Bonjour,

Bienvenue aux nouveaux qui lisent tous les chapitres d'un coup et qui prennent le temps de me laisser une review lors de la progression de leur lecture :). Et merci aux anciens qui, inlassablement, me donnent leur avis lors de la parution de chaque chapitre depuis plusieurs mois déjà. Vous êtes tous formidables ! Merci de tout cœur !

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 44 : Chez les Weasley.

- Ronald ! Où as-tu encore mis mon livre de droit civil sorcier ? tonna la voix d'Hermione.

- J'crois qu'il est dans la cuisine ! répondit Ron qui, visiblement, était au grenier.

- Et tu peux me dire ce qu'il fait dans la cuisine ? râla la Française.

- Aucune idée, je ne savais pas où le mettre.

La brune leva les yeux au ciel alors qu'Harry étouffait un petit rire, assis sur le fauteuil du salon.

Revoir ses amis lui faisait un bien fou. Ils lui avaient terriblement manqué.

Il vivait au Terrier depuis quelques semaines déjà. Monsieur et Madame Weasley l'avaient accueilli à bras ouverts. Après avoir obtenu son diplôme, il était rentré chez lui, mais il s'était vite rendu compte que vivre sans ses parents dans sa maison lui était très pénible, voire difficile. Il avait tout de suite passé ses journées chez les Weasley, fuyant la solitude de sa chambre, et au bout de quelques jours, les parents Weasley lui avaient proposé de reprendre l'ancienne chambre de Bill, l'aîné de la fratrie, le temps que Lily et James rentrent de leur séjour au Canada. Harry avait tout de suite accepté, soulagé de se sentir de nouveau entouré, et vivait désormais à temps plein chez ses voisins.

Ginny était revenue au Terrier mais était repartie aussitôt. Son diplôme en poche, elle avait décidé d'aller passer ses vacances d'été chez Dean, dans sa belle-famille. Il faut dire que le sorcier lui avait véritablement manqué durant sa dernière année scolaire. Luna, elle, était retournée vivre chez elle, avec son père, et d'après ce qu'Harry avait lu dans sa dernière lettre, Neville s'était installé avec eux et cultivait désormais des prunes dirigeables dans leur jardin. Il était heureux de voir que tous ses amis continuaient leur chemin et semblaient ravis de retrouver les personnes qui les avaient attendus durant une année entière.

Le mois de juillet était déjà bien entamé et Hermione aussi était venue passer ses vacances d'été avec sa belle-famille. Elle avait obtenu son diplôme d'avocate de droit social sorcier avec la meilleure note possible et avait prévu, après les vacances, de se renseigner pour pouvoir ouvrir un cabinet de consultation au sein même du Ministère de la Magie. Harry était extrêmement fier d'elle. Elle était désormais une femme accomplie, ne faisant face à aucun échec et allant de succès en succès. Il l'admirait comme il n'avait jamais admiré personne. Il était heureux de pouvoir passer quelques semaines avec elle. Dans son cœur, il ne cessait de se remémorer que c'était grâce à elle qu'il avait changé. C'était elle qui l'avait convaincu que son bébé le rendrait heureux. Et il l'était. Non sans mal et sans efforts. Mais il l'était. C'était elle qui avait su répondre à ses questions et jamais il n'arriverait à la remercier assez pour tout ce qu'elle avait fait pour lui.

Depuis qu'il était revenu au Terrier, il voyait le monde autour de lui avancer. Les affaires des jumeaux Weasley marchaient si bien qu'ils avaient réussi à trouver un local pour ouvrir une deuxième boutique de « Farces et Attrapes pour Sorciers facétieux » à Pré-au-lard, et Ron avait désormais un poste à responsabilités dans le Département des Jeux et Sports Magiques du Ministère de la Magie. Ses amis avançaient, concrétisaient leurs projets, et c'était merveilleux.

