Bonjour,
Je voulais vous remercier de tout mon coeur pour vos reviews ! Je sais que vous attendez à chaque fois la suite avec impatience. Et bien, moi, ce sont vos reviews que j'attends toujours avec impatience. Alors merci, vraiment, à tous ceux qui prennent le temps de m'écrire un mot. Vous êtes ma dose de bonheur du mardi et du vendredi ! Merciii !
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Avertissement : ce chapitre contient des scènes de violences sexuelles, psychologiques et physiques.
Bonne lecture !
Chapitre 51 : Mise en demeure.
Harry avait cessé de respirer. Purement et simplement. Son coeur avait atrocement ralenti et il se demanda l'espace d'un instant s'il n'était pas mort. Son visage avait perdu toutes ses couleurs et il avait dû se rattraper au bord de la table pour ne pas s'effondrer. Il avait mal. Affreusement mal. Et une peur viscérale s'infiltrait dans ses veines, le faisant secouer la tête, niant.
- Non, c'est impossible… murmura-t-il, la lettre tombant de sa main sur la table.
Ron et Hermione écartèrent le jeu magique et saisirent la feuille pour la lire à leur tour. Alors, la jeune femme ouvrit de grands yeux et Ron se leva rageusement.
- Qu'est-ce que c'est que ces conneries ? s'énerva-t-il en tapant du poing sur la table, juste devant la sorcière. Ils n'ont pas le droit de lui prendre son enfant, n'est-ce pas Hermione ?
- Je… je ne sais pas, je… bredouilla-t-elle.
- C'est impossible… souffla le moldu, désemparé.
- Est-ce qu'ils en ont le droit ?! tonna Ron avec un nouveau coup.
Hermione sembla reprendre contenance et reposa la lettre sur la table.
- Comment j'ai pu être aussi bête, gémit-elle en se prenant la tête entre les mains.
Harry ne voyait plus rien. Les yeux hagards, ahuris, il fixait le vide, et son corps entier semblait sur le point de s'effondrer. Son cerveau travaillait à mille à l'heure, et pourtant, il ne réfléchissait à rien.
Ils n'avaient pas le droit. C'était impossible. Pas elle. Pas Narcissa. Pas sa fille.
- Je suis terriblement désolée, Harry, s'effondra alors Hermione, le faisant sursauter.
La jeune femme eut un regard profondément triste et désolé :
- De quoi es-tu désolée ? demanda-t-il doucement.
- J'aurais dû te prévenir.
- À propos de quoi ?
- Les enfants sorciers doivent impérativement être reconnus à la naissance, tout comme les moldus. Mon Dieu, mais comment ai-je pu ne pas y penser plus tôt !
Harry sentit alors un long frisson traverser sa colonne vertébrale et sa voix se brisa :
- M-Mais… mais je ne l'ai jamais déclarée comme étant ma fille au Ministère de la Magie ! Je ne l'ai même jamais fait dans le monde moldu ! paniqua-t-il.
- Je ne suis qu'une idiote ! s'écria Hermione, les larmes au bord des yeux.
Elle se sentait coupable. Horriblement coupable. Elle qui avait fait des études de droit social sorcier, elle savait pourtant la démarche à faire quand on venait d'avoir un enfant. Et elle n'y avait même pas pensé. Avec le besoin d'Harry de tenir secrète la naissance de la petite fille, jamais il ne lui était venu à l'idée que la loi serait alors contre eux… Maintenant ils allaient la lui prendre. Ils allaient prendre Narcissa.
Harry se précipita sur sa petite fille qu'il souleva contre lui et serra dans ses bras, la faisant sursauter.
- Dis-moi que c'est faux, Hermione, supplia-t-il. Dis-moi qu'ils n'ont pas le droit de la réclamer !
La sorcière enfonça son visage dans ses mains, les épaules basses. Ron posa sa main sur l'épaule de la jeune femme, mais l'autre restait irrémédiablement fermée en un poing violent.
- Dis-le moi ! s'alarma le moldu.
- Si… ils en ont le droit…
Alors la bouche du moldu s'assécha et il serra son enfant contre son cœur. C'était hors de question.
- Non.
Les sorciers levèrent les yeux vers lui.
- Ils ne l'auront pas.
Il serrait Narcissa comme s'il était sur le point de mourir, et la petite fille rit en sentant son souffle sur sa joue.
- C'est ma fille. Ils ne me l'enlèveront pas.
- Harry… pleura Hermione.
- Tu as raison, la coupa Ron.
Et la Française leva les yeux vers le rouquin.
- Tu es son père. Tu es la seule chose qu'elle a. S'ils la veulent, ils devront me passer sur le corps.
Il brillait dans les yeux de Ron une lueur de défi et de colère sans nom et Harry hocha la tête d'un coup sec, déterminé.
Il n'en était pas question. Il l'avait portée et mise au monde. Il s'en était occupée et l'avait aimée. Et aujourd'hui, sous prétexte qu'il n'avait pas mis son nom sur un bout de papier, elle n'était plus à lui ? Non ! Jamais il ne les laisserait la lui prendre ! Ni eux, ni personne ! Sa peur s'était muée en rage, en colère, en détermination.
- Harry, c'est la loi, ils…
- Je m'en fiche, Hermione ! C'est ma fille !
- Mais nous ne l'avons pas déclarée, elle n'est…
- C'est ma fille ! répéta-t-il, l'empêchant de parler.
Il la fusilla du regard. Il se sentait trahit.
- Comment oses-tu prétendre que je doive la leur donner, alors qu'elle est à moi !
Hermione sentit les larmes couler le long de ses joues.
- C'est la seule solution... c'est juste le temps que tout soit régularisé... elle ne porte pas ton nom…
- Et alors ?! s'insurgea-t-il. Qu'est-ce que ça peut changer ?! Je l'ai mise au monde !
- C'est la loi…
Alors les doigts de Ron se serrèrent sur l'épaule de la sorcière et elle leva les yeux sur lui :
- Ce n'est pas parce que c'est la loi que c'est forcément juste, dit alors Ron.
Et elle écarquilla les yeux.
- Mais, mon métier, mon…
- Tu es une avocate hors pair, Hermione. Et aujourd'hui, c'est Harry que je te demande de défendre.
Le souffle de la sorcière se coupa.
- Je te demande de défendre Narcissa.
Elle aperçut le bébé qui observait de ses yeux gris le jeu abandonné sur la table.
- Je te demande de défendre notre filleule.
Et ce fut comme si Ron avait allumé un feu en elle. Elle essuya ses larmes et hocha la tête.
- Je te demande pardon, Harry, souffla-t-elle.
Le brun la fusilla du regard. Elle baissa les yeux, mais sa voix se fit forte, assurée :
- Je ne les laisserai pas te la prendre.
Le moldu respira fort quelques instants, sentant battre contre lui le petit cœur du bébé et, enfin, il soupira et son corps se relâcha légèrement :
- Heureux de te l'entendre dire, souffla-t-il durement.
Harry se rassit à sa place et Ron en fit de même, la main toujours sur l'épaule de la sorcière. Ils se turent quelques secondes, remettant leurs idées en place. Harry en voulait à Hermione d'avoir voulu le faire plier devant le Ministère, mais il savait que les intentions de son amie n'étaient pas contre lui. C'était, justement, pour lui éviter les ennuis qu'elle l'avait poussé à suivre les instructions de la mise en demeure. Mais Narcissa était sa fille, et rien ni personne ne pourrait la lui enlever. Ni un jour, ni une heure, ni une seconde. Jamais.
Finalement, Ron reprit la parole :
- Comment l'ont-ils su ?
Harry et Hermione levèrent le visage vers lui.
- Quoi ? demanda le moldu.
- Comment ont-ils su que tu avais un enfant, et que Narcissa était une sorcière ?
Et Harry se figea instantanément.
- Nous n'avons parlé d'elle à personne, et personne, autre que nous, ma famille, nos amis et nos professeurs n'étaient au courant, continua le rouquin. À moins que l'un d'eux n'ai…
- Je sais qui c'est.
Les yeux se braquèrent sur lui qui s'était mis à trembler de rage.
- Alors qui est-ce ? demanda Ron.
- C'est Tom Jedusor.
- Quoi ?
Et Harry se sentit exploser de colère et ses mains se crispèrent sur le dos du bébé qui babillait dans son oreille.
- C'est lui ! Je suis sûr que c'est lui !
- Mais comment… ? commença Ron.
- Il était au courant ? demanda Hermione, abasourdie.
Harry se mordit la lèvre inférieure de rage et souffla fort, se sentant fulminer.
- Il l'a vu, il y a trois jours.
- Trois jours ? Mais où ça ?
- Chez madame Plantule.
- Tu es sûr que ce n'est pas madame Plantule qui aurait… commença Ron.
- Non. C'est lui ! C'est lui ! Ça ne peut être que lui !
- Mais enfin, explique-nous, Harry, souffla doucement Hermione, tendant la main vers lui.
Harry regarda longuement la main tendue et finit par poser la sienne par dessus, gage de réconciliation. Il avait plus que jamais besoin de ses amis.
- Tom, il a… il m'a embrassé.
- Il a quoi ? s'étouffa Ron.
- Mais je l'ai repoussé et je l'ai… je l'ai frappé.
Les sorciers écarquillèrent grand les yeux.
- Mon Dieu, murmura Hermione.
- Tu l'as frappé ? Mais tu es devenu fou ! s'écria le rouquin.
- Quoi ? s'énerva de nouveau le moldu. Tu aurais préféré que je me laisse faire ? C'est toi, je te rappelle, Ron, qui m'a dit de me défendre un peu !
- Mais nous ne sommes plus à Poudlard, nous sommes plus là pour te venir en aide ! Il n'y a plus de professeurs, plus de Draco, plus de… il aurait pu te jeter un sort, Harry !
- Mais il ne l'a pas fait !
- Il a fait bien pire ! enragea le rouquin.
Harry fronça les sourcils, se leva, reposa Narcissa dans sa balancelle, et fusilla du regard son ami :
- Tu insinues que c'est ma faute ? Que c'est moi qui ai cherché les ennuis en me défendant ?
- Non, mais… !
- Ce n'est pas parce que c'est un sorcier que je dois tout lui laisser passer !
- Mais il faut que tu sois plus prudent ! Tu ne peux pas risquer ta vie et celle de ta fille sans jamais te… !
- Je sais très bien ce que je fais, Ron !
- Du calme, du calme, intervint doucement Hermione, levant les mains en l'air en guise d'apaisement.
Harry se rassit durement, le corps tremblant et les lèvres pincées.
- Ce n'est pas ta faute, Harry, finit-elle par dire.
- Merci, dit-il sèchement.
- Donc c'est Tom Jedusor, reprit-elle doucement.
Le moldu hocha la tête. Il ne décolérait pas.
- Avant de partir, il m'a menacé. Mais je n'avais pas compris qu'il parlait de dénoncer Narcissa aux autorités. Je n'avais pas compris que…
- Tu ne pouvais pas savoir, le rassura-t-elle.
Ron serra les poings.
- Quel fils de pute… !
- Ron ! intervint Hermione.
Et le rouquin serra les dents.
