Bonjour,

Wow. Nous avons officiellement dépassé les 400 reviews. C'est tellement incroyable. Jamais je ne me serais attendue à atteindre un tel chiffre. Et cet exploit, c'est à vous que je le dois ! Merci à tous ceux qui prennent le temps, chaque mardi et vendredi, de me laisser une review. Que vous soyez là depuis le début ou que vous vous exprimiez de temps en temps : merci. Je vous dois tellement ! Continuez ainsi !

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 47 : Naissance.

Hermione était attablée à la table de la cuisine, les mains refermées l'une contre l'autre devant son visage, elle attendait. L'orage grondait au dehors, faisant trembler la maison. Ron était près d'elle, dans le salon, et il faisait les cent pas, arpentant inlassablement la pièce, marmonnant des choses étranges dans sa barbe inexistante. Madame Weasley essayait tant bien que mal de faire la vaisselle, mais ses mains étaient trop incertaines, alors elle avançait lentement, très lentement. Monsieur Weasley, lui, était adossé contre le plan de travail de la cuisine, les bras croisés sur son torse. Son regard était perdu dans le vague et son pied frappait le sol à un rythme régulier, stressé.

Ils étaient tous horriblement pâles et semblaient attendre quelque chose.

Soudain, un hurlement déchira le silence de la maison et ils sursautèrent, leurs regards se portant vers l'escalier qui menait à l'étage. Madame Weasley eut si peur qu'elle laissa échapper une assiette qui se brisa dans l'éviter. Elle pesta, essuya ses mains sur un chiffon et répara l'assiette d'un sort informulé.

L'attente était atroce. Cela faisait désormais presque une heure qu'Harry était dans sa chambre, et qu'ils attendaient. Le temps leur paraissait incroyablement long. Et ils avaient peur, terriblement peur.

Un nouveau cri perça leurs oreilles et Ron se figea sur place. Ils se sentaient impuissants, inutiles. Harry était à l'agonie, souffrant mille morts et ils ne pouvaient rien faire, sinon attendre. Soudain, Ron serra les poings et donna un violent coup de pieds dans une des chaises de la table, faisant sursauter toutes les personnes dans la pièce :

- J'y vais ! hurla-t-il.

- Tu restes ici, Ron, le coupa Hermione.

- Mais il est en train de mourir !

- Madame Pomfresh et le professeur Rogue savent ce qu'ils font, dit-elle calmement.

- Parce qu'ils ont déjà mis au monde un enfant par césarienne ?!

- Et toi alors ? Ce n'est pas la question !

- La question c'est qu'Harry a besoin de nous !

Il commença à monter les marches mais Hermione se leva soudainement et frappa du poing sur la table.

- Reste ici, Ronald !

- Je ne vais pas laisser mon meilleur ami hurler à la mort sans rien faire !

- Et tu comptes faire quoi, au juste ?!

- Je ne sais pas ! s'énerva-t-il. Quelque chose, n'importe quoi ! Tu l'as dit toi-même, nous ne pouvons pas l'abandonner !

- Nous gênerions madame Pomfresh plus qu'autre chose !

- Il a besoin de nous !

Hermione trembla.

- Si tu fais un pas de plus… !

- J'en ai rien à faire, Hermione ! cingla Ron. C'est pas toi qui m'en empêcheras !

Alors qu'il allait monter les marches en quatrième vitesse, il se retrouva nez à nez avec le professeur McGonagall et il recula de plusieurs pas, surpris.

- Monsieur Weasley, mademoiselle Granger, nous avons besoin de vous, venez ! tonna-t-elle avant de disparaître à l'étage.

Ron et Hermione échangèrent un regard imperceptible et grimpèrent les escaliers aussi vite qu'ils le purent.

Lorsqu'enfin ils arrivèrent devant la chambre close du moldu, ils se figèrent un instant.

Ils entendirent la voix du moldu gémir, pleurer et crier de douleur. Ils entendirent les voix de leurs enseignants tenter de le calmer. Ils entendirent les bruits métalliques des ustensiles de chirurgie s'entrechoquer et ils blanchirent. Alors, Ron posa une main dans le dos de la jeune femme et elle ouvrit doucement la porte.

Hermione posa une main choquée sur sa bouche. Allongé sur son lit qui avait été déplacé au centre de la pièce, Harry ressemblait à un squelette vivant. Là, devant ses yeux, il était méconnaissable. La sueur collait à son front quelques mèches de ses cheveux noirs et son visage n'exprimait que la souffrance. Son corps se contorsionnait dans tous les sens, cherchant une position moins douloureuse, moins destructrice. Il avait la figure ravagée par les larmes et, lorsqu'il les aperçut, il tendit les bras dans leur direction :

- Ron, Hermione, aidez-moi, je vous en prie !

