Bonjour,
Merci de tout mon cœur à tous pour vos reviews ! Ca m'a fait tellement plaisir de lire vos avis : c'est vrai qu'Harry, sur ce coup, a fait une belle erreur en couchant avec Cédric pour oublier Draco... Merci d'avoir partagé avec moi votre ressenti. Merci pour vos compliments, et merci pour vos conseils et suggestions. Je suis ravie de voir que cette histoire vous emballe autant :). Continuez comme ça !
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Bonne lecture !
Chapitre 50 : « À fleur de pot ».
Lorsqu'il ouvrit les yeux, le lendemain matin, Harry paniqua et se redressa vivement, perdu. Il regarda partout autour de lui, ne reconnaissant pas l'endroit où il avait passé la nuit et quand ses yeux se posèrent sur ses vêtements et ceux du Poufsouffle au sol, il se rappela. Tout lui revint en mémoire et il pinça les lèvres. Autour de sa taille était fermement accroché le bras épais de Cédric qui dormait toujours près de lui. Lorsqu'il vit sa figure, il fut pris d'une affreuse culpabilité et cacha son visage dans ses mains, honteux. Le bas de son dos le faisait souffrir, et il se souvint de chaque détail de cette nuit où il avait fait miroiter au sorcier l'espoir de pouvoir l'aimer. Il se détesta plus encore alors que le bras le tenait comme s'il était la chose la plus précieuse qu'il possédait. Il ne pouvait pas supporter de le voir. Il ne pouvait pas supporter de le sentir. Alors, faisant le moins de mouvements possible, il sortit du lit et se rhabilla aussi vite qu'il put.
- Harry ? demanda une voix endormie.
Le moldu se retourna, terminant de remettre ses chaussures.
- Qu'y a-t-il ? demanda Cédric en se redressant sur un coude, le regard ensommeillé.
Le brun soupira et eut un regard déchiré :
- Je suis désolé Cédric. Il faut que je rentre chez moi.
Le Poufsouffle se releva aussitôt, et Harry rougit en le voyant nu à la pleine lumière du jour.
- Reste, chuchota-t-il en tirant le moldu vers lui.
Le nez du brun butta contre le torse de l'homme et il baissa les yeux, tremblant.
- Je n'aurais pas dû faire ça… souffla-t-il.
- Pourquoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ?
Cédric releva son visage vers lui et le questionna du regard, perdu. Harry sentit qu'il ne tiendrait pas le coup. Il devait partir. Cela devenait vital.
- C'est moi, expliqua-t-il doucement. C'est moi qui ne vais pas.
- Dis-moi ce qu'il y a.
- Je ne peux pas être avec toi, Cédric, murmura doucement le Gryffondor en baissant de nouveau les yeux.
Il sentit les bras de l'homme se resserrer autour de lui.
- Pourquoi ?
- Parce que… parce que j'aime quelqu'un d'autre…
Le Poufsouffle soupira dans ses cheveux et ses mains passèrent le long de son dos comme une douce caresse.
- Je sais.
Harry ferma douloureusement les yeux.
Bien sûr qu'il savait. Cela se voyait comme le nez au milieu de la figure.
- J'ai cru pouvoir te le faire oublier, j'ai cru pouvoir le remplacer. Mais je ne suis visiblement pas de taille.
- Ce n'est pas de ta faute, Cédric.
- Ce n'est pas la tienne non plus.
Harry pinça les lèvres, son visage toujours enfoui dans son buste.
- Mais je ne t'ai pas repoussé…
- Et j'ai été borné. J'avais bien vu qu'il te hantait toujours, mais je n'ai pas lâché l'affaire. J'en suis désolé, Harry…
Le brun secoua la tête et posa ses mains dans son dos, répondant à son étreinte.
- C'est moi qui suis désolé, souffla-t-il. Désolé de ne pas pouvoir être avec toi, Cédric… tu es vraiment quelqu'un de bien…
Le sorcier eut un petit rire, lui attrapa le menton et releva de nouveau son visage vers lui :
- Je t'aime, murmura-t-il.