- Il travaille au Ministère, dans le Département des Alliances Sorcières. Si je croise sa sale gueule de con je jure que je… !
- Ça suffit ! le coupa la jeune femme.
- Tu es de son côté ? s'indigna Ron.
- Non. Mais comme tu l'as si bien dit, nous devons défendre Harry. Je dois défendre Harry. J'ai besoin que vous m'aidiez à trouver une solution, pas à insulter Tom Jedusor.
Ron baissa les yeux et lança un faible :
- C'est quand même un connard.
La sorcière jeta un regard en coin à Narcissa qui agitait ses petits poings dans les airs pour tenter d'atteindre les jouets qui pendaient au-dessus de ses yeux. Sa conviction grandit.
- Nous allons contester cette mise en demeure.
Harry releva le visage vers elle.
- C'est possible, ça ? demanda-t-il, incertain.
- Oui. Mais il nous faudra monter un dossier. Un dossier en béton.
- Pour quoi faire ? questionna Ron.
- Nous allons aller régler cette affaire au tribunal des affaires familiales.
Et Harry blanchit.
- A-Au tribunal ? bredouilla-t-il. Mais… mais alors tout le monde sera au courant, tout le monde…
- Nous n'avons pas le choix. Nous devons prouver qu'elle est ta fille, sans quoi ils enverront des Aurores la prendre et qui sait combien de temps ils la garderont jusqu'à-ce que ta situation légale soit régularisée.
Harry paniqua de nouveau, horrifié :
- Mais elle est venue au monde dans le secret le plus total, intervint-il. Je n'ai jamais mis le pied dans un hôpital, seulement une poignée de personnes est au courant et je… mais enfin, Hermione, personne ne voudra croire que je suis son père biologique sans qu'il n'y ait une mère !
- Nous allons nous débrouiller, dit fermement la sorcière, refermant ses mains sur celles du moldu face à lui. Nous trouverons des preuves. Ils ne pourront pas nier l'évidence. Il s'agit de ta fille, et même s'il faut faire un test de paternité, nous en passerons par là, d'accord ?
La voix de la jeune femme était si pleine de conviction qu'Harry sentit qu'il était soutenu, pris en charge, aidé, et cela le rassura. Hermione était désormais totalement de son côté, et elle semblait savoir quoi faire. Alors il hocha doucement la tête. Cependant, une idée ne le lâchait pas, et cette idée lui faisait terriblement peur.
- Mais si nous allons au tribunal et que… qu'ils demandent où est sa mère, jamais nous ne pourront leur répondre quoi que ce soit !
- Nous leur dirons qu'elle l'a abandonnée à la naissance.
- Ils ne nous croiront pas ! Ils demanderont qui est la sorcière qui aurait abandonné sa fille, et quand ils comprendront que nous mentons, quand ils comprendront que...
- Alors nous leur dirons la vérité.
- Mais ils ne nous croiront pas ! Un homme ne peut pas porter un enfant, Hermione ! Comment veux-tu que nous soyons crédibles ?
- Je les convaincrai.
- Et s'ils acceptent de croire que je suis celui qui l'a portée, ils demanderont qui est l'autre père, ils… ils voudront voir Draco, et ils lui diront, ils…
- Personne ne dira rien. Cela ne concerne pas Draco. Il s'agit de la déclarer comme étant ta fille.
- Mais…
- Ta fille, Harry. La tienne. Peu importe qui est l'autre père. Ce qui importe, c'est toi.
Le moldu hocha la tête. Il ne fallait pas que cette affaire s'ébruite. Il ne fallait pas que Draco sache. Il avait déjà un combat à mener : celui de déclarer sa fille au monde sorcier sans qu'on la lui enlève. Il ne pouvait pas mener deux batailles de front et empêcher également Draco d'approcher. Personne ne lui prendrait son enfant. Non, personne.
- Mais comment allons-nous faire pour monter ce dossier ? demanda alors Ron.
Hermione parut réfléchir et eut un visage sérieux et sévère :
- Nous aurons besoin de témoins. De tous les témoins possibles.
Le rouquin hocha la tête.
- Nous proposerons aussi que tu prennes du veritaserum s'il y a une audience. Tu seras incapable de mentir, ils ne pourront pas nier les faits.
Le moldu acquiesça.
- Et nous demanderons à ce qu'un test de paternité soit effectué. Cela prouvera par voix médicale qu'il s'agit bien de ton enfant.
Les deux hommes hochèrent la tête, écoutant attentivement les éléments dont Hermione auraient besoin.
Ils restèrent ainsi au moins deux heures, à élaborer les détails du dossier juridique que s'apprêtait déjà à monter la sorcière. Harry fut soulagé de l'entendre prononcer des extraits judiciaires qui semblaient tendre dans sa direction et dans son camp. La situation ne semblait pas perdue. Ils auraient le dernier mot, et Narcissa ne le quitterait pas.
Enfin, après un temps infiniment long, Hermione se leva et les autres en firent de même.
- Ron, va chercher Ginny, Dean, Neville et Luna. Demande-leur de venir au Terrier, nous les ferons témoigner sous serment.
- Bien.
Et aussitôt le rouquin transplana.
- Harry, toi tu vas te rendre au Ministère pour contester cette mise en demeure.
Le moldu tressaillait.
- Et s'ils n'acceptent pas ?
- Il existe un décret qui les oblige à te laisser quinze jours pour contester cette lettre. C'est le décret quatre cent vingt-neuf. Retiens-le bien. Explique-leur bien que tu as fait appel à un avocat et que tu es en train de monter un dossier pour appuyer ta contestation. Tu peux leur dire mon nom. Qu'ils viennent me voir directement s'ils ne sont pas d'accord.
Harry hocha doucement la tête et ses doigts serrèrent ceux de la jeune femme.
- Moi je vais aller à Poudlard. Les professeurs Dumbledore, Rogue, McGonagall et madame Pomfresh seront nos témoins les plus importants. C'est madame Pomfresh qui a sorti Narcissa de ton ventre. Son témoignage est primordial.
- D'accord.
- Ne t'inquiète pas, Harry, je ne t'abandonnerai pas. Je n'abandonnerai pas Narcissa.
Alors Harry sentit une profonde affection lui étreindre le cœur. Il prit son amie dans ses bras, enfouissant son visage dans ses cheveux frisés.
- Merci, Hermione.
- Excuse-moi d'avoir tenté de t'en dissuader…
- C'est oublié.
Et la sorcière lui rendit son étreinte. Après quelques instants, ils se séparèrent et Hermione passa une main délicate sur sa joue.
- Vas-y. Nous allons y arriver, je te le promets.
Harry la remercia encore, elle sortit alors de la maison et alla directement chez les Weasley.
Le brun mit quelques secondes pour reprendre contenance. Tout se remettait doucement en place dans sa tête. Toutes les émotions se bousculaient dans son corps. Il était à la fois fâché, en colère, il fulminait, et la peur prenait aussi possession de ses bras, de ses jambes, de ses mains. Mais un certain soulagement se répandait dans ses veines et une détermination sans faille le faisait désormais respirer.
Narcissa babillait toujours dans sa balancelle, faisant voler la salière et la poivrière au-dessus d'elle. Le brun passa une main dans les cheveux noirs de sa fille et courut presque jusqu'au bureau de son père où ses parents riaient.
- Maman, papa, est-ce que vous voulez bien garder Narcissa ?
- Bien sûr mon chéri, sourit Lily. Tu vas quelque part ?
- Au Ministère de la Magie.
Ils haussèrent les sourcils.
- Au Ministère ?
- Je vous expliquerai plus tard.
Il fit promettre à sa mère de prendre soin de Narcissa. Il eut une requête étrange et affolée : si un ou plusieurs sorciers inconnus venaient à s'approcher de la maison, elle devait prendre Narcissa avec elle, se rendre en urgence dans la maison des Weasley et prendre la poudre de cheminette vers le bureau du professeur Dumbledore à Poudlard. Lily ne comprit pas pourquoi son fils semblait soudainement prendre peur, mais elle ne posa aucune question, et le lui jura.
Et il repartit aussitôt. Il embrassa sa fille, attrapa la mise en demeure qu'il fourra dans sa poche et sortit en trombe de la maison, laissant derrière lui Lily qui venait sauver la petite fille d'une avalanche de poivre.
Harry courut jusqu'au salon des Weasley qui était vide, attrapa une grosse poignée de poudre de cheminette et s'écria :
- Ministère de la Magie !
Et il disparut dans une volute de fumée verdâtre.
Lorsqu'il arriva à bon port, il sortit à grande vitesse de la cheminée et se dirigea tout de suite vers l'ascenseur du fond. Sur l'un des boutons, il aperçut le nom « Département des Affaires Sociales Sorcières » et il appuya dessus de toutes ses forces, emporté par l'émotion et le stress. L'ascenseur se mit aussitôt en mouvement et il dû s'accrocher aux barreaux de celui-ci pour ne pas être balancé d'avant en arrière.
Quand les portes s'ouvrirent enfin, il s'élança directement dans les longs couloirs noirs et chercha activement un panneau qui lui indiquerait un secrétariat ou un bureau spécialisé.
Alors, il aperçut à quelques mètres de lui, le sorcier qui l'avait plongé dans l'horreur, et il perdit tout contrôle.
- Tom ! hurla-t-il.
Le sorcier se retourna, un large sourire fier étalé sur les lèvres.
- Tiens, Harry !
Le visage du Gryffondor fut défiguré par la colère.
- Espèce de salaud !
- Est-ce donc comme cela que l'on parle à un ancien camarade de classe ?
- Comment as-tu pu faire ça ?! Comment as-tu pu remettre en question ma garde de Narcissa ?!
- Cette gamine n'a pas de mère, c'est bien que tu l'as volée quelque part.
- Mais je suis son père ! C'est moi son seul parent !
- Donc tu empêches sa mère de la voir ?
- Non je… ! C'est moi qui l'ai portée !
Les yeux du Serpentard s'écarquillèrent.
- Pardon ?
- Je sais que c'est difficile à croire, mais c'est la vérité. J'ai porté Narcissa !
- Tu peux… porter des enfants ?
Le moldu hocha la tête. Il ne décolérait pas, et Tom affichait désormais un sourire malsain.
- Parce que tu penses sincèrement que je vais te croire ?
- Donne-moi du veritaserum, tu verras que je ne mens pas ! souffla Harry, les dents serrées.
Le Serpentard écarquilla alors les yeux.
Il le croyait.
Jamais personne ne jurerait dire la vérité en prenant du veritaserum s'il n'était pas parfaitement honnête, et encore moins un moldu. Harry sentit une certaine satisfaction monter en lui. Il le croyait. C'était une petite victoire. Mais il blanchit lorsqu'il vit Tom froncer les sourcils.
- Alors où est son autre père ?
- Il… il est… il a refait sa vie.
- Qui est-ce ?
Mais Harry ne répondit rien.
- C'est Malfoy, c'est ça, hein ?
- Quoi ?
- C'est cet enfoiré qui te baisait toutes les nuits, à Poudlard. Je l'entendais, quand je passais devant votre chambre !