Les deux sorciers se précipitèrent près de lui et Hermione lui saisit la main avec fermeté :

- Nous sommes là, Harry, tout va bien se passer.

Il hurla, rejetant violemment sa tête en arrière et Hermione entendit clairement son « Ça fait mal ! » qui déchira la pièce en même temps qu'un éclair déchirait le ciel.

Le professeur McGonagall leur tendit un grand drap bleu et leur parla avec sévérité :

- Mademoiselle Granger, vous allez m'aider à maintenir ce drap en place.

- Mais, pour quoi faire ?

- Il ne faut pas que monsieur Potter voit la césarienne !

Hermione hocha aussitôt la tête et sortit sa baguette :

- Wingardium Leviosa !

Le drap se mit à léviter au-dessus du corps du moldu, juste sous sa poitrine. Et, ne voyant plus son ventre, Harry paniqua :

- Mon bébé ! Mon bébé !

- Ne vous affolez pas, Potter, dit doucement mais fermement McGonagall. Votre bébé va bien, madame Pomfresh a simplement besoin de calme pour travailler.

Le moldu finit par hocher la tête et ses cris retentirent plus fort encore.

- Monsieur Weasley !

Ron leva des yeux perdus vers elle.

- Allez chercher une serviette propre et une bassine remplie d'eau chaude pour le bébé.

Ron ne se le fit pas dire deux fois et sortit en trombe de la chambre.

Harry serrait la main d'Hermione dans la sienne et la suppliait de l'achever. Son cœur se brisa et elle lança un regard terrifié aux autres personnes dans la pièce :

- Faites quelque chose !

Le professeur Rogue, qui s'affairait devant sa mallette remplie de fioles, serra les dents :

- Que croyez-vous que nous fassions, depuis bientôt une heure, mademoiselle Granger ?

La jeune femme pinça les lèvres et le potionniste tendit une fiole remplie d'un liquide bleu à l'infirmière.

- Essayez celle-ci.

La vieille dame se précipita à la tête du Gryffondor qui ne cessait de pleurer :

- Buvez, mon garçon !

Harry obéit et avala la potion d'une traite. Ils attendirent quelques secondes, mais rien ne se passa et le moldu continua de crier, de prier que ça s'arrête.

- Ça ne marche toujours pas !

Rogue étouffa un juron et se remit au travail.

Ron arriva dans la chambre, une serviette blanche négligemment jetée sur l'épaule et une bassine d'eau dans les mains.

Le professeur McGonagall se dépêcha de le débarrasser et disparue derrière le drap bleu.

Harry semblait être sous l'effet d'un Doloris tant il criait fort. Hermione le savait. Son corps était trop faible, il ne supporterait pas indéfiniment la douleur. Ils devaient agir !

- Sortez l'enfant ! ordonna-t-elle.

- Êtes-vous folle ?! tonna madame Pomfresh. Je ne peux pas pratiquer la césarienne sans qu'il ne soit anesthésié !

- Mais il va mourir si vous ne faites rien !

- Lui ouvrir le ventre le tuerait de douleur ! Il a besoin de calmants !

- Alors dépêchez-vous de lui en donner !

- Aucun sortilège ni aucune potion ne fonctionne ! La magie de l'enfant est trop puissante !

- Réessayez !

- Rien ne fonctionne !

- Et cette poche, alors ?! s'énerva Hermione ne pointant du doigt le médicament suspendu relié à la main du moldu par un tube en plastique.

- Si nous surdosons la morphine cela risque de le plonger dans le coma !

- Alors trouvez une autre solution !

Le professeur Rogue tendit une nouvelle fiole à l'infirmière qui la porta tout de suite aux lèvres du moldu qui avala péniblement la mixture. Rien. Toujours rien. Aucun effet. Juste la douleur, atroce, déchirante. Juste les pleurs, les cris et la souffrance.

- Mon bébé… ! pleura Harry, ne voyant plus son ventre caché par le drap. Il va mourir, je le sens, il va étouffer ! Il faut le sortir, pitié, sortez-le !

- Mais voyons, Potter, vous n'avez aucun calmant, aucun…

- Sortez-le !

Soudain, Ron posa sa main sur l'épaule d'Hermione, la faisant se retourner vers lui :

- Ses cachets !

- Hein ?

Madame Pomfresh braqua ses yeux clairs sur lui.

