Bonjour,

Oh. Mon. Dieu. Nous avons officiellement dépassé les 500 reviews ! Je n'en reviens pas ! C'est tellement énorme ! Jamais je n'aurais cru pouvoir atteindre un tel nombre, et c'est grâce à vous. Merci de tout mon coeur d'être là lors de la parution de chaque chapitre. Merci de toujours prendre le temps de me laisser un retour après votre lecture. Vous êtes tous géniaux ! Encore un immense merci à vous, je suis tellement heureuse, vous n'avez pas idée.

Disclaimer : les personnages et l'univers appartiennent à J. K. Rowling, seule l'histoire est de moi.

Avertissement : ce chapitre contient un lemon.

Bonne lecture !


Chapitre 55 : Dernière nuit.

Flashback - Analepse

Draco faisait les cent pas dans son manoir dans le Wiltshire. Il y était revenu il y a quelques jours à peine, pour régler quelques affaires financières qui demandaient qu'il s'y intéresse de près. Teignous Nott, son notaire attitré, avait finalement fait expertiser sa maison à Bocholt, et de nombreux travaux d'aménagement et de rénovation étaient nécessaires avant qu'une mise en vente ou une mise en location ne soit envisagées. Draco avait donc décidé de retourner au Royaume-Uni afin de mettre un peu d'ordre dans le reste de ses biens. Il détestait son manoir dans le Wiltshire. Mais c'était ici qu'il avait grandi. Ici que sa mère avait vécu. Et il ne se voyait pas se séparer de ce lieu plein de souvenirs, même si ceux-ci n'étaient pas forcément joyeux. Avant de revenir vivre chez lui, il s'était assuré que son manoir était toujours soumis au sort d'intraçabilité dont toutes les demeures de Sang Pur étaient dotées. Il savait que Ron, Hermione, et même Harry, devaient être à sa recherche. Et il était hors de question qu'il soit confronté à eux alors qu'il peinait déjà si fort à rester éloigné du moldu. Fort heureusement, son manoir était toujours incartable et inaccessible pour toute personne à qui il n'avait pas communiqué l'adresse précise et exacte directement et à qui il n'avait pas donné l'autorisation de paraître sur les lieux. Blaise avait naturellement accepté d'être le Gardien du Secret de sa demeure et était sous Fidelitas. C'était bien la seule personne en qui il pouvait avoir totalement confiance.

Lorsqu'il était rentré, il avait été plus qu'heureux de retrouver le portrait de sa mère, dans le vestibule, qui lui avait sourit dès qu'elle l'avait aperçu. Ce tableau était bien la seule chose de valeur à ses yeux dans cette immense maison. Pas qu'il vaille réellement quelque chose, contrairement aux nombreux objets rares et chers qui la composaient, mais il s'agissait de la seule image de sa mère qu'il possédait, et il ne s'en séparerait pour rien au monde.

Draco passa une main rageuse dans ses cheveux. Il attendait. Il avait rendez-vous avec son notaire et celui-ci était une fois de plus en retard. Un vieil homme qui ne semblait respecter que les gens plus âgés que lui, c'est-à-dire pas grand monde, tant son âge était avancé. Mais il était le meilleur dans son domaine, et le blond ne pouvait décemment pas se passer de ses services.

Il commençait à s'impatienter, alors il se servit un verre de scotch. Il avait décidé de vendre les actions qu'il possédait dans l'entreprise de confiseries de Bertie Crochue. Elles n'étaient pas un mauvais investissement, il avait simplement trouvé une société plus évoluée et ayant plus de succès sur laquelle parier. Il devait obtenir une réponse rapidement de la part du fameux inventeur des bonbons piégés, la seconde entreprise dans laquelle il voulait investir n'attendrait pas indéfiniment.

Alors qu'il allait se servir un deuxième verre, il entendit frapper. Il posa son verre et marcha d'un pas précipité pour ouvrir la porte.

- Bonjour, monsieur Malfoy, dit simplement Teignous Nott en remettant en place ses lunettes rectangulaires sur son nez d'une main ridée.

Draco pinça les lèvres, profondément contrarié de son retard mais se contenta de le saluer d'un mouvement de la tête et de s'écarter légèrement pour le laisser entrer chez lui.

Il guida le vieil homme jusqu'à un petit bureau situé au fond du couloir principal et le fit asseoir sur un fauteuil en face d'un grand bureau noir et s'assit face à lui, de l'autre côté du meuble.

- J'espère que vous vous portez pour le mieux, dit le vieillard en sortant de sa mallette une pile de papiers griffonnés. Il fait particulièrement frais cet hiver, vous ne trouvez pas ?

- Venez-en au fait, Nott. Je ne fais pas appel à vous pour entendre parler de la météo.

Il le vit pincer les lèvres et passer ses doigts sur sa moustache.

- Je voulais simplement être poli.

- La politesse aurait été d'arriver à l'heure.

- Et d'offrir à boire à son hôte.

Draco claqua sa langue contre son palais et, d'un geste de la main, fit léviter une bouteille et un verre en cristal jusqu'au bureau. L'homme observa d'un oeil impressionné la magie silencieuse et sans baguette opérer. Le verre fut aussitôt rempli d'un liquide brun et se posa dans la main du vieillard qui huma son arôme avant d'humecter légèrement ses lèvres avec :

- Un grand cru, dit-il de sa vieille voix.

- Un des meilleurs que vous goûterez jamais.

Et la bouteille retourna à sa place dans l'armoire au fond de la pièce. L'homme reposa alors son verre et se racla la gorge :

- Bien, j'ai quelques nouvelles à propos de la vente de vos actions dans l'entreprise de monsieur Crochue.

- Je vous écoute.

Draco croisa les mains devant sa bouche, attentif.

- Malheureusement, il m'a été impossible d'obtenir un rendez-vous avec lui ou son gestionnaire de société.

Le blond fronça les sourcils.

- Il s'agit d'un rendez-vous important. Sans le rachat de mes parts il me sera impossible de réinvestir dans une entreprise concurrente.

- C'est ce que j'ai mentionné à sa secrétaire, mais elle n'a rien voulu entendre. Elle a insisté sur le fait que monsieur Crochue n'avait pas le temps.

- Vous voulez dire qu'il n'a pas le temps, ou qu'il n'a pas le temps pour moi ? siffla le Serpentard en appuyant sur son dernier mot.

Le notaire le regarda par dessus ses lunettes et pinça les lèvres.

- Il est présentement en train de se chercher un costume, sourit-il.

Et Draco haussa les sourcils.

- Un costume ?

Teignous Nott hocha doucement la tête, les doigts tapotant sur son verre encore plein.

- Avez-vous entendu parler du mille centième anniversaire de Poudlard, monsieur Malfoy ?

Le blond tressaillit.

- La Gazette du Sorcier l'a mentionné, répondit-il.

- C'est précisément pour cette occasion que monsieur Crochue cherche un déguisement. Le professeur Dumbledore a organisé, pour l'anniversaire de l'école, un bal masqué le soir de Noël.

- Un bal masqué ?

- Tout à fait.

Les doigts ridés tapotèrent encore le verre, faisant doucement résonner un bruit régulier dans la pièce silencieuse.

- Vous rendre à Poudlard serait la meilleure option pour avoir un entretien avec monsieur Crochue.

Draco sentit son corps se tendre de toutes parts et ses doigts se crispèrent devant sa bouche. Son pied s'agita nerveusement sur le plancher.

- Je n'irai pas à Poudlard, siffla-t-il.

Le notaire soupira et haussa légèrement les épaules :

- Monsieur Bertie Crochue a un emploi du temps de ministre. Si vous souhaitez le voir pour lui proposer qu'il vous rachète la trentaine d'actions que vous possédez dans sa société, c'est le moment ou jamais.

- Il est hors de question que je mette un pied dans cette école.

La voix de Draco était froide, glaciale, catégorique et Teignous Nott leva ses yeux vitreux vers lui. Les épaules du blond étaient larges et tendues sous sa chemise blanche. On aurait dit qu'elle était devenue trop petite pour lui tant elle lui collait à la peau. Ce fut comme si son corps même rejetait cette idée.

Le vieillard haussa les sourcils et sourit doucement.

- Je ne vois pas ce qui vous en empêche.

Alors Draco se leva d'un mouvement brusque, faisant racler les pieds de son fauteuil sur le parquet. Il alla se planter devant une petite fenêtre presque opaque qui laissait filtrer quelques rayons de soleil timides. Un silence lourd et pesant s'installa dans la pièce, seulement coupé par le bruit des minuscules gorgées que prenait le vieux sorcier du millésime qu'il sirotait.

- Il y a une personne, lâcha enfin le blond. Une personne que je ne dois pas rencontrer, là-bas.

Le notaire reposa son verre.

- Il s'agit d'un bal masqué, monsieur Malfoy. Vous serez dans l'anonymat le plus total.

Le blond croisa les mains derrière son dos. Il bouillonnait, réfléchissait, pesait le pour et le contre. Et, enfin, il parla :

- Le professeur Dumbledore saura que j'y serai.

Teignous Nott sourit.

- Serait-ce donc si grave ?

Draco se tendit plus encore.

- Je refuse.

- Si vous le souhaitez nous vous ferons entrer par la porte d'entrée principale, en même temps que les autres invités, dit le notaire d'une voix doucereuse.

- Quels invités ?

Un petit sourire étira les lèvres de l'homme.

- Comme je vous l'ai dit il y aura monsieur Crochue, qui souhaite absolument assister au mille centième anniversaire de l'établissement. Il y aura aussi de grandes personnalités, telles que Norbert Dragonneau, Jocunda Sykes, ou encore Gwenog Jones.

Les mains du blond se crispèrent derrière son dos.

- Poursuivez.

- Les invités, tout comme les élèves et les professeurs, seront costumés. Il n'y a donc aucun risque que vous vous fassiez attraper, pour peu que vous vous fondiez dans le reste des convives. Ensuite vous pourrez parler avec monsieur Crochue qui, j'en suis sûr, saura trouver quelques minutes à vous accorder.

- Je n'en serais pas si certain, si j'étais vous.

Le vieil homme soupira. Son verre était presque vide.

- Je ne vous demande pas de rester toute la soirée : juste de mettre au clair avec lui vos intentions quant à la vente de vos actions. Ensuite vous pourrez rentrer chez vous.

- Et s'il refuse ?

- Et bien je lui enverrai un courrier. Mais je maintiens qu'il est préférable pour vous de prendre contact avec lui lors de cette soirée. Il est impossible d'avoir un rendez-vous avec lui avant au moins huit mois.

