Bonjour,
Encore et toujours un grand merci à tout ceux qui prennent le temps, chaque mardi et vendredi, de me laisser une review pour exprimer leur ressenti. Je suis de celles et ceux que aiment comprendre ce que ressentent les autres : alors c'est toujours un plaisir pour moi de voir lorsque vous aimez, ou non, ce qu'il se passe dans l'histoire. Vraiment, merci d'être là !
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Bonne lecture !
Chapitre 46 : Promesse.
Le mois de septembre était particulièrement frais, cette année. L'automne n'était pourtant pas encore installé, et l'été n'était pourtant pas encore passé, mais le ciel s'était couvert depuis quelques temps, et il n'était pas rare que des averses ou des orages éclatent au beau milieu de la journée. Le terrain de Quidditch au fond du jardin des Weasley s'était laissé envahir par les mauvaises herbes, et les délimitations des buts n'étaient presque plus visibles. Mais personne n'y prêtait attention. Tous les habitants du Terrier étaient préoccupés par une seule et unique personne : Harry Potter.
Dans deux semaines cela ferait neuf mois qu'Harry était enceint. Dans deux semaines, la grossesse arriverait à son terme. Et pourtant, dans tous les esprits une unique prière tournait silencieusement : Harry devait survivre. Le moldu était au cœur de tous les doutes, tous les espoirs et toutes les pensées des habitants de la maison, non sans raison.
Harry était assis dans son fauteuil, près de la grande fenêtre du salon. C'était désormais le sien, car il ne le quittait pratiquement jamais depuis plusieurs semaines. On le lui avait installé près de la fenêtre car il aimait regarder souffler le vent sur les champs voisins, apercevoir les oiseaux qui construisaient leurs nids dans l'arbre près de la serre, et sentir sur sa peau les rayons timides du soleil qui lui réchauffaient légèrement le corps.
Le moldu soupira devant la vitre, étalant une petite trace de buée ronde. Aujourd'hui, il pleuvait à grosses gouttes, et l'orage du dehors commençait à lui donner des idées noires. Il faisait gris, et il était mort de froid. Pourtant, il était déjà bien couvert. Mais il savait pertinemment pourquoi il ressentait aussi puissamment le froid ambiant et il ferma les yeux, fatigué de compter les gouttes de pluie contre la fenêtre.
Il réprima un frisson et plongea ses mains dans les manches de son pull. Il détestait son corps.
Il était méconnaissable. Toute personne l'ayant rencontré ici, aujourd'hui, sans connaître sa situation, l'aurait pris pour une personne mourante. Et c'est ce qu'il était, en quelques sortes. Il était squelettique, famélique, et on voyait saillir, sous chaque parcelle de sa peau, ses os anguleux. Il avait perdu toutes ses couleurs et toute forme de vitalité. Ses yeux étaient cernés de noir et ses lèvres étaient sèches de ne rien pouvoir avaler sans se sentir mal. Il était incapable de se lever. Son ventre était désormais proéminent, et parfaitement arrondi. C'était bien la seule chose chez lui qu'il aimait encore. Mais pas parce qu'il trouvait son ventre beau, bien au contraire, il était strié de veines violacées qui tranchaient avec sa peau pâle, malade, et déformait son corps plus que de raison. Pourtant il l'adorait, car à chaque fois qu'il passait son doigt dessus, un petit pied faisait son apparition. Lorsqu'il avait de la chance, c'était une main qui lui faisait signe, et il était tellement fier et heureux d'avoir réussi à faire grandir dans ses entrailles un être aussi merveilleux.
Mais c'était incroyablement difficile, et il s'était surpris et fustigé à plusieurs reprises d'avoir souhaité mourir tant il ne tenait plus. Il était à bout de force. Même respirer lui semblait être une épreuve, et il pensait mourir rien qu'en tentant de s'étirer. Tout son corps semblait sur le point de tomber en miettes et s'il n'avait pas eu la vie de son enfant entre les mains, il se serait sûrement suicidé tant il souffrait. La magie dans son corps l'empêchait de vivre, et le réduisait à néant. Et maintenant que le bébé était presque à terme, sa puissance était exponentielle. Ce n'était plus des livres ou des plumes qu'il faisait léviter, mais des chaises, des tables et même des commodes, des armoires et des buffets. Tout le monde était impressionné par sa force, lui le premier.
