Bonjour,

Encore merci à tous pour vos reviews. Merci à ceux qui me donnent leur avis à chaque fois, et à ceux qui osent parler pour la première fois pour s'exprimer. Tous les avis sont les bienvenus. Et, surtout, MERCI pour vos compliments. Vous ne vous rendez pas compte de la puissance de vos mots. Chaque fois que je vous lis mon coeur bat plus fort. Vous me faites tellement de bien. Merci, vraiment :).

Aujourd'hui, quelques explications sont de mise...

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 40 : Les deux parties.

Harry était assis sur le fauteuil de son salon et s'occupait comme il pouvait, jouant à sa console sans conviction aucune. Cela faisait deux semaines qu'il tournait en rond comme un lion en cage. Le retour à Poudlard était pour la semaine prochaine. Et il faisait tout son possible pour ne pas penser à ce que deviendrait sa vie une fois qu'il y serait retourné. Soudain, on entendit frapper à la porte et il vit sa mère aller ouvrir :

- Bonjour madame Potter, Harry est occupé ?

- Tiens, bonjour Hermione. Mais entre donc ! Harry est dans le salon. Oh ! Bonjour à toi aussi, Ron.

- Bonjour madame.

Harry tourna la tête et aperçut ses amis sur le pas de la porte. Ils lui sourirent gentiment et il sauta alors sur ses pieds, éteignant sa console.

- Salut Harry, lança Ron en retirant son écharpe.

- Salut.

- Est-ce qu'on peut te parler une minute ? demanda Hermione. J'ai trouvé.

Harry tressaillit.

- Tu as… tu as trouvé ?

- Oui. Viens, je vais t'expliquer.

Le moldu hocha vivement la tête et les guida dans sa chambre à l'étage sans plus de cérémonie.

Il referma la porte derrière lui et fit asseoir Ron et Hermione sur son lit tandis que lui prenait place sur sa petite chaise de bureau. Inconsciemment, il glissa ses mains entre ses cuisses et serra fort les jambes, comme attendant une mauvaise nouvelle. Une très mauvaise nouvelle.

Hermione sortit un vieux grimoire de son tout petit sac et le feuilleta quelques secondes avant de s'arrêter en son milieu. Elle le tourna alors vers le moldu et, de son index, souligna une phrase. Une simple phrase. Harry se pencha en avant :

- « Le choix est laissé aux deux parties », lut-il.

- Exactement.

Le moldu papillonna des yeux. Il n'avait absolument rien compris.

- C'est tout ?

- Oui.

- Mais ça ne veut rien dire, fit-il, consterné.

- Ça veut tout dire, sourit la Française.

Il haussa les sourcils. Non, vraiment, il ne comprenait rien du tout. Il allait falloir lui expliquer.

- Je ne comprends pas, finit-il par soupirer.

Hermione esquissa un sourire.

- Ça veut dire que c'était toi, Harry. C'est toi qui voulais un enfant.

Et Harry ouvrit de grands yeux, éberlué. Son nez se retroussa et il fronça les sourcils :

- Hein ?

- C'était toi.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? fit-il, méfiant.

- Je vais t'expliquer, continua Hermione. La magie de Draco a permis que tu tombes enceint.

- Oui, ça je le sais déjà.

- Mais tu n'as pas ressenti ses effets, n'est-ce pas ?

Il secoua la tête.

- C'est parce que c'est ton corps qui a accueilli la magie de son plein gré.

- Hein ?

Harry les regardait avec des yeux ronds comme des soucoupes. Qu'est-ce que son amie pouvait bien raconter encore ? C'était Draco qui lui avait fait ça ! Et elle était en train de le défendre !

- C'est Draco ! dit-il alors avec conviction, les sourcils froncés. C'est sa magie qui… !

- Oui, c'est sa magie, le coupa la brune. Mais c'est ton corps qui l'a acceptée.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Ça veut dire qu'il ne t'a pas forcé, Harry. Je pense qu'il n'a même rien tenté. C'est ton corps qui s'est senti prêt et qui a absorbé un peu de sa magie.

- Non mais là c'est n'importe quoi, s'exclama-t-il, à la fois révolté et fatigué. Tu veux dire que moi, moi qui refuse catégoriquement de porter un enfant, j'aurais conçu ce bébé tout seul ?!