La vulgarité de ses mots figèrent le moldu sur place. Le visage du Serpentard était secoué de spasmes de rage et d'excitation. Sa figure était semblable à celle d'un animal qui traque sa proie et Harry recula, terrifié.
- Si ce prétentieux est trop con pour saisir cette opportunité, moi je ne le serai pas !
Aussitôt, le sorcier se rua sur le brun, lui attrapa le bras, et transplana avec lui.
Lorsqu'Harry rouvrit les yeux, il était dans un grand bureau noir, à peine éclairé par une petite lampe au plafond. Des dossiers, des livres, des parchemins et des plumes étaient disséminés sur les meubles dans la pièce. Sur le bureau, un porte-nom noir laissait paraître en lettres d'argent « Tom E. Jedusor - Alliances sorcières ».
Les doigts sur son bras se serrèrent et Harry se débattit, gémissant de douleur et de colère.
- Lâche-moi, Tom !
Le Serpentard le serra plus fort et l'attira près de lui.
- Ça doit faire un moment que tu n'as plus rien eu entre les cuisses, sourit-il narquoisement.
Et Harry le gifla, et le bruit fut plus puissant encore que la première fois.
Le sorcier haleta et posa une main sur sa joue douloureuse.
- Je t'ai dis de me lâcher ! hurla Harry, lui griffant la main et le repoussant de toutes ses forces.
- Tu n'aurais jamais dû faire ça, grogna le Serpentard.
Aussitôt, il sortit sa baguette et prononça une formule latine. Harry sentit une force supérieure incontrôlable lui lier les poignets et il fut repoussé avec violence sur le bureau du sorcier. Son dos se brisa sur le bois dur et son bassin heurta les livres qui s'y trouvaient, les faisant s'écraser au sol. Bientôt, il se retrouva allongé sur toute la longueur du bureau, les poignets liés par une corde épaisse et rugueuse qui l'empêchait de faire le moindre mouvement.
Harry hurla de peur et de douleur et Tom prononça une nouvelle formule. Harry sentit alors un tissu sortit de nulle part lui bâillonner la bouche. Là, il paniqua. Il se tordit dans tous les sens, hurlant, criant, se débattant. Ses jambes s'élancèrent à gauche, à droite, il bougea les hanches, tira sur ses poignets. Mais aucun lien ne lâcha et ses mains restèrent irrémédiablement prisonnières et sa bouche irrémédiablement close.
Son corps se tétanisa lorsqu'il vit, se penchant au-dessus de lui, le visage carnassier du Serpentard. Se pourléchant les lèvres, ses mains aux longs doigts fins se baladaient déjà contre sa peau. Harry se mit à hurler de toutes ses forces et tout son corps se contracta d'horreur lorsqu'il sentit Tom lui empoigner les hanches.
- Alors comme ça tu peux porter des enfants, hein ? sourit férocement l'homme.
Harry secoua violemment sa tête de gauche à droite et hurla à s'en déchirer les cordes vocales.
Non ! Non il ne pouvait pas porter des enfants ! Draco était le seul… ! Il ne pouvait porter que les enfants de Draco ! Il cria ses explications à travers son bâillon, mais aucun son ne traversa le tissu et ses yeux s'écarquillèrent d'horreur lorsqu'il sentit les doigts du sorcier passer la barrière de ses vêtements.
Soudain, un craquement résonna dans la pièce et Harry aperçut les pans de son pantalon se déchirer dans les mains du sorcier. Son t-shirt ne résista pas non plus, et il se retrouva bientôt complètement nu, offert sur le bureau qui lui vrillait le dos. Une peur panique faisait battre son coeur et se glacer l'extrémité de ses doigts.
Il remonta ses jambes contre lui, se recroquevillant pour cacher sa nudité et l'empêcher de le toucher, mais l'homme lui saisit les mollets et l'empêcha de bouger. Alors, il sentit passer, sur le bas de son ventre, les doigts glacés du Serpentard qui caressèrent la cicatrice de sa césarienne, et il paniqua, ses yeux s'écarquillant et se remplissant de larmes d'impuissance.
- C'était donc vrai, murmura le sorcier, ne pouvant détacher son regard du trait qui barrait la peau diaphane.
Harry sentit un haut-le-cœur le saisir et il se contracta en avant. Tom rangea sa baguette et se recula légèrement, l'observant.
- J'ai toujours été attiré par les hommes. Mais j'ai aussi toujours voulu avoir des enfants. Quelle ironie que ce soit un moldu qui possède cette faculté.
Harry le vit baisser sa braguette et il se débattit plus fort encore, frottant ses poignets contre les liens rugueux qui lui brûlèrent la peau.
- Tu es magnifique, Harry… ton corps m'a toujours fait envie… toujours… depuis le premier jour… depuis la première fois que j'ai posé les yeux sur toi... j'ai voulu t'avoir... j'ai voulu venir te parler... j'ai voulu me rapprocher de toi... mais il était toujours là... ce Malfoy... ! Et vous ne vous sépariez jamais... comment a-t-il pu t'avoir ? Les Sang Pur ne parlent pas aux moldus ! Comment a-t-il fait ?!
Harry trembla de terreur, Tom semblait devenir fou.
- Tout le monde savait qu'il te faisait du mal ! Tout le monde savait que vous n'arrêtiez pas de vous disputer ! Alors pourquoi lui, Harry ?!
Le moldu secoua la tête, ses yeux le brûlant d'horreur.
- J'ai toujours été parfait avec toi ! Je ne t'en ai jamais voulu, lorsque tu me disais non ! Je n'ai rien dit lorsque tu m'as fait honte devant le Baron ! Je suis revenu vers toi alors que tu avais choisi cette Weasley pour aller au bal ! Tu m'as toujours rejeté, Harry ! Pourquoi ?! Pourquoi lui et pas moi ?! Pourquoi cet enfoiré de Malfoy et pas moi ?! Pourquoi ce putain de Sang Pur ?!
Harry tremblait de tous ses membres, le visage du Serpentard était déformé par la rage.
- Et le pire, c'est que même Diggory a eu une chance ! Même cet imbécile a eu le droit de te toucher ! Qu'ont-ils de plus que moi ?! Ils sont des Sang Pur, et je ne suis qu'un sang-mêlé ?! C'est ça ?! Mais tu n'es qu'un moldu ! Un moldu ! Comment peux-tu avoir de telles prétentions ?! Comment peux-tu faire de tels caprices ?!
Le sorcier fulminait, il perdait l'esprit, et ses réflexions perdaient tout sens. Harry était incapable de répondre. Il sentait son cœur battre de frayeur, et il tenta de se recroqueviller de nouveau. Mais Tom lui saisit plus fermement les jambes.
- Et cet enfoiré de Malfoy t'a fait un enfant... alors qu'il a engrossé cette sale putain de Parkinson ! Deux enfants ! Quel salopard ! Pourquoi devrait-il avoir cette chance alors qu'il a été si horrible avec toi ?! Je ne méritais pas que tu me repousses ! Et il ne méritait pas l'enfant que tu lui as donné !
Harry sentit ses longs doigts froids enfoncer leurs ongles dans sa chair et il hurla de douleur.
- Les Sang Pur se croient tout permis ! Ils croient que tout leur est dû ! C'est comme ça que ça marche, ici !
Harry ne comprenait rien.
- Ça aurait dû être moi ! J'aurais dû être un Sang Pur ! Tu m'aurais appartenu ! Tu ne m'aurais pas rejeté ! Si mon sale moldu de père avait été un Sang Pur ! S'il n'avait pas été un putain de moldu, je n'aurais pas été un sang-mêlé, alors tu aurais bien voulu de moi, n'est-ce pas, Harry ?! C'est ça que tu veux ?! Un Sang Pur entre les cuisses ! Quels goûts de luxe pour un petit moldu !
Tom était fou, et Harry cria, hurla à travers son bâillon. Il se débattit de toutes ses forces. Mais jamais aucun son ne passa la barrière de ses lèvres et les cordes se resserrèrent sur ses poignets.
- Mais c'est fini. Aujourd'hui ton précieux Sang Pur n'est pas là. Il ne reviendra plus jamais. Je vais effacer Malfoy de ta tête. Je vais l'effacer de ta vie. Il ne te touchera plus ! Il ne touchera plus ton corps ! Ton si joli corps... tu es si beau, Harry...
Sa voix s'était faite plus calme, plus doucereuse et Harry frissonna de dégoût en sentant son souffle contre sa peau. Son coeur battait trop vite, sa tête lui tournait. Il voulait vomir, pleurer, hurler, crier. Il était terrorisé.
- Tu es magnifique... j'ai toujours eu envie de te prendre... de te sentir... de sentir l'intérieur de ton corps... ta chaleur... j'ai besoin de te prendre... tu es si doux... si gentil... tu étais tellement adorable, ce jour-là, lors de la rentrée, dans la Grande Salle... quand je t'ai vu, en Sixième Année... quand je t'ai vu rougir à la table des Gryffondor... tu es la plus belle chose que j'ai jamais pu voir…
Ses mains se perdirent sur son corps, et le moldu sentit de violentes larmes lui brûler les yeux.
- Et, pour couronner le tout, tu pourras porter mes enfants...
Ses doigts se firent agressifs et il sentit ses longs ongles se planter dans sa chair. Il tenta de fermer les cuisses, sentant l'intérieur de ses jambes s'enflammer d'une douleur incroyable. Tom serrait sa peau à l'en marquer.
- Une fois que j'aurais mis mon enfant dans ton ventre, Harry, tu seras à moi. Complètement à moi.
Harry secoua sa tête, lui hurlant de le lâcher, de ne plus le toucher. Mais sa voix resta définitivement muette. Avec horreur, les yeux brouillés par les larmes, il vit le sorcier baisser son pantalon.
- Je ne sais pas si, comme les femmes, tu as des cycles où tu peux être fécondé. Alors je te prendrai autant de fois qu'il le faudra, jusqu'à-ce que tu le portes.
Et Harry pleura et se débattit encore plus fort lorsqu'il vit le Serpentard, se mordillant les lèvres, sortir son sexe déjà dressé vers lui. Il devint livide et tordit son corps à s'en faire mal pour lui échapper. Sans succès.
Tom s'approcha de lui et se plaça entre ses jambes.
Soudain, la porte s'ouvrit et Harry fut aveuglé par la lumière du couloir. Le sexe tendu, le sorcier stoppa tout mouvement.
- Jedusor ? Mais qu'est-ce que… ! Harry !
Cette voix… Il la reconnut tout de suite… Mais son corps, tétanisé, ne réagissait plus.
Dans l'encadrement de la porte, un homme observait la scène d'un air ahuri. Malgré son riche costume et sa haute stature, éblouit et perdu dans la peur, Harry ne décela qu'une ombre devant la lumière. Et il hurla. Il hurla de sentir les cellules de son corps s'agiter d'un besoin vital. Plus rien ne compta que l'ombre qu'il apercevait avec peine et la voix qu'il ne croyait pas être vraie.
- Dégage, Malfoy ! Tu as eu ta chance ! C'est à mon tour, maintenant !
- Lâche-le. Tout de suite.
- Je vais prendre cet enfant de moldu jusqu'à-ce qu'il me donne ce que je veux !