- Huit mois…

Draco pressa l'arête de son nez entre ses doigts et ferma les yeux.

Huit mois c'était beaucoup trop long. Il ne pourrait pas réinvestir correctement son argent s'il n'avait pas l'aval de Bertie Crochue quant au rachat de ses parts dans son entreprise. Il s'imagina un instant attendre ces huit mois pour obtenir un rendez-vous… Il s'imagina un instant qu'il refuse de racheter ses parts… Il aurait alors perdu du temps, et de l'argent, et cette idée lui fut inconcevable. Il n'avait jamais été un homme d'affaire, et ne comptait jamais le devenir. Mais la fortune des Malfoy était entre ses mains désormais, et il était hors de question qu'il la laisse dormir et s'amoindrir.

Il soupira et ses bras se contractèrent :

- Pouvez-vous m'assurer que personne ne me reconnaîtra ? Je ne dois sous aucun prétexte croiser cette personne.

- Nous trouverons le déguisement adéquat.

Draco ouvrit doucement les yeux. Quelque chose en lui lui hurlait de refuser. Il savait à quel point ce jeu pouvait être dangereux. Il savait que Poudlard était le dernier endroit au monde où il devait se rendre. Mais il était pieds et poings liés. Alors, imperceptiblement, il hocha la tête.

- Dois-je en conclure que vous acceptez ? demanda Teignous Nott.

- Ai-je vraiment le choix ?

- Vous l'avez. Mais si vous refusez vous serez lésé.

- J'ai saisi.

- Alors c'est parfait.

Le vieil homme termina son verre en hochant la tête, appréciant le goût délicat mais puissant de l'alcool sur sa langue. Il se releva et referma sa mallette :

- Simple curiosité, dit-il alors. Qui est cette personne que vous souhaitez éviter à tout prix ?

Draco ne répondit rien, le regard irrémédiablement rivé vers la fenêtre opaque.

- Serait-ce le moldu ?

- Cela ne vous regarde pas, siffla-t-il alors.

- Certes, veuillez m'excuser.

Il tourna ses yeux gris vers le vieillard et vit dans son regard sarcastique qu'il avait deviné. Sa mâchoire se contracta. Il savait que Teignous Nott faisait partie du comité des Sang Pur et avait lui-même rédigé le Registre des Sang Pur.

- Je vous ferai parvenir un carton d'invitation dans les prochains jours, poursuivit le notaire. Il ne sera pas à votre vrai nom, bien entendu. Vous en aurez besoin pour vous mêler aux invités.

- Très bien.

Le sorcier remit correctement sa veste et hocha poliment la tête :

- À bientôt, monsieur Malfoy.

Et il sortit aussitôt du petit bureau.

Lorsqu'il fut sûr d'être seul, Draco retourna s'asseoir dans son fauteuil et posa ses coudes sur son bureau, enfonçant ses doigts dans ses cheveux.

Il était perdu. Perdu entre la raison et l'espoir. Perdu entre la raison et l'amour. Il ne savait plus. Se rendre à Poudlard, alors même qu'Harry y était… Quelle folie. Et il était fou, oui. Il était fou de lui. Il l'aimait. Il était partagé. Son corps et son âme appelaient sans cesse le moldu, le réclamant, le cherchant. Il avait un besoin viscéral de le revoir, de le retrouver. Cela faisait si longtemps. Des mois, maintenant, qu'il ne l'avait plus revu. Des mois qu'il avait coupé tout contact, tout lien, et aujourd'hui… Aujourd'hui il prenait la décision la plus folle de sa vie. Prendre le risque de le recroiser.

Il serra les dents.

Pourtant il devait avoir un entretien avec Bertie Crochue. De cette entrevue dépendait l'évolution de ses investissements. Il se fondrait dans la masse, cela ne durerait que quelques minutes. La foule serait dense, et il porterait un masque. L'entrevue serait rapide, les échanges courts et concis. Il ne pouvait pas le voir. C'était impossible. Pas alors qu'il y avait des centaines d'élèves qui allaient se bousculer autour de lui. Pas alors qu'il resterait près des invités, cachés par eux. Il ne verrait pas Harry, c'était certain.

Mais il n'y crut pas un instant. Parce qu'il le voulait… Il voulait le revoir… Il se demandait ce qu'il était devenu, comment il allait… Il se demandait si ses yeux brillaient toujours, lorsqu'il participait aux cours de Soins aux Créatures magiques. Il se demandait si son petit corps tressautait toujours lorsqu'il riait. Il se demandait si sa voix claire et musicale prononçait toujours son nom. Il se demandait s'il était heureux, aussi heureux que lui était malheureux.

Car il l'était. Il était terriblement malheureux. Aucune joie, aucun bonheur, aucun espoir ne lui parvenait. Draco se sentait vide. Vide de tout, vide de vie, vide d'envie. C'était comme s'il lui manquait quelque chose, constamment. Comme s'il s'était lui-même arraché le coeur et qu'il se regardait mourir. Il se trouva idiot. Idiot et coupable d'avoir abandonné Harry et il fut envahi d'un sentiment puissant. Il espérait qu'Harry soit triste. Il espérait qu'il ne sourit pas, qu'il ne rit pas. Il espérait qu'il soit anéanti, aussi anéanti que lui, de la distance. Il espérait qu'il n'arrive plus à vivre, comme lui n'y arrivait plus.

Et il se détesta de penser cela. Il l'avait quitté. Il lui avait dit d'être heureux. Et il s'était promis d'avoir un enfant. Il se trouvait ridicule et ses doigts pressèrent plus fort encore sa tête. Des mois qu'Harry, constamment dans son esprit, l'avait empêché de faire quoi que ce soit. Des mois qu'il avait repoussé l'idée d'avoir cet enfant, alors même qu'il l'avait quitté dans cet unique but. Mais le pas à franchir était effroyablement grand et difficile. Et il l'aimait si fort que même séparé de lui par des centaines de kilomètres et depuis des mois, il ne se sentait pas encore le courage de lui être infidèle. Parce que c'est ce qu'il ressentait. Lorsqu'il revoyait le corps de Pansy se coller au sien, lorsqu'il ressentait son contact sur sa jambe, il avait la désagréable sensation d'avoir trahit Harry. Alors même qu'il n'avait pas le choix. Et c'était insupportable. Il lui dévorait la vie. Il l'empêchait d'avancer. Il n'avait pas le droit.

Draco sentit une pointe de douleur se frayer un chemin jusqu'à son coeur et soupira rageusement. Il ouvrit son tiroir et en tira un petit flacon rempli d'un liquide argenté. Il débouchonna la fiole, laissa glisser la potion dans sa gorge et aussitôt la douleur disparut. Il jeta alors violemment le flacon vide qui alla se briser contre un des murs de pierres. Plus que jamais, il détestait ses gènes.

Tous les jours, inlassablement, il devait prendre une dose du Repousse-Mort. C'en était devenu vital. Sans cette potion il ne tiendrait pas deux jours sans ressentir cette douleur lancinante et prenante qui le forçait à rechercher la présence du moldu. Et il en voulait à Harry. Il lui en voulait de lui faire ressentir cela. Il en voulait à son corps de l'attirer autant, de lui manquer autant. Il en voulait à son être tout entier d'être si indispensable à sa vie, le contraignant à avaler sans relâche cette potion opaque, sous peine de souffrir. Sous peine de mourir. S'il n'avait pas rencontré Harry, si ses gènes ne s'étaient pas éveillés, jamais il n'aurait ressenti tout ce qu'il ressentait. Jamais il n'aurait eu à se soucier d'avoir un enfant avec une personne qu'il n'aimait pas. Jamais il n'aurait eu à se battre, chaque jour, contre la douleur. Jamais il n'aurait eu à devoir se plonger dans l'alcool pour oublier. Pour l'oublier. Il lui en voulait terriblement. Autant qu'il s'en voulait à lui même. Mais, au fond de lui, il savait qu'il ne s'en prenait pas à la bonne personne. Harry, plus encore que lui, était sensible à la douleur de la distance. Plus encore que lui il devait le détester de leur infliger cela. Il devait être fort.

Alors le revoir à Poudlard, il devait l'éviter à tout prix. Mue par la rage et l'amour, il ne savait plus ce qu'il devait ressentir, comment il devait agir. Il était simplement sûr d'une chose : jamais il ne devait le revoir. Dans le cas contraire, tous ses maigres efforts auraient été vains.

« Cher monsieur Malfoy,

Vous trouverez, accompagnant cette lettre, une invitation au bal de Noël organisé à Poudlard pour le mille centième anniversaire de l'école, au nom de Thaddeus Turner. Un costume a également été joint à ma missive. J'ose espérer que celui-ci vous conviendra et que les mensurations seront exactes.

Je vous souhaite de réussir à obtenir un entretien avec monsieur Crochue lors de cette soirée. Il s'agit de votre unique chance.

Bien cordialement,

- Teignous NOTT. »

Draco posa la lettre sur son bureau. Thaddeus Turner, quel nom étrange. Le carton d'invitation était tout ce qu'il y avait de plus simple, et il pouvait voir le nom d'emprunt qui lui avait été attribué reluire d'une encre dorée.

Il ouvrit le colis et haussa les sourcils de surprise. Soigneusement pliée et emballée dans du papier de soie, une tunique de brocard rouge aux motifs argentés brodés à la main attendait qu'on l'essaye. Draco la sortit de sa boîte et la contempla quelques instants. Le costume semblait être à sa taille, et au fond du colis il aperçut divers accessoires qui permettraient de l'agrémenter ainsi qu'un simple loup noir qui servirait à dissimuler son visage. Il reconnut aussitôt les tenues typiques de l'époque du XVIIIe siècle que portait l'aristocratie française. Et il leva les yeux au ciel. Teignous Nott, Sang Pur de son état, n'avait pas choisi un costume de noble au hasard.

- Tu n'devrais pas y aller.

Draco reposa le costume et croisa les mains derrière son dos.

- Je n'ai pas le choix, Blaise.

- On a toujours le choix.

Le blond ignora la réplique du métis et se servit un nouveau verre de whisky.

- Si je n'obtiens pas d'entretien avec Bertie Crochue je ne pourrais pas réinvestir correctement mes actions.

- Tu peux l'rencontrer plus tard.

- Oui, dans huit mois, siffla le Serpentard en faisant tinter des glaçons dans son verre.

- Tu l'rencontrerais quand même.

- Je n'ai pas de temps à perdre.

- Alors t'vas prendre le risque de l'croiser ?