- Pas tout seul. Avec Draco. Simplement il n'a pas eu besoin de t'insuffler sa magie, tu lui en as pris sans qu'il ne s'en aperçoive.

- C'est complètement délirant, siffla-t-il, fâché.

La sorcière soupira et lui lança un regard doux :

- Qu'as-tu ressenti, cette nuit-là ?

- Quoi ?

- Quand vous étiez ensemble. Comment c'était ?

Les joues du moldu se teintèrent de rouge et il baissa les yeux.

- Je ne vois pas ce que ça a à voir avec…

- Ça a tout à voir.

Il s'agita sur sa chaise, gêné.

- C'était… c'était bien…

- Qu'as-tu ressenti ?

- J'ai ressenti qu'il m'aimait… il me l'a dit…

- Et toi, Harry ?

Il leva les yeux vers elle, elle lui souriait d'un air maternel, rassurant et il soupira.

- Je l'ai aimé aussi… de toutes mes forces…

- Alors tu as ta réponse.

Il fronça les sourcils.

- M-Mais, les autres fois où nous… où nous l'avions fait, rougit-il, nous nous aimions aussi !

- Tu n'étais pas encore prêt.

- Mais je ne l'étais pas non plus, à Noël !

Il secoua la tête.

- C'est impossible… c'est forcément lui… ça ne peut pas être moi, je n'en voulais pas… !

- Tu étais prêt. Ton corps était prêt. Simplement, tu ne le savais pas. Vous vous êtes aimé si fort que vous n'avez rien senti, ni l'un ni l'autre.

- C'est impossible…

Il commençait à comprendre.

- Le choix est laissé aux deux parties, dit simplement Hermione. Tu avais le choix, Harry. Si l'une des deux parties n'est pas d'accord, la fécondation n'aura pas lieu. Ce bébé n'est pas un accident.

Harry écarquilla les yeux et fixa ses mains, serrées entre ses jambes. Il tremblait. Les informations peinaient à monter jusqu'à son cerveau. Il était en colère, toujours, mais il ne savait plus contre qui. Contre qui devait se diriger sa peur et son incompréhension ? Il fallait que ce soit la faute de Draco. Il le fallait. Ça ne pouvait pas être lui… Il ne pouvait pas l'avoir désiré, lui qui en avait si peur… Il secoua la tête, niant.

- C'est impossible, répéta-t-il. Ça ne peut être que lui, c'est…

- Harry, dit-elle enfin en posant le livre et attrapant les mains du moldu dans les siennes. Draco n'y est pour rien. Il ne t'a pas insufflé sa magie.

- Mais tu ne peux pas en être sûre ! trembla-t-il, perdu.

- S'il avait tenté de t'en insuffler intentionnellement, et qu'il avait senti que ton corps avait bien réagit, il ne serait sûrement pas parti le lendemain.

Le brun ouvrit de grands yeux et une filet de sueur froide coula le long de sa nuque.

- Q-Quoi ?

- Draco voulait ce bébé, sourit la sorcière. S'il avait fait cela en pleine connaissance de cause, et qu'il avait vu que tu l'avais accepté, il serait resté pour t'accompagner dans ta grossesse. Ce n'était pas prémédité.

- Non, bredouilla Harry. Non, il le sait forcément, c'est lui le Particulier, c'est sa magie, et il…

- Il ne t'a rien fait du tout, Harry. Il a respecté sa promesse.

Le moldu baissa les yeux, consterné.

- Je pense même qu'il n'osera plus jamais tenter de t'insuffler sa magie.

- Comment le sais-tu ?

- Il me l'a dit. Il m'a dit que lorsqu'il avait essayé, tu avais faillit mourir et tu l'avais repoussé. Il s'est senti incroyablement coupable d'avoir pris tant de risques, alors que tu ne supportes pas sa magie.

Les lèvres du brun tremblèrent.

- Alors… ?

- Il n'aurait pas pris de nouveau ce risque, Harry. C'est toi qui lui as pris un peu de sa magie.

- Mais je ne suis pas un sorcier, démentit le brun, la détresse se peignant sur son visage.

- Non, tu n'es pas un sorcier. Mais tu es l'âme-soeur d'un Particulier. Tu souffres lorsque vous êtes séparés et tu n'as pas mal lorsqu'il te blesse sans le vouloir. Ton corps est capable de supporter sa magie pour concevoir un enfant. Il est capable de l'absorber.