Pourtant, cela le tracassait. Pas qu'il était jaloux, bien au contraire, il était très heureux pour eux, mais il commençait à se remettre en question. Il ne savait même pas ce qu'il allait faire, une fois l'été passé… Il était enceint, et plus les mois passaient, plus il prenait peur. Le bébé serait bientôt là, et il avait peine à y croire. Il le sentait bouger fréquemment, désormais, il avait pleinement acquis sa présence. Mais lorsqu'il serait né, lorsqu'il serait dans ses bras, avec lui, là, pour de vrai… Comment allait-il faire ? Il avait obtenu son diplôme, certes, mais il ne savait absolument pas quoi en faire ! Il ne savait pas du tout vers quel métier s'orienter, vers quelle branche se tourner, quelle option prendre en compte, il ne savait rien du tout. Ses parents n'étaient pas encore au courant pour sa grossesse. Il avait compté le leur dire lorsqu'il rentrerait, mais puisqu'ils n'étaient pas là, et qu'ils étaient déjà bien occupés avec sa tante et son cousin, il préférait taire sa situation le temps qu'ils reviennent. Mais il ne pouvait pas vivre indéfiniment chez les Weasley, et il ne pourrait pas dépendre indéfiniment de ses parents non plus. Il fallait qu'il arrive à prendre soin de son bébé lui-même. Il fallait qu'il arrive à s'en occuper, à le nourrir, à le vêtir, et tout cela demandait de l'argent. Il ne savait pas combien pouvait coûter un enfant, en réalité. Il ne savait même pas ce dont il aurait besoin. Du lait, ça, c'était sûr. Des biberons, pour le lait, évidemment. Des vêtements et des couches, oui, il réussissait à identifier ces choses... Mais le reste ? De quoi avait besoin un bébé ? Il ne s'était jamais posé la question.

Il lui fallait trouver une solution. Il lui fallait trouver de l'argent. Il ne voulait pas imposer son enfant aux Weasley ou à ses parents. Il avait décidé de le garder, il devait en prendre la responsabilité. Il avait donc commencé à éplucher les petites-annonces dans les journaux magiques du Chemin de Traverse, dans l'optique de dénicher un petit boulot, après la venue de l'enfant. Il en avait trouvé quelques uns qui lui paraissaient bien sympathiques : une fleuriste cherchait un assistant, un salon de thé avait besoin d'un nouveau serveur et une librairie magique proposait un poste à temps partiel de vendeur.

Lorsqu'Hermione avait vu ses recherches intensives de travail, elle s'était empressée d'écrire au professeur Dumbledore pour lui demander conseil. C'est donc tout sourire qu'elle se dirigea vers Harry, ce matin-là, une lettre ouverte cachée derrière son dos :

- J'ai une surprise pour toi, sourit innocemment la brune.

Le moldu leva les yeux de son journal et lui lança un regard méfiant.

- C'est pas un gnome de jardin j'espère ?

- Non, rit Hermione. C'est beaucoup plus intéressant.

- Fais voir.

Elle lui tendit le petit morceau de papier et Harry réajusta ses lunettes sur son nez :

« Chère mademoiselle Granger,

Veuillez, s'il vous plait, transmettre mes sentiments les plus distingués à Harry. Je suis heureux d'apprendre qu'il cherche d'ores et déjà du travail et j'ai une excellente nouvelle à vous annoncer. Le Comité Moldu du Ministère de la Magie a décrété, après qu'Harry a brillamment obtenu son DMMMS à Poudlard après ces deux années de cours, qu'une ouverture entre le monde magique et le monde moldu n'était définitivement plus exclue. À la rentrée de l'année suivante sera donc à pouvoir à Poudlard un poste de professeur d'Étude des Moldus. Cet enseignement sera une option non-obligatoire mais recommandée par le Comité Moldu du Ministère lui-même. Il consistera à enseigner aux élèves, de leur Troisième à leur Septième Année, le mode de vie des moldus afin de permettre une ouverture d'esprit aux nouvelles générations de sorciers.
Je pense qu'Harry possède toutes les capacités pour obtenir ce poste et je lui conseille vivement de passer l'entretien lui y donnant accès. Cet entretien aura lieu en avril prochain et, s'il est retenu, il pourra commencer à enseigner, dès l'année prochaine, dans notre merveilleuse école, Poudlard, qui sera ravie de voir revenir un de ses plus brillants élèves.
J'espère avoir bientôt l'honneur et la chance de revoir Harry. N'hésitez pas à me contacter si vous avez besoin de quoi que ce soit.

