Bonjour,

Le temps passe, les chapitres s'enchainent, et vous êtes toujours présents pour me laisser des reviews. Je ne sais pas comment vous remercier. Merci à tous pour le temps que vous prenez, lors de la parution de chaque chapitre, pour me laisser un petit mot. C'est vraiment très gentil à vous. Vraiment. Merci de tout coeur.

Je sais que cette histoire, et surtout la manière dont le MPREG est abordé, ne peut pas plaire à tout le monde. J'en suis navrée. Mais j'espère néanmoins que le déroulement des évènements vous satisfera :).

Aujourd'hui, Harry est de retour à Poudlard.

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 41 : Polaroïd.

- Wow ! Vise un peu ce que papa m'a envoyé ! sourit Ginny de toutes ses dents.

Harry leva les yeux de son assiette.

- Un appareil photo ? s'étonna-t-il.

- Et pas n'importe lequel ! C'est son vieux polaroïd magique ! Il m'a même envoyé tout un carton de pellicules vierges.

- Il veut que tu lui fasses un diaporama ? rit le moldu.

- Plus ou moins. Il m'a envoyé un petit mot avec, regarde.

Harry saisit le morceau de papier et le lut silencieusement.

« Ma Ginny chérie,

J'aimerais que tu me rendes un petit service. Je t'envoie mon vieux polaroïd magique. Promets-moi que tu en prendras grand soin et qu'il me reviendra en parfait état. Ta mère et moi avons retrouvé un vieil album photo vide qui n'a jamais été utilisé. Nous avions prévu de le remplir des photos de notre premier petit-enfant, mais force est de constater que Lily et James vont nous devancer. Je te confie une mission toute particulière et de la plus haute importance : j'aimerais que tu photographies Harry. Fabrique-lui des souvenirs inoubliables. Un premier enfant, c'est toujours très important. N'hésite pas à me recontacter si tu viens à manquer de pellicule, j'en ai encore un plein carton ! Travaille bien à l'école, nous avons hâte de te revoir, tu nous manques beaucoup.

- Papa. »

Le moldu ouvrit grand la bouche, sincèrement ému et choqué de l'attention toute particulière de Molly et Arthur Weasley.

- Ça va être trop bien ! s'extasia Ginny, plantant d'ores et déjà son œil dans la lentille de l'objectif et visant le brun. Souris !

Harry la chassa d'un geste vif, le rouge aux joues.

- Mais enfin, je mange, là, râla-t-il.

La sorcière haussa les épaules et le regarda d'un œil déterminé.

- Dès que tu auras terminé on va prendre une photo.

- Pour quoi faire ?

- Pour immortaliser ce deuxième mois passé avec brio, quelle question !

Le moldu leva les yeux au ciel.

- Mon ventre est encore plat, Ginny.

- Justement, il ne le restera pas bien longtemps et c'est toi qui seras content de le revoir aussi svelte quand tu seras aussi gros qu'un éruptif !

- Qu'un quoi ?

- Quand tu seras énorme !

Harry lui tira la langue et termina de manger, sans grand appétit. Depuis son retour à Poudlard, ses nausées n'avaient pas faibli et il avait, encore, perdu du poids. Pas beaucoup, mais assez pour faire râler madame Pomfresh qui lui avait prescrit de manger autant que possible, et même de grignoter entre les repas. Pourtant il ne prenait rien, même pas un gramme. Alors, énorme, il avait l'impression qu'il ne le deviendrait jamais.

Ginny ouvrit le gros album à la couverture rouge sombre. Il était vide, et elle posa sa main sous son menton :

- Il nous faut une photo de couverture. Comme une page de garde.

- Quel genre de photo ?

- L'idéal aurait été une photo de toi et Draco. Tu vois ? Parce que vous êtes tous les deux les parents.

- Je vois, sourit tristement Harry.

La rouquine pinça les lèvres. Le moldu trifouillait dans son assiette sans plus rien manger.

- Tu n'as toujours aucune nouvelle ?

- Non.

- Ça ne fait que trois semaines que Ron a commencé les recherches, relativisa-t-elle. Il va bien finir par le trouver.

- Je n'en doute pas.

