Bonjour,
Merci pour votre accueil quant au changement de point de vue du chapitre précédent et des chapitres à venir. Avoir la vision directe de Draco de ce qu'il a vécu peut être intéressant et répondre à quelques questions que vous vous posiez.
Encore un immense merci à tous pour vos reviews, toutes autant qu'elles sont. Ça me fait toujours très plaisir de vous lire, et je suis vraiment heureuse d'avoir vos retours avec autant d'assiduité. Merci à tous, de tout mon coeur :).
Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.
Bonne lecture !
Chapitre 53 : Alcools.
Flashback - Analepse
Cela faisait désormais plusieurs semaines que Draco était en Allemagne. Ou plusieurs mois. Il n'avait pas compté. À vrai dire, il était dans l'incapacité même de se rendre compte du temps qui passait. Il avait transplané dans l'une des résidences secondaires de sa famille au hasard, sans vraiment savoir où il allait atterrir. Et, finalement, il n'en était jamais parti.
Ce manoir-ci était tout aussi sombre que celui du Wiltshire. Son esthétique baroque le rendait très hostile, très renfermé. Les rideaux étaient constamment fermés, comme pour empêcher le soleil d'apporter un peu de lumière, de réconfort. Le seul élément qui semblait réchauffer l'atmosphère était l'immense cheminée qui conservait toujours quelques braises incandescentes. Draco ne faisait jamais de grands feux. Il n'en voyait pas l'utilité. D'ailleurs, il trouvait cette maison aussi inutile que toutes celles que sa famille possédait. Il n'avait jamais compris ce besoin de grandeur des Sang Pur. Il n'avait jamais aimé la possibilité de se perdre, d'un couloir à un autre, à cause de cette pluralité de pièces inutilisées et vides. Il n'avait que faire de ces immenses jardins sans fleurs, seulement composés de haies parfaitement taillées. Il n'occupait qu'une seule et unique pièce, le premier salon, au rez-de-chaussée. Il était gigantesque. On aurait pu y faire entrer la maison des Potter sans souci.
Draco serra les dents. Il s'était pourtant promis de ne plus penser à ce nom. Il avala d'une traite une longue gorgée de cognac et jeta la bouteille vide sur le sol, augmentant la liste des cadavres sur le plancher.
Lorsqu'il était arrivé en Allemagne, la première chose qu'il avait fait fut de se rendre dans le bar le plus proche pour s'enivrer. Et la tâche fut bien plus compliquée qu'il ne l'aurait cru. Durant des heures, il avait bu. Enchainant les verres, dépensant son argent. Ce n'est qu'au bout de trois longues heures et six litres de rhum, vodka, schnaps et autres liqueurs et alcools forts qu'il avait commencé à sentir les effets d'un grisement furtif. Ses doigts lui avaient picoté, et son esprit s'était allégé. Cela avait été minime, il aurait pu confondre ce début d'ivresse avec les prémices d'un premier baiser. Alors il avait continué. Inlassablement. Jusqu'à s'en donner la nausée. Jusqu'à vouloir vomir, il avait continué. Et alors que le bar allait fermer, enfin, il s'était senti partir. Le cerveau cotonneux, la bouche pâteuse, il avait réussi. Enfin, le cœur léger et le corps engourdi, il avait oublié. Il avait tout oublié. Il avait oublié son visage, oublié ses yeux, oublié sa voix. Il avait réussi. Il ne le voyait plus. Il ne pensait plus à lui. Il ne savait plus son nom, ne connaissait plus les traits de sa figure, la douceur de sa peau. Il l'avait oublié. Enfin.
Alors il avait réussi à dormir, emporté par des rêves sans queue ni tête où il n'était pas là. Où il n'existait pas. Et si le Repousse-Mort était la potion qui soignait son corps de l'absence, de la distance, l'alcool fut la potion qui soigna son esprit de sa présence, insupportable, constante.