- Albus DUMBLEDORE

PS : Quelques bonbons au citron, je sais que l'enfant les adore. »

Harry cligna des yeux.

Quoi ? Il avait mal compris, peut-être ? Alors il relut la lettre. Non, c'était bien ça. Dumbledore lui proposait de passer un entretien pour devenir professeur à Poudlard.

Professeur à Poudlard…

Alors il écarquilla les yeux et fixa Hermione d'un air ahuri.

- C'est une farce ?

- Est-ce que Dumbledore est du genre à te faire des farces ? Tiens, voici les bonbons, ajouta-t-elle en lui glissant dans la main deux bonbons jaunes.

Et Harry fixa longtemps les bonbons avant qu'un immense sourire ne vienne éclairer son visage :

- Il y a un poste pour un moldu à Poudlard ! s'écria-t-il.

- Un poste de professeur, oui, sourit la brune. Et je suis totalement de son avis. Tu serais parfait dans l'enseignement de l'Étude des Moldus.

- Il y a un poste pour un moldu à Poudlard ! répéta le Gryffondor en lançant ses poings en l'air, victorieux.

Hermione explosa de rire lorsqu'elle le vit avaler les deux bonbons avec un petit « Tiens mon grand, tu les as bien mérité ».

Harry goba les bonbons et passa sa main sur son ventre rond. Le bébé adorait les sucreries.

Il n'en revenait pas. Un poste de professeur à Poudlard ! Il ne s'était jamais projeté en temps qu'enseignant, ça ne lui était même jamais venu à l'esprit. Pourtant son père lui-même était professeur, mais il ne s'était jamais véritablement intéressé à son métier. Mais pouvoir retourner à Poudlard, ce lieu qu'il aimait tant, et pouvoir participer à l'évolution des représentations que se faisaient les sorciers des moldus… C'était impensable.

Il devait le faire.

Il devait y arriver. Ce métier était fait pour lui. S'il était resté à Poudlard, après tout ce qu'il avait subi, l'année passée, c'était bien pour prouver au reste du monde qu'il était capable d'y arriver. Qu'un moldu, aussi quelconque soit-il, pouvait faire changer les choses. Et les choses avaient changées. Il devait passer cet entretien !

Alors il tenta de se relever brusquement, se contorsionnant sur son fauteuil pour se mettre debout, une main au creux de ses reins pour supporter le poids de son ventre et gémit en se mettant sur ses pieds.

- Non, Harry, reste assis, dit Hermione en se précipitant sur lui pour le faire asseoir.

Mais elle n'eut le temps de rien faire, le brun enroula ses bras autour de sa nuque et la pressa contre lui de toutes ses forces.

- Merci, murmura-t-il dans son cou.

Hermione sourit tendrement et referma ses bras dans le dos du moldu.

- Merci de tout cœur. Merci pour tout.

- Mais il n'y a pas de quoi, Harry.

Il la pressait si fort qu'elle pouvait sentir son ventre rond appuyer sur ses côtes. Harry enfouie son visage dans les cheveux bruns de la jeune femme et murmura :

- Je te dois tout. Qu'est-ce que je ferais sans toi…

- Tu as fait tellement de choses seul, Harry. Tu ne me dois rien du tout.

Et ils restèrent un moment ainsi, le moldu ne lâchant pas son amie qui lui caressait doucement le dos, soutenant légèrement son poids.

Enfin, Harry la relâcha et souffla un grand coup, sa main serrant fort la lettre du vieux sorcier.

- En avril l'année prochaine, je passerai cet entretien ! Et je décrocherai ce poste de professeur à Poudlard !

- J'y compte bien ! répondit avec conviction la sorcière.

Alors, voyant le visage pâlissant du Gryffondor elle l'aida à se rasseoir et passa une main sur son front humide. Pas de fièvre. Elle ramassa la couverture en laine qui avait glissé de ses jambes et s'assit sur la table basse, face à lui.

- Tu ne devrais pas te lever, Harry, dit-elle, l'air inquiet.

- Tout va bien, l'émotion était trop forte, je n'ai pas pu résister.