Désormais, pour tenter de le soulager un peu, il était pratiquement en permanence rattaché à une poche médicamenteuse suspendue derrière lui. Poche que madame Pomfresh lui avait installée par une perfusion, dans le dos de sa main. S'écoulaient alors dans son sang de la morphine, pour soulager son corps endoloris, et des nutriments et vitamines. Et même si Harry sentait que ce traitement lui était bénéfique, il ne supportait plus de sentir le plastique du cathéter se frayer un chemin dans les minuscules veines de sa main osseuse. La morphine le soulageait parfois, mais la plupart du temps, la magie du bébé surpassait les médicaments. Et bien que les nutriments le maintiennent en vie, il se sentait mourir.
Depuis qu'il était revenu chez les Weasley, il n'avait cessé de recevoir la visite hebdomadaire de madame Pomfresh et du professeur Rogue. L'infirmière venait vérifier que son corps tenait le coup et tentait, continuellement, d'apercevoir l'enfant avec un sortilège ou par l'échographe, sans succès. Le professeur Rogue, lui, lui apportait ses meilleures potions de santé, celles-là même qui lui permettaient d'avoir les nutriments de trois repas complets. Nutriments qui étaient aussitôt absorbés par le bébé. Le professeur McGonagall passait aussi, de temps en temps, pour lui demander de ses nouvelles et voir comment sa grossesse se déroulait, inquiète. Quant au Professeur Dumbledore, il passait presque tous les trois jours, apportant au moldu quelques friandises et manuels scolaires sur le métier de professeur en école magique. Harry était à chaque fois très heureux de les voir, cela lui changeait un peu les idées. Mais, Seigneur, il avait terriblement hâte que ce calvaire se termine.
Toutes les personnes présentes au Terrier se relayaient pour lui tenir compagnie. Et cela lui faisait extrêmement plaisir d'être aussi bien entouré. Ron et Hermione n'avaient plus jamais reparlé de Draco, et c'était tant mieux. Désormais, ils l'aidaient à se familiariser à l'idée qu'il pourrait très prochainement tenir enfin son bébé dans ses bras.
- Regarde ce que j'ai retrouvé pour le bébé, Harry ! s'écria Ron en dévalant les escaliers.
Il arriva dans le salon, les bras chargés et eut un sourire radieux :
- Tada !
Les yeux du brun pétillèrent de bonheur.
- Il est magnifique, sourit-il.
- Ouais, hein ? C'était celui de Ginny.
- Tu es sûr que tes parents sont d'accord ? Ginny ne m'en voudra pas si…
- Mais non, t'inquiète, elle a dix-huit ans maintenant ! Elle peut bien le prêter quelques temps à ton bébé.
Le rouquin posa alors à terre un adorable berceau blanc qu'il avait sans doute déniché dans le grenier. Il était en excellent état, quoi qu'un peu usé. Ron sortit alors de sa poche deux nœuds et les présenta au moldu :
- Je ne sais pas encore lequel je dois accrocher, ça sera la surprise.
Le moldu hocha doucement la tête, regardant à tour de rôle le nœud rose et le nœud bleu dans les mains du Gryffondor. C'est vrai qu'il n'avait encore aucune idée du sexe du bébé.
- Hermione et papa sont toujours au grenier, je crois qu'ils ont trouvé de vieux vêtements et des biberons.