- Il n'y a aucun risque, le coupa le blond. Il ne me reconnaîtra pas.

Blaise, qui était assis dans un fauteuil devant la cheminée crépitante du bureau du blond leva sur lui un regard perçant.

- Et toi, le reconnaîtras-tu ?

Draco vida son verre d'une traite. Aucune grimace de dégoût ou de douleur ne vint froisser son visage fermé.

- Sûrement.

- Et que s'passera-t-il, si tu v'nais à l'apercevoir ?

Le blond tressaillit et reposa son verre vide sur son bureau.

- Rien. Absolument rien.

- Tu n'as jamais été du genre à t'voiler la face, Draco. Pourquoi commencerais-tu aujourd'hui ?

Il fusilla son ami de ses yeux gris.

- Où veux-tu en venir ?

- J'veux en venir au fait qu'si tu vois Harry, t'vas perdre le contrôle.

- Foutaises.

Alors Blaise leva les yeux au ciel.

- Il est ton âme-sœur.

- Je l'ai quitté, trancha le blond.

- J'vois pas c'que ça change.

- Je suis plus fort que lui.

- Ça c'est c'que tu crois.

Draco en était persuadé, ou, en tout cas, semblait l'être. Il avait eu le courage de le quitter. Il avait eu le courage de quitter la personne la plus importante de sa vie pour ne pas devenir fou. D'eux deux, il était bien le plus fort. Rien ni personne ne lui ferait croire le contraire.

- Tu n'devrais pas y aller, répéta alors le métis.

- La paix, Blaise.

- Bon, bon… nous verrons bien qui de nous deux aura raison.

- Nous verrons.

Draco descendit de la carriole et tendit la main au reste des personnes assises, les aidant à mettre pied à terre sans difficulté. Lorsqu'il eut terminé d'aider Bathilda Tourdesac à descendre d'un pas lent et fatigué, il jeta un regard autour de lui et eut un sourire nostalgique. Poudlard était magnifique.

Le sol sous ses pieds était recouvert d'un épais manteau de neige blanche et de gros flocons tombaient sur lui et sur tous les invités. Toutes les fenêtres de l'école brillaient de mille feux, éclairant le passage aux nouveaux arrivants qui se rendaient avec empressement dans le hall d'entrée. Même en étant toujours à l'extérieur, il pouvait déjà entendre les rires des élèves et professeurs qui semblaient impatients que la fête commence. Il vit, à travers les carreaux des étages supérieurs, des fantômes valser et s'envoler en jetant des confettis dans tous les sens et, sur la grande porte de l'entrée principale trônait un immense bouquet de fleurs rouges, jaunes, bleues et vertes. Il fut alors certain que l'école entière devait avoir été décorée avec soin pour l'occasion.

Voyant madame Tourdesac avancer difficilement dans l'épais tapis de neige, Draco lui présenta son bras avec politesse, se courbant en avant pour qu'elle puisse s'y accrocher et y prendre appui :

- Comme c'est aimable à vous, monsieur… ? dit-elle avec un sourire interloqué.

- Turner, répondit-il avec un sourire poli. Thaddeus Turner, madame.

- Monsieur Turner, acquiesça-t-elle en hochant la tête.

Mais à la vu de son vieux visage consterné, il comprit qu'elle réfléchissait à son identité et lui désigna la porte d'entrée d'un signe de la main :

- Permettez que je vous accompagne.

- Bien volontiers.

Le blond avança alors lentement, au rythme de la vieille sorcière.

Lorsqu'ils arrivèrent sur le sol de pierre de l'entrée principale, la vieille dame lâcha son bras et il se redressa de toute sa hauteur.

- Merci à vous, jeune homme.

Draco pinça doucement les lèvres, espérant qu'elle ne l'avait pas reconnu.

- Je vous en prie, dit-il simplement avant de s'éclipser à la suite des autres convives.

Il se tenait derrière Norbert Dragonneau et attendait son tour pour pouvoir passer les immenses portes de la Grande Salle. De là où il était, il pouvait entendre les musiques entrainantes que jouaient les divers instruments, couvrant les voix, mais pas les rires. Vêtu de son costume aristocrate du XVIIIe siècle de brocard rouge, il attendait. Il avait accroché à sa ceinture une rapière magnifiquement forgée et, à son cou, était noué un jabot de dentelle blanche qui appuyait son allure princière. Sur son visage, un simple loup noir cachait quelque peu ses traits. Seule sa taille et la couleur de ses cheveux pouvaient le trahir. Il tentait de se rassurer en se répétant que ce n'était l'affaire que de quelques minutes à peine, et il qu'il repartirait aussitôt.

Il arriva devant le fantôme du Moine Gras qui avait les yeux baissés sur un long parchemin. Si long que celui-ci atteignait le sol. Il donna son nom d'emprunt et le fantôme sembla cocher une case quelque part sur le papier :

- Bonne soirée à vous, monsieur Turner !

Et il entra sans demander son reste.

Alors, il ouvrit de grands yeux et se retint de siffler d'admiration.

La Grande Salle était grandiose. Dans tous les coins des sapins, tous plus grands les uns que les autres, étaient richement décorés aux couleurs des quatre maisons et de l'hiver. Sur les murs des rubans et banderoles étaient accrochés et des fleurs venaient parfumer la pièce de milliers d'odeurs florales et fruitées. Il y avait des guirlandes et des bougies qui flottaient dans les airs et qui trônaient sur les tables du buffet, agglutinées contre les murs. Des confettis et des paillettes venaient faire reluire les lumières vives de la salle et contribuaient à la rendre effroyablement magique. Aux fenêtres, où on pouvait apercevoir de lourds flocons venir mourir, étaient accrochés des rideaux semblables à des voiles de navire. Sur les côtés de la pièce, les tables alignées présentaient un immense buffet garni et rempli de centaines de plateaux proposant des hors d'œuvres, des bouchées, des amuses-bouches, tous plus appétissants les uns que les autres. Le centre de la pièce avait été réquisitionné pour servir d'immense piste de danse sur laquelle valsaient déjà nombre d'élèves, de professeurs et de fantômes qui s'amusaient au rythme de la musique. Au fond, sur l'estrade réservée aux enseignants, des chaises avaient été rajoutées, sûrement pour les invités et les convives spéciaux, tels que Jocunda Sykes ou encore Gwenog Jones.

Draco fut heureux de constater qu'il passerait effectivement inaperçu, ce soir. Toute la salle était remplie d'élèves, de convives et de professeurs qui avaient tous fait l'effort de se déguiser. Il reconnut certains élèves, certains visages. Les déguisements et costumes étaient tous véritablement intéressants. Il aperçut madame Bibine, vêtue d'une tenue de médicomage semblable à celle que portait conventionnellement madame Pomfresh, et cela le fit sourire. Un peu plus loin, il vit le professeur Sinistra, habillée d'une longue robe noire toute simple. Mais, autour d'elle, flottaient de nombreuses petites boules aux couleurs prononcées et il retint un rire admiratif : elle incarnait parfaitement leur système solaire.

L'ambiance était merveilleusement festive et Draco se prit à se sentir à sa place, ici, dans cette école qui avait tant compté pour lui. Alors il secoua sa tête et leva haut la figure. Il n'était pas là pour se laisser emporter par la nostalgie et la mélancolie. Il n'était pas là pour profiter de la fête. Il devait trouver Bertie Crochue. Il devait régler cette affaire de rachat d'actions au plus vite et sortir d'ici. Un sentiment d'empressement prit possession de son corps. Il refusa d'admettre que Blaise pouvait avoir raison. Il était le plus fort. Il ne se passerait rien. Mais, dans le doute, il décida de se dépêcher pour ne pas rester plus longtemps inutilement dans ce château.

Alors que ses yeux scrutaient la salle à la recherche de l'inventeur des bonbons piégés, il entendit résonner derrière lui la voix du professeur Dumbledore et tourna les yeux vers l'estrade :

- Bonsoir ! Et bienvenue à tous ! Quel plaisir d'avoir l'honneur de présider ce soir le mille centième anniversaire de notre très chère école bien-aimée, j'ai nommé : Poudlard !

Tous les élèves applaudirent et Draco en fit de même, observant les visages cachés par les masques.

- Quel évènement exceptionnel ! Il y a mille cent ans, jour pour jour, quatre des plus puissants sorciers de l'époque se réunirent pour créer un lieu de paix et d'apprentissage pour tout sorcier en quête d'asile. Un lieu où la magie serait le centre de l'attention. Un lieu où il ferait bon vivre. Et aujourd'hui, j'ai le plaisir d'être le directeur de cet établissement.

De nouveaux applaudissement retentirent et Draco plissa les yeux.

- Je voulais vous remercier tous d'avoir joué le jeu et rendu vivante cette école plus qu'elle ne l'était déjà. Ce bal costumé, c'est grâce à vous et à tous vos efforts et votre implication qu'il a pu avoir lieu. Je remercie également l'équipe pédagogique qui a soutenu les élèves et les a guidé durant l'organisation de cette fête sans précédent.

Il aperçut le professeur McGonagall rougir et la salle résonna de nouvelles acclamations.

- Pour cette occasion très spéciale, j'ai le plaisir de vous annoncer que de très grandes personnalités ont répondu présent ! Veuillez donc accueillir comme il se doit nos très chers invités.

S'alignèrent alors près du directeur une dizaine de personnes déguisées et Draco reconnut aussitôt l'homme qu'il cherchait. Le vieil inventeur était costumé en ce qui semblait être un marchand de sable. Il ne le lâcha pas des yeux.

Tous les invités spéciaux furent appelé à faire un discours sur l'estrade, devant l'assemblée, et chacun fut accueilli avec force et entrain. Norbert Dragonneau ne fut pas particulièrement loquace, mais les Poufsouffle furent tout de même fiers de voir qu'un des leurs avaient fini par avoir autant de succès. Lorsque vint le tour de monsieur Crochue, Draco tendit l'oreille, à l'affût d'une parole à propos de son entreprise de sucrerie, mais il n'en fut rien, l'homme se contenta d'exprimer sa joie et son honneur d'être là pour un évènement aussi important que le mille centième anniversaire de l'école et souhaita à tout le monde un joyeux Noël. Quand ils eurent tous prononcé une parole, ils s'assirent aux places qui leurs étaient destinées, autour de la table des professeurs, et le directeur reprit sa place à l'avant de l'estrade. Alors, il ouvrit grand les bras :

- Merci encore à tous pour votre présence ici ce soir ! Joyeux Noël à tous, et que la fête commence !