Harry secoua la tête. Il n'y croyait pas. C'était impossible.

- Mais enfin, je n'ai pas fait ce bébé tout seul ! gémit-il. Ce n'est pas ma faute !

- Bien sûr que non, le rassura Hermione. Jusqu'à preuve du contraire, il faut être deux pour faire un enfant. Vous l'avez simplement voulu tous les deux.

- Je ne suis pas responsable, je… commença à paniquer Harry.

- Tu n'es responsable de rien du tout, sourit la brune. Draco le voulait depuis longtemps, déjà. Le soir de Noël, lorsque vous vous êtes revu, ton corps à simplement ressenti tellement d'amour qu'il a accueilli l'enfant sans même que tu ne t'en aperçoives.

Harry était tétanisé, choqué. Alors c'était lui ? C'était lui… Il… Il l'avait… Voulu ? Il avait voulu cet enfant ? Mais comment était-ce possible, lui qui en avait si peur ? Lui qui mourrait à l'idée de le porter, alors qu'il était un homme ? Lui qui suffoquait rien qu'à penser à l'éventualité d'un accouchement ? Il ne pouvait pas vivre ça, il n'était pas assez fort.

- Ce n'est pas moi ! Je ne le voulais pas ! paniqua-t-il.

- Draco t'a tellement manqué que lorsqu'il est revenu tu t'y es accroché, Harry. Tu ne supportais plus d'être seul. Tu voulais qu'il revienne, et tu savais que la seule chose qui l'avait fait partir était ce besoin d'enfant. Ton corps et ton inconscient l'ont voulu. Une infime partie de toi l'a voulu, et cela a suffit.

- C'est impossible... pourquoi l'aurais-je voulu, alors que j'en ai si peur ?

- Parce que tu aimes Draco plus que ta propre vie. Et avoir cet enfant est la preuve de ton amour pour lui.

- Il sait que je l'aime !

- Et tu l'as aimé si fort qu'au fond de toi, une petite partie a accepté d'avoir ce bébé.

- C'est faux... ça ne peut pas être moi... c'est lui... c'est forcément lui...

- C'est vous deux, Harry.

Le moldu ferma fort les yeux, le corps crispé et le visage tourmenté.

Mais comment allait-il faire ? Devait-il s'en vouloir à lui-même ? Devait-il se punir, se détester ? Comment allait-il pouvoir supporter d'avoir voulu cette chose, la garder dans son corps et la mettre au monde ?

Des larmes salées vinrent lui brûler les paupières.

- Je ne peux pas, trembla-t-il, effrayé. Je suis désolé, mais je ne peux pas.

- Tu ne peux pas quoi ? demanda alors Ron, sortant de son silence.

- Je ne peux pas le porter, frémit le moldu. Je suis un homme… je ne peux pas le garder dans mon ventre… et je… je ne peux pas… accoucher…

Ron pinça les lèvres et Hermione posa une douce main sur sa joue.

- Bien sûr que tu le peux.

- Non, Hermione, s'agita le brun. Je ne peux pas, c'est au-dessus de mes forces. Il faut qu'il parte. Il faut qu'il s'en aille, je ne peux pas, je…

- C'est un enfant d'amour, Harry. Qui mieux que toi connais la douleur de l'abandon ?

Alors le moldu se tétanisa sur place. Les mots de la sorcière lui transpercèrent le cœur et résonnèrent dans son esprit comme un écho sans fin. Cette phrase se grava dans sa mémoire à l'encre indélébile et son souffle se coupa brutalement.

Plus que quiconque, il comprenait ce que cela faisait. Il savait à quel point cela faisait mal d'être rejeté par tous, d'être abandonné par la personne qu'on aimait le plus au monde. Il avait souffert, terriblement souffert, lorsque Draco était parti, lorsqu'il l'avait laissé, gisant, là, sur le sol de sa chambre, s'étouffant dans ses sanglots, le suppliant de revenir. Et il avait pleuré, toutes les nuits, à Poudlard, de se sentir si seul, perdu, esseulé. Il avait été rejeté par l'amour de sa vie. Il ne pouvait pas en faire de même pour l'être qui grandissait, sans défense aucune, dans son ventre. Il n'y survivrait pas... Il le sentait... Il ne pouvait pas lui faire aussi mal. Il ne pouvait pas lui faire subir ce que lui même avait subi. Il ne le méritait pas. Personne ne le méritait...

