Hello les gens ! Bienvenue sur ce nouveau chapitre de "Je te suivrai dans les ténèbres".

J'espère qu'il va vous plaire :)

Un gros MERCI à toutes celles et tous ceux qui m'ont laissé une review, cela m'a fait super plaisir !

Bonne lecture !


Chapitre 3 : Arc un : Le Premier jour

«Je vais prendre ça, Mme Weasley,» fit Harry, se précipitant pour intercepter la femme qui était en train de tirer un grand sac de déchets par la porte arrière. Il enleva le sac d'ordures de ses mains.

Haletant sous l'effort, tapotant son chignon en désordre sur sa tête, Molly Weasley adressa un sourire affectueux à Harry alors qu'il remettait le sac dans la poubelle. «Merci, Harry,» lâcha-t-elle d'un ton appréciateur. «Tu vas rentrer chez toi, alors ?»

Harry hocha la tête, se grattant la nuque et essayant de garder un visage impassible alors que la nervosité le gagnait peu à peu.

«Euh, ouais, je suis crevé», lui répondit-il, ce qui n'était pas un mensonge. Il était épuisé et il allait rentrer chez lui. Il ne pouvait tout simplement pas rester ici.

«Dans ce cas, prends soin de toi, mon chéri. Je te verrai pour le dîner du dimanche ? »

Harry rayonna.

«Je ne le manquerai pour rien au monde, Mme Weasley,» lui dit-il, revenant à la porte pour l'étreindre chaleureusement. «Je vous verrai dimanche.» Il se dépêcha de partir, vérifiant l'heure sur sa montre-bracelet alors qu'il courait en direction de son appartement à quelques rues d'ici. Il lui restait moins d'une heure pour se doucher et se rendre au club du centre-ville. Ce serait un peu juste, mais il ne voulait pas être en retard à son premier jour de boulot.

Surtout qu' il avait un compte à régler avec un certain Drago Malfoy.

"Qu'est-ce que c'est ?" demanda Harry dès que l'un des hommes de Malfoy l'eut escorté jusqu'au bureau au troisième étage du Club Salazar.

Draco Malfoy était assis à son bureau, fumant une cigarette et lisant une pile de papiers avec une expression ennuyée sur son visage. Il regarda Harry à travers des mèches de cheveux blonds qui retombaient élégamment devant ses yeux.

Dieu , il était beau. Harry se gronda mentalement pour avoir eu cette pensée. Cet homme était son patron à présent; il n'avait pas le droit d'être attiré par son patron. C'était… contraire à l'éthique.

«Je crois que c'est ce que les gens appellent un téléphone portable, Monsieur Potter,» répondit Malefoy avec une torsion amusée sur ses lèvres. «Ou simplement 'téléphone' puisque, vraiment, qui utilise une ligne fixe de nos jours ? Si vous voulez de la précision, celui-ci est un iPhone . Le dernier modèle, si vous aimez suivre les dernières tendances. » Malfoy prit une longue bouffée de cigarette et se pencha en arrière sur sa chaise.

Dieu , c'était un crétin pompeux.

«Avec tout le respect que je vous dois, Monsieur Malfoy,» commença Harry en serrant les dents tout en posant l'iPhone sur le bureau, «Quand je vous ai dit que je n'avais pas de téléphone, je n'essayais pas de vous culpabiliser et de vous pousser à m'en acheter un. Je ne demande pas la charité, merci. "

Malfoy jeta les cendres de ses cigarettes dans le cendrier sur le bureau alors qu'il regardait Harry silencieusement. Harry croisa les bras sur sa poitrine, très agacé.

«Ne voyez pas ça comme un geste de charité,» déclara finalement Malfoy. «Il est très fréquent que des employés reçoivent des téléphones professionnels. Considérez ce téléphone comme un outil pour votre travail. »

"Quel type de barman a besoin d'un téléphone professionnel ?"questionna Harry qui n'en croyez pas ses oreilles. «Écoutez, monsieur, j'ai passé vingt et un ans sans téléphone et je me suis très bien débrouillé sans. Vraiment, je n'en ai pas besoin. »

«Prenez le téléphone, Mr. Potter,» répliqua Malfoy.