Il en doutait. Il avait espéré que Draco reviendrait, sincèrement. Mais le blond était introuvable. Quelque part dans la nature, ne donnant aucun signe de vie, il avait tout bonnement disparu. Ron avait questionné le professeur Dumbledore, mais lui-même n'avait su répondre à aucune de leurs questions. Il avait senti la présence du Serpentard dans l'école, le soir du bal de Noël. Il avait senti que plusieurs transplanages non autorisés avaient été effectués. Mais il fut incapable de leur dire où Draco était reparti. La piste était donc complètement froide, et Ron ne savait pas du tout où chercher. Il avait commencé par l'adresse de son manoir familial, sans succès. Le manoir du blond semblait s'être volatilisé dans les airs, comme s'il n'avait jamais existé. Ron lui avait dit qu'il était monnaie courante, chez les Sang Pur, de rendre leurs propriétés inaccessibles pour quiconque n'y serait pas autorisé. Sa demeure devait être sous Fidelitas, un sortilège permettant à une unique personne d'en dévoiler l'emplacement. Ron pensait que Blaise devait être le gardien du secret, mais le métis lui-même était introuvable. Il semblait avoir quitté le territoire. Et Ron, malgré tous ses efforts, n'arrivait pas à situer le manoir de Draco dans le Wiltshire. Alors Harry attendait, dans l'espoir de le voir revenir, heureux d'apprendre que son souhait allait être réalisé.

- J'ai une idée, dit-il tout a coup.

Il sortit alors de sa poche un parchemin qui ne le quittait jamais, et Ginny hocha vivement la tête.

- Très bonne idée, confirma-t-elle.

Harry plaça alors la lettre que Draco lui avait laissé, le lendemain du bal, sur la première page de l'album, et il sourit.

- C'est un joli point de départ, qu'en dis-tu ?

- J'aurais tout de même préféré une photo de vous deux, ironisa Ginny.

Harry leva les yeux au ciel tandis que la sorcière remettait l'album et l'appareil photo dans son sac. Durant tout le reste du repas, elle trépigna sur place, attendant impatiemment qu'Harry termine d'avaler ses dernières gorgées de jus d'orange. Et lorsqu'enfin il accepta de se lever, elle se précipita à la table des Serdaigle et saisit la main de Luna qui la suivit en lui demandant si elle avait enfin pris conscience qu'elle avait des joncheruines plein la tête.

Luna et Ginny accompagnèrent Harry jusqu'à une salle de classe vide. La rouquine sortit aussitôt son appareil photo et le braqua sur le moldu.

- Allez Harry, lève ta robe.

- Quoi ? rougit le brun, offusqué.

- Oh allez, ne fais pas cette tête, on dirait une prude damoiselle, et on sait tous que si tu en étais vraiment une, tu ne serais pas dans cet état, rit la rouquine. Soulève-la que je prenne en photo ton ventre.

- Mais il n'y a rien à voir, soupira-t-il, toujours aussi rouge. On n'a pas besoin de voir ma peau, si ?

- Si c'est tout plat c'est plus intéressant de voir ta peau, sans vêtement. Allez, soulève tout ça.

Harry lui lança un regard accusateur.

- Mais enfin… !

- On n'est pas là pour te juger, Harry, répondit doucement Luna. D'ailleurs, on fait quoi ici ?

- Luna, note la date d'aujourd'hui dans l'album photo, ça fait deux mois qu'Harry est enceint !

- Oh déjà ? sourit la blonde.

- Je suis vraiment obligé ? râla le moldu.

- Oui ! Allez, les cours vont bientôt reprendre !

Harry soupira de mécontentement et, boudeur, il releva sa robe, son pull et sa chemise, découvrant un ventre parfaitement plat. Rien n'indiquait qu'un petit cœur battait sous sa peau, et pourtant, il était bien là. Ginny appuya sur le bouton de prise de vue et un flash éclaira la pièce. Un petit papier glacé sortit de l'appareil photo et Harry remit ses vêtements en place, pestant contre la rouquine.

La sorcière secoua la photographie tandis que Luna terminait d'écrire la date du jour sur la première page vierge de l'album. Apparut alors sur le morceau de papier, relevant sa robe d'un air boudeur, le moldu qui rougissait à vue d'œil.

- Tu aurais au moins pu sourire !

Harry lui tira la langue. Elle accrocha la photo dans l'album, toute fière.

- Bon, on en fera d'autres ce soir.

- Quoi ? s'étrangla le moldu. Mais pour quoi faire ? Il n'y a rien à voir !

- Taratata(1) ! Papa m'a donné une mission et je compte bien la remplir !

