Bonjour,

Je suis contente que le chapitre précédent vous ait plu : j'ai eu peur qu'une accalmie vous ennuie, mais finalement vous avez bien apprécié ce petit moment de douceur dans la vie d'Harry.

Un immense merci à tous pour vos reviews. Vous lire me fait toujours un bien fou : peu importe votre avis, j'aime vous voir vous exprimer ! Alors continuez comme ça, vous êtes super ! Merci, merci, merci !

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Avertissement : ce chapitre contient un lemon.

Bonne lecture !


Chapitre 49 : Inauguration.

Décembre était arrivé à une vitesse phénoménale. L'hiver était doux, cette année, et Harry fut étonné de ne pas encore voir de neige parsemer son jardin. Narcissa avait désormais trois mois, et était le bébé le plus vif et éveillé qu'il avait vu de toute sa vie. Dès qu'elle réussissait à attraper une peluche entre ses doigts il criait à qui voulait l'entendre que c'était l'enfant le plus intelligent du monde ! Il savait que tous les parents pensaient cela de leurs enfants, mais lui, il en était intimement convaincu : sa fille était un petit génie !

Depuis qu'ils savaient qu'ils étaient grand-parents Lily et James vivaient au rythme du bambin sous leur toit. Et ce fut comme si Harry n'avait pas à s'en occuper : dès qu'elle avait un moment, Lily se proposait de lui faire prendre le bain ou de la faire manger. Et James, entre deux copies, la prenait contre lui et la berçait en chantonnant. Ils adoraient leur petite fille. Ils la trouvaient parfaite, même lorsqu'elle mâchouillait les pinceaux de Lily ou qu'elle déchirait les feuilles de James : un sourire et tout était pardonné.

Les Weasley aussi avaient continué à s'arracher l'enfant. Ron et Hermione passaient presque tous les jours chez les Potter pour voir Harry et la petite fille. Et Molly passait presque ses journées entières avec Lily, dans l'une ou l'autre maison, à tricoter des chaussettes, moufles et bonnets en laine pour le bébé. Le nom de Narcissa était sur toutes les lèvres dans les deux maisons. Mais Harry avait fait promettre à toutes les personnes au courant de la naissance de sa fille de ne jamais rien révéler à personne à son sujet. Il ne voulait pas que cette nouvelle s'ébruite. Personne ne devait savoir. Et surtout... Draco ne devait pas savoir. Il savait qu'il la lui prendrait. Et, terrorisé par cette éventualité, il s'évertuait à garder secrète du mieux qu'il pouvait la présence de la petite fille à ses côtés.

Les semaines avaient doucement passé, et il avait profité de l'aide de ses parents pour rechercher un travail. Il n'en avait pas besoin, ses parents prenaient en charge tout ce dont Narcissa avait besoin, et elle vivait désormais comme une petite princesse. Lily avait même peint des lettres en bois formant son nom en rose et les avait accrochées au-dessus de son berceau. Elle ne manquait de rien et croulait sous les peluches. Mais Harry avait tenu à pouvoir subvenir aux besoins de sa fille tout seul : il savait que ses parents n'étaient pas éternels, et qu'il ne vivrait pas éternellement sous leur toit. Il voulait aussi leur éviter de dépenser trop d'argent pour son enfant et les poussait à mettre régulièrement de côté pour leur future retraite. Et même si Lily lui assurait continuellement que ça ne la gênait pas du tout de l'aider à payer pour Narcissa, Harry n'avait pas lâché son idée d'indépendance et avait réussi à décrocher un petit boulot d'assistant chez une fleuriste réputée du Chemin de Traverse, « À fleur de pot », sous la direction de madame Dahlia Plantule (1). Il travaillait donc désormais là-bas à temps plein et était heureux d'avoir déjà réussi à mettre quelques gallions de côté. En parallèle il continuait à étudier, dès qu'il rentrait le soir et que Narcissa était couchée, pour passer l'entretien d'enseignant sorcier.

Lorsqu'il rentra ce soir-là, Harry déposa son sac à dos au sol en soupirant et faisant craquer ses vertèbres. Sa mère, qui dessinait dans le sofa devant la télévision allumée, lui fit un grand sourire :

- Ah ! Te voilà mon chéri ! Tu as passé une bonne journée ?

- Bonsoir maman, gémit-il. J'ai dû faire quatre bouquets pour des enterrements, c'était mortel.

Et il rit à sa propre blague avant de se précipiter vers sa fille qui, allongée sur le dos dans un petit parc à bébé, agitait ses bras pour tenter d'attraper de petits poissons multicolores suspendus au-dessus de sa tête.

- Alors ma chérie, tu m'as tellement manquée, sourit-il en la prenant contre son cœur et celle-ci se mit à rire aux éclats et à gazouiller de bonheur.

Il l'embrassa de toutes ses forces avant de plaquer son nez contre son ventre, provoquant un babillage heureux :

- Et qu'est-ce que tu sens bon !

- Je lui ai fait prendre son bain.

- Elle a mangé aussi ?

- Ton père s'en est chargé.

- Alors ne reste plus qu'à la mettre au lit, sourit le moldu.

Alors qu'Harry allait s'asseoir près de sa mère, sa fille sur ses genoux, sa mère l'arrêta et pointa la table de la cuisine avec son crayon :

- Tu as reçu du courrier, je crois que ça vient d'Hermione.

- Oh !

Il se dirigea vers la table et ouvrit la lettre de son amie d'une main habile, tenant toujours fermement l'enfant de l'autre. Il la lut rapidement et son visage s'éclaira :

- Dis-moi maman, que fais-tu le vingt-sept décembre à vingt heures ?

- Rien, pourquoi ?

- Tu voudras bien garder Narcissa ?

- Bien sûr, tu es invité quelque part ?

- Oui !

Et le moldu s'empressa de lui tendre la lettre.

- Hermione a enfin réussi à obtenir un local au Ministère de la Magie, elle m'invite à son inauguration !

- Et ben dis donc, siffla Lily d'admiration. Tout le Ministère sera là ?

- Je pense qu'il y aura même le Ministre !

La rouquine pinça les lèvres.

- Es-tu sûr que c'est une bonne idée d'y aller mon chéri ? Le Ministre n'aime pas trop les moldus…

- Il m'a laissé terminer mes études à Poudlard et un cours d'Étude des Moldus va être mis en place l'année prochaine, je suis sûr que ma présence ne le gênera pas.