Et il posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Harry ferma les yeux. Il était incapable de lui donner une réponse réciproque. Son baiser était chaste, tendre et amoureux et il sut que si Draco n'était pas déjà dans sa vie, ça aurait été Cédric et personne d'autre.
Lorsqu'il se détacha de lui, Harry resta pantois quelques instants et reprit enfin contenance. Il vit alors que le Poufsouffle se rhabillait hâtivement :
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda le brun.
- Je te ramène chez toi.
- Tu n'es pas obligé.
- Je sais.
Il lui sourit avec douceur et Harry sentit son cœur se réchauffer. Cédric était véritablement parfait.
...
- Tu es sûr que tu ne veux pas que je te raccompagne ?
- Je n'habite plus très loin, ne t'inquiète pas.
- Bon.
Cédric posa une main tendre sur sa joue et Harry eut un sourire contrit.
- Merci de m'avoir ramené, souffla le brun.
- Il n'y a vraiment pas de quoi.
La main du Poufsouffle ne sembla pas vouloir quitter le visage du moldu et plusieurs secondes passèrent lentement avant qu'enfin elle ne se détache de lui.
Harry le vit transplaner devant ses yeux dans un dernier « Au revoir » qui disparut en même temps que lui. Il soupira alors, se sentant toujours coupable de son comportement de la veille. Il n'avait pas réfléchit. Son corps avait réagit instinctivement et, aujourd'hui, il se rendait compte d'à quel point il était prisonnier. Prisonnier de ses émotions, de ses sentiments. Prisonnier de son amour, de son passé. Et il ne serait bon qu'à faire souffrir les autres, à cause de cette prison.
Il finit par secouer la tête et prit le chemin de campagne qui menait à sa maison, à quelques centaines de mètres un peu plus loin dans les champs.
Il était encore tôt, ce matin, même si le soleil était déjà levé. Durant tout le trajet, il se perdit dans ses réflexions, se fustigeant mentalement d'avoir traité Cédric ainsi, et refoulant la tristesse des images qu'il avait vues, hier soir, lors de l'inauguration. Il en avait assez d'être ainsi abattu et ne désirait qu'une chose : retrouver sa fille.
Alors qu'il était devant sa clôture, presque arrivé chez lui, il entendit les cris de Ron et Hermione qui appelaient son nom et leva les yeux :
- Ah ! Te voilà enfin ! s'écria la Française, penchée par une fenêtre à l'étage de la maison des Weasley.
- Bouge pas, on arrive ! hurla Ron, juste derrière elle.
Harry leur fit un petit signe et se dirigea vers sa terrasse pour attendre ses amis. Lorsqu'ils arrivèrent, courant aussi vite que possible, Hermione avait un regard triste, désolé :
- Je suis terriblement désolée, Harry, je ne savais pas qu'il était là… s'excusa la sorcière.
- Mais t'étais passé où ? demanda Ron, les sourcils froncés.
- Venez.
Harry entra dans sa maison et trouva sa mère, assise sur le sofa, Narcissa dans les bras en train de prendre son premier biberon de la journée.
- Ah mon chéri ! Mais où étais-tu ? Tu n'es pas rentré de la soirée ! Je commençais à me faire un sang d'encre.
- Tout va bien, maman, j'ai croisé un ami.
- Un ami ?
Ron et Hermione échangèrent un regard consterné. Le brun hocha la tête, posa un baiser sur le sommet du crâne de sa petite fille qui ronronna en buvant son lait et il fit signe à Ron et Hermione d'entrer.
- Bonjour madame Potter, dirent les deux sorciers.
- Bonjour les enfants, la soirée s'est bien passée ?
Hermione lui assura que tout avait été parfait.
- Excuse-nous maman, mais j'aimerais leur parler, ça ne te dérange pas de t'occuper de Narcissa encore un peu ?
- Je ne suis plus à ça près mon chéri, sourit Lily.