Le visage de Tom était rouge de haine et de violence. Il tenait toujours fermement son sexe tendu dans une main, et les cuisses d'Harry de l'autre. Lorsqu'il avança son bas-ventre, Draco devint fou.
D'un geste rageur, il se rua sur le Serpentard, et le repoussa si fort que celui-ci alla heurter violemment le mur à l'opposé de son bureau. Tom, à moitié nu, tomba au sol dans un fracas de verre brisé et de papier déchiré. Dans sa fureur, Draco ne vit pas qu'il avait aussi poussé Harry qui tomba au pied du bureau dans un cri de terreur et de douleur.
Le blond se précipita sur le sorcier qui tentait de se relever et le roua de coups.
Ses yeux étaient fous. Aveugles. Il ne voyait pas le sang gicler du visage de l'homme qui se débattait. Dans son esprit, seul le corps d'Harry, tremblant et vulnérable, comptait. Il revoyait les sales mains de l'homme toucher ses cuisses. Il entendait les cris horrifiés du moldu qui pleurait d'impuissance. Il sentait l'odeur âcre du liquide pré-séminal du Serpentard qui avait tenté de le prendre...
Et il ne se contrôla plus.
Son regard se voila de rage, le défigurant de colère. Ses coups devinrent si violents qu'il entendit les os du visage du sorcier craquer sous ses mains, et cela lui fit plaisir. Avec férocité, il hurla. Il hurla de fureur et de culpabilité. Il hurla de haine et de désespoir.
- JE VAIS TE TUER !
Ses poings, aussi solides que la pierre, rentraient dans la figure de l'homme comme dans du beurre.
- TU N'AURAIS JAMAIS DÛ FAIRE ÇA ! TU N'AURAIS JAMAIS DÛ LE TOUCHER !
Et il frappa, frappa, et frappa encore. Ses instincts les plus primitifs s'éveillèrent à mesure qu'il sentait près de lui la présence du moldu. Il ressentait le besoin viscéral de le protéger, de réduire à néant le danger qui le menaçait, et jamais il ne put arrêter la violence qui le consumait.
- TU N'AVAIS PAS LE DROIT !
Il ne pouvait pas s'arrêter. Il ne voulait pas s'arrêter.
- JE VAIS TE TUER !
Alors, il écarquilla les yeux de surprise lorsqu'il vit Tom se redresser d'un mouvement vif et lui asséner un violent coup de poing dans la mâchoire. La coup fut si fort et hargneux que le blond fut projeté en arrière et mit quelques secondes à se ressaisir. Le sorcier face à lui remonta alors son pantalon et sortit sa baguette de sa poche.
- Tu as eu ta chance, Malfoy ! Harry ne t'appartient plus ! Il ne t'appartiendra plus jamais !
Alors un rictus hautain passa sur le visage du blond, et il murmura avec défiance :
- Il m'appartiendra toujours.
Avec un cri de rage, Tom fit un mouvement en direction de l'homme et un sortilège vert s'échappa de sa baguette. Mais le blond resta de marbre, et le sort s'évanouit devant ses yeux. Il tendit alors la main et ferma le poing : la baguette du Serpentard se brisa en deux dans sa main dans un craquement de bois sec et une fumée noire s'en échappa.
Atterré, Tom jeta les brindilles au sol et tenta de s'échapper de la pièce. Il ne fit qu'un pas et sentit ses pieds quitter le sol.
Le regard fou, la figure déformée par la haine, Draco avait le bras tendu vers lui et, sans le toucher, le soulevait lentement dans les airs. Autour d'eux les meubles tremblèrent et les bibelots s'envolèrent au-dessus de leurs têtes.
Tom sentit qu'on lui étouffait la gorge et il haleta, cherchant de l'air. Il porta ses mains à son cou : rien. Une force invisible lui comprimait la trachée, et l'empêchait de respirer. Alors, il paniqua. Il se débattit, ses pieds battant le vide, cherchant un appui. Il devint bleu et ses yeux gonflèrent. La veine au milieu de son front doubla de volume et sembla prête d'exploser sous la pression du sang qui avait cessé de circuler.
La main de Draco se referma doucement. Très lentement. Et Tom sentit qu'il allait mourir. Il suffoqua, cracha, inspira aussi fort qu'il put. Un filet de sang s'écoula de ses narines et son corps fut pris de spasmes violents.
Il était comme pendu.
- Tu n'aurais pas dû faire ça... murmura le blond.
Les yeux noirs injectés de sang se révulsèrent.
- Tu n'aurais pas dû le toucher...
Et le corps cessa de gesticuler.
Alors, un petit gémissement résonna dans le fond de la pièce.
Reconnaissant la voix fragile du moldu, le voile devant ses yeux s'estompa doucement, et Draco sembla reprendre ses esprits. Il secoua la tête et cligna plusieurs fois des yeux. Son bras retomba tout à coup le long de son corps.
Au même moment, Tom Jedusor tombait au sol.
Draco se retourna, cherchant des yeux le moldu, et lorsqu'il le trouva enfin, il se figea sur place. Dans le coin le plus éloigné de lui, à même le sol, il était recroquevillé, complètement nu. Alors il sentit son coeur se briser de douleur.
Oubliant le sorcier à terre, il se précipita à ses côtés et se pencha vers lui :
- Harry…
- Non !
Le brun le repoussa de toutes ses forces.
Son corps entier, marqué par les doigts du sorcier au sol, tremblait et était bleuit par endroits. Le visage blanc et baigné de larmes, il pleurait.
Draco ne l'avait jamais vu ainsi. Il semblait perdu et incroyablement vulnérable. Son souffle se coupa lorsqu'il bougea.
Le moldu avait une main levée, comme s'il tentait de se protéger de son agresseur. De l'autre, il tenait fermement contre lui ses vêtements déchirés et essayait tant bien que mal de cacher sa nudité. Ses cuisses étaient rouges d'avoir été trop serrées et ses poignets portaient encore les traces des liens qui les avaient ligotés. Il avait honte et son visage était terrorisé. Draco serra les dents, sentant monter en lui une peine qu'il pensait ne jamais pouvoir ressentir.
- C'est moi, Harry…
- Ne me touche pas !
Lorsque Draco posa de nouveau la main sur lui, le moldu se débattit. Il hurla, pleura et lui cria de le lâcher.
Il avait les yeux irrémédiablement fermés. Il ne le voyait pas. Aveuglé par la peur, il ne le reconnaissait pas. Alors, Draco lui saisit les poignets et l'attira contre lui. Là, il le serra fort. Aussi fort qu'il put. Le protégeant de ses bras, le rassurant de son corps.
- C'est moi, Harry… c'est Draco…
Et lorsqu'il sentit le souffle chaud du sorcier parcourir sa nuque, Harry s'arrêta.
Il connaissait cette voix… Il connaissait ce corps… Il connaissait ces bras. Mais cela faisait si longtemps… C'était impossible… Ce ne pouvait pas être lui... Il n'était pas là... Il était avec elle... C'était impossible...
Doucement, luttant contre la peur, il ouvrit les yeux, et reconnut, devant lui, les cheveux blonds du sorcier. Il se recula, et ses yeux croisèrent le regard argenté de sa fille.
Alors, de toutes ses forces, il le gifla, faisant résonner un bruit puissant dans la petite pièce.
- Pourquoi as-tu fait ça ?! hurla-t-il.
Et ses poings allèrent frapper avec violence le torse de l'homme.
Draco écarquilla les yeux. Jamais Harry n'avait été aussi violent, et son souffle se coupa de surprise.
- Pourquoi es-tu parti ?! C'est ta faute ! J'avais besoin de toi ! Pourquoi m'as-tu fait ça ?!
Et ses poings le frappèrent, encore et encore, comme s'il tambourinait à une porte.
Draco le fixait, les yeux grands ouverts, le corps inébranlable, il ne sentait pas les petites mains le malmener. Il ne l'avait jamais vu ainsi, et il crut mourir de l'entendre le détester.
- Tu n'avais pas le droit ! Comment as-tu pu faire ça ?! Pourquoi as-tu fais ça ?!
Il le frappa et se débattit tant et si bien que son corps sembla se disloquer de fatigue. Pourtant, mue par la colère, il ne s'arrêta jamais.
Mais lorsque le moldu fondit dans ses bras, hurlant de peur et de chagrin, Draco ferma les yeux et hocha la tête, ses lèvres se pinçant de culpabilité.
Il l'avait mérité. Il méritait tellement plus. Il méritait mille souffrances pour lui avoir fait tant de mal. Il méritait d'être battu, d'être détesté. Il le méritait. Alors, il l'enferma entre ses bras et le serra de toutes ses forces.
Ce fut instinctif, primitif, vital. Harry s'accrocha à lui comme à sa propre vie. Il s'accrocha à lui comme à la seule chose qui pouvait encore le sortir de l'horreur dans laquelle il venait d'être plongé. Il s'accrocha à lui pour pouvoir respirer, pour pouvoir reprendre son souffle, pour oublier les tremblements qui agitaient son corps.
- Tout va bien, je suis là, répondit le blond en le serrant contre lui.
Il fut secoué de spasmes incontrôlés.
Ce n'était pas lui... Ce n'était pas Draco... Ce ne pouvait pas être lui… Il était parti… Il avait refait sa vie... Et il avait un fils... Il avait une femme... Il était parti... Il lui avait fait tant de mal... Il l'avait tant fait souffrir... Il avait si mal...
- Je suis là.
- Pitié… pleura-t-il. Pitié, ne fais pas ça…
- Ne pas faire quoi, Harry ?
- Ne reviens pas…
Et le cœur du sorcier se brisa de douleur.
- Ne reviens pas… pitié... ne reviens pas... ou si tu reviens… reste, je t'en prie, reste… mais ne pars plus… ne pars plus... ça fait trop mal… je n'y arriverai pas... je n'y arriverai plus...
Alors le blond enfouit son visage dans le cou du moldu et ne put empêcher une plainte de franchir la barrière de ses lèvres :
- Je reste, Harry. Je ne partirai plus jamais. Plus jamais.
Le brun secoua la tête. Il ne le croyait pas. Il ne le croyait plus.
Et Draco le serra plus fort encore, broyant son petit corps contre son torse.
- Ne fais pas ça… pitié... je t'en prie... ne me donne pas d'espoir… ça fait trop mal, Draco... c'est trop dur...
- Je suis là.
Et il pleura plus fort encore contre le sorcier.
- Ne reviens pas… ne me laisse pas… ne pars pas... ne reviens pas...
Il se contredisait lui-même, incapable de choisir entre son cœur et sa raison. Et il l'aimait si fort qu'il n'arrivait plus à le lâcher. Jamais. Et pourtant il le devait... Mais c'était trop dur... Il n'y arrivait pas... Il n'y arriverait jamais...
- Je reste, Harry. Je reste avec toi. Je te le promets.
Il secoua de nouveau la tête.
Draco mentait. Il mentait comme le jour où il lui avait laissé cette lettre. Il lui avait dit que c'était une erreur. Il lui avait dit de l'oublier. D'oublier jusqu'à son nom. Draco mentait. Il avait une femme... Il avait un fils... Il lui mentait !
- Ne fais pas ça... je t'en prie... je vais mourir... je vais mourir si tu fais ça... !