Des hurlements de joie et des sifflements de bonheur retentirent dans la salle et les instruments se remirent à jouer d'eux-même, enivrant les cœurs de musiques entrainantes.

La salle toute entière commença à se mouvoir et des dizaines de couples s'élancèrent sur la piste de danse. Bientôt, le tumulte de la fête fut si intense que même Rusard se mit à valser dans un coin, sa chatte Miss Teigne dans les bras.

Draco se planta près d'un sapin et garda le regard irrémédiablement rivé vers la table des professeurs où les invités dînaient en riant. Il ne pouvait décemment pas s'approcher de Bertie Crochue sans que Dumbledore, McGonagall, Rogue ou un autre de ses professeurs ne le reconnaisse. Et s'il y avait bien une chose qu'il devait respecter plus que tout, c'était l'anonymat que lui conférait son masque et son nom d'emprunt. Il pinça alors les lèvres et ses doigts frôlèrent sa rapière. Il devait être patient. Monsieur Crochue ne passeraient pas le mille centième anniversaire de Poudlard à manger et à discuter. Il trouverait forcément une occasion de l'accoster.

Alors il resta là de longues minutes. De très longues minutes. Il n'avait de cesse de fixer les mouvements du vieil homme. Mais, inéluctablement, son regard traversait la salle et la piste de danse à la recherche inconsciente de quelque chose… De quelqu'un. Et lorsqu'il se rendait compte qu'il le cherchait, il braquait de nouveau ses yeux gris vers l'estrade, se convainquant inutilement qu'il était là uniquement pour parler avec Bertie Crochue.

Enfin, après un temps infiniment long, monsieur Crochue se leva de sa chaise et invita Bathilda Tourdesac à l'accompagner sur la piste de danse. Lorsqu'il vit le vieux couple se diriger vers le centre de la salle, il s'en approcha doucement, discrètement, et le plus silencieusement du monde. Il contourna des élèves, louvoya entre les fantômes, et, à mi-chemin, entre le buffet et sa cible, il fut percuté par une petite masse sombre qui vacilla sous le choc et perdit l'équilibre. Il perdit de vue le vieux couple et ses yeux se posèrent sur la personne près de lui. Il saisit aussitôt le bras du jeune homme et le remit sur ses pieds avant qu'il ne tombe. Alors, il entendit une voix qu'il aurait voulu ne plus jamais entendre :

- Excusez-moi, je ne vous avez pas vu, je…

La voix mourut.

Et il le vit.

C'était Harry. Il était là. Il le regardait de ses immenses yeux verts. Il portait un costume de pirate brun. Sa taille était scindée par une écharpe rouge nouée autour de lui et où étaient accrochés de faux accessoires de flibustier. Il portait également un tricorne qui appuyait son déguisement exotique et le rendait plus vrai que nature. Il reconnut aussitôt sa cicatrice, bien visible sur son front, sous ses mèches de cheveux noirs. Et il sentit son corps se tendre malgré lui. Ses doigts serrèrent le bras qu'il tenait et son souffle se coupa. Il écarquilla les yeux.

Il était là. Plus petit que dans son souvenir, plus mince et plus fragile aussi. Il pouvait presque faire le tour de son bras de ses doigts. Mais son visage, Merlin, son visage… Il sentit son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine et ne put détacher son regard gris de sa figure. Il était si beau. Tellement beau. Alors tout son corps lui fit mal. Pas d'une véritable douleur. Ce fut semblable à la souffrance que pouvait ressentir un homme soumis à une addiction mordante et viscérale. Et il souffrit de le sentir si près, de le revoir après tout ce temps. Il le détailla, l'estomac retourné, noué, et le cœur palpitant, suffoquant. Il le voulait. Il le sentait dans ses veines, dans sa tête, dans chaque cellule de son corps, il le voulait. Il le voulait encore plus fort qu'il ne l'avait jamais voulu. Et il l'aimait... Il l'aimait comme jamais il ne l'avait aimé. Son corps et son coeur le lui hurlaient.

Soudain, il vit le corps du moldu s'effondrer sur place, comme ayant perdu une trop grande quantité d'énergie, et son sang ne fit qu'un tour. Il le tira vers lui d'un coup sec et le plaqua contre son buste. Alors, fermant les yeux de contentement, il inspira l'effluve agréable qui s'échappa des cheveux noirs et vint envahir ses narines. Et ce fut comme si ces derniers mois n'avaient jamais existé. Il le revit lui sourire, les yeux brillants d'espoir et de bonheur. Il l'entendit de nouveau soupirer, sa voix se brisant contre sa peau lorsqu'il l'embrassait. Il le sentit de nouveau s'abandonner à lui, lui murmurant inlassablement qu'il l'aimait.

Alors, sans comprendre ce qu'il faisait, il traversa la salle, maintenant fermement contre son torse le moldu qui ne bougea pas. Il ne savait pas où il allait, ni pourquoi il y allait, mais il avança. Il s'éloigna de l'attroupement que formait la piste de danse et les isola près d'une des fenêtres, derrière un épais et lourd rideau. Alors, enfin, il trouva le courage de le relâcher et se détacha du brun. Et ce fut comme si ce geste lui avait arraché le cœur.

Harry cligna plusieurs fois des yeux devant lui, cherchant à reconnaître son environnement et, lorsqu'il comprit, leva sur lui ses yeux verts. Alors Draco se perdit dans ce regard. Et il sentit qu'il allait mourir de douleur. Le moldu lui avait tellement manqué, il n'arrivait plus à réfléchir. Son cœur battait trop vite, le sang montait trop fort dans ses tempes. Il était là. Il avait tenté de se convaincre qu'il ne le croiserait pas et que, si jamais il venait à l'apercevoir, il ne ferait rien. Car il était fort. Il était le plus fort. Mais alors qu'il était là, devant lui, le visage levé vers lui et le corps tremblant, il était pris, inéluctablement, d'une envie furieuse, dévorante, destructrice, de le prendre dans ses bras et de le supplier de lui pardonner. Il voulut lui dire à quel point il était désolé. Lui dire à quel point il l'aimait et qu'il avait fait la plus grosse erreur de sa vie en l'abandonnant, cette nuit-là. Il voulut le serrer contre lui jusqu'à se fondre dans son corps et lui murmurer des promesses immortelles. Lui promettre qu'il abandonnerait toutes ses ambitions pour lui. Lui promettre que rien ne le détournerait plus jamais de lui et de son si beau visage. Lui et son si petit corps. Mais Draco fut incapable de faire de telles promesses.

Il le vit vaciller une nouvelle fois et s'appuyer contre une des vitres pour reprendre contenance. Il semblait fatigué, épuisé. Il se retint de le soutenir lui-même. Il se retint de fondre sur lui pour le serrer contre son corps qui l'appelait plus fort qu'il ne l'avait jamais fait.

- Tu… murmura le moldu d'une voix brisée. Tu es…

Et il répondit la seule chose qu'il fut en mesure de penser :

- Bonsoir Harry.

Il le vit écarquiller plus encore les yeux et il sut que si le brun prononçait encore le moindre mot…

- Mais comment… que…

Et il perdit le contrôle.

Ses yeux se noircirent soudainement et, d'un mouvement brutal, il plaqua le moldu contre la vitre de la fenêtre et posa violemment sa bouche sur la sienne avec passion.

Et ce fut terminé.

Lui qui s'était cru fort. Lui qui s'était cru inébranlable. Il fut incapable de se contrôler. Incapable de calmer son corps, brûlant, qui écrasa celui du brun contre la vitre qui craqua sous la pression. Il l'entendit gémir entre ses lèvres, et il devint fou. Il le pressa de tout son poids et de toutes ses forces, et lorsqu'il sentit les bras du plus petit se nouer autour de sa nuque, il comprit que c'était inévitable. Une fatalité. Ses mains glissèrent d'elles-même contre le corps qui s'abandonnait, lascif, contre lui et il enfonça sa langue dans sa bouche qui l'accueillit avec un nouveau gémissement plaintif. Harry se mit sur la pointe des pieds pour mieux l'atteindre et il se pencha plus encore en avant pour l'aider à soutenir son maigre poids. Il était pressé, vorace, affamé. Ses doigts griffèrent les bras, le dos, les hanches du moldu qui répondit à son baiser avec toute la force qu'il pouvait. Et, sentant la langue du brun entrer en contact avec la sienne, il ne put retenir le grognement animal qui sortit de sa gorge. Il plaqua son bassin contre le ventre du moldu qui hoqueta de surprise. Il était dur. Effroyablement dur. Il n'avait jamais été aussi dur qu'aujourd'hui, et l'envie qui perça dans son grognement fit s'amollir le jeune homme contre lui. Ses bras enlacèrent la taille fine du brun et il aperçut, entre les longs cils noirs, des yeux mi-clos voilés de désir et de luxure. Son corps retrouvait des sensations oubliées, reconnaissait des zones trop longtemps intouchées, ressentait des frissons éludés. Et ce fut comme s'il n'avait jamais quitté Harry. Il trembla.

Fou d'envie, il plongea son visage dans le cou du moldu et mordit rageusement la tendre peau de sa gorge, lui arrachant un petit cri de plaisir. Il aurait voulu l'entendre crier. Il aurait voulu l'entendre le supplier de continuer. Mais pas ici. Pas maintenant. Alors il le bâillonna d'une main, l'empêchant de parler, de respirer. Et il continua. Il s'acharna sur la peau, léchant, mordillant, goûtant, suçotant. Cela faisait si longtemps… Il apprécia le goût sucré du moldu qui lui avait terriblement manqué. De sa main valide, il parcourut le corps abandonné et sentit les petites mains s'accrocher de toutes leurs forces à ses épaules. Et il sourit. Il le sentait fondre contre lui. Il sentait qu'il ne tiendrait pas. Il sentait qu'il était à lui. Et il fut pris d'une irrésistible envie de le sentir s'abandonner totalement à lui, comme avant. Il voulait entendre sa voix brisée résonner en écho dans la Grande Salle. Il voulait l'entendre prononcer son nom de sa bouche innocente. Il le voulait, lui. Lui et personne d'autre. Jamais. Jamais ce ne pourrait être quelqu'un d'autre. C'était lui. Ce ne pouvait être que lui.

Lorsqu'il mordit un peu plus fort la chair rougie du brun, celui-ci poussa un nouveau cri qui passa cette fois la barrière de ses doigts et il entendit des voix alertées :

- Il y a quelqu'un ? dit une vieille voix.

- Qui se cache derrière ce rideau ? demanda une autre.