Le moldu la remercia et entraina ses amis jusqu'à sa chambre à l'étage. Aussitôt que la porte se fut refermée derrière eux, Hermione retrouva son air triste et contrit :
- Harry, je ne savais pas du tout que Draco devait être présent à la soirée d'hier, je suis désolée, si j'avais su…
- Ce n'est pas grave, dit doucement le brun en les faisant asseoir sur son lit. Mais que faisait-il là ?
- Il a été invité par le Ministre, je crois, fit alors Ron.
- Et est-ce que vous savez pourquoi ?
- Il me semble que c'est une histoire d'argent, et de financement de projets. Mon père n'a pas eu beaucoup d'informations.
Harry hocha la tête et baissa les yeux. Sans qu'il ne s'en rende compte, ses doigts se serrèrent sur son pantalon.
- Et vous… vous avez vu sa…
- Oui, souffla doucement Ron.
- Et vous avez vu qu'elle était encein…
- Harry, murmura Hermione en attrapant la main du moldu dans la sienne. Ne pense plus à ça.
- Ils attendent un garçon, balbutia le brun.
C'était impossible. Les images étaient ancrées, indélébiles. Il n'oublierait jamais ce ventre rond et ce visage heureux.
Ron et Hermione pincèrent les lèvres.
- Mais toi tu as Narcissa, sourit doucement la sorcière.
- Je trouve cela injuste… murmura le brun.
- Qu'est-ce qui est injuste ?
- Qu'elle ne connaisse pas son père.
Les sorciers eurent un hoquet de surprise.
- Mais c'était ton choix, Harry, dit alors Hermione.
- Je sais… je sais et il ne changera pas… je ne veux pas qu'il me la prenne… mais, quand elle grandira, et qu'elle me demandera où est son père, je ne sais pas si je pourrai répondre à ses questions…
- Tu n'en es pas encore là, dit simplement Ron.
- Mais quand j'y serai…
- Tu as encore bien des années devant toi avant qu'elle ne pose la moindre question, sourit Hermione, pour le rassurer.
- Elle va être grande sœur… elle est si petite, et elle va déjà être grande sœur…
Alors, Harry releva la tête, le regard anxieux :
- Est-ce qu'il vous a parlé ?
Les deux sorciers échangèrent un regard.
- Est-ce qu'il vous a demandé quelque chose ?
- Il voulait simplement savoir si tu allais bien.
- Vous ne lui avez pas dit que… Narcissa…
- Non, non, rassure-toi, nous n'avons jamais parlé de Narcissa.
- Et monsieur et madame Weasley ? et Ginny ? Ils… ?
- Ils n'ont pas parlé à Draco, hier soir, assura Ron.
Cela sembla le soulager et il soupira fort. Néanmoins, quelque chose en lui, une étincelle d'appréhension, restait irrémédiablement allumée. Il avait peur. Peur que Draco veuille le retrouver. Peur qu'il décide de revenir au Terrier, ou chez lui, et qu'il voit Narcissa. Peur qu'il la lui prenne, qu'il la lui enlève. Tout mais pas ça. Il en mourrait.
- Mais toi, dit alors le rouquin. Où étais-tu passé ? On ne t'a pas revu de la soirée.
Le Gryffondor baissa alors les yeux.
- Quand je l'ai vu avec sa… avec elle… je suis parti.
- Mais personne ne t'a vu prendre les cheminettes.
- J-J'ai transplané.
Ron ouvrit de grands yeux et Hermione pinça les lèvres.
- Avec qui ? demanda-t-elle.
- Avec Cédric. Cédric Diggory.
- Diggory ? souffla Ron.
Harry hocha la tête.
- Et est-ce que… commença la brune.
- Nous avons passé la nuit ensemble, mais je ne suis pas avec lui... je n'y arrive pas.
Les sorciers baissèrent les yeux. Harry vit passer sur leur visage un air triste, presque déçu.