Le brun leva les yeux au ciel, trop fatigué pour se battre. Lorsque la cloche retentit, il attrapa son sac, salua ses amies et se rendit à son prochain cours, un petit sourire aux lèvres.

- Mmh, marmonna l'infirmière.

Harry était allongé sur un lit derrière un rideau blanc. Il était rouge de gêne, mal à l'aise. Madame Pomfresh avait reçu le tout dernier échographe moldu trouvable sur le marché, branché à un générateur à essence, et s'appliquait à observer l'intérieur du corps du moldu, les lèvres pincées.

Harry n'aurait jamais cru vivre cela de toute sa vie. La vieille dame avait d'abord posé un gel gluant et horriblement froid sur son abdomen et avait fait glisser un petit appareil sur la totalité de son bas-ventre. Il avait caché son visage entre ses mains, incapable de réaliser qu'il était bien en train de passer une échographie… Pour voir son bébé…

- Mmh, répéta madame Pomfresh, les sourcils froncés.

- Un problème ?

La vieille sorcière soupira, éteignit la machine où était projetée une image grise incompréhensible et tendit un mouchoir en papier au moldu qui essuya les restes de gel sur son ventre. Harry se redressa et remit correctement ses vêtements, cachant sa peau.

L'infirmière avait l'air consternée, perturbée. Elle fit les cent pas quelques secondes devant le moldu, toujours assis sur son lit d'hôpital, et sursauta lorsqu'il l'interpela :

- Madame Pomfresh, demanda Harry. Il y a un problème… avec le bébé ?

- Je ne sais pas, finit-elle par dire, s'asseyant lourdement à son bureau.

Harry se leva et prit place sur son habituel petit tabouret face à elle. Il ne comprenait pas.

- Comment ça ?

- Je n'arrive pas à le voir, lâcha-t-elle enfin.

Il haussa les sourcils, frémissant.

- Quoi ?

La sorcière croisa les mains devant sa bouche, réfléchissant. Enfin, elle soupira :

- J'ai tenté de l'apercevoir grâce à un sortilège, mais la magie ne pénètre pas la barrière de votre peau, monsieur Potter.

- Comment ça se fait ?

- J'ignore si c'est à cause de l'efficacité du sort de monsieur Malfoy, si c'est simplement un effet du placenta magique, ou si c'est le bébé lui-même qui m'en empêche.

Harry avait du mal à saisir.

- J'ai donc fait venir un appareil moldu, pour ne pas avoir à utiliser la magie, ajouta la vieille dame. Mais je ne le vois toujours pas.

- Qu'est-ce qui cloche avec le bébé ? bredouilla alors le moldu, inquiet.

La sorcière soupira et fit un sourire rassurant au Gryffondor.

- Tout va bien avec votre bébé, monsieur Potter. Je n'arrive pas à le voir, l'image reste grisée, imprécise. À vrai dire, elle est totalement opaque. Le placenta magique est hermétique à la magie et à la technologie moldue. Mais les sons, eux, passent. Son cœur bat, il est en pleine santé.

Harry se sentit quelque peu soulagé, mais une certaine appréhension s'était répandue dans ses veines et ne le quittait pas.

- Mais cela me gêne un peu de ne pas le voir. Je n'arriverai pas à savoir s'il a des malformations, des problèmes physiques, ou des particularités…

- D-Des malformations ?

Harry était devenu blanc, et l'infirmière se dépêcha de le rassurer :

- Ce ne sont que des suppositions, et c'est par simple précaution que nous tentons d'apercevoir l'enfant. Avant l'invention de l'échographe, les moldus ont passé des siècles sans voir leurs enfants avant la naissance, et les soucis n'étaient pas si fréquents.

Le moldu hocha doucement la tête, tentant de relativiser.

- Alors… vous ne pourrez pas savoir si c'est une fille ou un garçon ?

- Non, malheureusement. En tout cas, pas dans ces conditions.

- Mais pourquoi le placenta est-il opaque ? Toutes les grossesses sorcières se déroulent ainsi ?

Madame Pomfresh secoua la tête.

- Généralement, une grossesse sorcière n'est pas beaucoup différente d'une grossesse moldue. La magie du bébé peut parfois intervenir, ponctuellement, mais il faut dire que vous ne vivez pas une grossesse sorcière ordinaire.

- C'est-à-dire ?