- Mais, et toi ? Tu ne seras pas gêné qu'il soit là ?

- Je ne compte pas passer ma soirée auprès de lui tu sais, sourit doucement le brun.

Et la femme finit par opiner du chef.

- D'accord, je garderai Narcissa.

- Super ! s'exclama-t-il.

Harry était ravi de cette invitation. Il n'avait jamais mis les pieds au Ministère de la Magie, mais en avait beaucoup entendu parler par monsieur Weasley et Ron ! Avec ce qu'il avait vécu durant ces deux années à Poudlard, il avait un certain ressentiment contre le Ministère, pourtant, il savait que celui-ci n'avait rien fait véritablement contre lui. Il avait mené une enquête et l'avait surveillé de près mais il avait finalement accepté qu'il obtienne son diplôme et avait même ouvert un poste spécialisé dans l'enseignement des us et coutumes moldus, c'est bien qu'il n'avait rien contre lui personnellement et qu'il s'était même ouvert au monde moldu. Il avait hâte de découvrir ce lieu si emblématique du monde sorcier. Et puis, il n'y allait pas pour rencontrer les employés du Ministère, il y allait pour soutenir Hermione dans son nouveau métier d'avocate spécialisée dans les affaires sociales sorcières.

Harry vit sa petite fille bailler contre lui et il souhaita bonne nuit à sa mère, attrapa son sac à dos d'une main et monta à l'étage.

Lorsqu'il eut refermé la porte de sa chambre derrière lui, il s'assit sur son lit et parla à l'enfant, la berçant contre lui. Il lui raconta sa journée, lui raconta qu'il aurait dû être plus attentif durant les cours de Botanique du professeur Chourave, pour réussir à identifier les plantes au premier coup d'œil. Il lui raconta que les clients étaient vraiment très gentils, mais que faire des gerbes de fleurs pour des enterrements n'était pas son activité préférée. Enfin, il lui dit à quel point elle lui avait manqué et qu'il était désolé de devoir l'abandonner chaque matin pour revenir aussi tard le soir.

Au bout de quelques minutes, bercée par sa voix, la petite fille s'endormit et Harry la coucha dans son berceau. Il resta alors là, l'index pris au piège entre ses petits doigts serrés, et il la regarda de longues minutes. Il avait eu beaucoup de mal à accepter mentalement de devoir la laisser chaque matin pour aller travailler. Il avait eu peur qu'elle le prenne comme un abandon, qu'elle croit qu'il ne l'aime plus ou qu'il ne veuille plus d'elle. Mais ses parents et ses amis l'avaient longuement rassuré et, finalement, ça s'était très bien passé. Grâce à sa mère qui avait un métier aux horaires plutôt arrangeants, il savait qu'elle était entre de bonnes mains. Mais chaque soir il était pressé de rentrer, pressé de la retrouver, de la revoir. Et il passait le plus de temps possible avec elle, avant qu'elle ne s'endorme. Il avait peur de louper quelque chose : ses premiers mots, ses premiers gestes, ses premiers sourires. Pourtant il savait qu'elle avait encore le temps de grandir et il aurait encore tout le temps de la voir. Mais c'était plus fort que lui, il l'aimait tellement qu'il ne pouvait pas concevoir qu'elle grandisse sans lui.

Harry finit par somnoler au-dessus de l'enfant. Il alla se doucher et se coucha dans son lit, près du petit berceau, et s'endormit presque instantanément, souhaitant à demi-mot bonne nuit à sa fille.

- Tu as bien tout ce qu'il faut ?

- Tout est là.

- Le lait, les couches, les tétines ?

- Dans le sac sur la table.

- Où sont ses chaussettes ? Et son biberon d'eau ? J'ai dû les oublier dans ma chambre, ne bouge pas, maman, je rev…

- Harry, le calma sa mère en posant ses mains sur ses épaules. Ce n'est pas la première fois que je garde Narcissa.

Harry soupira lourdement, baissa les yeux et un eut petit sourire contrit.

- Désolé maman, c'est juste que je n'aime pas la laisser le soir.

- Tout va bien se passer, ne t'inquiète pas.

- Tu es sûre que tu as tout avec toi ?

- Je n'aurai qu'à monter dans ta chambre s'il me manque quoi que ce soit. Et ton père est là aussi, nous nous en sortirons. J'ai déjà élevé un enfant tu sais.

Le moldu rougit et finit par hocher la tête. Lily épousseta la veste noire de son fils et lui fit un sourire rassurant :

- Tu es tout beau ! Allez, file, les Weasley t'attendent !

Le brun remercia sa mère, lui colla un baiser sonore sur la joue, en fit de même avec sa fille qui gigotait dans son petit panier et partit en quatrième vitesse vers la maison de ses voisins. Lorsqu'il arriva, il les vit tous alignés devant leur cheminée, leurs mains remplies de poudre de cheminette. Il y avait même Ginny qui était revenue de Pré-au-lard spécialement pour cette occasion.

- Ah ! Harry chéri ! Viens vite, ou nous allons être en retard !

Harry se précipita au milieu de la file et prit de la poudre, lui aussi. Ils étaient tous magnifiquement habillés, en particulier Ron qui portait un superbe costume bordeaux et qui affichait un grand sourire plein de fierté. Monsieur Weasley fut le premier à disparaître dans les flammes vertes de la cheminée. Lorsque vint son tour, Harry se concentra très fort pour ne pas se tromper et prononça distinctement : « Ministère de la Magie ! » en lâchant la poudre au sol.

Aussitôt il fut transporté sans s'en rendre compte en un clignement d'yeux et, lorsque les flammes rétrécirent sous lui, il écarquilla les yeux.

C'était immense. Grandiose. Extraordinaire.

Partout, des centaines de bureaux sur des dizaines d'étages, visibles via des fenêtres illuminées, s'alignaient. Tout était noir et les murs étaient carrelés de briques brillantes vertes foncées. Pourtant, cela n'avait rien d'hostile, au contraire, et il trouva même cela très impressionnant. Des dizaines de lampes et lumières étaient fixées un peu partout, permettant de voir exactement tous les détails. Le hall était immensément grand, on aurait pu y rentrer tous les élèves de Poudlard ! Au centre trônait une statue dorée gargantuesque d'un homme tenant une baguette, symbole de la magie. Menant à la grande place, Harry aperçut des cheminées, semblables à celle dans laquelle il était, où apparaissaient continuellement des gens, tous richement habillés, qui se saluèrent et se dirigèrent vers les différents couloirs et ascenseurs au fond du hall. Le Ministère de la Magie était incroyable de grandeur et semblait être un endroit puissant... Très puissant.