- Je sais, sourit la brune. Mais madame Pomfresh est formelle, tu n'as le droit de marcher que pour te rendre aux toilettes et à la salle de bain.

- Mais je m'ennuie à mourir, soupira le moldu.

- Et bien, désormais, tu auras du travail, monsieur le futur professeur, rit Hermione. Je vais aller emprunter tous les livres dont tu auras besoin pour réviser. Il faut que tu sois calé en mise en situation professionnelle lors de ton entretien.

Harry soupira lourdement et se frappa le front d'un geste désespéré :

- Par pitié, pas encore des révisions…

- Si tu veux décrocher ce poste, il faudra en passer par là.

Hermione sourit. Harry était un peu essoufflé. À vrai dire, cela lui arrivait souvent désormais. Le moindre geste, le moindre mouvement et il avait du mal à respirer. Madame Pomfresh disait que c'était parce que le bébé avait de forts besoins en oxygène et qu'Harry devait oxygéner son sang plus que de raison. C'est pour cela qu'elle lui préconisait du repos. Ça, et aussi parce que…

- Tu as mangé, aujourd'hui ?

- Oui, j'ai mangé les pancakes que madame Weasley a faits.

- Combien ?

- Au moins quatre…

Hermione pinça les lèvres.

- Combien pèses-tu ?

Harry baissa les yeux et se pelotonna dans son fauteuil, évitant son regard.

- Je ne sais pas, je ne me suis pas pesé depuis une semaine.

- Tu as encore perdu du poids, Harry.

- Je sais.

C'était terriblement inquiétant. Au lieu de prendre environ un kilo par mois, comme c'était généralement le cas pour les grossesses féminines, Harry, lui, avait perdu énormément de poids. Son visage était creusé, pâle et désormais ses vêtements étaient devenus, tous, sans exception, trop larges pour lui. Il détestait se voir ainsi. Il se trouvait affreux, laid, hideux, et refusait de voir les chiffres sur la balance diminuer chaque semaine.

C'était devenu horrible à vivre. Aucune nourriture ne l'alimentait correctement et madame Pomfresh redoutait le jour où elle serait obligée de le mettre sous perfusion. Elle redoutait le jour où une anémie lui serait fatale, où son cœur n'aurait plus la force de battre. Toute la famille Weasley faisait comme si de rien n'était, ne faisait aucune remarque sur son physique qui s'émaciait petit à petit, de jour en jour, mais tous avaient conscience que ce n'était pas normal. Harry était faible. Et ils avaient peur qu'un rhume le tue tant il était fatigué, fragile. Rien que se lever pour prendre Hermione dans ses bras lui avait demandé de puiser dans ses ressources les plus cachées. Il arrivait à marcher, un peu, mais quelques minutes, pas plus, après quoi il avait besoin de d'asseoir pour reprendre son souffle et avaler un fruit ou un carré de chocolat pour lui redonner un peu d'énergie.

Son corps était difforme. Ses bras, ses jambes, son buste et son visage étaient proches de la maigreur et laissaient presque paraître les os. Mais son ventre, lui, était bien rond, signe que le bébé se développait bien. Et l'enfant était en parfaite santé. Il bougeait sans arrêt, nuit et jour, s'agitant à l'intérieur du petit corps. Il l'empêchait de dormir, la nuit, et le déconcentrait de ses coups, le jour. Mais Harry l'aimait comme jamais il n'avait aimé quiconque. Lorsqu'il pensait que son bébé était en lui depuis bientôt sept mois, il était pris d'une folie d'amour incontrôlable et il se mettait à lui parler, à lui chanter des chansons, et à lui dire à quel point il l'aimait.

Un jour, Ron l'avait surpris en train de lui parler de Draco, et il avait sourit avec tristesse.