- Ses cachets contre la douleur ! Ça pourrait marcher ?

- Il faut essayer ! répondit l'infirmière. Où sont-ils ?

Ron se précipita dans les affaires du moldu et retourna chaque placard, chaque tiroir, chaque sac, chaque boîte jusqu'à enfin apercevoir l'emballage typique des comprimés que prenait son ami. Alors il en sortit rapidement un qu'il tendit à Hermione qui le glissa dans la bouche du moldu.

- Aguamenti !

Un verre d'eau se remplit dans la main de la jeune femme et elle aida le brun à avaler le cachet. Harry grimaça en le sentant passer au travers de sa gorge.

Ils attendirent quelques secondes, dévisageant le moldu qui, le visage crispé, retenait ses hurlements. Enfin, après un temps infiniment long, la douleur sembla très légèrement s'estomper. Le soulagement fut infime. À peine perceptible. Ses sourcils se décontractèrent à peine et son souffle se fit légèrement moins rauque. Il avait toujours mal. Atrocement mal. Mais il n'avait plus le temps. Il ne pouvait pas le perdre. Alors il ancra ses yeux déterminés dans ceux de l'infirmière, pinça fort les lèvres et hocha vivement la tête. Et elle comprit.

Elle écarquilla les yeux et, enfin, sembla se reprendre.

Hermione l'entendit prendre des instruments en métal et elle vit le visage du moldu blanchir d'appréhension. On entendit alors la voix de l'infirmière, autoritaire et calme :

- Monsieur Potter, cela risque de vous faire mal.

- Dépêchez-vous, bredouilla-t-il.

Harry cria alors si fort que des larmes d'impuissance coulèrent sur les joues de ses amis. Hermione lui serra la main de toutes ses forces et Ron fut incapable de bouger tant son hurlement le glaça. Madame Pomfresh ne s'arrêta pas. Elle incisa la peau, la fine couche de graisse presque inexistante, et arriva enfin au placenta.

Harry hurla, il sentait qu'il allait mourir. Il le sentait. Le tiraillement dans son bas-ventre était atroce, invivable, incommensurable. Il sentait la lame du scalpel lui couper la peau. Il sentait la déchirure lui brûler la chair. Et il hurla. Il hurla et sentit qu'il allait défaillir. Mais il ne devait pas, non, il ne devait pas. Son bébé… Il devait voir son bébé. Alors il s'accrochait à Ron et à Hermione de toutes ses maigres forces et fit répéter à la sorcière sa promesse, sentant la peur s'infiltrer dans ses veines. Et Hermione lui jura de nouveau tout ce qu'il voulait qu'elle jure. Elle lui promit tout ce qu'il voulait qu'elle promette.

Il leur hurla d'arrêter. Il leur hurla qu'il avait mal, qu'il voulait mourir. Il leur hurla de le tuer.

Les minutes s'écoulèrent et ce fut effroyablement long. Harry était pâle comme la mort. À bout de souffle, assommé par la douleur, il finit par ne plus avoir la force de crier et sa tête retomba en arrière, ses yeux se voilant de fatigue. Il apercevait au-dessus de lui les visages flous de ses amis dont il ne discernait plus les traits. Il entendait au fond de son esprit des voix lointaines, à peine audibles, qui paniquaient. Il se sentit tout à coup fatigué... Extrêmement fatigué... Comme s'il voulait s'endormir et ne plus jamais se réveiller...

Derrière le drap tendu, Hermione devinait l'infirmière et le professeur McGonagall qui s'agitaient. Le temps s'écoulait et Harry sombrait. Pourquoi ne se passait-il rien ? Cela faisait trop longtemps que l'infirmière avait commencé l'opération ! Hermione esquissa un mouvement pour lâcher la main d'Harry lorsqu'elle vit le ventre du moldu s'affaisser tout d'un coup et elle ouvrit de grands yeux. Alors, derrière le drap bleu, elle aperçut le professeur McGonagall poser sur son avant bras une petite forme inerte et elle sentit un frisson d'angoisse la parcourir. Ses doigts se refermèrent sur la main molle du moldu.

Harry avait sentit que son ventre s'était vidé. Il avait sentit que sa peau avait cessé de se tendre. Il avait sentit qu'on le lui avait pris. On lui avait pris son bébé. Alors, puisant dans ses dernières forces les plus profondes, il lutta contre le flou qui envahissait sa vision et se concentra sur les voix qui l'entouraient. Il ouvrit doucement des yeux malades, morts, et parla d'une voix rauque, brisée par ses cris :

- Mon bébé… où est mon bébé…

Hermione lui caressa la main, rassurante.