Alors il sentit l'homme s'écarter légèrement de lui et il paniqua. Il poussa un gémissement plaintif et le retint de toutes ses forces contre lui. Et son cœur hurla, cria : « Menteur ! », « Regarde ! Tu repars ! Tu repars ! Tu m'as menti ! », « Reste ! Tu m'as menti ! Encore ! Ne pars pas ! »... Et il pleura plus fort encore, semblable à un enfant auquel on aurait arraché son dernier parent vivant.
- Regarde-moi, Harry, dit la voix douce du blond.
Il ferma fort les yeux et secoua la tête.
- Je t'en prie, regarde-moi.
Il sentit les mains du sorcier défaire ses bras qui s'étaient enroulés autour de sa nuque et il s'y accrocha plus fermement encore, comme si sa vie en dépendait. Mais la force du blond était telle que ce fut comme s'il n'avait rien tenté. Alors il pleura de se sentir éloigné de ce grand corps qui l'avait protégé. Il pleura de sentir sa chaleur le quitter.
C'est alors qu'il sentit une grande main se poser sur sa joue et lui relever délicatement le visage. Il fermait les yeux, incapable d'affronter un nouvel abandon. Un souffle chaud se perdit sur sa figure et il y décela un délicat parfum de café.
- Ouvre les yeux. Regarde-moi.
Et ce fut la chose la plus difficile qu'il eût jamais à faire.
Ses yeux s'ouvrirent doucement, douloureusement, et il pria pour que l'homme en face de lui ne s'enfuit pas, ne s'évanouisse pas de nouveau dans les ténèbres... il pria pour qu'il ne le laisse plus... il en mourrait... il le sentait...
Mais lorsque ses paupières se furent relevées et que ses yeux croisèrent le regard acier du sorcier, son souffle se coupa dans sa gorge.
Il connaissait ce regard. Il l'avait déjà vu. Une fois. Lors du bal de Noël. Il connaissait l'expression de douleur et d'amour incontrôlable qui faisait briller ses pupilles. Il connaissait la détermination et la sincérité de ses iris. Et il sentit la main de l'homme trembler contre sa joue.
- Je suis désolé... je suis tellement désolé...
Harry hoqueta. La voix de Draco était pleine de tristesse et de culpabilité, et son visage, déterminé, tremblait par endroits d'un chagrin insurmontable.
- Si tu savais comme je suis désolé... j'ai été tellement fou... tellement égoïste... pardon... pardon, Harry...
Le moldu ne pouvait détacher son regard du visage ravagé du sorcier qui lui faisait face. Et son cœur se brisa en mille morceaux.
Il le voyait. Draco était rongé par la honte et la souffrance. Il ne sut pas pourquoi, mais il ressentit le besoin d'effacer de ses traits le poids de cette tristesse qu'ils semblaient, incontestablement, avoir partagé d'une manière ou d'une autre.
- Pardonne-moi... je suis désolé... j'ai été bête... j'ai été idiot... tellement idiot... mais j'ai compris... j'ai compris aujourd'hui... j'ai compris que je ne pouvais pas... je ne peux pas... je n'y arrive pas... j'ai été un monstre... pardon, Harry, pardon...
Le regard du blond ne faiblissait pas, et à mesure que les mots sortaient de sa bouche, Harry sentait son cœur battre de plus en plus fort.
Draco mentait... Il devait mentir ! Il ne pouvait pas avoir compris. Il ne pouvait pas revenir. Pas aujourd'hui. Pas après tout ce temps... Pas après sa femme... Pas après son fils... !
Et pourtant il était là. Sans femme, sans fils, il était là. Et il le tenait si fort qu'Harry y crut, l'espace d'un instant, et cela le fit trembler d'espoir.
Il le sentait.
Non, Draco n'était pas un menteur.
Il le savait.
Alors, il les entendit, ces mots qu'il n'avait plus entendus de sa bouche depuis plus d'un an désormais... Et il crut mourir d'un espoir désespéré.
- Je t'aime... Si tu savais comme je t'aime...
- Draco...
- Je t'ai toujours aimé... je n'ai jamais cessé de t'aimer. Chaque minute, chaque seconde... c'était toi. Je n'ai jamais aimé que toi...
- Pansy, elle...
Et le blond secoua la tête et posa un doigt sur ses lèvres pour le faire taire. Alors, il se pencha vers lui, ancrant plus encore son regard dans le sien, et Harry trembla plus fort lorsque sa voix grave le transperça :
- Toi. Aucun homme. Aucune femme. Aucun enfant. Toi.
Et ce fut terminé. Il ferma les yeux, son corps s'abandonnant totalement dans les bras de l'homme qui le tenait, ce fut comme si plus rien au monde ne comptait.
Des larmes de joie et de soulagement coulèrent le long de ses joues, et la main sur son visage se fit plus chaude, caressante. Alors il sentit naître en lui un feu nouveau, et pourtant ancien, qui raviva son amour d'une telle puissance que ses mains agrippèrent la nuque du sorcier face à lui d'un mouvement convulsif et qu'il posa avec brutalité ses lèvres sur les siennes.
Aussitôt, Draco le pressa plus fort contre lui, électrisé par ce contact. Pourtant, le blond ne fut pas aussi brutal que lui. Au contraire. Harry l'entendit grogner contre lui et prendre une grande inspiration, les bras tremblants autour de sa taille. L'homme semblait lutter du plus profond de son être pour chasser ses habitudes agressives et dominatrices qui prenaient d'ordinaire possession de son corps lorsqu'ils étaient ainsi réunis.
Le moldu le sentit prendre en main le baiser, mais le sorcier fit preuve d'une douceur et d'une délicatesse telle qu'il crut un instant être une petite chose fragile que le blond prenait garde de ne pas briser.
Mais il avait besoin de le sentir. Il avait besoin de s'en rendre compte. Il l'aimait... Il le lui avait dit... Il l'aimait comme il l'avait aimé lors du bal de Noël... Il l'aimait comme jamais il ne l'avait aimé...
Alors, pris d'une pulsion de détresse, Harry se pressa contre lui, cherchant sa chaleur. Son corps agissait seul, soulagé de sentir la proximité de l'autre. Il se sentait enfin complet. Et ce fut comme s'ils s'embrassaient pour la première fois.
Draco posa sa main sur la joue du moldu qui s'accrocha plus fermement encore à sa nuque, acceptant la langue du blond qui se faufilait déjà en lui, à la recherche de la sienne. Lorsqu'elles se rencontrèrent, ils s'enflammèrent. Un frisson les parcourut et Harry sentit que l'odeur du sorcier entrait déjà en lui par tous les pores de sa peau. Il n'y avait plus de violence, plus de brutalité. Draco dégustait ses lèvres comme un fruit rare, comme quelque chose qu'il ne devait pas bafouer, comme quelque chose qu'il devait savourer. Et il l'embrassa, passant délicatement sa langue tout contre ses lèvres, caressant sa peau déjà nue, effleurant ces hanches qui lui avaient tant manquées. Ces hanches qu'il saisit doucement, avec amour, et qu'il serra contre son corps. Ils se retrouvaient enfin.
Harry haleta, le cœur battant la chamade, les joues rouges et le souffle court. Enfin, leurs bouches se séparèrent et le blond posa son front contre le sien. Alors, ils restèrent ainsi. Ils s'étaient retrouvés et plus jamais ils ne se quitteraient.
Ils ne se le dirent pas. C'était un contrat silencieux. Un contrat d'évidence. Plus jamais ils ne se quitteraient.
Et il le sentit. Là, au plus profond de ses entrailles. Draco ne mentait pas. Il le sentait comme lorsqu'il avait compris qu'ils ne pouvaient pas vivre l'un sans l'autre. Il le sentait comme lorsqu'il avait compris qu'il ne pourrait jamais aimer personne d'autre. Draco l'aimait. Il n'avait jamais cessé de l'aimer. Et il le crut, car il était incapable d'un tel mensonge. Même lorsqu'il l'avait abandonné, jamais il n'avait nié leur amour. Car ils ressentaient la même chose. Lui-même était incapable d'en aimer un autre. Il en allait de même pour lui. Et aujourd'hui, alors qu'il le tenait comme la chose la plus précieuse qu'il avait au monde, il sentait qu'il ne partirait plus jamais.
Il sentit les cellules de son corps s'apaiser d'un contentement nouveau. Une paix physique sembla s'insinuer dans ses veines, et il soupira de soulagement. Ce fut comme si, après de nombreux mois, il respirait de nouveau.
Alors que le blond tenait fermement le moldu contre son cœur, ils entendirent un mouvement vif à l'opposé de la pièce. Ils se retournèrent et virent, debout, titubant, Tom Jedusor essuyer le sang qui commençait à coaguler sur son visage tuméfié. Le sorcier leur jeta un regard hargneux et plein de haine. Il cracha du sang au sol, et eut un sourire mauvais :
- Si je ne peux pas t'avoir, dit-il en détachant chacun de ses mots, toi tu n'auras pas Narcissa.
Et il transplana.
Alors, Harry se figea et devint livide. Son cœur se comprima dans sa poitrine et il dû s'accrocher aux épaules du blond pour ne pas perdre pied.
- Narcissa ? demanda Draco, les sourcils froncés. De qui parlait-il ?
- Je…
- De qui parlait-il, Harry ? fit le sorcier en relevant doucement le visage du moldu face à lui.
Harry sentit s'insinuer en lui une nouvelle peur, et il sembla tomber de dix étages. La réalité le rattrapait.
De nouvelles larmes incontrôlables coulèrent sur ses joues rougies, et il tenta tant bien que mal de les cacher, de les effacer, mais la peur panique qui l'envahissait l'empêchait d'agir avec calme et il sentait son souffle s'accélérer d'horreur malgré lui.
Pas Narcissa... Tout sauf Narcissa... Il ne pouvait pas s'attaquer à elle... ! Il ne pouvait pas s'attaquer à sa fille !
Les traits du blond s'attendrirent aussitôt devant le visage démuni du moldu. Alors il le serra de nouveau contre lui.
- Ramène-moi chez moi, Draco, je t'en prie…
- De qui parlait-il ?
- Je t'expliquerai tout, mais par pitié, ramène-moi chez moi…
Il ne savait pas ce que Draco faisait là. Il ne savait pas si ce qu'il venait de dire était la bonne chose à faire. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il ne voulait pas rester une seconde de plus dans cet endroit. Il voulait retrouver sa fille. Il avait besoin de la sentir contre lui. Il devait la mettre en sécurité. Il devait la protéger.
Il ne savait pas pourquoi, mais il ne se souciait pas du fait que Draco l'accompagne. Il ne se souciait pas du risque que sa présence à ses côtés pouvait représenter. La promesse que Draco venait de lui faire était comme une formule magique, un sort, un serment, inviolable et sacré, qu'il ne pourrait plus jamais briser. Et combien même il le tenterait, il ne laisserait jamais personne lui enlever Narcissa. Tout à coup, la présence du blond n'était plus une menace. Tout à coup, sa présence devenait nécessaire. Normale. Logique. Il ne doutait pas de la sincérité de son amour. Il ne le pouvait pas. Et il ne savait pas pourquoi, mais il sentait, là, au fond de ses entrailles, qu'il pouvait lui faire confiance. Il sentait qu'il pouvait faire confiance à son Particulier.