"Je n'en veux pas," insista Harry avec obstination. Qu'est-ce que cet homme ne comprenait pas ? Même si Malfoy était la personne la plus gentille et la plus généreuse du monde, Harry refusait que l'on ait pitié de lui, c'était franchement humiliant.

«Voulez-vous cet emploi ?»

«Je - oui,» marmonna Harry, les oreilles rouge vif.

«Alors, à présent que je suis votre patron,» la voix de Malfoy suintait d'autorité; «Je vais vous demander d'accepter votre nouveau téléphone professionnel sans faire d'histoires et d'aller dans la salle de bain pour que vous puissiez essayer votre uniforme. Il devrait vous convenir, mais je veux en être certain. »

Fulminant intérieurement et sentant l'embarras poindre le bout de son nez, Harry dut se résoudre à obéir à l'injonction de Drago Malfoy. Pense aux Weasley, pense aux Weasley, répéta-t-il dans sa tête comme un mantra, essayant d'apaiser sa colère. Tu ne peux pas t'en prendre à un homme qui vient de te donner un putain de boulot, Harry. Même s'il te sort par les yeux.

Harry se glissa dans la salle de bain de Malfoy et jeta ses vêtements pour revêtir l'uniforme soigneusement plié sur une chaise, une paire de chaussures brillantes posées sur le sol accompagnait l'ensemble. L'uniforme semblait n'attendre que lui.

Le haut était une simple chemise à col boutonné, d'un blanc éclatant, avec une cravate rayée verte et argentée qui s'accordait très bien au vert émeraude qui auréolait le club de Malefoy. Ce dernier semblait avoir un penchant pour cette couleur visiblement. Harry la tint devant son visage, la scrutant d'un air maussade. Indépendamment de sa réticence à demander quelque chose de plus à Malfoy , Harry savait qu'il devrait lui demander comment nouer correctement la cravate. La seule fois où il avait eu l'occasion d'en porter une, c'était à l'enterrement des Flamel il y a quelques années. Arthur Weasley l'avait alors nouée pour lui, mais Harry n'y avait pas prêté attention.

Il commençait à le regretter.

Harry la laissa tomber sur le comptoir et enfila le pantalon noir à la place.

Le pantalon lui allait parfaitement, comme s'il avait été taillé expressément pour lui, étreignant ses cuisses et ses hanches et s'évasant légèrement sur les jambes. N'étant pas habitué à porter quelque chose d'aussi moulant, Harry se tortilla un peu alors qu'il arrangeait et rentrait la chemise de la même façon que les barmans du club.

Il prit ensuite la veste et la regarda avec dégoût, même si elle est tout à fait élégante, avant de la mettre de côté et d'expirer bruyamment. Ravalant sa fierté, il ouvrit la porte et chercha Malfoy des yeux. Pendant que Harry se changeait dans la salle de bain, l'homme s'était installé dans l'un des fauteuils du coin salon, les jambes croisées, un verre de cognac à la main. «Vous êtes prêt ?» demanda-t-il quand il aperçut Harry.

"Je ... ne sais pas comment nouer une cravate," marmonna le brun d'un air penaud. Ne semblant pas surpris de la révélation de Harry, Malfoy décroisa simplement ses jambes et posa son verre sur une table d'appoint.

Il se leva et rencontra Harry à la porte de la salle de bain, la tirant doucement pour l'ouvrir. Il prit la cravate des mains de Harry. «Tournez-vous face au miroir», ordonna-t-il avec une inclinaison de la tête. Quand le blond se glissa derrière lui, le cœur de Harry s'emballa. Malfoy n'était pas pressé contre lui de manière inappropriée, mais Harry pouvait sentir la chaleur irradier entre leurs corps.

Il retint son souffle alors que Malfoy soulevait son col et passait la cravate sur sa nuque. Il tendit la main pour attacher la bande de tissu soyeux et cette fois, alors que son torse se penchait légèrement en avant et que ses bras frôlaient son cou, son toucher fut nettement plus intime.