- Chut, Harry, chut…

- Où est-il… ? Je ne l'entends pas…

Un silence glacial lui répondit. Seuls les tapotements vifs d'une main contre une peau humide se firent entendre. Et Harry sentit son cœur se briser en mille morceaux.

- Mon bébé… il est mort…

De lourdes larmes coulèrent de ses yeux verts et il gémit de douleur.

Pas ça… Tout mais pas ça… Il ne pouvait pas le perdre... Pas maintenant… Pas lui… Pas son enfant…

Hermione ne pouvait détacher son regard du petit être immobile sur le bras de la sorcière qui frappait doucement son dos. Elle pleurait, sa main ne lâchant pas celle du Gryffondor qui demandait où était son bébé.

Alors, déchirant le silence, un petit miaulement de chaton se fit entendre et tous retinrent leur souffle. McGonagall tapota une ultime fois le dos du nourrisson et, cette fois, ce fut un véritable cri qui sortit de sa gorge, une délivrance.

Hermione s'effondra de soulagement sur Harry, posant ses lèvres contre son front humide de sueur.

- Il est vivant, Harry ! le rassura la jeune femme. Il est vivant, il pleure ! C'est lui ! C'est lui que tu entends !

Alors Harry pleura d'entendre sa petite voix criarde pour la première fois, son cœur se gonflant de soulagement. Il sentit dans ses doigts un picotement de bonheur. Il pleura d'entendre ce son que jamais il n'aurait cru pouvoir entendre. Il était à bout de souffle, à bout de force, mais il sourit, il sourit lorsque les cris lui parvinrent, puissants et vifs. Il sourit lorsqu'il reconnut, dans ces hurlements plaintifs, la vie.

- Monsieur Weasley, venez ici.

Ron se précipita près de son professeur, derrière le rideau.

- Tenez, prenez ça.

Des bruits métalliques résonnèrent doucement.

- Là, ici.

Et Hermione reconnut le bruit familier d'un ciseau qui se referme. Ron revint aussitôt vers le moldu, le visage blanc et choqué, mais un immense sourire plaqué sur les lèvres.

Soudain le professeur McGonagall apparut à sa hauteur et Harry écarquilla les yeux lorsqu'elle posa, juste sur son cœur, le petit nourrisson rose qui hurlait.

- Félicitations, monsieur Potter, c'est une petite fille.

Alors Harry la vit. Il vit cette enfant qu'il avait portée durant ces neufs mois. Il vit son petit corps, parfaitement formé, recroquevillé contre lui. Il vit ses cheveux d'un noir de jais aussi profond que le sien, s'éparpiller sur son crâne. Il vit son petit visage fripé qui pleurait et ce fut comme s'il était né avec elle. Sa vie commençait maintenant.

- Oh… murmura-t-il, le souffle coupé et la vision encore trouble.

Ses mains trouvèrent la force de bouger et il hésita quelques instants, n'osant pas toucher le petit être, de peur de lui faire du mal. Il sentit alors qu'Hermione poussait doucement ses doigts et, bientôt, il toucha la douce peau. Il reçut une puissante décharge dans les doigts. Le contact était électrisant, indescriptible, et il fut envahi d'un amour si puissant qu'il pensa, à cet instant précis, qu'il ne pourrait jamais vivre sans elle.

Ses yeux ne lâchèrent pas une seconde l'enfant sur sa poitrine et il l'effleura de ses doigts.

- Elle est minuscule, murmura-t-il à bout de souffle.

- Elle est parfaite, sourit Hermione en passant une main rassurante dans les cheveux du moldu.

Ron se pencha vers le bébé et eut un sourire radieux.

- Elle est toute fripée.

Et Harry émit un petit rire.

Le professeur McGonagall reprit alors le bébé dans ses bras et s'éloigna en direction du bureau du Gryffondor d'un pas pressé.

- Mais où est-ce qu'elle va avec ? paniqua le brun. Où est-ce qu'elle va ?

- Ne t'inquiète pas, le rassura Hermione. Elle est allée la laver et l'emmailloter, tout va bien.

- D-D'accord mais qu'elle fasse attention, elle est toute petite.

Harry chercha du regard son bébé, tentant de se redresser, mais madame Pomfresh lui parla d'une voix autoritaire :

- Ne bougez pas, Potter, où la couture ne sera pas nette.