Mais au petit matin, lorsqu'il s'était réveillé, avachi dans le sofa devant la cheminée, les restes d'une bouteille vide dans la main, il s'en était rendu compte… Il s'était rendu compte que la première chose à laquelle il avait pensé, en ouvrant les yeux, avait été son sourire. La première chose qu'il avait voulu entendre avait été sa voix. La première chose qu'il avait espéré fut qu'il soit là, près de lui, juste dans ses bras. Et il avait jeté la bouteille qui s'était brisée avec fracas contre l'un des murs. Il n'avait aucun symptôme de xylostome(1). Comme si tout ce qu'il avait ingéré la nuit passée n'avait été que fiction, qu'eau pure. Et il se détesta. Il détesta son père de lui avoir transmit ces gènes capricieux qui l'empêchaient de vivre. Qui l'empêchaient d'être normal. Il détesta son corps d'absorber si vite ces alcools qui n'avaient un effet que passager sur son organisme. Il se détesta de ne pas réussir à l'oublier.
Alors, continuant de chercher perpétuellement l'oubli, l'évasion, l'échappatoire, il buvait. Tous les jours, des heures durant, il buvait. Le matin au réveil, jusqu'au soir au coucher, il buvait. Il avait écumé tous les bars de la ville, faisant le bonheur des restaurateurs moldus et sorciers. Il dépensait sans compter, et malgré les sommes considérables qu'il mettait dans ses boissons, sa bourse ne semblait pas désemplir. Il était désormais connu de tous, et pourtant, jamais, il ne disait un mot. Le regard bas, le visage sombre, il s'asseyait au bar, ou à une table isolée, et il buvait en silence. Certaines personnes avaient tenté de lui offrir un verre, de l'approcher, mais il avait toujours refusé, se murant dans une solitude qu'il n'arrivait pas à atteindre pleinement, l'esprit toujours envahi par le moldu qui dirigeait chaque seconde de sa vie même vivant de l'autre côté de la mer. Il avait entendu les gens parler de lui comme étant « l'Argenté ». Il ne savait pas si c'était à cause de ses cheveux blonds, ou à cause des sommes qu'il dépensait chaque soir. Cela lui importait peu. Il n'avait que faire des regards et des murmures. Il voulait juste oublier. Oublier Harry. Oublier qu'il l'avait laissé, là-bas, dans cette chambre noire.
Draco se dirigea doucement vers la commode dans laquelle il avait rangé les dizaines de bouteilles d'alcool qu'il avait acheté durant son séjour. Les cavistes avaient été plus que ravis de le voir arriver dans leurs boutiques.
Il en saisit une au hasard, l'ouvrit d'un mouvement de la main, et but plusieurs gorgées, à même le goulot. Nul besoin d'un verre : aucun n'était assez grand pour étancher sa soif d'oubli. Les gorgées lui réchauffèrent à peine l'œsophage. Il aurait continué à vider la bouteille comme s'il buvait de l'eau si le goût n'était pas aussi âcre.
Alors qu'il reprenait le chemin du sofa, il entendit un bruit sourd. Il leva les yeux, tendant l'oreille. Le bruit reprit. On tambourinait à la porte.
Il soupira, avala une nouvelle gorgée d'alcool, et se dirigea lentement vers l'immense porte d'entrée noire au bout du corridor. Les coups redoublèrent tant il mettait de temps. Lorsqu'enfin il atteignit la poignée et qu'il ouvrit la porte, il n'eut le temps que d'apercevoir deux yeux bruns foncés le fusiller avec rage.
Le coup de poing qu'il reçut en plein visage fut si violent qu'il tituba et tomba en arrière, éclatant dans sa chute la bouteille en verre qui répandit au sol son précieux liquide.
- T'es vraiment con, tu l'sais, ça ?! éructa Blaise.
Draco ouvrit de grands yeux ahuris, sa main remettant en place sa mâchoire douloureuse. Le métis entra dans la maison sans demander son reste et referma la porte avec violence. Alors le blond fronça les sourcils. Blaise n'avait jamais été quelqu'un de violent. Il était même la personne la plus pacifique qu'il connaisse. Il eut un rictus mauvais.
- Tu aurais pu m'envoyer une beuglante, ça aurait eu le même effet, cracha-t-il.