Le brun le remercia. Plus les jours passaient, plus il était entouré par des objets en rapport avec son enfant. Et cela rendait sa venue concrète, réelle. C'était étrange. L'avoir en lui et savoir qu'il respirerait bientôt le même air que lui n'avait pas du tout le même effet sur son esprit. Le sachant au chaud, protégé derrière sa peau, il se sentait capable de pouvoir lui apporter tout ce dont il avait besoin. Mais l'imaginer là, dans ses bras, avait quelque chose d'effrayant. Pourtant, l'agitation et la joie que la venue de cet enfant semblait déclencher dans la famille Weasley lui donnait du baume au cœur :
- Regarde, j'ai même retrouvé mes vieux jouets ! s'exclama le rouquin en sortant une boîte en carton du berceau.
Il s'assit au sol et s'attela à vider ladite boîte. Harry le vit s'émerveiller devant de vieilles peluches, de petits bonhommes en bois et en plomb, des marionnettes et même de fausses baguettes en bois. Et il sourit en l'entendant parler :
- Je suis sûr que ça va lui plaire, ça ! Et ça aussi ! Oh wow, mon vieux Merlin en argile ! Et si je… non, celui-là, je le garde !
Harry eut un regard tendre :
- Tu n'es pas obligé de donner tout ça au bébé, Ron.
- Mais si ! Il aura besoin de jouer un petit peu !
- Mais il aura le temps pour ça, ce ne sera qu'un nourrisson lorsqu'il viendra au monde.
- Je vois sur le long terme, répondit-il d'un clin d'œil.
Ils entendirent alors des pas précipités dans les escaliers et Hermione et monsieur Weasley arrivèrent à leur tour dans le salon, les bras pleins de boîtes et de vieux cartons.
- Ouf, soupira la brune en posant toutes les caisses au sol. Élever sept enfants, ça laisse une de ces pagailles !
Monsieur Weasley éclata de rire et appela sa femme qui arriva d'une des chambres à l'étage, plusieurs pelotes de laine dans les mains.
- Ma chérie, demanda-t-il, tu ne saurais pas où est passée la vieille poussette de Charlie ?
- Elle n'est pas au grenier ? Ou dans sa chambre ?
- Je crois que Ginny l'a cassée quand elle était petite et qu'elle jouait à la maman, vous avez dû la jeter, intervint Ron.
Arthur Weasley se frappa le front avec agacement :
- Cinquante ans et je n'ai jamais réussi à avoir le réflex du Reparo… soupira-t-il, faisant sourire sa femme.
- Dis-moi Harry chéri, demanda alors Molly. Quelle couleur préfères-tu ?
Harry jeta un regard aux pelotes que tenait la sorcière, il ne vit qu'un camaïeux de rose et ne sut en distinguer les nuances.
- Euh…
- Mais maman, pourquoi que du rose ? dit Ron.
- Que tu peux être bête, Ronald, rit la vieille dame. Parce qu'Harry attend une petite fille, bien sûr !
Et tous ouvrirent de grands yeux.
- Comment tu le sais ?
- C'est mon sixième sens de maman, dit-elle fièrement.
- Comme tu l'as pressenti pour tes six premiers enfants ? se moqua Ron.
Et la femme lui lança un regard noir.
- Je le sais, c'est tout, siffla-t-elle, faussement offusquée.
- Et bien moi je vous dit que ce sera un garçon, répliqua Arthur Weasley en hochant vivement la tête.
- Un garçon ? murmura Harry.
- Oui mon p'tit ! Un grand garçon avec des cheveux blonds !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? intervint Molly. Puisque je te dis que ce sera une fille !
- Allons, ma chérie, nous connaissons tous ton don pour la Divination et en particulier au sujet des naissances… ironisa le sorcier.
Elle le fusilla du regard et ils finirent par éclater de rire.
Hermione s'assit près de Ron au sol et l'aida à déballer tout un tas d'objets dont Harry n'arrivait pas à deviner l'utilité.
- Moi je pense que ce sera un garçon aussi, dit enfin la Française.
- Pourquoi ? demanda Ron.
- Je ne sais pas, je te vois bien avec un fils, Harry, sourit-elle.
Le brun lui rendit son sourire.
- Je pense aussi que ça sera un p'tit mec, dit alors le rouquin.
- Ah oui ?
- Oui. Je trouve que ça serait chouette d'avoir un garçon comme premier enfant, qu'est-ce que t'en penses ?