Tous les jours, Harry demandait des nouvelles du blond. Tous les jours, il demandait si on avait trouvé une trace, un indice, un témoignage. Et tous les jours, lorsqu'on lui disait que non, il s'isolait dans sa chambre et parlait avec son bébé. Ron l'avait entendu. Il lui racontait combien son père était grand et fort, combien il était beau et charismatique, combien il était amoureux et protecteur. Et il lui parlait. Il lui parlait de Draco pendant des heures. Il pensait sans doute qu'en lui parlant du blond, l'enfant le reconnaîtrait, le jour où il reviendrait. Il lui raconta la fois où Draco lui avait collé une sucette succion sur le front, à Pré-au-lard. La première fois qu'ils s'étaient embrassés, lorsqu'ils avaient compris qu'ils s'aimaient d'un amour spécial, sans égal, sans pareil. La fois où il l'avait revu, le soir du bal de Noël, et où ils s'étaient tant aimé… Et si Harry parlait de Draco, l'air de rien, l'air heureux, attendant simplement qu'il revienne un jour, personne n'était dupe. Lorsque personne ne pouvait le voir, tard, dans la nuit, il pleurait, ils le savaient tous. Il pleurait son amour perdu. Il pleurait cet homme qu'il aimait de tout son cœur et qu'il ne reverrait jamais. Il pleurait sa douleur de le croire disparu, évaporé. Et il pleurait.

Pourtant, le lendemain, il ne montrait à personne sa détresse. Il ne montrait à personne à quel point le blond lui manquait. Il ne montrait à personne sa peur d'élever son enfant sans Draco. Et il souriait, les mains sur le ventre, il souriait, comme si de rien n'était. Ses mensonges, tout le monde faisait mine d'y croire, et cela lui faisait plaisir.

Harry s'était également rendu compte d'une chose : Draco n'était pas le seul à lui manquer. Régulièrement, il revoyait briller dans son esprit les deux grands yeux bruns de Cédric, alors il se mettait à rêvasser. Il imaginait ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'avait pas été l'âme-soeur de Draco. Il imaginait ce qu'il aurait pu vivre, s'il avait rencontré Cédric, au lieu du blond, sur le Chemin de Traverse... Sa vie aurait été si différente... Il n'aurait pas connu la douleur de l'éloignement. Il n'aurait pas connu la peur de la grossesse. Il n'aurait pas connu la crainte de la mort. Il aurait vécu une existence normale, aussi normale qu'un sorcier et un moldu amoureux puissent vivre ensemble.

Oui, Cédric lui manquait parfois... Mais, indubitablement, ses sentiments pour Draco effaçaient toute trace de rêves et d'imagination. Car plus encore que ces rêveries fantasmées, c'était la réalité de ses sentiments qui primait. Il aimait Draco et jamais il ne pourrait en être autrement. Son enfant, il le devait au blond. Et rien que pour ça, dépassant la peur et la colère des premiers mois, il lui disait merci.

Harry travaillait constamment dans sa chambre, celle qu'il occupait à la place de Bill Weasley, à demi-allongé sur son lit ou assis à son bureau. Cela faisait plusieurs jours, depuis qu'Hermione lui avait fait part de la proposition de Dumbledore, qu'il avait pris la décision de commencer à potasser des bouquins sur la pédagogie, la didactique, la transmission des savoirs, et le fonctionnement de l'enseignement scolaire sorcier. Toutes ces choses, il devait les savoir sur le bout des doigts pour réussir cet entretien pour devenir professeur à Poudlard. Il devait absolument montrer au professeur Dumbledore et aux autres membres du corps enseignant de Poudlard qu'il était prêt à faire un tel métier. Et, Seigneur, le travail était colossal.

Il avait beau lire des tonnes et des tonnes d'ouvrages de didactique, il peinait à comprendre comment devait s'élaborer une séance de cours, surtout avec un public d'élèves sorciers… Il ne pouvait pas utiliser la magie, donc ses potentiels élèves devraient suivre un cours sans baguette… Mais comment les intéresser au monde si banal des moldus alors qu'ils vivaient depuis leur naissance dans un univers fantastique et enchanté ?

Harry se creusait les méninges, tentant de se rappeler ce qui avait pu impressionner Draco, la première fois qu'il était venu chez lui. Il pensa aussi à monsieur Weasley et à sa passion si prononcée pour les objets du monde moldu. Mmh, il tenait peut-être quelque chose d'intéressant…

Alors qu'il était en pleine réflexion, assis à son bureau, le visage penché sur un livre grand ouvert, il entendit une voix l'appeler derrière son dos :

- Ne bouge surtout pas, Harry ! souffla Hermione.