Et soudain une douleur vive le prit. Harry se rappela qu'il avait encore le ventre ouvert et s'affala sur son lit en gémissant, le souffle court et la tête tournant dans tous les sens. Il sentait l'infirmière toucher sa chair et la maltraiter. Il sentait poindre en lui les aiguilles qui le déchiraient. L'émotion de la délivrance était passé, et maintenant que le soulagement l'avait étreint, la douleur revenait plus forte encore qu'elle ne l'avait été et il poussa de nouveau un cri déchirant. Il crut mourir pour la seconde fois. La seule chose qui le rassurait était la voix perçante de son enfant qui pleurnichait dans les bras de son enseignante.

Lorsqu'il la vit revenir vers lui, sa petite fille dans ses bras enveloppée d'une serviette blanche, il sourit de tendresse, le visage plus blanc que la mort, et tendit les bras dans sa direction. Alors, il perdit connaissance.

Harry ouvrit difficilement les yeux. Il avait mal dans tout le corps. Ses os étaient brisés, et sa chair mutilée. Ça le tiraillait fort, là, juste sur son pubis. Comme s'il avait été brûlé par un fer chauffé à blanc. Il tourna doucement la tête. Sa bouche était pâteuse et il avait du mal à avaler. Tout tanguait autour de lui et un bourdonnement incessant se faisait à ses oreilles, et il mit plusieurs minutes avant de pouvoir se redresser doucement dans son lit.

Il faisait un grand soleil, dehors, et ses rayons traversaient la petite chambre avec facilité. Il remarqua qu'il était relié par un tube de plastique accroché au cathéter sur le dos de sa main à la poche de morphine qui ne le quittait plus depuis plusieurs mois déjà.

Il papillonna des yeux, tâchant de se rappeler tous les évènements, et lorsqu'il posa les yeux sur le berceau blanc sertit d'une myriade de nœuds roses, tout lui revint en mémoire. Ses yeux se fixèrent sur son ventre et il hoqueta. Il était plat. Son ventre était plat. C'était étrange... Tellement étrange... Où était son enfant ?

- Mon bébé… ! murmura-t-il difficilement.

Le berceau était vide, il le voyait très bien, et un frisson d'angoisse lui traversa l'échine, le glaçant sur place. Où était son bébé ? Où était sa fille ?

Affolé, il poussa les couvertures sur le côté et tenta de poser le pied à terre lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit sur le visage surpris mais soulagé de Ron.

- Harry ! T'es enfin réveillé ! Tu nous as fait une de ces peurs, ça fait quatre jours que tu dors.

- Où est mon bébé ? demanda le brun, inquiet.

- Elle est avec maman, en bas, elle va bien, ne t'en fais pas.

- Je veux la voir, poursuivit le moldu en tentant de se relever.

Mais il fut obligé de se rasseoir, pris de vertige.

- Tu ne dois pas te lever, tu n'es pas encore rétabli, dit doucement le Gryffondor.

- Ron, le supplia presque Harry. Je veux la voir. S'il te plait…

Le rouquin eut un sourire entendu et lui demanda de patienter quelques secondes. Il disparut de l'encadrement de la porte et Harry tenta de nouveau de se mettre debout lorsqu'il vit entrer Molly Weasley, tenant fermement dans ses bras un enfant qui dormait paisiblement. Et il faillit fondre en larmes.

À la suite de la femme entrèrent Hermione, Ron et monsieur Weasley qui souriaient de toutes leurs dents. Madame Weasley se pencha vers lui et déposa délicatement le nourrisson dans le creux de ses bras.

Harry se rassit aussitôt, se calant contre les coussins à la tête du lit et accueillit maladroitement l'enfant contre lui. Il craignait de ne pas savoir la porter, de lui faire du mal, ou de la faire tomber. Elle était si petite. Mais dès que ses yeux se posèrent sur son visage de poupon endormi, il plaqua une main sur sa bouche.

- Mon Dieu…

Elle était là. Il n'avait jamais rien vu de plus beau. Elle avait un adorable visage en forme de cœur surmonté d'une jolie tignasse de cheveux noirs. Ses joues étaient toutes roses, aussi roses que ses lèvres qui faisaient des bulles dans leur sommeil. Au-dessus de ses yeux endormis, deux sourcils bruns précisaient les traits de son visage. Elle était si belle.

Soudain, le nourrisson bailla et ouvrit péniblement les yeux. Il croisa alors le regard de son enfant et il en eut le souffle coupé. C'étaient les yeux de Draco. Deux orbes grises, presque argentées, brillantes, exactement semblables à celles du Serpentard. Il sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Elle lui ressemblait tellement. Elle ressemblait tellement à Draco. Et ses yeux… Seigneur, ses yeux… Quelle chance il avait de pouvoir les contempler alors même qu'il était absent.