Il sentit son souffle se couper et son cœur s'emballer. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressentit aussi fort les effets de la magie extérieure.

Alors qu'il tentait de reprendre contenance, il fut bousculé par Ron qui arriva derrière lui dans une volute de flammes émeraudes.

- Attention Harry, dit le rouquin en éloignant le moldu de l'âtre. Maman arrive avec Ginny.

Une fois qu'ils furent au complet, époussetant les restes de cendres qu'avait pu laisser le transport, ils se dirigèrent d'un pas vif vers le fond du hall et Harry se laissa guider comme un automate, complètement hébété par la grandeur du lieu. Son regard se perdait partout. Il voyait des hiboux voler dans tous les sens, des avions en papier se heurter, puis retrouver leur chemin, des horloges sonner les heures, les minutes, les secondes, et des sorciers se faire cirer les chaussures par des créatures aux yeux globuleux, sûrement des elfes de maison. C'était merveilleux. Ils arrivèrent finalement à un ascenseur et grimpèrent tous à l'intérieur. Monsieur Weasley referma les portes grillagées devant eux et appuya sur un bouton. Aussitôt, l'ascenseur recula à une vitesse fulgurante et Harry dû s'accrocher à Ginny pour ne pas tomber de surprise. Il ne comprit absolument rien au trajet que fit l'ascenseur, tantôt montant, tantôt descendant, et fut pris d'un haut-le-cœur lorsqu'il s'arrêta enfin dans un « Ding ! » et qu'une vieille voix siffla « Département de la Justice magique ».

Harry sortit avec empressement et soulagement de l'ascenseur et secoua sa tête pour reprendre contenance. Il se sentait oppressé, comme la première fois qu'il avait mis les pieds sur le Chemin de Traverse ou à Poudlard. C'était exactement la même sensation : celle d'avoir un imperméable qui le collait à la peau et quelque chose d'invisible, presque palpable, qui tentait de le traverser. La magie des lieux tentait d'entrer en lui. Mais il ne lui arriva rien et il put reprendre son souffle correctement avant que madame Weasley ne le pousse doucement vers un couloir adjacent.

Il y avait des dizaines de portes noires avec des écriteaux dorés ou argentés qui portaient les noms des différents maîtres et avocats du département. C'était véritablement impressionnant. Il avait encore du mal à réaliser que sa plus grande amie avait enfin réussi à obtenir le métier de ses rêves.

Au bout du couloir, ils aperçurent une porte grande ouverte d'où sortaient des ballons multicolores et des confettis. Sur la porte Harry put déchiffrer la plaque dorée « Maître Hermione J. GRANGER - Avocate spécialiste des Affaires Sociales Sorcières » et il siffla d'admiration.

Lorsqu'ils entrèrent dans le bureau où se déroulait la fête d'inauguration, Harry écarquilla les yeux. La pièce avait été agrandie spécialement pour l'occasion et semblait presque aussi grande que la Grande Salle de Poudlard ! Dans un coin il aperçut le bureau de bois sombre de son amie et reconnut ses plumes et quelques uns de ses livres sur le code civil et juridique sorcier. C'était les seuls objets qui semblaient réellement appartenir à la pièce. Dans l'immense salle des tables avaient été placées un peu partout contre les murs et offraient des dizaines de plateaux garnis de hors d'œuvres et de bouchées qui semblaient plus succulentes les unes que les autres. Il y avait même plusieurs serveurs qui arpentaient la pièce en slalomant entre les convives pour s'assurer que les flutes de champagne restent pleines tout au long de la soirée.

Suspendue au-dessus des têtes, une banderole « Bienvenue à notre nouvelle collègue ! » clignotait comme un feu d'artifice. C'était grandiose. Et Harry fut véritablement impressionné par le nombre d'invités. Il devait y avoir tous les employés du Ministère et leurs compagnes et compagnons, au moins ! Il se sentit soudain très petit et très intimidé devant tous ces sorciers. Tout le monde discutait en souriant, richement vêtu de tenues plus belles et brillantes qu'il n'avait jamais vu. Les hommes étaient chics et classes dans leurs costumes et les femmes, fardées comme des princesses, rougissaient des compliments qu'on faisait sur leurs robes. Une petite musique d'ambiance classique enveloppait la pièce et Harry se crut dans un autre monde.

Alors qu'il observait toute l'agitation de la fête, il aperçut Ron faire un sourire radieux et, lorsqu'il leva les yeux, son visage s'illumina aussi. Hermione arriva d'un pas précipité jusqu'à eux, la figure rayonnante. Elle avait les cheveux lâchés en de jolies boucles qui retombaient dans son dos et sur ses épaules. C'était la première fois qu'il la voyait porter du rouge à lèvre, et cela lui allait très bien. Elle avait revêtu une robe de soirée rouge très longue qui arrivait jusqu'à ses chevilles et avait dans la main un verre de champagne déjà entamé. Elle était magnifique.

Lorsqu'elle arriva à leur hauteur, elle posa un léger baiser sur les lèvres de Ron et serra le moldu contre elle avant de prendre, à leur tour, ses beaux-parents et sa belle-soeur dans ses bras.

- Vous voilà enfin ! dit-elle en souriant. J'ai cru que vous vous étiez trompé de chemin.

- Harry ne voulait pas quitter Narcissa, piqua Ginny en riant.

Le brun lui lança un regard faussement accusateur et Hermione attrapa la main de son petit-ami.

- Venez, je vais vous présenter à mes confrères.

Et tout le monde se mit à suivre la jeune femme.

La fête fut extraordinaire. Hermione le présenta au Ministre de la Magie lui-même et Harry dû admettre qu'il en fut véritablement impressionné. Il remarqua tout de suite l'air hautain de Cornelius Fudge qui lui demanda comment il envisageait sa vie maintenant qu'il était revenu à un mode de vie moldu. Harry lui précisa qu'il allait tenter de passer l'entretien d'enseignant pour intégrer Poudlard en tant que professeur de l'Étude des Moldus et l'homme pâlit un instant avant de le féliciter pour ses ambitions et ses initiatives. Finalement, leurs échanges restèrent cordiaux et Harry fut soulagé qu'il ne parle pas de la suspicion qu'il avait eu, envers lui et Dumbledore, de vouloir le renverser de son grade.