- Je sais que c'est quelqu'un de bien, et qu'il m'aime, mais…
- C'est quelqu'un de très bien, confirma Ron pour appuyer les compliments du moldu.
- Peut-être que ça te ferait du bien de… sembla hésiter Hermione. Eh bien, de ne plus être seul.
- Je ne suis pas seul, j'ai Narcissa, et je vous ai vous et…
- Tu sais ce que je veux dire, Harry, sourit la brune.
Il pinça les lèvres.
- Oui. Je sais. Mais je ne l'aime pas. Je ne l'aimerai jamais… jamais comme je l'aime lui… jamais autant…
- Chaque amour est unique, dit doucement la Française. Il n'est pas question de quantité.
- Je ne peux pas…
- D'accord, Harry, d'accord, dit-elle alors en passant son pouce sur le dos de la main du brun. Tu n'es pas encore prêt, mais ça viendra un jour, tu verras.
Le moldu se contenta d'hocher la tête. Non. Ça n'arriverait jamais. Il le savait. Il n'avait pas la force de Draco. Lui, il était prisonnier de cet amour qui ne mourrait jamais.
…
- Harry, veux-tu bien m'apporter les filets du diable s'il te… ah, laisse, Narcissa s'en est chargée, rit madame Plantule devant son vase.
Ils étaient dans l'arrière boutique, en train de faire quelques bouquets.
Cela faisait désormais quelques semaines que la soirée d'inauguration du nouveau cabinet d'avocat d'Hermione était passée. La vie avait reprit son cours, et il avait de nouveau perdu toute trace de Draco. Et c'était tant mieux. Il se sentait constamment terrifié à l'idée que le blond ne réapparaisse dans sa vie et lui enlève sa fille. Il avait fait promettre à la famille Weasley de prendre Narcissa avec eux et de transplaner aussitôt si Draco venait à poser le pied chez lui, et avait fait faire la même promesse à ses parents, en se rendant immédiatement dans la cheminée des Weasley pour se rendre dans le magasin de Fred et George s'ils voyaient le blond près de la maison. Il n'avait nulle part où aller pour se cacher et cacher son enfant, alors il tentait de se prémunir comme il le pouvait.
Il continuait à travailler chez madame Plantule. Il trouvait d'ailleurs que le nom de la boutique, « À fleur de pot », sonnait très original. Mais en hiver, il n'y avait pas beaucoup de clients. Ils avaient reçu une grosse commande, lors du nouvel an, pour faire des bouquets qui serviraient à décorer le hall du Ministère de la Magie pour le passage à la nouvelle année, mais depuis, les commandes étaient plutôt ponctuelles. Harry en profitait pour s'améliorer en composition. Il n'était pas forcément doué pour arranger les fleurs et autres plantes entre elles, mais madame Plantule disant que son joli sourire et ses yeux verts faisaient vendre, et il était ravi de se sentir utile et de gagner son propre argent.
Narcissa avait désormais quatre mois et demi et était un véritable rayon de soleil dans sa vie. Selon lui, elle grandissait à une vitesse phénoménale et avec elle, ses pouvoirs. Il n'était pas rare, désormais, que lorsqu'il se réveille le matin il ait les cheveux verts, roses ou violets à cause de sa fille qui, dans son sommeil, laissait éclater sa magie. Parfois, elle faisait disparaître et apparaître des choses et Harry se retrouva régulièrement à devoir chercher la tétine préférée de sa fille alors que celle-ci été réapparue carrément chez les Weasley. Elle était passée maître dans l'art de la lévitation, et c'était à peine si elle ne prenait pas son biberon toute seule sans l'aide d'un adulte tant elle était douée. Harry le savait : il avait l'enfant le plus fort du monde !
- Tu sais qu'elle est vraiment très éveillée ta petite sorcière, sourit la fleuriste avec un regard impressionné vers le moldu. Je n'ai jamais vu un enfant aussi jeune avoir d'aussi grands pouvoirs.
- Ah oui ? feignit Harry d'être étonné.