«Faites attention, d'accord ?» déclara Malfoy, sa voix basse et douce dans l'oreille gauche de Harry. «Il faudra un peu de pratique avant de vous perfectionner, mais vous y arriverez. Vous allez commencer avec l'extrémité la plus large sur votre côté droit et l'extrémité la plus mince sur la gauche. La pointe de l'extrémité la plus mince est juste au-dessus de votre nombril »expliqua-t-il, pressant deux doigts contre l'endroit où il estimait que se trouvait le nombril de Harry. Celui-ci sentit sa respiration s'accélérer au contact et même après que les doigts aient quitté son estomac, le cœur de Harry brûlait toujours. «Vous n'allez déplacer l'extrémité la plus large qu'au moment où vous allez la nouer. Vous me suivez ? »

Harry acquiesça, incapable de parler. "Bien. Vous allez amener l'extrémité large à gauche, et à droite sur l'extrémité la plus mince, puis l'amener directement dans la boucle du cou par dessous… puis redescendre vers la gauche… vers la droite… jusqu'au centre… vers le bas et la droite… »

Les yeux de Harry suivirent les mains de Malfoy dans le miroir, ses longs doigts minces travaillant avec dextérité.

Comment diable allait-il se souvenir de tous ces gestes compliqués ?

«… Sur le devant vers la gauche, dans la boucle du cou – vous voyez cette boucle que nous venons de créer ? - Vous allez la faire passer par l'avant, ici, et là. Ensuite, vous allez simplement resserrer en tirant sur l'extrémité large, faire glisser le nœud vers le haut et l'ajuster en conséquence. Pas trop dur, non ? Essayez de ne pas l'être… »Harry dut fournir des efforts considérables pour desserrer sa gorge mais finalement il réussit à répondre faiblement.

"Pour être honnête, j'aurais sûrement tout oublié demain. » Malfoy gloussa, son souffle beaucoup trop près du cou de Harry mais ensuite il s'éloigna, à nouveau totalement impassible et Harry se demanda s'il n'avait pas tout imaginé. Il se gifla mentalement. Pourquoi Malefoy produisait-il un tel effet sur lui ? Il n'arrivait à comprendre pourquoi sa respiration était si lourde et pourquoi son cœur s'emballait chaque fois que leurs yeux se rencontraient.

Certes, il était attiré par Malfoy. Il était grand, avec de beaux traits aristocratiques mais putain… c'était un tel connard. Ce n'était pas comme si Harry n'avait jamais été attiré par d'autres hommes avant, non plus. Ce n'était pas comme si Harry attirait l'attention de Malfoy -

«Que…» Harry haleta quand la main de Malfoy tira l'arrière de son pantalon, quelques centimètres au-dessus de la courbe de ses fesses.

"Détendez-vous, je vous redresse simplement," dit Malfoy d'une voix traînante, ajustant la chemise et le pantalon de Harry et celui-ci faillit l'envoyer promener. Se sentant faible tout à coup, il appuya ses mains sur le comptoir de la salle de bain pour empêcher ses genoux de se dérober sous lui.

Malfoy mesurait presque une tête de plus, son menton visible juste au-dessus des cheveux noirs de Harry, donc il n'y eut rien de surprenant à ce que les yeux gris anthracite rencontrent les yeux verts tendre dans le miroir. La main gauche de l'héritier Malfoy descendit près de la taille de Harry pour récupérer la veste sur le comptoir. Il la tendit derrière Harry pour qu'il puisse glisser ses bras dans les manches. «… Retournez-vous,» murmura l'homme d'une voix douce, sa chaleur pulsant dans les veines de Harry. Celui-ci-ci s'exécuta prudemment, se retournant pour faire face à Malfoy une fois de plus.

De ses doigts habiles, le blond lissa la veste contre le torse du brun, attacha les six boutons, reculant pour admirer son travail.

Peut-être que Drago Malfoy n'était pas aussi irritant que Harry l'avait pensé.

«Le vert vous va bien,» complimenta Malfoy en caressant pensivement sa mâchoire lisse. «Bien que…j'aurais dû inclure un peigne dans le paquet que je vous ai envoyé.»

Finalement, Drago Malfoy était un crétin irritant.

Le visage écarlate, Harry passa ses doigts dans ses cheveux en désordre, essayant en vain de les aplatir.

"Tss, vous n'avez fait qu'empirer les choses," le réprimanda Malfoy, éloignant les mains de Harry de ses cheveux. Harry laissa tomber ses bras, impuissant.