Ron lui présenta quelques uns de ses collègues de travail du Département des Jeux et Sports magiques, mais ce fut surtout Ginny qui s'y intéressa de près. À la fin de ses années à Poudlard, elle avait envisagé d'aller faire des études en France, comme Hermione, mais elle avait finalement réussi à décrocher une bourse grâce à ses excellentes compétences en Quidditch et elle suivait désormais une formation, à Poudlard, pour être professeur-remplaçant en vue de la retraite du professeur Bibine qui approchait. Son plus grand rêve était de faire partie de l'équipe des Harpies de Holyhead, mais intégrer cette équipe de renom était difficile, alors elle attendait de pouvoir passer les sélections l'année prochaine.

Ce fut monsieur Weasley qui monopolisa le plus le moldu, et Harry en fut ravi. Arthur Weasley était terriblement passionné par les moldus, et ce fut avec une grande fierté qu'il présenta le brun à ses collègues de travail, eux aussi, tous plus ou moins attachés au mode de vie moldu. Et ils furent intarissables de questions. Pour la plus grande majorité, c'était la première fois qu'ils pouvaient discuter aussi librement avec un moldu, et pour cause, Harry connaissait le monde magique, les sorciers n'avaient donc pas à faire attention à ce qu'ils disaient de peur de dévoiler leurs origines sorcières. Il leur expliqua tout ce qu'ils avaient besoin de savoir. Il leur parla du fonctionnement d'une télécommande, qui agissait plus ou moins à la manière d'une baguette magique. Il leur raconta aussi à quel point il était primordial d'avoir un réfrigérateur pour conserver la nourriture au frais, sans magie. Et bien sûr, rien ne valait mieux qu'un aspirateur-robot pour enlever la poussière sans lever le petit doigt ! Tous l'écoutèrent avec fascination et Harry se sentit important, valorisé. Vers la fin de la soirée, entouré de tous ces sorciers curieux et emballés, il se dit que peut-être, finalement, ce ne serait pas si compliqué d'intéresser les élèves sorciers au mode de vie des moldus. Et les idées dans sa tête fusèrent. Il pourrait les faire jouer à des jeux vidéos ! Ou encore leur donner comme devoir de s'écrire des e-mails ? Et pourquoi pas d'utiliser des stylos durant toute une année scolaire à la place des classiques plumes d'oie ? Sa volonté de devenir professeur d'Étude des Moldus grandit à mesure qu'il échangea avec ces sorcières et sorciers et cela le réconforta.

La soirée battait son plein et l'ambiance était merveilleuse.

Au milieu de la nuit, Harry aperçut Hermione et Ron qui discutaient au fond de la salle et se dirigea vers eux, une flute de champagne à la main lorsqu'il entendit une femme dans son dos prononcer son nom :

- Tiens, Potter.

Il se retourna, intrigué, et faillit lâcher son verre. Sa salive s'assécha dans sa bouche et il sentit son souffle se couper violemment. Son cœur se figea, cessa de battre un instant et il crut qu'on lui avait enfoncé dans la poitrine des dizaines d'aiguilles chauffées à blanc. Ses doigts se crispèrent sur sa flûte et son visage perdit toutes ses couleurs si durement acquises. Il ne s'en rendit pas compte, mais il trembla et son corps eut un mouvement de recul.

- Bonsoir Harry.

Sa voix. Il voulut s'enfuir, tout de suite, partir loin, très loin, mais son corps ne bougea pas, tétanisé, paralysé par la douleur.

Il était là.

Devant lui.

Avec elle.

Draco était immensément grand dans son costume de soirée noir, il dépassait, comme à son habitude, tous les invités présents dans la pièce et son corps était toujours aussi massif. Il était beau... Incroyablement beau. Il n'avait pas changé. Ou peut-être que si ? Ses yeux gris brillaient d'une lueur étrange et Harry crut y déceler de la mélancolie. Il avait l'air fatigué.

Le voir devant lui l'empêcha de respirer. Mais ce qui le fit mourir de douleur, ce fut le bras de Pansy Parkinson fermement enroulé autour du sien. Elle le tenait de ses deux mains et semblait s'appuyer sur lui pour rester debout, et Harry sentit ses jambes trembler lorsque son regard descendit le long du corps de la femme. Sous sa robe de soirée argentée, il le vit. Elle avait le ventre largement arrondi, synonyme d'une grossesse menée quasiment à terme. Son cœur se fendit en deux lorsqu'elle passa une main délicate sur son abdomen, souriant fièrement, et posa sa tête sur l'épaule du Serpentard.

Il voulut partir, sentant son estomac se comprimer de douleur mais il ne put détacher son regard du ventre déformé de la femme. Sa femme.

- Allons Draco, tu ne nous présentes pas ? demanda-t-elle d'une voix enjôleuse.

- Harry, je te présente Pansy. Pansy, voici Harry.

- Enchantée, je suis ravie de faire enfin la connaissance du moldu.

- D-Du moldu ? bredouilla Harry en serrant machinalement la main que la femme lui tendait.

On aurait dit un cadavre qui agissait sans s'en rendre compte.

- Oui, je te connais depuis Poudlard mais je n'avais encore jamais eu l'occasion de t'adresser la parole. Heureusement que le Ministère a clamé la légitimité de ta présence à l'école, sans quoi je pense que nous ne nous serions jamais parlé, sourit-elle.

Harry n'avait pas compris un traitre mot de ce qu'elle avait dit. Son esprit ne pensait qu'à une chose, l'enfant de Draco dans son ventre, et cela le tuait.

Elle sembla remarquer son regard appuyé et sourit en resserrant sa prise sur le bras du Serpentard et sa main passa sur son ventre avec douceur.

- Nous avons hâte qu'il arrive, dit-elle en souriant.

- I-Il ?

- Nous allons avoir un fils.

Harry sentit qu'il allait étouffer. Il devait partir. Il ne pouvait pas rester là. Pas une minute de plus.

Il leva les yeux vers Draco. Le blond regardait le ventre de sa femme, un petit sourire étirant ses lèvres.

Il allait mourir. Ça faisait trop mal.

- Félicitations, murmura-t-il.

Et il partit sans attendre de réponse, traversant la salle d'un pas rapide, presque en courant. Il sentit des larmes venir lui brûler les paupières et il tenta de les ravaler, reniflant, clignant des yeux de toutes ses forces pour les empêcher de couler. Il posa son verre sur un des plateaux des serveurs de la pièce et sortit sans un mot et sans un regard en arrière.