Dans son esprit, un petit déclic s'opéra et il plaqua une main brutalement sur sa bouche.

Il avait failli le tuer, Seigneur, il avait failli le tuer… De ses propres mains, de ses propres poings, il avait failli le tuer… Lui qui n'avait jamais rien demandé… Lui qui s'était accroché, là, dans son ventre, pour avoir une chance de vivre dans ce monde, et il avait failli le tuer

Une forte culpabilité l'envahit, lui secouant le corps, lui écrasant la poitrine, l'empêchant de respirer. Cette chose dans son ventre… Elle ne pouvait compter que sur lui. Il était le seul rempart qu'elle avait entre la mort et la vie. Et il avait tenté de lui faire du mal. Il avait tenté de la faire mourir. Et il suffoqua entre ses doigts, mourant de honte d'avoir osé vouloir l'écraser de ses coups.

Il avait failli l'abandonner comme Draco l'avait abandonné. Il avait failli ôter la vie à un innocent. Un être sans défenses. Et il se détesta. Il se détesta de l'avoir détesté. Il se détesta d'avoir été si en colère contre lui. Il savait, pourtant, à quel point cela pouvait faire mal de se sentir abandonné. Et il se trouva bête, idiot, incroyablement abruti par la colère.

« C'est un enfant d'amour, Harry ».

Il n'était pas né de la colère, de la rancœur ou du désespoir. Il était né d'une litanie de « Je t'aime ». Il était né de la plus belle nuit qu'il ait jamais passée. D'un amour si puissant que son corps en avait fait une évidence. Il n'avait pas le droit de lui en vouloir. Ils s'étaient aimés si fort, et il était né.

« Qui mieux que toi connais la douleur de l'abandon ? ».

Il ne l'abandonnerait pas. Pas alors qu'il savait ce que cela faisait. Pas alors qu'il était aussi perdu que lui, sans repère.

Sa main flotta, juste au-dessus de son ventre plat, et il hésita.

Hermione lui saisit alors la main, la posa doucement sur son t-shirt et étendit ses doigts sur son abdomen. Là, elle lui sourit, comme une mère sourit à son enfant :

- C'est ton bébé, Harry, murmura-t-elle.

Alors, il prit la décision la plus difficile de sa vie.

Ses doigts passèrent délicatement la barrière du vêtement et il toucha sa propre peau. Et ce fut comme si rien d'autre au monde n'avait existé.

Il était là. Indéniablement, il était là. Il ne le sentait pas, ne le voyait pas, ne l'entendait pas. Mais il était là. Il grandissait déjà, petit à petit, à mesure qu'il respirait. Et il était là. Ses doigts tremblèrent. Il le réalisait pour de bon.

- C'est... mon… souffla-t-il si bas que ses amis crurent à un gémissement.

Il était là. Et il ne l'abandonnerait pas.

Il était là. Et c'était son corps qui l'avait voulu.

Il était là. Et pour la première fois de sa vie, ce fut comme une évidence.

Ses doigts caressèrent doucement la peau blanche. Non, il ne l'abandonnerait pas.

Soudain, un éclair de détresse passa sur son visage et il releva les yeux vers ses amis :

- Mais je… balbutia-t-il. Je suis un homme ! Je ne sais pas ce que ça fait, comment ça doit se passer, je… !

- Ne t'inquiète pas, dit alors Hermione en posant une main sur son genou. J'ai fait des recherches, et je continue à me documenter. Les grossesses des âmes-soeurs masculines ont l'air pratiquement équivalentes à celles des femmes.

- Ça veut dire quoi ? frémit le brun. Ça veut dire que je vais grossir et que j'aurais des contractions et… ?

- Tu restes un homme, Harry, le rassura la sorcière. Le placenta magique est fixé à ta paroi abdominale et aux os de ton bassin. Tu n'auras donc pas de contractions, puisque tu n'as pas d'utérus. Mais il faudra faire bien attention à ce que ton ventre ne soit pas malmené.

- Et c'est sûr que tu vas grossir, rit Ron.

Harry lui lança un regard terrifié.

- Grossir comment ?

- Au moins comme ton oncle Vernon.

Harry eut une mine affolée et Hermione donna une petite tape au rouquin qui éclata de rire.