"Je suis désolé. Mes cheveux ont toujours été comme ça. J'ai essayé pendant des années de les aplatir, mais toutes mes tentatives ont échoué. »

Malfoy pencha la tête sur le côté. «Je suppose que nous pouvons simplement les laisser tel quel. Peut-être que mes invités en seront charmés. »

"Vous pensez ?"

«Vous seriez surpris du nombre de personnes qui aiment ce genre de...look, comme si vous veniez juste de vous faire sauter,» songea Malfoy, sortant de la salle de bain et retournant dans son bureau pour récupérer quelque chose sur son bureau pendant que Harry était en train de s'étrangler avec sa salive. «Retroussez les manches à moitié et enfilez vos chaussures. Il est encore tôt; j'ai le temps de vous faire un rapide tour du club avant que vous ne commenciez. »

Daphné Greengrass, découvrit Harry lorsqu'il débuta son travail, n'était pas du genre à mâcher ses mots ou à respecter les règles. Moins de quinze minutes après avoir rencontré la jeune femme, Harry avait été traité de « nabot », d' « épouvantail », et de « joli petit cul » (ce qui n'était peut-être pas insultant, mais néanmoins déroutant). Malgré la sociabilité très limitée de la jeune femme, Harry découvrit rapidement qu'il l'appréciait.

Daphné avait son âge, des cheveux bruns partiellement rasés d'un côté et qui tombaient en boucles naturelles de l'autre. Elle avait des cils épais qui entouraient des yeux bleus brillants et un petit piercing au nez.

«Je dois dire que je suis impressionné. Tu comprends vite, »admit-elle avec un sourire, "mais tu dois bouger comme si tu avais le feu aux fesses, surtout que nos meilleurs clients sont là. Tu devrais être capable de survivre ce soir si cela peut te consoler, et alors nous pourrons te lancer davantage demain - ohé, Justin ! »

«Salut, Daphné - de la chair fraîche?» s'enquit un jeune homme, évaluant Harry avec un sourire ironique. Harry tendit la main et Justin la serra chaleureusement.

«Harry,» se présenta Harry.

"Ravi de te rencontrer. Je suis Justin, »répondit Justin. «Tu dois être le remplaçant de Cédric, alors. » Il regarda Daphné qui hocha la tête en guise de confirmation.

«Cédric était l'employé le plus ancien du club, il était là bien avant nous » informa-t-elle Harry.«L'une des premières personnes que Monsieur Malfoy a embauchée lorsque le club a été construit. Il vient tout juste de terminer ses études en médecine, alors maintenant il est prêt à sauver des vies comme le grand bonnet qu'il a toujours été. »

«Sois gentille, Daphné,» dit Justin en soupirant. «Daphné ne s'est jamais entendue avec lui. En même temps, elle n'a pas fait beaucoup d'efforts. »

"C'était un tel modèle de vertu," grogna la fille en roulant des yeux. «Comment es-tu arrivé ici d'ailleurs ? Le patron est très sélectif quant aux personnes qu'il embauche. La plupart d'entre nous ont des relations. Le père de Justin est comptable pour les Malfoy et Drago est sorti avec ma petite sœur pendant près d'un an, alors j'ai pu entrer ici facilement. »

"Ta petite sœur ?" répéta Harry, curieux.

"Oui. Mais c'était une vraie garce, donc ça n'a pas duré. Nous avons sans doute les mêmes parents, mais nous ne pouvons pas être plus différentes. Heureusement pour moi, le patron m'appréciait suffisamment pour me garder. De toute façon, j'aurais été capable d'enterrer le corps d'Astoria pour garder ce travail. »

«Alors, tu aimes travailler là ?» questionna Harry, soulagé.

«Bien sûr ! Il y a tout ce qu'il faut. Le salaire est bon, les pourboires sont bons, j'adore l'alcool… »

«- et la vue», compléta Justin d'un ton taquin. Daphné éclata de rire.

«La vue est superbe.»

"La vue ?"

«La vue», confirma Daphné, faisant un signe de la tête en direction du deuxième étage. Derrière la balustrade, Harry pouvait voir Drago Malfoy assis sur l'un des canapés, à côté d'une femme moulée dans un petit short en cuir.