Il se sentait blessé, trahit. La douleur dans sa poitrine était immense, incommensurable, et il ne pouvait ôter de son esprit le sourire du blond vers le ventre de sa compagne. Draco allait avoir un fils… Il ne savait pas qu'il avait déjà une fille...

Il était hors de question qu'il l'apprenne. Jamais. Narcissa était à lui. Elle était la seule chose qui lui restait. Et il sentit un frisson le parcourir. Seigneur. Il venait de revoir Draco. Si le Serpentard décidait de revenir dans sa vie il prendrait connaissance de l'existence de sa fille et il la lui enlèverait. Il la lui prendrait ! Non, non ! Il ne devait pas ! Pas Narcissa ! Il se rappela alors que Ron, Hermione, Ginny et monsieur et madame Weasley étaient toujours dans la salle et il hésita un instant à rebrousser chemin pour les prévenir de la présence de Draco et les supplier de ne rien révéler, mais son esprit se refusa à faire demi-tour. Il n'avait pas la force de le revoir, de recroiser ses yeux, les yeux de sa fille, de revoir sa femme si proche de lui... Il se convainquit que ses amis lui avaient promis de ne jamais rien dire, et qu'il leur faisait confiance.

Inlassablement les images des mains délicates de la sorcière repassaient devant ses yeux. Elle l'avait serré contre elle si fort, s'était appuyée contre son bras. Elle avait le droit de le toucher. Elle avait droit à son soutien, à son amour, à ses sourires... Et elle se tenait, fière et droite contre lui. Comme si elle était son âme-soeur. Comme si c'était elle. Comme s'il n'avait plus aucune importance. Et cela devait être vrai…

Il secoua sa tête, ses joues striées par les larmes, définitivement trop lourdes à porter. Il s'était bercé d'illusions, et il ne savait même pas pourquoi. Il avait fait une croix sur Draco le jour où il avait décidé de ne rien lui dire. Et pourtant, ce soir, il souffrait à en mourir. Jamais il n'avait eu aussi mal... Son amour n'avait jamais décru. Lorsqu'il voyait Narcissa sourire, il voyait Draco... Lorsqu'il voyait Narcissa rire, il voyait Draco... Lorsqu'il voyait Narcissa grandir, il voyait Draco... Il était là. Constamment. Ancré en lui. Il ne pourrait jamais s'en défaire. Et il lui en voulait : il lui en voulait d'avoir réussi. Il lui en voulait d'avoir, lui, réussi à l'oublier, à avoir fondé sa propre famille, quand lui pensait encore à lui. Un an déjà qui les séparait, depuis cette fameuse nuit à Poudlard, et il n'arrivait toujours pas à l'oublier. Et Draco, lui, avançait. Il lui en voulait, mais plus que tout, il s'en voulait à lui-même. Il était faible. Incapable de faire le moindre geste alors que le blond, grand et fier, n'avait plus besoin de lui. Il se sentit ridicule et ses larmes se muèrent en rage. Il se détesta, autant qu'il avait détesté le voir si heureux sans lui. Il se trouva pathétique, car plus que jamais, il désirait courir dans cette salle et supplier le blond de revenir.

Avançant sans regarder devant lui, les yeux brouillés et le souffle court, il ne se rendit pas compte qu'il était retourné dans le hall et qu'il courait presque en direction d'une cheminée. Le visage bas et le corps tremblant, il ne vit pas l'homme face à lui et le bouscula sans un regard :

- Excusez-moi, murmura-t-il sans lever les yeux et continuant sa route.

- Harry ? C'est bien toi ? Ça alors, ça fait tellement longtemps !

Le brun se figea et se retourna tout de suite. Il aperçut alors, portant un riche costume brun, Cédric Diggory, qui lui souriait avec bonheur :

- Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

Et le châtain sembla remarquer les larmes dans ses yeux.

- Tout va bi… ?

Mais sa phrase mourut dans sa gorge. Harry s'était précipité sur lui et avait plaqué violemment ses lèvres contre les siennes. Sur la pointe des pieds, le moldu avait glissé ses mains sur la nuque du Poufsouffle et l'attirait à lui avec ferveur. Il se plaqua contre l'homme, lui arrachant un hoquet de surprise, et ouvrit la bouche. Cédric comprit instantanément et, pris d'une pulsion, il attrapa Harry par la taille et le serra contre lui avec force. Sa langue trouva toute seule le chemin jusqu'à celle du Gryffondor et il l'enfouit en lui. Harry gémit et trembla lorsqu'il sentit les mains du sorcier sur ses hanches. Il ressentait un besoin fort, puissant, une nécessité absolue, vitale. Alors il ne lâcha pas les lèvres de Cédric qui le pressa plus fort encore contre lui.

Les lèvres du Poufsouffle glissèrent jusqu'à sa gorge et Harry rejeta la tête en arrière, le regard voilé.

- Emmène-moi avec toi, murmura-t-il à demi-mot.

Le châtain releva le visage et se perdit dans les yeux brumeux du Gryffondor.

- Harry…

- Je t'en supplie, Cédric, emmène-moi.

Le serrant de toutes ses forces, le sorcier replongea le visage dans son cou et transplana, l'emportant avec lui.

Lorsqu'Harry rouvrit les yeux il devina qu'il était dans une chambre, plongée dans la pénombre. Il ne voyait pratiquement rien, et il n'eut pas le temps de se demander où il était que les lèvres dévouées de Cédric reprirent possession de sa bouche. Il se pressa de nouveau férocement contre le corps de l'homme face à lui et sentit qu'il était doucement poussé en arrière jusqu'à-ce qu'il soit renversé sur un immense lit. Il sentit les draps moelleux sous son dos et ses cheveux se perdirent dans les oreillers. À la lueur du lampadaire au dehors qui éclairait faiblement la pièce, Harry vit le sorcier grimper au-dessus de lui sur le lit. Et son souffle se coupa. Le regard de Cédric était plein de désir et de bonheur mêlé. Il reconnut dans ses yeux de l'amour, de la tendresse et une ardeur telle qu'il crut l'espace d'un instant avoir Draco en face de lui. Il secoua la tête.