Il se releva lentement et d'un geste du poignet, fit se recoller les morceaux de verre. Bientôt, la bouteille, comme neuve et à peine entamée, retrouva sa place dans sa main.
Blaise le regardait avec des yeux noirs et son visage, d'ordinaire si chaleureux, exprimait la déception et la colère. Draco sentit monter en lui un sentiment d'injustice puissant, mais il le ravala en même temps que sa salive au goût alcoolisé.
Le métis se dirigea alors tout naturellement dans le corridor et entra dans la seule pièce qui semblait habitée. Draco le suivit d'un geste nonchalant, le visage fermé :
- Entre donc, fais comme chez toi, souffla-t-il avec ironie.
Le blond retourna s'asseoir sur le fauteuil devant la cheminée et avala un nouveau trait d'alcool qui le fit à peine grimacer. Il sentit le regard brûlant du sorcier se poser sur lui, et il l'ignora bien vite, habitué à se sentir observé dans les bars.
- Comment m'as-tu trouvé ?
- Tes trente-six autres propriétés étaient vides.
Un rictus impressionné apparut sur le visage du blond.
- Donc c'est tout, reprit Blaise.
Draco leva les yeux.
- T'restes là à t'saouler toute la journée ?
- Excuse-moi, je manque à tous mes devoirs, parut tout à coup s'inquiéter le blond avec un sourire faux. Je te serre un verre ?
Il vit le métis serrer les poings et il sourit avec défiance.
- Ne m'prends pas pour un idiot, Draco.
- Loin de moi cette idée.
Le blond porta de nouveau le goulot à ses lèvres.
- Je suppose que c'est non, pour le verre, demanda-t-il sans un regard.
Et Blaise éclata.
- Comment t'as pu faire ça ?! cingla-t-il, la voix hargneuse. Comment t'as pu partir ?! Comment t'as pu l'abandonner ?!
Draco soupira. Sa bouteille était presque vide, et il ne ressentait encore aucun effet.
- Je n'ai pas besoin de tes reproches.
- J'vois que tout ce dont t'as besoin c'est ta gnôle.
- Quelle perspicacité, sourit-il.
Blaise ne le lâchait pas du regard, le corps tendu. Draco vida sa bouteille et la lança au sol, la faisant tinter au contact de ses sœurs.
- T'es tombé bien bas, Draco Malfoy.
Le blond leva les yeux vers lui à l'entente de l'utilisation inhabituelle de son nom de famille. Blaise eut un regard déçu, presque dégoûté.
- Ah ? feignit-il de ne pas comprendre.
Il se leva et se dirigea de nouveau vers la commode qui renfermait toutes ses bouteilles. Il l'ouvrit et tendit la main.
- Depuis quand Harry ne vaut-il pas mieux qu'une bouteille de scotch ?
Et sa main se figea en l'air. Il sentit son corps entier trembler et il serra les dents.
- Depuis quand ta propre âme-soeur vaut-elle moins qu'un verre de vin ?
Les yeux rivés sur les bouteilles dans l'armoire, il eut mal. Atrocement mal.
- Depuis quand es-tu devenu aussi cruel ?
- Sors d'ici.
Sa voix était tranchante, froide. Pourtant, Blaise ne bougea pas.
- Depuis quand, hein, Draco ? répéta le métis. Depuis quand un Malfoy traite-t-il ainsi la personne la plus importante de sa vie ?!
- Je t'ai dit de sortir.
- Depuis quand un Particulier abandonne-t-il son âme-soeur ?!
- Blaise, siffla le blond. Je ne te le répèterai pas une fois de plus.
Et les bouteilles tremblèrent sur les étagères et sur le sol.
- J'partirai pas, non. T'vas affronter tes erreurs en face.
- Et quelles erreurs insinues-tu que j'ai commises ? rit sarcastiquement le blond.
- T'as quitté Harry !
- Ce n'était pas une erreur.
Le métis serra les dents.
- Donc pour toi, le faire souffrir était l'unique option.
- C'était lui ou moi.
- Égoïste que t'es.