- C-Comme premier enfant ? s'étrangla le brun.
- Oui, comme aîné. Avant d'en avoir d'autres quoi.
Lorsqu'il reçut un petit coup de coude dans les côtes de la part d'Hermione, Ron voulut répliquer mais il leva les yeux vers le visage du brun qui s'était assombri et il regretta aussitôt ses paroles.
- Oh, excuse-moi, c'est pas ce que je voulais dire, Harry.
- Ce n'est rien, se força à sourire le moldu.
- Je sais bien que comme il est…
- Ron, le coupa Harry. Tout va bien, je t'assure.
Et le rouquin hocha la tête d'un air entendu. Il avait été bête, idiot. Harry ne pouvait porter que les enfants de Draco. Et Draco allait se marier. Cet enfant qu'il avait dans le ventre serait le seul qu'il aurait jamais. Cela le rendait infiniment précieux aux yeux du moldu qui sentait qu'un lien tout particulier s'était établi entre eux. Ils dépendaient mutuellement l'un de l'autre. Ils étaient indissociables.
- Et toi, Harry, demanda Hermione pour changer de conversation, tu penses que ce sera quoi ?
Le moldu haussa les sourcils, pris au dépourvu.
- Euh, je, euh… je n'y ai jamais vraiment réfléchi.
- Quoi ? s'indigna Ron. Tu n'as jamais songé au sexe de ton bébé ?
- Non, rougit le Gryffondor, honteux. Pour moi c'était « le bébé », je n'ai pas pensé à ce qu'il pouvait être.
Hermione sourit en déposant plusieurs biberons devant elle.
- Mais tu aimerais que ce soit quoi ? demanda-t-elle.
Harry parut réfléchir, une main sous le menton et l'autre sur son ventre. Il ne s'était jamais posé la question. Il ne voyait pas très bien en quoi ce serait différent d'élever une petite fille ou un petit garçon, dans tous les cas, ce serait difficile. Cela avait-il réellement une importance ? Il savait qu'Hermione voulait une petite fille, et que Ginny aimerait avoir un garçon, mais lui, il n'y avait jamais songé. Qu'est-ce qu'il préférait ?
- Mmh… réfléchit-il tandis que tout le monde déballait des dizaines de vêtements et objets de puériculture d'une autre époque. Peut-être une petite fille, souffla-t-il enfin.
- Une fille ? s'étonna Ron. Pourquoi une fille ?
- Je ne sais pas. En vérité les deux m'iraient.
- Une fille ça fait des manières, ironisa le rouquin.
Et Hermione lui donna une petite tape sur l'arrière du crâne.
Le sol du salon fut jonché de couvertures, de bonnets, de moufles, de chaussettes, de jouets et de peluches aussi vieillottes qu'attendrissantes. Madame Weasley n'avait pas eu le cœur de jeter la moitié de ce qui avait appartenu à ses enfants et Harry vit perler aux coins de ses yeux de petites larmes de nostalgie.
La femme les essuya rapidement et lui sourit avec douceur :
- Tu pourras utiliser tout ce dont tu auras besoin, Harry chéri.
- Mais, bredouilla-t-il, je ne sais pas du tout de quoi j'aurai besoin.
- Je t'aiderai, ne t'en fais pas.
Soudain, monsieur Weasley sortit de sa poche son vieux polaroïd que Ginny lui avait rapporté dans un état irréprochable et le braqua vers le moldu toujours emmitouflé dans son fauteuil :
- Un petit sourire, Harry !
- Mais je suis affreux, se plaignit le moldu.
- Qu'est-ce que tu racontes ? Tu n'as jamais été aussi beau ! le rassura l'homme.
Harry savait qu'il mentait, mais cela lui faisait plaisir. Ses amis n'avaient jamais fait aucune remarque quant à son aspect physique difforme et il les remerciait chaque jour mentalement pour leur silence sagace. Alors il fit l'effort de sourire doucement, une main sur le ventre, et lorsque le flash l'aveugla un court instant, on vit apparaître sous ses vêtements un petit pied malicieux.