L'estomac de Harry fit un saut périlleux mais il adressa un sourire (légèrement forcé) à Daphné, espérant que cela ne se verrait pas. «N'y a-t-il pas quelque chose dans le règlement sur le fait de sortir avec l'ex de sa sœur ?» Daphné arqua des sourcils confus avant que la lumière traverse son esprit et qu'elle laisse échapper un petit rire.

"Tu veux dire-? Oh non. Putain non. L'héritier Malfoy n'est pas mon type. »

Harry fronça légèrement les sourcils mais Daphné leva les yeux vers le couple et sourit avant de dire, «Tu vois cette femme à côté de lui ? Son nom est Pansy Parkinson. Elle est la secrétaire du patron."

«D'accord…et..?» demanda-t-il, un peu déconcerté, se frottant le crâne, ébouriffant encore plus sa tignasse désordonnée.

Daphné soupira, consternée. « C'est mon type.»

Les lèvres de Harry formèrent un petit «o» alors qu'il enregistrait l'information et il hocha la tête en signe de compréhension. "J'ai compris. Désolé, je n'aurais pas dû supposer ... Vous êtes toutes les deux ensemble, alors ? »

Daphné secoua la tête avec un sourire nostalgique sur son visage. "Non. Elle est totalement snob, en fait. Complètement inaccessible. Mais que le ciel me vienne en aide si jamais j'ai l'occasion de la mettre au lit…»Elle s'interrompit, l'air rêveur, avant de brusquement claquer des doigts et se décoller du comptoir sur lequel elle s'était appuyée pour se rapprocher de Harry. «Je sais pourquoi tu es là, tu sais,» lui murmura-t-elle doucement.

Le cou de Harry pivota pour la regarder, perplexe. "Ah bon ?" Il n'y avait aucun moyen qu'elle sache quoi que ce soit sur sa tentative de sauver le pub Weasley. Bon sang, il était peu probable qu'elle n'ait jamais entendu parler de cet endroit auparavant. Elle s'avança un peu et c'était tellement déconcertant qu'il fit deux pas en arrière pour mettre une certaine distance entre eux.

« Tu n'es pas très futé, n'est-ce pas? » Daphné s'approcha de lui pour qu'elle puisse murmurer à son oreille: «Il ne ne t'a pas quitté des yeux pendant tout le temps que tu étais là, ce qui signifie deux choses. A : il y a quelque chose qui se passe entre vous deux, et B : l'enfer est sur le point d'arriver... »

Travailler dans un pub comme celui des Weasley n'avait rien à voir avec le fait de travailler au Club Salazar. D'une part, parce qu'il y avait une douzaine de serveurs habillés comme Harry, qui faisaient des va-et-vient jusqu'au bar du centre, des plateaux à la main, servant des flûtes de champagne. Pour toute boisson mixte, les clients venaient directement au bar pour faire une demande.

Et d'autre part, bien que cet endroit soit particulièrement fréquenté (beaucoup plus que le pub Weasley), les collègues de Harry travaillaient comme une machine bien huilée. Peut-être que Malfoy n'avait pas exagéré quand il avait dit à Harry qu'il n'attendait rien de moins que la perfection de la part de ses employés.

Leurs clients venaient vraisemblablement d'un autre monde. Riches, sophistiqués, et tandis que certains se pavanaient, le nez dédaigneux en l'air, ou ricanaient d'un air méprisant, Harry fut soulagé de découvrir que certains étaient assez sympas. Quelques-uns lui avaient même laissé un pourboire généreux, même si Harry était un nouveau venu.

«Que puis-je vous offrir, monsieur Avery ?» questionna Daphné alors que Harry tendait son martini à une jeune femme.

"Comme d'habitude," répondit un homme bien habillé avec des cheveux blonds sales et une voix grasse «Tu dois être nouveau ?» demanda-t-il à Harry alors qu'il s'appuyait sur ses coudes contre le comptoir.

«C'est Harry. C'est son premier jour, »expliqua vivement Daphné alors qu'elle préparait la boisson du client.

«Bonjour, Harry ,» salua l'homme avec un large sourire.

"Bonjour," répondit Harry dans un marmonnement.