Et Draco fronça les sourcils. Il saisit une nouvelle bouteille et ferma la commode avant d'attraper deux verres sur une étagère. Il se rassit alors sur le sofa et se servit une grosse quantité du liquide ocre foncé. Il but si rapidement que ce fut comme s'il ne s'était jamais servit.
- Égoïste ? murmura-t-il enfin. Moi ?
- Oui, toi, siffla Blaise, se plantant devant lui, les poings fermés.
- Comment oses-tu dire ça… siffla-t-il.
- Tu n'vas pas m'faire croire que c'était pour son bien.
- Si, ça l'était.
- Égoïste et menteur.
- Je ne suis pas un menteur, dit-il froidement, se servant un nouveau verre. Il fallait que l'un de nous prenne une décision. Et je l'ai fait.
Blaise eut le visage déchiré par la colère :
- Mais putain, Draco, si tu pensais un peu plus à lui… !
- Mais je ne pense qu'à lui !
Le blond s'était relevé, la figure pleine de hargne, de colère et de désespoir. Blaise recula, voyant trembler tous les meubles de la pièce.
- Je ne fais que ça, penser à lui, Blaise ! Il est là ! Tout le temps ! Tous les jours ! Je ne pouvais pas rester !
- Tu n'pouvais pas l'abandonner ! tonna alors le métis, emporté par la rage. J'te croyais plus intelligent, et surtout moins cruel !
- Crois-tu que cela soit sain de rester près de lui alors que je lui en veux un peu plus chaque jour de refuser de me donner ce dont j'ai besoin ? grinça alors le blond.
- Mais lui imposer un enfant !
- J'ai besoin de cet enfant, Blaise !
- Pourquoi ?!
- J'en ai besoin, c'est tout !
- Alors Harry n'est bel et bien qu'une mère-porteuse ?!
- Il est mon âme-soeur ! éructa le blond.
- Alors pourquoi tu t'es barré comme un voleur ?!
- Parce que sans enfant je vais devenir fou ! hurla alors Draco de rage.
Et les bouteilles au sol, sur ta table et dans la commode éclatèrent, remplissant la pièce de milliers d'éclats de verre tranchants et de liquides odorants qui piquèrent le nez des deux hommes.
- Je vais devenir fou ! répéta le blond, menaçant d'éclater les meubles de bois noir. J'ai besoin d'un enfant, Blaise ! Il m'en faut un !
- Mais l'adoption… !
- Non ! Mon enfant ! Avec mon sang ! Un Malfoy !
- Je n'te comprends plus ! Depuis quand es-tu obsédé par le sang des Malfoy ?!
- Depuis que j'ai tué ma mère et que j'ai presque fracassé le crâne de mon père !
Alors Blaise ouvrit de grands yeux.
Draco se rassit et glissa ses mains dans ses cheveux, là, il les serra fort, de toutes ses forces, et le sorcier crut qu'il allait s'arracher la tête.
- J'ai tué ma mère, Blaise… murmura-t-il, la peine nouant sa gorge. J'ai tué la seule personne qui pouvait m'offrir une vie normale... mon père m'a toujours détesté… mon père a voulu tuer mon âme-sœur, pour me faire souffrir… et j'ai faillit le tuer lui aussi… je suis un assassin... je l'ai tuée, Blaise... j'ai tuée ma mère...
Le métis ne put détacher son regard du visage ahuri du blond. Draco fixait le sol, les yeux hagards, vitreux, et les mains blanches et tremblantes.
- J'ai besoin d'un enfant… mon enfant… j'ai besoin qu'au moins un Malfoy dans sa vie soit véritablement aimé et heureux… j'ai besoin de vie... c'est la seule chose que je demande...
- Mais Harry t'aime, Draco.
Il secoua la tête.
- Tu ne comprends pas. Je ne remets pas en question l'amour d'Harry. Il est mon âme-sœur. Nous ne cesserons jamais de nous aimer.
- Mais ?
- Mais ça ne me suffit pas.
Les épaules du métis s'affaissèrent et il s'assit près du blond qui fixait irrémédiablement le sol, perdu dans ses convictions, perdu dans sa folie.