La photo sortit de l'appareil et monsieur Weasley se mit à la secouer pour que l'encre sèche. Une fois fait, il la glissa dans sa poche, promettant de l'ajouter à l'album photo dès qu'ils auraient remis un peu d'ordre dans le salon.
- Je vais passer un coup de chiffon sur le berceau de Ginny et j'irai l'installer dans ta chambre, dit le vieux sorcier en s'élançant vers la cuisine pour trouver un morceau de tissu.
Hermione fouilla dans l'un des cartons et dénicha une jolie tétine orange sur laquelle était inscrit le nom « Ronald » et elle sourit tendrement.
- Est-ce que tu as déjà trouvé un prénom pour le bébé ? demanda-t-elle alors en posant délicatement la tétine sur une couverture.
- Un prénom ?
- Oui, ton bébé devra bien avoir un nom, non ? rit la brune.
- Un prénom…
Et il se rendit à l'évidence. Lui qui avait établit un lien si fort avec son enfant ne savait absolument pas comment il allait le nommer. Quel mauvais parent il faisait ! Il se trouva ridicule de ne pas se soucier de son sexe, ou même de son nom ! C'était logique, pourtant, que cela avait de l'importance ! Il allait mettre au monde un être humain ! Un être humain qui allait grandir, aller à l'école, se marier et avoir des enfants à son tour. Il ne pouvait pas l'appeler « son bébé » toute sa vie ! Il lui fallait un nom, mais jamais ça ne lui avait traversé l'esprit. Il se recroquevilla dans son fauteuil, honteux et coupable.
- Non je... je ne sais pas du tout…
- Pas du tout ? s'exclama Ron en haussant les sourcils.
- Non…
- Alors je vais t'aider à en trouver un, dit-il précipitamment en se relevant. Que dis-tu de Ronald pour un garçon, et Ronnie pour une fille ?
Et Harry éclata d'un rire malade mais franc.
- Arrête tes bêtises, Ron, soupira Hermione en souriant.
- Je n'ai jamais été aussi sérieux ! Qui perpétuera mon prénom si Harry ne le fait pas ?
- Et bien nous, quelle question, répondit-elle en levant les yeux au ciel.
- Mais tu as dit que tu voulais une fille !
- Oui, en premier enfant, mais j'aimerais avoir un garçon aussi.
- Et on l'appellera Ronald ?
- On l'appellera comme tu veux, mais par pitié, n'impose pas ton prénom au bébé d'Harry.
Ron lui lança un regard suspicieux et leva les mains en l'air en signe d'abandon.
- Ok, je garde Ronald alors, dit-il au brun. Et que dis-tu de Tony ?
- Tony ?
- Oui, comme Tony Stark !
Et Harry trouva l'idée merveilleuse.
- Et pour une fille, Tonya !
De nouveau, le moldu éclata de rire. Ron était impossible ! Hermione le fit rasseoir à ses côtés et balaya les idées du rouquin d'un geste de la main.
- Ne l'écoute pas, Harry. Quels prénoms te plaisent le plus, à toi ?
- Je ne sais pas du tout… j'aime bien Tony, avoua le brun.
- T'as vu ? dit fièrement Ron.
Hermione l'ignora superbement et sourit au moldu.
- Et pour une fille ?
- Pour une fille ?
- Oui, tu as bien dit que tu préférais avoir une fille, non ? Si c'était bien une fille, comment l'appellerais-tu ?
- Alors là… réfléchit le brun.
Il réfléchit quelques minutes avant d'enfin secouer la tête.
- Je ne sais pas du tout.
- Tu n'en as aucune idée ?
- Non. Je n'arrive pas réellement à me projeter. Je pense que quand le bébé sera né j'arriverai à mieux me concentrer sur son nom.
La jeune femme hocha la tête, acquiesçant. Avec un regard de défi vers Ron, elle lança innocemment :
- Pour une fille je propose Hermione.
Et tout le monde éclata de rire.