Le souffle de l'homme se posa alors tout contre sa gorge et un long frisson le parcourut, lui donnant la chair de poule, lui arrachant un gémissement. Il ressentait le besoin de s'abandonner, d'oublier, et ses mains s'accrochèrent d'elles-même à la chemise du sorcier. Un sensation agréablement mouillée se fit sentir le long de son cou et il devina que Cédric le léchait d'une langue experte. Il trembla et poussa un soupir lorsque le Poufsouffle s'allongea délicatement sur lui, le pressant contre le matelas. Il sentit alors, contre sa cuisse, le membre dressé de l'homme toujours enfermé par son pantalon et fut pris d'un hoquet de stupeur. Les mains du châtain passaient sur la totalité de son corps, caressant ses bras, ses côtes, ses hanches, et descendaient, dangereusement, jusqu'à atteindre son aine, ses cuisses, ses jambes.

Ses mains se perdirent de nouveau sur la nuque du sorcier et il se pressa contre lui, plaquant son bassin contre le sien et il l'entendit grogner contre son oreille. Une de ses mains s'accrocha aux cheveux châtains, l'autre descendit le long de son corps et détailla les muscles qui passèrent sous ses doigts. Alors, il fut pris d'une rage nouvelle et s'empressa de retirer les vêtements du Poufsouffle au-dessus de lui. Cédric se dévêtit rapidement, retirant sa veste, sa cravate et sa chemise. Le moldu gémit d'agacement lorsque la boucle de la ceinture du sorcier lui résista et les larges mains de l'homme se posèrent sur les siennes pour l'aider à la défaire. Bientôt, Cédric se retrouva nu au-dessus de lui, le dominant de son corps et Harry sentit ses joues s'échauffer. Son regard se perdit sur sa peau et il voulut qu'il le prenne tout de suite.

Il ne savait pas si ce qu'il ressentait était de la colère, de l'envie ou un désir de vengeance, mais il voulait fuir les images qui s'imposaient dans son cerveau. Il voulait fuir la douleur qu'il ressentait toujours. Cédric devait le sauver. Il devait le prendre.

Alors il se dévêtit à son tour, se tortillant sous l'homme pour retirer ses vêtements et, lorsqu'il ne lui resta que son sous-vêtement, Cédric lui attrapa les mains et les glissa autour de son cou. Alors, le Poufsouffle posa ses lèvres sur sa poitrine et Harry rejeta la tête en arrière, sentant contre sa peau la myriade de baisers papillons que laissa la bouche amoureuse du châtain. Il sentit les mains de l'homme saisir ses hanches et il griffa son dos.

La bouche descendit, doucement, délicatement, jusqu'à atteindre son aine. Là, il retira la dernière barrière qui le séparait de son corps nu et Harry sentit son sexe se dresser plus qu'il ne l'était encore. Ses mains se perdaient maintenant dans les cheveux de l'homme qu'il décoiffait sans honte et son dos s'arqua lorsqu'il sentit le souffle chaud de Cédric se poser contre la base de son membre.

Alors, sans qu'il ne comprenne rien, il sentit tout à coup une immense chaleur l'envahir. Son dos s'arqua plus fort et son crâne s'enfonça de lui-même dans les coussins sous lui. Sa bouche s'ouvrit en un cri fort et silencieux et il crut qu'il allait mourir de plaisir. Son souffle se coupa dans sa gorge, l'empêchant de respirer, et alors qu'il tentait de reprendre contenance, il sentit un va-et-vient humide autour de son sexe. Lorsqu'il baissa les yeux, il aperçut Cédric, le visage concentré et il gémit. La bouche du châtain s'affairait doucement, délicatement, autour de sa verge, et il ne sut plus comment penser. Il oublia. Il oublia les images destructrices qui l'avaient mené jusqu'à ce lit. Il oublia le visage du blond qui lui manquait tant. Il oublia le ventre rond de la femme qui l'avait tant fait souffrir. Il ne pensa à rien d'autre qu'à la langue du Poufsouffle qui passait, inlassablement, contre son membre. Et c'était merveilleux. C'était si différent... C'était la première fois... Jamais Draco ne l'avait touché de la sorte... Jamais il n'avait vécu ce genre de chose...

Il secoua la tête dans tous les sens, ses mains s'agitant, s'agrippant aux draps, et son corps fut incapable de rester en place. Il ne pouvait détacher son regard du visage du sorcier qui, les mains pressant ses hanches, le suçait avec une avidité déconcertante. Harry était rouge de gêne et de plaisir, et il se rendit compte à quel point Cédric était généreux. Il sentit son cœur battre plus fort.

La bouche du châtain ne s'arrêta jamais, et Harry sentit monter dans ses reins un plaisir tel qu'il sut que la délivrance ne serait plus qu'une question de secondes. Il gémit alors plus fort, sentant son membre trembler contre la langue humide, et retira rapidement la bouche de sur lui de peur de gêner le sorcier. Il ne contrôla plus rien. Il jouit alors dans un cri plus puissant que les autres et sentit sa semence venir souiller son ventre et son buste. Ses bourses se contractèrent et il trembla de toutes parts, incapable de contrôler les soubresauts de plaisir qui l'agitaient. Son propre sperme commença doucement à couler le long de ses côtes et il se dépêcha, d'un geste maladroit, de récupérer les quelques gouttes pour les empêcher de tâcher les draps.

Il était essoufflé et devant ses yeux dansaient une myriade d'étoiles violettes. Ça avait été tellement bon... Ça avait été tellement différent...

Il sentit alors se poser contre ses cuisses les lèvres du sorcier, le visage toujours presque enfoncé entre ses jambes, et un nouveau frisson le parcourut.

- Tu es magnifique, souffla le Poufsouffle.

Harry ne pouvait pas se voir. Mais de là où il était, Cédric pouvait percevoir la rougeur adorable et délicate qu'avait étalé l'orgasme fulgurant sur sa figure. Il pouvait voir la sueur qui avait collé quelques mèches de ses cheveux noirs à son front. Il pouvait voir briller de plaisir ses yeux verts envoutants. Et il dût se retenir plus fort encore de ne pas brûler les étapes.

Lorsqu'il entendit sa voix, Harry fut frappé par la tonalité amoureuse et différente de celle du Serpentard et il ferma fort les yeux. Elles revenaient. Les images. Il était de nouveau assailli par les visions destructrices qui lui faisaient si mal. La voix n'était pas celle qu'il désirait entendre. La voix n'était pas celle qui faisait battre son cœur, et cela lui étreignit le cœur d'une culpabilité qu'il refoula de toutes ses forces, déglutissant et secouant la tête plus fort encore. Non. Il ne devait plus y penser. Il ne devait plus. Cédric avait réussi. Quelques secondes, quelques minutes, il lui avait fait oublier. Il devait recommencer. Il devait se taire, cesser de parler, et l'empêcher de penser.