Le ton de l'homme l'avait mis sur ses gardes; son instinct lui disait d'être vigilant et il sentit les yeux de Avery fixés sur lui jusqu'à ce que l'homme reçoive son gin tonic. «Merci, Daphné,» lui dit-il avant de scruter Harry de haut en bas. Ce qui le mit extrêmement mal à l'aise. «… Alors, Harry. Est-ce qu'un gentil garçon comme toi aime travailler plus en profondeur ? »

Les sourcils d'Harry se plissèrent de confusion à l'étrange question. "Plus en profondeur ?"

Daphné réapparut rapidement, s'interposant avec désinvolture entre Harry et Avery. «Non, il ne travaille pas de cette façon. Profitez de votre verre, monsieur, »dit-elle avec un sourire crispé. «Harry, tu te souviens où se trouve la cuisine ? Super - cela te dérangerait de nous rapporter d'autres coupes de champagne ? Hannah va être en retard ce soir et il nous en manque. »

N'ayant pas besoin qu'on le lui dise deux fois, Harry vola en direction de la cuisine sachant très bien que Daphné tenait à tout prix à l'éloigner de Avery tout en restant courtoise.

Riches ou pauvres, certains clients n'étaient pas très fréquentables.

Harry quitta le club par l'entrée arrière après avoir salué Daphné et Justin et certains membres du personnel avec lesquels il avait fait la connaissance. Il partit à pied, se disant que cela lui permettrait d'économiser des frais de taxi. A quatre heures du matin, les rues étaient vides pour la plupart. Il n'y avait pas un chat.

"Potter !"

Au son de son nom, Harry sursauta et se retourna, momentanément aveuglé par les phares éblouissant d'une voiture. La BMW de Malfoy ralentit à côté de lui et s'arrêta. Une paire de yeux qui commençaient à devenir de plus en plus familiers l'observait à travers une fenêtre partiellement baissée.

«Montez, je vais vous conduire.»

«Oh… euh, eh bien, je préfère rentrer tout seul. Je ne marche qu'une partie du chemin, puis je prendrai un taxi pour rentrer chez moi. J'ai pensé qu'une bouffée d'air frais pouvait me faire du bien. Merci tout de même pour l'offre." fit Harry avec un sourire désinvolte avant de reprendre sa marche. La voiture noire roula pour le rattraper.

«Il est quatre heures du matin. Même si vous prenez un taxi à mi-chemin, il vous faudra quand même une bonne heure pour rentrer chez vous. »

«Je préfère rentrer tout seul, Monsieur Malfoy,» répéta Harry.

«Et vos vêtements ?»

Harry se stoppa dans son élan et baissa les yeux sur son uniforme. Avec toute l'agitation lors de sa première journée de travail, Harry avait oublié de retourner au bureau de Malfoy pour remettre ses vêtements. Il grimaça, il était sûr qu'il n'avait même pas eu la présence d'esprit de les plier avant de quitter la salle de bain de l'homme. «Je les ai ici», l'informa son patron en brandissant un sac noir avec la silhouette d'un dragon dessinée sur le devant.

"Merci. Je n'ai même pas pensé à… »commença Harry avec sincérité, tendant un bras vers la fenêtre pour récupérer le sac. Dès que ses doigts frôlèrent le plastique, Malfoy le tira hors de sa portée. «Qu'est-ce que…? »

«Laissez-moi vous ramener à la maison,» insista-t-il à nouveau, son ton avertissant Harry qu'il valait mieux lui répondre« oui ». De toute évidence, Drago Malfoy avait l'habitude d'obtenir ce qu'il voulait.

«Et si je ne le fais pas, vous allez garder mes vêtements et mes chaussures en otage?» persifla Harry.

Malfoy haussa un sourcil. «Certainement pas. J'ai été mieux élevé que ça. Tenez, prenez-les. Vous pouvez garder le sac. » Il le tendit à Harry, qui s'empara du sac, le tenant fermement contre lui, comme s'il craignait que Malfoy ne change d'avis, il ne lui faisait pas vraiment confiance. Harry mordit nerveusement sa lèvre inférieure alors que les yeux clairs de Malfoy le transperçaient.