- J'ai besoin d'aimer un enfant comme je n'ai jamais été aimé, Blaise... Tout ce que je n'ai pas eu, je veux qu'il l'ait. Je veux qu'il vive sans se sentir coupable d'avoir tué l'un de ses parents... je veux qu'il grandisse avec moi... je veux construire ce que mon père n'a jamais réussi à faire pour moi...
Et il sourit.
- Je suis certain que je m'en occuperais très bien... pour une fois dans ma vie, je veux créer quelque chose...
Blaise observa les morceaux de verre brisés.
- Je veux aimer mon enfant comme j'aurais aimé que mon père m'aime... je veux connaître mon enfant comme j'aurais aimé connaître ma mère...
Blaise baissa la tête.
- Pourquoi tu ne lui as pas dit tout ça ?
Et Draco ferma douloureusement les yeux.
- Parce que je ne veux pas qu'il porte ce fardeau à ma place. C'est moi qui ai tué ma mère. C'est moi qui ressens ce besoin.
Le métis soupira lourdement.
- Alors tu sais que tu n'avais pas l'droit d'lui faire du chantage, Draco. Tu sais qu'c'est pas d'sa faute si tu r'ssens ce besoin.
- Oui, je sais. Chantage, ultimatum, appelle-ça comme tu veux. Quand je dis que je suis parti pour son bien, c'est à moitié vrai. Je ne pouvais pas continuer à espérer qu'il me donne un enfant alors qu'il ne veut pas le porter. Je ne pouvais pas le forcer. Il a le droit de ne pas l'accepter. Mais il n'a pas le droit de m'en vouloir de ressentir le besoin avoir mon propre enfant, Blaise... moi aussi j'ai le droit de vouloir un enfant... je ne pouvais pas non plus rester près de lui en sentant la frustration montrer en moi...
- Il t'aime tellement…
- Et je l'aime encore plus.
Le métis leva les yeux. Draco grimaçait de douleur, la voix brisée.
- Je l'aime tellement que je ne pouvais pas lui imposer un enfant, Blaise. Si j'avais voulu, il serait déjà enceint. Mais je le respecte trop pour lui faire un enfant sans son consentement. Il mérite mieux... tellement mieux...
Le métis inspira. Les choses semblaient s'éclaircir doucement. Pourtant, il ne comprenait toujours pas.
- Alors qu'est-ce que tu fais là ?
- Quoi ?
Le blond releva la tête, les yeux gris incrédules.
- Qu'est-ce que tu fais là si tu veux un enfant ?
Et Draco fut incapable de répondre.
- Je… tenta-t-il.
- C'est pas en passant tes journées à boire qu'tu trouveras quelqu'un qui voudra t'en donner un.
Le Serpentard fut comme frappé en plein visage et il écarquilla les yeux. La figure de Blaise était déterminée, et inhabituellement compatissante.
- Si tu l'as quitté, c'est pour avoir un enfant, non ?
- Oui.
- Alors qu'est-ce que t'attends ?
Draco fronça les sourcils.
- Je n'ai pas…
- T'as quitté Harry. La moindre des choses c'est de justifier cette souffrance que tu vous infliges.
Le blond baissa les yeux et ses larges épaules tombèrent alors qu'il serrait les dents à s'en casser la mâchoire.
- Je n'y arrive pas… murmura-t-il.
- Tu n'arrives pas à quoi ?
- Je n'arrive pas à l'oublier.
Et Draco donna un violent coup de poing sur la table basse qui se fissura.
- Il est tout le temps là, dans mon esprit. Je l'aime toujours.
- Et alors ?
Les yeux gris brillèrent de colère.
- Et alors ? Alors quand je ferme les yeux c'est lui que je vois ! tonna le blond. Quand je mange, bois, dors, il est là ! Comment veux-tu que je vive alors même que je rêve de le sentir à nouveau dans mes bras ? Comment veux-tu que j'avance alors que sans cette potion que je prends chaque jour je serais déjà mort d'être si loin de lui ?
Blaise posa alors une main amicale sur son épaule et la serra.
