sursauta en comprenant qu'il s'adressait à lui et reprit contenance, rangea sa paillasse, rassembla ses affaires et s'excusa auprès de son professeur en quittant la salle d'un air perturbé.
En sortant de la pièce, ses yeux croisèrent de nouveaux ceux du Poufsouffle et il le vit lâcher ses bocaux qui se brisèrent au sol dans un fracas assourdissant. Cédric avança dans sa direction, le souffle court, et il put deviner que ses lèvres prononçaient son nom. Harry baissa les yeux et pressa le pas. Il referma la porte derrière lui avant qu'il n'ait pu le rattraper.
Avant d'être assez loin, il entendit la voix grave de Rogue qui râla un fort :
- Vous ne pouviez pas faire attention ? Cinquante points en moins pour Poufsouffle, monsieur Diggory ! Nettoyez-moi tout ce bazar !
Et il pinça les lèvres, profondément désolé et bouleversé de la peine qu'il avait vu dans le regard de Cédric.
Lorsqu'il arriva à l'infirmerie, madame Pomfresh était agitée devant son bureau. Elle tenait dans sa main sa baguette et dans l'autre un long parchemin qu'elle détaillait avec consternation.
- Ah, Potter, vous voilà enfin !
- Les analyses sont terminées ? demanda-t-il en entrant d'un pas incertain.
- Oui. Venez vous asseoir.
Le moldu reprit place sur le même tabouret sur lequel il s'était assit quelques heures auparavant. La vieille femme s'assit à son bureau, face à lui, fronça ses sourcils gris et ancra ses yeux dans les siens. Alors, elle croisa les mains sur son bureau et eut un ton grave qui fit sursauter le moldu :
- Monsieur Potter, êtes-vous bien sûr de ne pas avoir pris une potion préparée par une autre personne que moi ou le professeur Rogue ?
- O-Oui, hésita Harry. Oui, j'en suis sûr.
- Êtes-vous bien sûr de ne pas être victime d'un sortilège autre que celui lancé par monsieur Malfoy ?
- Oui, je… personne ne m'en a lancé... enfin je crois.
- Mmh… réfléchit la sorcière.
Alors, Harry paniqua et un stress immense s'infiltra dans ses veines, faisant blanchir ses doigts.
- Quoi ? trembla-t-il. C'est le sort de protection, c'est ça ? Draco a cessé de le faire fonctionner, et l'école est en train de me tuer ?
Sa voix trahissait sa crainte et la vieille dame secoua doucement la tête, pinçant les lèvres.
- Le sort est toujours actif, ne vous en faites pas, le rassura-t-elle.
- Mais alors… ?
- Vos analyses de sang sont… étranges, dit enfin l'infirmière.
Et Harry haussa les sourcils, perdu.
- Étranges ? Comment ça ?
- Il n'y aucune trace de virus, ou d'infection.
- Donc ce n'est pas la dragoncelle ?
- Non.
Dans son for intérieur, le moldu se sentit soulagé. Mais quelque chose en lui le fit s'inquiéter plus encore.
- Mais si ce n'est ni le sortilège, ni la dragoncelle, ni un virus ou une infection, qu'est-ce que c'est ?
Madame Pomfresh soupira et fit glisser le parchemin jusqu'à lui. Harry baissa les yeux vers lui mais ne comprit absolument rien à la longue liste de chiffres qui s'amoncelaient devant ses yeux.
- Votre taux d'hormones est anormalement élevé.
- Comment ça ?
- Et il semble qu'une nouvelle hormone ait fait son apparition.
- Hein ?
La dame soupira lourdement et le fixa, incertaine.
- Vous avez un taux d'hormones équivalent à celui d'une femme enceinte.
Alors Harry devint livide. Son visage devint blanc, et tout son sang cessa d'alimenter les extrémités de son corps. Ses doigts devinrent insensibles et ses orteils gelèrent dans ses chaussures. Son rythme cardiaque sembla s'emballer, puis ralentir, et il commença à voir flou. Horriblement flou. Sa tête lui tourna et il s'agrippa au bureau de l'infirmière pour ne pas s'effondrer au sol, le souffle coupé et la sueur coulant le long de son dos.