- Il t'embête, siffla enfin la brune avec un regard accusateur pour le Gryffondor. Ton ventre va prendre du volume, et tu vas sûrement prendre un peu de poids.

- E-Et c'est tout ?

Il était inquiet. Terriblement inquiet.

- Tu seras aussi plus fatigué que d'habitude. Et, comme tu as pu le remarquer, les premiers mois sont ponctués de nausées.

Le moldu grimaça.

- Ça va durer encore longtemps ?

- Quelques semaines, je pense.

- Seigneur… souffla-t-il, dépité.

- Il faudra que tu fasses un peu attention à ce que tu manges. Il y a des choses à éviter pour ne pas mettre en danger le bébé.

Il hocha la tête.

- Et il est possible que tu aies encore des maux de tête, et des douleurs dans le dos. Il faudra aussi penser à passer quelques examens médicaux…

- Stop, Hermione, s'il te plait, soupira le moldu en serrant l'arrête de son nez entre ses doigts. Il y a trop de choses… je ne sais pas si j'en serais capable…

- Nous serons là, intervint alors Ron.

- C'est faux. Je serais tout seul à Poudlard, et je ne sais pas ce que je dois faire…

- Ginny et Luna sont au courant, répondit le rouquin. Tu n'es pas seul. Loin de là.

- Mais ce n'est pas pareil que vous…

- C'est même mieux, sourit le Gryffondor avec un clin d'œil.

Harry eut un petit sourire amusé. Sa main n'avait pas quitté son ventre. Après quelques secondes de réflexion, il grimaça.

- Et… l'accouchement ? hésita-t-il, pâlissant.

- Une césarienne, tout ce qu'il y a de plus normal, sourit Hermione.

- C'est-à-dire ?

- Nous avons tout le temps d'aborder le sujet, Harry. Il a seulement quelques semaines, laisse-toi le temps de digérer un peu la nouvelle avant de penser à ça.

Le moldu pinça les lèvres mais ne pu empêcher une question de lui traverser la bouche :

- Est-ce que ça fait mal ?

Ron et Hermione échangèrent un regard.

- Je ne sais pas, dit enfin la brune. Généralement la patiente est anesthésiée. Enfin je pense.

- E-Et… et après ?

- Après quoi ?

- Quand on referme le ventre, est-ce que ça fait…

- Comme n'importe quelle blessure, oui.

Le brun pâlissait à vu d'œil.

- Mais il n'y a aucune raison que tu souffres ou que ça se passe mal. Ne t'inquiète pas, nous n'y sommes pas encore.

- Mais, qui va s'en charger ? demanda-t-il, la panique prenant possession de son corps. Qui va le sortir de là ? Je ne peux pas aller dans un hôpital moldu, ils vont me prendre pour un monstre, ils…

- Chut, calme-toi, Harry, murmura la brune. Il ne faut pas t'inquiéter. Nous trouverons une solution. Il y a toujours une solution.

- Mais je ne connais personne qui saura…

- On trouvera quelqu'un, intervint Ron. T'es pas tout seul. Et on a le temps, encore huit mois.

Le moldu sembla alors prendre conscience d'une chose qui le fit trembler. Son visage se crispa et sa voix vibra de terreur :

- Huit mois… hoqueta-t-il. Il sera là dans huit mois ?

- Plus ou moins, si mes calculs sont bons, hésita le rouquin.

- M-Mais… mais je ne sais pas élever un enfant ! Je n'ai rien, pas de travail, pas de diplôme ! Je ne sais pas changer une couche, ni…

Il pâlit.

- Je n'ai pas de lait pour le bébé, je peux pas en faire, je suis un homme, je…

Hermione eut un sourire doux et amusé et lui tapota le genou.

- Tu sais, de nos jours, il n'est pas rare que les bébés, moldus ou sorciers, soient nourris au biberon. Tu n'as pas besoin de produire du lait pour élever ton enfant.

- Mais je ne sais même pas faire un biberon ! Je n'ai même pas de quoi acheter du lait en poudre !

- Moi je sais les faire, intervint Ron.

Et tous les yeux se braquèrent sur lui.

- Bah ouais, quand maman préparait le biberon de Ginny elle me demandait de l'aider parfois. Suffit de faire chauffer un peu d'eau, de diluer le lait et… quoi ?

Harry le regardait comme s'il était son sauveur.