…
Hermione eut un sourire triste en apercevant le moldu, recroquevillé sur son fauteuil près de la fenêtre, emmitouflé dans un des vieux pulls de Ron, deux fois trop grand pour lui.
- Tout va bien ? dit-elle en saisissant une couverture en laine.
Harry sursauta et hocha doucement la tête, esquissant un petit sourire rassurant. Son visage était fatigué et pâle. Il avait perdu toute trace de vitalité.
- Éloigne-toi de la fenêtre, Harry, ou tu vas prendre froid.
Le brun se recula et se cala plus encore dans son fauteuil en grimaçant légèrement. Plus les jours passaient plus il semblait préoccupé. Tout le monde l'avait bien vu, et tout le monde se doutait de ce qui hantait ainsi l'esprit du moldu. L'accouchement approchait, et aucun d'eux ne savait réellement comment cela allait se passer. Ils savaient juste qu'une césarienne était nécessaire, et madame Pomfresh s'était empressée de se renseigner au maximum sur le sujet et avait même fait plusieurs formations depuis le début de la grossesse, mais il s'agissait d'un corps masculin et d'un moldu intolérant à la magie. Toutes ces variables étaient à prendre en compte.
Harry broyait du noir. Il était toujours plus maigre, toujours plus malade. Son teint était cireux et ses yeux ne brillaient plus. Il ressemblait à un cadavre qui respirait. Mais chaque souffle qui s'échappait de son corps avait le sifflement de la mort et témoignait de sa grande faiblesse physique. La jeune femme se demanda combien de temps encore il réussirait à tenir. Pourtant, elle était incroyablement fière de lui. Fière qu'il protège ainsi son enfant. Fière qu'il le porte, sans relâche, jusqu'au bout. Fière qu'il ose affronter la mort pour donner la vie.
- Hermione ? demanda alors le moldu, son regard se perdant dans le vide de la vitre, la faisant sursauter.
- Oui ?
- Est-ce que tu veux bien me promettre une chose ?
Sa voix était calme, tranquille. Il semblait résigné et Hermione sentit quelque chose poindre dans sa poitrine.
- Tout ce que tu veux, sourit la sorcière en déposant la couverture sur les genoux du brun.
- Promets-moi de prendre bien soin de mon enfant, s'il venait à m'arriver quelque chose.
Le souffle d'Hermione se coupa et elle écarquilla les yeux :
- Mais enfin, qu'est-ce que tu racontes ?
- Promets-le moi.
- Il ne t'arrivera rien, Harry, dit-elle enfin, le ton sévère mais rassurant. Tu pourras t'occuper toi-même de ton bébé.
Son cœur se pinça lorsqu'elle vit perler, aux coins des yeux du moldu, de petites larmes qui coulèrent silencieusement sur son visage fin. Alors, elle s'assit face à lui et posa sa main sur la sienne et lui sourit :
- Tout ira bien.
- Il faut que tu me le promettes.
Il était déterminé.
- Pourquoi ?
- Parce que… j'ai besoin de savoir qu'il aura quelqu'un sur qui compter si je… je…
- Il ne faut pas t'inquiéter.
- Promets-le moi… s'il te plait...
- D'accord, Harry, d'accord, dit la sorcière, dévastée par l'air angoissé du moldu dont les mains tremblaient désormais. Je te promets de m'en occuper. Je prendrai soin de ton bébé.
- Tu me le jures ?
- Je te le jure.
Alors, le visage du brun se détendit et un soulagement lui traversa le corps.
- Mais je t'assure que cette promesse ne servira à rien, dit doucement la sorcière, caressant du bout des doigts le dos de la main du moldu. Ton enfant pourra compter sur toi.
Harry pinça les lèvres.
- J'ai tellement peur, Hermione… dit-il enfin.
La sorcière leva les yeux vers lui. Harry fixait irrémédiablement les champs au dehors, et ses yeux verts étaient toujours baignés de larmes.
- Je suis terrorisé, souffla-t-il. Je ne sais pas mettre au monde un enfant… je ne connais aucun homme qui en soit capable, alors comment moi le pourrais-je ?