Soudain, l'homme qui avait livré le colis à Harry l'autre jour sortit du véhicule et ouvrit la porte arrière, attendant avec impatience.

"J'insiste," dit Malfoy d'une voix traînante, "S'il vous plaît, il serait impoli de gaspiller les efforts de Nott," ajouta-t-il en montrant paresseusement l'homme qui tenait la porte. Harry fixa le prénommé Nott. Il était grand avec des cheveux blonds vénitien et son visage, moulé dans du granit, n'avait pas cillé une seconde.

Une vraie statue de pierre.

Peut-être qu'il ne pouvait pas parler, pensa Harry une vague de honte le submergeant pour avoir été trop critique. Cédant à la pression de Malfoy et du mystérieux Nott, Harry monta à l'arrière de la BMW, malgré toutes les recommandations qu'on avait pu lui faire quand il était petit. La voiture luxueuse dégageait une odeur de tabac, de cuir neuf et d'eau de Cologne. Une odeur qui aurait dû le dégoûter en temps ordinaire, mais cette nuit, Harry la trouva plutôt enivrante.

De perfides petits papillons voletaient dans son estomac.

«Merci,» marmonna Harry à contrecœur, conscient de la proximité entre leurs corps. Malfoy se retourna un peu sur son siège, une jambe croisée sur l'autre alors qu'il faisait face à Harry.

"Aucun problème. Comment s'est passé votre premier jour ? »

Harry regarda les lèvres de Malfoy former les mots, ni trop fines, ni trop épaisses. Elles étaient rose claire, souples et semblaient assez douces-

"Pardon, qu'avez-vous dit ?" »demanda-t-il, se giflant mentalement pour avoir été distrait par quelque chose d'aussi superficiel.

Malfoy lui sourit d'un air narquois, ses yeux semblant briller d'une lueur argentée à chaque fois qu'ils passaient devant un réverbère.

«J'ai demandé comment…»

"Oh ! Pardon, euh, cela s'est bien passé, merci…mais je croyais qu'il n'y aurait pas de pervers à distraire dans mon contrat ? » ironisa Harry, son visage se fendant d'un sourire avant qu'il ne puisse s'en empêcher.

«J'ai dû omettre ce léger détail », plaisanta l'autre homme en penchant la tête sur le côté. «J'espère que vous avez reçu un bon pourboire au moins ?»

« Ouais, en effet. Le pervers m'a laissé cinquante livres alors que je ne lui ai même pas préparé son verre,»se souvint Harry, mécontent. Il était revenu de la cuisine avec une caisse pleine de coupes de champagnes quand Daphné lui avait tendu un billet de cinquante livres avec un roulement des yeux. Avery, l'avait-elle averti, était un casse-couille. Même si Harry était d'accord avec elle, il ne pouvait pas ignorer la curiosité brûlante qu'il avait ressentie après avoir entendu les paroles de l'homme.

Qu'avait-il voulu dire par «aimez-vous travailler plus en profondeur ? » Il voulait poser la question à Malfoy mais quelque chose au fond de lui lui intimait de ne pas en parler à l'autre homme, ce qui n'avait aucun sens, vraiment, car quelles étaient les chances qu'il y ait un incident fâcheux dans la boîte de nuit d'un héritier gâté ?

Soudain, son estomac se serra de peur comme si un poing lui avait saisi les entrailles, les serrant avec force. Le souvenir d'un holdster d'épaule revint à sa mémoire comme un visiteur indésirable, les accusations de Ron se frayèrent un chemin dans son esprit - mais non , il n'y avait aucun moyen...

Honnêtement, «la Mafia» ressemblait plus à un mythe, ou, à tout le moins, à quelque chose qui s'est déroulé à un autre âge. Une sombre période dans un passé moins civilisé. Et si on se fiait aux films et à leur vérité partielle, la Mafia était plutôt une organisation criminelle russe. Ou peut-être japonaise ?

«Cela vous dérange.» Il fallut à Harry une fraction de seconde pour comprendre à quoi l'homme faisait référence.