- Je sais bien que c'est impossible, reprit la vieille dame, réfléchissant à grande vitesse. Moi-même je n'arrive pas à l'expliquer.
- Vous avez dû vous tromper, murmura Harry d'une voix blanche.
- J'ai refait les analyses trois fois. Les résultats sont les mêmes.
- Vous avez dû vous tromper, répéta-t-il. Recommencez.
- Je ne me suis pas trompée, trancha la sorcière.
Le visage du Gryffondor était fantomatique, vide, mort, et madame Pomfresh s'empressa de rassurer l'élève qui, elle le voyait bien, semblait dégringoler de dix étages :
- Je sais que c'est impossible, ajouta-t-elle. Et c'est bien cela qui est étrange. C'est la première fois que je vois ça. Mais je suis sûre qu'il y a une explication rationnelle à ces résultats. Il faut que je vous fasse des examens complémentaires.
- Vous avez dû vous tromper, continua-t-il, plus pâle que la mort.
- Écoutez Potter…
Mais elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que le moldu se leva précipitamment, le corps tremblant et les yeux écarquillés. Aussitôt, il courut vers la sortie lorsque la voix de la vieille sorcière l'arrêta :
- Monsieur Potter ! tonna-t-elle. Il faut que je prévienne vos parents, le directeur de votre maison et le professeur Dumbledore. Vos résultats demandent qu'on s'y intéresse de plus près et je…
- NON ! hurla alors Harry, les yeux hagards. Non ! Ne le dites à personne ! Pitié, ne dites rien !
L'infirmière ouvrit de grands yeux, choquée par le brusque changement de voix du Gryffondor qui, une main sur la poignée, la regardait en tremblant de tous ses membres, pris d'une panique telle qu'il semblait convulser debout.
- Mais enfin, il s'agit de votre santé ! Je ne peux pas laisser un élève avec des résultats sanguins aussi saugrenus que les vôtres se balader dans l'école sans attention aucune !
- Pitié, implora le moldu, la voix brisée. Pitié… promettez-moi de ne rien dire… je vous en prie…
- Mais… hésita la sorcière.
- Vous devez respecter le secret médical, souffla enfin le moldu, semblant trouver un argument imparable. Vous n'avez pas le droit de… pitié…
L'infirmière pinça les lèvres, soupira et finit par hocher la tête, vaincue.
- Soit, dit-elle lentement. Je ne dirais rien.
- Merci.
Et le moldu sortit de la pièce, ne prenant même pas la peine de refermer la porte derrière lui.
Harry courut aussi vite qu'il put, de toutes ses forces, de toute son âme. Il courut. Il ne savait pas où il allait. Il voyait flou, et ses jambes, aussi molles que du coton, semblaient vouloir le lâcher à tout moment. Et pourtant il courait. Il devait partir, loin, très loin. Mais pour aller où ? Il ne savait plus. Il ne pouvait plus réfléchir. Il n'y arrivait pas. Non… C'était impossible… Il ne pouvait pas… Il ne…
Et ses yeux se remplirent de lourdes larmes qui lui brûlèrent les paupières. Il haletait dans les couloirs, bousculant ses camarades, faisant tomber leurs affaires, traversant des fantômes, dérangeant des tableaux. Mais il ne voyait plus rien. Hébété, il sentait son ventre se tordre de douleur et son souffle se couper sous l'angoisse. Des sueurs froides coulèrent le long de sa colonne vertébrale et il crut mourir d'asphyxie tant l'air peinait à remplir ses poumons.
Tout se mélangeait dans sa tête. Il ne voulait pas mettre de mot sur ce qu'il avait appris. Il ne voulait pas le dire. Le dire, c'était l'accepter, le réaliser. Mais c'était impossible ! Ça ne pouvait pas être vrai ! Il était terrorisé, terrifié. Elle s'était trompée. C'était la seule explication possible, elle s'était trompée. Ça ne pouvait pas être vrai…
Parmi son regard embué de larmes, Harry aperçut la chevelure flamboyante de Ginny et se précipita sur elle, alors, il lui saisit la main et vit Luna, juste derrière elle.