- C'est-à-dire que celui qui vous a mis enceint est un Particulier, monsieur Potter. Je ne sais pas si les grossesses des âmes-soeurs masculines possèdent certaines particularités... Il est peut-être d'usage de ne pas réussir à apercevoir le bébé dans une telle situation.

- Mais vous avez dit que cela pouvait aussi être à cause du sort de protection de Draco.

- Oui, en effet. Le sort de monsieur Malfoy empêche quiconque de vous faire du mal à l'aide de la magie. Il protège votre corps qui ne supporte pas les énergies magique et vous aide à tolérer la puissance des lieux et de vos camarades. Mais cet enchantement n'est pas censé rendre opaque le placenta, et encore moins pour une machine moldue.

Elle sembla réfléchir, puis soupira.

- Ne vous tracassez pas pour cela. Temps que nous pourrons entendre son cœur, nous saurons que votre bébé va bien.

- Est-ce que… est-ce que vous croyez qu'il y aura des complications… parce que je suis un homme ?

- Je ne peux rien vous certifier, souffla-t-elle. Mais d'après les recherches que mademoiselle Granger a effectuées, et après vérification, cela ne devrait pas poser problème. Après tout, votre enfant est déjà en train de grandir, et pour l'instant tout va bien.

Le moldu hocha doucement la tête. C'était vrai. Le bébé vivait en lui depuis déjà deux mois, et à part les symptômes des grossesses féminines habituelles, il n'y avait rien eu à signaler.

- Mais j'aimerais néanmoins que vous fassiez l'effort de reprendre un peu de poids, monsieur Potter, se fâcha-t-elle.

Rien eut à signaler, à part sa légère perte de poids.

Encore une fois Harry hocha la tête, sans répondre, quelque peu perturbé. Il savait qu'il devait continuer à manger. D'ailleurs il trouvait qu'il mangeait beaucoup. Mais ce n'était visiblement pas assez.

- Autre chose, ajouta l'infirmière.

Harry releva les yeux vers elle.

- Prenez-vous toujours vos cachets contre les maux de tête ?

- Oui, pourquoi ?

- À quelle fréquence ? demanda-t-elle, méfiante.

- Et bien…

- Vous êtes limité à trois comprimés par jour, monsieur Potter.

- Je sais…

- Et je suppose que vous ne respectez pas mes prescriptions.

Harry rougit.

- Parfois la fatigue est trop grande, et je n'arrive plus à me concentrer, alors…

- Cela ne sert à rien de vous justifier. Il faut que vous cessiez d'en prendre.

Le brun ouvrit de grands yeux.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Car ce genre de médicament est très dangereux lorsqu'il est surdosé, et encore plus pour une personne enceinte.

- Mais si j'arrête je n'arriverai pas à suivre les cours convenablement ! protesta-t-il.

La vieille dame soupira et hocha la tête.

- D'accord. Mais pas plus d'un cachet par jour, est-ce bien compris ?

- Mais madame… geignit-il.

- Pas de mais, monsieur Potter ! Je ne veux pas que vous mettiez en danger inutilement votre vie ou celle de votre enfant !

Son ton était sévère et Harry finit par abdiquer, vaincu. Il hocha la tête.

- Bien, siffla l'infirmière.

Puis un sourire apaisa les vieux traits de son visage.

- Mais sachez que je suis très fière de vous, mon garçon.

Harry haussa les sourcils, surpris.

- Vous êtes très courageux. Ces deux premiers mois se sont parfaitement déroulés, et je suis sûre qu'il en ira de même pour le reste de votre grossesse.

- Merci, sourit-il doucement.

Il se sentait fier d'avoir réussi à mener à bien ces deux premiers mois. En réalité, il s'était contenté de vivre normalement. Mais quelque chose dans sa tête trouvait cela particulièrement incroyable. Il redoutait toujours autant les difficultés qu'il était susceptible d'affronter. Mais il se sentait rassuré d'avoir réussi à tenir déjà deux mois, en ayant une vie plus ou moins normale, tout en étant un homme.

L'infirmière lui donna ses dernières recommandations et le pria de revenir la voir s'il avait le moindre souci. Ils avaient décidé ensemble d'un rendez-vous de suivi hebdomadaire qu'Harry honorait scrupuleusement. Et même si à chaque fois il trouvait cela étrange de parler de placenta, d'alimentation et d'hygiène de vie, il faisait l'effort de répondre aux questions de l'infirmière et de suivre ses conseils.

