Bonjour,

Vraiment, à tous, un immense MERCI pour toutes vos reviews ! Merci d'avoir partagé avec moi votre ressenti quant au dernier chapitre. Je suis tellement touchée de voir que, globalement, vous avez plutôt bien reçu le retour de Draco, et que vous êtes passés par plusieurs émotions durant votre lecture. Vous ne pouviez pas me faire plus plaisir, vraiment. Ne sous-estimez pas la puissance de vos mots, ils me donnent des ailes à chaque fois que je vous lis ! Merci, merci, merci !

Attention : dès lors et dans les prochains chapitres, nous passons au point de vue de Draco.

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Bonne lecture !


Chapitre 52 : Le Repousse-Mort.

Flashback - Analepse

Draco atterrit dans son manoir, dans le Wiltshire, et serra les dents tant la douleur était puissante. Il tituba légèrement, sentant son coeur se compresser violemment dans sa poitrine et reprit contenance, le visage luisant de sueur. Rapidement, il se dirigea vers une pièce où il n'avait encore jamais eu le droit d'entrer : le bureau de son père.

Il traversa l'immense hall d'entré, sombre, noir, inhospitalier. À l'image du reste de la gigantesque demeure. Il avait toujours détesté cette maison. Ici, son père ne lui avait jamais témoigné la moindre affection. En réalité, il n'y avait eu qu'en public qu'il feignait d'avoir de bonnes relations avec lui. Et ce n'était que maintenant qu'il en prenait conscience. Ce manoir était froid, excessivement froid, et tranchait avec la chaleur qu'il avait pu ressentir chez les Weasley et les Potter. Il traversa toutes les pièces sans lancer un regard autour de lui. La décoration n'avait pas changée. À vrai dire, rien n'avait jamais changé. Depuis sa naissance il connaissait tous les détails, tous les recoins de sa maison, et pour cause, jamais un objet n'avait été changé de place, jamais un rideau n'avait été remplacé, jamais un tableau n'avait été décroché. Le temps avait figé chaque élément de l'immense bâtisse.

Lorsqu'il arriva devant le bureau de son père, il leva la main et entendit aussitôt le cliquetis caractéristique d'une porte qui se déverrouille. Il ouvrit la porte, et fut tout de suite frappé par le désordre de la pièce. Au milieu trônait un imposant bureau de bois noir lustré parsemé de dizaines de livres, parchemins, plumes, encriers et restes de bougies fondues. Partout ailleurs, des piles d'objets, des chaudrons, des fioles, des ingrédients, on aurait dit un véritable laboratoire. Dans l'un des murs était encastrée une cheminée devant laquelle dormait un sofa poussiéreux. Rien dans cette pièce n'avait de sens.

Draco sentit une douleur lancinante lui étreindre la gorge et il s'appuya dans l'encadrement de la porte quelques secondes pour reprendre son souffle. Il devait se dépêcher, sans quoi il ne tiendrait pas et retournerait d'où il était venu. Il se pressa alors, allant directement vers le bureau. Là, il fouilla. Il lut chaque parchemin, détailla chaque livre, ouvrit chaque tiroir avec une vitesse impressionnante. La douleur le faisait serrer les dents. Il ne trouva rien. Alors il commença à perdre patience et une violence monta en lui : il renversa les tiroirs, balaya la surface du bureau. Rien. Il se rua sur les étagères pleines de livres poussiéreux et collés par des toiles d'araignées plus grosses que ses poings. Il chercha. Faisant tomber les bouquins, grognant de frustration. Sa tête le brûlait. Il ne trouva rien. Il se tourna alors vers les chaudrons et les fioles de l'autre côté de la pièce et observa chaque étiquette, lut chaque recette et sa main se figea lorsqu'il trouva enfin ce qu'il cherchait.

Dans une petite boîte de bois clair, s'alignait dix fioles remplies d'un liquide argenté. On aurait dit du sang de licorne mais, brodés à même le tissu de velours vert du couvercle, s'inscrivaient les mots « Repousse-Mort ». Il en attrapa une, la débouchonna et laissa glisser le liquide opaque dans sa gorge. Le goût était inexistant. On aurait dit de l'eau claire. Quand la fiole fut entièrement vidée, les effets furent instantanés. La douleur qui s'insinuait dans ses veines disparue immédiatement et il sentit son corps se détendre et se décrisper. Son cœur reprit un rythme normal, et la brûlure qui avait pris possession de sa tête et de ses entrailles se dissipa subitement. Ce fut comme s'il n'avait jamais ressenti la moindre souffrance. Comme s'il ne l'avait pas quitté. Comme s'il n'avait pas quitté Harry. Alors, il s'assit sur le sofa, faisant s'envoler des volutes de poussières épaisses, et se prit la tête entre les mains. Ses doigts s'accrochèrent à ses cheveux et la fiole glissa jusqu'à s'écraser au sol dans un tintement aigu.

Il resta là, le regard perdu dans le vague. Il n'avait plus mal. Physiquement. Il n'y avait plus aucune douleur. Physiquement. Tout était normal. Physiquement. Mais, Merlin, il souffrait. Il revoyait le visage si triste du moldu qu'il avait décidé d'abandonner. Il revoyait passer devant ses yeux ses petites mains, qui l'avaient frappé de chagrin, de colère, de détresse. Il entendait résonner en lui ses suppliques, ses prières, ses implorations. Et il souffrait. Il souffrait tellement. Il se trouva horrible. Il se trouva détestable, monstrueux, d'avoir osé faire cela à la personne la plus importante de sa vie. Lui qui l'aimait tant…

Mais une petite voix en lui s'éveilla, et il se releva rageusement.