Les images persistaient, inéluctables, et même si son corps réagissait au contact des lèvres sur ses cuisses, tremblant d'envie, il n'arrivait plus à chasser son regard gris. Cédric devait le prendre. Il avait besoin de le sentir, il avait besoin de se noyer dans ces sensations qu'il avait oublié depuis maintenant un an. Il avait besoin de retrouver ce plaisir qui lui était désormais interdit, volé.

Il attrapa brutalement la main du Poufsouffle et porta à sa bouche trois doigts, faisant soupirer l'homme qui le regarda faire, le sexe tremblant d'envie. Harry lécha consciencieusement chacun des doigts, les suçota, les mouilla autant que possible et, d'un mouvement pressé, les dirigea vers son entrée. Cédric parut surpris de l'empressement dont le moldu faisait preuve, mais ne posa aucune question, impatient lui aussi. Harry sentit que le sorcier lui remontait les jambes, posant sa main valide contre ses cuisses et les grands doigts se positionnèrent tout contre lui. Il les sentit alors, passant doucement la barrière de sa chair, et il grimaça de douleur.

Cela n'avait rien à voir. C'était étrange. Jamais il n'avait ressenti la moindre gêne ni le moindre mal les fois précédentes. Jamais il n'avait ressenti d'inconfort… avec Draco.

Le Poufsouffle aperçut son visage crispé et voulut retirer ses doigts mais Harry se contracta violemment, les emprisonnant à l'intérieur.

- Ça va passer, attends, murmura-t-il pour rassurer l'homme qui le regardait avec inquiétude.

Finalement, après de longues secondes, le corps du brun se détendit enfin et le Poufsouffle enfonça ses doigts plus loin. Harry le sentit aller doucement, étirer ses chairs pour les rendre plus souples, adaptées à quelque chose de plus gros. Et même s'il ressentait enfin du plaisir à les sentir le fouiller de l'intérieur, l'inconfort était toujours là, comme s'il pouvait le déchirer à chaque instant. Lorsqu'il se mit à onduler, allant de lui même à la rencontre des doigts humides, Cédric ne tint plus.

Harry sentit les lèvres de l'homme se poser sur ses cuisses et le vit se positionner entre ses jambes largement écartées. Lorsqu'il aperçut son regard brûlant, il paniqua et échappa à sa prise d'un mouvement nerveux. Il se recula alors et se retourna sur le ventre. Là, il se mit à quatre pattes et enfonça son visage dans un coussin.

Le brusque changement de position déstabilisa quelques secondes l'homme qui finit par reprendre contenance et s'avança derrière lui, posant une main chaude et caressante sur la chute de ses reins cambrée.

Harry entendit un tiroir s'ouvrir près de lui et devina qu'un capuchon venait de sauter d'une bouteille. Durant quelques secondes, il entendit Cédric s'affairer derrière lui, et alors qu'il allait relever la tête pour l'observer, il sentit les mains du sorcier se reposer contre ses reins et frissonna à leur contact poisseux.

Le moldu sentit le gland épais butter contre son entrée et ses dents mordirent violemment la taie sous sa figure. Il ne voulait pas le voir. Il ne pouvait pas affronter son regard amoureux, pas alors qu'il ne l'aimait pas. Ce soir, il avait décidé d'être égoïste. Il avait lutté, des mois durant, contre cet homme qui le regardait avec adoration et dévotion. Il avait refusé ses avances, pour ne pas le blesser dans le mensonge d'un faux-amour qui serait, pour toujours, à sens unique. Mais ce soir… Ce soir il avait besoin d'oublier. Il avait trop mal de le savoir là-bas, au bras de cette femme. Il avait trop mal de savoir qu'elle portait son enfant. Ce soir, il avait décidé de ne penser qu'à lui-même, qu'à cette souffrance qui l'empêchait de respirer, de penser. Cédric devait l'aider, comme un ami, comme un outil, il devait l'aider à ne plus penser. Alors il le supplia :

- Viens, bredouilla-t-il entre les draps, son bassin reculant, pressant son trou contre le gland. Prends-moi.

Il entendit l'homme râler et grommeler derrière lui et sentit ses doigts presser ses hanches. Lorsque le sexe du Poufsouffle entra doucement en lui, il poussa un hurlement de douleur tel que Cédric se retira aussitôt.

- Pardon, je suis désolé, souffla le châtain en parsemant son dos de milliers de baisers contrits.

- R-Reviens, balbutia Harry.

Et l'homme obéit. Le moldu avait toujours le visage caché par les coussins et il pressa de nouveau ses fesses contre le membre durcit du Poufsouffle qui tenta de nouveau d'entrer. Cette fois, Harry serra les dents jusqu'à-ce qu'il se soit enfoncé jusqu'à la garde. Alors il entendit le soupir de plaisir du châtain qui ne bougea pas, le laissant s'habituer à sa présence.

Harry haleta quelques secondes. L'intrusion en lui était agréable, mais il avait comme une sensation de brûlure. Il n'était pas habitué à ressentir de la douleur durant les ébats, et il mit quelques instants avant d'arriver à se concentrer uniquement sur le sexe en lui. Enfin, il bougea de lui même et sentit les larges mains de l'homme lui saisir le bassin.

La voix de Cédric roula sur lui et il sentit son souffle chaud le long de sa colonne vertébrale. Le Poufsouffle commença à se mouvoir en lui, et Harry ferma fort les yeux, s'abandonnant à ce contact. Cédric était tendre, attentionné et doux. Il n'avait encore jamais connu cela. Cela n'avait jamais été aussi sensuel, aussi délicat, et pourtant il sentait que l'homme qui allait et venait en lui se retenait, peut-être par peur de le blesser. Les mains du Poufsouffle caressèrent chaque parcelle de sa peau et il ne put retenir le cri de plaisir qui passa la barrière de ses lèvres lorsque le sorcier malmena sa prostate.