Le bébé le regarda longtemps et un petit sourire râleur et édenté étira ses lèvres roses.

- Elle me regarde, murmura-t-il en souriant comme un enfant qui vient de découvrir un trésor.

Il sentait une puissance nouvelle se répandre dans ses veines et parcourir son corps. C'était comme s'il n'avait jamais réellement aimé quelqu'un avant aujourd'hui. Pourtant, il le savait, Draco était l'amour de sa vie. Mais cela n'avait rien à voir. Son enfant, sa fille, était la chose la plus précieuse qu'il n'avait jamais possédée. Il ressentait un amour incommensurable, sûr, immuable. Il l'avait dans la peau et, il le savait, elle était désormais sa raison de vivre.

Il l'avait faite. Il lui avait donné vie. Il l'avait portée. Et alors qu'il pensait ne jamais accepter de concevoir un enfant en étant un homme, il se dit que c'était la plus belle chose qu'il avait jamais faite dans sa vie.

Durant de longues minutes, il ne put détacher son regard du nouveau-né dans ses bras, passant ses doigts sur son visage, sur ses petites mains, dans ses cheveux. Et il souriait. Inlassablement, il souriait. Il détailla chacun de ses gestes, de ses mouvements. Elle bailla, geignit, cligna des yeux, et ce fut comme s'il découvrait comment fonctionnait un visage.

- Elle est tellement jolie, sourit-il.

- Je vous avais bien dit que ce serait une fille, dit fièrement Molly Weasley.

- Pour une fois que tu ne t'es pas trompée, ironisa Ron en levant les yeux au ciel.

La sorcière ignora superbement sa remarque et fit un clin d'œil au moldu qui souriait plus que de raison.

Soudain, l'enfant se mit à gémir, puis à pleurer franchement et Harry leva la tête, paniqué :

- Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que j'ai fait ? demanda-t-il.

- Elle a juste un peu faim, le rassura Hermione.

- Je vais préparer un biberon, je reviens ! s'écria monsieur Weasley avant de sortir précipitamment de la pièce.

Harry regarda d'un œil inquiet son enfant qui devenait rouge à mesure que les minutes passaient, ses pleurs redoublant d'intensité. Il affichait un air affolé et tentait de la bercer par petites secousses contre lui, mais il évitait de trop bouger, sentant son ventre le tirailler désagréablement.

- Chut, chut, mon cœur, chuchota-t-il à l'enfant.

Enfin, après une longue attente arriva enfin monsieur Weasley munit d'un biberon dans une main et d'un torchon blanc dans l'autre. Lorsqu'il les lui tendit, Harry le regarda, la panique plein les yeux.

- Mais je ne sais pas le faire, je ne…

- Je vais te montrer, dit doucement madame Weasley en s'asseyant près de lui.

Elle cala un peu mieux l'enfant dans les bras du moldu et posa le torchon sur son épaule.

- Tu la tiens bien ?

- O-Oui, je crois.

- Tiens mon grand.

Elle lui donna alors le biberon légèrement chauffé et guida sa main jusqu'à la bouche de l'enfant. Lorsque la tétine toucha ses lèvres, le bébé suçota tout de suite le biberon et cessa de pleurer. Ses yeux s'ouvrirent de nouveau et son regard resta irrémédiablement accroché à celui d'Harry qui la regarda, d'un air hagard, avaler doucement le lait dans la bouteille.

C'était indescriptible. Il voyait sa petite langue téter vivement le biberon et il trouva cela merveilleux. Il la tint fermement contre lui et lui murmura doucement :

- Bon appétit mademoiselle.

Tous restèrent ainsi dans la chambre, à regarder Harry nourrir son enfant pour la première fois, et affichèrent un air attendri. Le moldu semblait tellement heureux. Il ne voulait plus la lâcher.

La main de Ron trouva celle d'Hermione et ils échangèrent un regard doux. Ils n'avaient jamais vu leur ami aussi épanoui. Cela faisait des mois qu'il n'avait pas souri aussi sincèrement. Des mois qu'il n'avait pas eu le regard aussi plein d'amour. Des mois qu'il n'avait pas vécu et non survécu. Ce bébé était la plus belle chose qui lui soit arrivée.

Lorsque le biberon fut vidé, Harry garda encore un long moment sa fille dans ses bras, ne pouvant se résoudre à la laisser. Mais ses yeux finirent par se fermer d'eux-même et madame Weasley reprit délicatement l'enfant contre elle.