Non. Il n'avait pas eu d'autre choix. C'était la seule solution. Il ne pouvait plus vivre ainsi. Il ne pouvait plus avancer. Il n'y arrivait plus. Il avait besoin de plus. De beaucoup plus. Et Harry était incapable de lui donner ce qu'il attendait. Il avait patienté des mois durant. Attendant, espérant que le moldu change d'avis et accède à sa demande. Croyant qu'il le comprendrait, qu'il lui donnerait ce dont il avait besoin par dessus tout. Mais jamais le moldu n'avait accepté. Jamais il n'avait pris en compte cette nécessité qui lui dévorait les entrailles. Et aujourd'hui il ne pouvait plus. Il ne supportait plus d'attendre. Il en avait besoin. Un besoin vital, viscéral. Il voulait un enfant. Et Harry refusait de lui en donner. C'était son droit. Et, lui aussi, avait le droit d'être heureux.

Draco chercha aux alentours de la boîte, ses esprits retrouvés et sa détermination grandissante. Il finit par trouver un petit calepin noir dans lequel étaient notés plusieurs recettes. Certaines étaient barrées, d'autres griffonnées, d'autres encore étaient incomplètes. Tournant les pages avec précipitation, il aperçut enfin la recette qu'il cherchait. Il arracha la page du « Repousse-Mort », attrapa la boîte remplie de fioles et ressortit aussitôt de la pièce chaotique.

Il se dirigea sans détour vers sa chambre, de l'autre côté du bâtiment. Lorsqu'il y entra, il ouvrit sa malle sur son lit et, d'un geste du doigt, fit léviter plusieurs vêtements qui se rangèrent d'eux-même à l'intérieur de son bagage. Il sortit l'étui de sa baguette, où celle-ci reposait depuis plusieurs mois maintenant. Il n'en avait plus l'utilité. Il la rangea dans un des tiroirs de son bureau. Dans le même temps, il ramassa quelques effets personnels, dont le trousseau de clés des coffres de sa famille, à Gringotts, qu'il fourra dans la poche de son pantalon. Alors, il sentit entre ses doigts quelque chose qui lui arracha un frisson.

Il sortit sa main, baissa les yeux et sentit son cœur s'ouvrir en deux. Ses lèvres se pincèrent. C'était la photo d'Harry, lorsqu'il était enfant. Un bébé, qui ne devait pas avoir plus d'un an ou deux, qui mâchonnait en riant un petit jouet en plastique. Il tendait les bras vers le photographe. Vers lui. Et ses yeux brillaient de bonheur. Il resta alors là, de longues minutes, debout au milieu de sa chambre sans vie. Il détailla ce visage enfantin et doux. Il sourit devant ses pommettes roses et rondes. Et cela lui brisa le cœur.

Douloureusement mais avec précaution, il plia la photo moldue et la remit dans sa poche avant de retourner vers sa malle désormais pleine. Il vit alors, coincé entre deux chemises, le cadeau qu'Harry lui avait fait, lors du précédent Noël. Il n'avait encore jamais utilisé le MP3. Harry avait tellement chanté les chansons qu'il contenait qu'il les connaissait sur le bout des doigts. Sa main passa dessus et il hocha la tête. Il attrapa l'appareil et le cacha tout au fond de son bagage, là où il ne risquerait pas de le perdre. Là où il ne risquerait pas de le briser. Puis il referma sa malle, l'attrapa d'un geste vif et sortit sans un regard en arrière.

Il courut presque jusqu'au hall d'entrée. Il ne supportait plus cette maison. Alors qu'il allait sortir d'un pas précipité, son regard se posa vers un immense tableau accroché au mur et il trembla. Elle était là. Elle lui souriait. La stature haute, les mains croisées devant elle, elle le regardait avec douceur. Et Draco sentit la culpabilité lui couper le souffle. Elle le regardait de ses yeux bleus, et son sourire était si doux qu'il crut un instant qu'elle était véritablement là.

Il leva doucement la main et la posa tendrement sur la joue de la femme sur le tableau qui ferma les yeux en souriant, acceptant la caresse :

- Je suis désolé, mère, murmura-t-il. Je suis tellement désolé.

Elle ne répondit rien, se contentant de lui sourire avec autant d'amour que possible.

Sa bouche s'assécha et il sentit sa main frémir sur la peinture.

- Au revoir, souffla-t-il en passant ses doigts le long de son visage.

Et il transplana.


Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?

C'est un chapitre vraiment très court par rapport au précédent, mais il permet une introduction au point de vue de Draco. Les prochains seront un peu plus longs, ne vous inquiétez pas.

N'hésitez pas à me laisser une review pour vous exprimer. Quelles sont vos craintes ? Vos hypothèses ? Vos suppositions ? Avez-vous hâte de découvrir la suite ? J'attends de pouvoir vous lire avec impatience.

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plus et qu'il vous aura donné envie de connaître la suite.

Je vous fais de gros bisous, à mardi !