Harry ressortit de l'infirmerie, un air préoccupé sur le visage. Quelque chose tournait en boucle dans son esprit, et les mots de la vieille sorcière résonnèrent dans sa tête.

Le regard dans le vague, il alla s'asseoir sur un banc dans la cour intérieure de l'établissement et sortit machinalement une petite boîte blanche de sa poche. Il la secoua : il restait quelques comprimés. Et alors qu'il allait en avaler un, ses mains se figèrent sur le contenant.

Il venait de s'en rendre compte, d'en prendre conscience, mais durant ces deux mois qu'il avait cru passer tranquillement, il avait en réalité mis en danger la vie de l'enfant. Il trembla, un frisson d'angoisse traversant son dos. Il sortit la notice en papier de la boîte et lut la petite mention qu'il avait ignoré durant presque deux ans : « Ne pas surdoser chez la femme enceinte » et ses doigts se crispèrent. Lui qui s'en voulait d'avoir pensé à tuer l'enfant dans son ventre de ses propres mains ressentit une culpabilité plus violente encore de ne pas avoir prêté attention à ce qu'il avait ingéré et, par la même occasion, fait ingérer au bébé. À force de surdosage, il risquait de mettre en danger la vie qu'il portait. Et il s'en voulut. Il n'avait aucune excuse. Il savait qu'une prise trop rapprochée et assidue de ces cachets pouvait lui causer de graves problèmes de santé. Il avait donc conscience des risques.

Mais il baissa la tête et hésita, serrant dans sa main la boîte de comprimés. Il avait mal à la tête, constamment. Et constamment, il était fatigué. Un cachet par jour, ce n'était pas assez… Mais hors de question de recommencer un surdosage... Alors quoi ?

Il réfléchit longtemps. Trop longtemps. Pesant le pour et le contre. Et, finalement, décida de s'en tenir aux restrictions de madame Pomfresh. Il prendrait un cachet le matin, lors de ses premières migraines, et essaierait de tenir bon le reste de le journée. Il le fallait.

Mais quelque chose d'autre ne quittait pas son esprit. Le bébé n'était pas visible. Le placenta magique ne laissait ni magie, ni ultrason passer la barrière de sa membrane. Et cela l'inquiétait. Sans image de l'enfant, comment être sûr qu'il se portait bien ? Comment savoir s'il n'avait aucun problème ? Tout dans cette grossesse était anormal. Même si Hermione et l'infirmière le rassuraient du mieux qu'elles pouvaient, il avait toujours en lui cette petite voix qui lui disait que ce qu'il vivait était hors du commun. Le fait qu'il soit un homme pesait déjà énormément dans son état d'esprit et désormais venait s'ajouter la particularité de ce placenta qui empêchait toute intrusion extérieure. Draco avait raison. Il n'avait pas choisi le bon parti pour mener une existence normale et simple.

Alors qu'il était plongé dans ses réflexions, il vit un uniforme s'asseoir sur le banc près de lui et il rangea aussitôt la petite boîte de médicament dans sa poche avant de relever les yeux vers le nouvel arrivant :

- Bonjour Harry.

- Cédric ! s'exclama-t-il, surpris.

- Ah ! Je commençais à avoir peur que tu aies oublié mon nom, rit le Poufsouffle.

Le brun le dévisagea un instant, et une nouvelle culpabilité lui étreignit le cœur.

- Tu as passé de bonnes vacances ? demanda le grand sorcier.

Harry résista furieusement à l'envie de poser la main sur son ventre et haussa les épaules :

- J'ai pu revoir Ron et Hermione, sourit-il.

- Oh, alors ils vont bien ?

Il hocha la tête.

- Et toi ? finit par demander le moldu.

- C'était très ennuyant, sourit le châtain. J'ai voulu t'écrire, mais je ne connais pas ton adresse.

Harry rougit, ne pouvant pas se résigner à le regarder dans les yeux et incapable de répondre quoi que ce soit.

Du coin de l'œil, il vit Cédric étirer ses longues jambes et faire craquer les vertèbres de son dos.

- Et puis tu ne dois pas connaître la mienne non plus, ajouta le Poufsouffle en riant.

Cela arracha un sourire au visage du moldu qui se détendit doucement.

- Tu me la donneras à l'occasion ? répondit-il.

- Je la graverai même dans ton pupitre de Potions, au cas où.

Et, cette fois, Harry éclata d'un rire franc.