- Harry ? souffla la Gryffondor, choquée. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Tout va bien ?
Le moldu attrapa la main de Luna et entraina à sa suite les deux sorcières qui peinèrent à le suivre tant il courrait vite. Et sans explication aucune, le souffle court, saccadé, il les mena jusqu'à sa chambre dans la Tour d'Astronomie. Alors, il referma la porte derrière eux, à double tour, et son corps se figea devant le bois sombre.
- Mais pour l'amour de la magie, qu'est-ce qu'il y a ? s'écria Ginny.
Harry s'effondra alors au sol dans un cri de détresse pure, faisant sursauter les deux jeunes femmes qui se précipitèrent sur lui, inquiètes.
Assis au sol, les mains recouvrant son visage, Harry pleurait. Il pleurait d'une force qu'elles ne l'avaient jamais vu. Lorsque Draco était parti, il avait souffert. Mais aujourd'hui, il semblait mourir. Luna sentit son cœur se déchirer alors qu'elle se penchait vers le brun qui n'arrivait plus à respirer, le corps secoué et plus blanc que la mort.
- Qu'y a-t-il, Harry ? murmura-t-elle.
- C'est le sort ? Il ne fait plus effet ? demanda Ginny en pâlissant et passant une main rassurante de son dos.
Alors ses sanglots redoublèrent et Harry se recroquevilla sur lui-même, cherchant à se rassurer lui-même, à se protéger de ces idées qui frappaient son esprit inlassablement. Son visage était luisant de tous les fluides qui s'échappaient de son corps, et il s'étouffait de sentir ses larmes obstruer ses narines. Il aurait voulu mourir. Après de longues secondes, elles perçurent enfin sa petite voix qui se noya dans ses pleurs incontrôlés :
- Je crois que je suis enceint(1)…
- Hein ? marmonna Ginny, les yeux écarquillés.
- Je crois que je suis enceint… répéta le moldu, d'une voix imperceptible, presque inaudible.
Alors Ginny et Luna s'assirent au sol, près du brun, et le regardèrent comme s'il leur mentait. Elles avaient dû mal entendre.
- Qu'est-ce que tu racontes, Harry ? dit enfin Ginny d'un ton calme. Qu'est-ce qui te fait dire de telles choses ?
- Madame Pomfresh… mon taux d'hormones… enceint…
Harry bredouillait, incapable de formuler des phrases correctes, cohérentes, tant sa détresse prenait possession de son corps. Son esprit était brumeux, ses pensées s'embrouillaient. Il réfléchissait à toute vitesse. L'adjectif « enceint » ne pouvait être qu'accompagné de l'adverbe « peut-être ». Si ce n'était pas le cas, c'était beaucoup trop dangereux, autant pour son corps que pour son esprit. Ce n'était pas réel. Ça ne pouvait pas être réel. Pas maintenant. Pas lui. Pas alors qu'il était seul. Pas alors qu'il était un homme.
- Nous ne comprenons pas, murmura Luna. Qu'a-t-elle dit exactement ?
- E-Elle, elle a dit que mon taux d'hormones était équivalent à celui d'une femme enceinte… que ce n'était pas normal…
Ginny pinça les lèvres et passa une main rassurante dans ses cheveux.
- Mais rien n'indique que tu es enceint.
- Les nausées, la fatigue, les maux de tête… pleura-t-il plus fort.
- Mais tu l'as dit toi-même, cela peut résulter de ton intolérance à la magie, intervint Luna.
- Ça ne peut pas être vrai… murmura-t-il doucement pour lui-même, comme pour se rassurer. Ça ne peut pas être ça…
- Ce n'est sûrement qu'une fausse alerte, Harry, dit doucement Ginny. Il ne faut pas t'inquiéter.
Les larmes du moldu étaient intarissables tant la peur s'infiltrait dans ses poumons. L'horreur, la terreur, la détresse, la panique et l'angoisse prenaient possession de son corps et il secoua violemment la tête.
- Ça ne peut pas être vrai, hurla-t-il. Comment a-t-il pu faire ça… ?! Il avait promis… il avait promis… !