- Elle deviendra une des plus puissantes sorcières de sa génération, ça c'est sûr ! continua la femme.
Harry la remercia, rougissant.
Madame Plantule était une merveilleuse personne. Elle n'avait pas été gênée le moins du monde de le prendre en temps qu'assistant, et ce, même s'il était un moldu. Son DMMMS avait suffit à la convaincre de ses capacités et connaissances du monde sorcier.
Généralement, lorsqu'il partait travailler, Harry laissait la petite fille avec ses parents, ou les Weasley. Mais il était déjà arrivé que personne ne puisse garder Narcissa. Il avait alors longuement réfléchi et fini par envisager de l'emmener avec lui au travail. La décision n'avait pas été facile à prendre, et pour cause : la montrer à madame Plantule signifiait admettre devant une sorcière inconnue qu'il avait un enfant. Cela impliquait, par conséquent, la possibilité que la nouvelle s'ébruite. Et puis un jour, lorsqu'il avait sorti son téléphone portable, et que madame Plantule avait aperçu la photo lumineuse de l'enfant sur l'écran, elle s'était extasiée tant et si bien sur sa beauté qu'il avait fini par lui avouer qu'il en était le père. Dès lors, elle avait tout de suite accepté qu'il l'emmène au travail, de temps à autre, lorsqu'il n'avait personne pour pouvoir garder sa fille. Elle avait été très touchée de voir un si jeune père prendre aussi soin de sa fille. Harry avait pris le parti de lui raconter une toute petite parcelle de vérité. Il était bien le père de Narcissa. Mais il lui raconta qu'il désirait que l'identité de sa fille et leur lien reste secret, car il avait eu de nombreux problèmes avec la mère de la petite. Madame Plantule n'avait pas cherché à en savoir plus et, prise d'une immense compassion, avait juré de ne révéler à personne qu'il avait un enfant, ni le nom de celle-ci. Avec ce petit mensonge, Harry s'en sortait désormais très bien « À fleur de pot ».
Aujourd'hui Ron, Hermione et monsieur Weasley étaient au Ministère, son père avait cours et sa mère et madame Weasley étaient allées à un salon de découvertes culinaires moldu. Il n'y avait donc personne pour s'occuper de Narcissa et madame Plantule avait été ravie de pouvoir accueillir de nouveau le bambin.
Elle restait généralement tranquillement allongée dans son couffin, derrière le comptoir, entre les cotonniers et les pieds de bruyères. De l'arrière boutique, Harry et madame Plantule avaient une vision directe sur elle et pouvaient la surveiller tout en la préservant du froid que nécessitaient les compositions florales. Narcissa était une enfant très calme et particulièrement docile. Elle ne pleurait que très rarement, et c'est aussi pour cela que sa présence ne dérangeait pas madame Plantule. Narcissa était véritablement facile à vivre, et avoir un aussi beau bébé dans la boutique égayait sa journée. Elle trouvait la petite fille également très douée : celle-ci faisait léviter toutes sortes d'objets et lui apportait même parfois les plantes dont elle avait besoin pour parfaire ses compositions florales.
Madame Plantule avait demandé au moldu si la mère de la petite était, elle, une sorcière. Harry lui avait menti, lui disant que Narcissa était une née-moldue. Il s'était bien gardé de lui dire que c'était en réalité lui qui l'avait portée, et encore plus que son deuxième père était un Particulier, ce qui expliquait ses pouvoirs supérieurs à la moyenne. La fleuriste n'avait pas posé plus de questions, déjà bien trop attendrie de voir un jeune homme, presque encore un enfant, se battre pour le bonheur de sa fille.
- Oh, Harry, il y a un client, dit la sorcière en entendant teinter la cloche de la porte d'entrée à l'avant de la boutique. Tu veux bien aller t'en occuper s'il te plait ?
- Bien sûr, sourit le moldu en essuyant ses mains humides de sève sur son tablier.
Harry sortit de l'arrière boutique et lança un fort et joyeux :
- Bienvenue À fleur de pot, puis-je vous aider ?