Harry se figea. La voix d'Hermione était inquiète, consternée, et il résista furieusement à l'envie de se retourner.

- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? paniqua-t-il.

- Est-ce tout va bien ? murmura-t-elle.

- Oui, pourquoi ?

- Regarde autour de toi.

Le moldu leva alors la tête et écarquilla les yeux.

- Quoi… ?

Tout autour de lui, tous les objets de la chambre semblaient léviter. Tous ses livres qu'il avait laissés trainer un peu partout, ses plumes, ses parchemins, ses coussins et même son ordinateur portable, volaient autour de lui et au-dessus de sa tête. Il déglutit.

- Q-Qu'est-ce qu'il se passe ? balbutia-t-il, déconcerté.

- Tu ne sens rien ?

- Non, rien du tout.

- Mais ça à l'air de venir de toi.

- Mais je te dis que je ne fais rien, paniqua-t-il.

Hermione sortit sa baguette :

- Finite.

Aussitôt, tous les objets tombèrent et Harry rattrapa de justesse son ordinateur avant qu'il ne s'écrase au sol.

La brune s'approcha alors du moldu qui la regardait, complètement dérouté. Elle s'accroupit, son visage à la hauteur de son ventre et posa ses mains dessus tandis qu'Harry la laissait faire, perdu. Ses yeux s'ouvrirent en grand et elle souffla un grand coup. Elle semblait choquée.

- C'est incroyable, murmura-t-elle.

- Quoi ? Qu'est-ce qui est incroyable ? demanda le moldu en posant à son tour ses mains sur son ventre.

- C'est le bébé.

- Il lui est arrivé quelque chose ? dit-il, inquiet.

- Il est incroyablement fort.

Les mains de la jeune femme tâtaient le ventre, le caressaient, semblaient chercher quelque chose, comprendre quelque chose. Elle souriait, à la fois surprise, consternée et impressionnée.

- La puissance magique qu'il exhale est intense. Très intense.

- Ah bon ?

- Je la sens, murmura Hermione.

Soudain, la jeune femme sembla gênée et retira ses mains, lorsqu'elle les retourna vers elle, elle pinça les lèvres.

- Ça me brûle.

- Mais tu n'as rien, répliqua Harry.

- Ça me brûle, à l'intérieur. La magie du bébé passe directement dans les tissus. C'est extrêmement puissant.

- Alors, le bébé est un sorcier ?

- Je pense qu'il est plus que ça.

Les yeux verts croisèrent le regard noisette de la sorcière.

- Il est… ? souffla-t-il.

- Je crois que c'est un Particulier.

La bouche du moldu s'assécha aussitôt.

Un… Un Particulier ? Il portait un Particulier... ?

Mais comment était-ce possible ? Il n'y avait jamais pensé… Durant tous ces mois, il avait été uniquement préoccupé par le fait de porter un enfant. Jamais il n'avait réfléchit à sa nature : un moldu, un sorcier, ou un Particulier… Quelle importance ? Il n'avait jamais réfléchi à ce que cela pouvait impliquer, à ce que cela voudrait dire. Il se doutait bien que c'était à cause des gènes spéciaux de Draco que l'enfant n'était pas visible lors des échographies, mais de là à ce qu'il soit déjà si puissant et si fort...

Et lorsqu'il vit le visage d'Hermione blanchir, il comprit à son tour :

- Sa magie… souffla-t-il.

- C'est elle qui te tue… murmura Hermione, les mains tremblantes.

Le moldu perdit toutes ses couleurs à son tour.

- C'est pour ça que tu perds du poids, continua la brune. Le bébé te prend toutes tes forces et sa magie se diffuse en continue dans ton corps alors que tu ne peux pas la supporter.

Incapable de prononcer un mot, Harry fixait son ventre.

- Tu as de la magie à l'intérieur de toi. De la magie, Harry, mon Dieu…

- Mais…

- Tu meurs à petit feu, réalisa la sorcière, plaquant une main horrifiée sur sa bouche. Harry, le bébé te tue… !