- Nous t'aiderons, et madame Pomfresh sera là.
- Je sais, mais… j'ai si peur… si je ne suis plus là, il faut que je saches que je peux compter sur quelqu'un pour s'occuper de mon enfant… tu comprends j-j'ai besoin de savoir qu'il ne sera pas tout seul, qu'il…
- Je comprends, ne t'inquiète pas, murmura la jeune femme en lui faisant un sourire rassurant. Je suis là, nous sommes tous là. Ton bébé ne sera pas seul, Harry. Tu ne seras pas seul.
Le moldu hocha la tête en soufflant doucement, l'anxiété quittant peu à peu son corps.
- Merci, renifla-t-il enfin. Merci d'être là.
Hermione garda longtemps sa main dans la sienne, tentant de faire abstraction des os qui s'entrechoquaient contre sa peau. Le regard d'Harry était soulagé, et il ne cessa d'hocher la tête d'un air entendu, comme s'il essayait de se convaincre que, désormais, tout irait pour le mieux.
Son regard vert se perdit vers le paysage au dehors. L'orage grondait. Il devait être assez tard, peut-être même que la nuit ne tarderait pas à tomber. Les champs alentours étaient rudement secoués par les bourrasques de vent, et Harry pinça les lèvres. Il aurait donné n'importe quoi pour pouvoir sortir et sentir de nouveau la pluie fouetter son visage.
- Je suis sûre qu'il sera magnifique, dit alors Hermione, brisant le silence qui s'était installé entre eux.
Harry tourna la tête vers elle.
- Qui ça ?
- Ton bébé. Il sera magnifique.
Le brun sourit.
- J'espère qu'il lui ressemblera, dit doucement Harry.
Et Hermione perçut l'éclair de tristesse qui passa dans ses yeux.
- Tu ne veux pas qu'il te ressemble à toi ?
- De nous deux, c'est lui le plus beau, sourit le moldu.
- Oh ne te sous-estimes pas, Harry.
Le brun rit doucement et hocha la tête.
- En fait… poursuivit-il, hésitant. J'aimerais qu'il lui ressemble, parce que…
Il se tut.
- Parce que quoi ?
- Non, rien.
- Dis-moi, le poussa la Française.
Harry soupira.
- J'aimerais qu'il lui ressemble, parce que ce serait comme si… comme s'il était près de moi…
La brune sourit tendrement et Harry rougit, colorant ses joues affreusement ternes.
- C'est égoïste, je sais, se défendit-il.
- Absolument pas. N'importe qui aimerait que son enfant ressemble à l'amour de sa vie.
- Je sais que ce bébé n'est pas Draco, souffla-t-il. Mais… il me manque tellement, Hermione…
Les doigts de la sorcière passèrent sur le dos de sa main.
- Je sais, répondit-elle.
- C'est fou… pourtant je sais qu'il ne reviendra pas, et c'est moi qui ait décidé de ne rien lui dire, mais… mais j'ai toujours ce minuscule espoir qu'il revienne un jour et…
- C'est tout à fait normal, Harry.
- Mon Dieu, se reprit-il en souriant honteusement. Il ne reviendra pas. Je ne m'y suis pas encore fait, mais je sais que je vais y arriver.
- J'en suis sûre.
- Il me faut juste un peu de temps, dit-il comme pour se convaincre lui-même.
- Juste un peu de temps, répéta Hermione.
Elle savait qu'il n'y arriverait pas. Jamais. Pourtant, il le devait.
Ils restèrent quelques minutes ainsi, lui regardant par la fenêtre et elle les yeux baissés sur ses mains. Puis Harry esquissa un mouvement, dans son fauteuil :
- Il faut que j'aille aux toilettes, dit-il, contrit.
Hermione se leva, lui tendit la main et aida le moldu à se mettre debout. Elle l'aida à dévisser le cathéter sur sa main et coupa l'écoulement de la perfusion. Il trembla quelques secondes, ses jambes peinant à le porter et, enfin, il réussit à avancer de quelques pas.