- Montrez-vous !

Alors il serra Harry contre lui de toutes ses forces et transplana.

Il les mena au seul endroit qui s'imposait constamment dans son esprit : leur chambre, dans la Tour d'Astronomie.

Et lorsqu'il ouvrit les yeux, il aperçut le brun sous lui, allongé dans les draps blancs et moelleux qui avaient vu tant de fois leurs corps s'aimer, et il fut incapable d'attendre plus longtemps. Il s'allongea sur lui de tout son poids, le clouant au lit, le plaquant au matelas de toute sa force et de sa taille. Apercevant les yeux verts briller de désir et d'envie, il sentit un empressement plus grand encore prendre possession de son corps et ses mains se firent plus puissantes, plus intrusives. Il passa la barrière des vêtements du moldu et entreprit de le dévêtir. Il dût faire tous les efforts du monde pour ne pas le faire avec les dents et déchirer les vêtements. Doucement, un à un, il effeuilla les tissus jusqu'à n'avoir sous lui qu'un corps complètement nu. Et il dût se mordre violemment la langue pour ne pas brûler les étapes et profaner ce corps magnifique et immaculé.

Soudain, Harry eut un mouvement de recul et barra son propre corps de ses bras, tentant de le dissimuler à sa vue et Draco fronça les sourcils, retenant un grognement de mécontentement. Mais lorsqu'il vit son regard honteux, il comprit qu'il ne cherchait pas à l'empêcher de le toucher. Il cherchait à se cacher. À cacher son corps. Car son corps avait changé. Légèrement plus fin, plus mince, il avait perdu un peu de poids durant ces quelques mois. Mais Draco ne vit en lui que la magnificence la plus totale et le trouva parfait, aussi changé qu'il pouvait l'être. Son cœur déborda d'amour pour l'être honteux devant ses yeux et, pris d'un élan de douceur, il embrassa délicatement les bras qui barraient sa vue. Il y déposa un baiser, puis deux, puis une myriade. La peau était douce, délicieusement délicate, et il voulut la marquer. Doucement, il attrapa les poignets du brun et délia les bras, exposant son corps dans sa totale nudité. Il était toujours aussi beau, et l'envie qui faisait vibrer son membre, toujours enfermé dans son pantalon, le fit se passer la langue sur ses lèvres. Il vit Harry rougir, et c'en fut trop.

Fou de désir, il se jeta sur les tétons du moldu qui rejeta la tête en arrière dans un cri de surprise et de plaisir mêlés. Il vit son corps s'arquer contre le matelas et il crut qu'il allait se briser tant son dos s'était courbé. Il tritura ses boutons de chair à lui en faire mal, mais jamais, au grand jamais, Harry ne se plaint et cela le fit imperceptiblement sourire. C'était ce qu'il préférait chez lui. Tout n'était que plaisir et jamais la douleur ne pourrait être une entrave à leurs ébats… Et c'était bon. Sa langue passa sur la totalité du corps du brun, léchant les côtes, le ventre, les hanches, l'aine, les cuisses… Tout son corps était appétissant, succulent, et il voulut le dévorer tout entier. Il sentit alors de petites mains se glisser dans ses cheveux et il poussa un râle rauque de satisfaction. Harry le touchait. Harry répondait. Il le voulait. Il le voulait aussi. Alors il allait le satisfaire.

Les mains du moldu descendirent le long de ses épaules et saisirent sa tunique. Alors, il se redressa quelques instants et, aidé par les mains envieuses et pressées du plus petit, il se dévêtit à son tour. Lorsqu'il se rallongea sur le brun, complètement nu, il le sentit vulnérable, fragile, abandonné à lui, et il lutta très fort contre ses instincts les plus primitifs qui lui hurlaient de le faire sien sans plus attendre.

Il l'aimait… Il l'aimait si fort. Il aimait sentir le contact de sa peau. Il aimait la couleur de ses yeux, enivrés par le plaisir. Il aimait la sueur qui collait déjà ses cheveux à son front, signe d'une chaleur grandissante au creux de son corps, de ses reins. Et, de sa langue, il parcourut de nouveau le corps qu'il retrouvait enfin, après tout ce temps… Il lui avait manqué… Tellement manqué…

Alors, il entendit une petite voix timide, saccadée :

- A-Attends, je t'en prie, attends…

La voix était incertaine, perdue et, inquiet, il remonta son visage jusqu'à celui du brun et planta ses yeux gris dans les siens.

Harry s'était quelque peu recroquevillé et il fronça les sourcils. Quelque chose n'allait pas. Il le regarda sous lui, le souffle rauque et le corps tremblant de désir. Il voulut effacer la détresse qu'il aperçut dans le regard verdoyant. Son cœur se brisa, alors même qu'il venait à peine de se reconstruire de le sentir contre lui.

- Pourquoi fais-tu cela… ? bredouilla le moldu, un sanglot lui étreignant la gorge.

Draco pinça les lèvres et il crut mourir de tristesse.

- Pourquoi es-tu revenu après tout ce t… ?

- Je t'aime.

Ces mots étaient sortis, plus forts que lui, plus puissants que son corps, que sa volonté, que son âme. Il l'aimait. Il l'aimait trop. C'était incontrôlable. Chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde il le réclamait. Chaque fois qu'il fermait les yeux c'était lui. Chaque fois qu'il s'endormait, le soir, il voyait son visage. Et le matin, à l'aube, c'était ses yeux qui s'imposaient à lui. Et il se détestait de l'avoir laissé. Il se trouvait horrible, monstrueux, ignoble d'avoir osé ternir ce si beau visage de larmes. Il l'aimait… Comment ne pas l'aimer… ? Lui qui était tout pour lui... Lui qui était son âme-sœur… Lui pour qui il serait mort. Lui pour qui il aurait tué jusqu'à son propre père. Comment ne pas l'aimer… ?

Et il tenta de lui dire tout ça. Il tenta d'ouvrir la bouche et de lui dire, mais ce fut impossible. Alors il le lui dit, par son regard. Il le fixa, inlassablement, longtemps, sans faillir. Il devait comprendre. Il devait savoir. Il devait le croire.

Il finit par poser son front sur celui du moldu sous lui, et ses dents se serrèrent :

- Je t'aime tellement… répéta-t-il.

Et il lui répéta. Encore, et encore. Il lui répéta ces quelques mots, comme une litanie, une prière… Car c'était les seuls qu'il était capable de prononcer. Les seuls que son cœur détruit arrivait à dire, à démontrer. Il l'aimait. C'était tout. Il ne pouvait que l'aimer.

Il sentit alors les mains du brun lui saisir le visage et ses lèvres se plaquer contre les siennes. L'espace d'un instant, il écarquilla les yeux, et il comprit. Avec avidité, il reprit le contrôle du baiser. Il mordilla les lèvres déjà rougies, les suçota et aspira sa langue mutine, le possédant, l'étouffant.

Et il le sentit pleurer. Il le sentit pleurer sous lui, mais ce ne fut pas des larmes de tristesse ou d'angoisse. C'était des larmes d'amour, de bonheur, et à mesure qu'il lui répétait qu'il l'aimait, le laissant reprendre son souffle, Harry pleurait.

Alors, il se promit de tarir ces larmes indésirables et de les remplacer par des cris. Il voulait l'entendre. Pas le voir pleurer. Il voulait qu'il hurle pour lui. Son visage reprit aussitôt le chemin de son corps, et il redescendit aussi bas qu'il put, mordant, mordillant, triturant chaque parcelle de peau qui passait sous sa langue ou sous ses dents. Et il l'entendait. Il entendait sa voix cristalline, amoureuse, pousser des cris indécents. Il passa près du sexe dressé du brun et effleura sa base, souriant de satisfaction de le voir se crisper et s'arcbouter de toutes ses forces contre le matelas en gémissant de frustration.

Il embrassa ses hanches, son aine, ses cuisses et lorsqu'il arriva plus bas encore, il grogna d'envie. Il écarta les fesses du moldu qui se mit à gigoter sur les draps blancs, s'agitant tout à coup. Il poussa un râle rauque et, d'une main, le maintint à sa place, allongé sur le lit. Il fronça les sourcils et grogna, lui signifiant qu'il était inutile de bouger, de tenter de lui échapper.

Il le voulait. C'était trop tard. Il serait inarrêtable. Il lui présenta alors trois doigts et eut un regard satisfait lorsqu'il le vit les saisir, un à un, dans sa petite bouche rose. Il enfonça son visage entre ses cuisses ouvertes et grogna, savourant la sensation atrocement délicieuse de la langue sur ses doigts. Et Harry ne voulut plus les lâcher. Il les mordilla, les suça, les goba, les avala, mais jamais il ne les lâcha.

Draco sentit son membre gonfler plus encore de le voir s'abandonner ainsi et, de sa main valide, écarta plus encore les fesses du moldu, dévoilant enfin à son regard le petit trou qui palpitait déjà.

Et il se rendit compte à quel point il l'adorait... Il le connaissait parfaitement, sur le bout des doigts. Il savait comment le faire réagir, comment le faire s'ouvrir, se dilater, comment l'étirer, l'exciter. Il était rose, et si petit, si étroit. Et, sans attendre une seconde de plus, il enfonça sa langue à l'intérieur. Le cri que poussa alors le moldu fut si fort qu'il crut lui avoir déchiré les cordes vocales. Il força son entrée, le fouilla de l'intérieur, loin, très loin, aussi profondément que sa langue le lui permettait. Et il ne s'arrêta jamais, encouragé par les cris et les gémissements du brun qui se tortillait sur place, les jambes tremblantes. Il lécha encore, et encore, et encore, le mouillant, l'humidifiant, le préparant. Il sentit les mains du moldu lui saisir la tête et l'enfoncer plus loin encore entre ses cuisses et il sourit de satisfaction. Il dû maintenir, d'une main, les jambes du brun pour ne pas que celles-ci se referment automatiquement autour de son visage. Et il lécha. Il enfonça sa langue, le fouilla, puis la ressortit et recommença, inlassablement. Il entendait Harry lui hurler de continuer, de ne jamais s'arrêter, et, jamais, il ne s'arrêta.

Il grogna plus fort lorsqu'il tenta de lui échapper, fou, semblable un animal qui dévore sa proie. Et lorsqu'il vit qu'Harry était sur le point de jouir, s'était lui-même saisit de son sexe tendu à l'extrême et rouge, prêt à exploser, il décida de passer à la vitesse supérieure.