Et la cruelle réalité frappa les deux sorcières au visage. Blessé, Harry était complètement perdu. Il ne réfléchissait plus correctement. Son esprit s'égarait, cherchant des réponses, des solutions, un coupable, et la rouquine serra les dents.
Alors, elle prit le moldu dans ses bras qui se figea sur place, une forte incompréhension se peignant sur son visage meurtri.
- Ce n'est pas encore sûr, murmura-t-elle contre son oreille, passant des mains rassurantes sur son dos mouillé de sueur. Nous n'en sommes pas encore sûrs. Nous ne savons pas comment ton corps réagit à la magie. Deux ans à Poudlard et tout peut être déréglé. Nous n'en sommes pas encore sûrs.
Harry s'agrippa à la robe de sorcier de son amie et pleura dans son épaule, hurlant de douleur, pétrifié de terreur.
- Mais si je suis enceint, Ginny, que vais-je faire, mon Dieu, que vais-je devenir… ?
- Nous n'en sommes pas encore sûrs, répéta la rouquine d'une voix douce mais ferme. Garde bien cette idée en tête. Tu n'en es pas encore sûr, Harry.
- M-Mais, haleta-t-il, comment le savoir ?
- Hermione saura, elle.
Et le corps du brun sembla reprendre son souffle. Il hocha fort la tête, serrant la Gryffondor dans ses bras.
- Hermione a lu tout ce qu'il y avait à savoir sur les Particuliers et leurs âmes-soeurs. Elle saura t'aider. Pas madame Pomfresh, pas Dumbledore. Elle.
Harry plongea son visage dans le cou de la jeune femme et elle le serra contre elle de toutes ses forces, sentant ses sanglots s'apaiser doucement, lentement, contre son épaule. Et elle lui parla. De longues minutes, elle lui parla. Elle passa ses mains dans ses cheveux et le long de son dos. Elle lui murmura qu'il ne fallait pas qu'il s'inquiète, qu'Hermione saurait l'aider à savoir, à comprendre, à être sûr. Elle lui promit de n'en parler à personne. Et elle lui répéta, inlassablement, que quoi qu'il arrive, elle ferait tout son possible pour l'aider.
Luna resta assise près d'eux, une main bienveillante posée sur l'épaule du moldu. Dans la chambre résonnèrent durant des heures les sanglots du brun et les paroles rassurantes des deux jeunes femmes.
…
Le soir même, Harry avait envoyé une lettre en urgence à Ron et Hermione leur demandant de le rejoindre au Terrier pour les prochaines vacances de février, dans quelques jours. Il était quelque peu rassuré par les mots de Ginny, et avait pris le parti d'écouter ses conseils. Dans sa tête, tournaient en boucle les mots « Tu n'en es pas sûr », et cela suffisait à calmer son cœur qui semblait vouloir mourir à force de battre si fort. Il ne devait pas y penser. Il y penserait demain. Oui, c'est ça, demain.
Et chaque jour, durant les quelques jours que durèrent son attente des vacances d'hiver, il repoussa l'idée d'y penser au lendemain. Et ce fut comme cela qu'il empêcha les larmes de couler sur ses joues. Mais lorsqu'il prit le Poudlard Express pour rejoindre ses amis, ce fut comme si les mots de Ginny n'avaient jamais été prononcés.
(1) : Pour les besoins de cette fanfiction j'ai masculinisé cet adjectif d'ordinaire exclusivement féminin.
Et voilà. Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?
Vous aviez pratiquement tous deviné qu'Harry était enceint. Mais est-ce vraiment le cas ? Ginny pense que c'est peut-être la magie qui a déréglé le corps d'Harry. Cette hypothèse vous semble probable ? Et si Harry est bel et bien enceint... Comment ? Pourquoi ? Et où est Draco ?
Et Cédric... Il est tellement triste du changement de comportement d'Harry...
N'hésitez pas à me laisser une review pour vous exprimer, c'est toujours un plaisir pour moi de vous lire ;).
Dans le prochain chapitre : Harry a une discussion avec Ron et Hermione.
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de connaître la suite.
Je vous embrasse tous bien fort, à mardi pour la suite :D.