- Mais le sort de Draco… ! protesta le moldu. Le sort est toujours là !

Hermione papillonna des yeux.

- Le bébé est puissant. Très puissant. Sans le sort de protection de Draco, tu serais déjà mort.

Il ne comprenait plus rien, et pourtant il avait tout saisi.

C'était pour ça qu'il avait perdu du poids dès l'instant où il était tombé enceint. C'était pour ça qu'il avait autant de maux de tête, autant de vertiges et aussi peu d'énergie. C'était le bébé. Le bébé le tuait. Lui qui ne supportait pas la magie avait dans son ventre un flux continue d'énergie magique qui grandissait un peu plus chaque jour. Et alors qu'il peinait à garder les yeux ouverts, le bébé se nourrissait de ses forces.

Tout se remit en place dans son esprit. Sans le sort de protection lancé par Draco, lancé par son Particulier, son corps n'aurait jamais résisté à une telle puissance magique. Sans Draco, il serait mort quelques mois, quelques semaines, quelques jours à peine après être tombé enceint.

Il serait mort

Soudain, Hermione lui attrapa le poignet et se releva :

- Il faut le faire sortir, dit-elle avec force.

Et le sang d'Harry ne fit qu'un tour.

- NON ! hurla-t-il, retirant violemment son poignet de la prise de la jeune femme.

- Harry, il est en train de te tuer !

- Il n'est pas encore prêt ! Il n'a même pas encore sept mois ! s'énerva le moldu.

- Certains grands prématurés naissent plus tôt que ça !

- Je peux encore tenir !

- Mais… !

- J'ai dit non, Hermione !

La voix du Gryffondor était agressive, hargneuse et ses bras formaient une barrière protectrice autour de son ventre. De ses grands yeux verts, il fusillait du regard la sorcière qui pinçait les lèvres, affligée.

Elle soupira alors et s'accroupit à la hauteur du brun.

- Harry, je ne dis pas ça pour lui faire du mal, promit-elle. Je dis ça parce que je ne veux pas qu'il t'arrive du mal à toi.

Le moldu hocha la tête, comprenant la position de son amie, mais garda les sourcils froncés et campa sur ses positions :

- Je sais, Hermione. Mais il est hors de question que mon enfant naisse avant le terme.

- Mais regarde-toi, souffla tristement la brune. Tu es si fragile…

- Je ne lui ferai pas ça, insista le moldu. Le sort m'a protégé durant tout ce temps, il le fera encore. Je vais tenir.

- C'est trop dangereux…

- C'est mon enfant, Hermione, gémit le moldu, laissant la tristesse succéder à la colère. Il est la seule chose qui me reste. Laisse-le, encore deux mois, je te promets que je vais y arriver, je vais tenir, s'il te plait, laisse-le, je…

- Chut, ça va aller, murmura la jeune femme en le serrant dans ses bras. Ne t'inquiète pas, Harry, je ne toucherai pas à ton bébé.

Le brun la serra contre elle, hochant vivement la tête, la remerciant.

- Je vais tenir, je te promets que je vais tenir, geignit-il.

- Je te crois, souffla la sorcière.

Elle n'était pourtant pas sûre de le croire.

Elle croyait en sa bonne volonté, mais pas en la magie qu'elle sentait transpercer sa peau. Ce bébé était incontestablement hors du commun. Sa puissance magique était telle qu'elle était à peine freinée par le sort de protection de Draco. Et elle serra son ami dans ses bras. Elle s'en voulait d'avoir voulu provoquer l'accouchement prématurément, mais Harry… Elle ne pouvait pas se résigner à voir son meilleur ami mourir, c'était hors de question. Et pourtant, ce bébé… Harry l'aimait plus que tout au monde. L'un ne pouvait pas vivre sans l'autre. Il devait tenir. Elle enfouie sa tête dans les cheveux en bataille du Gryffondor. Elle l'aiderait, elle lui en fit la promesse.

Harry descendit doucement les trois marches menant au jardin des Weasley. Le soleil tapait fort aujourd'hui, mais une douce brise venait rafraîchir l'air ambiant et il soupira de plaisir. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus mis le nez dehors. Sa liberté de mouvement lui manquait. Lors des étés précédents, il avait pris l'habitude d'observer les matchs de Quidditch des enfants Weasley et d'en être l'arbitre. Cette année, visiblement, il devrait se contenter de regarder Ron désherber le jardin avec rage.