- Il faut te reposer mon chéri, murmura-t-elle alors que le moldu luttait contre le sommeil.

- Mais le bébé…

- Nous allons nous en occuper, ne t'inquiète pas, tu peux dormir en paix.

Le brun finit par hocher la tête et s'endormit instantanément dans son lit, en position semi-assise. Ron et monsieur Weasley le rallongèrent convenablement, remontèrent sa couverture jusqu'à ses épaules et tous sortirent de la chambre sans un bruit.

Harry mit près de deux semaines avant d'avoir l'autorisation de sortir de son lit. Son corps avait été épuisé par le trop plein de magie diffusée par l'enfant et la césarienne, bien qu'ayant été un succès, lui avait laissé une fine cicatrice sur le bas du ventre et il dût prendre garde à ce qu'elle ne se rouvre pas.

Chaque jour, le professeur Rogue et madame Pomfresh passaient le voir, prenaient de ses nouvelles ainsi que des nouvelles du bébé. Ils lui donnaient également des potions qui, cette fois, firent effet et l'aidèrent à reprendre plus vite des forces. Le moldu reprit aussitôt quelques grammes et, au bout de ces deux semaines, avait déjà grossi de trois kilos, pour le plus grand bonheur de l'infirmière.

Durant sa convalescence, Harry passa toutes ses heures éveillées avec sa fille. Il la regardait dormir dans son petit berceau blanc aux nœuds roses pendant des heures. Il détaillait son visage, lui donnait à manger, lui parlait sans arrêt… Il faisait sa connaissance, tout simplement. Lorsqu'il dormait, c'était les autres habitants du Terrier qui s'occupaient du bébé. Et ils se l'arrachaient, littéralement. Ron passait son temps à la tenir contre lui et à lui chanter des comptines, s'amusant à la voir écarquiller ses yeux gris quand il entonnait la Chanson du Choixpeau magique de Poudlard ou qu'il lui racontait l'histoire de Lapina la Babille et sa souche qui gloussait.

Hermione aimait tout particulièrement lui donner le biberon. Elle s'asseyait devant la cheminée et regardait tendrement l'enfant prendre son déjeuner en silence, dans ses bras. C'en était devenu presque un rituel entre elles.

Monsieur et madame Weasley, eux, étaient ravis d'avoir de nouveau un nourrisson sous leur toit. Cela leur avait terriblement manqué. Ils s'amusèrent donc à jouer les grand-parents gâteaux et habillèrent la petite fille avec toutes sortes de bodies, grenouillères et couches aux motifs magiques. Arthur fut particulièrement heureux de voir une deuxième petite fille naître sous son toit.

Aujourd'hui, Harry allait beaucoup mieux. Il était assis dans un fauteuil dans le salon et gardait un œil attentif sur l'enfant qui dormait dans un petit panier près de lui. Elle avait une tétine dans la bouche et dormait comme une bienheureuse, ses petits poings fermés de part et d'autre de sa tête. Chaque fois qu'il posait les yeux sur elle il sentait monter en lui une bouffée d'amour incontrôlable, violente et il avait envie de la croquer. Elle avait l'odeur caractéristique des enfants qui viennent de naître, mais Harry savait qu'elle devait sentir encore meilleur !

Le moldu aperçut Hermione et Ron descendre les escaliers et se rendre dans la cuisine et les interpela. Lorsque ses amis se furent assis en face de lui, dans le sofa, il souffla un grand coup et prit son courage à deux mains :

- J'ai quelque chose à vous demander, sourit-il.

- Ah non ! J'ai déjà changé sa couche, tout à l'heure, intervint Ron. C'est le tour d'Hermione !

Elle eut une grimace offusquée, et Harry éclata de rire.

- Mais non, ce n'est pas à propos de ça, reprit-il. C'est quelque chose de très important pour moi.

Le rouquin et la brune échangèrent un regard étonné et hochèrent la tête.

- Qu'est-ce qu'il y a, Harry ? demanda Hermione.

- Et bien voilà…

Harry attrapa les mains de ses amis dans les siennes et leur sourit avec douceur :

- J'aimerais que vous soyez ses parrains et marraines.

Ron ouvrit de grands yeux :

- De… de ta fille ?

- Oui.

Hermione sentit son cœur rater un battement et ses yeux se remplirent doucement de larmes. À côté d'elle, Ron hocha vivement la tête :

- Ce serait un honneur, répondit la Française.

- Oui ! Mille fois oui ! éclata Ron.