- Tu pourras me montrer ? demanda-t-il, la voix cassée.

- Bien sûr, je t'aiderai à les préparer. Je sais changer des couches aussi.

Le moldu soupira alors et tout son corps sembla se détendre.

- Est-ce que tu voudras bien m'apprendre… toutes ces choses ?

- T'avais même pas à le demander, Harry, sourit le rouquin.

Le brun lui lança un sourire reconnaissant. Hermione eut alors un regard impressionné :

- Je ne savais pas que tu connaissais tout ça, lui dit-elle.

- De nous deux je serai le parent préféré, ironisa-t-il.

Elle lui donna une petite tape et leurs regards se concentrèrent de nouveau sur Harry qui réfléchissait à toute vitesse.

- Je n'ai aucune idée de comment on élève un enfant, finit-il par dire. Et si… et si je n'y arrive pas ? Si je le fais tomber, ou que je le laisse pleurer ?

- On sera là, promit Hermione. N'est-ce pas, Ron ?

- Bien sûr. On va t'aider à t'en occuper. Tu verras, c'est facile, suffit de lui caser une tétine dans la bouche quand il chouine et…

Hermione lui lança un regard noir et il pinça aussitôt les lèvres.

- C'est facile, t'inquiète, termina le rouquin avec un sourire coupable.

Harry hocha la tête. Il se sentait quelque peu rassuré de savoir qu'il pouvait compter sur ses amis. Hermione paraissait particulièrement sûre d'elle et semblait connaître pas mal de choses sur sa situation. Elle avait dû potasser ses bouquins durant des heures. Et la présence de Ron près de lui le réconfortait. Il était issu d'une famille nombreuse, il était évident qu'il avait vécu tout ce qu'il y avait à vivre en matière d'enfants. Cela lui fit du bien de sentir qu'il avait un soutien aussi incommensurable.

Mais il était animé par une peur qu'il n'avait jamais cru ressentir. Tout lui semblait insurmontable. Porter un bébé, le mettre au monde, s'en occuper… Jamais il n'avait pensé devoir le vivre un jour. Surtout pas maintenant. Surtout pas alors qu'il était toujours étudiant. Surtout pas alors que Draco n'était plus à ses côtés. Et il était terrifié à l'idée de devoir vivre tout ça tout seul. Il ne savait ni comment une grossesse devait se dérouler, ni comment s'occuper d'un nourrisson. Il ne savait rien. Absolument rien. Et la panique ne quittait pas ses veines.

Pourtant, au fond de son cœur, il y avait comme une lueur. Comme quelque chose qui le réconforta et son visage s'illumina. Il se rendit compte d'une chose, et un sourire fendit son doux visage :

- Il faut le dire à Draco ! s'exclama-t-il.

Ses amis hochèrent la tête.

- S'il sait que je porte son enfant, il reviendra, sourit le brun.

- Nous ne savons pas où il est passé, soupira Hermione.

- Il faut le retrouver ! Il faut qu'il sache !

- On va le chercher, répliqua Ron. Mais ça va faire bientôt six mois qu'il a disparu.

- Pas complètement. Il est revenu à Poudlard pour Noël. Il est forcément quelque part !

- Je vais essayer de me renseigner auprès de Dumbledore, répondit finalement Ron. Peut-être qu'il saura ce qu'il faisait là et où il est allé.

Harry hocha vivement la tête, ne pouvant se départir de son sourire.

Il portait l'enfant de Draco. C'était ce que le blond avait toujours voulu.

Il l'aimait. Il le lui avait dit. Il l'avait vu. Il l'avait senti. Et cet enfant en était la preuve. Alors, s'il apprenait qu'il était enceint… Il reviendrait ! C'était certain. Il fallait le retrouver ! Il fallait qu'il le sache !

Harry entrevoyait désormais une porte de sortie, une échappatoire à sa détresse et à sa douleur. Affronter une grossesse tout seul, il n'y arriverait jamais, il en était convaincu. Mais avec Draco… oui, avec Draco, cela devenait possible.

Aujourd'hui qu'il était confronté à la réalité de sa situation, il ne pouvait pas envisager un monde où son enfant vivrait sans son père. Et il s'imagina, revoyant son visage masculin, lui souriant, et ses yeux gris brillant d'amour et de bonheur. Il devait le retrouver. Il n'y arriverait pas sans lui. Cet enfant, ils l'avaient fait à deux. Devoir le porter seul, il en serait incapable. Il lui fallait Draco. Il devait revenir. Il le devait.