Cédric était véritablement spécial. Il l'aimait beaucoup. Énormément. Il se sentait bien près de lui. Mais il était refroidi par la présence de Draco qui ne quittait pas son esprit, ne lui laissant aucun répit. Et pire encore, par l'enfant dans son ventre qui grandissait, lui rappelant chaque instant l'amour qu'il portait au blond. Et pourtant l'affection qu'il avait pour Cédric n'avait pas décrue. Il se sentait coupable, perdu.

Alors, le rouge aux joues, le Poufsouffle lui raconta à quel point ses vacances lui avaient paru durer des années, loin de l'école... Loin des cours de Potions... Loin de lui... Et Harry baissa la tête. Il l'écouta lui parler de ces choses qu'il aurait aimé pouvoir lui écrire, pouvoir lui dire, pouvoir partager avec lui, et Harry pinça les lèvres. Il l'entendit faire des plaisanteries, rire de lui-même et il sourit à plusieurs reprises, amusé par la gaucherie assumée du sorcier qui n'avait de cesse de lui sourire.

- Tu as l'air préoccupé, dit enfin le Poufsouffle. Est-ce que tout va bien ?

- Oui, oui, ne t'inquiète pas.

- Rien de grave, j'espère ?

- Tout va bien.

Le châtain hocha la tête.

- Si tu le dis, alors je te crois.

Harry vit l'homme baisser la tête et son cœur se pinça fort. Très fort.

- Cédric, murmura-t-il.

- Oui ?

- Je pense qu'il faut qu'on arrête de se voir.

Ses mots avaient résonné plus fort qu'il ne l'aurait cru dans sa tête et ses épaules frémirent. Il vit le corps du sorcier s'affaisser près de lui, comme assommé d'une déception trop lourde à supporter.

- Tu es fâché ? J'ai fait quelque chose de mal ? demanda le Poufsouffle d'une voix tremblante.

Et Harry se sentit effroyablement coupable.

- Si c'est le cas je m'excuse. Je peux tout arranger, je peux...

- Non, ce n'est pas de ta faute, tu n'as rien fait du tout, le rassura le moldu. C'est moi. C'est moi le problème.

- Tu as tellement changé depuis Noël... soupira Cédric. Il s'est passé quelque chose ?

Harry pinça les lèvres et hocha doucement la tête.

- Qu'est-il arrivé ? Quelqu'un t'a fait du mal ?

- Ça n'a plus aucune importance.

Il sentit alors se poser sur sa main celle plus large du sorcier près de lui et releva les yeux vers son visage. Il hoqueta lorsqu'il vit, dans les orbes noisettes, des traces de détermination et de tendresse.

- Laisse-moi te protéger, Harry. Laisse-moi prendre soin de toi.

Les doigts de l'homme se refermèrent doucement sur sa main et une chaleur réconfortante naquit dans sa paume. Mais il secoua doucement la tête, sa bouche se tordant de tristesse.

- Je ne peux pas.

Et il retira sa main des doigts du Poufsouffle.

- Pourquoi ?

- Parce que… parce que je ne suis pas prêt à me remettre en couple…

Le châtain pinça les lèvres.

- Et je ne le serai probablement jamais…

- Harry…

- Je suis désolé, trembla le moldu, les doigts serrés sur sa robe de sorcier. Je suis désolé de t'avoir fait espérer, je… !

Mais sa phrase mourut dans sa gorge, et il ouvrit de grands yeux.

Cédric avait plaqué ses lèvres contre les siennes et le tenait fermement contre lui. Son cœur battit si vite qu'il crut qu'il allait perdre connaissance.

Il sentit les grandes mains de l'homme glisser autour de sa taille, et sa langue fit pression sur sa lèvre inférieure. Lorsque les dents du Poufsouffle le mordillèrent et que sa langue se faufila à l'intérieur de lui, ses yeux se refermèrent d'eux-même et il gémit. Emporté par la sensation étrange et pourtant si agréable de la chaleur que lui communiquait le corps fort qui le tenait. Il trembla, sentant le toucher du sorcier lui brûler la peau. Lorsque Cédric chercha sa langue, il répondit à son baiser avec plus d'ardeur qu'il ne l'aurait cru, soupirant de plaisir. Ses mains agrippèrent la chemise de l'homme et il sentit qu'il était tiré plus encore. Il soupira et gémit plus fort quand Cédric laissa glisser une de ses mains sur sa nuque pour le rapprocher de lui.