Et son sourire se fana.
- Et bien, Harry, quel plaisir de te revoir ! Je ne m'attendais pas à te trouver ici. Je ne savais pas que travaillais sur le Chemin de Traverse.
Devant lui, Tom Jedusor. Cela faisait maintenant au moins sept mois qu'il ne l'avait plus revu, depuis le jour où… Il secoua la tête et afficha un sourire faux :
- Bonjour Tom, comment vas-tu ?
- Je suis heureux que tu n'aies pas oublié mon nom.
Le sorcier avait quelque chose de changé. Il portait un costume de soie noire et, à sa main, était accrochée un porte-document avec le symbole du Ministère de la Magie. Sa tenue témoignait d'une certaine richesse, voire opulence et Harry se dit qu'il devait désormais avoir un poste important au Ministère.
Il vit le sorcier s'avancer vers lui, un sourire satisfait sur les lèvres et il eut toutes les peines du monde à ne pas reculer lorsqu'il posa sa grande main sur son épaule :
- J'espère que tu ne m'en veux pas, pour la dernière fois. C'était un terrible accident.
Il secoua la tête et fit son sourire le plus vendeur :
- Comment puis-je t'aider aujourd'hui ? demanda-t-il, éludant la question.
Le Serpentard eut un rictus piqué.
- C'est l'anniversaire de la mort de mon père, j'ai besoin d'une gerbe de fleurs.
- Oh, je suis désolé, Tom, dit doucement Harry en passant derrière le comptoir pour attraper un calepin et noter la commande du grand homme.
- Il ne faut pas. C'était un moldu. Il n'avait rien d'intéressant.
Le Gryffondor pinça les lèvres, ne relevant pas la remarque du sorcier. Et aussitôt, le Serpentard ajouta :
- Mais tous les moldus ne sont pas inintéressants.
Il avait ponctué sa phrase d'un sourire séducteur et Harry s'était dépêché de baisser les yeux, profondément mal à l'aise.
- Souhaites-tu que nous ajoutions un ruban de deuil sur la gerbe ?
- Ce ne sera pas nécessaire. Il ne sera pas là pour le lire, de toute manière.
Harry n'arrivait pas bien à cerner l'homme. À la fois il venait chercher un bouquet pour commémorer l'anniversaire de la mort de son père, à la fois il semblait désintéressé de l'évènement et insensible. Tom avait toujours eu le chic pour le faire sentir incommodé.
- Quelles fleurs aimerais-tu pour la composition ?
- Lesquelles me conseilles-tu ?
Le sorcier s'appuya sur le comptoir, se penchant vers lui et il recula d'un pas.
- Nous avons de très jolis roses blanches, ou des…
- Va pour les roses blanches.
À ces mots, le Serpentard vit une petite fleur, grande ouverte, s'envoler de derrière le comptoir jusqu'à lui et il haussa les sourcils de surprise.
Harry blanchit lorsqu'il vit le sorcier attraper la rose entre ses doigts et ses yeux se portèrent vers Narcissa qui gazouillait, faisant s'envoler des fleurs, des feuilles et des pétales, partout autour d'elle. Il essaya de se mettre juste devant son couffin pour la cacher mais Tom se pencha plus encore et eut un sourire surpris :
- Ça alors. Je peux le voir ?
Harry ferma douloureusement les yeux et se retint de soupirer d'appréhension. Il prit le couffin qu'il posa sur le comptoir. Aussitôt Tom se pencha sur l'enfant qui fit, avec un rire, s'agiter son porte-document. Il détailla l'enfant et se redressa enfin :
- D'où vient cet enfant ? demanda-t-il.
- Elle est à moi.
- Comment s'appelle-t-elle ?
- Narcissa.
Il haussa les sourcils de surprise et ses yeux se posèrent de nouveau sur le bébé. Alors, il eut un petit sourire méfiant :
- Tu ne m'avais pas dit que tu avais eu un enfant. Félicitations. Et où est l'heureuse mère ?