Durant la dernière semaine qu'Harry passa chez lui, il fut incompréhensible. Tantôt heureux, tantôt dévasté. Et seuls Ron et Hermione furent en mesure de le réconforter et de le rassurer.

Il était déchiré entre la joie de bientôt pouvoir revoir Draco, et la terreur de réaliser qu'il portait un enfant dans son ventre. Car il avait peur. Horriblement peur. Chaque instant était propice aux questionnements et aux doutes, et il n'arrivait toujours pas à accepter l'idée qu'une vie grandissait en lui. Il en avait conscience, il l'avait compris. Mais cela lui paraissait impossible, invraisemblable, et il était perdu.

Hermione lui avait conseillé de lui parler. À lui. À l'enfant. Il ne trouvait pas l'idée si bête que ça, après tout, c'était un être humain. Mais la dernière fois qu'il l'avait considéré, il avait tenté de le tuer, et à chaque fois qu'il baissait les yeux vers son abdomen, il était pris de remords. Des remords qui le prenaient aux tripes, à la gorge, et il s'en voulait d'avoir tenté de l'écraser de ses poings. Il savait désormais qu'il ne pourrait jamais lui faire de mal. Il savait qu'il n'avait pas le droit de lui faire subir sa colère, sa peur et son appréhension. Mais c'était plus fort que lui… Il tentait de faire comme s'il n'existait pas, dans l'espoir d'oublier. Oublier qu'il allait changer. Oublier qu'il allait souffrir. Oublier que son monde allait basculer.

James et Lily accompagnèrent leur fils jusqu'au quai de la voie 9 3/4 et l'embrassèrent de toutes leurs forces.

- Fais bon voyage mon chéri, sourit Lily.

- Maman, papa, je suis désolé d'avoir été si… bizarre durant ces vacances… il m'arrive quelque chose d'étrange, ce n'est pas facile à expliquer, et…

- Ne dis rien, mon grand, répondit James en posant une main rassurante sur son épaule. Tu as tes raisons. Nous savons que le départ de Draco n'a pas été simple à vivre pour toi. Quand tu seras prêt, tu nous en parleras.

Le moldu hocha doucement la tête et serra ses parents dans ses bras, un sentiment de soulagement l'envahissant.

- Merci, murmura-t-il contre eux.

- Allez, file, souffla Lily. Et n'oublie pas de nous écrire toutes les semaines !

- C'est promis !

Le Gryffondor sauta dans un wagon et fit de grands signes à ses parents restés sur la bordure du quai. Au bout de quelques secondes, ils disparurent dans les volutes de fumée blanche expulsées par le train. Harry trouva un compartiment libre et s'assit sur la banquette près de la fenêtre.

Ses parents étaient les meilleurs parents du monde. Il savait qu'ils ne le jugeraient jamais, et feraient tout pour lui. Mais il ne voulait pas les inquiéter. Et sa situation actuelle était inquiétante. Très inquiétante. Lui-même ne la comprenait pas réellement. Il avait besoin de temps. Et ils l'avaient compris. Il avait décidé de leur dire à son retour, lorsqu'il aurait décroché son diplôme. Là, il leur expliquerait. Avec Draco. Draco l'aiderait à les rassurer. Draco allait revenir. Il le fallait.

Si sa mère et son père n'avaient pas été mis dans la confidence, les parents Weasley, eux, savaient tout. Il avait hésité à le leur dire, sachant ses parents très proches d'eux, mais les arguments de Ron avaient grandement pesés dans la balance et il lui avait paru évident que monsieur et madame Weasley devaient savoir. Ils étaient sorciers. Ils comprendraient et accepteraient la situation beaucoup mieux que n'importe quel moldu. Il leur avait simplement fait promettre de ne rien dire à ses parents temps qu'il ne l'aurait pas décidé. Ils avaient bien sûr accepté ses conditions.