- Fichus gnomes ! pesta le rouquin en tentant de reboucher un trou près du potager de sa mère.

Harry laissa échapper un rire qui fit sursauter Ron. Le rouquin se tourna vers lui, un air accusateur sur le visage :

- C'est ça, moque-toi ! Si tu dis un seul mot je t'en lance un en pleine figure !

- T'as oublié un trou, répondit-il par pur défi.

Ron se retint de toutes ses forces de lui jeter un morceau de terre au visage et éclata de rire avec son meilleur ami.

Cela leur faisait du bien.

Cela faisait tellement longtemps qu'ils n'avaient pas pu passer autant de temps ensemble. Et ils avaient tous les deux bien changés… Pourtant, ils s'aimaient toujours autant et s'entendaient toujours aussi bien. Ils étaient comme deux frères, et Ron était particulièrement heureux de savoir qu'il serait bientôt « tonton ». Cela le faisait rire. Il ne l'avait dit à personne, mais cette histoire d'enfant commençait à lui donner des idées. Hermione lui avait longtemps répété qu'elle aimerait avoir une fille et il commençait à trouver l'idée véritablement tentante. Et puis, Harry semblait désormais vraiment heureux de porter ce bébé. Avoir un enfant semblait être la suite logique de sa vie, comme elle l'était devenue pour le moldu.

- Tu devrais pas être assis, ou couché ? demanda le rouquin, suspicieux.

- J'avais envie de me dégourdir les jambes.

- T'as fini de remplir ton Pokédex ?

- Depuis longtemps…

- Fais le mien, ça m'avancera.

Le brun lui tira la langue et Ron donna un nouveau coup de pelle dans la terre meuble.

- Tu as reçu du courrier, dit alors le moldu en sortant de sa poche plusieurs lettres et parchemins roulés.

- Ah ouais ? C'est important ?

- Je crois qu'il y a une lettre de ta grand-tante Tessie.

Ron grimaça.

- Une de Fred et George.

Il leva les yeux au ciel.

- Et le nouveau numéro de la Gazette du Sorcier.

Le rouquin essuya son front plein de sueur, fit un mouvement de la tête vers le quotidien que tenait Harry et attrapa son râteau d'un geste vif :

- Tu peux me lire la rubrique sportive de la Gazette, s'te plait ?

- Maintenant ? râla le moldu, commençant à fatiguer.

- Ouais, c'est juste pour savoir les résultats du dernier match entre les Canons de Chudley et les Frelons de Wimbourne.

Harry soupira longuement, lui faisant comprendre son mécontentement et sa lassitude et Ron roula des yeux :

- Ça va, ça prend deux minutes, rit-il.

Le moldu tourna les pages du journal, faisant mine d'être fâché, lorsque soudain, ses yeux virent passer des lettres qu'ils connaissait bien. Des lettres qui formaient un nom. Son nom. Le nom de Draco.

Ses mains tremblèrent et s'arrêtèrent de feuilleter le quotidien. Son regard se posa alors sur un article très court contre lequel était accolée une photo et son corps se figea :

« Le richissime Draco Malfoy, unique héritier de la célèbre famille de Sang Pur, a annoncé ses fiançailles avec la jeune Pansy Parkinson. Le mariage serait prévu pour l'hiver prochain ! Et un heureux évènement n'arrivant jamais seul, le couple a également annoncé attendre un enfant. Félicitations à eux ! »

Et ce fut le trou noir.


Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?

Vous attendiez-vous à apprendre une telle nouvelle par la Gazette du Sorcier ? Vous attendiez-vous à ce que Draco se marie prochainement ? Vous attendiez-vous à ce que sa future épouse soit enceinte ?

N'hésitez pas à me laisser votre avis dans une review : c'est toujours un immense plaisir pour moi de vous lire, quel que soit votre ressenti. Exprimez-vous !

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de connaître la suite.

Je vous fait à tous d'énormes bisous, à mardi pour la suite :D.