- Oh… j-je suis son seul parent.
Un sourire faux étira les lèvres du Serpentard.
- Je suis vraiment désolé.
- Il ne faut pas, nous nous en sortons très bien tous les deux, assura le moldu.
Le Serpentard fit mine de sentir la rose que l'enfant avait posé entre ses doigts et fit signe à Harry de le rejoindre. Le moldu passa de l'autre côté du comptoir.
- Et cela fait longtemps qu'elle a des pouvoirs ? demanda-t-il alors, en guidant la rose sous le nez du brun.
Harry sentit la fleur.
- Depuis sa naissance.
- Mmh, je vois.
Le sorcier lâcha alors la plante qui tomba au sol. Et il avança, l'écrasant sous son pied.
- Ce n'est pas trop dur, pour un moldu, de s'occuper seul d'un enfant sorcier ?
- Elle n'est pas très difficile, souffla Harry, sentant le Serpentard se rapprocher de lui.
Le brun recula.
- Peut-être qu'elle a besoin de quelqu'un qui a des pouvoirs aussi, pour l'aider à les canaliser, murmura l'homme, s'approchant encore.
Harry se sentait pris au piège. Toujours. Le grand corps du Serpentard s'approchait de lui, toujours plus près de lui, l'obligeant à reculer, encore et encore, pour lui échapper. La peur lui tordit les boyaux. Que voulait insinuer le sorcier ?
- Elle n'a besoin de r…
- Peut-être que tu as besoin de quelqu'un qui a des pouvoirs qui pourrait s'occuper de cette sorcière, qui pourrait… te soulager…
- Tom, dit aussi fermement que possible le Gryffondor. Nous n'avons besoin de rien, je t'assure.
- Tu ne peux pas t'occuper d'un enfant sorcier tout seul, tu n'es qu'un moldu.
Il fronça les sourcils et son dos butta contre le bois du comptoir.
- Je pourrais t'aider, murmura l'homme, plaquant son corps contre celui du brun, désormais acculé. Je pourrais te donner tout ce dont tu as besoin.
Harry ouvrit la bouche pour protester mais une langue inquisitrice s'enfonça en lui, le faisant hoqueter de surprise. Il sentit le grand corps de l'homme l'empêcher de bouger, le plaquant contre le comptoir de son bassin. Les mains du sorcier attrapèrent son visage, l'empêchant de se reculer alors qu'il commençait à geindre de dégoût et d'horreur.
Il sentait la langue vorace du Serpentard fouiller sa bouche et son corps eut un haut-le-cœur. Il se débattit, râlant et gémissant, tentant de le repousser, mais l'homme semblait beaucoup plus fort que lui.
Les mains commencèrent à descendre le long de sa gorge et il entendit l'homme grogner de plaisir contre sa bouche. Lorsqu'il sentit le membre du sorcier grossir contre son ventre, il paniqua. Ses jambes flageolèrent, tremblantes de peur. De toutes ses forces il s'agita dans tous les sens et, d'un mouvement rageur, mordit la langue de l'homme qui poussa un cri de douleur en se séparant enfin de lui.
- Tu m'as mordu ?! s'écria-t-il, la colère imprimé sur le visage.
Alors Harry lui asséna une puissante gifle. La bruit sourd du claquement retentit dans la boutique et la joue du sorcier se mis à rosir puissamment. Harry plaqua sa main coupable contre son coeur et la serra fort, comme brûlé par la réalité de ce qu'il venait de faire.
Le Serpentard le regarda avec des yeux noirs, sombres de colère et de désir contenus et Harry sentit qu'il avait fait une terrible erreur. La peur s'empara de lui et il fut incapable de prononcer le moindre mot. Son corps trembla de tous ses membres.
- Tu vas me le payer, siffla le Serpentard.
L'homme jeta un regard noir à la petite fille qui pleurait désormais dans son panier, et sortit de la boutique d'un pas rageur.