Il retira sa langue, arrachant un gémissement de frustration au brun. Ses doigts humides glissèrent le long du petit corps et se positionnèrent devant l'anus déjà dilaté et palpitant de salive. Il ancra ses yeux dans ceux du moldu qui, doucement, finit par hocher la tête. Alors, il enfonça ses doigts. Les trois. Ensemble. Et le trou qui devenait béant les avala, phalange par phalange. Et Draco crut qu'il allait mourir de sentir de nouveau une telle chaleur autour de ses doigts. Il se mordit les lèvres d'empressement et d'anticipation. Il le voulait. Il le voulait tellement. Il n'était plus sûr de vouloir le préparer. Il n'était plus sûr de vouloir l'élargir. Il voulait juste le prendre. Là, maintenant, tout de suite. Et lorsqu'Harry se cambra, écartant les cuisses plus encore pour accueillir ses doigts, sa langue sortit d'elle même et il se pourlécha les lèvres. Il sentit une goutte de sperme perler sur son gland et il voulut s'enfoncer dans ce corps alangui pour ressentir de nouveau le bonheur de se sentier entier. Alors, n'y tenant plus, il bougea ses doigts et toucha, immanquablement, la prostate du moldu qui hurla de plaisir, la tête enfoncée en arrière dans les oreillers. Les bruits que faisaient Harry étaient salaces, obscènes, indécents, et il voulut les entendre, encore et encore.

Il n'avait jamais été aussi dur. Il n'avait jamais bandé aussi fort. Il était à lui, réclamant, suppliant, bredouillant, pleurant, geignant. Il sentait autour de ses longs doigts épais les parois chaudes et humides lui coller à la peau et il s'imagina, le prenant tout de suite. Il lui avait tant manqué. Et le voir ainsi le faisait perdrait l'esprit avant même de s'être enfoui en lui. Le moldu secouait la tête et criait sans jamais s'arrêter et ce fut la mélodie la plus douce qu'il ait jamais entendue. Son visage était rouge de plaisir et luisant de sueur. Et il voyait son sexe dressé, surplombant une toison de poils bruns, prêt à jouir, le gland presque violet de tant se retenir, à mesure qu'il touchait sa prostate, et il se dit qu'il était en train d'infliger la plus belle torture qui soit à ce corps si réceptif. Son petit trou s'élargissait à mesure qu'il enfonçait ses doigts, et il espérait qu'il en ferait de même lorsqu'il s'y plongerait lui-même.

N'y tenant plus, il retira ses doigts qui s'échappèrent avec un bruit de succion humide. Le corps l'appelait si fort. Il devait le prendre. Maintenant. Il écarta les cuisses du moldu plus encore et se plaça à genoux entre elles, tenant sa verge à sa base et guidant son gland vers son entrée. Et alors qu'il allait entrer en lui, il vit le brun se redresser et se jeter, la bouche grande ouverte, vers son membre.

Et ce fut incroyablement délicieux.

Draco poussa un grognement bestial, guttural, mue par la surprise et le plaisir. Il sentit la bouche merveilleusement mouillée envelopper son membre et rejeta la tête en arrière lorsqu'Harry l'aspira, creusant les joues au maximum. C'était indescriptible. Il sentait les petites dents malicieuses venir frôler ses veines gonflées. Il sentait la langue, souple et habile, venir lécher son gland et le suçoter avec précision. La chaleur qui l'entourait était telle qu'il crut qu'il était entré dans son anus.

Harry le suça et, pour accompagner sa bouche, il avait placé ses deux mains à la base de sa verge et le masturbait au même rythme que les va-et-vient dans sa gorge. Et ce fut l'extase. Draco posa une main sur la tête du moldu et lui imprima un mouvement cadencé. Il appuya sa tête, regoûtant avec plaisir une sensation qui lui avait effroyablement manquée. Il adorait voir le brun le tenir ainsi. Il adorait sentir les lèvres descendre le plus loin possible, passant sur chaque veine. Il adorait l'entendre presque s'étouffer de plaisir.

Fatigué de rester passif, Draco finit par lever lui-même son bassin, continuant de guider la tête du moldu le long de son sexe. Et il gémit plus fort. Il s'enfonça en grognant, râlant, grommelant, le prévenant qu'il allait lui faire exactement la même chose, ailleurs, dans quelques instants. Il le voulait. Il voulait le prendre. Alors il continua. Il sentait que le moldu adorait ça. Ses yeux verts étaient remplis de larmes de plaisir et son corps frissonnait d'envie et de désir. Il était à lui. Il n'attendait que lui. Et il l'aspirait sans relâche. Il sentit quelques gouttes de sperme s'échapper de son membre et il serra les dents. Harry ne faiblissait pas, et il dût faire tous les efforts du monde pour ne pas jouir ici et maintenant. Il voulait pourtant le faire… Il voulait qu'Harry le fasse jouir, qu'il l'ait en lui, des heures durant et que son odeur reste imprégnée sur son corps jusqu'à la fin de sa vie. Il voulait jouir. Maintenant. Mais il ne devait pas. Pas alors qu'il ne l'avait pas encore totalement retrouvé. Pas alors qu'il lui manquait encore terriblement.

Il haleta et, d'un mouvement brusque, retira la bouche du moldu de sur sa verge. Il sentit son sexe trembler alors qu'il se retenait de jouir. Il baissa son regard gris vers le brun. Il vit Harry se redresser et nouer amoureusement ses bras autour de son cou. Alors, il sentit les lèvres gonflées et rougies de l'avoir trop sucé se poser sur les siennes et il le serra contre lui de toutes ses forces, reprenant possession du baiser. Draco s'assit plus confortablement sur le matelas et souleva le moldu au-dessus de lui, le plaçant à califourchon au-dessus de son sexe tendu. Là, il le maintint, une main sur la hanche, l'empêchant de s'asseoir sur lui. De l'autre, il saisit le menton du brun et le força à le regarder. Leurs yeux se croisèrent et ne se lâchèrent plus. Harry rougit, et il se souvint à quel point il aimait ça. Il aimait le voir ainsi. Il semblait si fragile. Et pourtant, lorsqu'il le revoyait, la bouche déformée par son sexe, il savait à quel point le moldu était excité. Il savait que le brun adorait s'abandonner à lui. Et c'était tout ce qu'il voulait. Alors, doucement, il le laissa glisser jusqu'à son sexe, ne le quittant pas des yeux. Il sentit son gland butter contre l'anus brûlant et il vit Harry fermer les yeux et se mordre la lèvre inférieure. Il sourit de satisfaction. Harry le voulait. Harry voulait qu'il le prenne. Qu'il entre en lui. Harry voulait qu'il s'enfonce dans son corps et qu'il le fasse jouir. Draco grogna. Il allait le faire. Il le promit silencieusement. Lorsque son gland passa la barrière de la chair du brun, il vit celui-ci rejeter sa tête en arrière dans un cri silencieux. Merlin, il devait se contrôler, où il s'enfoncerait d'un coup sec.

Il inspira profondément et, lentement, il continua de faire glisser le brun sur sa verge dressée. Il la fit entrer, centimètre par centimètre, et il serra les dents tant la sensation était puissante. Le trou l'avalait, le gobait. Bientôt, Harry fut complètement assis sur son sexe, les bras noués autour de sa nuque. Draco plongea son visage dans son cou et grogna de contentement et de plaisir contenus. Il le tenait fermement dans ses bras, contre lui. Il l'empêchait de bouger. Il l'empêchait de partir. Ils restèrent ainsi quelques secondes, et Draco crut un instant qu'il allait devenir fou.

Il ne s'en rendait pas bien compte. Il l'avait retrouvé. Il le prenait, là, dans leur chambre, dans leur lit, et ce fut comme si rien ne s'était jamais brisé entre eux. C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Et c'était la sensation la plus merveilleuse au monde. Il le tenait là, dans ses bras, contre son torse. Il sentait ses cheveux bruns lui chatouiller le nez. Il sentait son odeur typique, sucrée, enivrer ses poumons. Et surtout… Il le sentait lui, palpitant, accueillant, ensevelir son membre, et, enfin, depuis des mois maintenant, il se sentait complet.

Il l'aimait. Il l'avait toujours aimé. Et il l'aimerait toujours. Il était à lui. Il serait toujours à lui. Alors, avec une brutalité qu'il avait tenté en vain d'inhiber, ses bras se resserrèrent autour de la taille du plus petit et il fit un brusque mouvement de bassin. Le moldu s'arqua en hurlant, et ce fut le signal.

Il le prit, de toutes ses forces, bougeant son bassin, faisant décoller le brun sur lui, il le prit. Il s'enfonça en lui, retrouvant ces sensations oubliées qui ne s'étaient, en réalité, jamais échappées de son esprit. Et il le posséda. Sans jamais s'arrêter. Ses yeux gris fixèrent le visage tordu par le plaisir du moldu. Lorsqu'Harry commença à gesticuler lui-même, à tenter de lui échapper, d'échapper à son membre, Draco grogna et lui mordit la clavicule, enfonçant ses ongles dans sa peau et grognant contre son oreille. Et il continua. Il fit entrer son sexe, sans relâche, et le fit sortir presque entièrement pour se renfoncer plus profondément encore. Le trou s'était étiré pour lui et à mesure qu'il touchait cette petite boule de nerfs à l'intérieur du corps abandonné, il voyait se révulser les yeux verts du moldu. Il sentit le visage du brun plonger contre son épaule et il entendit sa voix, suppliante, lubrique, lui demander d'y aller plus fort, et de ne jamais s'arrêter. Alors il accéda à sa demande.

Ses mains agrippèrent les hanches fines et les griffèrent, les marquèrent. Il le souleva plus fort, plus haut, et le repoussa plus loin, plus bas, vers son sexe pour s'enfoncer jusqu'à la garde. Et il le fit crier. Dilatant son trou, l'élargissant encore, il le fit hurler, et il adorait ça. Il sentait autour de sa verge l'anus offert qui l'épousait parfaitement, chaud et doux, humide de salive, sale de gouttes de liquide pré-séminale, et il trouva cela parfait. Il frappa une nouvelle fois la prostate du moldu qui lui mordit l'épaule pour ne pas laisser échapper un hurlement qui aurait alerté toute la Tour d'Astronomie.

C'était ce corps qu'il aimait par dessus tout. C'était celui qui était fait pour lui. C'était cette voix gémissante qu'il rêvait d'entendre de nouveau. C'était cet être merveilleux qu'il aimait plus que sa propre vie. Alors, son cœur explosa d'un amour tel qu'il fut incapable de le garder pour lui :

- Je t'aime tellement, Harry… murmura-t-il.