Ainsi, Molly et Arthur Weasley avaient chaudement félicité Harry pour cette merveilleuse nouvelle. Pour la première fois depuis qu'il se doutait être enceint, il avait vu des personnes être enthousiasmées par cette idée. Cela lui avait fait bizarre. Des félicitations… Parce qu'il attendait un enfant… C'était l'usage, bien sûr. Mais il ne s'y était pas attendu une seule seconde. Madame Weasley avait tout de suite proposé de l'aider en cas de besoin avec le bébé, et il s'était trouvé rassuré par une telle proposition. La sorcière avait élevé pas moins de sept enfants. Elle était la mieux placée pour lui venir en aide. Arthur Weasley, lui, lui avait certifié qu'il leur restait beaucoup de vieux vêtements et de jeux d'enfant dans leur grenier. Le moldu avait sourit lorsque le rouquin avait assuré que « le nouvel arrivant serait parfaitement accueilli ! ».

Harry sentait qu'il était entouré, et cela lui faisait du bien. Ron et Hermione étaient là, monsieur et madame Weasley aussi, et il savait qu'il pouvait compter sur Ginny et Luna, à Poudlard. Il ne manquait plus que Draco. Il savait qu'il reviendrait. Il le savait.

Madame Weasley avait absolument tenu à prévenir madame Pomfresh de la situation du moldu. Il avait bataillé longtemps, estimant que bien assez de personnes étaient au courant comme ça, mais il avait finit par abdiquer, reconnaissant la nécessité de pouvoir compter sur quelqu'un du monde médical. Molly avait donc écrit une lettre à destination de l'infirmière de l'école, lui expliquant qu'Harry attendait bel et bien un enfant, l'enfant de Draco, et lui avait demandé de suivre la grossesse du jeune homme aussi assidûment que possible. Elle lui avait aussi demandé de respecter les souhaits du moldu et de ne pas ébruiter sa situation, même pas à ses professeurs ou au directeur de l'établissement. Madame Pomfresh avait répondue, fière de sa personne, qu'elle était sûre de n'avoir fait aucune erreur lors de l'analyse des résultats sanguins du moldu et que, bien évidemment, elle acceptait de suivre l'évolution de sa grossesse et de lui administrer les soins nécessaires. Elle avait rechigné à accepter de garder secrète la situation du brun, mais elle avait finalement obtempéré, respectant la décision du moldu.

Harry ne se sentait pas encore prêt à assumer totalement et publiquement sa grossesse. Loin de là. Il se trouvait lui-même étrange, dans sa possibilité de porter un enfant, alors qu'il était un homme. Et il refusait de se donner en spectacle, lui qui avait déjà tant souffert du regard accusateur des élèves de l'école l'année passée.

Personne ne devait savoir qu'il était enceint. Pas même Dumbledore. Si ses professeurs venaient à l'apprendre, il savait qu'il aurait droit à des traitements de faveurs et, si Ron et Hermione trouvaient que cela serait approprié, lui, estimait qu'il était déjà bien assez mis à l'écart pour s'attirer de nouveau les foudres de ses camarades. Personne ne devait savoir.

Sur le chemin de l'école, sa main se posa doucement sur son ventre sans qu'il ne s'en aperçoive. Ce qu'il vivait était un secret. Comme quelque chose d'inavouable, puisqu'impossible, improbable. Il n'en avait pas honte. Il n'avait pas honte de porter cet enfant. Mais il avait peur. Et désormais, il voyait le monde entier comme une menace. Il devait se protéger, lui-même et son enfant.

Le sien. Cela faisait drôle. C'était étrange. Son enfant… L'enfant de Draco…

Alors qu'il regardait défiler le paysage, ses doigts caressèrent sa peau, et sans s'en rendre compte, il murmura :

- On va s'en sortir, je ne t'abandonnerai pas.


ATTENTION : Avant toute chose, je tiens à préciser que je ne juge absolument pas les personnes ayant recours à l'avortement qui est un droit légal ! Je ne juge pas non plus les personnes prenant la décision de faire adopter leur enfant (je suis Polynésienne et dans ma culture c'est même une pratique courante). Les mots d'Hermione et la décision d'Harry sont uniquement nécessaires à la suite de la fanfiction pour le "bon" déroulement du MPREG.

Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?

N'hésitez pas à me laisser votre avis. N'oubliez pas que vous êtes ma bulle d'oxygène du mardi et du vendredi. Grâce à vous je peux m'évader un petit peu. Merci d'être là !

Dans le prochain chapitre, c'est le retour à Poudlard (encore).

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de connaître la suite.

Je vous embrasse, à mardi :D.