Et ses pensées restèrent tournées vers sa fille, chez lui, qui l'attendait, et il prit peur. Tom ne devait pas la lui prendre ! Jamais ! Il s'agita. Il tenta de se débattre, de se lever, mais son corps encore engourdi par le trop plein de stress et d'émotions refusa de le soulever. Il se sentait si mal, si vulnérable, nu dans ce bureau. Il se sentait si fragile face à la violence de Tom. Il trembla plus fort.
- Calme-toi, Harry, dit doucement le blond en l'apercevant remuer en paniquant.
- Ramène-moi chez moi, Draco... ! J'ai besoin de rentrer, s'il te plait, ramène-moi... ! Je...
Le blond resserra sa prise sur lui, l'empêchant de bouger, et Harry respira fort, très fort, incapable de lutter.
Il suffoqua contre le torse du blond, le cerveau en ébullition. Draco posa alors sa joue dans ses cheveux noirs et ferma doucement les yeux.
- D'accord, je vais te ramener chez toi, murmura-t-il doucement, lui caressant le dos. Mais laisse-moi te rhabiller d'abord. Il faut que tu te calmes.
Le moldu hocha doucement la tête, les yeux toujours rouges des larmes qui ne s'arrêtaient pas de couler. Alors, d'un geste de la main, Draco retissa les vêtements déchirés et Harry fut de nouveau vêtu correctement, sans qu'il n'eut à faire le moindre mouvement. Le blond sortit un mouchoir de sa poche, essuya les larmes sur les joues du moldu et l'aida à se moucher. Alors il le serra contre lui, et ils disparurent dans un craquement sec.
...
Draco atterrit devant la petite maison des Potter et il déposa Harry a terre qui vacilla avant d'enfin tenir droit. Le soleil se couchait doucement, laissant percevoir à l'horizon des milliers de couleurs orangées et violacées. Sur la terrasse, Lily Potter était assise sur un petit tabouret, devant une énorme toile. Son matériel de peinture était disposé tout près d'elle, sur une petite table. Elle semblait faire le portrait de quelqu'un. Lorsqu'elle aperçut son fils dans le jardin, elle eut un grand sourire.
- Ah, te revoilà mon chéri !
Et son sourire se fana lorsqu'elle aperçut le grand homme blond planté derrière lui.
- Draco ? Mais… qu'est-ce que… ?
Harry s'approcha de sa mère, le sorcier à sa suite.
Alors, Draco l'aperçut.
Aux pieds de Lily, dans un petit panier en osier, emmitouflé dans une couverture rose, dormait paisiblement un enfant.
Le cœur de Draco s'arrêta un instant.
Le bébé avait des mains minuscules et un petit visage en forme de coeur. Il ne devait pas avoir plus de quatre mois. Sur son crâne, de longs cheveux noirs s'éparpillaient déjà. Ses joues étaient roses et bombées. De petits sourcils doux soulignaient ses yeux, fermés, qui s'agitaient, comme si l'enfant était en train de rêver. Sa bouche était aussi rose qu'un petit bouton de fleur. Sa peau était blanche, aussi blanche que la sienne, et Draco reconnut tout de suite ses propres traits dans le petit être endormi.
Figé, choqué, il ne put rien dire. Ses yeux ne quittaient pas le bambin endormi. Il le détailla, l'observa longuement. C'était une fille. Définitivement. Et elle était si belle.
- Merci d'avoir veillé sur elle, maman, sourit Harry, les yeux encore rouges.
Il se pencha pour prendre le bébé dans ses bras. L'enfant gémit et poussa un petit pleur de mécontentement avant de se rendormir contre lui, un pouce dans la bouche.
- De rien mon chéri, mais…
- Je t'expliquerai plus tard. Il faut que je parle à Draco.
Lily hocha doucement la tête et observa, sidérée, le blond entrer dans la maison à la suite de son fils. Les deux hommes montèrent les marches de l'escalier et se rendirent dans la chambre du moldu, à l'étage. Durant le peu de temps que dura le trajet, Draco ne fit que regarder par dessus l'épaule d'Harry l'enfant qui rêvait tout contre lui.
Il en était sûr. Il en était certain.
Harry ouvrit alors la porte de sa chambre et Draco s'arrêta sur le seuil.
La chambre du moldu avait totalement changée.
Lorsqu'il l'avait quitté, cette malheureuse nuit, il se souvenait qu'elle était pleine de figurines de super-héros, d'affiches de grands films, et de jeux d'adolescent. Aujourd'hui, elle ressemblait à une véritable nurserie. Les figurines avaient laissé place à des piles de vêtements de toutes les couleurs. Là où était son bureau, un joli berceau blanc aux nœuds roses avait pris place. De l'autre côté de la pièce, près de l'armoire, une table à langer et des paquets de couches s'amoncelaient. Au-dessus du berceau, sur le mur, s'étalaient en lettres roses le nom « Narcissa ». Sur les étagères, des pots de laits en poudre et des biberons tout propres attendaient d'être utilisés. Toutes les affaires personnelles du moldu rentraient désormais sur une minuscule table de chevet. Draco reconnut la fameuse Nintendo Switch, mais celle-ci était pleine de poussière. Il n'avait pas dû avoir eu l'occasion de l'utiliser depuis un bon bout de temps. Dans le berceau, des peluches, des tétines, et des coussins aux motifs enfantins formaient un nid douillet et confortable.
Harry referma la porte derrière le sorcier et posa le bébé dans son berceau. Celui-ci gémit et râla. Le moldu attrapa donc une sucette et la lui mit dans la bouche. Aussitôt l'enfant se calma et se rendormit. Un petit sourire doux s'étira sur les lèvres du brun et il remonta la couverture sur le corps du bébé. Il était soulagé.
- C'est ma fille, dit enfin Draco, brisant le silence et faisant sursauter Harry.
Le moldu soupira lourdement et hocha doucement la tête. Ses lèvres se pincèrent malgré lui.
Il fit un geste vers la chaise près du berceau de la petite fille, et le sorcier s'y assit. Harry s'affala sur le bord de son lit, face au blond. Alors, il baissa la tête. Les yeux de Draco ne quittèrent pas l'enfant qui dormait comme une bienheureuse.
Son cœur battait trop vite. Il n'en revenait pas.
Enfin, après un temps incroyablement long, son regard se posa sur Harry qui, recroquevillé sur lui-même, semblait attendre qu'une violence s'abatte sur lui. Draco sentit, une nouvelle fois, son coeur s'ouvrir en deux devant son visage triste. Alors, il posa la main sur sa joue, et le brun sursauta devant la douceur de ce geste.
- Est-ce que tout va bien ?
- Je suis tellement désolé, Draco…
Le corps tremblant, il attrapa la main du blond qui caressait sa joue et la pressa contre son cœur.
- Je suis désolé de ne pas te l'avoir dit plus tôt… j'ai eu si peur… si peur que tu me l'enlèves, si peur que tu…
- Calme-toi, Harry, répondit doucement le blond. Explique-moi. Comment est-ce arrivé ? Depuis quand est-ce que… ?
- Je suis tombé enceint la dernière fois que nous… que nous… souffla le moldu, rougissant.
- Quand, exactement ?
- Lors du bal de Noël de Poudlard.
Et cet évènement resurgit instantanément dans l'esprit du sorcier. Il s'en souvenait parfaitement. C'était il y avait plus d'un an. Cette nuit-là, il avait tellement aimé le moldu qu'il avait cru mourir lorsque, le matin venu, il l'avait abandonné pour la dernière fois, lui laissant une simple lettre en guise d'excuse et d'explication.
Alors, il fut pris d'un fort sentiment de culpabilité et il ferma les yeux de honte.
- C'est donc là que…
- Oui… c'est là que ça s'est passé.
- Mais… était-ce ma faute ? demanda-t-il, les sourcils froncés. Je n'ai pas forcé ton corps, Harry, je te le jure. Ma magie n'est pas intervenue, je l'ai contrôlée, je n'ai pas… !
- Je sais, Draco. Je sais. Ce n'était pas toi. C'était moi.
- Quoi ?
Il écarquilla les yeux.
- C'était mon corps qui… il était prêt… il voulait un enfant…
- Mais… c'est impossible. C'est ma magie de Particulier qui devait pouvoir permettre cela.
- Et c'est ce qu'il s'est passé, continua le moldu. Mon corps t'a tellement aimé, après tous ces mois d'absence, qu'il s'est senti prêt. Une infime partie de ta magie a suffit. Ni toi ni moi ne l'avons senti.
- Et tu es…
- Je suis tombé enceint…
Le soleil s'était pratiquement couché et Draco, sans un mot, fit s'allumer la lampe de chevet du brun et la veilleuse de l'enfant. Il réchauffa aussi instantanément la pièce, voyant le moldu frissonner.
- Depuis tout ce temps elle était là...
La douleur dans la voix du sorcier fit se crisper le brun.
- Il faut que tu comprennes, Draco ! dit soudain Harry, la peur au ventre. J'ai… j'ai voulu te le dire ! Mais j'ai eu tellement de mal à l'accepter et le comprendre… j'ai eu tellement de mal à accepter que je portais un enfant… et quand enfin j'ai compris que j'aimais vraiment ce bébé dans mon ventre, j'ai voulu te le dire ! Je t'ai cherché ! Mais tu… tu avais disparu... tu étais introuvable...
Les traits du blond se durcirent. Quelque chose le rongeait.
- Et quand… poursuivit Harry, quand j'ai appris que tu allais te marier et que… ta fiancée était enceinte… j'ai paniqué… j'ai…
Le visage du brun était ravagé par la culpabilité et la peur. Alors, doucement, avec tout l'amour dont il pouvait faire preuve, Draco souleva le moldu, l'assit sur ses genoux et le serra contre lui.
Harry hoqueta devant le brusque changement de position que venait d'effectuer le blond.
- Tout va bien, Harry, murmura-t-il contre son oreille, caressant ses cheveux, protégeant son corps.
- J'ai voulu te le dire, Draco… je n'ai pas voulu te cacher Narcissa… il faut que tu me crois…
- Je te crois.
Alors, il sentit son corps lui ordonner de se laisser aller à l'apaisement que lui procurait la présence du sorcier contre lui. Il enfouit son visage contre son buste et inspira son odeur. Les mains de Draco étaient grandes, amoureuses. Enfin, au rythme calme des battements de son cœur, sa respiration redevint normale et il poursuivit.
- J'ai eu peur.
- De quoi as-tu eu peur ?
- Que tu me l'enlèves…
- Que je te prenne Narcissa ?
- Oui… quand j'ai su que tu allais te marier et avoir un enfant j'ai cru… j'ai eu peur que tu me rejettes si je te disais que j'avais un bébé… j'ai eu peur que ta nouvelle épouse prime, et que tu n'acceptes pas d'avoir eu une... bâtarde... comme premier enfant… j'ai eu si peur, Draco… et puis, j'ai eu peur que… que tu me la prennes… j'ai eu peur que tu veuilles l'élever toi-même, avec ta femme, elle qui pouvait te donner autant d'enfants que tu le désirais…
La prise de Draco se raffermit sur le petit corps tremblant. Son cœur s'était ouvert en deux, et le souffle d'Harry contre son corps lui disait de le tenir et de ne plus jamais le lâcher. Le brun était dévasté par la culpabilité. Et lui-même l'était plus encore. Beaucoup plus encore.