"Je ne l'ai pas mérité," répondit Harry, se grattant distraitement la nuque, secouant la tête pour écarter ses pensées complètement folles. «J'ai essayé de donner ce pourboire à Daphné parce qu'elle l'a mérité, mais elle a refusé. »

«Daphné est quelqu'un de gentil. Elle est aussi un peu têtue et téméraire, mais elle a bon cœur. » Harry regarda Malfoy, surpris d'entendre un tel compliment dans la bouche de cet homme si impassible.

«Vous êtes sorti avec sa sœur ? » interrogea Harry en regardant les yeux gris briller d'un éclat métallique, puis ses joues rougirent et il détourna les yeux pour s'excuser. «Euh… désolé.»

Malfoy resta silencieux pendant un moment avant de parler. «Peu importe,» déclara-t-il légèrement, «Oui, Astoria et moi étions ensemble. Vous avez parlé de moi tous les deux ? »

Un filet de sueur glissa le long de la colonne vertébrale de Harry, que ce soit à cause de sa situation actuelle ou des taquineries de Daphné dans la soirée, il n'était pas certain. «Non – en fait, elle m'a...elle m'a juste raconté que c'était comme ça qu'elle avait obtenu le poste », clarifia-t-il d'une voix précipitée « Il n'y a rien eu d'autre." Il avait besoin de sortir de cette voiture. L'atmosphère devenait étouffante.

«Je vois», fut la réponse simple.

"Cela ne semble toujours pas juste," répéta Harry dans l'espoir de détourner le sujet de la conversation alors que la voiture tournait à un carrefour, se rapprochant de plus en plus de l'appartement de Harry. «De garder un pourboire qui ne devrait pas m'appartenir.» Le son d'un briquet résonna dans le véhicule et Malfoy alluma une cigarette. Il baissa la vitre la plus proche de lui pour aérer.

«Vous êtes quelqu'un de plutôt noble, n'est-ce pas ? » demanda-t-il après avoir pris une bouffée et l'avoir soufflée dans l'obscurité à l'extérieur.

"Et bien non. Je n'essaye pas de… »

«Vous n'avez pas à essayer d'être noble. C'est juste la façon dont vous êtes. Vous êtes un gentil garçon. Poli,»murmura doucement Malfoy, étudiant attentivement Harry et Harry essaya de ne pas se renfrogner à l'idée d'être considéré comme un simple garçon alors qu'il était un homme adulte. «… J'imagine que le client vous appréciait tout simplement et voulait vous le montrer. N'y voyez pas autre chose. Beaucoup d'hommes de mon club aiment les jolies choses. »

La tête de Harry se redressa. «Je ne suis pas une chose . Je n'ai pas besoin d'être traité de cette manière non plus. »

«Mes excuses,» lui dit Malfoy avec une douceur surprenante. «Je ne voulais pas vous offenser. Mais vous ne devez rien à cet homme simplement parce qu'il a décidé de vous donner un gros pourboire que vous estimez ne pas avoir gagné. C'était son portefeuille. Son argent. Son choix. »

Comme Harry hochait la tête mais ne répondait rien, Malfoy enchaîna, «Si un client posait ses mains sur l'un de mes employés sans que ce dernier ait manifesté son consentement, il partirait avec quelques doigts cassés. »

Harry se mit à rire.

Malfoy le regarda sans ciller et pendant une fraction de seconde, Harry se demanda s'il avait plaisanté ou non.

Il déglutit difficilement.

«Je ne soumettrais jamais un employé à des avances non désirées. Si jamais vous ne vous sentez pas en sécurité, je vous demande de venir me voir pour que je puisse régler le problème. »

«En lui cassant les doigts ?» demanda Harry, tentant de prendre un ton léger.

Malfoy esquissa un sourire sarcastique mais ses yeux ne reflétaient aucun humour.

«Toujours une option.» Un silence, puis Malfoy reprit :. «Nous sommes arrivés. Allez-vous revenir, ou alors mon club vous a-t-il effrayé ? » Sa voix avait pris un ton taquin cette fois. Harry prit une minute pour rassembler ses affaires et se glisser hors de la voiture dès que la porte lui fut ouverte. Avant que Nott n'ait eu le temps de la refermer, Harry baissa la tête à l'intérieur du véhicule.

«On ne me fait pas facilement peur, Monsieur Malfoy,» lui dit-il sérieusement malgré son demi-sourire. «Merci pour le trajet. Je vous verrai demain."