Il vit tout à coup le sexe du brun jouir d'un trait blanc qui alla s'écraser contre son ventre, et il répéta sa phrase, inlassablement. Il continua de le prendre, de s'enfoncer dans son corps, à mesure qu'il continuait de le lui dire. Et il lui dit à quel point il l'aimait. Il le lui dit jusqu'à ne plus pouvoir parler, sa voix devenant rauque à mesure que son souffle se saccadait de le prendre. Il sentit les petites mains du brun s'accrocher à ses cheveux, gémissant encore, et encore, et encore.

Alors, il le vit entrouvrir les lèvres et prononcer un mot. Un seul et unique mot.

- D-Draco…

Et ce simple mot… La simple évocation de son nom… Lui donna une impulsion telle qu'il devint fou et le renversa rageusement sur le matelas. Alors, il s'enfonça plus loin encore au plus profond de ses entrailles, le faisant hurler de plaisir. Des mois qu'il n'avait plus entendu sa voix prononcer son nom. Des mois qu'il rêvait de l'entendre le dire encore. Des mois qu'il voulait l'entendre le crier, comme il savait si bien le faire. Et ce soir, il le faisait enfin. Alors qu'il était en lui. Alors qu'il retrouvait son corps, il prononçait son nom. Et son sang ne fit qu'un tour. Il voulait l'entendre. Encore. Il voulait qu'il le prononce sans jamais s'arrêter. Il voulait qu'il devienne muet, la voix enrouée de l'avoir trop hurlé. Il l'entendit gémir, hurler, geindre, et le sentit s'accrocher à ses épaules. Il lui écarta les cuisses plus encore et le cloua au matelas. Son sexe le figea dans les draps et l'empêcha de faire le moindre mouvement. Il le prit comme jamais il ne l'avait fait. Et il toucha sa prostate, à chacun de ses coups, et le corps sous lui ne fut plus que plaisir et luxure.

- Je t'aime, Draco, je t'aime…

Et lorsqu'il l'entendit lui dire qu'il l'aimait, il ne se contrôla plus. Une sombre part de lui s'éveilla, et ses gènes bouillonnèrent dans ses veines. Il continua tant et si bien que le lit grinça puissamment et menaça de s'effondrer. Il devenait fou. Il ne comprenait plus rien. Tout ce qui comptait, c'était ce corps désarticulé qu'il maîtrisait, qu'il possédait, et qu'il faisait jouir rien qu'en prononçant son nom. Il apprécia la sensation délicieuse de s'enfouir de nouveau en lui, lui qui lui avait tant manqué. Il savoura la chaleur de son corps, la douceur de sa peau, la délicatesse de sa voix et pria pour que cela ne s'arrête jamais. Il aurait pu passer des heures dans ce lit, dans ce corps. Il aurait pu le prendre, encore et encore, rien que pour l'entendre lui dire, une fois encore, qu'il l'aimait. Ils s'aimaient. Ils s'aimaient tellement. C'était une évidence. Une vérité absolue. Il ne pouvait pas vivre sans lui. Il ne pouvait pas vivre sans Harry.

Et il l'aima, il l'aima si fort qu'il sentit Harry s'accrocher à sa nuque et l'embrasser de toutes ses forces. Il lui rendit son baiser, mordillant ses lèvres rougies. Il le prit. Brutalement. Et pourtant, ils n'avaient pas mal. Ils n'étaient pas fatigués. Jamais. Et Draco pressa la cadence, et ses coups de reins se firent encore plus violents, plus puissants, et, il en était sûr désormais, la prostate du brun serait hypersensible des jours durant après cette nuit. Apercevant ses joues rougies, son visage luisant et ses yeux brillants, Draco sentit son cœur lui faire mal à en mourir et il lui répéta encore qu'il l'aimait. Il fallait qu'il le sache, qu'il le comprenne. Il fallait qu'il le croie, qu'il ne l'oublie pas. Jamais. Il l'aimait. Il l'aimait comme jamais il n'aimerait personne d'autre.

Son sexe sortait presque entièrement du corps pour se renfoncer encore plus loin. Ses coups étaient si forts que ses bourses allèrent heurter les fesses soulevées du brun, lui arrachant des gémissements de plaisir. Et il grogna de l'entendre gémir avec autant de lascivité. Il ne le lâcherait pas, et il le prendrait jusqu'à le faire jouir.

- D-Draco, j-je vais… haleta le moldu.

Draco eut un sourire imperceptible et enfonça son visage dans le cou du brun :

- Viens, murmura-t-il contre son oreille. Viens pour moi.

Et il frappa une nouvelle fois sa prostate avec rage. Le plus petit hurla dans ses bras. Il allait venir. Draco saisit alors le sexe dressé dans sa main et le masturba au rythme de ses propres va-et-vient et il sentit que c'était terminé. Le moldu se tordit dans tous les sens, près de se rompre le dos, et il dût le maintenir en place d'une main pour ne pas salir l'intégralité des draps. Il l'entendit gémir plus fort et, alors qu'il le prenait encore, il sentit le sexe se gonfler. De longs jets de sperme giclèrent si fort qu'Harry s'en retrouva presque totalement maculé, souillé et poisseux. Il passa son pouce sur le gland pour recueillir les dernières gouttes et le sentit vibrer dans sa main. Harry s'arcbouta contre les draps et tout son petit corps se contracta de milliers de spasmes de plaisir incontrôlés. Ce fut comme s'il jouissait pour la première fois de sa vie.

Le sentant se resserrer ainsi autour de lui, Draco grogna, serra la mâchoire et sentit une vague de chaleur puissante l'envahir. C'était trop tard. Dans un dernier coup de rein il jouit à l'intérieur du corps chaud, son sexe se gonflant une ultime fois, expulsant le sperme dans de puissants jets dans les entrailles du brun. La jouissance était telle qu'il dû attendre plusieurs secondes pour reprendre son souffle et le contrôle de son corps. Le trou autour de son membre se resserrait, palpitait, se contractait, et c'était merveilleusement délicieux. Il voulut le marquer comme jamais il ne l'avait marqué et poussa un grognement rauque en sentant son gland jouir quelques dernières gouttes.

Enfin, lorsqu'il réussit à reprendre ses esprits et qu'il sentit son membre s'amollir, il se retira lentement, doucement.

À bout de souffle, il s'écroula près du brun et, mue par un instinct vital, plus fort que lui, il attira le petit corps, passa son bras sous ses épaules et le serra contre lui. Sa joue se posa tout naturellement contre les cheveux en bataille et il soupira de contentement. Harry posa sa tête contre son épaule.

Il se sentait complet. Il se sentait heureux. D'un mouvement de la main il fit disparaître les traces de souillure de leurs corps et une épaisse couverture les recouvrit.

Lorsqu'il baissa les yeux, il croisa le regard vert du moldu et il crut qu'il allait mourir d'amour. Harry étira son cou et posa délicatement ses lèvres contre les siennes. Et Draco ferma les yeux. Il embrassa le moldu, tendrement, amoureusement, laissant derrière lui la violence et la brutalité auxquelles il était accoutumé, et passa sa main sur la joue du brun. Il caressa son visage, sa gorge, ses cheveux. Et lorsqu'enfin il trouva le courage de se séparer de sa bouche, c'est avec bonheur qu'il vit Harry se blottir contre lui et reposer sa tête contre son épaule. Les bras du moldu passèrent au travers de son ventre et ses petites mains s'accrochèrent à sa peau comme à une bouée de sauvetage. Il vit les yeux verts se fermer doucement, irrésistiblement emportés par le sommeil.

Alors il resta là, et il l'observa. Harry s'était endormi en une fraction de seconde, et il pouvait entendre sa respiration régulière, calme, tranquille, et sentir contre son torse son visage détendu.

Il n'arriva pas à détacher son regard du jeune homme endormi dans ses bras. Il ressentait tellement de choses. Il n'arrivait plus à comprendre, ni à réfléchir. C'était comme si, plus que jamais, son cerveau et son cœur menaient une cruelle bataille.

Il se sentait heureux. Soulagé. Repus. Complet. Son esprit qui, des mois durant, avait réclamé la présence du moldu, se retrouvait aujourd'hui complètement satisfait de le sentir si près. Et il sut que là était sa véritable place. Il le sentait, dans ses entrailles. Enfin, il l'avait retrouvé… Enfin, il était de nouveau près de lui… Et c'était la plus belle chose au monde. Il sentait son cœur revivre, battre de nouveau, et ses poumons s'ouvrir, eux qui suffoquaient depuis tout ce temps passé loin de lui. Son corps avait retrouvé cette vitalité qui lui avait manqué. Il sentait que l'alcool serait inutile, que plus jamais il n'aurait à l'utiliser… S'il restait ici.

Enfin, son corps était détendu et ses épaules, d'ordinaire si crispées, formaient ici un oreiller agréable pour le brun. Tout son être appelait à vivre le restant de ses jours près du moldu. Il sentait monter en lui un puissant sentiment d'amour qu'il fut incapable de contrôler, et son bras se resserra autour des épaules du brun. Sa main valide passa dans les cheveux en bataille et il ferma douloureusement les yeux.

Il lui avait manqué, Merlin, tellement manqué… Et il le tenait. Il le tenait, juste là. Il sentait sous ses doigts les mèches brunes qui retombaient délicatement devant la cicatrice en forme d'éclair. Il entendait la respiration lente et douce qui témoignait d'un corps satisfait et fatigué. Il sentit contre ses côtes le cœur qui battait dans la poitrine près de lui. Les yeux irrémédiablement fermés, il ressentait tout ce qu'il pouvait ressentir. Il imprima dans sa mémoire l'odeur qu'il n'avait jamais réussi à oublier, malgré l'absence, malgré la distance. Il retint la douceur de sa peau, le relief de son visage, les courbes de son corps. Il ne voulait plus l'oublier. C'était trop difficile. Horriblement difficile. Et il sentit une boule lui nouer la gorge.

Il l'aimait… Merlin, mais pourquoi l'aimait-il autant… ? Pourquoi était-il donc obligé de subir cela ? Pourquoi était-il obligé de subir cet amour ? Puissant, inéluctable, incontrôlable… Il ne pouvait que l'aimer… Et il l'aimait… Il l'aimait si fort qu'il faillit mourir d'horreur lorsqu'il prit la décision la plus difficile de sa vie.

Il décida que c'était terminé.