- J'aurais dû te le dire… mais j'ai eu si peur… je suis tellement désolé, Draco… tu es son père autant que moi, tu aurais dû savoir que tu avais une fille… je suis tellement désolé…
- Tu n'as rien à te reprocher. Tu as simplement voulu la protéger. Jamais je ne pourrais t'en vouloir.
Le Serpentard posa un baiser dans ses cheveux en bataille et son regard s'égara sur la petite fille qui ronronnait en tétant sa sucette, profondément endormie. Un sourire doux s'imprima sur son visage.
- Elle est tellement belle…
- Elle te ressemble.
- De quelle couleur sont ses yeux ?
- Ce sont les tiens.
Et le cœur de Draco se gonfla de bonheur.
- Pourquoi avoir choisi « Narcissa » ? dit tout à coup le blond, faisant se lever vers lui le regard du moldu.
- Parce que… un jour, tu as dit que tu ne voyais pas le monde sans une Narcissa Malfoy.
Et Draco le pressa si fort contre son cœur qu'Harry crut étouffer d'amour.
- Merci, murmura le blond.
Harry ferma les yeux. Il sentait son corps s'apaiser à mesure que Draco lui caressait le visage, le dos, les bras. Pour la première fois depuis des mois, ce fut comme s'il respirait enfin.
- Et dire que tu as vécu ça tout seul…
- Non, j'étais bien accompagné, sourit le moldu.
- Comment ça ?
- Tous les Weasley étaient au courant, ainsi que Dean, Neville et Luna. Hermione aussi, bien sûr. Et les professeurs Rogue, McGonagall et Dumbledore m'ont aussi beaucoup aidé.
- Ils… ils savaient tous ?
- Oui. C'est madame Pomfresh qui a mis au monde Narcissa.
- Madame Pomfresh ? Je ne savais pas qu'elle avait des qualifications de sage-femme.
- Elle n'en avait pas, mais elle a été parfaite. La césarienne s'est parfaitement déroulée.
Draco hésita puis posa sa main sur le ventre du brun. Harry souleva alors son t-shirt et Draco sentit sous ses doigts la cicatrice d'une dizaine de centimètres qui barrait le corps frêle du moldu.
- Tu as… tu as eu mal ? demanda-t-il, le regard triste.
- Un peu.
Draco sentit qu'il mentait pour ménager sa culpabilité et il ferma douloureusement les yeux. Sa joue se reposa sur sa tête brune et Harry serra la main du blond sur son ventre.
Draco sut alors que jamais... Non, jamais, il ne pourrait effacer cette culpabilité qui lui étreignait le cœur. Comment avait-il pu lui faire ça, à lui ?
- J'aurais dû être là…
- Quoi ?
- J'aurais dû être là, durant ta grossesse…
- Tu ne pouvais pas savoir, Draco. Seule une poignée de personnes était au courant. Même mes propres parents ne savaient pas.
Le blond soupira lourdement et déglutit difficilement. Jamais il ne se le pardonnerait.
- Tu as dit que tu avais eu du mal à l'accepter.
- Oui… fit le moldu, baissant les yeux. Je n'en voulais pas, au début.
- Et qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ?
- Hermione.
Le sorcier embrassa son front.
- Qu'a-t-elle dit ?
- C'est elle qui a réussi à trouver pourquoi j'étais tombé enceint. C'est elle qui a compris que c'était mon corps qui s'était senti prêt… et elle a dit que… que ce n'était pas la faute de Narcissa. Qu'elle méritait une chance.
Le cœur du blond se pinça avec une force incroyable et il s'accrocha au corps du moldu pour ne pas s'effondrer de douleur.
Lui avait rejeté Harry… Par deux fois il l'avait abandonné… Et ce bébé avait été la seule chose qui avait permis à Harry de continuer à vivre… Il était monstrueux...
- J'aurais dû être là…
- Mais tu es là, désormais.
La voix rassurante du moldu ne suffit pas. Elle ne suffirait jamais à effacer la douleur qu'il avait osé lui infliger. Elle ne suffirait jamais à calmer l'aversion qu'il avait désormais de lui-même.
- J'aurais tellement aimé la voir grandir en toi, sourit-il tristement. J'aurais tellement aimé voir ses petites mains et ses petits pieds déformer ton ventre. Entendre son cœur lors des examens. Et être là le jour de sa naissance.
Alors, Harry se releva et fouilla dans son armoire. Peu de temps après, il revint s'asseoir sur les genoux du blond qui l'accueillit d'un baiser, et ouvrit devant leurs yeux un gros livre rouge.
C'était un album photo. Sur toutes les pages, des dizaines de clichés animés, accompagnés de dates, et parfois de titres ou de commentaires, s'étalaient. Sur la page de garde, il reconnut la lettre qu'il avait laissé au moldu, cette fameuse nuit de décembre.
Et Draco vit tout.
Il vit le ventre encore plat du moldu, qui boudait de devoir soulever sa robe de sorcier, à Poudlard, pour pouvoir être pris en photo. Il aperçut, sur une photo portant le titre « troisième mois », un petit renflement sur le corps légèrement plus fin du moldu. À la date « six mois, vingt-six juin », Draco vit Harry, dans sa robe de sorcier, une main sur le ventre et un grand sourire aux lèvres. Sur sa tête, un chapeau pointu, typique des sorciers ayant obtenus leur diplôme à Poudlard. Dans son autre main, un parchemin roulé assorti d'un ruban rouge : Harry avait réussi sa scolarité. Sous la robe, le ventre était pratiquement invisible, mais sa main protectrice, où brillait un anneau argenté à l'annulaire gauche, ne trompait personne. Mais quelque chose ne tournait pas rond. Le corps d'Harry s'amaigrissait à mesure que Draco tournait les pages de l'album. Lorsqu'il vit les photos des deux derniers mois, son souffle se coupa dans sa gorge et il plaqua une main sur sa bouche.
Sur chaque cliché, Harry était assis ou allongé. Il avait le corps incroyablement malingre et maladif. Le teint pâle et les yeux creusés. Il flottait dans ses vêtements et était constamment couvert d'une couverture ou d'un châle. Sur l'une de ses mains un cathéter était attaché, le reliant à une poche remplie d'un liquide transparent suspendue derrière lui, sur une tige de fer. Il ressemblait à un malade aux dernières heures de sa vie.
Sur chaque photo, néanmoins, il souriait, caressant son ventre. Draco le vit, sur l'une des images, murmurer quelque chose à l'enfant dans son ventre et un petit pied fit son apparition sur la peau tendue. Sur une autre, il chantonnait, et riait lorsqu'une main passait contre l'intérieur de son corps. Sur une autre encore, on le voyait gronder, le doigt levé, le bébé dans le ventre.
- Ce jour-là elle n'arrêtait pas de m'envoyer aux toilettes, rit le moldu.
Et Draco détailla chaque photo. Il imprima dans son esprit chaque cliché, chaque détail. Mais son cœur se serrait à mesure qu'il voyait le visage émacié du brun paraître de plus en plus fatigué et au bord de la mort. Harry avait tellement souffert… Harry avait tellement changé…
Et puis, lorsqu'il tourna une nouvelle page, une date s'étala en lettre d'or devant ses yeux « vingt septembre ». Alors, ce ne fut plus que des photos de bonheur et son cœur se gonfla d'un amour incontrôlé.
Devant lui, des photos du bébé. Ce tout petit bébé, aux cheveux déjà si noirs, et à la peau de porcelaine, blanche, aux reflets rosés. Il la vit, pleurant, les gencives à l'air, puis tétant son biberon, donné par Hermione. Il la vit dans les bras de toute la famille Weasley. Sur l'une des photos, Ron la tenait et lui faisait des chatouilles, la faisant gazouiller. Sur une autre, Molly Weasley tentait de lui faire faire son rôt et essuyait une flaque de lait qu'elle venait de régurgiter. Draco sourit affectueusement.
Il aurait dû être là…
Sur les photos, Harry reprenait doucement des couleurs. Et trois mois après septembre, il était de nouveau le Harry qu'il avait toujours connu. Aussi beau qu'il l'avait connu. Et Harry serrait l'enfant dans ses bras, l'embrassait, la berçait, lui changeait ses couches en grimaçant, et préparait les biberons, parfois le regard fatigué, parfois le sourire plein d'entrain.
Il aurait dû être là…
- C'est incroyable…
- C'est monsieur Weasley qui a eu l'idée. Il s'est dit que ce serait bien de garder une trace de tout ça.
- Il a eu raison. Tu as tellement changé durant ta grossesse...
- Tu trouves ?
Draco le serra contre son cœur et lui sourit.
- Ton corps a changé.
- Oui, dit le moldu en baissant les yeux. On ne s'y attendait pas trop.
- Que s'est-il passé ?
- En fait… très vite nous nous sommes rendu compte que Narcissa était une sorcière très puissante.
- Alors même qu'elle était dans ton ventre ?
- Oui.
Harry soupira.
- Elle… elle dégageait beaucoup d'énergie magique. Je suppose que c'est parce que son père est un Particulier, sourit-il. Si tu ne m'avais pas lancé ton sortilège de protection, je pense que…
Il hésita.
- Tu penses que quoi ?
- Je pense que je serais mort.
Les yeux du blond s'écarquillèrent.
- Elle est très puissante. J'avais beaucoup de mal à supporter sa magie. Elle me prenait toute mon énergie et je pense que si ça avait été quelqu'un d'autre qui m'avait lancé le sort de protection, celui-ci n'aurait pas été assez puissant pour rivaliser avec elle.
- Tu veux dire qu'elle t'aurait… sa magie t'aurait tué ?
- C'est ce que nous pensons.
Draco réfléchit. Son cerveau fonctionnait à une vitesse incroyable.
- Mais ce n'est qu'un nourrisson.
- Avant même de venir au monde elle faisait bouger les objets autour de moi.
- Ce pourrait-il qu'elle soit…
- Nous ne pouvons pas en être sûrs mais… elle pourrait bien être une Particulière, elle aussi.
Et quelque chose secoua Draco de l'intérieur et un large sourire étira son visage.
- Quelle chance elle aura.
- Comment ça ? demanda Harry, perdu.
- Quelle chance elle aura d'aimer quelqu'un aussi fort que je t'aime.
Et les lèvres du blond se posèrent sur celles du moldu qui gémit à ce contact.
Leurs corps réagirent aussitôt et Harry se pressa contre lui. Il sentait monter en lui une chaleur qu'il n'avait plus ressenti depuis longtemps et son corps lui ordonna de se laisser aller, de s'abandonner dans les bras forts qui le tenaient. Cela faisait si longtemps... Si longtemps qu'il l'avait perdu... Il lui avait tellement manqué... Draco le serrait contre lui et l'empêchait de bouger. C'était cette prison d'amour et de passion qu'il aimait tant lorsqu'il était près du blond. C'était ces émotions qu'il avait tant cherchées et attendues qu'il retrouvait enfin, après tant de temps d'attente et de patience.