Il ne voyait rien. Il ne pouvait pas le voir. Il ne voulait pas le voir. Mais il le sentait. Il le sentait le prendre, exactement comme il le lui avait demandé. Il le sentait sur lui, s'appesantir sur son dos, s'enfoncer dans son corps et soupirer contre sa nuque. Il le sentait entrer et sortir de lui, lentement, tendrement, amoureusement. Et il se concentra sur ces sensations grisantes qu'il retrouvait enfin. Ses doigts le picotèrent et il se cambra d'avantage, écartant les jambes. Il avait un peu mal, ce n'était pas totalement passé, pas totalement effacé par le plaisir, et il se demanda pourquoi ce n'était pas pareil.

Et il soupira et gémit lorsque l'homme butta encore, et encore, contre sa prostate. Il s'accrocha à l'oreiller dans lequel il avait plongé son visage et lui demanda de continuer, de ne pas s'arrêter. C'était bon. Merveilleusement bon. Les coups de Cédric brouillèrent son esprit. C'était ce qu'il voulait. C'était ce dont il avait besoin.

Alors que les images s'estompaient devant ses yeux, il l'entendit, tout près de son oreille, parler de nouveau :

- Je t'aime tellement, Harry…

Et les images refirent surface avec violence.

Ce n'était pas sa voix. Ce n'était pas lui qui prononçait son nom. Lui prononçait son nom à elle. Lui ne prononcerait plus jamais le sien. Un autre homme le prenait, alors qu'il l'aimait, lui. Mais ce n'était pas lui. Ce ne serait plus jamais lui. Ce ne serait plus jamais Draco...

Il sentit alors son corps se refroidir, et les sensations d'extases disparurent contre sa peau. Il n'arriva plus à les aimer.

Il ferma les yeux de toutes ses forces et se fustigea mentalement, se grondant, et il se répéta « Non, non, je ne veux pas, il faut que je les ressente », mais ce fut peine perdue, les sensations avaient fané. Pourtant Cédric était toujours en lui et continuait de soupirer contre son corps, embrassant ses côtes, caressant ses cuisses. Alors il pensa à Draco. Il pensa à son corps dur contre le sien, il s'efforça de croire que c'était ses mains qui passaient sur sa peau, il se figura que c'était sa voix qui prononçait son nom, que c'était lui qui remplissait ce vide intolérable qu'il ressentait à chaque instant. Il pensa à ses lèvres contre les siennes, à son souffle contre son cou, à son visage entre ses jambes. Il se convainquit que c'était Draco qui le prenait et qui allait et venait d'un mouvement amoureux et attentionné. En vain. Car ce n'était pas lui. Ce n'était pas Draco. Ce ne pouvait pas être lui. Pas lorsqu'il ressentait cette brûlure. Pas lorsqu'il revoyait ces images.

Alors il pleura. Il cacha honteusement ses larmes de chagrin dans l'oreiller qui accueillit sa détresse. Son corps tressauta, hoqueta, et il se laissa prendre. Il ne ressentit plus aucun plaisir alors que Cédric continuait de l'aimer avec tant d'ardeur et de tendresse. Il se détesta de n'avoir pas su lui rendre la pareille, à cet homme si sincère et si gentil. Il ne put que pleurer, tentant de se dérober à ses baisers, attendant que cela finisse, car ce n'était pas Draco.

Il sentit la main de l'homme glisser lentement de sa hanche vers son membre redevenu mou et la saisit avant qu'elle ne l'atteigne tout à fait. Il pressa son bassin contre le matelas, cachant sa verge et la rendant inaccessible. Cédric ne posa aucune question ni n'opposa aucune résistance, il laissa simplement Harry guider sa main jusqu'à son épaule et il la saisit avec tendresse pour avoir un meilleur appui.

Après de longues minutes, le Poufsouffle accéléra l'allure et Harry sentit que ce serait bientôt terminé. Il hoqueta dans la taie tandis que le souffle de l'homme se faisait plus rauque, plus ardent, et que son membre l'ouvrait encore et encore.

Enfin, Cédric poussa un râle puissant et Harry sentit un liquide chaud se répandre dans ses entrailles par puissants jets. Le membre à l'intérieur de lui grossit encore, et son visage se crispa contre le matelas. Cela dura quelques instants. Puis il sentit que Cédric se retirait et s'appesantissait sur son dos, essoufflé, repus, satisfait.

Lorsque Cédric roula sur le côté pour libérer le moldu de sa prise, il remarqua que les coussins étaient humides et, dans la pénombre, il aperçut luire les yeux voilés du Gryffondor et son visage se tordit de tristesse :

- Je t'ai fait mal ? demanda-t-il doucement, posant une main inquiète sur sa joue striée.

Harry secoua simplement la tête, incapable de prononcer le moindre mot. Il tourna aussitôt la tête, souhaitant se soustraire au regard préoccupé de l'homme et retira sa joue de sa main qui commençait, malgré lui, à le brûler.

Il se redressa et esquissa un mouvement pour sortir du lit. Il n'était pas à sa place ici. Il en avait désormais la certitude. Mais une grande main le retint par le poignet.

- Reste, murmura le Poufsouffle.

Harry sentit son cœur se briser en entendant sa voix. La voix de l'homme était si emprunte de désespoir qu'il se trouva monstrueux d'avoir osé lui faire ça. Il se trouva horrible d'avoir osé se donner à lui, cette nuit, alors qu'il ne l'aimait pas. Il l'avait utilisé pour l'oublier et ça n'avait pas marché. Il était monstrueux. Monstrueux alors que Cédric était parfait. Et il se détesta. Cédric l'aimait tant… Il ne le méritait pas…

Il tenta de nouveau de partir, mais il fut incapable de bouger tant la poigne de l'homme était ferme.

- S'il te plait… reste…

Alors Harry ferma douloureusement les yeux et baissa la tête. Doucement, il se laissa tirer par l'homme et se glissa sous les draps. Là, il sentit les bras du sorcier se refermer sur lui et il posa sa tête contre son épaule. La joue du châtain se posa contre ses cheveux et il l'entendit soupirer doucement, ses bras le tenant avec une fermeté incroyable :

- Merci.

Il ne put rien dire, les larmes noyant sa voix et son cœur ouvert en deux. Il était un monstre.


(1) : Nom emprunté à un personnage de Phoenix Wright : Ace Attorney - Trials and Tribulations.

Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?

Un comeback inattendu de Draco et Cédric ! Vous attendiez-vous à cela ? Que pensez-vous de la réaction d'Harry ? Et que pensez-vous du couple de Pansy et Draco ? N'hésitez pas à me laisser une review, j'ai hâte de lire vos avis !

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.

À vendredi, gros bisous à tous !