Plus jamais il ne le reverrait. Plus jamais il ne contemplerait son magnifique visage. Plus jamais il ne sentirait la chaleur de son petit corps. Plus jamais il n'entendrait sa voix murmurer son nom. Plus jamais il n'oserait même porter son regard sur lui.

Plus jamais.

Il sentit son corps trembler et il s'engouffra dans un abîme duquel jamais il ne pourrait sortir.

Il l'aimait… Il l'aimait comme jamais personne n'avait aimé quiconque… Et c'était pour cela qu'il devait partir. Encore. Il ne pouvait pas se résoudre à lui faire du mal. Pourtant, il venait de lui en faire. Et il se haït d'avoir osé poser les mains sur lui. Il était faible, incapable de résister, soumis à ses impulsions. Soumis à l'appel de son corps. Et il se haït d'avoir perdu le contrôle. Il ne devait pas lui faire de mal… Harry ne méritait pas ça… Il ne méritait pas un homme incapable de l'aimer pour ce qu'il était. Comment avait-il pu le toucher, ce soir ? Comment avait-il osé lui donner ce faux espoir ?

Car c'était bien cela, un faux espoir. L'idée dévorante qui consumait son âme, comme un poison virulent et agressif, ne l'avait pas quitté. Il voulait un enfant. Plus que jamais, il voulait un enfant.

Lorsqu'il vit son visage endormi, il voulut un enfant. Lorsqu'il aperçut la blancheur de sa peau, il voulut un enfant. Lorsqu'il sentit la douceur de son corps, il voulut un enfant. Il voulait un enfant. Un enfant d'Harry. Il voulait pouvoir rattraper cette enfance qu'il n'avait jamais pu connaître. Il voulait, dans le plus profond de son cœur et de son âme, offrir à un plus petit lui, qu'il aurait lui-même contribué à créer, une vie merveilleuse, pleine de tout ce qu'il n'avait jamais eu. Il voulait un enfant pour le chérir comme il n'avait pas été chéri. Il voulait un enfant pour l'aimer comme il n'avait pas été aimé. Il voulait un enfant pour l'adorer comme il n'avait pas été adoré. Et il devenait fou. Fou de savoir Harry si près de lui, ce soir, et de voir s'éloigner de lui l'image d'un petit enfant brun aux yeux verts.

Et son souffle se brisa dans sa gorge.

C'était ces cheveux noirs qu'il voulait voir sur son enfant. C'était ces yeux émeraudes qu'il voulait croiser dans un berceau. C'était ces traits fins qu'il voulait mélanger aux siens. Aucuns autres. C'était l'enfant de son âme-soeur qu'il voulait. C'était Harry qu'il voulait. Par dessus tout, il le voulait. Et Merlin, il se sentait mourir de douleur… Et il maudit le ciel de le faire subir une telle épreuve.

Il était incapable d'imposer un enfant au moldu. Il était incapable d'affronter de nouveau son regard accusateur, terrifié, mourant, s'il tentait de lui insuffler sa magie. Il était incapable de le trahir, alors même qu'il lui avait promis de ne plus jamais tenter quoi que ce soit envers lui. Il ne lui ferait plus jamais de mal. Il ne l'obligerait plus jamais. Harry méritait mieux.

Alors, c'était terminé.

Il avait attendu. Des mois durant, il avait été incapable de mettre à exécution son plan. Il avait été incapable de trouver une femme et d'avoir cet enfant qu'il désirait tant. Car, dans son coeur, le fantôme d'Harry rôdait toujours. Et, aujourd'hui, il le comprit. Il rôderait toujours. Il l'avait dans la tête. Il l'avait dans la peau. Il serait toujours là. Toujours.

Alors c'était fini.

Sa décision était prise. Il aurait cet enfant.

Et plus jamais il ne reverrait le moldu. Plus jamais il ne prendrait le risque de le revoir. Car le revoir signifiait perdre le contrôle. Le revoir signifiait l'aimer comme au premier jour, et cela le tuait. Cela le tuait de ne pas pouvoir avancer, entravé par sa présence invisible, oppressante. Cela le tuait de ne pas encore avoir cet enfant à cause de cette prison qu'il avait forgé autour de son cœur. Mais c'était terminé. Définitivement terminé.

Il ne lui avait pas menti, lorsqu'il lui avait dit qu'il l'aimait toujours. Il lui avait dit la vérité, lorsqu'il lui avait prononcé, inlassablement, ces mots qu'il s'était pourtant interdit de redire un jour. Et comment aurait-il pu mentir, alors qu'ils s'étaient retrouvé ? Mais, désormais, il les regrettait. Ces mots, aussi sincères soient-ils, avaient provoqué chez le moldu une réaction inespérée, inattendue. Harry l'aimait aussi fort que lui et s'accrochait désormais à son corps comme à sa vie. Il avait vu. Il avait compris. Harry croyait qu'il était revenu. Harry croyait qu'il resterait. Et il se détesta d'avoir osé faire cela au moldu. Il lui avait donné de l'espoir. Un espoir vain, un espoir fou, un espoir faux. Car plus jamais il ne resterait. Il se trouva odieux d'avoir osé le toucher, lui qui n'espérait qu'une chose : son retour. Mais il ne reviendrait pas. Il ne reviendrait jamais. Et son cœur cria au brun de lui pardonner.

Silencieusement, il implora son pardon, supplia sa clémence, pria son indulgence. Car il ne reviendrait pas. Jamais.

Pourtant, il ne se résolut pas à quitter le moldu. Pas encore. Pas alors qu'il l'avait déjà fait et qu'il avait failli mourir de souffrance. Alors il resta là, dans la noirceur de la pièce seulement éclairée par la lueur de la Lune, à l'observer. Et il décida de se souvenir de ce visage endormi. Car c'était la dernière fois qu'il le verrait.

Des heures durant, il le tint contre lui. Il profita des derniers instants qu'il passerait à ses côtés. Car une chose était devenue fatale, inexorable : il passerait le restant de ses jours sans lui. Il vivrait sans lui. Aurait des enfants, sans lui. Des petits enfants sans lui. Vieillirait, sans lui. Et ce fut la décision la plus difficile qu'il eut à prendre dans sa vie. Harry était son âme-soeur, et c'était terminé.

Caché par les ténèbres, il se sentit mourir de chagrin et de détresse et sa bouche se tordit de tristesse et ses yeux le brûlèrent.

Lorsqu'il aperçut le ciel commencer à s'éclaircir légèrement à travers les rideaux entrouverts, il inspira aussi fort qu'il put et ferma douloureusement les yeux. Alors, doucement, délicatement, il s'écarta du corps endormi. Jusqu'au dernier moment, il tint la petite main dans la sienne, caressant du bout du pouce les doigts où, sur l'annulaire gauche, il aperçut un anneau d'argent et il arrêta de respirer tant il avait mal. Ses lèvres effleurèrent le front du brun, et il remonta plus encore la couverture sur lui. Lorsqu'il se fut totalement détaché du moldu, debout devant le lit à baldaquin, il se passa une main tremblante dans les cheveux et serra les dents à s'en broyer la mâchoire.

Il n'avait jamais autant souffert qu'à cet instant. Pas même le soir où, dans cette chambre noire, il l'avait abandonné au milieu de la nuit. Cette nuit-là il l'avait regardé en face. Cette nuit-là il lui avait dit au revoir. Ce soir… ce soir il ne le verrait pas partir. Ce soir il ne lui dirait pas adieu. Pas comme il le méritait. Pas comme il aurait dû le faire.

Le plus silencieusement possible, il ramassa ses vêtements sur le sol et se rhabilla. Il se dirigea ensuite vers l'unique pupitre de la chambre. Il sortit un bout de parchemin vierge d'un des tiroirs, attrapa une plume et rédigea une lettre qu'il ne s'était jamais attendu à rédiger un jour. Et il se détesta.

« Harry,

Je te prie de me pardonner. J'ai cru pouvoir te résister, mais j'ai perdu mon sang-froid et j'en suis désolé. Ce qu'il s'est passé n'était qu'une terrible erreur. Oublie tout ce que j'ai pu te dire.

Oublie jusqu'à mon nom.

Pardonne-moi de t'avoir fait espérer. Pardonne-moi de ne te laisser que quelques mots sur du papier. Ce n'était qu'une erreur. J'en suis désolé.

- Draco. »

Il résista à la furieuse envie de déchirer la lettre et de l'embraser. Mais il ne s'y résolut pas.

- Ne m'oublie pas...

Cette lettre était un mensonge. Le plus gros qu'il ait jamais dit de sa vie. Et il espéra, de tout son coeur, que jamais Harry ne l'oublie. Il était incapable de souhaiter que son âme-soeur ne l'aime plus. Car, il l'avait compris : lui-même, jamais, ne pourrait cesser de l'aimer. Alors, avec une hypocrisie amoureuse, il signa de son nom le bout de papier. Quoi qu'il en dise, Harry ne devait pas l'oublier, ou il en mourrait...

Il se trouva odieux, monstrueux, immonde, d'oser laisser une telle lettre d'excuse au brun en guise d'adieu. Il mourrait de honte de ne laisser, comme seul gage de sa présence, qu'un morceau de parchemin griffonné. Mais il ne se sentait pas capable de faire mieux. Il aurait voulu lui dire en face tout ce qu'il ressentait. Il aurait voulu qu'il le comprenne enfin. Mais il ne pourrait pas soutenir son regard incrédule. Il ne pourrait pas partir... Pas après avoir vu ses yeux s'emplir de larmes.

Alors, il se retrouva à plier la lettre et à la laisser sur la table de chevet du moldu endormi.

Il avait honte. Terriblement honte. Mais il n'avait pas le choix. Il devait partir. Il ne pouvait pas rester une minute de plus. S'il restait encore il n'oserait plus repartir. Il replongerait dans cet amour qui le consumait. S'il restait encore jamais il n'aurait d'enfant.

Il jeta alors un dernier regard à l'être recroquevillé dans les draps, ses poings se serrant de douleur.

- Adieu, Harry.

Et il transplana.


Et voilà. Alors, qu'en avez-vous pensé ?

Pitié, encore une fois : ne me tuez pas ! Et ne tuez pas Draco ! Mais, avant toute chose, je comprends que vous puissiez être en colère, d'autant que vous connaissez la réaction d'Harry après cette nuit à Poudlard.

N'hésitez pas à me laisser une review pour vous exprimer, me donner votre avis. Ça me fait toujours très plaisir de vous lire :D.

Merci d'avoir lu ce chapitre, j'espère qu'il vous aura plu et qu'il vous aura donné envie de lire la suite.

Gros bisous, à vendredi pour la suite !