Alors qu'ils étaient au milieu du salon, Hermione fut sur le point de reprendre la parole lorsque son regard fut alerté par un petit cri de douleur qui s'échappa du brun qui s'appuyait contre elle :
- Harry, tout va bien ?
- Oui, oui, ça va, j'ai juste…
Mais il hurla de nouveau, perdant l'équilibre, et lâcha la main de son amie. Une de ses mains alla se plaquer sur son ventre, l'autre dans son dos et il faillit s'écrouler au sol, mais Hermione eut le réflex d'empoigner sa baguette et de crier :
- Arresto momentum !
Aussitôt le corps du moldu s'affala doucement contre le parquet, ralentit par le sort, et se retrouva assis, le visage dangereusement crispé et le dos courbé, tordu. Hermione se précipita sur lui, l'inquiétude se peignant sur son visage :
- Mon Dieu, Harry ! Qu'est-ce que…
- Le bébé, gémit le moldu, retenant à grand peine ses cris de passer la barrière de ses lèvres. Ça fait mal, suffoqua-t-il. Partout… le bébé…
Hermione comprit tout de suite et saisit le brun par les épaules. Elle hurla le nom de Ron qui dévala les escaliers, alerté :
- Qu'est-ce qu'il… Harry !
- Le travail a commencé, le coupa Hermione en le voyant se pencher vers le moldu à terre.
- Quoi ? Mais il restait encore au moins une semaine !
- Le corps d'Harry ne le supporte plus ! Il faut le faire sortir ! Tout de suite !
- Mais… mais…
- Ron !
Et le rouquin braqua ses yeux sur elle.
- Prends la poudre de cheminette et va chercher madame Pomfresh et le professeur Rogue ! Harry ne tiendra pas longtemps !
Ce fut comme s'il avait reçu un électrochoc et il s'élança aussitôt dans la cheminée avant d'être avalé par d'immenses flammes vertes.
Harry, écroulé au sol, ne tint pas plus longtemps et hurla de douleur. Il n'avait jamais eu aussi mal de sa vie. Il sentait des milliers d'aiguilles percer sa chair et ses os, et son dos semblait se briser, l'empêchant de marcher, de se relever. Il sentait que ses entrailles le brûlaient de l'intérieur et il avait l'impression que les os de son bassin se fissuraient de part en part, rejetant la présence inconnue dans son corps. Son ventre bougea, le bébé s'agitait, comme s'il sentait qu'il n'était plus toléré par le corps et il hurla de nouveau, rejetant la tête en arrière qui alla heurter l'épaule d'Hermione, serrant ses doigts sur sa peau, se griffant. Alors, il paniqua. Il avait mal, terriblement mal, et il sentait le bébé bouger, pousser contre sa peau et ses os de plus en plus fort en lui, comme si, lui aussi, avait mal, à la recherche d'une sortie qui n'existait pas, et il fut pris d'une terreur telle qu'il tenta subitement de se relever, malgré la souffrance et ses os qui l'empêchaient de bouger :
- Le bébé, il va mourir, il faut le faire sortir ! hurla-t-il.
- Calme-toi, Harry, tenta de le raisonner Hermione.
- Non ! Il va étouffer ! Il a mal ! Il faut qu'il sorte, il faut qu'il…
Ses jambes ne purent pas le porter et il s'écroula de nouveau au sol dans un cri d'animal blessé. Arthur et Molly Weasley arrivèrent en courant, le visage décomposé.
Harry hurlait, recroquevillé autour de son ventre qui le brulait, le déchirait de toute part. Arthur le souleva alors avec effort et grimpa les marches quatre à quatre pour rejoindre l'ancienne chambre de Bill.
Harry voyait flou et sentit sa tête retomber mollement en arrière.
La douleur était insupportable.
Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?
Est-ce que vous pensez que tout va bien se passer ? N'hésitez pas à me laisser votre avis dans une review, vos retours sont toujours les bienvenus !
Merci d'avoir lu ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.
À mardi, gros bisous à tous !