Et il rendit son baiser au sorcier, acceptant sa poigne ferme sur son corps, appréciant son souffle chaud sur ses lèvres, se perdant dans ses yeux noisettes. Cédric refusa de lâcher ses lèvres, l'embrassant à lui en couper le souffle, à l'en étouffer, et Harry gémissait à mesure qu'il le sentait posséder ses lèvres, sa bouche, sa gorge. Pour la première fois depuis des mois, il embrassait un autre homme. Cela lui avait paru impossible. Et pourtant, il s'accrochait comme un désespéré au corps du sorcier qui avait passé un bras autour de sa taille, l'enlaçant avec tendresse. Son cerveau était incapable de réfléchir.

Il sentait dans son cœur que ce baiser était vain, inutile. Il n'aimait pas Cédric… Pas comme ça… Pas comme il aimait Draco… Pas comme il aimait le père de l'enfant, celui-là même qui grandissait dans son ventre… Mais son esprit, lui, lui hurlait de laisser une chance au Poufsouffle, à cet homme qui le faisait tant rire, et qui était si gentil avec lui… De laisser une chance à cet homme qui, des mois durant, avait été comme une bulle d'oxygène dans sa morne existence. Il ne savait plus. Il était perdu. Éperdu. Mais la sensation était merveilleuse et, pour la première fois depuis des mois, il sentait une chaleur monter dans ses reins et se répandre dans son corps, chassant le froid dans lequel Draco l'avait plongé en partant. Et il l'embrassa, encore et encore, se perdant dans le plaisir enivrant de se sentir de nouveau aimé, réchauffé et réconforté.

Alors, il entendit la voix de Cédric tout contre ses lèvres :

- Harry, je t'aime…

Et il se recula vivement, comme brûlé, repoussant le Poufsouffle loin de lui, le corps tremblant. Il se releva, les jambes flageolantes et les lèvres rouges et luisantes d'avoir été trop mordues, trop embrassées. Le Poufsouffle le regarda, pantelant, le visage surpris et déçu :

- Je ne peux pas faire ça, Cédric, réussi à bredouiller le moldu, haletant, le cœur au bord des lèvres.

- Harry…

- Je ne peux pas être avec toi…

- Si tu me laissais une chance... rien qu'une chance... je…

- Je suis désolé, suffoqua le brun. Mais je peux pas, je n'ai pas le droit… c'est au-dessus de mes forces… je suis désolé.

Et Harry courut à toutes jambes, s'éloignant le plus vite et le plus loin possible de l'homme qui, il en était sûr, aurait certainement réussi à faire chavirer son cœur à force de présence et de persévérance. Il retint ses larmes avec force, refoulant la douleur d'avoir fait un tel choix.

Il aimait tellement Draco… Il l'aimait si fort… Mais il n'était pas là… Et il ne savait pas s'il reviendrait un jour… Cédric, lui, était présent, et il l'aimait… Mais il n'avait pas le droit. Pas le droit de lui faire du mal. Pas le droit de le faire espérer alors que, il le savait, Draco, jamais, ne quitterait son cœur et son esprit. C'était lui. Ce ne pouvait qu'être lui. Il l'avait dans la peau. Et la vie dans son ventre était la preuve de cet amour incommensurable contre lequel il ne pouvait pas lutter.

Il s'en voulait, il se détestait. Cédric était un homme bien, et il venait de lui briser le cœur. Il était un monstre. Mais être avec Cédric était un mensonge. Car il le savait, s'il acceptait les avances du Poufsouffle, et que Draco venait à réapparaître un jour, il l'abandonnerait, incapable d'ignorer son amour pour le Serpentard. Il était l'âme-soeur d'un Particulier. Il était l'âme-soeur de Draco et jamais, au grand jamais, il ne pourrait aimer quelqu'un d'autre comme il l'aimait, lui.


(1) : Tic de langage issu du personnage de Scarlett O'Hara d'Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.

Et voilà. Alors ? Qu'en avez-vous pensé ?

Cédric est, plus que jamais, fou d'Harry. Mais celui-ci sait qu'il n'arrivera qu'à lui faire du mal.

Et le bébé... Les cachets, l'échographie... Espérons que tout aille pour le mieux pour lui...

N'hésitez pas à me laisser une review. Exprimez-vous, n'ayez pas peur. J'adore vous lire, et j'attends toujours vos retours avec impatience.

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.

Des bisous, à vendredi !