- Aimer quelqu'un n'a jamais empêché personne d'faire un enfant à quelqu'un d'autre, Draco. Ça arrive même plus souvent qu'on n'le croit.
- Je ne suis pas de ces gens-là.
- Pourtant t'vas devoir.
Le blond ferma douloureusement les yeux.
- Combien d'femmes s'font tromper par leurs maris qui font des bâtards à d'autres, continua le métis. Ou inversement.
- Je n'ai pas trompé Harry.
- Tu n'es pas marié à lui non plus. Tu l'as quitté. T'as eu la décence d'faire les choses dans l'ordre.
Un rictus passa la barrière des lèvres du blond.
- Donc tu me soutiens, maintenant ?
- Ai-je vraiment l'choix ?
Blaise soupira.
- J'continuerai à penser l'restant d'mes jours qu'tu fais une terrible erreur en quittant Harry.
- Écoute Blaise, je…
- Mais j'te crois. J'te crois quand tu dis qu'sans un enfant, sans ton véritable enfant, tu deviendras fou. T'as déjà commencé à le devenir, fit-il en désignant d'un mouvement de la tête les éclats de bouteilles au sol.
Le blond hocha la tête. Quelque part, il se sentait enfin soutenu, soulagé, compris et son corps se détendit doucement.
Blaise finit par s'affaler sur le dossier du sofa et Draco croisa les mains sous son menton, ses coudes reposant sur ses genoux.
- N'importe qui fera l'affaire, dit alors le métis.
Le blond lui jeta un regard en biais.
- Pourvu qu'elle ait un utérus qui fonctionne, continua Blaise.
Draco se leva, courroucé.
- C'est très réducteur, ce que tu dis-là.
- C'la vérité. Il t'faut un enfant, pas une épouse.
- Je suis un Malfoy.
- Et alors ?
- Alors je ne peux pas avoir un bâtard pour enfant.
Blaise haussa les sourcils.
- Tu suis les principes des Sang Pur, toi ?
- Quoi ? Ça t'étonne ?
- Avec Harry aussi t'comptais les suivre ?
- Évidemment. Je comptais lui demander sa main, s'il avait bien voulu me promettre de porter mon enfant.
- Mais il est un moldu. Et t'es un Sang Pur. C'est très contradictoire.
- De toute façon la question ne se pose plus.
Blaise pinça les lèvres :
- J'maintiens que n'importe qui ferait l'affaire, dit-il enfin.
- Je ne veux pas que mon enfant ait pour mère la première venue.
- J'sais c'que t'aurais voulu.
- Mais ça n'est pas possible, d'accord ? s'énerva alors le blond. Je croyais que tu étais de mon côté !
- J'le suis. Mais j'te le répèterai toute ta vie, Draco. C'est une terrible erreur.
- J'ai saisi.
Blaise eut un sourire sarcastique et soupira lorsqu'il vit Draco sortir de sa poche une petite mignonnette(2) qu'il porta à ses lèvres.
- Tu d'vrais arrêter de boire.
- Et pourquoi ça ?
- Parce qu'aucune femme n'voudra d'un ivrogne pour mari.
- Je ne suis pas alcoolique et ne pourrai jamais l'être, Blaise.
- Encore heureux.
Quelques minutes s'écoulèrent et le métis finit par soupirer :
- Bon, tu m'le sers, ce verre ?
Et d'un mouvement de la main, toutes les bouteilles se reconstituèrent et Draco lui servit un grand verre de whisky.
(1) Xylostome : gueule de bois.
(2) Mignonnette : petite bouteille d'alcool miniature.
Et voilà ! Alors, qu'en avez-vous pensé ?
Draco a enfin reçu le coup de poing qu'il méritait ! J'espère que l'engueulade que Blaise lui a faite vous a quand même fait plaisir, même si, finalement, il a finit par être compatissant envers son meilleur ami.
J'espère que vous comprenez un peu mieux ses raisons et son état d'esprit.
N'hésitez pas à me laisser une review pour vous exprimer et me donner votre point de vue. J'attends toujours vos retours avec impatience !
Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite ;).
Gros bisous, à vendredi :D.