Alertée par le tumulte, madame Plantule arriva, perdue. Son regard se porta alors sur le moldu qui attrapait dans ses bras son enfant pour la faire tressauter contre son épaule et la calmer.
- Que s'est-il passé ? demanda-t-elle, inquiète. Pourquoi pleure-t-elle ?
- Rien du tout, ne vous inquiétez pas, la rassura Harry avec un petit sourire.
Harry le savait. Le regard du Serpentard avait été tel qu'il était désormais certain qu'il n'en resterait pas là, et il eut toutes les peines du monde à consoler sa petite fille.
…
Harry, Ron et Hermione faisaient une partie de pendu réutilisable sur la table de la cuisine des Potter et, par miracle, le moldu était en tête. Généralement, c'était Hermione la meilleure à ce jeu, mais aujourd'hui, Harry s'était montré particulièrement doué. Près d'eux, dans une petite balancelle somnolait Narcissa, sous leur regard attentif.
- D, proposa le rouquin.
- Faux.
Ron pinça les lèvres, il ne voulait pas perdre une nouvelle fois !
- Bon ben G alors…
- Encore faux. Tu vas bientôt être pendu, Ron.
- Il n'est pas marrant, votre jeu, râla-t-il.
- Mauvais perdant, rit Hermione en posant une tendre main sur son épaule.
Alors qu'Harry s'apprêtait à donner la bonne réponse, il fut interrompu par sa mère qui arriva de dehors, des lettres et un colis sous le bras.
- Tiens mon chéri, dit-elle en lui tendant une enveloppe blanc cassé. C'est à ton nom.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il, haussant les sourcils. J'ai déjà reçu ma convocation pour l'entretien à Poudlard.
Lily haussa les épaules, posa un baiser sur la tête de sa petite fille et rejoignit son mari dans son bureau pour lui remettre son colis.
Ron et Hermione levèrent les sourcils de surprise, puis les froncèrent, méfiants.
- C'est une lettre du Ministère, dit Ron.
Harry remarqua alors le symbole caractéristique de la Direction du monde sorcier et déglutit.
- Ça veut dire quoi ? J'ai fait quelque chose de mal ? demanda-t-il, anxieux.
Il ne se rendit pas compte que ses mains tremblaient.
- C'est peut-être une bonne nouvelle, tenta Hermione.
- Ça m'étonnerait, la contredit Ron. Généralement c'est quand on a fait une conner…
Et la brune lui donna un coup de coude dans le ventre, l'empêchant de terminer sa phrase.
Harry pinça les lèvres. Il n'avait encore jamais reçu de courrier du Ministère, mais il savait que même dans le monde moldu, recevoir une lettre d'un établissement aussi important ne pouvait pas être bon signe. Il y avait forcément un problème. Doucement, les doigts moites et tremblants, il décacheta l'enveloppe, brisant la cire rouge, et sortit un morceau de parchemin où une écriture fine et délicate s'étalait. Il inspira profondément et commença sa lecture silencieuse :
« Cher monsieur Potter,
Veuillez prendre connaissance de cette mise en demeure : vous avez été aperçu avec un enfant présentant des pouvoirs magiques. Or aucun de nos registres ne vous mentionne comme étant le représentant légal d'un sorcier. La législation en vigueur veut que vous nous remettiez immédiatement l'enfant afin qu'il soit placé en famille d'accueil sorcière et que vous régularisiez vos droits légaux sur celui-ci. Le cas échéant, l'enfant sera proposé à l'adoption.
- Cordialement, Mafalda HOPKRIK, du Département des Affaires Sociales Sorcières ».
Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?
Vous attendiez-vous à revoir Tom dans ce chapitre ? Vous attendiez-vous à voir une telle lettre être envoyée à Harry ? Que faire ? Comment réagir ? Et Draco dans tout ça ?
N'hésitez pas à me donner votre avis, ça me fait toujours super plaisir de vous lire. Vous êtes ma dose de bonheur !
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de connaître la suite.
Des bisous, à mardi ;).