Et puis, Draco effleura ses cuisses et Harry hoqueta et lui saisit la main d'un geste brusque. Il se recroquevilla et gémit :
- Non.
Son corps se crispa et l'homme le regarda, intrigué. Lorsqu'il vit les jambes serrées du brun et ses bras formant un bouclier sur son corps, il comprit aussitôt et lui prit délicatement les poignets. Il passa ensuite les bras du moldu autour de son cou, les enroulant sur sa nuque et posa son front contre le sien.
- Harry, c'est moi. Plus personne ne te touchera sans que tu n'en aies envie.
- Je… je sais... mais juste… j'ai… il…
- Est-ce qu'il a eu le temps de… ?
- Non ! gémit-il encore, les yeux fermés avec force. Non il n'a pas pu, mais… il m'a… touché...
- Il ne te touchera plus jamais, dit le blond, plantant ses yeux dans les siens.
La force, la conviction et la colère dans les yeux d'argent face à lui le firent doucement hocher la tête. Il soupira et se pressa de nouveau contre le sorcier, en quête de protection et de réconfort. Lorsqu'il sentit ses lèvres se poser contre sa peau, Harry se détendit, et les mains de Draco glissèrent sur ses cuisses avec douceur. Il tressaillit, mais ne l'empêcha pas de les parcourir.
- Comment est-ce arrivé ? chuchota Draco dans son cou.
- Q-Quoi ?
- Que faisais-tu au Ministère ? Et pourquoi Jedusor s'en est-il pris à toi ?
Harry sentit que la voix du sorcier était rauque, sèche. Contre son cou, il sentait son souffle colérique.
- Comment ce moins que rien a-t-il pu te toucher ?
Harry comprit que ce n'était pas à lui qu'il s'adressait réellement. Draco s'en voulait d'être arrivé aussi in extremis dans le bureau du sorcier.
- Cela faisait un moment qu'il voulait sortir avec moi… murmura-t-il.
- Quoi ?
- Depuis la rentrée, en fait. Il était vraiment gentil, au début. Et puis, comme je disais non, il a commencé à devenir plus pressant, plus intrusif…
La mâchoire de Draco restait irrémédiablement crispée. Il se remémorait l'atroce scène dont il avait été témoin.
- Et puis, la semaine dernière, il m'a vu, avec Narcissa, sur le Chemin de Traverse.
- Le Chemin de Traverse ?
- Oui. Je travaille chez madame Dahlia Plantule, dans son commerce de fleurs, en attendant de pouvoir passer l'entretien d'enseignant d'Étude des Moldus.
- Tu vas… tu vas devenir professeur à Poudlard ? s'étonna le blond.
- D'après le professeur Dumbledore, une place est à pourvoir. Mais il faut que je passe d'abord un entretien pour prouver mes capacités d'enseignement.
Les yeux du sorcier s'écarquillèrent mais il hocha la tête, un sourire fier étirant ses lèvres.
Puis, retrouvant son sérieux, Harry continua :
- Tom m'a vu chez la fleuriste et est venu me parler. Lorsqu'il a vu Narcissa, il a demandé où était sa mère et il a vu que sa question m'avait gêné. Il a… il m'a embrassé. Mais j'ai paniqué, j'ai tenté de le repousser et je… je l'ai mordu… et je l'ai frappé… j'ai vu que son regard avait changé. Il savait que j'étais un moldu, et que mon enfant aurait dû en être un aussi. Mais Narcissa utilise constamment sa magie et il… il a vu qu'elle savait faire léviter les objets. Et ce matin j'ai… j'ai reçu une lettre du Ministère de la Magie. Elle disait que je devais tout de suite leur remettre Narcissa et que je régularise ma situation par rapport à elle. Je… je ne l'ai pas reconnue : pas même dans le monde moldu. Je n'y ai pas pensé... elle est venue au monde secrètement... Et personne n'aurait voulu croire que j'étais son seul parent, personne n'aurait voulu croire qu'il n'y avait pas de mère… seulement moi… Hermione m'a convaincu de me rendre au Ministère en urgence pour contester cette mise en demeure. Alors j'y suis allé, et c'est là que Tom m'a… qu'il m'a…
- Que voulait-il ?
- Quoi ?
- Il a dit qu'il voulait que tu lui donnes quelque chose.
Le visage du moldu devint blanc et il s'étrangla.
- Il voulait… un enfant…
Le souffle du blond se coupa dans sa gorge.
- Un enfant ?
- J'ai été obligé de lui avouer que c'était moi qui avais porté Narcissa… j'ai dit la vérité, parce que je ne voulais pas qu'on me l'enlève mais il…
Harry ferma fort les yeux et déglutit péniblement.
- Il a dit qu'il avait toujours préféré les hommes... mais qu'il voulait aussi avoir des enfants… que c'était ironique qu'un moldu tel que moi ait cette faculté... je n'ai pas eu le temps de lui expliquer que je ne pouvais porter que les tiens, et il a essayé de me…
Et la voix d'Harry se brisa dans sa gorge. Draco embrassa son front, et parla d'une voix calme mais transparente d'une colère monstrueuse :
- Il l'aurait tout de même fait.
- Quoi ?
- Il l'aurait fait, même en sachant que tu ne pouvais pas lui donner d'enfant.
- Comment le sais-tu ?
- Je l'ai vu, dans ses yeux.
Et chaque parole arracha le cœur du brun à mesure que Draco les prononça :
- J'ai vu que c'était toi qu'il voulait, à n'importe quel prix. Avoir des enfants avec toi n'était qu'un plus. Mais tu étais son objectif.
- Si… si tu n'avais pas été là…
- Je vais le tuer.
Harry releva les yeux vers son visage et il hoqueta. La face de Draco était exactement semble au jour où Lucius Malfoy avait attenté à sa vie. Il était horriblement froid et défiguré par la haine. Le moldu attrapa alors rapidement la figure du blond entre ses mains, tentant d'accrocher son regard.
- Regarde-moi.
Le sorcier grogna. Harry reconnaissait l'agressivité qui motivait les pulsions protectrices du Particulier. Malgré tout ce temps, Draco n'avait pas changé. Et quelque part, il se sentit soulagé et heureux de voir qu'il était toujours prêt à tout pour lui. Mais il avait peur. Terriblement peur de le perdre.
- Regarde-moi, Draco, s'il te plait.
Et les yeux du blond brillèrent devant sa figure. Alors, sa voix se fit douce et rassurante.
- Tout va bien, je n'ai rien. Il n'a pas eu le temps de...
- Je vais le tuer.
La voix était tranchante, glaciale, et l'immense corps trembla d'une rage contenue. Harry secoua la tête, tenant le visage du sorcier face à lui.
- Tu ne vas rien faire du tout.
- J'aurais dû le tuer.
- Il ne s'en sortira pas, je te promets qu'il ne s'en sortira pas. Mais calme-toi, je t'en prie.
- Et que comptes-tu faire ?
Harry posa sa tête contre le torse du sorcier et enroula ses bras autour de sa nuque. Il fallait qu'il rassure Draco. Il fallait qu'il le calme.
- Je porterai plainte, Hermione m'aidera à monter un dossier.
- Tu es un moldu. Ils ne te croiront pas.
- Mais tu es un sorcier, et tu étais là. Ils te croiront, toi. Il ne s'en sortira pas, Draco.
Alors le corps du blond sembla se calmer doucement et Harry soupira de soulagement lorsqu'il sentit ses bras s'enrouler autour de lui.
- Je te promets qu'il ne s'en sortira pas. Ne t'énerve pas, je t'en prie. J'ai besoin de toi...
Les bras autour de lui se firent alors plus amoureux et doux et Harry s'y blottit. Draco était convaincu.
- Jamais plus je ne le laisserai s'approcher de toi.
Harry hocha la tête. Et ils restèrent ainsi, serrés l'un contre l'autre.
La nuit avançait tranquillement, et Narcissa dormait toujours dans son berceau blanc. Draco se prit à la regarder, à la dévisager, à observer chacun des détails de son visage, chacune des courbes de ses mains, chacun de ses traits si délicats. Elle était si petite, et pourtant déjà si grande. Le nez était celui d'Harry, incontestablement. Ridiculement adorable. La forme de ses yeux, elle, venait directement de lui. C'était la plus belle chose qu'il ait vu de sa vie.
Il tendit la main, puis se ravisa. C'est alors qu'Harry la lui saisit et la guida jusqu'au petit être endormi. Là, il la posa sur le ventre de l'enfant et Draco put enfin sentir sa chaleur.
C'était incroyable.
Il sentait sous ses doigts le petit cœur déjà vif et pouvait voir sa main s'élever et s'abaisser au rythme de la respiration calme du nourrisson. Draco resta ainsi de longues minutes, profitant de ce premier contact avec son enfant.
Son enfant… Sa fille… Son bébé…
Alors, il se retourna d'un geste vif et attrapa Harry dans ses bras. Enfouissant son visage dans son cou, il souffla, le cœur au bord des yeux :
- Je suis tellement désolé d'être parti, Harry.
Le moldu écarquilla les yeux, surpris de cet élan de culpabilité. Il passa ses bras sous les épaules du blond et serra son dos aussi fort qu'il put.
- Tu es là, maintenant.
- Comment ai-je pu t'abandonner ainsi ? Comment ai-je pu être aussi égoïste ? Et toi qui, pendant tout ce temps, vivais une grossesse difficile et prenais soin de notre petite fille… si j'avais su, si seulement j'avais su…
- Tu ne pouvais pas savoir… et si… si tu n'étais jamais parti, je ne sais pas si nous aurions fini par avoir Narcissa…
- Si, j'en suis sûr. Regarde comme tu l'aimes aujourd'hui. J'aurais dû rester. Comment ai-je pu te faire ça à toi ?
Harry caressa doucement le dos du blond, le rassurant, le réconfortant.
Il lui en avait voulu. Oh oui, tellement voulu… Mais dès qu'il y avait eu Narcissa, c'était comme si rien ne s'était passé… C'était comme si Draco lui avait fait le plus beau cadeau du monde avant de repartir dans le néant. Il embrassa son épaule, et Draco soupira. Alors, il colla son front contre celui du moldu, et ferma les yeux.
- C'est terminé avec Pansy.
- Je croyais pourtant que... balbutia Harry, hésitant. Je croyais que vous...
Et il se rendit compte d'une chose.
- Où est ton fils, Draco... ?
Il vit le blond pincer douloureusement les lèvres et baisser les yeux.
Harry passa alors une main sur sa joue et se recroquevilla contre lui :
- Raconte-moi.
Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?
Je sais... sur ce coup c'est un ÉNORME Deus Ex Machina, haha ! Mais Tom était sur le point de commettre l'irréparable, et heureusement que Draco est arrivé.
N'hésitez pas à me laisser votre avis dans une review. Aujourd'hui, plus que jamais, j'aimerai savoir votre ressenti sur ce chapitre ! J'attends de vous lire avec impatience :D.
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de connaître la suite.
À vendredi, bisous !