Ils se penchèrent et prirent le moldu dans leurs bras de toutes leurs forces. Harry sourit en entendant Hermione étouffer un sanglot dans son dos et Ron s'agiter sur place.

- Tu m'as déjà promis de prendre soin d'elle s'il m'arrivait quelque chose, Hermione, continua-t-il. Et je sais que je peux aussi te faire confiance, Ron.

- Tu as fait le meilleur choix possible, le félicita le rouquin. Elle ne pouvait pas rêver meilleur parrain.

Harry leva les yeux au ciel et leur sourit tendrement. Hermione ne lâchait pas ses mains et semblait incapable de dire le moindre mot. Elle aimait tellement cette enfant. Elle était tellement heureuse pour Harry, alors savoir qu'elle avait désormais un lien tout particulier avec sa fille, c'était extraordinaire. Enfin, elle souffla de bonheur :

- Merci.

- Merci à vous d'avoir accepté.

Durant l'heure qui suivit, Ron fut intenable. Il se sentait fier. Fier d'avoir cette responsabilité. Fier que son meilleur ami ait suffisamment confiance en lui pour lui confier sa fille en cas de problème. Fier de voir cette adorable petite fille avoir une si grande importance dans sa vie, alors même qu'elle n'était pas à lui. Et il ferait tout son possible pour que jamais il ne lui arrive le moindre mal. Il le promit au moldu.

Finalement, l'enfant cligna des yeux, se réveillant et geignit dans son panier. Harry se dépêcha de la soulever et de la mettre contre son cœur, et elle se calma aussitôt. Il passa une main délicate sur ses cheveux et sourit d'amour.

- As-tu réfléchi, Harry ? demanda alors Hermione.

- Réfléchit à quoi ?

- À un prénom pour cette petiote, pardi ! répondit Ron.

Et Harry ouvrit de grands yeux. Il était désormais habitué à l'appeler « mon coeur », « ma chérie », « mademoiselle » ou « le bébé ». Il avait complètement oublié qu'elle devait avoir un prénom, et il baissa les yeux, honteux.

- Non, je…

- Ce n'est pas grave, le rassura Hermione. Tu finiras bien par trouver.

Harry pinça les lèvres et son esprit bouillonna, fusa. Ses amis avaient raison. Il devait trouver un prénom pour sa fille. Elle devait avoir une identité, tout de même. Déjà deux semaines qu'elle était venue au monde et elle n'avait toujours pas de nom. Mais il ne voulait pas se tromper, et ne trouvait rien qui le faisait vibrer, rien qui collait avec son visage rose et rondouillard.

Il sembla réfléchir de longues minutes, triant des dizaines de noms dans son esprit, souriant parfois, grimaçant d'autres fois. Et, au bout d'un moment, son visage s'illumina et il sourit de toutes ses dents. C'était pourtant évident. Il se demanda comment il n'avait pas pu y penser plus tôt :

- J'ai trouvé, sourit-il, ses yeux se plantant dans le regard gris de la petite fille.

- Alors, comment s'appelle-t-elle ? demanda la brune.

Harry passa un doigt sur la tendre peau et il fut impossible de déloger son sourire de son visage.

- Elle s'appelle Narcissa.

Ron et Hermione haussèrent les sourcils, stupéfaits.

- Mais… c'est le prénom de la mère de Draco… ? souffla la sorcière.

- Exactement.

- Mais pourquoi ? s'interrogea Ron.

Harry souriait, et son visage exprimait un amour puissant, fort, incommensurable.

- Parce que Draco ne conçoit pas le monde sans une Narcissa Malfoy. Et je sais que c'est ce qu'il aurait voulu.

- Mais que veux-tu, toi ? insista Ron.

Jamais le moldu ne put se départir de son sourire, et un voile de tristesse passa une seconde sur ses yeux verts :

- Je veux qu'elle sache d'où elle vient.

Et lorsque la petite fille sourit à ce nom, cela sonna comme une évidence.


Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?

Je suis désolée à ceux qui pourront être déçus de "l'évidence" du nom choisi pour le bébé. C'est vrai que c'est somme toute classique, mais c'est un choix volontaire de ma part : Narcissa est un prénom important dans cette fanfiction (surtout par rapport à la vie de Draco). J'ai aussi voulu respecter la "tradition" qu'on a pu voir dans l'oeuvre originale de donner aux enfants les noms des parents :).

En tout cas n'hésitez pas à vous exprimer en review et à me donner votre avis ! C'est vraiment très important pour moi.

Merci d'avoir lu ce chapitre. J'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.

Je vous embrasse, à vendredi pour la suite :D.